« QUEWA ? Tu veux que je montre mon nombril ?»

Theodorah & Sophia

Je ne supporte pas le bruit de ce réveil, mais impossible de changer ce Bip strident et insupportable. Je sortais un bras de mon immense et très lourde couette pour pouvoir enfin voir la lumière du jour. Je regarde le réveil, et me demande pourquoi diable j'ai activité ce petit monticule de technologie. Dans la plupart des films, ils prennent leurs réveil et le balance contre le mur. Personnellement, je ne vois pas trop l'intérêt de la chose, casser un réveil alors que je vais en avoir besoin dès demain me semble un peu.. inutile. Mais après tout ce ne sont que des films. Je me redressais donc ravie de la nuit complète que je venais de passer. Je regardais encore mon ordinateur qui était resté sur le bout de mon lit, je travaillais sur un immeuble avec mon associé, et nous rencontrons quelques problèmes d'ordres financiers avec l'entrepreneur que je soupçonne complètement cupide et surtout radin au possible. Mais soit. Je restais encore un peu dans mes draps et me décidait au bout d'une vingtaine de minute à quitter mon état végétatif avancer et aller prendre une douche avant de me bouger. Je me défaisais de mon pyjama qui se résumait à quelques chose de très glamour, soit un grand tee shirt avec marqué I love San Francisco, plus cliché tu meurs, et un short très large qui me permettait une amplitude de mouvement non négligeable. Et entrait dans la salle de bain nu comme un vers, et prit une douche qui me rendit une apparence plutôt normale. Après séchage des cheveux, je me décidais sur le programme de la journée. J'allais aller chez Sophia, nous allions prendre le petit déjeuner ensemble, de gré où de force. J'espère qu'elle a de quoi préparer des pancakes, j'ai très envie de pancakes ce matin. J'enfilais alors une robe en liberty débardeur, un grand gilet plutôt épais en laine et une paire de ballerine rouge vernies. Je regardais l'heure sur ma montre et me dirigeais vers ma cuisine, ouvrais mon réfrigérateur et prit un verre de jus d'orange avant de poser la bouteille sur le plan de travail central, quelque ingrédient, type farine, on sait jamais avec Sophia, je prend les choses les plus importantes.

Je quitte chez moi avec mon joli sac panier. Je passais au Starbuck pour récupérer du café industrielle mais je ne pouvais pas faire autrement, ma machine à café est en panne et j'ai la flemme d'en faire la plupart du temps. Je regardais mon téléphone et remarquais plusieurs appels en absence, décidément, même le dimanche je n'avais pas le droit de me détendre un peu. Sur le chemin je passais des appels, tenais les cafés, regarder moi ça, même le dimanche on a l'impression que je suis surbookée et que je n'ai pas d'autre occupation que mon travail. Je veux mourir. Je vais leur montrer mon nombril ils vont même pas comprendre. J'arrivais devant l'immeuble où habitait Sophia. J'ai décidé de ne pas la prévenir en l'appelant, je vais la réveiller avec la sonnerie de son appartement, je suis diabolique n'est ce pas ? Je montais les marches pour enfin arriver à la porte de l'appartement de ma très chère Sophia qui je l'espérais dormait encore, histoire que mon plan machiavélique soit entier. Je sonnais plusieurs fois.« Sophia, je sais que tu es là ! J'ai du café industriel, très industriel même et de quoi préparer un vrai festin ! Si si, c'est moi qui te le dis ! »

PESTE!

