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Lola & Will

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William T. Lockhart

William T. Lockhart
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MessageSujet: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeMar 30 Avr - 3:53


"Who is gonna save you when I'm gone?
Who'll watch over you?
Who will give you strength when you're not strong.
Who'll watch over you when I've gone away?"


-



   

New York, quatre mois auparavant...

Elle dormait toujours. Elle avait laissé la porte de sa chambre entrebâillée, comme souvent. J'y voyais un signe de confiance touchant. Elle savait qu'elle était en sécurité avec moi et que je n'entrerai pas, que je ne pousserai pas la porte sans y avoir été invité. Pourtant ce matin là, j'étais impatient qu'elle se réveille. En fait je l'étais toujours, chaque matin, j'espérai pouvoir la croiser avant de partir au travail et il était rare que mon espoir soit comblé sauf si je pouvais m'arranger pour aller au salon de massage sur la fin de matinée parce que je n'avais pas de rendez-vous. Mais cela était extrêmement rare. En outre, la patronne avait toujours des occupations pour moi. "William vous voudrez bien déballer la livraison de ce matin.", William, il faut trier les produits de massage, ranger la réserve, passer un coup de balai, faire tourner les serviettes." Tant de choses passionnantes auxquelles je pouvais rarement couper. Mais il fallait bien gagner sa vie et partir travailler chaque matin, souvent sans avoir vu Lola réveillée.

Alors j'avais instauré ce petit rituel. Passer la tête par l'entrebâillement de la porte et la regarder dormir durant quelques minutes. En silence, recueilli, m'emplissant les yeux de sa contemplation pour y penser la journée durant. Souvent, il n'y avait à voir qu'une petite forme recroquevillée sous les draps, dans la pénombre de la chambres aux volets clos. Une respiration régulière. Lola dormait comme une enfant, repliée sur elle-même en position foetale, comme pour se protéger. Souvent j'avais sans m'en rendre compte un petit sourire triste sur les lèvres en la regardant dormir. Puis le sourire se transformait peu à peu pour s'éclairer de tendresse. Et je m'en allais toujours avant que la tendresse soit submergée par un autre sentiment beaucoup plus puissant et douloureux. Parce que ça faisait trop mal. Parce que c'était interdit. Et je prenais mes clefs puis fermais la porte de l'appartement doucement et dévalais l'escalier quatre à quatre parce que souvent, j'étais en retard de l'avoir trop longtemps contemplée.

Ce matin, j'avais congé. C'était la fermeture annuelle pour les vacances de la patronne et je devais juste aller l'après midi faire l'inventaire et le grand ménage. Et cela tombait bien parce que je devais parler à Lola. J'avais voulu passer la veille à l'agence pour régler le loyer mais la secrétaire m'avait dit que ma colocataire, Mademoiselle Wentworth avait déjà réglé le montant intégralement pour ce mois-ci. J'avais du faire une tête terrible parce que la brave femme avait reculée sur sa chaise à roulette et s'était empressée de dire que la demoiselle avait insisté parce que jusqu'à présent c'était Monsieur Lockhart qui avait tout réglé et qu'il était temps que ça change et qu'elle lui devait bien ça. Bien sûr l'employée de l'agence ne comprenait pas. En général un colocataire se plaignait plutôt que l'autre ne paie pas sa part. Et elle m'avait regardé comme si j'étais un homme de Néandertal, un type qui refusait qu'une femme soit indépendante. Si elle avait pu savoir à quel point l'"indépendance " de Lola me ravageait. La façon dont elle gagnait cet argent ...

Je devais donc lui parler et je me doutais que la conversation serait houleuse. J'abandonnai ma faction devant la porte et j'allai m'asseoir dans la cuisine, m'apprêtant à écluser la cafetière de café en noircissant des pages de poèmes dans mon cahier. Mais rien ne vint. J'étais trop nerveux et je jetais de temps à autre un regard noir sur la quittance de loyer posée sur la table. Puisque l'inspiration me fuyait, je décidai finalement de préparer un petit déjeuner digne d'une reine pour elle. Son mug fétiche, sa confiture préférée, l'eau, le lait, les oeufs. Il y avait tout ce qu'il fallait pour dresser un petit déjeuner tout à fait cool. Une fois le tout préparé, je passai nerveusement la main dans ma tignasse. Peut-être qu'ainsi je pourrais amener la discussion plus sereinement. J'eus soudain l'idée géniale de descendre à la petite boulangerie française qui avait ouvert au coin de la rue et qu'une cliente m'avait conseillé. Des croissants chauds, quoi de mieux pour mettre de bonne humeur au réveil ? Je pris ma veste et quittai rapidement l'appartement pour aller faire ces petites courses. Ce ne fut qu'au moment où mon tour arriva, après avoir patienté dans la file d'attente de la boutique qui était bondée que je me souvins avoir laissé traîner mon cahier sur la table de cuisine, juste à côté de la quittance. "Merde!!!! Vite! Pourvu qu'elle ne soit pas déjà réveillée". Et la vendeuse qui mettait des plombes à me servir !



Dernière édition par William T. Lockhart le Sam 8 Mar - 21:47, édité 1 fois
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Lola Wentworth

Lola Wentworth
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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeMar 30 Avr - 18:42


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Un rayon insolent vint me frapper le visage. Je poussai un grognement. J'étais rentrée particulièrement tard la veille et je sentais que j'avais encore besoin de sommeil. L'idée de devoir me lever pour fermer ces putains de rideaux acheva de me réveiller. J'ouvris un oeil, pas deux et fixai l'heure sur mon réveil. Quatre heures. J'avais dormi seulement quatre putain d'heures !!!! Je tentai de me retourner, l'oreiller sur les yeux mais le sommeil avait déserté. Je m'assis sur mon lit et tentai tel un chat de me frotter le visage pour en faire partir les signes de fatigue. Je remarquai que j'avais dormi à moitié nue, résultat d'une paresse certainement due à une trop forte absorption d'alcool et en effet, à présent que j'y pensais, ma tête cognait ou plutôt mon cerveau cognait dans ma tête. Qu'avais-je fait la veille au juste ? Oh j'avais fait un p'tit show assez simple et avais fini la soirée avec...Bekah ! Cette fois j'étais particulièrement réveillée. Je me levai à une vitesse folle, cherchant dans mon esprit brumeux ce que nous avions bien pu faire elle et moi. Cette sale...m'avait fait boire mais après ? Je fulminais à la pensée d'avoir cédé à ses avances salaces. Si j'avais eu un homme là sous la main, je crois que je me serais jetée sur lui pour me prouver que je n'aimais en rien les femmes et surtout pas cette...cette pimbêche à deux sous.

Je récupérai un vieux tee-shirt qui traînait, rien de vraiment glamour et tentai de me calmer en direction de la douche. Le jet le plus brûlant que je trouvai ne vint pas à bout de la tension qui me paralysait le corps. Même un shampoing forcené ne me redonna pas l'impression d'avoir retrouvé ma propreté. Il allait falloir que j'interroge cette espèce de putain mais elle allait me faire tourner en bourrique. Bon en revanche, je n'avais pris aucun vêtement. Je repérai une chemise de Will et l'enfilai à défaut d'autre chose. Une idée subite me fit me précipiter à nouveau dans ma chambre. Je fouillai mes poches, mon sac. Pas d'argent. Donc quoi qu'il se soit passé, elle ne m'avait pas payée. D'un côté c'était préférable d'un autre je me posai de sérieuses questions. Toujours en guerre contre le monde entier je décidai de montrer mon nez dans la cuisine, sachant que William ne serait absent que cet après-midi. Il fallait que je me compose une sorte de visage sinon il allait encore me faire la morale ou pire.

Ce fleurait bon la caféine et lorsque mon regard se posa sur le petit-déjeuner à moitié préparé, je poussai un soupire. Il avait l'art inexplicable de faire fondre toutes mes rébellions. Tout ce que je préférais était sur la table. Le premier sourire de la journée effleura mon visage. J'appelai son prénom mais vainement. Oh que j'aurais aimé partager ce repas avec lui avant d'affronter une journée de plus dans la jungle new-yorkaise. Je m'assis à table et remarquai son cahier. Celui qui ne le quittait pas et à côté...la quittance de loyer. Je me frappai la tête, réveillant mon mal de crâne. J'avais oublié ce "fait" et je me demandai s'il n'avait pas quitté l'appart' pour éviter une dispute. Cette fois j'étais effondrée. Je gagnai ma vie à présent, je pouvais contribuer à nos dépenses mensuelles autant que lui. J'avais grandi et si j'avais toujours besoin de lui, je voulais lui montrer qu'à présent je pouvais m'assumer et le remercier pour...à peu près tout ce qui existait de bien dans ma vie.

La tentation étant ma première nature et comme je m'attendais à une engueulade salée, je ne pus résister au risque d'accentuer le volume des mots que nous regretterions après.. Discrètement je jetai un oeil à ses textes. Je n'avais jamais été douée en anglais mais ça me paraissait très beau. Ils parlaient tous d'une femme et j'hésitais entre un pincement au coeur qu'il ne me laisse seule et le réconfort qu'il ne soit plus seul dans sa vie. C'était plus fort que moi, je tournai les pages, me délectant de ses mots, m'imaginant qu'un jour on me dirait d'aussi belles choses mais reléguant l'idée à la poubelle aussitôt. Tout ce qu'on aimait chez moi c'était mon joli petit cul pas trop regardant. Non j'étais injuste. Will m'aimait comme un frère et depuis fort longtemps. Je lui devais la vie à plusieurs reprises, plus qu'à mon père même. Les mots dansaient devant mes yeux à m'en faire crier de douleur.


Dernière édition par Lola Wentworth le Mar 7 Mai - 20:01, édité 1 fois
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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeMer 1 Mai - 0:51



Je n'avais jamais couru aussi vite de ma vie, même quand j'étais gosse et que je devais échapper à mes poursuivants après avoir fait la connerie du jour, je n'avais jamais monté ces putains d'escaliers aussi vite. Quand j'arrivai sur le palier mon coeur battait à tout rompre et je repris mon souffle, ma main fouillant dans la poche de ma veste pour en extirper la clef que j'eus le plus grand mal à introduire dans la serrure. Sitôt que j'eus ouvert la porte et fait quelques pas dans l'entrée, je sus qu'elle était réveillée. Il y avait l'odeur de son shampoing et un reste d'air humide qui provenaient de la salle de bain et avaient laissé une traînée à travers l'appartement. Le genre de signes de sa présence que j'adorais en temps normal, comme trouver une de ses chaussettes sous le canapé ou une paire de boucles d'oreilles posée sur mon ampli. Des petites choses qui disaient " je suis là, Will, dans ta vie." Comme si je pouvais oublier... Mais ce matin, ça ne m'arrangeait pas du tout. Je me mordis les lèvres et j'avançai jusqu'au salon à pas de loup. Il y avait bien des effluves de ce foutu shampooing et cela me rappela à quel point j'aimais l'odeur de ses cheveux. Nos chamailleries aussi qui m'avaient donné l'occasion de les effleurer en toute innocence, de les humer. Le salon était vide. Elle était donc dans sa chambre ou ... dans la cuisine. J'avançai doucement et validai la seconde option. Elle me tournait le dos et devait être diablement absorbée pour ne pas m'avoir entendu. Mon cahier ...

Je m'appuyai contre l'encadrement de la porte de cuisine et poussai un soupir pour essayer de contenir les émotions qui montaient en moi. Elle était tellement plongée dans sa lecture qu'elle sursauta quand ma voix trancha:

- Fais comme chez toi surtout ! Ne te gêne pas. C'est pas comme si tu savais que je n'accepte pas qu'on touche à ce cahier ...

Je m'en voulus immédiatement du ton cassant lorsqu'elle leva sur moi un regard bouleversé. Elle était chez elle tout autant que moi. C'était le deal de départ que je lui avais imposé quand elle avait emménagé dans l'appart'. Pas de gêne entre nous, pas de sentiment d'être juste une invitée de passage. Je savais trop qu'elle n'avait jamais eu de lieu où elle pouvait se sentir chez elle. Chez sa mère ? Une streap-teaseuse qui faisait la pute ? Elle avait plutôt du avoir l'impression de dormir dans une maison de passe. Chez son père ? Une aumône d'accueil et d'affection tardive motivée par une crise de conscience ? Elle n'avait jamais été que la fille bizarre fruit d'une erreur de jeunesse avec une paumée, la demi soeur glauque qu'on exhibe à ses potes. Peut-être que le père avait une réelle affection pour Lola. Je ne dis pas. J'avais croisé le bonhomme plusieurs fois et j'avais cru lire dans ses yeux une réelle affliction, la tristesse de n'être pas à la hauteur. Mais du côté de Lola, le lien était brisé. Je savais que le reconstruire l'aiderait à se reconstruire elle, mais il y avait comme un verrou à ce sujet, dans son coeur. Ce qu'elle avait subi sous le toit paternel avait salement compromis toute chance de rapprochement entre le père et la fille. Normal... Quelque part dans la tête de Lola petite fille, le père devait protéger, rassurer, aimer. Or, lorsqu'il l'avait enfin acceptée dans sa vie, de ce qu'elle m'avait dit, le bougre était sacrement absent, trop occupé, et le foyer paternel au lieu d'être le refuge qu'il aurait dû être, était devenu le théâtre d'une souillure qui la hanterait peut-être à jamais. Alors, oui, j'avais voulu que mon chez moi, que j'avais mis du temps à construire aussi, sur des blessures pas encore refermées, devienne son chez elle. Le premier endroit où elle se sentirait libre, écoutée, en sécurité, accueillie et acceptée... aimée, tout simplement.

- Bon, ok. Je n'avais pas à le laisser traîner! Torts partagés ! Fis-je en me radoucissant. Est- ce que ... je peux ... récupérer mon bien ... en échange de bons croissants au beurre ? Ajoutai-je avec un sourire faussement léger.

En vérité, je ne me sentais pas léger du tout, mais plutôt avec une boule de feu dans le ventre. Qu'est ce qu'elle avait lu ? Qu'avait-elle compris ? Pouvait-elle se douter ? Est-ce qu'elle avait aimé ? Je me rendis compte que je redoutais autant que j'en avais envie, qu'elle ait deviné pour qui j'écrivais tous ces poèmes. Je le redoutais, oui parce que je savais que c'était sans espoir et à sens unique et que l'entendre de sa bouche serait comme une mise à mort pour moi, mais je l'espérais en même temps parce que taire ce qui me dévorait les tripes était parfois si douloureux et étouffant que j'avais de toute façon l'impression de crever à petit feu de l'intérieur. Bon, l'avantage certain, c'est que, selon certaines personnes, ça ne me faisait pas écrire de la merde. Dans le groupe, le bassiste était étudiant en lettres et avait trouvé que j'avais un talent de parolier. De fil en aiguille, je lui avais avoué écrire en dehors du groupe, des poèmes et il m'avait proposé de les lire si je voulais un avis. J'avais longtemps hésité parce que c'était ouvrir une sorte de boîte à secrets, des secrets brûlants, mais l'envie de savoir, d'avoir un avis éclairé avait été plus fort. Je n'avais fait aucunes études littéraires. J'écrivais comme cela venait, au fil de mon coeur. Jeff, de son vrai nom Jeffrey Malloy, avait lu avec attention puis m'avait tapé sur l'épaule. " Mec, la métrique et la norme, c'est pas ton truc. Mais il y a un rythme magnifique dans tes mots et une expression, un style, une émotion. C'est toujours à la limite du sentimentalisme exagéré, ça s'envole haut, presque trop haut mais tu évites l'écueil avec ce réalisme cru qui nous tombe dessus au moment le plus inattendu. C'est bouleversant, mec. Si j'étais une fille je mouillerai ma petite culotte en te lisant. Je suis jaloux d'avoir pas un dixième de ton inspiration !" Alors que je levais un sourcil dubitatif et que je sentais la gêne m'envahir en même temps qu'une certaine fierté, il m'acheva en ajoutant dans un petit rire qui se voulait amical " Et un conseil, si je peux me permettre... Non, deux, même. Epouse là, ou tu vas devenir dingue! Et essaie de te faire publier ! Je suis sûr que ça pourrait intéresser un éditeur." Je l'avais regardé, sidéré par sa clairvoyance mais j'aurais volontiers disparu dans l'instant. Je lui avais arraché le cahier des mains en bougonnant " Certainement pas! Mieux vaut oublier..." Il avait haussé les épaules et répondu en forme de conclusion " Si tu changes d'avis un jour, fais moi signe. J'ai quelques contacts dans le monde de l'édition... Bon et puis si tu deviens dingue, c'est pas très grave, les poètes barrés ont du succès. "

Je tendis le sac en papier de la boulangerie à Lola et mon autre main qui attendait le cahier. L'odeur des croissants s'exhalait et me chatouillait les narines mais j'avais une boule nerveuse au creux de l'estomac. Le souffle coupé. Je me laissai tomber sur la chaise et je la contemplai en silence. Un silence de quelques secondes mais qui me parut durer une éternité. Je détournai le regard et fixai le frigo et ses stupides magnets de Marvel que nous collectionnions Lola et moi, je fermai les yeux et respirai un grand coup avant de la fixer à nouveau avec un air de reproche.

