La journée s’était plutôt bien passée. J’avais été à mes quelques heures de cours toute tranquille. J’avais d’ailleurs croisé Andrew dans les couloirs. Notre relation était quelque peu bizarre depuis que nous nous étions embrassés lors de sa soirée d’anniversaire il y a quelques années. Oui, lui et moi étions deux personnes très complices. Nous venions de la même classe sociale : les riches. On se comprenait parfaitement. Il était en quelques sortes moi en masculin. Mais cette relation pourrait être très mal vue par tous ces amis. Il était hors de question que je lui cause des problèmes. Je lui avais donc uniquement fait un petit sourire. Par après, j’étais rentrée chez moi. Louise – Marie m’appris que mes parents n’allaient pas rentrer tout de suite. Je pouvais attendre six mois avant de les revoir. Et là, ça me mit un coup au moral. J’étais, on peut le dire, habituée à ne pas les voir. Mais là, cela faisait déjà un an. Ils ne rentraient même plus pour mon anniversaire qui allait arriver dans quelques semaines…

Je descendais alors descendre pour le repas. Louise – Marie m’avait préparé un macaroni au gratin : mon plat préféré ! Nous discutions de tout et de rien allant de ma journée en passant par les informations du journal. Je prenais un peu de ses nouvelles et elle prenait des miennes. Je la considérais comme ma maman et elle me considérait comme sa fille. Nous formions une famille à nous deux, ensemble. Finalement, on se débrouillait très bien. Il lui arrivait de me faire des cadeaux juste par plaisir et jamais au grand jamais elle n’oubliait mon anniversaire. J’étais tellement gênée de tous ces gestes qu’elle avait envers moi. Elle prenait son rôle très à cœur. Je ne voulais pas la décevoir. Et finalement, je prenais mon rôle aussi très à cœur.

Il devait être 22h lorsque je me décidais à ouvrir mes cours. J’étudiais énormément et me concentrais beaucoup sur mes cours. Cela me permettait d’oublier un peu ma vie. J’avais beau être très riche, une famille ne s’achetait pas. Je ne pouvais pas acheter l’amour de mes parents. Il m’arrivait de penser que j’étais un accident, qu’ils n’avaient pas voulu m’avoir, que je n’étais pas la fille qu’ils désiraient … Enfin bref, revenons à mon cours. Il était sur Freud et toutes les implications auprès des petits enfants. C’était tellement passionnant. Je levais alors tout à coup ma tête, j’avais l’impression d’être observée. Ce n’était personne d’autre qu’Andrew. Il avait écrit sur un petit bloc note. C’était tellement adorable finalement. Je pris alors à mon tour une feuille et un marqueur noir afin d’être certaine que cela allait se voir. « Et moi donc … »

La relation qui unissait Andrew à moi était tellement bizarre, elle n’avait pas d’explication. On pourrait presque dire que c’est inné. Nous étions meilleurs amis depuis l’enfance. Il faisait partie des populaires, avait toujours été l’idole des filles, le mec à avoir. Moi, j’étais simplement sa meilleure amie. J’avais été rejetée pendant des années du moins, au collège. Je ne lui parlais jamais vraiment à l’école. Je ne voulais pas ternir sa réputation. Alors, je me contentais de lui sourire dans le couloir histoire de lui faire remarquer que je l’avais vu. Et puis un jour, il y a eu cette fête d’anniversaire chez lui. J’étais, bien entendu, invitée. Mais finalement, je pense que ce n’était pas une bonne idée. Nous avions terminé autour du jeu de la bouteille et ce qui devait arriver arriva : nous nous sommes embrassés. C’est à partir de là que notre relation est allée en diminuendo. Je ne lui parlais plus et lui non plus. Nous nous limitions à peine à un bonjour. J’ai toujours gardé pour moi ce que j’avais ressenti. Il ne l’a jamais su. Je me suis sentie tellement bien en l’embrassant, je me sentais à ma place. J’avais l’impression d’être protégée, que rien ne pouvait m’arriver. C’était tellement bizarre comme sensation. A vrai dire, je ne la connaissais pas réellement.