Travailler. Je ne fais que ça. Ou alors, je sors pour aller dans les bars, faire des karaokés. Mais en ce moment, avec les nouvelles découvertes sur les momies inca, j'avais du travail. Mais qu'est-ce qui m'avais pris d'accepter ce poste à l'Université ? Ai-je perdu la tête ou est-ce que j'ai un surplus de temps libre ? Mmmh. A méditer. Je regarde doucement mon horloge qui trône sur mon meuble télé et vois trois heures du matin. Diable, je n'ai pas de vie. Je passe donc une main sur mon visage, allume une énième cigarette et tente de percer le secret de cette putain de momie mais cela irait tellement mieux si j'allais la voir en vrai. Je décroche donc mon combiné pour composer le numéro de mon assistante qui est partie tôt hier matin voir la petite merveille. Heureusement pour moi, elle décroche tout de suite et je lui demande de se mettre en visioconférence avec son ordinateur parce que je voulais la voir de mes propres yeux. Je tire une longue bouffée de nicotine, attache mes cheveux en chignon lâche, essaie de m'habiller un peu et vois une tête brune apparaître à l'écran avant de se balader avec la webcam – que je lui avais acheté, merci Sophia pour les investissements – et vois enfin la tête toute desséchée de ce qui semblait être une femme. Mon dieu une pure merveille. Je reste un moment à laisser l'anthropologue sur place me faire son récit en prenant des notes quand j'entends l'horloge se mettre à sonner. Trois heures trente. Sophia espèce d'insomniaque. C'est vrai que je ne dormais pas beaucoup. A San Francisco depuis moins d'une semaine, je n'ai même pas pris le temps d'avertir Nolan de ma présence. Pas grave, je lui dirai surement dans une semaine ou deux. Quoiqu'il en soit, je m'apprêtais à me boire un café quand j'eus le trou noir.

Bip, bip, bip. Un grognement émerge du fond de ma gorge. Mais le bruit de la sonnette se fait plus insistant. J'entends soudainement la voix de ma meilleure amie émerger du couloir. Hein quoi ? Mais quelle heure est-il ? Avant neuf heures. Va au diable Théo. Je suis naze. Je m'apprête donc à me lever quand je fais tomber ma tasse pleine de café à terre. « Eeeeet meeeerde! » Je cours donc pour ramasser le reste, bute dans mon chat sans faire exprès qui n'avait rien à faire là et pars donc ouvrir à ma meilleure amie, la bestiole dans les bras qui ne semble pas très contente et ne prends même pas la peine de retirer la chaine pour jeter un regard assassin à ma peste de meilleure amie qui trône là avec son portable et son panier dans une main, des cafés dans l'autre. « J'te déteste Théo. » Je lui claque la porte au nez avant de retirer la sécurité et l'ouvris pour partir nettoyer la mare de café noir qui gisait à terre, pestant contre moi-même. Je devais avoir la page de mes notes imprimées sur ma joue mais je m'en foutais. Je me relève, la loque dégoulinante dans une main, les cheveux défaits et les habits de la veille pour la voir, elle comme une fleur. « Alors qu'est-ce qui t'amènes de si bon matin ? Demandai-je en prenant une cigarette que j'allume. » Ha, la première cigarette du matin. Un réel bonheur.

« QUEWA ? Tu veux que je montre mon nombril ?»

Theodorah & Sophia

La porte fit le bruit habituel qu'une porte qui s'ouvre. Tour de clef, puis baisser la poignée. Et là, je vis la créature qui avait le statut de meilleure amie. Seigneur tout puissant, qu'avez vous donc ma chère amie ? On a l'impression que vous avez peu dormi. Sophia était bien pire que moi à propos du travail, je vous met ma main à couper qu'elle trouvé un truc fascinant et que depuis la jour de cette découverte, elle n'a pas dormi beaucoup. Elle est bien plus amoureuse de son travail que moi. De Nolan aussi, mais ça c'est son problème. Enfin bref. Suicide toi avec une envellope avant que je te montre mon nombril. Mais c'est quoi cette fixation que j'ai sur les nombril ? Ce doit être ce dernier homme avec qui j'ai couché, il est resté très longtemps sur mon nombril... Bizarre. Enfin bref. Rien que d'y pensé ça me dérange, enfin bref. J'entrais chez Sophia, qui allumait une cigarette et qui avait fait je ne sais quoi. Mais elle sentait le café, le café froid. Elle marmonna qu'elle me détestait, je levais les yeux au ciel et ne prit guère pour moi cette remarque, puisque chacun sait qu'elle m'adore. Je rentrais sans me faire prier, et fermait la porte derrière moi. « T'as une mine sympathique ce matin.» Je posais mon panier sur le plan de travail, et sortait une cigarette du paquet qui se trouvait dedans. Et allumait machinalement ma cigarette, et enfumons nous gaiement, et on pourrit ses poumons de manière consentante ! Je regardais Sophia et me mettait à rire, je regardais son chat, puis déposait les cafés sur la table, je prenais le mien et en buvait une gorgée. Je vais faire des pancakes, j'ai très envie de pancakes. « Arrête, je viens juste partager un petit déjeuner avec toi, je vais même faire des pancakes ! Ne suis-je pas la meilleure des meilleures copines ? »