- Tu es rentrée très tard cette nuit ...




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Lola Wentworth

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeMer 1 Mai - 19:20


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Bien évidemment je fus prise d'un sursaut lorsque j'entendis la voix de Will. Pour moi il avait déguerpi et ne reviendrait que ce soir, une fois calmé même si je devais bien avouer que voir ce cahier ouvert sournoisement sur la table pouvait éveiller les soupçons. Il le gardait jalousement et jamais Ô grand jamais, je n'avais eu le droit de mettre le nez dedans. Ca n'avait pas été faute d'avoir joué au chat et à la souris pour le lui voler lors de séances de course poursuite dans l'appartement mais dans ces moments là il était d'une fermeté qui me rappelait la première fois où je l'avais rencontré. A cette époque j'avais quelques années de moins, j'étais une camée encore plus paumée que maintenant. Maintes fois je l'avais supplié de me filer une dose, maintes fois j'avais tenté de le séduire pour y arriver mais jamais il n'avait cédé. Je n'étais qu'une gamine en manque pour lui, certainement pas quelqu'un de désirable. Et puis il était tellement intègre. Je n'avais bien sûr compris que plus tard qu'il ne faisait que son boulot, pour m'aider et je n'avais aussi compris plus tard qu'il m'aimait vraiment, enfin qu'il tenait à moi. Je ne sais encore par quel miracle j'avais réussi à provoquer cela chez quelqu'un. Mais la vie était contre nous. Plus tard, nous nous étions revus mais il était en couple et moi éperdument amoureuse pour la toute première fois de ma vie et à présent...à présent j'avais trop perdu pour risquer de prendre le moindre risque. La pente était trop glissante.

J'avais le coeur au bord des lèvres à cause de la migraine, à cause de ma crainte sur la nuit passée, à cause de ces mots qu'on ne m'avait jamais dits, qu'on n'avait même jamais imaginé me dire, à cause de ma peur panique de le voir partir, lui, le seul point d'encrage. Je le regardai entre tristesse et honte, douleur et doutes.

- Désolée Will. C'était tentant et j'aurais pas dû faire ça. C'est ta vie, ton jardin.

Je lui rendis son cahier que j'avais pris soin de fermer en baissant la tête.

- En tout cas, c'est très beau même si j'y connais rien. Elle a beaucoup de chance !

Je me composai le sourire que j'avais façonné et travaillé pendant 21 ans. Je ravalai ma fierté, ma curiosité, mes peurs et relevai le menton, le défiant du regard. Lola, le personnage créé de toutes pièces que je maîtrisais à la perfection. J'attrapai le sac de croissants et en respirai la bonne odeur. Ca m'aida un peu à faire remonter mon moral, j'étais une gourmande qui ne se repentait pas. Mais le silence planait, aussi décidai-je de mordre dans un croissant pour me donner bonne figure. Je fermai les yeux. C'était délicieux !

- Hummm, Will. Je vais encore choper un bourrelet avec tout ça !

Mon sourire était presque sincère mais sa remarque me coupa définitivement l'appétit. Parfois j'avais l'impression d'être de retour au centre. Il surveillait chacun de mes gestes, c'était difficile de le convaincre de ne pas me suivre au Club ses soirs de liberté. Je posai le croissant, me levai et fis ce que je savais faire de mieux : une scène !

- Bordel Will ! J'ai plus 16 ans, tu as remarqué je pense. J'ai bossé et on a fini la nuit entre collègues point barre ! Personne dans mon pieu, pas de dope, juste quelques clopes et un peu d'alcool. Mon rapport te convient ?

Je crachai mon venin parce que la douceur n'était pas mon fort et parce que j'avais trop peur qu'il lise ma détresse quant à ce qu'il s'était vraiment passé cette nuit. Et comme pour m'excuser je posai ma tête sur la cime de la sienne puis plantai un baiser dans ses cheveux que j'adorais, pour toute excuse. Il ne méritait pas mes attaques incessantes et je ne pouvais que comprendre qu'il s'attache à une autre. Je me dégageai, sentant les larmes monter. Jamais. Jamais les larmes ne coulaient sur mon visage. J'avais juste envie qu'il me prenne dans ses bras, juste envie d'oublier. Comme pour signer une trêve je lui dis :

- Je ne travaille pas ce soir. Tu veux qu'on fasse un truc ou tu es trop en colère ?


Dernière édition par Lola Wentworth le Mar 7 Mai - 20:04, édité 1 fois
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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeVen 3 Mai - 18:19



C'était parti tout seul. Les mots avaient franchi mes lèvres sans que je puisse les retenir et, bien sûr, Lola cabra comme un cheval rétif et je fermai les yeux, plissant le front en attendant la scène qui ne manquerait pas d'exploser. C'était parti ! Je serrai les dents en balançant mon cahier sur la table. Comme si elle s'en voulait déjà de l'âpreté de ses mots, elle tenta de désamorcer le début de crise en déposant un baiser affectueux de petite soeur repentante dans mes cheveux. Elle se tenait derrière moi, le ventre appuyé sur le dossier de ma chaise et je relevai mon visage vers elle, de telle sorte que je pus sentir son souffle et voir son regard bouleversé. Mais elle s'esquiva de cette proximité qui devait lui peser. Pour elle, je n'étais qu'un ami parfois bien encombrant et trop moralisateur qu'elle finissait toujours pas attendrir avec ses câlins affectueux et ses propositions de sorties entre potes. Je n'en avais cure. Il fallait que je balance certaines choses. Quelques sujets devaient être abordés et elle n'y couperait pas. Je me levai et posai les mains sur ses épaules en la fixant droit dans les yeux.

- On verra pour ce soir. On en est pas encore là. Et si j'étais toi, je parierai pas qu'elle a tant de chance que ça. Tu es pourtant bien placée pour savoir que je suis invivable. Mais, première chose, tu vas t'asseoir et déjeuner. J'ai pas fait tout ça pour rien et tu as besoin de prendre des forces. Tu as l'air épuisée, je sais pas si tu as vu ? Et tu vas m'écouter attentivement parce que j'ai des choses à t'expliquer.

Je la lâchai et j'allai me servir une grande tasse de café puis piquai un croissant dans le sac pour montrer l'exemple. J'avais une envie terrible d'en griller une qui plus est, mais c'était exclu. Lola, du moins je l'espérai, ignorait que je fumais et je voulais qu'elle continue à l'ignorer. Je bus une gorgée de café brûlant après m'être assis et l'avoir servie.

- Y a du lait ou tu peux te faire un thé si tu préfères ... Et fous de la confiture sur ton croissant. Prends un jus de fruit.

J'en rajoutais une couche, ignorant délibérément ses reproches sur mon despotisme. Anticipant le redémarrage de la scène, je lui fis un petit sourire narquois en disant:

- Un bourrelet ? Où ça ? Au cerveau ? Ca serait pas un mal !

Puis je rentrai la tête dans les épaules en mordant dans mon croissant, comme si je craignais un coup. Puis soudain je me figeai, faussement outré :

- Hé mais c'est ma chemise, ça ! Mais je vois que c'est la journée " Lola pique tout à son coloc !" Enfin, t'avais commencé hier déjà, hein ? Détournement de facture à mon nom. Tu as piqué la quittance dans la boîte aux lettres avoue !

Je sentis immédiatement la tension monter d'un cran et je redevins plus grave, plus sérieux.

- Lola ... Tu sais que quand je t'ai ouvert ma porte, j'ai dit que je ne te demanderai rien en contrepartie financière tant que tu n'aurais pas un vrai travail... Et tu sais ce que je pense de ton "activité " au club! Bordel, c'est pas comme si tu ignorais. On en a tellement parlé, déjà !

Je poussai un grand soupir de lassitude.

- Je ne veux pas que tu te foutes à poil devant moi. C'est pas pour te faire payer le loyer avec le fric que tu te fais en leur exposant ton corps. Ce sera quoi la prochaine étape ? Je deviens ton mac ?

Je m'interrompis parce que je voyais bien que ça allait trop vite et trop loin, je voyais bien à son visage qui commençait à prendre un rictus très évocateur, que j'allais m'en prendre plein la gueule et qu'elle allait partir en claquant la porte, me signifiant que la conversation était terminée. J'avais été plus doué que ça en matière de diplomatie, j'avais déjà fait mieux. Mais là, je ne pouvais plus. J'étais arrivé au point de limite de ce que je pouvais encaisser en fermant ma gueule.

- Lola, quand tu es venu à moi, au centre, quand tu as emménagé ici, est ce que tu crois que j'imaginais ça comme avenir pour toi, honnêtement ? Est ce que tu penses que j'ai le sentiment de t'avoir sorti du merdier quand je vois avec qui tu traînes jusqu'à point d'heures ? Avec tes " collègues" ? Tes collègues, tu sais bien que la moitié est accroc à la dope. Tu penses que c'est une bonne idée de bosser dans ce milieu ? Qu'est ce que tu cherches à te prouver ? Que tu peux résister à la tentation maximum ? Très mauvaise idée !

Je finis ma tasse de café, me levai et allai la rincer puis je me retournai et m'appuyai contre le plan de travail.

- Lola... J'aimerai que tu envisages sérieusement les conseils que je t'ai déjà donnés. Chercher un autre travail ou reprendre tes études. Tu sais que je t'aiderai, que je ne te laisserai pas tomber. Pourquoi ... Pourquoi te mettre en danger comme ça ? Tu essaies de punir qui ? Toi ? Moi ? Tu t'es dit "Ca y est, je tiens ma vengeance, je vais en faire baver à Will pour toutes les saloperies que m'ont fait les hommes ?" C'est ça alors ? Je dois te regarder te détruire sous mes yeux pour expier leurs comportements dégueulasses ?

J'étais étourdi de mes propres mots, de leur violence, de cette rage que le sentiment d'avoir peut-être été percé à jour décuplait en moi et pourtant je continuais à vider mon sac, conscient que je jouais à un jeu dangereux dans lequel je risquais de la perdre définitivement.

- Non parce que si c'est ça ? Si c'est ainsi que tu me vois ? Comme ces salauds, autant me le dire. Ou si c'est ça que tu aimes chez eux et qui t'attire là-bas ? Si tu veux que je devienne comme eux ... Si tu veux me prouver que je vaux pas mieux qu'eux, ok, j'ai compris. Je suis sans doute une pourriture de mec qui mérite qu'on lui en fasse baver mais jamais, jamais je ne me comporterai comme eux à ton égard ! Jamais ! Tu entends ?



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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeVen 3 Mai - 20:40



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Je fermai les yeux. Non, rien n'était calmé, le volcan William entrait juste en éruption et si je n'avais vu cela que quelque fois, je n'aimais pas du tout. Il pouvait être pire que moi parce que beaucoup plus intelligent, beaucoup plus sûr de lui, tellement plus adulte et avec tellement de pouvoir sur mes émotions...
J'avais 16 ans tout à coup, puis 19 après mon overdose. C'était une de ces nuits où il prenait du temps pour m'écouter quand j'avais mal partout, que je le suppliais pour avoir un tout petit peu d'héro, quand je délirais...j'étais comme une enfant dans ces moments-là, comme une enfant à qui on pose enfin des limites et qui ne le supporte pas mais en redemande. Je m'assis docilement ravalant des sentiments contradictoires.

- Tu n'es pas invivable Will...

Je tentai cette phrase désespérée mais elle mourut dans le bruit de sa colère. Il m'en voulait de ne pas être celle qu'il aurait voulu façonner, celle qu'il avait aidée, il allait me dire de dégager et peut-être qu'il avait raison. Mais quitter cet appartement, le quitter une ultime fois était certainement une peur encore plus atroce que celles qui avaient ponctué mon existence. Je me sentais au bord de l'étouffement et la tasse qui s'abattit devant moi me donna l'impression d'un glas sonnant ma sentence. Dans deux ou trois minutes "Lola, tu n'es plus la bienvenue ici" allait sortir. Mais non pire, comme les enfants à l'école, comme mon soi-disant demi-frère, comme les gens dans la rue, comme les clients, William pensait que j'étais une idiote finie. Qu'il me manquait un bout de cerveau et le gros problème c'est que j'étais d'accord avec lui. Que répondre à cela ?

Mais la colère montait car s'il avait raison sur certaines choses, je n'étais pas d'accord avec tout. Je me fermai comme une huître sinon il allait se manger un coup et ça, je ne me le pardonnerais jamais et probablement que lui non plus. Mordillant dans mon croissant, la petite fille en moi se retrouvait dans sa chambre à se balancer sur son lit, les mains sur les oreilles pour ne plus entendre, ne plus penser. Mais ça je refusais de le revivre et la Lola revêche, froide, sans pitié reprit le dessus. Ma bouche fit la moue, mes poings se serrèrent, émiettant le croissant.

Mais le coup bas fut de m'asséner que je le traitais comme les autres. Ca c'était sa plus grossière insulte. Celle qui se planta en moi, m'écorchant les chairs. Je me levai à mon tour et lui fit face. Ivre de colère, de souffrance, de rage, les mots tombèrent.

- William ! Ferme là, tu veux ?

Le cri m'avait totalement échappé mais il eut au moins pour effet de le faire taire. Cette fois rien n'y fit, je ne pouvais retenir mes larmes car je ne les sentais pas.

- Si j'ai payé ce foutu loyer ça n'est pas pour entamer ta virilité mais parce que je veux être responsable. C'est ça que tu m'as appris depuis toutes ces années. Je peux vivre par moi-même un minimum. Aider à financer ce qu'on a construit me semble juste une faible contrepartie à tout ce que tu me donnes.

Je m'approchai de lui, menaçante même si la violence ne me traversait même pas l'esprit.

- Tu l'as dit toi-même, je ne suis pas une lumière alors je ne sais pas faire grand chose dans la vie donc je danse. Mais je ne suis pas une pute William ! Tu n'auras jamais à être mon mac, on ne me paie jamais pour que je baise, je le fais en toute connaissance de cause et je choisis les hommes avec qui je le fais. C'est un deal avec mon patron.
Mes collègues ne sont pas tous accro et je suis clean depuis 2 ans tu es bien placé pour le savoir. Je pensais que tu avais confiance en moi.


Sa chemise ? Il voulait sa chemise ? Très bien ! Je la dégrafai et la lui balançai au visage, peu m'importait d'être à moitié à poil, on avait dépassé de très loin les limites.

