Une voiture s'arrêta sur le bas côté de la rue, le moteur fut coupé quelques instants plus tard. Kieran s'appuya sur le dossier de son fauteuil, son regard se porta sur la maison à sa droite. Il ne savait pas s'il devait vraiment être là. En tout cas, il n'avait pas été invité et il ignorait même si la personne qu'il était venu voir était là. Cette maison appartenait à Jailyn, il ne l'avait pas vue depuis qu'ils avaient pris un verre ensemble. Oh, ils avaient échangé beaucoup par SMS ou par des appels téléphoniques, mais ils ne s'étaient pas revue, même pas à l'hôpital. Chacun avait un emploi du temps trop chargé et puis chacun avait aussi ses problèmes extra-professionnels. C'était étrange, mais le courant été très vite passé. Certes, les évènements qui les avaient faits ce croiser étaient loin d'être joyeux, mais dans ce bar, ils avaient échangé tellement qu'il avait eu envie d'en savoir plus, la connaitre mieux.

Bref, il était là, dans sa voiture à peser le pour et le contre pour savoir s'il devait y aller, taper à cette porte. C'était peut-être déplacé ! Elle le prendrait peut-être mal ! Soupirant, il passa une main sur son visage. Il venait de quitter Nate et c'était toujours compliqué d'aller le voir et de le laisser dans ce centre et là, il avait eu besoin de discuter, d'aller voir quelqu'un et c'était elle qui lui était venue en tête.

Ce n'est qu'au bout d'une dizaine de minutes que Kieran décida d'enfin sortir de son véhicule. Enfilant sa veste, il remonta le col pour se protéger du froid qui commençait à tomber, il enfonça ses mains dans ses poches et avança vers le porche de la maison. Souffant un coup, il leva sa main et frappa timidement deux coups. Il attendit, attendit et comme personne n'arrivait, soupira à nouveau. Il aurait dû s'en douter, elle devait être au travail, en plus il n'y avait pas fait attention, mais il n'y avait aucune voiture dans son allée.

" Et merde."

Déçu, le coast guard fit demi-tour, reprenant le chemin vers sa voiture pour rentrer chez lui. Tout seul.

« Tu devrais faire plus attention à toi, Jailyn. »

Me sermonnait une voix inquiète, à l'autre bout du téléphone mobile que j'avais réussi à coincer entre mon épaule et mon oreille droite, tandis que je me lavais scrupuleusement les mains dans la salle de bain. Je ne pus m'empêcher d'émettre un léger soupire, tandis que j'imaginais confortablement la tête de mon amie Beth à l'autre bout de la ville ; sur notre lieu de travail, dans sa blouse blanche. Celle qui me manquait tellement. Après m'être essuyée les mains rapidement, je repris le combiné entre mes doigts.

« Je sais. Mais je n'y peux rien. Quand je ne fais pas quelque chose de mes dix doigts, j'ai l'impression d'être un lion en cage qui tourne en rond. J'ai horreur de ça… »

« Pense au bébé Jay. Fais de la pâtisserie, tiens ! Ca t'occupera. »

Je grimaçai légèrement en plissant le nez. Mes talents culinaires étaient particulièrement basiques en pâtisserie. Je me débrouillais quand même, mais pas assez pour prétendre à un poste d'aide-cuisinier. Beth ne put s'empêcher de rire, comme si elle avait deviné mon expression faciale. Roulant les yeux, je l'accompagnai joyeusement dans notre élan de soulagement. Beth prenait soin de son entourage comme si elle n'avait qu'une seule et grande famille, recouvrant à peu près la Terre entière. Elle était gentille par nature et pouvait être citée en exemple dans ce domaine. Après quelques minutes de papotages, notamment où elle me décrivait l'aspect immonde du plat de ce midi à la cafétéria, nous dûmes raccrochées car elle recevait des invités chez elle.