Andrew avait été absent pendant les années où j’aurai eu le plus besoin de lui. Mon anorexie, mon petit ami qui me battait, … Il aurait du être présent, décider d’être à côté de moi 24 heures sur 24, dire qu’il ne me laisserait pas passer une nuit toute seule tant que je n’allais pas mieux. Mes parents n’étaient pas là. Je n’avais que lui et Louise – Marie. Cette dernière a très bien fait son rôle mais il me manquait, j’avais besoin de lui pour surmonter tout cela. Il aurait été ma bouffée d’oxygène, la raison pour laquelle me battre…

Il avait eu récemment un accident. Je ne m’étais pas rendue à l’hôpital au vu de notre relation du moment. Mais je m’étais renseignée par le biais de ses parents afin de savoir l’état d’avancement de sa santé et de sa rééducation. Ma façon, je savais donc tout. Je fis cependant surprise de son petit mot envers moi. C’était comme au bon vieux temps quand nos parents ne voulaient pas que l’on se voient pour x ou y raisons. Je n’aurai peut – être pas du dire oui si facilement. Mais j’étais tellement naïve. Enfin, on verrait bien l’évolution de la soirée…

Je le fis entrer dans ma superbe villa. Lui me prit rapidement dans ses bras, j’étais tellement étonnée de ce geste que je me laissais simplement faire. « Je suis contente aussi, tu sais. ». Je ne savais tellement pas comment réagir, que dire ni encore que faire. J’allais simplement me laisser porter par ce qu’il avait envie de faire par rapport à moi. « Oui, peut – être… ». Je ne voulais pas que ce soit si facile pour lui, qu’avec de simples excuses, il s’en sort. Non, il m’avait fait bien plus mal que ça. Cependant, je ne voulais pas passer une soirée dans une mauvaise ambiance. Il fallait donc que je la détende. « Alors, tu veux que l’on regarde une film dans ma salle de cinéma avec un paquet de pop corn ? Ou tu serai plutôt pour simplement se mettre au salon et discuter de tout et de rien ? ». Je n’étais pas encore prête pour le faire entrer dans ma chambre. C’était mon endroit…

Je voyais qu’il avait du mal, qu’il n’était pas à l’aise. J’étais quelqu’un de très observatrice. Et j’avais vu qu’il n’allait pas bien. Quelque chose clochait. Avec son accident, il avait perdu des tas d’amis mais il avait aussi perdu sa petite amie de l’époque : Alicia. C’était une pimbêche que je ne savais pas voir. À chaque fois que je la voyais dans les bras d’Andrew, je faisais une crise de jalousie en moi – même. Elle ne le méritait pas, ne pouvait pas l’avoir. Lors de leur début de relation, je m’étais débrouillée pour la rencontrer seule à seule. Et je l’avais menacée. « Tu touches une seule fois à Andrew et tu vas voir à faire à moi… J’ai de l’influence derrière moi. Je ne suis pas celle que tu penses. Méfie – toi vraiment. Tu ne peux même pas imaginer tous les dégâts que je peux faire. Ne lui fais pas de mal ! ». À cette époque – là, elle m’avait rit au nez et était partie sans même me croire. Le jour où je l’ai vue embrasser un autre garçon que lui alors qu’ils étaient censés être ensemble, j’ai demandé à l’accueil à faire une annonce ridicule. Et cela a fonctionné. Je voulais tenir parole, je le devais …

Il avait donc choisi le film… Je l’invitais à monter dans la salle de cinéma. Je veillais à ce qu’il soit bien installé. « Ca marche ! C’est bon, tu as tout ? Tu es bien ? ». Il manquait les pops corn. « Attend, je file chercher l’essentiel ! ». Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il serait le seul à les manger. Il ne connaissait rien de mon passé, de mon anorexie. Il n’allait donc pas s’en soucier. Je courrais dans les escaliers et croisais Louise – Marie. Je lui fis un bisou et lui demandais où se trouvaient les pops corn. Il me laissait le choix pour le film ? Je me rendais dans la salle où on pouvait le lancer. Je décidais de mettre Titanic. C’était le film culte que je connaissais par cœur. Je ne l’avais vu qu’avec lui. Je ne partageais ce film avec personne d’autre… C’était d’ailleurs notre petit secret. Je finis par m’installer à ces côtés. Le film était lancé. Je lui avais apporté sa boisson préférée : une limonade faite maison. Quant à moi, j’avais pris de l’eau. Récemment, Louise – Marie avait rapporté des gobelets pour faire comme si nous étions au cinéma. Chez moi, le cinéma, c’était toute une histoire. Mon père réalisateur et ma mère actrice, nous avions des tonnes de films. Mais, bien entendu, cela était aussi secret afin que j’essaie de vivre une vie « normale » sans trop de paparazzis dans les environs. D’ailleurs, peu de personnes savait qu’ils avaient tous les deux une fille…

Andrew fini par se confondre en excuse. Je ne savais pas quoi dire ni que faire. Je me levais donc pour prendre la couverture. J’avais un peu froid. C’était tellement compréhensible vu comme j’étais très fine. Je le regardais alors. « Je ne sais pas quoi te dire. Je suis déçue, tout simplement… ».