- A ton avis pourquoi tu n'as jamais touché mon corps ?? Parce que je n'en n'avais pas envie ou parce que TU n'en n'avais pas envie ? Toutes les fois où j'ai tenté de pousser les choses entre nous, tu crois que c'était uniquement pour baiser avec un mec de plus ? Tu n'as jamais remarqué que je t'ai aimé comme jamais je n'ai aimé personne et tu oses me dire que pour moi tu es comme les autres ? William moi je t'aime et là à présent, après cette scène je me demande si c'est réciproque. En tout cas tu m'as fait clairement comprendre que je ne t'attire pas et dans ta bouche ça fait mal. Parce que tu es sûrement le seul avec qui je voudrais faire l'amour.

Et sur ces mots très clairs , je tournai les talons et claquai la porte de ma chambre, regrettant déjà d'avoir dit tout ça. Hors de moi, je cherchai mes clopes et ouvris la fenêtre pour en allumer une. Mes mains tremblaient au delà de l'entendement. Tout mon corps même. Je ne sentais même pas le froid qui gelait ma peau.


Dernière édition par Lola Wentworth le Mar 7 Mai - 20:07, édité 1 fois
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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeLun 6 Mai - 5:35



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Je n'avais pas senti venir le coup. Je savais que j'allais la mettre en rage, qu'elle allait se déchaîner mais rien ne m'avait préparé à ses larmes. Et il était trop tard pour ravaler les sales mots que j'avais balancé sous le coup de la souffrance. Bordel! Je l'avais fait pleurer ! Moi qui haïssait au dernier point tout ce qui pouvait la blesser. Les salauds qui lui avaient sapé tout espoir, toute confiance en elle. Je ne valais pas mieux qu'eux. Je n'arrivais pas à arrêter le flot de ses mots. Elle m'avait réduit au silence et m'exposait sa vision du monde. Je réalisai qu'elle avait même mal interprété ce qui n'était que de l'humour, qu'elle pensait que je la méjugeais, que je la prenais pour une écervelée. J'avais été très maladroit, c'est vrai. Jamais je n'avais pensé qu'elle était stupide. Bien au contraire. Elle m'avait montré bien des dispositions qui simplement n'avaient jamais été exploitées, valorisées par les gens qu'elle avait côtoyés. Son intelligence, son potentiel, sa sensibilité artistique, moi je les voyais. Ils avaient simplement besoin d'être nourris et ce n'était pas dans une boîte de strip qu'ils le seraient.

- Lola... Attends ... Merde...

Elle m'avait balancé ma chemise à la figure alors que j'adorais qu'elle me pique mes chemises et mes t-shirts. Je la trouvais craquante dedans. Cela me faisait même un drôle d'effet comme si elle voulait s'approprier un bout de moi, comme si elle faisait main mise sur moi en prenant mes vêtements. Elle se tenait là, devant moi, pratiquement nue. En fureur. Et elle se foutait bien que cela me retourne complètement les sens de la voir ainsi, si belle et désirable dans l'éclat de la colère. Je suffoquai comme un poisson hors de l'eau. Une petite voix me disait de la prendre dans mes bras et de l'embrasser pour la faire taire, mais j'étais tétanisé. Et puis sa dernière tirade avant de disparaître de la cuisine et de s'enfuir dans sa chambre en claquant la porte me cloua contre l'évier plus sûrement qu'un coup de poing en plein ventre. Je blêmis en essayant de remettre dans l'ordre ses mots qui hurlaient encore dans mon esprit. Je baissai la tête et je restai là comme un con, appuyé contre l'évier, les épaules avachies, secouées de spasmes.

- Lola ... Lola ... Lola...

Je me pris la tête entre les mains et je fermai les yeux, serrant les dents pour ne pas crier. C'était vrai qu'elle m'avait allumé plus d'une fois et certainement pas comme elle allumait les clients du club, enfin de ce que je l'avais vu faire. C'était autrement plus tendre et doux, tellement tentant. Infiniment érotique et charnel mais pas crade comme ce que faisaient les filles de la boîte en se frottant aux mecs dans la salle. Mais je l'avais toujours repoussée malgré ce qu'il m'en coûtait, toujours. Parce que... parce que je ne voulais pas qu'elle croie que c'était le prix à payer pour mon aide durant toutes ces années, parce que je ne voulais pas qu'elle pense que je lui avais tendu la main en songeant au sexe et au plaisir qu'elle pourrait me donner en contrepartie. Parce que je voulais plus. Je voulais son amour et pas seulement son corps. Mais elle m'avait dit tant de fois "L'amour, quelle connerie ! Les mecs nous servent ça pour nous faire faire ce qu'ils veulent, c'est tout. Et puis moi, je suis incapable d'aimer. J'ai cru une fois et puis non finalement. L'amour c'est juste une idée qu'on ajoute au cul pour lui donner un alibi quand on est trop coincé pour assumer sa bite ou son con." Elle avait de ces mots, parfois. Si crus, si vulgaires. Et elle en avait utilisé pour condamner l'amour.

Je savais que son vécu et l'outrage qu'elle avait subi expliquaient ce côté désabusé et je pensais qu'il était trop tôt pour la détromper, pour lui donner la preuve qu'elle pouvait y croire encore. J'avais pensé que le temps jouerait en ma faveur, qu'en apprenant à me connaître, elle ouvrirait les yeux mais au lieu de cela elle était entrée dans l'équipe de strip- teaseuses de cette boîte et contre mon avis. Comme si elle le défiait. Elle était majeure et responsable et je ne pouvais rien empêcher. J'étais désarmé. Je ne pouvais qu'essayer de la convaincre d'arrêter et veiller sur elle en surveillant de loin comment les choses tournaient pour elle au club. J'étais devenu un client régulier, alors que ce genre d'endroit était aux antipodes des lieux de détente que j'aimais fréquenter. J'avais le sentiment qu'elle s'éloignait de moi chaque jour davantage et je voulais à tout prix éviter de reproduire les schémas de comportements qu'elle côtoyait sur son lieu de "travail". Pour moi il avait toujours été évident qu'elle ne me voyait que comme un ami, un mec potentiellement baisable, mais qu'elle ne m'aimait pas, qu'elle ne pouvait m'aimer. Et là, elle utilisait les mots qu'elle disait mépriser. Ce devait encore être un jeu ou une sorte de revanche. Ce n'était pas possible qu'elle joue sur les mots à ce sujet. Elle devait se moquer de moi par rapport à mon trop évident côté romantique qui apparaissait si clairement dans mes poèmes.

- Lola mais ... Qu'as-tu dis ? Je ... Tu ne comprends pas ...

Je parlais dans le vide. Elle était partie se réfugier dans sa chambre en pleurant. Je me baissai pour ramasser la chemise et me passai une main sur le visage. Je pris conscience alors qu'il était inondé de larmes et j'enfouis mon visage dans la chemise. Elle portait son odeur, ce qui m'arracha un gémissement. Une pensée me fit relever la tête. "Salaud ! Au lieu de geindre, tu ferais mieux d'aller t'excuser". La chemise toujours dans les mains, je me dirigeai vers sa chambre dont la porte était close. Cette porte fermée me fit mal. Ma main tremblante se posa sur la poignée et pourtant j'ouvris d'un geste ferme. Je transgressais toutes les règles fixées mais qu'avais-je à perdre? Elle était penchée à la fenêtre, toujours à moitié nue dans l'air glacé. Je la fixai alors qu'elle s'était tournée dans ma direction, l'air toujours aussi furieuse et le regard blessé. Le regard de petite fille paumée que je connaissais si bien. Je traversai la chambre d'un pas décidé et lui passai la chemise sur le dos.

- Tu vas prendre froid. Il gèle dehors.

J'eus un pauvre sourire et je la forçai à se tourner vers moi un bras passé sur ses épaules. Elle grelottait et tirait nerveusement sur sa cigarette. Je lui pris des mains. Je savais que la gifle risquait de venir mais je m'en foutais. Je tirai sur la clope une grande inspiration. Elle me regarda, interdite. Je la laissai se dégager et défis rapidement une couverture du lit d'une seule main et je lui jetai sur le dos.

- Maintenant tu vas vraiment m'écouter et je t'écouterai ensuite. D'accord ? Si tu penses ensuite que je suis un connard de première, tu auras le droit de m'en mettre une et je sortirai de cette chambre. Tu as envie de faire l'amour avec moi ? Et après ...

Je la regardai tandis que les yeux me brulaient et à la façon dont elle me dévisageait je sus qu'elle avait vu que j'avais pleuré et que cela la surprenait.

- Et après ? Tu continueras à t'envoyer en l'air avec tous les mecs que tu trouves sexys et baisables qui te passeront sous la main ? Est-ce que tu imagines ce que ça pourrait me faire ? Est ce que tu as idée de ce que cela me fait déjà de t'imaginer avec eux la nuit ? De passer des heures allongé dans le noir, seul dans mon lit, en guettant ton retour jusqu'au petit matin ?

Je grillai le reste de la cigarette et balançai le mégot par la fenêtre.

- T'en aurais pas une autre ? Celle là était presque finie ...

J'étais là, les bras ballants, comme un couillon de première, à lui refaire une scène au lieu de m'excuser, de la serrer contre moi et de l'entraîner sur le lit. C'était comme si je n'étais plus moi-même. La tension était encore plus papable et il était probable qu'elle hésitait entre me foutre dehors à coups de ses petits poings et me sauter dans les bras pour exploser en larmes de rage en me traitant de grand enculé. C'était déjà arrivé quand elle était en phase de sevrage. Et là, c'était le cas. Elle entrait en phase de sevrage du Will patient et amical et découvrait le Will passionné et intraitable. Il devait faire flipper un peu. Je savais que je pouvais être impressionnant en colère. J'avais calmé plus d'un junkie un peu excité qui montait dans les tours pour avoir sa méthadone. Quelques dealers aussi qui venaient jusqu'aux portes du centre, démarcher les brebis égarées. La tension était à son paroxysme oui, mais cette fois elle avait quelque chose de différent. Nos regards ne se croisaient plus seulement sur un registre agressif. J'avisai le paquet de clopes qu'elle avait posé sur sa coiffeuse à côté du briquet et j'en sortis une que j'allumai immédiatement.

- Tu veux me baiser ? Alors voilà mes conditions. Tu croyais quoi ? Qu'il n'y avait que toi qui pouvait en fixer ? Trop facile. Will aussi a donné niveau désillusions. Je ne partage pas. Si tu veux m'avoir dans ton lit alors oublie les autres ! Je te garantis que tu vas tellement prendre ton pied que t'auras pas de mal à les oublier.

Je savais que j'étais en train de jouer quitte ou double et qu'elle pouvait aussi bien me sauter dessus que m'envoyer me faire foutre et faire sa valise dans la minute. Lola était si imprévisible qu'elle pouvait bien avoir en tête de faire les deux d'ailleurs. Me mettre dans son lit et se barrer ensuite. Ce serait à moi de développer les arguments pour la retenir alors. Je n'étais pas si certain d'y arriver. Elle avait du connaître tellement de plans culs qu'elle devait être blasée. J'avais presque envie de vomir de penser à elle en ces termes. Mais ce n'était pas elle qui me donnait la gerbe. C'était moi. Moi et ce que j'étais en train de rendre possible et envisageable. Jamais je n'avais rêvé que notre première fois pourrait se passer dans ses conditions mais je n'aurai jamais assez de couilles pour lui avouer que tous ces poèmes dont j'avais rempli ce foutu cahier, c'était elle qui me les avait inspirés. Et que je l'aimais depuis bien plus longtemps qu'elle ne m'avait aimé.

- Si tu me veux, Lola. Alors il faudra renoncer à ton job au club et en chercher un autre, et là tu pourras payer ta part du loyer. Tu iras faire un bilan de compétences au centre. Et surtout n'oublie pas, renoncer aux autres mecs tant que tu seras avec moi. Je ne demande rien d'autre. Et je sais que c'est déjà beaucoup, crois-moi. Mais après tout ce que j'ai entendu sortir de ta bouche juste à l'instant. C'est ça ou rien. Si tu refuses, tu pourras rester ici. Il est hors de question que je te foute dehors mais je m'arrangerai pour ne plus te croiser. J'ai confiance en toi. Je crois en toi, bien plus que tu ne crois en toi. Mais je dois savoir à quoi tu fonctionnes dans ta tête. Tu es clean question dope, ça c'est clair, mais si tu as une autre addiction, il faut que tu t'en guérisses parce qu'elle finira par te tuer et me tuer aussi.

Elle était terriblement pâle et j'en eus le coeur serré d'angoisse. J'avais les jambes flageolantes. Je m'accoudai à la fenêtre pour respirer un grand coup, jeter mon mégot. Je refermai la fenêtre et me tournai vers elle.

- J'ai fini. J'ai dit tout ce que j'avais à dire. C'est à toi de parler à présent et je ne te demande pas de répondre tout de suite à ma proposition mais d'y réfléchir. Ce soir, tu travailles, tu consulteras ton planning, tu as un show. La salle est réservée pour un anniversaire. C'est marqué. J'avais regardé ce matin. Mais on pourrait sortir prendre un verre si tu veux bouger après.

Je me dirigeai lentement vers la porte et me retournai pour la regarder. Elle semblait pétrifiée dans sa couverture, les yeux brillants de larmes. Le regard perdu dans le vague. Quelles pensées contradictoires pouvaient agiter son esprit ? J'aurai donné cher pour le savoir.

- Au fait, moi aussi je t'aime. Alors, tu penses toujours qu'elle aurait autant de chance que ça, la fille des poèmes ?

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Lola Wentworth

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeLun 6 Mai - 19:05



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J'entendis inévitablement la porte s'ouvrir mais ce fut presque un soulagement. J'avais vraiment très peur d'être allé trop loin cette fois et de l'avoir fait fuir pour de bon. Je lui jetai un regard assez indéfinissable pour moi. Je ne sentais pas ce putain de froid, j'étais comme anesthésiée, privée d'air. J'avais dit des choses dont je n'avais pas tout à fait conscience, des mots tellement éloignés de ma conception de la vie, enfin de l'amour, des deux...Mais en fait, je les pensais tous et les avais tous ressentis au plus profond de moi à des époques différentes de ma vie. C'était vrai que je ne croyais pas à l'amour, à ce terme stupide et galvaudé. Mais étais-je vraiment à blâmer ? Je ne savais même pas ce que c'était, personne n'avait pris le temps de me montrer le mode d'emploi. J'étais même persuadée qu'un bon nombre de personnes étaient dénuées de ce sentiment et que j'en faisais partie intégrante. Visiblement pas tant que ça pour qu'il réussisse à me faire souffrir à ce point. Je le laissai me redonner sa chemise mais m'éloignai assez vite comme si tout contact aurait été une peine supplémentaire. Oh et puis ces gestes si amicaux. Qu'allait-il bien me dire ? Qu'il m'aimait à sa façon, comme un ami, un grand-frère, comme il s'était toujours défini. Et je ne voulais pas de cette foutue couverture. Par contre je restai comme deux ronds de flanc en le voyant fumer. Que me cachait-il d'autre ? J'allais ouvrir la bouche mais sa tirade et son "et après" me firent la fermer m'attendant encore à une salve de souillures.

Est-ce qu'il avait tort ? Est-ce que j'étais prête à me passer de sexe comme ça ? Est-ce que du jour au lendemain je pouvais devenir la partenaire, je n'osais pas dire la femme, d'un seul homme ? Etais-je seulement capable de combler quelqu'un pour qu'il daigne m'accorder plus d'une nuit ou deux ? N'osant l'interrompre je lui désignai mon paquet de clopes même si je n'avais pas vraiment envie de le voir fumer devant moi, lui l'image parfaite d'équilibre, de vie seine et je préférai lorsque je constatai qu'il était passé à une autre idée.