Je faisais comme chez moi, j'étais déjà beaucoup réveillée que Sophia, je sautillais dans la cuisine, et me mettais à préparer des pancakes, en me demandant quand est ce que j'allais bien pouvoir retrouver une compagnie masculine régulière. Je haussais les épaules et je retournais les pancakes avec une agilité certaine. Mes pancakes sont les meilleurs de San Francisco, les pancakes de Théo contiennent l'ingrédient magique qui font qu'ils sont délicieux, si si, je vous assure. Je n'ai pas beaucoup de talents, à part l'architecture, la cuisine et fumer. Je ne sais pas tenir l'alcool, j'ai gâché un mariage par mon égoïsme, et mon taux d'alcool trop élevé dans le sang. Je suis une méchante fille s'il le faut. Non ! Ne cherchez pas de trip sadomaso dans tout ça, non. « Dis moi, tu as travaillé toute la nuit ou tu as enfin décidé de mettre l'archéologie de côté et décidé de t'amuser dans ce grand lit ? » Je lui jetais un air espiègle par dessus l'épaule et servait les pancakes sur des assiettes que j'avais servies et trois chacune, j'avais faim, sirop d'érable et fruits rouges décongelés, oh c'est trop joli. Je buvais du café et m'allumais une autre cigarette, et me servait du yaourt grec en rajoutant du miel. « Et sinon ça avance avec ... N.O.L.A.N ? »fis je en mimant les lettres du prénom. Je pris la poèle pour me protéger des possibles projectiles venant de la part de Sophia. « Si tu me lances un truc je te montre mon nombril ! » J'allais même faire de la propagande de pancakes si ça pouvait m'éviter un jeté de chat, ou d'éponge pleine de café froid. En même temps j'ai quand même le droit de me tenir au courant de ce jeu qui dure depuis sept ans. Les fouilles ça peut être sympa aussi quand on essaye sur des hommes. NON, pas l'éponge.

PESTE!

J'essaie tant bien que mal d'assimiler les informations et je me demandai si Conchita avait eu le temps d'emmener la petite aux activités. Je levai les yeux vers ma meilleure amie pour la voir toute fraiche alors que moi, j'aurai bien besoin d'une bonne douche ou d'un bon café. D'ailleurs quelle était cette odeur qui flottait dans l'air ? N'avait-elle pas parlé de café industriel un peu plus tôt. Je humai l'air avant de me dire que je n'allais pas faire ma chacal. Je ne suis pas comme ça. Alors, je me relevai pour me diriger vers la chambre de ma fille et voir qu'effectivement, elle était partie. Mais elle avait son cours de catéchisme ce matin ou un truc comme ça ? Ma petite Rose intelligente, si belle, si douce, mon petit rayon de soleil. Je remis mes cheveux en place et regardait Théo qui semblait désolée de me trouver comme ça. Oh ça vaaaa hein, je voulais juste travailler un peu. « Beh normal, mon assistante est paumée au fin fond de je ne sais quel pays et a trouvé une momie inca. Tu t'rends comptes ?? Bon elle est vieille et toute fripée comme un shar pei mais quand même!!! » Je frappe mes mains entre elles avant de mettre mes lunettes et de remettre tous mes papiers en ordre. Je suis vraiment une mère indigne mais bon Rose me comprend donc je n'ai rien à lui expliquer. J'allume machinalement ma clope du matin et Théo m'imite avant de regarder le chat. Quoi qu'est-ce qu'il a mon chat ? Je soupire quand elle me dit qu'elle aurait aimé partager le petit déjeuner avec moi. Des pancakes ? Whaille not ?! Nous sommes Dimanche, il est neuf heures. Et Rose était partie chez les curés alors que grâce à moi, elle connaissait tout sur l'histoire des romains, prêtres et tout le bordel. Je tire une bouffée de nicotine avant de reprendre la parole. « J'aurai su que tu venais, j'aurai demandé à Rose de rester plutôt que de partir à son cours. Tu sais qu'elle aime bien Tata Théo. »