« Ils sont arrivés. Je dois te laisser. Prends soin de toi, surtout ! Et passe une bonne soirée. »

« Merci, toi aussi. »

La conversation terminée, je pus reprendre mes activités en main. Lentement, je reposai le téléphone sur son socle fixe afin de ne pas le laisser se décharger. Je me sentais particulièrement seule, même si où que j'aille nous étions véritablement deux. En effet, mon ventre ne trahissait plus personne. Enceinte de sept mois, mon bidon prenait bien de la place désormais. Et lorsque je me regardais dans le miroir, mes yeux se posaient aussitôt sur ce petit être qui grandissait dans mon intérieur. Le Don de la Vie ; c'était juste merveilleux. Toutefois, je ne pouvais m'empêcher de craindre pour l'avenir de mon fils. On ne pouvait pas admettre que son père biologique était le meilleur des hommes sur Terre. L'erreur d'une nuit me fit un beau cadeau, bien que le géniteur ne le prenne pas aussi bien. Je pensais même qu'il l'envisageait comme étant un poison mortel, prêt à lui gâcher la vie. Et quand bien même il développerait un sentiment bienveillant sur l'enfant, je savais pertinemment que mon fils ne serait jamais en sécurité, tant Aaron Carter possédait d'ennemis vicieux et malintentionnés.

Profitant du calme de la Maison, je pris soin de me diriger vers mon armoire afin de prendre quelques vêtements et filer sous une bonne douche bien chaude. Je pouvais sentir les mouvements de mon bébé, ce qui m'attendrissait à chaque fois. Une fois sortie, je me séchai et j'enfilai un bas noir élastique, afin de ne pas comprimer mon ventre et de pouvoir, finalement, l'enfiler. Puis je passai un grand pull blanc bien épais, afin d'éviter d'attraper une grippe. Ensuite, je me suis préparée un thé à la cannelle, allumant un feu et zappant la télévision. Rien de bien intéressant, mais c'était mieux que de tourner en rond ou de songer aux interventions que j'étais entrain de manquer, parce que mon chef exigea que j'aille me reposer. C'était nécessaire au bienêtre de l'enfant, surtout. Bien installée dans mon canapé, je fus surprise d'entendre frapper à ma porte d'entrée. Qui pouvait bien venir à chez moi aujourd'hui ? Je n'avais convié personne.

Aussitôt, je me redressai lentement, tandis que mon fils m'assaillait de coups de pieds. Je posai alors ma main sur mon ventre, que je me mis à caresser tout en chantonnant et en marchant en direction de la porte. Je tournai alors la clef dans la serrure et j'ouvris la porte doucement, afin de ne pas laisser pénétrer le froid. C'est ainsi que j'aperçus une silhouette masculine en direction d'un véhicule garé devant chez moi. Je plissai des yeux avant de reconnaître le dit homme. Un sourire franc apparut sur mes lèvres, signe de mon réjouissement.

« Kieran ! »

Criai-je afin qu'il m'entende et puisse se retourner pour m'apercevoir. Je ne pensais pas avoir mis autant de temps à venir à sa rencontre, mais il faut dire que ma grossesse m'empêchait visiblement toute rapidité dans les jambes. Un courant d'air frappa mon visage, faisant virevolter mes cheveux noirs et me laissant un léger frisson dans le dos. Décidément, le temps n'était pas idéal. Plutôt glacé, même. Amusée de revoir le jeune homme, je repris ma conversation à haute voix.

« Tu veux entrer ? »

Lui demandai-je en désignant l'intérieur du pouce, gardant toujours un sourire sincère sur mon visage. La dernière fois que nous nous étions croisés, mon ventre était encore plat ; je savais plus ou moins que j'étais enceinte, mais je n'étais pas sûre de mon choix final. Je doutais encore de l'heureux événement. Aujourd'hui, mon ventre présentait véritablement mon choix à ce sujet, en dépit des difficultés que cela annonçait. Kieran avait été une oreille attentive et je fis de même lorsqu'il se dévoila à son tour. Cette soirée était, de loin, l'une des meilleures passées depuis longtemps à mes yeux. Aussi, nous avions gardé contact par SMS entre autre. J'étais contente de le savoir dans ma vie, même s'il n'était pas souvent présent devant moi. Toutefois, en repensant à la fin de soirée, mon cœur eut un petit pincement étrange. Un baiser échangé sur le pas de la porte, rien de plus. Nous n'en avions pas reparlé depuis ; sans doute car c'était peut-être une erreur, un instant d'égarement. Ou alors, parce que c'était effrayant. Je ne saurais trop le dire, n'était pas douée dans ce domaine-là. Moi, j'étais scientifique… Enfin chirurgienne. Les sentiments n'étaient pas mon point le plus fort. Du moins, c'est ce que je désirais laisser croire afin de me protéger de la Mort de mes patients. Et de la Vie, en général.