En fait je crois que je ne percutais pas vraiment ce qu'il était en train de m'avouer. Il me faisait comprendre que depuis tout ce temps en plus du souci que je lui donnais, il éprouvait une sorte de jalousie. Pourtant les faits étaient là. Il savait mes horaires par coeur, parfois mieux que moi mais j'avais mis ça sur le compte de son côté protecteur. Celui qu'il avait toujours eu à mon égard. J'étais perdue et ma tête me faisait un mal de chien. Surtout lorsqu'il remit le couvert avec "baiser". Allait-il falloir que je hurle plus fort pour qu'il m'entende ? Parlais-je une langue qui lui était étrangère ? Mon sang bouillonnait et j'avais bel et bien envie de le frapper, de le gifler ou peut-être de l'embrasser pour le faire taire mais il allait encore penser que c'était une tentative de séduction.

Je levai mes yeux de chien battu vers lui, pas pour le calmer mais parce que je me sentais vraiment comme tel et j'étais celle qui tenait le bâton. Mais qu'est-ce qu'il me proposait au juste ? Une véritable histoire ou un plan fixe pour me sortir de mon addiction ? La seconde...entre autre. Il disait souffrir mais se rappelait-il que j'avais parlé d'amour une fois, celle où il éprouvait ce sentiment pour une autre ? Les idées tournaient en boucle. Me trouver un autre job ? J'y avais vaguement pensé mais pour faire quoi ? Rester derrière un bureau allait me précipiter vers le suicide, travailler comme serveuse me paraissait tout aussi ennuyeux. Jamais de ma vie ces questions n'avaient eu d'importance. Je visais juste à gagner mon indépendance et à me sentir mieux dans ma peau. Je n'avais pas réfléchi à ce par quoi il fallait passer pour que ça se réalise vraiment.

Tout se remettait en question : mon taff, ma vie privée, mes fréquentations, mes aspirations. Et que quoi ?

- Will tu quoi ?

Il avait dit qu'il m'aimait ou... ? Non, non, non ! Cette fois par contre je sentais le froid j'étais même totalement glacée. Je m'assis sur le lit sans définir ce que je ressentais d'autre. De la peur ? Du soulagement ? De l'incrédulité ? Du doute ?
Je boutonnais sa chemise me pelotonnant dedans, me donnant l'illusion de sa présence. Mais la porte était fermée et je devais prendre une décision. Mille décisions à la fois mais une majeure. Je m'étais passée de drogue grâce à lui, pour lui, pouvais-je faire pareil avec mes besoins de luxure ? Etais-je seulement capable de donner de la tendresse ? Techniquement parlant je ne me faisais pas vraiment de souci mais Will n'attendait pas ça d'une femme, ses poèmes et sa douceur lorsqu'il m'enlaçait me le prouvaient. Il avait raison, il avait morflé lui aussi et je n'avais pas le droit de le faire souffrir.

A pas de loups, je sortis le cherchant sans vraiment savoir ce que j'allais lui dire. Je comptais sur ma franchise pour me sortir de cette situation cauchemardesque. Je le trouvais au salon, passablement abattu lui aussi. Sans un mot je m'assis à côté de lui, remontant mes genoux contre moi, un doigt jouant avec mes cheveux.

- Je n'ai jamais voulu que tu me baises, Will même si je suis certaine que tu le ferais très bien.

Ca c'était la première chose à dire. C'était à mon tour de parler même si je n'étais pas douée pour les grandes déclarations.

- J'ai jusque là toujours cru que tu n'avais pas envie de moi, que je ne te plaisais pas, que j'étais trop jeune. Alors comme avec tous les autres, j'ai tourné la page, enfin je le pensais jusqu'à ce que tes poèmes m'ouvrent les yeux. Je serais totalement faux cul en te disant que je ne prends pas mon pied avec d'autres mais je fais ça juste pour le plaisir. Y'a jamais eu de sentiments, là tu as raison, je suis handicapée à ce niveau.

Je me tournai vers lui cherchant son regard.


- Même à toi je ne sais pas faire passer ce que je ressens. Il a fallu un électrochoc pour que je t'avoue ces trois mots. Mais je ne les ai jamais dits à personne d'autre, ça tu en as la primeur et putain ! ça me fait flipper. Ca me fait flipper car je ne sais pas comment on fait, parce que j'ai peur que tu te...lasses.


Comment pourrait-il en être autrement ?

- Alors je ne sais pas. Je ne maîtrise plus rien là, c'est la panique totale. Il faut tout que je repense. Mais avant tout tu dois me jurer que tu ne dis pas tout ça uniquement pour me sauver encore une fois.

J'avais une confiance inébranlable en lui mais j'avais peur qu'il mélange tout. Habituellement je me serais allongée sur ses genoux cherchant cette tendresse qui me rendait vivante mais je n'osais pas le toucher. Je triturais mes doigts, réalisant que je ne lui avais pas vraiment répondu.

- Je pense que si tu m'apprends, je peux aimer un seul homme et largement m'en contenter. Je peux même dire que je suis malade pour ce soir...

J'abattais vraiment toutes mes défenses et j'espérais qu'il s'en rendait compte. Une dernière demande.

- Et tu ne dois plus pleurer à cause de moi parce que ça me ferait crever pour de bon !
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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeJeu 9 Mai - 12:18



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Assis dans le canapé, j'essayais de ravaler mes larmes. Je ne pleurais pas facilement. J'avais arrêté très vite étant gamin, en comprenant que personne ne viendrait les sécher. Pas plus une mère aimante, qu'un père ou des frères et soeurs que la vie ne m'avait pas donné. Même mon amie d'enfance qui m'avait connu à l'âge de trois ans ne pouvait affirmer m'avoir vu chialer. J'étais le gosse qui ne pleure pas. Certaines familles d'accueil avaient pu le vérifier. Ni les baffes, ni les coups de pied dans les côtes, les coups de ceinturon, les privations n'arrivaient à me tirer une larme. Par la suite, il en avait été de même avec les femmes. Quelques unes m'en avaient bien fait baver. La dernière en date notamment. Trois ans de ce que je pensais être un amour passionnel qui défiait les convenances sociales. Je m'étais convaincu d'être amoureux et à défaut, j'éprouvais une très grande affection pour elle. Elle était avocate, chic, distinguée, cultivée. J'avais fait des efforts pour me hisser à son niveau culturel, ne pas lui faire honte en société. Elle semblait amoureuse, se vantait à qui voulait l'entendre d'avoir un étalon au pieu, enfin pas dans ces termes évidemment. C'était plus allusif, suggéré à ses amis du barreau lors des cocktails où je paraissais à son bras. Elle disait volontiers avoir son contentement intellectuel au travail parmi ses collègues et très bien s'arranger du fait que j'avais le cerveau du bas bien plus efficace que celui du haut. Alors que je m'étais piqué d'un tel traitement en public elle m'avait glissé à l'oreille qu'elle adorait choquer ses pairs et que c'était son esprit frondeur et libertin qui parlait. Je me pris au jeu et m'affichais dans des pauses provocantes, lui mettant des mains aux fesses en pleine soirée mondaine, sortant des mots d'esprit qui faisaient rougir les bourgeoises. Puis, peu à peu, je m'étais lassé de cette comédie et aussi d'être simplement son sex toy attitré. Les scènes avaient fait leur apparition. Nous nous étions séparés plusieurs fois puis réconciliés. Elle était la seule attache affective stable que je connaissais alors, et je lui vouais une admiration sans borne pour ses talents, sa réussite sociale, la façon qu'elle avait de s'imposer au monde, de défendre son statut de femme dans un monde d'homme. Elle m'avait quelque part donné confiance en moi. Si quelqu'un comme elle pouvait s'intéresser à un type tel que moi, c'est que je n'étais pas que de la merde, non ?

Un soir j'avais eu la très mauvaise idée de me pointer avec une bague de fiançailles et une bouteille de champagne qui m'avaient coûtés plusieurs mois de salaire. L'embarras avait été immédiat. Elle avait trouvé la bague vulgaire et le champagne médiocre. Interdit, je l'avais dévisagée comme si je la découvrais, mais je n'avais pas pleuré. J'avais simplement pris conscience qu'on ne jouait pas dans la même cour. Je lui avais demandé si c'était une rupture et elle s'était alors émue. Avec le recul, je pense que c'était son cul qui s'était ému de perdre un amant si doué. Elle m'avait enjôlée en me disant que j'avais du talent comme artiste et que je devais me "réaliser" d'abord avant de m'engager. Qu'on reparlerait de fiançailles quand je me serai fait un nom comme écrivain ou peintre, ou musicien. Elle avait conclu en riant " Tu te disperses tellement mon chéri ! Il faut que tu trouves ta voie, et un mécène... Masseur la journée et artiste le soir ... Allons, allons, tu te doutes bien que cela n'est pas possible pour le moment. Est-ce que notre relation ne te convient pas telle qu'elle est ? Nous sommes heureux non ? Sans contrainte. On se voit juste quand on a envie de se voir, de faire l'amour. Tu te vois emménager dans ma résidence ? Dans mon loft ? Et moi, tu me vois dans ton appartement, au coeur d'Astoria ? Allons, j'adore quand tu viens me voir le week end et le soir, mais je suis trop occupée pour vivre en couple pour le moment." J'avais remballé la bague, le champagne avait fini dans l'évier.

Et puis Lola était entrée dans ma vie, dévorant tout mon temps libre. Bizarrement, ma maîtresse supporta très mal que mes visites s'espacent. Je lui manquais. Elle se mit à passer à mon appartement, à m'implorer pour une nuit, à m'appeler sur mon lieu de travail. Je savais qu'elle ne voyait pas d'autres hommes. Je compris que sous ses grands airs, elle était aussi seule que moi. Finalement, c'était peut-être bien notre solitude qui nous avait rapprochés. J'avais cédé et on avait remis le couvert. Finalement nous étions peut-être bien amoureux mais juste prisonniers de convenances sociales, finalement quelque chose de bien pouvait peut-être naître de cette histoire. Je me mis à penser qu'elle avait le droit d'exiger que j'évolue socialement aussi, que c'était pour mon bien. Elle acceptait de me voir tous les soirs et en journée même, le week end aussi, souvent pour le sexe, il est vrai mais, je voyais cet assouplissement de son emploi du temps comme un gage d'attachement. En réalité, c'était plutôt une forme de possessivité. J'étais sa propriété et elle ne souffrait pas que je décide de lui échapper. C'était elle qui devait mener le jeu. Alors bien sûr, tout ce qui empiétait sur son territoire lui était devenu rapidement insupportable: mes cours du soir, mon travail, le groupe. Je me gâchais, je lui faisais perdre son temps à m'attendre. Et puis Lola. Le jour où elle apprit qu'elle avait emménagé chez moi, ce fut la révolution. J'eus droit à une scène grandiose et théâtrale. Après tout ce qu'elle avait fait pour moi, le pauvre type sans famille, sans passé. Elle avait daigné m'accorder son affection, m'ouvrir son lit, et pour la remercier, je perdais mon temps avec cette pute droguée. Je crois que je lui ai fait peur ce soir là. Je n'ai pas crié, pas parlé. Je l'ai juste poussée contre le mur en lui serrant le cou et je l'ai regardée une dernière fois avant de lui cracher à la figure. Puis je suis parti. Dans les mois qui ont suivi, elle a reçu plusieurs chèques remboursant intégralement les cadeaux qu'elle m'avaient faits. Ca m'a prit du temps, étant donné mes moyens. Ne voyant pas l'encaissement se faire, je l'ai appelée et je lui ai explicitement fait comprendre que si elle ne les encaissait pas, je viendrais lui rendre une petite visite du même genre que la dernière et que cette fois je serrerais plus fort et jusqu'au bout. En une année, j'avais remboursé ma dette intégralement mais je restais avec ce goût amer dans la bouche d'avoir cru aimer et être aimé, d'être quelqu'un sans grande valeur, juste un mec avec une belle gueule et sexy, qu'on avait envie d'ajouter à son tableau de chasseuse. Personne dans mon entourage ne sut rien de tout cela.

On apprit juste au fil de mes disponibilités que je n'étais plus en couple, que l'histoire était finie. Mais c'était sans compter sur la vindicte d'une femme éconduite. J'eus d'abord droit à un sermon de ma patronne. Elle avait reçu une lettre de mon ex compagne, lui disant de se méfier, que j'hébergeais une salope qui lui avait volé son fiancé . Puis, au centre on me demanda des comptes sur ce que je faisais avec une ancienne patiente. J'eus droit à un laïus sur la déontologie dont je me serai bien passé. Evidemment un appel anonyme laissait entendre que je couchais avec toutes les filles que je suivais pour désintox. Si le directeur n'avait pas eu totale confiance en moi, j'aurai probablement été évincé. Enfin, j'acquis aux cours du soir la réputation d'un type qui cocufiait sa fiancée avec des putes. Cela ne choqua pas outre mesure mes camarades et professeurs mais me valut des plaisanteries douteuses sitôt que nous abordions des thèmes érotiques. "Demandons à William, c'est un spécialiste!" Etrangement, cette cabale pour me nuire aurait dû me mettre dans tous mes états mais je m'en foutais royalement. J'étais juste préoccupé que cela pût venir aux oreilles de Lola et que cela ne la blesse. Elle finit par l'apprendre effectivement. Je la rassurai du mieux que je pus en lui expliquant sans entrer dans les détails que notre couple battait de l'aile depuis bien avant son arrivée. Je lui fis même lire une lettre que ma maîtresse, comment l'appeler autrement désormais, m'avait envoyée lors de notre première rupture. Elle y mettait déjà à mal mes choix de vie, mes goûts, mon manque d'ambition. Cela avait suffi à éclairer Lola, du moins l'espérai-je, sur la non viabilité de cette relation. Si mon coeur s'était remis plus ou moins de cette désillusion, l'identité de ma maitresse avait sans doute conforté Lola dans le fait que rien n'était possible entre nous. J'en étais à ressasser cet amer constat que la vie ne nous avait jamais donné notre chance, d'abord à cause de ma relation, puis ensuite de son boulot au club de strip lorsqu'elle vint me rejoindre en silence sur le canapé.

Je m'essuyai les yeux et baissai la tête. Sa première phrase me bouleversa mais je me tus parce que je lui devais de ne pas l'interrompre, de la laisser tout dire comme cela venait, de son coeur. Comme elle avait laissé s'exprimer mes sentiments et les mots parfois difficiles à encaisser que je lui avais balancés. Je sentis un sourire triste s'ébaucher sur mes lèvres lorsqu'elle avoua penser qu'elle ne m'attirait pas. Quelle ironie avait fait que nous pensions tous deux que l'autre n'était pas attiré par ce que nous étions ? Un sacré manque de confiance en nous-même, sans doute, sur lequel il nous faudrait travailler ensemble et chacun de notre côté. Mon coeur se serra lorsqu'elle évoqua mes poèmes et mille question me brûlaient les lèvres mais j'attendis patiemment qu'elle eût dit tout ce qu'elle avait à dire. J'encaissai en me mordant les lèvres son allusion à ses amants d'un soir mais j'appréciai sa franchise, même si bon sang ça faisait mal à entendre. Et puis les larmes se remirent à couler lorsqu'elle me parla de sa trouille panique de l'amour et des sentiments qu'elle éprouvait pour moi, de son incapacité supposée à les exprimer. Me lasser ? Comment pouvait-elle penser une chose pareille ? Je l'écoutais, je l'écoutais et plus elle parlait plus j'avais envie de la faire taire en l'embrassant, en lui faisant l'amour. Pourtant, si je savais, si j'étais presque certain désormais, que ce moment viendrait, j'estimais que ses mots, ses questions avaient droit à une autre réponse tout d'abord.

Je me levai et allai dans la cuisine chercher mon cahier. Je viens me rasseoir dans le canapé à côté d'elle, évitant son regard stupéfait puis je passai un bras autour de ses épaules et la forçai à se blottir contre moi. D'une main je tournai les pages et m'arrêtai sur une en particulier. Ma voix s'éleva dans un murmure puis devint plus assurée au fil des lignes.