Je la vois se diriger vers la cuisine et j'en profite pour enfiler un chandail et la suivre. Je devais vraiment avoir une mauvaise mine pour qu'elle me regarde comme ça. Je me sentais bien seule mise à part que j'avais ma fille ou mon assistante qui passait me voir de temps à autre mais j'avais décidé de me poser et d'attendre un peu. Revoir Nolan était une de mes priorités après sept ans mais comment cela se passerait-il ? Lui qui couchait avec tout ce qui bouge, le journaliste. Je n'aimais pas les journalistes, je ne les avais jamais aimé. Je regardai ma meilleure amie en haussant le sourcil quand elle me parla de mon lit et haussai les épaules. « Je n'ai pas couché avec quelqu'un depuis très très très longtemps et je doute que cela soit un bon exemple pour Rose. » Je n'ai jamais été un bon exemple de toute manière et heureusement que j'avais Conchita pour faire mon ménage et garder ma fille quand je sortais, demeurant irréprochable sur certains principes. Je regardai Théo cuisiner avant d'écraser ma cigarette dans le cendrier et redoutai sa prochaine question. Nolan. Comment cela avançait ? Heu. Pas du tout. « Beh il se passe rien. On ne s'est pas revu depuis des années. Il a du m'oublier depuis le temps. » Je me sens limite triste mais me reprend vite. Je suis miss sourire après tout. « Naaaan, j'veux pas le voir ton nombriiiiil. » J'avais pris mon air le plus immature avant de me poser contre le mur et rire. Ah, la journée commençait bien!

« QUEWA ? Tu veux que je montre mon nombril ?»

Theodorah & Sophia

Mon téléphone se mit à sonner, une nouvelle fois et le numéro de mon associé sexy s'afficha sur l'écran de mon smartphone. Après avoir laissé sonner l'engin deux fois, je me décidais à répondre, puis je prenais une gorgée de café avant d'avoir à répondre aux question et aux interrogations. Décidément, ce projet d'architecture allait définitivement mettre fin à ma vie sociale à se rythme là, de ma vie tout court d'ailleurs. « Excuse moi Sophia, le boulot ...» Je commençais à discuter, ne pouvant pasvraiment parler sans le dossier, mais je connaissais assez le dossier pour pouvoir répondre aux problèmes qu'il posait. Après quelques minutes, qui me paraissaient bien trop longues je pus enfin revenir à nos moutons et commencer à prendre mon petit déjeuner. Je regardais Sophia, souriais, allumais une seconde cigarette, ces derniers temps je fumais bien plus que de raison, et passait plus de temps devant un ordinateur que devant un bon bouquin ou devant un cocktail dans un bar. Injustice de la vie active, nous ne sommes plus aussi libre qu'avant. Plus de responsabilité, et en plus Arianna avec moi à la maison me menait la vie dure et refusais de changer. J'avais du payer la caution pour sa libération. Elle avait refusé de me parler, et refuse toujours de me parler d'ailleurs. Je ne sais plus trop quoi penser, mais c'est toujours mieux qu'elle soit avec moi.

Sophia commençait à me parler de sa découverte de momie inca. Je me mettais à sourire face à son enthousiasme, il faut vraiment avoir une vocation pour aimer découvrir des momies avec une peau de pruneau. Elle me faisait rire, mais au moins, elle faisait ce qui lui plaisait. Elle me parlait de sa vie adoptive, Sophia était bien plus avancée que moi dans la vie, une fille, et une momie, la classe. Moi j'avais une petite sœur Junkie, qui refusait de retourner à l'université. Je me mettais à rire quand elle parlait de moi en tant que Tata Théo, c'était un statut que j'avais eu avec mon amitié avec Sophia. Elle n'avait donc pas revu Nolan, et n'avait pas non plus décidé penser un peu à elle. Je fronçais les sourcils en signe de protestation, et brandissait ma fourchette, non tout ceci devait cesser, tout ceci devait cesser ! Et commençais à manger mes pancakes. « Faudrait prendre tout ça en main non ? Quitte un peu les grands mères peau de pruneau et pense un peu aux hommes muscles fermes. » Oublier ? Comment ça oublier ? Je haussais les épaules. Si c'est le cas, et seulement si c'est le cas, il faut faire de même, mais je suis convaincue qu'il valait mieux ne pas arriver à des résultats aussi tranchants. Non, non. J'avalais une gorgée de café, plantais ma fourchette dans mon assiette de délicieux pancakes et commençait à rire quand elle prit son ton de gamine. J'agitais ma fourchette, en mâchant. « T'oublier ? Tu arrives à des conclusions bien rapidemment. Revois le, après tu verras. »

Mon nombril, c'est une arme de destruction massive. Je m'étouffais presque avec un pancake quand elle refusa de voir mon nombril. De toute façon, je suis en robe c'est plus compliqué pour montrer un nombril. Mais il est certains que je le pourrais. Je soupirais, presque abasourdie par tant de défetisme de la part de Sophia par rapport à ses relations avec les hommes. Voyons, voyons, il faut prendre son destin en main. « T'as raison d'avoir peur de mon nombril ! Moi je te le dis ! »

PESTE!