Laissant sa main se déplacer sur le métal froid du capot de sa voiture, Keiran finit par atteindre sa poignée, prêt à ouvrir sa voiture. Il était bon pour retourner chez lui et s'écrouler sur son canapé devant un vieux film pourri et une bière à la maison... chouette programme, râlat-il intérieurement. « Kieran ! »

Sa main se stoppa net dans son mouvement pour ouvrir la portière de son véhicule. Avait-il bien entendu ? On venait de l'appeler ? Se pourrait-il qu'elle soit finalement chez elle ? D'un geste vif, Kieran tourna la tête vers le perron de la maison qu'il venait de quitter. Un sourire franc apparut sur ses lèvres. Elle était chez elle ! Tout d'un coup, il se voyait plus affalé sur son canapé ou en tout cas pas tout de suite... quoique, rien n'était encore sûr. Peut-être aurait-elle autre chose de prévu que sa visite surprise. Après un instant planté comme un couillon près de sa voiture, il réenclencha son cerveau. Verrouillant à nouveau sa voiture, il pivota totalement sur ses talons pour se diriger à nouveau vers la maison de Jailyn. Il n'était pas encore arrivé à son entrée qu'il la vit ouvrir la bouche à nouveau. « Tu veux entrer ? » Son sourire s'accentua.

"Hé! Euh, je veux bien oui. Enfin, si je ne te dérange pas. Je veux dire, j'arrive à l'improviste, peut-être que tu es occupée."

Finalement, il était quelque peu gêné d'être ici, il n'avait pas réfléchi à ce qu'il pourrait dire une fois en face d'elle, il avait juste espéré qu'elle soit là et après un moment de doute, elle était là. Il était venu sur un coup de tête, sans réfléchir aux conséquences. Après tout, il n'avait jamais reparlé de se revoir. Ils se textaient, s'appelaient parfois, s'envoyaient des mails, mais jamais au grand jamais l'un d'eux n'avait parlé de se voir pour un verre et encore moins de passer chez l'un ou l'autre. Peut-être était-ce une mauvaise idée. Il allait vite le savoir, mais il souhaitait que non. Il ne savait pas pourquoi, elle lui importait.
Il pataugeait dans son esprit embrouillé pour trouver quoi dire. Son regard qui était fixé sur un point derrière la jeune femme, finit par glisser sur son corps caché en partie par la porte d'entrée. Cependant, il ne put manquer l'immanquable...

"Oh"

Son ventre.... il était... vraiment plus plat, comme la dernière fois ou il l'avait vue. Ils en avaient parlé, mais le voir était autre chose. C'était surprenant.
Elle était enceinte, vraiment enceinte. Wouah! C'était un sujet qu'il ne maitrisait pas, mais alors pas du tout. Jamais il n'avait été en contact de prêt avec une femme enceinte. Enfin, mis à part sa mère, c'était la seule femme de son entourage qu'il avait vue enceinte d'autant de mois. Mais il devait avouer qu'elle était toujours aussi belle que la dernière fois.
Le visage un brin idiot, le jeune homme remonta son regard vers le visage de Jailyn. Après un instant, il rouvrit la bouche, un petit sourire en coin.

" Sacré changement depuis la dernière fois."

Véritablement, je fus agréablement surprise par la venue de Kieran au sein de ma demeure. Il faut dire que les visites étaient rares ; En même temps, je restais sur la défensive la plupart du temps avec mon entourage. Je savais que le monde pouvait s'avérer cruel et détestable. Durant mon enfance, ma différence physique avait été sujette à de nombreuses moqueries que je gardais malgré moi en mémoire. Aussi voulais-je épargner ça à mon fils qui, lui, serait un véritable mélange entre la culture asiatique et américaine. Pourtant, je savais que ma grossesse était vue sous un mauvais œil. En effet, je paraissais comme étant la pauvre fille d'Asie qui avait oublié son moyen contraceptif et qui, comme tant d'autres, risquait de gâcher sa vie professionnelle et sentimentale pour une simple erreur. Le parfait stéréotype. Au fond, cela me faisait bien rire. L'hypocrisie des gens était admirable à toiser ; Je n'en avais jamais douté. Heureusement, il existait des gens comme Kieran qui pouvaient être sincères et entiers.
 