Spoiler:

Je me tus une fraction de seconde puis tournai les pages nerveusement. Je n'osai la regarder et j'hésitai à poursuivre ma lecture après ce poème que je trouvais terriblement niais mais que je n'aurais désavoué pour rien au monde. C'était l'un des premiers qu'elle m'avait inspirés. Je tombai enfin sur celui que je cherchais et je commençai à le lire d'une voix tremblante


Spoiler:

Un long moment de silence s'installa entre nous et je sentais son regard chercher le mien, mais je n'osai l'affronter de peur d'y lire la moquerie ou une sorte de pitié. Seul le bruit des pages que je tournais rompait l'absence de bruits. Je repris en fermant les yeux au début.


Spoiler:


Je m'interrompis incapable de poursuivre davantage et refermai le cahier lentement. Puis je le posai sur la table du salon.

- Tu crois que je ne crève pas de trouille devant la profondeur de ce que je ressens ? Tu crois que je n'ai pas du mal à exprimer mes sentiments ? Je pense que si handicapé de l'amour il y a, de nous deux, c'est moi le plus atteint. Ce que tu as osé m'avouer, moi je l'ai confié durant des années à un foutu cahier. Pourtant tout est là. Tout ce que je ressens pour toi depuis cinq ans, cinq putain longues années ! Sans rien dire, sans rien montrer ! Alors moi, je trouve que tu es sacrement douée par rapport à moi pour exprimer ce que tu ressens.

J'osai enfin la regarder alors que je la tenais toujours contre moi et mes yeux croisèrent enfin les siens et j'y lus quelque chose d'indéfinissable que me provoqua un frisson dans le bas du dos.

- Tu crois que je maîtrise quelque chose, là ? Est-ce que j'ai l'air d'un mec qui maîtrise quoique ce soit ? dis-je en souriant tandis que nos lèvres se frôlaient presque. Je ne me lasserai jamais et je ne t'aime pas pour te sauver, l'amour ne sauve rien, il est, c'est tout. Je sais que c'est difficile à admettre pour toi. Poursuivis-je en posant mon front contre le sien.

Je l'enlaçai de mon autre bras pour l'attirer contre moi davantage.

- Je n'ai pas à t'apprendre à aimer... tu le sais déjà. Je te demande juste de me dire si un jour tu ne m'aimais plus. Et ne me demande pas de ne plus pleurer à cause de toi.
Ajoutai-je dans un souffle, C'est une promesse que je ne saurais tenir sans cesser de t'aimer et donc ... impossible.






Dernière édition par William T. Lockhart le Ven 10 Mai - 10:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeJeu 9 Mai - 18:27



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Lui non plus n'avait pas un geste à mon égard et je voyais bien la fêlure dans sa carapace à présent. Je le regardai se lever me demandant ce qu'il allait encore se passer, si j'allais avoir droit à une morale tranchant dans le vif, à un revirement de situation, à d'autres larmes. Mais il revint prendre place à côté de moi et m'offrit même ce que je désirais tant depuis une bonne heure maintenant et toutes ces maudites années. Je posai ma tête contre lui regardant le cahier avec un étonnement non feint. Malgré moi je fermai les yeux pour écouter cette voix qui m'avait tout dit mais les mots frappèrent fort. Je ne voulais pas encore pleurer, je devais écouter, m'imprégner pour y croire. Non de tels mots ne pouvaient m'être destinés. Il se leurrait et il allait me leurrer aussi et j'allais encore ramasser sauf que cette fois je ne réussirais pas à me relever. Cette fois je n'aurais pas de William pour me porter à bout de bras, pour...pour tout ! J'allais perdre ce grand-frère agaçant que j'avais toujours rêvé d'avoir, cet ami indéfectible qu'il n'avait cessé d'être et je n'osais imaginer ce que je pourrais perdre si nous faisions l'amour.
Ce mot...cette offrande.
La fin du poème fut presque un soulagement. Il écrivait magnifiquement bien mais j'étais à nouveau cet petit chiot qui se voit offrir une nouvelle famille et qui a peur de se reprendre des coups. Pourtant je restai prostrée dans ses bras.

Si je savais que William, pour avoir rencontré son ex petite-amie, enfin cette femme que j'avais eu envie d'aller égorger après lui avoir appris ce qu'un couteau peut faire endurer, à la lecture de la lettre qu'il m'avait montrée, pour avoir vu des filles du centre lui faire les yeux doux, n'était certainement pas un débutant en matière de sexe ou même de relations sérieuses, je fus surprise de lire des mots qui me parlaient plus, non ! qui auraient pu venir de moi, en des termes plus crus naturellement. Ainsi il avait donc pensé à moi, à nous dans des moments intimes ? Il avait eu envie de moi ? De ce corps qu'il n'aimait pas que j'exhibe à tout un chacun. Je pensais qu'il en avait honte pour moi, peut-être que quelque part il y avait de cela mais je me rendais compte qu'il n'avait pas toujours que des idées sérieuses en tête. Pas que je pensais encore une fois qu'il était un saint voué à une seule femme, Dieu merci sinon on n'en serait pas là mais me revenaient en tête quelques soirées où j'avais vainement tenté ma chance et où je n'avais volé qu'un baiser chaste. Pourquoi avait-il résisté ? Pour moi certainement plus que pour lui.

Le dernier poème lu, j'étais définitivement sans voix mais mon coeur battait à un rythme certainement anormal.

- Pourquoi tu arrêtes ?

Et la réponse vint très clairement. Ecrire de telles choses et être handicapé ? On ne devait pas avoir la même définition du mot. Qui plus est, je savais à présent que son rôle de référent au centre lui tenait à coeur et que s'il...puisqu'il m'aimait ainsi, il avait montré une force et une détermination que jamais je ne pourrais acquérir.
Exprimer ce que je ressens ? La plupart du temps je ne ressens rien, quelques râles de plaisir vite éteints, quelques minutes éphémères. Les seules vraies sensations ont toujours existé avec lui même quand je me déchirai la peau et certainement parce que malgré ce spectacle à gerber il était resté même dans les situations les plus humiliantes que je lui avais infligées.
Au même moment mes yeux s'ancrèrent dans les siens. Et je pensais "Oui, oui je t'aime William, je t'aime même si ça fait mal et si j'ai peur d'en mourir".

Je sentis ses lèvres contre les miennes qui continuaient à murmurer en de tendres caresses. Je bougeai la tête, mon front toujours collé au sien, méditant ses paroles. Je buvais ses mots confortablement installée contre lui, plus proche que jamais. Un sourire m'échappa, entre tristesse et plénitude. Un sentiment confus que je n'avais jamais éprouvé et celui-ci j'en étais sûre. Je n'avais pas trop ouvert la bouche car je n'étais pas capable de dire des choses aussi magnifiques. Je n'étais pas une cérébrale, j'étais dans l'action et ce qui me sembla juste à ce moment là c'était d'être moi et de lui répondre à ma façon.
Avec la force du désespoir, je posai mes mains autour de son visage et pressai mes lèvres contre les siennes sagement avec toute la douceur dont j'étais capable.

Ca n'était pas notre premier baiser. Il nous arrivait de forcer un peu sur l'alcool lors de soirées ou après un de ses concerts et cet espèce de magnétisme entre nous que j'analysais mieux à présent était désinhibé au point qu'on s'amusait et que nos corps se répondaient. Mais en fait c'était loin d'être un jeu, juste une acceptation de ce qu'on ressentait parce que l'alcool peut être une belle excuse. Je me souviens même d'un soir où passablement énervée parce qu'une sorte de groupie avec une moitié de cervelle avait jeté son dévolu sur lui, je l'avais planté sans prévenir. Et je l'attendais patiemment, me servant encore des verres. J'aurais pu patienter jusqu'au petit matin mais il était rentré peu après et je lui avais fait une terrible scène mettant en cause son manque de jugement sur le choix de ses conquêtes, que c'était encore une écervelée qui n'en voulait qu'à sa gentillesse et blabla... Et c'était lui qui m'avait fait taire cette fois là en m'embrassant assez violemment à présent que j'y repensais. Ma robe avait failli y passer et sa chemise aussi mais une fois de plus il avait tout arrêté. Je l'avais maudit pendant plusieurs jours, refusant même de lui parler. Puis les choses s'étaient tassées.

En repensant à ce moment, je recommençai à l'embrasser, hésitante. C'est bien là où je me sentais comme à l'école. J'avais peur d'aller trop vite, de lui donner une mauvaise image de moi, d'être trop ou pas assez. A contre coeur j'arrêtai pour lui répondre, parfois parler évitait certaines situations délicates.

- Je te le promets même si je ne suis jamais arrivée à arrêter de t'aimer toutes ces années. J'ai bien peur que tu doives me supporter encore un peu.

J'attrapai ses mains, longues, fines et m'amusai avec. Les seules qui ai jamais osé saisir les miennes en pleine rue alors que nous n'étions mêmes pas un vrai couple. Revenant à ma première envie je m'allongeai sur ses genoux, ses mains toujours enlacées dans les miennes. Qui aurait pu croire en cet instant que j'étais une strip-teaseuse qui couchait avec des inconnus ? Et là je mesurai toute l'ampleur du désastre. Je n'étais que la digne fille de ma mère mais ça ne pouvait pas durer. Je serrai ses mains plus fort.

- William, tu dois m'aider encore une fois. Je ne peux plus lui ressembler, je ne peux plus être comme elle. Je veux être digne de toi que tu aies envie de moi sans avoir honte ou peur que je sois obligée de...de...baiser avec un autre pour ne pas me faire virer ! Je veux t'appartenir.

Je refoulai mes larmes et me cachai derrière ses mains.

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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeMer 15 Mai - 22:49


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Lorsqu'elle prit mon visage entre ses mains pour m'embrasser, j'eus l'impression que la pièce tournait autour de moi, lentement d'abord, comme au ralenti, puis de plus en plus vite et je fermai les yeux pour savourer chaque seconde de cette sensation, chaque frisson qui parcourait nos corps si proches. Ce baiser était le premier, même s'il y en avait eu d'autres. Il était le premier aveu physique, conscient, sans équivoque, de nos sentiments. Nous étions deux enfants qui se mettaient à nu devant l'autre. C'était beau, c'était fort, comme jamais je n'avais osé l'espérer et mes mains volèrent jusqu'à son visage aussi pour prolonger un peu ce merveilleux bonheur qu'elle m'offrait. Mon coeur battait à tout rompre car je savais que cette fois je ne la repousserai pas, je n'empêcherai rien. J'espérai de toutes mes forces que ce moment n'aurait pas de fin, tout en sachant qu'il en aurait une.

C'était cela l'amour, espérer même si cela semblait impossible. Un douce chaleur m'envahit, une plénitude, la sensation d'avoir trouvé enfin mon port d'attache même s'il ne devait pas être exempt de tempêtes. Je l'aimais ainsi, Lola et ses écueils, ses excès, ses faux pas qui la rendaient plus vraie, plus authentique à mon coeur que toutes les poupées parfaites et superficielles que j'avais pu tenir dans mes bras. J'aimais jusqu'à ses faiblesses même si je voulais la voir devenir forte. Je savais qu'elle pouvait l'être. Elle avait fait un pas incroyable vers moi et j'en étais terriblement conscient et presque terrifié malgré le bonheur que je sentais pousser en moi. Je n'avais plus le choix, il fallait que je sois à la hauteur si je voulais qu'elle ne change pas d'avis et se lasse. Je savais que j'entrais en concurrence avec une hydre, le visage fantasmagorique d'un amant changeant, d'un compétiteur de luxure face auquel je serai seul. Ce monstre qui nourrissait son appétit de sexe, son besoin d'être désirée, dont le Guilty Pleasure n'était qu'une des multiples incarnations possibles. Rien ne me garantissait qu'elle n'irait pas chercher ses aventures d'un soir ailleurs, si elle arrêtait d'y travailler. Si cela était ancré en elle, je devrais l'en guérir et je savais que si tout mon amour n'y suffisait pas, j'en crèverais, parce que c'était tout ce que j'avais à lui offrir. Je ne pourrais jamais être autre chose que moi-même. Et je m'étais ouvert, mis le coeur à nu devant elle. Elle n'avait qu'à manquer à sa promesse pour me condamner.

Pourtant, je répondis encore à la caresse de ses lèvres lorsqu'elle m'embrassa de nouveau plus timidement, cette fois. Son hésitation me troubla. J'étais suspendu à ses lèvres, grisé, envoûté et lorsqu'elle arrêta, je fus comme privé d'air, comme lorsqu'on s'éveille d'un rêve tellement agréable et que la réalité froide et cruelle nous saute à la gorge. Mais les mots qui suivirent se gravèrent dans mon coeur et je sus qu'ils seraient parmi les derniers dont je me souviendrais, dussé-je vivre cent ans. Lorsqu'elle prit mes mains dans les siennes, et s'allongea en posant sa tête sur mes genoux, je me retins pour ne pas pleurer encore mais c'était peine perdue. Je retirai doucement mes mains de son visage et le caressai du regard pour en graver chaque détail dans ma mémoire en souriant à travers mes larmes. J'eus cette pensée terrible de tenir le bonheur entre mes doigts et la certitude qu'il m'allait falloir me battre comme jamais pour ne pas le laisser filer et je serrai instinctivement ses doigts plus fort, puis je déposai un baiser sur son front, laissant mes lèvres errer jusqu'aux siennes. Je l'embrassai cette fois avec passion, une passion retenue depuis si longtemps, qui déferlait à présent que le mur s'était fissuré. Mes mains quittèrent les siennes pour la prendre dans mes bras, la relever, la serrer contre moi. Elle était assise sur mes genoux et mes mains enfiévrées se promenaient sur la chemise trop ample qui couvrait ses formes. Je m'arrêtai enfin pour la blottir contre moi et tandis que je caressais ses cheveux, je lui murmurai doucement à l'oreille.

- Je suis là. Mon ange, je suis là. Tu as juste à être toi, la vraie Lola. Celle que j'ai toujours vue derrière celle que tu montres aux autres. De toute mes forces, je serai toujours là... Je sais que ce ne sera pas facile, mais nous y arriverons, comme nous y sommes déjà arrivés pour le reste, parce que tu es bien plus forte que tu ne crois et parce que chaque fois que tu douteras, je serai là pour te rappeler toutes tes victoires. C'est fini, tout ça va prendre fin. Tu peux pleurer, tu en as le droit.

Je la berçai doucement, comme on berce un enfant tandis qu'elle posait sa tête contre mon torse et je continuai calmement.

- Ce soir, tu iras travailler comme prévu mais ensuite, si tu veux, nous irons parler à ton boss, toi et moi. Si tu veux, d'accord ? Je serai là.

Je souris doucement en posant le menton sur sa tête après avoir déposé un baiser dans ses cheveux. Combien de fois je m'étais imaginé entrant dans le bureau du patron de cette boîte et lui demander de laisser Lola s'en aller... Je soupirai.

- Et puis après, si tu as envie, nous irons fêter ça dehors, tous les deux. Où tu veux ... Bon sang, je suis tellement heureux ... Regarde-moi, Lola ! Dis-je en hochant la tête et en me mordant les lèvres dans un sourire. Je t'aime ...


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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeJeu 16 Mai - 16:07



Lola & Will Jennifer-lawrence-gif-31

Jétais à l'abri, le visage couvert par ses mains, ça apaisait presque cette douleur lancinante à la tête et plus certainement en plein coeur. J'avais l'impression d'être réveillée depuis des jours et que mon corps avait été roué de coups. La fatigue, l'alcool, la trouille. Mais il fallait ouvrir les yeux sur le monde et quand le monde ressemblait à William, c'était le plus beau des paysages. J'étais à nouveau ivre à cause de ses lèvres, je n'arrivais pas vraiment à réaliser que ce n'était pas l'effet de l'alcool qui le poussait et me poussait à...vivre. C'était extrêmement bon quand il perdait le contrôle en toute connaissance de cause. Ma bouche se voulut plus gourmande, avide de sentir la chaleur de son souffle mêlé au mien avec volupté. Ses mains, elles aussi, partaient à la conquête de ce qu'il s'était toujours refusé de connaître et j'étais très réceptive aux nouvelles sensations qui s'offraient à moi. Quelque chose de moins physique, de plus entier, de beaucoup plus profond qui présageait de plaisirs infinis en communion parfaite.