Je la regardai au téléphone et souris. Elle pouvait dire de moi mais elle n'était pas mieux. Je n'avais pas le temps. C'était mon credo. A tout le temps courir après plus de temps. Je n'avais déjà pas le temps de m'envoyer en l'air alors ce n'est pas pour faire autre chose. Je passe une main sur mon visage fatiguée avant de me dire que j'aurai bien mérité une bonne douche. J'avais bossé tard. Tellement tard que je me suis quand même endormie sur mes cahiers tiens. Et je passe une main dans mes cheveux gras, arpentant l'appartement qui était en bordel. Je venais tout juste d'emménager. Ici depuis à peine une semaine. Et pourquoi n'avais-je pas appelé Nolan hein ? Je me le demande. C'est LA question qui me trotte dans la tête depuis... une semaine. Depuis que j'ai posé le pied sur ce putain de sol, je n'arrête pas de retourner le problème dans ma putain de tête. Est-ce que Nolan voyait en moi une amie, plus qu'une amie, une sœur ? Non, là, ça serait totalement tordu mais quand même. Il couchait avec tout ce qui bouge. C'est un playboy et pourtant il me parle à moi qui n'était rien qu'une petite archéologue minable. Je me chassais cette idée de la tête en essayant de ranger un tant soit peu mon appartement. Vive le bordel dans ma vie. J'entendais au loin Théo parler et elle pouvait dire de moi. Mon dieu, mon cendrier! Je le balançai dans la poubelle avant de la voir revenir et de lui sourire.

Théodora et moi, cela remontait à longtemps. Et malgré sa jeunesse, elle me faisait parfois penser à moi. Toutes les deux prises par le travail, aucune vie sociale mais elle était encore jeune. Tandis que moi, j'étais plus vieille. Une vraie chouette. Je soupirai. Allumant une nouvelle cigarette. Manque de sexe, manque de sexe avant de la regarder et de soupirer un bon coup. Je mis du temps avant de me décider à attaquer ses pancakes et bus une grande rasade de café. « Que veux-tu ? Je ne me suis pas envoyée en l'air depuis... » Je me mis à réfléchir et ne me rappelais pas la dernière fois que j'avais pris mon pied. En fait, le sexe ne me manquait pas tellement. C'est plus une présence masculine. Quelqu'un pour m'aimer au moins. Avec l'âge, je me dis qu'il est peut être temps que je me case. « Pis bon, faudrait que quelqu'un arrive à m'accepter, ce qui n'est pas gagné tu ne crois pas. » J'enfournai la moitié d'un pancakes dans ma bouche avant de me mettre à rire. J'aimais mon autonomie, c'est vrai. Je la vis me faire la leçon et lui fis une grimace. « Et toi, occupes toi de tes fesses. T'as pas eu de mâles depuis combien de temps ? » Bon, elle ne battra jamais mon temps – ça me donne envie de déprimer des trucs pareils – mais c'est vrai quoi. Regardes toi, toi-même et on verra après. Vieux dicton!

Je ne comprenais pas cette fixation bizarre qu'elle avait sur les nombrils mais bon. J'idolâtrais bien des momies vielles de plusieurs siècles alors je pense que je pouvais comprendre une nana qui ne voyait que par les nombrils. « C'est quoi ton délire avec les nombrils voyons ? »

« QUEWA ? Tu veux que je montre mon nombril ?»