« Hé ! Euh je veux bien oui. Enfin, si je ne te dérange pas. Je veux dire, j'arrive à l'improviste, peut-être que tu es occupée »
 
Je ne pus m'empêcher de sourire. Il avait l'air subitement assez gêné. Pourtant, je lui avais épargné le spectacle de mon ventre rond, puisque j'allais accoucher d'ici à deux mois. Je me demandais ce qui le rendait alors aussi nerveux. Ma présence ? Cela me fit sourire d'avantage. Aussitôt, comme pour le rassurer, je repris la parole et le laissai entrer dans la maison.
 
« Crois-moi, mes journées sont plutôt longues et ennuyeuses ces derniers temps. »
 
Repos forcé à cause du bébé et de mon supérieur pas très commode. Enfin, je savais qu'il m'y obligeait pour ma propre sécurité et ma santé. Sauf que j'avais horreur de rester inactive. Et si Kieran ne comprenait certainement pas encore pourquoi je disais ces mots, il n'allait plus tarder à s'en rendre compte. Une fois qu'il pénétra dans la maison, il remarqua enfin l'état dans lequel je me trouvais. Son visage sembla… étonné. En même temps, il y avait de quoi être surpris.
 
« Oh. Sacré changement depuis la dernière fois. »
 
Je ne pus que rire à cette remarque ; Certes, j'avais l'air d'une baleine. Mais ce qui me fit surtout sourire, c'était la tête de Kieran. La dernière fois que nous avions parlé, je ne savais pas si je désirais garder cet enfant ou non. L'élever seule me paraissait bien compliqué. Pourtant, je me décidai finalement à ne pas avorter et prendre les précautions nécessaires. Je toisai alors Kieran de haut en bas et, amusée, je répliquai.
 
« Et toi, tu n'as pas change. Toujours aussi mignon. »
 
Décidément, ma franchise me jouait parfois des tours. Bien que, finalement, cela n'avait guère de conséquences sur le moment présent. Je m'avançai alors vers le salon, laissant Kieran me suivre. Arrivée près de la cuisine, qui était ouverte et juste à côté du salon, je me retournai en direction du jeune homme plutôt séduisant.
 
« Alors, qu'est-ce qui t'amène ? Tu veux du thé, ou quelque chose à boire ? »
 
Deux questions à la suite, dont une qui avait plus d'importance que l'autre. Il fallait admettre que ma curiosité s'avérait piquée par la présence de Kieran. Pas que cela soit désagréable – bien au contraire – mais je ne l'avais pas revu depuis un bon moment et nos quelques échanges se résumaient à des SMS. Je m'inquiétai alors de son possible état moral. Il fallait dire que je tenais à lui. De quelle manière ? Bonne question. Question que, bien évidemment, j'évitais de me poser. Surtout depuis que mes hormones décidaient, parfois, de me jouer quelques tours étranges.

Maintenant qu'il était là, en face d'elle, il ne savait plus vraiment quoi dire... C'était stupide, il était stupide, vraiment, autant il pouvait être un bon parleur dans son boulot et avec les gens qu'il côtoyait tous les jours, autant comme tout de suite, il pouvait être un vrai empoté et ça l'agaçait vraiment... Heureusement que la dernière fois qu'elle l'avait eu en face d'elle, il n'avait pas agi comme cela, sinon, elle aurait pu croire qu'il était vraiment idiot. Il était hésitant quant au fait qu'elle voulait de lui ici, mais sa réponse eut un effet apaisant. « Crois-moi, mes journées sont plutôt longues et ennuyeuses ces derniers temps. »
Cela devait vouloir dire que ça présence était plus que bien venue. Le sourire de Kieran s'agrandit encore une fois si cela était possible. Si elle s'ennuyait en ce moment, ce n’était pas son cas à lui, entre le boulot et Nate à gérer, ce n'était pas de tout repos, sauf les soirs une fois seuls chez lui. Là, oui, il s'ennuyait sévèrement, mais bon, il n'allait pas l'ennuyer avec ça.