Assise contre lui, je me pelotonnais en passant mes bras autour de son cou. Ses effluves me chatouillaient et je me demandai comme il avait réussi à cacher pendant aussi longtemps l'odeur du tabac. C'était une question qui resterait dans un coin de ma tête car il y avait plus à penser. Je ne perdais pas un mot qu'il prononçait mais je cherchais quand même qui était la vraie Lola. Où s'arrêtait le personnage alors ? Toujours attaquée, j'avais choisi moi aussi l'attaque, la provocation pour me défendre et ça faisait trop longtemps pour que je me souvienne de qui j'étais au milieu de tout ça. Je n'en n'avais jamais eu mais je ne cessais de voir ce chiot aux abois. J'avais juste des souvenirs de pleurs, les mêmes qui ne cessaient de couler à présent que j'avais ouvert la vanne. La peur avait été longtemps ma meilleure amie puis j'avais appris à me battre, physiquement, à devenir une petite terreur. A New-York, pas encore tout à fait à ma place, la maisonnée plus stable de mon père avait limité mes dérives jusqu'à cet outrage. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, j'étais toujours vierge lorsque j'avais été violée, je prenais même goût aux études même si évidemment j'accumulais les échecs scolaires. Je ne m'étais que très peu liée car Eric, ce branleur faisait courir des rumeurs sur moi que mon père refusait de reconnaître. Il devait me voir comme ma mère. La drogue avait alors été mon seul soulagement, mon seul échappatoire et puis William. Mon roc. Mon phare. William qui me murmurait que je pouvais être forte tandis que je me cramponnais à lui à l'image de ces cinq dernières années.

Aller voir Oz réveilla mes vieux instincts de fuite. Ce type me faisait peur mais encore plus je craignais que ses sbires ne s'en prennent à Will comme dans un mauvais film. De ma main, j'essuyai mes larmes, j'en avais assez de pleurer et j'acceptai de le regarder. Ma main recommença son travail, en essuyant les siennes. J'effleurai juste ses lèvres de mes doigts ne sachant pas vraiment que répondre. J'avais entendu trop de rumeurs sur des filles ou des mecs disparus pour avoir voulu quitter le GP. Je ne réussis pas à lui sourire.

- C'est bien parce que je t'aime aussi, Will que je ne peux pas te laisser aller voir Oz. Ce mec est un malade et il te ferait du mal d'une façon ou d'une autre. Crois moi, tu dois me croire. Il aime nous posséder, jouer avec nous, tu l'as assez vu. Son autorité est son pouvoir.

J'étais vraiment pétrifiée par cette idée et il allait falloir en trouver une autre moins directe.


- Ce soir je danserai et après on pourrait euh...

Je pris ses mains dans les miennes, les emprisonnant contre le haut du canapé, espérant lui faire oublier cette idée suicidaire.


- On pourrait revenir juste ici, tous les deux...


Je l'embrassai entre deux paroles, me raclais les lèvres sur sa barbe toujours naissante, près de son oreille, dans son cou, l'invitant à imaginer pour de bon ce qu'on pourrait faire sans craindre pour nos vies. Je craignais aussi qu'il ne pense que j'avais changé d'avis et noyais le poisson de la façon dont je savais mieux le faire. Je noyais l'idée en effet parce qu'elle me faisait beaucoup plus paniquer qu'un rejet mais pas mes promesses. Et pour bien m'assurer qu'il ne se méprendrait pas j'ajoutai :

- Je pourrais même faire quelques pâtes.

Ce qui annonçait un repas empoisonné.

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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeJeu 30 Mai - 11:07



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Elle avait passé ses bras autour de mon cou et je me mordis les lèvres, ce qui trahissait chez moi un tumulte d'émotions intenses. J'avais souvent ce réflexe sur scène et il faisait craquer les filles surtout lorsqu'il était suivi d'un sourire suggestif. Mais le moment ne me donnait pas envie de sourire même si une part de moi était consciente de vivre le plus beau moment de ma vie. L'autre ne perdait pas de vue les difficultés et les obstacles qui allaient se dresser devant nous. Quand j'évoquai l'idée d'aller annoncer sa démission à son boss, je sentis immédiatement son corps de tendre et des frissons parcourir son dos sur lequel se promenaient mes mains.

- Hey, Lola. Tu as froid ma chérie ? Dis-je en lui caressant les épaules.

Cette fichue chemise qui m'appartenait était le seul rempart qui m'empêchait d'aller plus loin, de sentir sa peau sous mes doigts et j'avais une envie folle de la lui arracher. La seule chose qui me retenait était l'acuité avec laquelle je percevais la gravité de la situation. Les mots de Lola confirmèrent ce que je redoutais. Elle était terrorisée à l'idée de se confronter à son boss pour lui annoncer son départ. Qu'elle semblât l'être plus par rapport à ce qui pourrait m'arriver qu'au sujet de son propre sort me bouleversa. Je caressai sa joue pour l'apaiser et jetai un regard sombre à l'évocation de ce type que j'avais croisé plusieurs fois au club. Il se dégageait une séduction brutale de cet homme, un regard cruel à glacer le sang mais magnétique. Il n'était pas que vicieux et cupide, il avait du charme et cela devait contribuer grandement à la soumission dont semblaient faire preuve ses employés. Je pressentais vaguement qu'il avait du en mettre plusieurs dans son lit malgré le fait qu'il soit marié. J'évitai de m'attarder sur la question au sujet de Lola. Le moment était trop précieux pour le faire voler en éclat par une autre scène, surtout au sujet de cet individu.

- Okay. Pas de confrontation directe alors. C'est vrai que je ne le sens pas net. Je ne veux pas qu'il ait des raisons de s'en prendre à toi. On va trouver autre chose.

Je me laissai faire lorsqu'elle prit mes mains pour me plaquer contre le canapé et haussait les sourcils dans un regard évocateur lorsqu'elle me proposa une autre option qu'une sortie en public pour fêter cette journée mémorable. J'étais complètement assujetti à sa volonté et prêt à m'abandonner totalement. L'évocation d'une Lola cuisinant un repas me tira un sourire taquin tant j'avais le souvenir de ses dernières tentatives culinaires ayant abouti une fois à un début d'incendie dans la cuisine. Je la sentais terriblement angoissée, retenue dans ses gestes de tendresse et mon terrible humour légendaire frappa. Un sourire, un regard suggestif.

- On pourrait aussi mettre en oeuvre une autre activité pour obliger ton patron à te laisser partir mais son aboutissement prendrait neuf mois.

Je rougis violemment en prenant conscience de ce que je venais de dire, même si c'était pour désamorcer la tension. Cela risquait fort de provoquer l'effet inverse sur Lola et puis même si effectivement son patron ne pourrait rien contre ça, ce n'était pas l'idée du siècle. Pas que je n'envisage pas cette idée dans l'avenir mais ça serait simplement de la folie furieuse dans la situation actuelle. Lola avait besoin de savoir qui elle était, de se reconstruire, de trouver sa voie professionnelle et l'imaginer en mère au foyer me paraissait aussi incongru que la voir continuer à s'effeuiller au dans cette boîte de strip me révulsait.

- Pardon ma Lola. C'était juste une pauvre tentative d'humour. On trouvera un moyen de faire les choses en douceur pour ton départ.

Je tendis mon visage pour quémander un baiser de pardon alors qu'elle me tenait toujours à sa merci sur le canapé.

- Ce que j'aimerai, c'est que tu commences à réfléchir à ce que tu aimerai faire comme métier. J'ai plein d'idée en tête à te suggérer mais le choix doit venir de toi et après une mûre réflexion.

Je me gardai bien de lui dire que j'avais aussi d'autres options pour que Lola soit libérée de son activité au club. Si elle ne pouvait reprendre sa liberté, je trouverais un moyen d'obliger son patron à lui rendre. Il y avait certains cas de force majeur, comme la destruction de l'outil de travail par un incendie, une descente de la brigade des stup enquêtant sur un trafic. Il suffisait de réfléchir et de réactiver mon réseau d'ex loubard. Mais ça, je ne pouvais absolument pas en parler à Lola. Elle n'avait aucune idée de ce qu'avait été ma vie avant que je trouve ce travail de masseur et me porte volontaire au centre de réhabilitation. Il y avait certaines choses dans lesquelles je n'avais jamais mis le nez, comme la dope et la prostitution mais le réseau de voleurs de voitures de la grosse pomme n'avait pas de secret pour moi à une époque, tout comme certains de mes anciens "amis" avaient quelques casses à leur actif. Quelques uns d'entre eux avaient une dette envers moi mais qui pouvait se douter que derrière le garçon solitaire, réfléchi et philanthrope, se cachait un ancien voyou qui savait se battre même s'il n'aimait pas la violence ? Je décidai donc de faire profil bas et de rassurer Lola en la persuadant bien que je ne tenterai pas de confrontation directe.

- Ma Lola, j'aimerai que tu ailles prendre un vrai petit déjeuner et que tu te reposes ensuite pour ce soir. Je ... crois que je t'ai pas mal bousculée et je dois aller au salon pour faire ce foutu inventaire sinon, la patronne ne va pas apprécier et c'est pas le moment que je me retrouve au chômage. Pendant que je me prépare, vas manger un bout et ensuite tu te remets au lit pour une petite sieste.

Je libérai mes mains et la fit basculer sur le canapé avant de l'embrasser tendrement, puis plus passionnément, ma langue se glissant entre ses lèvres pour jouer avec la sienne. Immédiatement un feu s'éveilla en moi, que j'eus toutes les peines du monde à calmer tandis que mes mains se glissaient sous la chemise pour caresser la peau satinée de ses hanches, de son ventre. Je mordillais sa bouche sensuelle, gonflée de mes baisers et me redressai à grand peine, la dévorant du regard.

- Je crois que l'option douche glacée s'impose avant d'aller bosser. Dis-je en prenant conscience de mon état d'excitation en dessous de la ceinture.

Je secouai la tête négativement en voyant le regard qu'elle portait sur ma braguette.

- Fière de toi ? Et tu m'as juste embrassée hein... Tu es vraiment certaine de vouloir faire un atelier culinaire ce soir ? Poursuivis-je en la chatouillant.


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Lola Wentworth

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeJeu 30 Mai - 19:03



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- Tu ne m'auras pas Will, je sais que tu penses à ce faux incendie mais il n'était pas de ma faute, tu l'as provoqué.

J'étais persuadée qu'il se moquait de moi en y repensant et je ne pus que le regarder, presque indignée. En effet il souriait narquoisement. Par contre, je ne dus pas sourire en l'entendant évoquer un bébé et j'eus plus l'impression que ma bouche s'affaissait comme dans un dessin-animé de Tex Avery, choquée comme jamais. Un bébé ? J'étais moi-même loin d'être adulte et si je devais un jour avoir un enfant, je voulais lui réserver une vie toute autre que la mienne. J'affichai à présent une moue boudeuse que j'hésitais à effacer pour lui offrir un baiser.


- Tu penses vraiment le mériter celui-là ?

Dis-je en lui tirant la joue, plus amusée qu'autre chose. Et même si notre complicité reprenait le dessus, Will ne perdait pas de vue et à vrai dire moi non plus, ce dont nous avions parlé plus tôt. Mais qu'est-ce que j'avais envie de faire ? Passer des diplômes me semblait hors de portée et quitter le monde de la nuit n'était pas une option. Pas tout de suite. Mais existait-il des carrières dans ce milieu ? Barmaid ? Non ! Je voulais garder la scène, cette boule dans le ventre qui se forme pour mieux éclater quand on est entré dans la lumière. Offrir un spectacle, faire naître une symbiose, quelque chose de spécial.

- Je vais réfléchir, ok !

Des idées se formaient loin de celles de William qui m'auraient mise dans une rage incommensurable si j'avais eu un don de clairvoyance. J'allais acquiescer à sa demande lorsqu'il reprit la situation en main et je ne le sentais pas tout à fait disposé à aller travailler, tout comme moi j'avais envie de faire une sieste comme d'aller me pendre...
Appliquant une petite pression sur sa tête, j'enroulais ma langue à la sienne avec langueur. Enfin ses mains erraient sur ma peau, je soupirai après tant de frustration accumulée et mes mains se promenèrent sur son dos. Je sentais ses muscles tendus sous le fin tissus de son t-shirt, mes ongles prirent leur plaisir en donnant un peu de sel à mes caresses. Je le sentis pourtant un peu s'éloigner. Hum !
Ce fut à mon tour de me mordre les lèvres et mes yeux vinrent se poser en toute innocence sur cette jolie bosse qui se formait.
Je le regardai avec mon air de ne pas y toucher.


- Très fière !


Un atelier culinaire ? J'avais déjà oublié et je me tortillai sous ses chatouilles. Je l'attirai à moi, refermant mes jambes autour de sa taille. Je n'avais aucune envie qu'il s'en aille.

- Tu es vraiment certain de vouloir partir là maintenant ?

Singeai-je en glissant mes doigts dans ses cheveux. Je dégrafai le premier bouton de sa chemise qui sur moi n'allait pas si bien que ça, le second, le troisième, j'ébauchai le quatrième...sans jamais le quitter des yeux.


- En tout cas si tu pars il faut que tu reprennes ta chemise, je m'en voudrais que tu prennes froid.

Et je m'appliquai à glisser mes mains pour effleurer son dos mis à nu par mes efforts.

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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeDim 9 Juin - 17:24


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Ma faute ? J'essayais de me remémorer l'épisode mais rien ne me vint à l'esprit qui put me rendre responsable du feu dans la cuisine. Il faut dire que j'avais le feu ailleurs dans l'instant. Elle m'avait accordé son pardon au sujet de l'allusion au bébé et en y réfléchissant même si ce devait être avec elle et aucune autre, le fait d'être père un jour m'angoissait plutôt moi-même. Je n'avais pas vraiment de modèle sur lequel m'appuyer et si j'étais certain de ne pas vouloir infliger à un enfant ce que j'avais vécu, je n'avais encore jamais envisagé l'éventualité de fonder une famille. Quel genre de père serais-je donc ? J'ignorais tout de mes parents, je portais un nom que les services sociaux m'avaient attribué en fonction de l'endroit où un jogger m'avait découvert, à savoir Lockhart Road. Mon prénom m'avait été donné par l'employé des services sociaux d'origine écossaise qui traitait mon dossier et, en fervent patriote, était un admirateur inconditionnel de William Wallace. Comme j'avais le don, bébé, de faire gueuler tous les autres nourrissons de la pouponnière en pleurant, il m'avait surnommé le harangueur de foule. Quelle belle histoire familiale à transmettre à un enfant ! Je n'avais pas d'aversion contre les enfants mais la vie m'avait montré qu'elle pouvait être assez moche pour hésiter à la donner à un être aussi innocent. Du moins sans essayer de mettre toutes les chances de son côté. Je ne m'estimais pas être particulièrement une chance pour un gamin. Comme père on pouvait rêver mieux. Et je pense que Lola devait s'en douter et comprendre que j'avais immédiatement regretté de plaisanter sur un sujet aussi grave. Elle m'avait donc pardonné et plus encore était vite passé à autre chose à savoir, répondre à mon étreinte.

C'était comme si le fait que je prenne l'initiative la libérait et Dieu que c'était bon de la sentir enfin sans retenue se coller à moi et caresser ma peau en la gratifiant de quelques griffures. J'avais eu du mal à me redresser et à me soustraire à sa douce exploration de ma musculature, à abandonner l'errance de mes mains sur sa peau merveilleusement douce. Tellement de mal que ma basse vengeance de chatouilles devant l'air conquérant qu'elle affichait, le nez presque sur le renflement de ma braguette, tourna au fiasco stratégique. Elle m'avait enlacé la taille de ses jambes et déboutonnait un à un tous les boutons de la chemise, foutue chemise ! J'étais rivé à ses yeux le souffle court... Quand je les avais croisés pour la première fois, j'avais été envoûté par leur beauté, magnétique, aux reflets si changeants, et qui exprimaient ce que ses lèvres gardaient scellé...

