« Another fight to wish away the loneliness I live. Another circus show »

Encore une journée à rester enfermée entre quatres murs avec pour seule distraction, la petite télé trônant dans le studio misérable que je loues. Je sais que quand j'ai décidé de venir à San Francisco c'était pour résoudre une énigme, mais je dois admettre que la vie de Kaylanie est si reposante, dénué de tout mélodrame que j'ai peur de vraiment chercher, comprendre. Ces blancs, cette fille morte qui me ressemble comme deux gouttes d'eau. Je suis lâche, et je préfère enfoncer ma tête dans le sable. Alors mes journées ne sont qu'un cercle vicieux de routine, lire, regarder la télé, puis me préparer pour aller à mon boulot. J'enfile la tenue réglementaire du bar, coiffe rapidement mes longs cheveux blonds et prends la direction du bar, où je travailles de nuit en ce moment. Je m'empresses d'avaler la distance effrayante et qui le sera encore plus à mon retour quand mes pas frôleront l'asphalte dans le calme et le noir de la nuit. Constamment, j'ai ce sentiment de peur au creux du ventre, qui me font me réprimander de traîner si tard dans les rues, mais je n'ai pas de voiture, comment pourrais je en avoir une. Les transports en communs ne sont pas plus rassurants que de glisser et couvrir mon visage dans les ténèbres de l'obscurité. Mais ce n'est pas encore l'heure. Pour le moment, le soleil sur son déclin est encore assez clément pour éclairer ma route et me rassurer d'une lueur bienveillante.

J'arrive alors qu'il est à peine six heure du soir à l'établissement qui est ma chance de pouvoir me substanter pour le moment, je passes par la porte arrière, salue les quelques collègues que je croises. Me défait de ma veste, avant de prendre une profonde inspiration, et de m'affubler du masque de la charmante mais quelque peu écervelé provinciale qui a décider de vivre la grande vie dans la grande ville. Kaylanie est la parfaite incarnation de la jovialité et du sourire réconfort, baignant dans sa naïveté. Elle me permets d'oublier le traumatisme de ne pas avoir d'identité, tout en m'évitant de m'attarder sur les conditions de mon réveil, sur les traces de coup dont mon corps semblait rempli. Jane Doe s'efface et laisse la place à Kaylanie Summers. Je prends mon tablier et me dirige vers quelques clients, échangeant les politesses de circonstances tout en prenant leurs commandes. Je souris, je ris, j'échange quelques mots plaisantins et le tour est joué. Mon patron m'offre son sourire de vieil ours qui a un petit faible pour cette pauvre blondinette qu'il a recueilli, Joe n'est pas un mauvais type, juste un peu rustre et il ne m'a pas engagé dans de longues discussions quand à l'absence de mes papiers. Je crois que je dois probablement lui rappeller une de ses filles. Ou un truc dans le même genre.

La soirée commence à atteindre son rythme de croisière, la foule de visage connu et inconnu se multipliant. Les habitués serrant les rangs tout en laissant place aux quelques aventureux qui ont voulu tester l'endroit. Mes jambes me pèsent à force de faire des allers et retours, mais c'est une bonne fatigue. De celle qui me casseront peut être au point que je n'aurais guère de cauchemars cette nuit. J'arrive au bar, et m'accoude pour donner le dernier ordre que j'ai reçu d'une table de jeunes étudiants un peu trop excité, et un peu trop prompt à me draguer. Je suis inconfortable, et j'ai envie d'échanger ma table avec une des autres serveuses. Je regardes aux alentours, essayant d'apercevoir Mannie ou Emy mais mes yeux se posent sur le blond se tenant non loin de moi, seul. C'est un des habitués de la maison, ou enfin une tête que j'ai déjà croisé plusieurs fois, je lui offre mon plus beau sourire commercial, pure technique. Il n'est pas méchant même si légèrement étrange, et son regard perçant fait parti de ses regards gênants que je reçois depuis que j'ai débarqué dans cette ville. Pas gênant dans le sens où le gros beauf me drague, mais plutôt dans le sens où il m'observe, me scrute et comble les pièces d'un puzzle que je devrais combler. Je me fais probablement des illusions, et le jeune homme est peut être juste un de ces types silencieux et observateurs. Mais cette ville me mets dans un état de nerf et de stress pas possible, une paranoia énorme se réveille au moindre évènement suspicieux.