"Chouette.... "

Mouais, il devait l'admettre lui-même, ce n'était pas terrible comme réponse... Mais, il ne put rien rajouter de plus tellement ce qu'il avait sous les yeux à présent le rendait sans voix. Elle était vraiment enceinte... mais alors là, il n'y avait aucun doute...Wouahhhh. Sacré changement, tout ça. Kieran retrouva son sourire en l'entendant rire à sa réplique. Oh moins elle prenait bien sa réaction. Kieran pencha la tête sur le côté en voyant la jeune femme le dévisageait.... chacun son tour ! « Et toi, tu n'as pas change. Toujours aussi mignon. » Mignon ! Elle venait de lui dire ça comme ça.... Tiens, c'était surprenant et agréable. Il se redressa d'un seul coup, bombant le torse. Un rire étouffé jaillit de sa gorge. Jailyn lui tourna le dos pour rentrer à nouveau dans sa maison, invita ainsi Kieran à la rejoindre. Le jeune homme ne manqua pas de rentrée, mais surtout de laisser son regard sur elle, tout en fermant la porte derrière lui.

" Je dois dire que tu es mignonne aussi, mais ça, ce n’est pas nouveau, contrairement à ton nouveau ventre."

Un clin d'oeil amusé accompagna la dernière partie de sa phrase, une fois qu'elle lui fit à nouveau face. « Alors, qu'est-ce qui t'amène ? Tu veux du thé, ou quelque chose à boire ? » Qu'est-ce qui l'amenait ? Bonne question ! Une envie de voir quelqu'un qui l'appréciait, envie de la voir depuis le temps qu'ils se parlaient sans se rencontrer à nouveau. L'envie de se changer les idées. Kieran décida de répondre à la question la moins compliquée pour commencer.

" Je veux bien boire quelque chose puisque tu proposes, mais évites le thé... n'importe quoi, sauf ça."

Le regard de Kieran balaya la pièce de curiosité. C'était chaleureux et bien ranger... Kieran s'attarda sur des bibelots, des cadres, des photos, puis il considéra à nouveau sa présence ici. Elle devait attendre une réponse, alors autant la lui donner.

" Quant à ce qui m'amène..., disons que je me suis dit que c'était peut-être le moment de se voir à nouveau. J'aime discuter avec toi par SMS, mais rien ne vaut le plaisir de t'avoir en face." Kieran se tut un instant avant de rajouter. " Et puis, j'avais besoin de voir un visage amical pour m'évader pendant un petit laps de temps et j'ai de suite pensé à toi... J'espérais juste pas mal tomber."

« Je dois dire que tu es mignonne aussi, mais ça, ce n’est pas nouveau, contrairement à ton nouveau ventre. »

Le compliment de Kieran m’arracha un franc sourire douceâtre qui se dessina avec délicatesse sur mes lèvres. Cela me touchait sincèrement, puisque je n’en avais pas l’habitude. Les critiques étaient plus mon lot quotidien que le reste. Une femme comme moi ne devrais pas porter un enfant et le mettre au monde dans les conditions de sa conception. Je risquais ma carrière pour élever un être humain ; Pire, je risquais ma vie lorsque j’évoquais l’identité du père biologique de l’enfant. Un homme que je n’aimais pas vraiment ; Une simple erreur d’une nuit. J’en assumais les conséquences. Cela était plus que visible, désormais. Je ne savais pas si Kieran approuvait ou non ma décision ; Mais je lui avais parlé de tout. Du père, des deux choix possibles, des risques que cela comportait. Toutefois, son avis ne m’était pas connu. Il faut dire que j’avais pris l’habitude de me moquer de ce que pensait mon prochain car, selon eux, j’avais toujours faux. Sortant de mes songes, mais tout en gardant mon sourire sincère, je proposai quelque chose à boire à Kieran. Et, par la même occasion, lui demander ce qui pouvait bien l’amener ici.

« Je veux bien boire quelque chose puisque tu proposes, mais évites le thé... n'importe quoi, sauf ça. »

« Ne t’en fais pas, j’ai d’autres trucs à boire. Tu peux t’asseoir en attendant. »

Dis-je alors en riant, dans un élan de bonne humeur. Aussitôt, je pris la direction de la cuisine. Dans celle-ci, j’ouvris le réfrigérateur pour prendre quelques boissons fraîches. J’ouvris mon placard pour dénicher un grand verre et, aussitôt, j’empoignai le tout pour me rediriger dans le salon. Dans mes bras se trouvaient divers sodas : arômes citrons, oranges, coca. Je déposai alors les bouteilles et le verre, laissant le loisir à Kieran de répondre à ma seconde question. Ce qu’il fit, bien entendu.