- Lola... Ange... Tu me rends fou...

J'ôtais moi même les derniers boutons et prit ses lèvres avec douceur tout d'abord puis tandis que mes mains remontaient le long de ses hanches dénudées pour cueillir ses seins dressés, ma bouche se fit plus exigeante, ma langue plus intrusive et je pressais mon bas ventre encore prisonnier contre son bassin tout en gémissant. Je perdais totalement pied mais je m'en foutais. Libéré de cinq ans de silence et de retenue, mon amour se révoltait, s'insurgeait contre tout ce qui pourrait différer son accomplissement. Mon visage glissa au creux de son cou, mes lèvres le parsemant d'une pluie de baisers brûlants. Puis je remontai mes mains sur ses épaules, la soulevant pour faire glisser la chemise avec fébrilité. Ma bouche s'aventura entre ses seins soulevés par sa respiration et je happai le bourgeon du gauche avec délicatesse, l'excitant de ma langue par de petits mouvements circulaires. Mes mains errant sur ses épaules et son dos, caressant sa nuque, j'entrepris d'infliger le même traitement à celui qui était jaloux. Elle se cambra en gémissant entre mes bras, et quand je relevai la tête, je contemplai son visage, ses yeux mi-clos, ses lèvres entre ouvertes sur un soupir et je crus que les boutons de ma braguette allaient exploser.

- Non... Je ne peux pas...

Je la serrai dans mes bras et la soulevai du canapé, me relevai tandis qu'elle enroulait ses jambes autour de ma taille, ses bras autour de mon cou, et je la portai jusqu'à ma chambre en volant ses lèvres une fois de plus. Je ne m'interrompis qu'une seule fois pour finir.

- Je ne peux pas aller travailler dans cet état... J'ai de la fièvre... Guéris-moi, mon amour...

J'entrai dans la chambre en trombe, avec mon précieux trésor et je la déposai doucement sur le lit, ôtait mon t-shirt et le balançai à travers la pièce en le faisant tournoyer, avant de lui arracher ma chemise sans ménagement, ne la laissant vêtue que d'un jolie triangle de soie que je fixai d'un regard brillant. Je pris le temps de la contempler avant de la chevaucher et de confier à ses mains expertes la libération de mon désir comprimé dans ce maudit pantalon. A cet instant j'aurai voulu être un William en kilt pour la prendre sans plus attendre. J'ajoutai en me mordant la lèvre :

- Tu crois que j'ai l'air d'avoir froid là ? Je suis brûlant. Touche !

Je pris sa main et la posai contre mon ventre tout en me perdant dans son regard qui exprimait tant de sentiments bouleversants et contradictoires. La petite fille en quête d'amour, la femme tentatrice, l'amante prometteuse et passionnée. Je sus que derrière tout cela, se cachait comme en moi, la peur de souffrir à nouveau, je le sentis à ses mains tremblantes et pourtant pleines de convoitises qu'elle tendait vers le premier bouton. Mon regard plongé dans le sien, le souffle de plus en plus court... Comment pouvait-on désirer une femme à ce point, l'aimer autant ...


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Lola Wentworth

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeDim 9 Juin - 18:00



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Si lui était fou je n'allais pas tarder moi non plus à tourner casaque. Je n'étais vraiment pas certaine de moi, je pensais qu'il allait me raisonner et prendre sur lui mais il avait, à première vu décidé que ce temps là était révolu et une douce chaleur s'empara de moi à l'idée que la glace se fissurait enfin. Mes dent vinrent résolument glisser sur ma lèvre inférieure tandis qu'il me dénudait. Nous n'avions pas encore dépassé les remparts que nous connaissions quelque peu mais même si voracité il y avait, elle explosait au milieu de bons nombres de sentiments sincères auxquels je ne croyais plus et peut-être pas encore. Combien de temps me faudrait-il pour avoir une petite confiance en moi ? Mais plouf, l'idée m'échappa au profit d'un réel sentiment d'excitation. Sa bouche était gourmande comme je l'avais imaginée, tendre mais résolue. Elle m'arrachait déjà des gémissements et surtout faisait vibrer une partie de moi dont je n'avais jamais conscience : mon coeur. Il se débattait comme un aliéné lui aussi. Je voulais tout sentir, le velouté de sa peau chaleureuse, la tiédeur de sa langue qui faisait se dresser les pointes de mes seins et l'invitation muette de son sexe contre le mien. Mes hanches se mouvaient en une étreinte plus suggestive sans que je ne l'aie vraiment décidé. Mon corps était sur pilote automatique. La tête relâchée, la bouche offerte, je ne pouvais que haleter.
Je restai toutefois interdite quelques secondes, ne comprenant pas son "je ne peux pas". Heureusement il eut pitié de ma faiblesse d'âme et s'expliqua bien vite provoquant un petit rire victorieux.

- Tu crois qu'on a encore l'âge de jouer au docteur ?

Le provoquai-je avant de me reconcentrer sur sa chambre où je venais parfois l'embêter, ça avait dû être un peu insupportable pour lui mais j'allais me rattraper. Je le regardai avec tout l'amour du monde au fond des yeux comme si je le découvrais enfin. S'il n'avait pas repris sa place, la seule et unique, contre moi, j'aurais eu envie de lui sauter dessus pour m'enivrer de son torse, de le goûter vraiment jusqu'à plus soif.
Son petit accès d'impatience m'excita au plus haut point et je le laissai découvrir ma nudité ou presque tant qu'il le souhaitait. C'était impressionnant, un rêve presque de gamine se déroulait là sous mes yeux et j'en étais l'actrice principale. J'eus du mal à réaliser. Du mal à me dire que c'était un point de non retour mais le jeu avait trop duré et non sans appréhension je le laissai poser ma main à la limite de son bas ventre. En effet, la glace avait fondue.

Quelque part mon habitude de ce genre de situation l'emporta sur ma timidité et je vins à bout des dernières résistances de son pantalon, consciente que là, nous allions nous fondre l'un en l'autre. D'un geste sec révélateur de mon état impatient je fis glisser le vêtement et le laissai s'en débarrasser. Ma langue humidifia mes lèvres gonflées par nos baisers échangés. J'avais très envie de la promener ailleurs mais l'hésitation reparut. Pourtant mes mains caressaient sa verge tendue qui en effet ne laissait aucun doute sur son envie de moi. Ma bouche, inexorablement se posa sur son ventre que j'embrassai tandis que mes doigts le libéraient de son boxer. Je poussai un léger gémissement en posant mes yeux sur son sexe bandé. Cherchant son regard, guettant ses attentes, je pris sa main et la posai avec insistance sur l'intérieur de ma cuisse, lui donnant à lui aussi la permission de franchir la dernière frontière.
J'avais à la fois envie d'une étreinte sans tabou mais je ne voulais pas qu'il se départisse de ce qui le rendait tellement lui à mes yeux.
Je me relevai sur les bras et léchai ses lèvres, les embrassai, caressant ses fesses, témoignage de ce double ressenti.

- Je t'aime...tellement !


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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeVen 14 Juin - 22:04


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J'eus un petit rire intimidé à sa plaisanterie au sujet des jeux innocents de l'enfance. Ni elle ni moi n'étions plus des enfants innocents et pourtant, je me trouvais devant elle aussi démuni qu'un gamin qui ressent les premiers émois, les tentations, la griserie de se sentir désiré. Elle me tenait en son pouvoir, avait l'emprise sur mes sens. Alors que j'avais l'habitude de mener le jeu, de tout contrôler, avec elle, j'étais livré, soumis à sa volonté, à son regard qui me brûlait. Et en même temps farouchement déterminé à lui exprimer autre chose que le désir qui me dévorait. Tout était à la fois merveilleusement simple, j'allais faire l'amour à la femme que j'aimais, et terriblement compliqué, je la savais tellement avertie des prouesses du sexe, si érudite dans l'art de faire jouir les hommes que j'avais l'impression de ne plus rien savoir, de découvrir pour la première fois le corps d'une femme. Cela me mit en panique l'espace d'un instant alors qu'elle libérait mon désir dressé devant elle, alors qu'elle m'enjoignait par des gestes précis et impatients de me débarrasser de mon pantalon. Mais lorsqu'elle laissa ses mains s'emparer de mon sexe dressé je redevins l'homme qui la désirait depuis cinq ans et je ne pus retenir un gémissement rauque à faire peur. Sa bouche vint errer sur mon ventre, caresse de velours qui me fit frissonner et fermer les yeux. Je la laissai faire glisser mon boxer et m'en départis dans un mouvement proche de la rage et accrochai son regard irisé dans lequel je lisais le désir muet.

A ce moment ma pensée allait oscillante entre la promesse de lui faire crier ce désir, de lui faire mal comme elle m'avait fait mal et la volonté de me fondre en elle pour lui prouver à quel point je l'aimais. Elle me fixait avec ce désir que je lisais, que je n'identifiais que trop bien. J'espérais qu'elle allait le faire, comme je l'avais rêvé bien des fois dans mes nuits solitaires et agitées, me réveillant après avoir souillé les draps de l'aimer si fort en secret, mais ses yeux quémandaient une permission que mon corps tendu vers elle lui donnait déjà et sa main vint chercher la mienne pour la mener aux portes de ma convoitise. Mes doigts effleurèrent la dentelle délicate en tremblant et lorsque ses lèvres vinrent à ma rencontre en murmurant des mots plus doux que ses caresses, je les pris dans une morsure et passai mes doigts sous le tissu entre ses cuisses. J'y découvris une douceur soyeuse et la chaleur humide que j'espérai. Je glissai un doigt doucement à l'entrée de son intimité, tandis que mes lèvres caressaient les siennes, que ma langue forçait sa bouche pour se mêler à la sienne. Ma main se fit plus audacieuse et mes doigts plus joueurs tandis que je m'allongeais contre elle. En de doux mouvements, je fis glisser deux d'entre eux en elle et caressai tout d'abord lentement son clitoris. Je la sentis se tendre et elle gémit lorsque ma main entama un tendre va et vient entre ses cuisses tandis que l'autre caressait la courbe de sa hanche. Nos yeux rivés l'un à l'autre, j'interrompis le baiser. J'avais lu le même désir que celui qui m'animait et je descendis avec lenteur contre elle, ma langue dessinant un sillon brûlant entre ses seins, tandis que mes doigts jouaient avec douceur sur les cordes de son plaisir. Je sentais sa moiteur vibrante au bout de mes mains, les contractions de son désir et mon érection durcie contre sa hanche, une brûlure incandescente et tendue sur sa peau diaphane. Je me frottais doucement à elle tandis que je cueillais du bout des lèvres, l'un après l'autre les bourgeons de ses seins et les mordillait. Elle se cambra mais je sentis sa retenue une fois de plus. Ou peut-être était-ce que j'étais maladroit et trop lent à satisfaire ses attentes. Je relevai la tête et coulai vers elle un regard plein d'amour et de convoitise. Mes yeux exprimèrent ce que mes lèvres trop occupées ne pouvaient dire puis mes mains remontèrent sur ses hanches, interrompant la caresse intime. Elle eut un petit cri de frustration et je souris et pris ses lèvres une fois de plus avec une tendresse infinie puis je glissai vers son oreille :

- Mon ange blessé me laisseras-tu t'aimer ?

Sans attendre de réponse je glissai dans son cou puis sur ses seins ponctuant ma descente de légers baisers et m'arrêtai finalement sur son nombril que j'agaçai brièvement avant de poursuivre en un sillon brûlant jusqu'au petit triangle de dentelle. Mes mains firent rouler la dernière barrière à mon exploration sur ses hanches puis le long de ses jambes. Dans un gracieux jeté, elle expédia le string à travers la pièce, m'arrachant un petit rire dans lequel je me mordis les lèvres et un haussement de sourcil ironique devant son impatience. Je me glissai entre ses cuisses et la contemplai quelques secondes, si belle, frémissante sous mes caresses, abandonnée et je sentis les larmes monter. Je baissai la tête pour cacher mon trouble et humai le parfum musqué de son sexe moite. De petits baisers passionnés se perdirent dans sa toison domestiquée par les soucis de coquetterie propres aux danseuses et je glissai insidieusement ma langue sur les traces de mes doigts. Ce que ma bouche avait infligé à la sienne, elle l'infligea aussi à son désir offert et je posai mes mains sur ses cuisses pour les ouvrir davantage et oeuvrer à son plaisir. Tandis qu'elle se soulevait, se cambrait pour venir à la rencontre de mes lèvres, ma langue roula sur ce point si sensible et lui arracha de petits cris puis pénétra plus avant dans son intimité en va-et-vient langoureux. Mes bras passés sous ses jambes à demi repliées, caressaient l'extérieur de ses cuisses et ses hanches puis redescendaient jusqu'à ses genoux. Je lui faisais déjà l'amour avec tout ce qui pouvait être autre que la brutalité d'un pénis pénétrant pour l'éveiller à tout ce qui pouvait être vécu comme un hommage à sa féminité et non une intrusion sauvage. Je voulais qu'elle comprit que lorsque je la prendrais sauvagement, ce ne serait pas pour l'humilier mais parce que j'étais fou d'elle et que je ne l'aimais pas seulement avec mon sexe mais avec tout mon corps, tout mon coeur, mon âme. Elle m'avait demandé de lui apprendre ce qu'était l'amour et je tentais de lui apprendre comme cela me semblait le plus évident avec elle, comme je n'avais jamais pris le temps de le faire avec aucune autre. Je faisais abstraction de l'envie que j'avais de plonger en elle avec force, de me fondre en elle, je différais ce geste que tant d'autres avaient eu avec elle, tout en sachant que, quand le moment viendrait, je ne le ferais jamais de la même façon que ces types, que je la prendrais dans mes bras pour la rassurer si elle avait peur, que je lirais dans son regard ce qu'elle aimait ou désirait, que je serais à l'écoute de ses rêves les plus brûlants. Je sentis la tension dans tout son corps tandis qu'une sourde douleur dardait mon bas ventre, une frustration étouffée par le plaisir que j'avais à faire monter son corps vers la jouissance. Mes mains caressaient à présent l'intérieur de ses cuisses puis remontèrent sur son ventre et ses flancs pour chercher les siennes qui se crispaient sur le lit, quêtant un ordre, une demande de sa part.

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Lola Wentworth

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeSam 15 Juin - 17:26



Lola & Will Jenniferlawrencegqmagazinemay20112_0

J'ai toujours découvert le corps d'un homme avec dans l'esprit quelque chose de blasé, trouvant une ressemblance à chacun d'entre eux et ce que m'offrait William c'était son unicité et bien au-delà son amour. Bien souvent, j'étais juste la proie d'un homme obscène que seul son bon plaisir menait jusqu'à moi oubliant jusqu'au mien. J'avais donc appris, très jeune à oublier celui-ci ou à le faire naître seule dans une sorte de désespoir qu'ils interprétaient tous comme une luxure en réponse à des pseudo sensations qu'ils feraient résonner en moi. La plupart du temps, la baise était cynique, moqueuse même si j'avais croisé des hommes tout à fait désirables. Je n'étais que le jouet de leur frustration et ils redoublaient la mienne, méprisant ce que j'étais. S'ils avaient oublié mon nom en quelques secondes, je n'avais jamais retenu le leur. En cela j'étais comme ma mère mais je n'avais pas encore compris à quel point et lorsque tout ceci franchirait ma conscience, il me faudrait peut-être cette fois une bonne thérapie dans un cabinet privé si je ne voulais finir dans une chambre capitonnée.