Theodorah & Sophia

J'aime bien débarquer chez les gens et pouvoir discuter avec eux. J'étais plus jeune que Sophia, mais ça n'empêchait pas que je pouvais rire comme une baleine dans sa salle à manger à discuter de mecs et de nombrils. Il faut absolument que je soigne cette obsession pour les nombrils, c'est assez alarmant. On va finir par croire que j'en suis fétichiste, ce qui est totalement faux étant donné que je trouve que c'est une partie du corps que je trouve fort disgracieuse. Mais bon. Je continuais de boire mon café, alternant entre pancakes, que j'avais fait à la perfection, sans vouloir me vanter, et cigarette. Sérieusement, je fumais vraiment beaucoup trop, et j'allais terminer aussi sèche que les momies de Sophia. J'en tremblais, préférant penser à autre chose qu'aux futures rides qui allaient détruire mon visage hyper ferme. Je regardais Sophia en souriant, et je haussais la tête, la bouche pleine, évitant de lui parler comme une enfant avec la bouche pleine, ce qui aurait pu être très drôle. Décidément, j'aimais vraiment les dimanches, c'était le moment où les prises de tête avec le boulot étaient beaucoup moins nombreuses, je pouvais rester dans mon lit toute la journée pour un oui, ou pour un non, je pouvais regarder la télé, louer des films, et m'empiffrer de choses grasses, sucrées, ou très salées, voire tout en même temps et rester en peignoir. Le dimanche c'est sacré. J'écoutais Sophia, moi m'occuper de mes fesses ? Seigneur, seigneur, je ne suis qu'une humble meilleure amie qui s'inquiète. Mais moi je vais très bien, et mes fesses aussi. « Mes fesses vont très bien » baragouinais-je la bouche pleine de pancakes.

Oui, enfin je ne dirais pas non à une compagnie masculine beaucoup plus régulière que celle que je pouvais avoir actuellement, c'est à dire : Mon boulot. Les joies de la vie active sont l'indépendance ainsi que .. la fin de ta vie sexuelle débordante que tu pouvais avoir au lycée et à l'université. C'était il y a pourtant si peu de temps. Enfin c'était aussi il y a peu de temps que j'ai assisté au mariage de l'autre là avec son idiote de nouvelle femme. Enfin bref. J'avais été odieuse, mais héroïque. Je continuais de manger, réfléchissant un peu à Arianna qui me bouffait quasiment toute mon énergie vitale à force de devoir aller la récupérer dans des endroits complètement glauque pour une fille de son âge. Je pris chaque jour pour ne pas recevoir un téléphone de la police pour m'annoncer qu'elle était morte d'une overdose ou d'un dealer un peu trop zélé. Je soupirais, décidément, elle aurait du aller chez William, il a une famille saine lui au moins, une femme, une petite fille belle comme un cœur et une belle maison avec un jardin. Mais Arianna était trop instable pour pouvoir vivre avec Willliam et sa petite famille, et vu que nos parents ne savent plus quoi faire, elle vit chez moi, dans mon loft, enfin je ne la vois que très peu souvent, elle mange, elle dort et elle sort. Et moi, je travaille, je travaille, je travaille, je travaille et je travaille. Enfin pas le dimanche.

Cette obsession pour les nombrils hein ? Triste histoire de guerre ma chère Sophia. Non sérieusement, déjà que je n'ai jamais trouvé les nombrils particulièrement appétissants, c'est à cause de ce type avec qui j'ai couché, qui m'a léché le nombril, ça m'a déstabilisée vous savez, j'ai presque paniqué. Sérieusement, c'est quoi cette idée de lécher un nombril. NO WAAAY. « Non mais c'est parce qu'on m'a léché le nombril l'autre jour, et puis tu sais que j'ai jamais beaucoup aimé les nombrils, je suis déstabilisée, essaye de comprendre ! » déclarais-je sur un ton larmoyant d'actrice ratée. Je fis un grand sourire, non les nombrils ça n'a jamais vraiment été mon truc. Vous me direz t'as pas le choix t'en a un. Peut être ! Mais qu'on y touche pas alors ! Le lécher, non mais et puis quoi encore ? Foutre son doigt dedans et tourner. ARG.

« De toute façon, tu dois bouger TES fesses, histoire de les montrer à quelqu'un » Grand sourire innocent, aucun sous entendu bien entendu.

PESTE!