« Quant à ce qui m'amène..., disons que je me suis dit que c'était peut-être le moment de se voir à nouveau. J'aime discuter avec toi par SMS, mais rien ne vaut le plaisir de t'avoir en face. Et puis, j'avais besoin de voir un visage amical pour m'évader pendant un petit laps de temps et j'ai de suite pensé à toi... J'espérais juste pas mal tomber. »

Je pris l’initiative de m’asseoir à ses côtés, ne le lâchant pas des yeux tout le long de son récit. Je fus agréablement surprise qu’il puisse penser à moi et trouver ma compagnie agréable. Une fois de plus, un sourire sincère illumina mon visage. Je plongeai mes yeux dans les siens, n’hésitant pas à faire preuve, moi aussi, de franchise.

« Tu ne me dérangeras jamais, Kieran. J’adore être avec toi. Mais dis-moi... Qu’est-ce qui t’arrive pour avoir envie de t’évader ? Tu as des soucis ? »

Préoccupée par mon « ami » (bien que je le trouvais agréablement plus séduisant que la plupart de mes amis), je posai ma main sur son bras. Mon autre main, elle, se déposa sur mon ventre rond. Le petit garçon se mettait parfois à bouger. De plus, j’appréciais le contact que cela apportait à ma vie quotidienne. Je n’étais jamais seule, dans le fond. Même si, bien dissimulé au fond de mon être, je rêvais du grand Amour.

Planté au milieu de son salon, Kieran suivit la jeune femme quitter la pièce son regard la détailla dans les moindres détails, avant de la perdre de vue. Les mains enfonçaient dans ses poches, il laissa son regard parcourir la pièce, avant de revenir vers l'endroit au Jay avait disparu. Le changement était choquant, mais pas dans le mauvais sens du terme, mais surprenant. Oui, c'était plutôt le mot surprenant. Dans son esprit, elle était restée la jeune chirurgienne avec qui il avait fait une mission, et but un verre dans un bar au soir... bon ils avaient partagés bien plus qu'un verre, leurs vies, elle lui avait parlé du fait qu'elle était enceinte et qu'elle ne savait pas quoi faire... mais à l'époque son ventre était plus que plat... mais là... il était complètement rond. Un sourire nostalgique s'afficha sur ses lèvres en repassant à leurs séparations cette nuit-là. Secouant la tête, Kieran s'installa sur le canapé au même moment que Jay refit son apparition les bras chargés. Un rire sortit de la gorge du jeune homme.

" Tu sais, rien qu'une bouteille de soda m'aurait suffi. Pas la peine de dévaliser ton frigo pour moi."

Kieran avait beau essayer d'éviter de répondre à sa question sur sa venue, il ne put l'éviter très longtemps et après avoir pris une inspiration, répondit. La suivant du regard, il la regarda s'assoir près de lui. Son regard dévia de son visage vers son ventre avant de revenir plonger son regard dans le sien. « Tu ne me dérangeras jamais, Kieran. J’adore être avec toi. Mais dis-moi... Qu’est-ce qui t’arrive pour avoir envie de t’évader ? Tu as des soucis ? » Un sourire sincère apparut sur son visage, il ne la dérangeait jamais, c'était plaisant à entendre et surtout rassurant d'une certaine façon et il devait bien admettre qu'il adorait lui aussi être en sa présence.

" J'aime entendre ça, tu sais... je pourrais m'y habituer, fais attention." Commença-t-il avec un clin d'oeil pour accompagner ses dires, mais son visage perdit de sa sérénité quand il fallut aborder un sujet plus délicat. " Des soucis, non, j'en ai qu'un pour tout dire. Mon frère ! Il a eu un accident d'escalade et depuis, il... disons qu'il est persuadé qu'il pourra plus remarcher alors qu'il y a encore un espoir, mais, monsieur préfère envoyer tout valser au lieu d'essayer de s'en sortir. J'ai beau vouloir l'aider, mais le voir agir comme ça me fait perdre mon calme chaque fois que je suis en sa présence." Kieran passa une main dans ses cheveux avant de retrouver un semblant de sourire. " Bref, c'est un peu délicat tout ça à gérer, mais je ne suis pas venu pour parler de ça. "

Son regard se posa à nouveau sur son ventre, il avait envie de faire comme elle. Posait sa main sur son ventre pour voir s’il ou elle bougeait. Mais il n'en fit rien, après tout ce n'était pas vraiment approprié. Après un raclement de gorge, il se redressa dans le canapé. Il avait envie d'en savoir plus sur les derniers évènements dans sa vie et en commençant par son futur bébé.