C'était donc une renaissance, un retour à la vie que de me rendre compte qu'en plus de cette âme très belle, je pouvais aimer et convoiter tout l'homme. Mais en fait j'étais stupide car si j'avais plus prêté attention à mes réactions, j'aurais vite analysé que dès qu'il s'était présenté à moi au Centre avec ce regard doux, cette voix encourageante, cette beauté visible et invisible, j'aurais compris qu'il tenait mon coeur au creux de sa paume. Mais aveuglée par l'anesthésie due au viol, brisée par mon enfance apocalyptique, j'étais centrée sur le vide et devais repousser toute tentative d'une nouvelle intrusion. Mais en peu de temps, il m'avait prouvé que je pouvais me reconstruire, que l'oisillon allait prendre son envol. Mais à aucun moment en dehors de mes rêves, je n'aurais pu croire que mes yeux posés sur son corps incendieraient chaque parcelle qui me définissait.

Un baiser de plus et je crois que la timidité m'abandonna en même temps qu'un petit cri de satisfaction m'échappa au contact de ses doigts sur mes lèvres intimes, mourant sur ma langue qui épousait la sienne. Mes mains n'avaient plus du tout envie de douter et je saisis son visage, caressant de mes doigts chaque sillon, chaque cavité telle une aveugle qui veut se représenter mentalement la personne près d'elle. J'étais tendue comme un arc et je râlais les yeux à demie fermés caressant toujours ses cheveux qui s'éloignaient. J'avais toujours adoré ses cheveux fous, rappel des romantiques d'il y a quelques siècles. Le brasier qu'il allumait lui semblait être de la retenue mais pas un instant, juste un plaisir qui me traversait comme jamais je n'aurais pensé en vivre.
Je retrouvai son regard qui m'interrogeait alors qu'il me laissait pantelante, tout mon être offert. Ma bouche dévora la sienne comme si ça devait être la dernière fois et je murmurai contre celle-ci que s'il arrêtait encore j'allais m'évanouir. Mais j'aurais pu me taire.

J'avais plus que jamais envie de le sentir en moi, ce que ses doigts avaient savamment commencé, j'espérais que son sexe prometteur contre ma jambe quelques instants plutôt le terminerait avec exaltation. N'ayant plus d'emprise sur rien, je jouai des jambes pour me débarrasser de mon string. Je faillis rougir lorsqu'il remarqua mon emportement, j'avais tellement envie de lui, de notre communion que ces préliminaires qu'il m'allouait comme personne n'avait pensé le faire avant étaient un doux châtiment. Je me mordis les doigts, sentant l'orgasme, un orgasme urgent mais trop rapide, monter grâce à ses coups de langue amoureux sur mon sexe humide. J'étais cambrée, mes mains s'accrochant aux draps lorsque les siennes vinrent les unifier. Je le tirai à moi avec le peu de forces que j'avais et entrepris de le renverser, le laissant à ma merci.
Je scellais nos lèvres, me régalant de sa langue qui à présent m'était familière et le regardai, tentant de lui faire comprendre que son plaisir m'importait encore plus que le mien.

A moitié assise sur lui, mes mains caressaient ses bras, son torse alors que ma bouche vagabondait sur sa chair. J'entendais son souffle se faire plus court lorsque j'atteignis le bas de son ventre. Ne tergiversant plus, mes lèvres et ma langue entourèrent sa verge avec une volupté que je ne me connaissais pas. Je ne m'amusais pas, je goûtais ce fruit qu'il m'avait défendu, l'aspirant lentement pour le sentir enfler, le sentir furieux. Ses hanches finirent par m'accompagner dans ma caresse buccale. Avec un petit regret, je remontai sur lui, émue. Je posai mon front contre le sien, ma bouche murmurant une prière discrète.

- Je te veux en moi, William, par pitié !



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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeJeu 20 Juin - 22:05



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Ses mains mêlées aux miennes me forcèrent à remonter et à abandonner mon exploration intime qui semblait avoir atteint son but et elle me fit basculer sur le dos, pour m'exprimer son désir de prendre le contrôle de mes sens. Je m'y soumis dans une attitude où se mêlaient provocation et excitation intense, la gratifiant d'un sourire ravageur et d'un haussement de sourcil très évocateur. Mais elle étouffa bien vite mes velléités taquines. Ses lèvres m'appelèrent et je captai dans son regard l'ardeur que j'avais éveillée en elle. Le baiser fut à l'image des sentiments qui nous dévoraient. Brûlant, impatient, éperdu. Je m'abandonnai sans pudeur aux caresses de ses mains qui suivaient les contours de mes muscles, à ses baisers qui incendiaient chaque parcelle de ma peau et lorsqu'elle descendit lentement sur moi, m'offrant un regard qui trahissait son intention, je me mordis les lèvres et fermai les yeux sous l'intensité du feu qui me dévorait. Lorsque ses lèvres se posèrent sur ma verge dressée et qu'elles se mirent à la caresser en de brûlants va et vient, sa langue lui infligeant d'indécentes tortures, je me cambrai et gémis sous ses assauts, mes hanches allant à la rencontre du plaisir sans que j'en eu conscience, mes mains crispées sur les draps volèrent vers ses cheveux au moment même où elle glissait sur moi pour me supplier de la prendre enfin. Je pris son visage entre mes mains et happait ses lèvres tendues, plongeai mon regard dans le sien, front contre front. Alors que le baiser enfiévré, haletant laissait présager de la fureur qui couvait en nous, je m'accrochai à ses épaules et me redressai lentement, m'asseyant sous elle, tout en dévorant ses lèvres.

Lentement mes mains glissèrent dans son dos puis sur la courbe de ses hanches puis la soulevèrent doucement pour la guider sur moi. Doucement, mes mouvements l'amenèrent au dessus de mon sexe durci. Je me soulevai légèrement tout en imprimant une pression sur ses hanches et la pénétrai dans un cri. Mes yeux accrochèrent les siens pour ne plus les quitter tandis que j'entamai un mouvement lascif entre ses cuisses, alors que mes mains erraient sur son dos, le caressant et le griffant tout à la fois. Nos lèvres continuaient leur folles caresses, nos bouches dévorant le visage de l'autre tandis que j'entrai en elle plus profondément et que le mouvement de mes hanches, d'abord lancinant se faisait plus violent, plus urgent. Elle ondulait sur moi, ses gestes se fondant aux miens dans une harmonie magique, nous arrachant à chaque fois des râles de plaisir indécents. Bourreau et victime tout à la fois, je savourai chaque seconde de ce plaisir intense et jusqu'alors inconnu de mes sens, cette sensation absolue de ne faire qu'un avec elle, de devenir partie intégrante de ce brasier magnifique qui nous unissait. Je pressentais, au bout de l'exaltation, la violence inouïe de la jouissance qui s'annonçait mais je faisais tout pour la retarder, la différer encore, tant le plaisir qu'elle me procurait était puissant.

Mes mains remontèrent le long de son dos, caressant, griffant sa peau, la marquant comme une possession pour aller errer sous ses cheveux, sur sa nuque puis se perdre dans la masse soyeuse et dorée. Je mordis doucement sa lèvre inférieure, frottant mon nez contre le sien tandis que mon souffle court, haletant trahissait la violence de ce qui se jouait en moi.

- Lola... Lola ...


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Lola Wentworth

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeLun 15 Juil - 15:29



Lola & Will Jennifer-lawrence-hot


J'avais un peu l'impression d'être une plume dans les bras de William autant par sa facilité à me soulever que par la légerté qu'il me faisait ressentir bien que je sois totalement ancrée dans le réel incroyable de la situation. Je flottai tout en ressentant des myriades de plaisirs divers. Passant mes bras autour de son cou, me cramponnant à sa force, à notre désir, je le sentis enfin me pénétrer totalement et ouvris la bouche dans un hoquet mêlant surprise, plaisir et relâchement.
J'osai à peine bouger par crainte de briser ce moment tellement désiré, tellement rêvé et tellement loin de ce qu'il était à l'abri de mes pensées. Si ses yeux s'étaient lovés dans les miens, je faisais de même pour qu'il ne perde rien de tout ce qu'il provoquait en moi. Il avait réuni l'adolescente et la femme en devenir.
Mais mes rêves n'étaient pas tout à fait chimères. S'il se montrait doux et attentif, il se révélait ardent et ma peau, je le sentais, rougeoyait sous la pulpe de ses doigts et le pointu de ses ongles.

Emportée par une marée de délices, mes hanches se joignirent aux siennes tandis que chaque petit morceau de son visage ne pouvait échapper à mes baisers pas plus que je ne me soustrayais aux siens. Pour rien au monde. Mais ce que je préférais encore au milieu de tout c'était lorsque nos essoufflements convolaient, lèvres contre lèvres. Dans un besoin de m'enraciner, je nouai mes jambes autour de lui
Je ne voulais pas que ça cesse, mon Dieu non ! mais je sentais à nouveau l'orgasme me submerger, poindre. Et mes mains n'existaient plus que pour le frôler, le serrer contre moi, agacer ses sens, à l'image de mes lèvres, elles furetaient dans ses cheveux, sur sa nuque, au milieu de son dos, à la naissance de ses fesses.

Je l'embrassai furtivement, ma langue s'attardant sur ses lèvres. Que mon prénom semblait autre chose quand il le prononçait. J'enfouis ma tête dans son cou et râlai à son oreille

- Je t'aime, je n'aime que toi.

Je n'avais jamais aimé que lui. Dernier aveux avant de perdre pied, m'agrippant plus férocement à son corps à deux doigts de la jouissance dévastatrice.

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William T. Lockhart

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeLun 15 Juil - 17:45



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Ses mains qui se promenaient sur mon corps, ses jambes qui me tenaient prisonnier de notre passion, sublimaient le plaisir que la posséder suscitait en moi. J'avais attendu si longtemps, me refusant ce que d'autres prenaient sans l'aimer, j'avais tellement espéré ce moment où je lui avouerai dans un cri tout l'amour que j'éprouvais, que j'avais retenu en moi. Ce moment tant espéré et vécu en rêve tant de fois arrivait, allait se concrétiser et je fus submergé par un long frisson où se mêlaient passion, tendresse, plaisir et ... peur. Cette peur de la décevoir, de n'être pas à la hauteur de ses attentes, mais aussi de ne pouvoir l'arracher à l'attraction que les " autres" exerçaient sur elle. Je la sentais abandonnée au rythme de nos corps, le sien si vivant contre le mien, si avide de plaisir et frissonnant à l'apogée du plaisir, mais l'esprit perdu dans un rêve.

Ses bras accrochés à mon cou, ses lèvres happant les miennes, ses halètements fiévreux, tout me disait qu'elle était sous le charme, soumise à la même déferlante qui enflammait mes sens. Mes yeux ne quittaient pas les siens, guettant la moindre réticence ou le moindre regret. Je savais qu'elle avait peur de perdre tout ce que nous étions l'un pour l'autre avant. Comment pouvait-il en être autrement ? J'avais moi-même songé, dans le tourbillon de sentiments exacerbés qui m'avait mené à l'embrasser, à ce risque. Il ne m'avait pas quitté depuis que j'avais mis à nu mes sentiments dans cette scène douloureuse que j'avais provoquée. Je redoutais de la perdre, à jamais. De voir réduite à néant notre amitié, notre complicité tissées dans la douleur, dans le partage des épreuves. Un amour pouvait il s'épanouir sur un lit de souffrance et de jalousie, de passion possessive sans devenir étouffant et destructeur ?

Pourtant lorsqu'elle glissa ces mots à mon oreille alors qu'elle était sur le point de succomber au plaisir que nous nous offrions, je ne doutai plus. Ses mots irradiaient ma conscience et sublimait l'extase qui montait en moi, tendant mon corps contre le sien, mon sexe, en elle, dans un ultime spasme. La violence du plaisir me fit tourner les sens et je fermai les yeux en proie à un dernier frisson tandis que l'orgasme survenait l'inondant de cette offrande qui prenait tout son sens. Je la serrai contre moi avec force comme pour prolonger la fusion de notre jouissance. Mes lèvres s'enivraient avec langueur, dans un gémissement, de sa peau, de ses frissons, de sa bouche et je murmurai les mots qu'elle buvait aussitôt.

- Je n'ai jamais aimé que toi, depuis toujours, je t'attendais... Je ne laisserai personne t'arracher à moi ... personne.

Mes mains se promenaient doucement sur son visage, ses épaules, son dos. Mes yeux rivés aux siens disaient, eux aussi, ce que mes lèvres venaient de promettre. Mes larmes scellèrent cette terrible promesse et je sus que je ne pourrais plus vivre en supportant ce que j'avais supporté jusque là. Comme pour affirmer à nouveau ce que mes mots avouaient je me laissai tomber sur le lit et l'entraînai contre moi. Nos corps enlacés et frissonnants, rompus par tant d'émotions, je les rêvais, les désirais chaque nuit depuis que je l'avais trouvée et je les voulais encore et encore après ce matin, d'autres matins. Je voulais être le seul et l'unique à la serrer contre moi après l'amour.


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Lola Wentworth

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MessageSujet: Re: Lola & Will Lola & Will Icon_minitimeMer 31 Juil - 20:29



Lola & Will 0


J'avais lu quelque fois, vu dans des films érotiques cette obsession que les couples ont de vouloir jouir au même instant, de se sentir communier, ça semblait pour eux l'ultime septième ciel. Le point culminant. Des filles en parlaient autour de moi et des mecs aussi et de mon air toujours aussi blasé je levai les yeux au ciel, tellement persuadée que ça n'était que très surfait, une manière de se donner un genre. Moi le plaisir, on me le donnait rarement et pas du tout en "fusion", la seule personne avec qui je fusionnais c'était moi-même. Quelle tristesse, non ? Mais on ne peut concevoir quelque chose sans l'avoir jamais connu. J'étais passée du viol avec perte de ma virginité à la fuite des hommes, jusqu'à Will qui me repoussait, puis à ces hommes qui me nourrissaient, enfin qui nourrissaient mon porte-monnaie.
Et en cet instant, c'était justement avec William que je réalisais que tout ceci n'était pas une chimère et que même c'était une réaction physique et mentale logique.

Je sentis son sperme se déverser en moi et mon corps était vierge de cette sensation mais je poussai un cri mêlé de surprise car sa jouissance entraîna un frisson âpre dans toutes les parties de mon corps, suivi par mon propre orgasme auquel je répondis en mordant son épaule sans tout à fait le vouloir. Cette onde liquide, bouillante représentait en fait tellement de choses et qu'il ait accepté de nous donner cette chance, de me permettre de me sentir aimée redoublait les spasmes qui me parcouraient.
Je soufflais contre son cou, totalement émue, chancelante.
Tandis qu'il m'embrassait je cherchais ses yeux, lui soufflant que j'étais profondément troublée, apaisée, ranimée. Je posai une main sur ma bouche, ma poitrine se soulevant toujours dans une danse endiablée.

- Personne Will, personne, sinon tu coupes l'oxygène.

Je glissai contre lui mes mains n'arrivant pas à se détacher de lui, j'avais tellement peur qu'il s'en aille, que plus jamais il ne m'aime ainsi. Que plus jamais je ne me sente en vie comme maintenant. Il fallait que je me cramponne. J'embrassai son torse, quelque part et le regardai à nouveau ne sachant que dire d'intelligent.
Au cas où il fallait que j'ai un souvenir précis. Mon doigt effleura son front, son nez, cette barbe naissante qui le rendait tellement irrésistible, ses lèvres... Un sourire se dévoila sans que j'en eu conscience.

- Si je te dis que je suis heureuse, ça signifie quelque chose de spécial pour toi ?

Je remontai un peu dans son lit, ma jambe se refermant sur la sienne, ma tête cachée dans son cou et je murmurai

- William...un rêve c'est parfois moins bien que la réalité, tu sais.

Et j'embrassai sa joue, tournai son visage vers moi et saisis ses lèvres. J'étais furieusement bien.

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