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Cet étudiant m'agaçait au plus au point, et j'avais envie de lui montrer la politesse. Je visualisais très bien quelques mouvements rapides, efficaces et ... Etrange, d'où me venait ses connaissances en art martiaux subitement. Toute confuse et perdue par ce flot de réminescences, je ne vis qu'au dernier moment, cet homme au regard perçant intervenir. - Ross tu devrais arrêter la bière c’est un peu trop fort pour ton cerveau, tu n’as donc toujours pas compris que la demoiselle travaille et désires être en paix ? Je te déconseille fortement ! Vraiment assied toi ça vaudra mieux pour tout le monde ici ! Je le regardais remettre à sa place, l'étudiant ivre, de la manière que j'avais envisagé,et je restais scotché, incapable de prononcer le moindre mot. L'incertitude et le malaise grandissant au fond de moi. Est-ce que c'était une de ses clés qui seraient probablement le début d'une ballade sur le chemin des souvenirs. Je serrais le poing terrifié, et détournais le regard sur mon plateau. - J’ai dis on se calme, je vais te lâcher on va retourner s’assoir gentillement chacun de notre côté sans faire d’histoire ok ? Inutile de se faire éjecter du bar par la police t’es pas d’accord ? Je sentais ma respiration s'accélerer, bizarrement à la mention de la police. Bon sang, mais qui étais je, une délinquante hors la loi qui se prenait pour un ninja à ses heures perdues. Et qui était ce type ? Est-ce qu'il me connaissait. J'avais envie de fuir, de sortir par la porte arrière et de ne pas me retourner. J'avais envie de quitter cette ville avant qu'il ne soit trop tard. - Toutes mes excuses pour cette agitation mademoiselle ! Je sursautais en entendant la voix s'adressait à moi. Et avant qu'aucun son ne puisse franchir mes lèvres, il allait bien tranquillement s'asseoir de nouveau comme ci de rien n'était. Ca en était trop et pas de chance pour lui, j'étais vraiment mauvaise joueuse quand j'étais apeuré et perdue. Et ce type étrange me rendait encore plus mal à l'aise, alors autant régler son compte rapidement, qu'il disparaisse et qu'il ne revienne pas dans ce bar. Je laissais tomber mon plateau avec peu de délicatesse, recevant un coup d'oeil étonné de mes collègues, j'étais plutôt du genre à me faire discrète mais tout ce tapage avait attiré l'attention sur moi. Encore une raison de plus, pour ne pas le laisser s'en tirer à si bon compte. Je voulais juste qu'on me fiches la paix, était ce trop demander ? La mâchoire déterminée, je me dirigeais vers l'importun délaissant les jeunes incrédules sans leur accorder la moindre attention. Stupides et arrogants. Ils ne méritaient même pas que je me défoules sur eux.

Je tapes sur l'épaule du blond pour attirer son attention, et mon regard n'a rien de franchement aimable - Non mais vous vous prenez pour qui ? Batman. Damn, merci mais j'ai pas besoin d'un héros pour voler à mon secours. Je secoue la tête de manière affirmatif comme prouver un point qui n'a même pas été émis. Je soupire, et la boule d'amertume qui m'étreint la gorge n'a rien de franchement agréable. - Ecoutez, je sais pas ce que vous voulez, mais je vous conseilles de faire demi tour, et d'oublier ce bar. On a pas besoin de gens dans votre genre ici ... - Une problème, Kaylanie ? J'adresse un sourire forcé à mon collègue. Shayne est peut être ce qui se rapproche le plus d'un ami dans ma vie de mensonge. Il est gentil et prévenant malgré ses airs durs, mais voilà, je refuses de me lier réellement. Mentir à ses gens me rend malade. - Non, non tout va bien. Je pousses un soupire et lui envoie un regard et comprenant le message, il disparait mais non sans lancer un regard menaçant à l'adresse du client. C'est ce que j'aime ici, même si je suis arrivée, il y a peu, même si je n'ai pas d'identité propre à part celle de mes mensonges dont je me berces, j'ai l'impression d'avoir trouver une famille d'adoption. Ils ont mon dos quoi qu'ils en coutent. Et cette pensée à au moins l'effet bénéfique d'adoucir ma colère à l'encontre d'un client. Et je sais que le client est roi. C'est juste que celui là m'agace particulièrement. - Je sais me défendre. Je suis peut être une fille mais je sais me défendre et ... Je secoue la tête, légèrement déconcertée. Je ne veux pas avouer que j'ai remarqué qu'il m'observe de go. Je ne veux pas lui donner de raison de s'interroger plus sur moi qu'il ne semble le faire. - Je ne veux pas me montrer impolie ou grossière mais je ne suis pas intéressée. Oui, jouer l'autruche et prétendre le prendre pour un gros dragueur, c'est nettement mieux jouer. Je gardes la crédulité et la candeur mais tout en sous entendant que son attitude me mets mal à l'aise. Je me donnerais presqu'une claque dans le dos, pour me féliciter de cet éclair de génie temporaire. Des fois, je me demandes vraiment ce que je faisais avant, mais j'ai la certitude que prétendre, trouver les failles et désarçonner l'adversaire faisait parti de mon quotidien, tellement je brille dans ce domaine, tellement je sais éviter les questions pour mieux les retourner à l'adresse de l'inquisiteur.

Pourtant je ne peux m'empêcher de me dire que l'adversaire pourrait bien être plus fort que moi, cette fois. Et ce qui m'agace par dessous tout, c'est que j'ignores qui il est alors que son regard ne semble pas rempli d'incertitude quand à moi. Je me détournes pour retourner à mon travail, espérant néanmoins l'avoir convaincu par ma candeur de relâcher cette pression constante que je ressens à chaque fois qu'il passe les portes de ce bar. Shayne m'adresse un dernier regard interrogateur, et je lui offres un sourire moins tremblant. Prétendre encore un peu ... Je dois y parvenir même si la fatigue devient de plus en plus lourde, je dois être forte. Je veux avoir des réponses mais je les veux quand je serais prête à les obtenir. J'ai tellement peur de ce que je pourrais trouver dans ce passé que je sembles avoir oblitéré pour une raison. Les médecins ont parlés de blocage psychologique. Rien ne semble indiqué qu'un traumatisme ou un saignement soit à l'origine de cela, même si le doute reste vu l'état dans lequel j'ai été retrouvé. Il était trop tard à mon réveil pour passer les examens nécessaires.