Théodora était une vraie bouffée d'air frais pour moi. Nous étions amies depuis des années et elle ne me jugeait pas contrairement à certains mais elle avait également l'art de me mettre en rogne ou de me filer le bourdon mais n'était-ce pas ça le fardeau d'une meilleure amie ? Rappeler à tout le monde que nous étions seules etc. C'est vrai que je commençai à vieillir, que j'aurai sans doute besoin de quelqu'un dans ma vie tôt ou tard, un homme bien qui ne profite pas de moi comme mon ex. D'un Nolan en quelque sorte. Non pas Nolan. J'étais amoureuse de lui donc je me doutais pas un seul instant que c'était un coureur de jupons invétéré. Il était tout le temps avec une fille différente et j'avais peur de n'être que ça pour lui. Une conquête. C'était surement pour ça que je ne me déclarai pas depuis tant d'années et que Théo me gueulait dessus que je devais le faire. J'enfournai ses délicieux pancakes dans la bouche. Je ne me suis pas nourrie depuis combien de temps moi ? Deux jours au moins. Ah si hier, des pâtes chinoises. Tu parles d'un repas. Je mis donc beaucoup de sirop d'érable dessus avant de continuer à manger, fronçant les sourcils à l'évocation des nombrils. Horrible. C'est moche un nombril et cela rappelle le lien qui unissait la mère à son enfant. Certains leur vouaient des cultes. Mais bon, je n'allais pas lui dire ça. Je me contentai de hausser le sourcil et de regarder mes fesses à moi. Non mais je rêve, elles sont très bien mes fesses. « Et si je n'ai pas envie de les bouger mes fesses. J'veux un riche héritier qui m'épousera et comme ça, je n'aurai pas besoin de me lever. » Pis je remarquai que j'avais finis mon assiette avant d'ajouter. « Nolan est un héritier... L'homme parfait, j'te dis. »

« QUEWA ? Tu veux que je montre mon nombril ?»

Theodorah & Sophia

Je regardais Sophia. C'était une femme tout de même étonnante, et la première fois que j'ai rencontré madame je suis dans un musée avec des momies et j'adore, je n'aurais jamais deviné qu'elle aimait s'amuser avec des momies. Je me souviens que ce jour là, nous avions reçu une idée de projets pour un nouvel immeuble dans le centre de San Francisco suite à la destruction d'un vieil immeuble qui menaçait de s'effondrer, et la restauration n'avait pas été possible. Alors il avait tout rasé. Sophia est grande, blonde, rigolote, elle a un très beau sourire. Moi je suis grande brune, j'ai peur des nombrils et quand je souris, j'ai les yeux qui se plissent. Je terminais mon café d'une traite. Mais malgré notre différence d'âge, elle apportait son expérience, enfin... son expérience, elle était plus déjantée qu'autre chose. Je terminais mon assiette, je n'ai pas l'habitude de prendre de petit déjeuner dès le matin, la plupart du temps, je prends mon café, une pomme très acide coupée en tout petits quartiers que je mangeais sur le chemin de mon travail. J'avais mes dessins sous un bras, mon thermos de café plein de café industriel, et le téléphone qui ne cessait de sonner. Je n'aime pas vraiment le matin, sauf quand je peux les partager avec Mademoiselle Watson.

Si Nolan est un riche héritier et qu'il est celui qu'il te faut, il est temps qu'elle bouge son cul. Je la pointais de ma fourchette. Elle était chanceuse, elle avait la possibilité d'avoir un homme qui pourrait la rendre heureuse, moi, tout ce que j'avais en ligne de mire c'est ma petite soeur, qui ne semblait pas vouloir me laisser faire mes nuits de 7 heures, et ceux quand j'avais de la chance, parfois, j'étais obligée d'aller la chercher au commissariat, je ne savais pas ce qui lui arrivait, elle ne voulait pas me parler, personne ne savait pourquoi elle s'enfermait ainsi, et essayer de l'envoyer en cure de désintox semblait lui faire plus de mal qu'autre chose. Au moins en ce moment, je ne suis pas obligée de m'inquiéter sur le fait qu'elle s'alimente ou non. Mais j'ai toujours énormément peur que l'on m'appelle pour m'annoncer que Miss Richardson venait de faire une overdose et qu'elle était mal en point, oh mais attendez c'est déjà arrivé. Elle m'a tout fait vivre : overdose, coma étylique, arrestation pour possession de drogue, elle m'a volé de l'argent, alors que ce n'est pas comme si elle en manquait. « Je ne le dirais jamais assez, FONCE cocotte ! FONCE ! Parce que là tu causes, tu causes, mais j'ai toujours pas vu ton Nolan en caleçon alors que j'arrive à l'improviste. Quitte tes momies, car je doute qu'elle soit aussi sexy que Nolan. »