"Alors, tu m'as pas encore dit... un petit gars ou une mini Jay ?"

« Tu sais, rien qu'une bouteille de soda m'aurait suffi. Pas la peine de dévaliser ton frigo pour moi. »

Cette remarque ne pu que m'arracher un sourire sincère et franc sur le visage, tandis que ma voix cristalline se mit à rire. Il était vrai que j'avais tendance à toujours en faire des masses, me souciant du fait que chacun devait avoir le choix. J'aimais que cela se passe ainsi pour mes invités, en toute circonstance. Pour moi, ma maison devait être un lieu de repos, de bienêtre, et non pas une forme grotesque de prison. C'était inscrit dans mon caractère, sans doute suite à la vision de notre mère qui rendait toujours la maison propre, même entre deux réunions et malgré que nous avions du personnel de maison pour cela.

« J'aime entendre ça, tu sais... je pourrais m'y habituer, fais attention. »

« J'aimerais bien que tu t'y habitues… »

Un message caché ? Sans doute, oui. Je l'avais dit presque innocemment, prenant le soin de ne pas affronter ses yeux. Effectivement, j'étais plutôt effarouchée lorsqu'il s'agissait de mes envies ou de mes sentiments. De nature discrète là-dessus, j'aimais à croire qu'un homme serait capable de me comprendre malgré mon langage parfois énigmatique. Peut-être que Kieran avait compris mon insinuation, mais rien n'était moins sûr. Alors, pour ne pas perdre la face, je lui demandai aussitôt ce qui l'amenait ici et s'il avait des problèmes, tandis que je m'asseyais à ses côtés. Là, je pus enfin le regarder sans risquer de me mettre à rougir comme une tomate. En même temps, ma peau ne me le permettait pas vraiment ; pour moi, cela restait une expression.

« Des soucis, non, j'en ai qu'un pour tout dire. Mon frère ! Il a eu un accident d'escalade et depuis, il... disons qu'il est persuadé qu'il pourra plus remarcher alors qu'il y a encore un espoir, mais, monsieur préfère envoyer tout valser au lieu d'essayer de s'en sortir. J'ai beau vouloir l'aider, mais le voir agir comme ça me fait perdre mon calme chaque fois que je suis en sa présence. Bref, c'est un peu délicat tout ça à gérer, mais je ne suis pas venu pour parler de ça. »

Tandis qu'il parlait et que j'analysais ses mots, je me mis à caresse mon ventre rond. Je savais à quel point l'espoir était fragile dans ce monde. Je comprenais parfaitement le point de vue de Kieran, tout en gardant mon rôle de médecin en tête et ainsi en acceptant le point de vue de son frère. Un sourire mitigé apparut sur mes lèvres, tandis que je posai une main sur le bras de Kieran.

« Je suis désolée pour ton frère, Kieran. J'espère qu'il s'en remettra vite. Il faut lui laisser un peu de temps, sans doute. Mais je suis sûre que tout ira mieux prochainement. »

Du moins, je l'espérais sincèrement. Le frère de Kieran ne méritait pas de vivre une chose pareille. Et, en temps que grand frère, Kieran ne devait pas mieux accepter la situation que son cadet. Du moins, je savais que je ne le supporterais pas bien s'il arrivait pareil à un membre de ma famille. Je les aimais comme la prunelle de mes yeux. Pas question d'imaginer le pire ! Sans quoi, je ne savais pas ce que je deviendrais. Ils étaient importants pour moi. Toutefois, ma tête se souvint que Kieran vint à exprimer le fait qu'il n'était pas venu pour parler de cela. Cette phrase me provoqua une sensation étrange. Mais alors que je songeai à l'interroger sur la Nature de sa venue ici, je fus coupée dans mon élan et forcée de fermer ma bouche lorsqu'il parla.

« Alors, tu m'as pas encore dit... un petit gars ou une mini Jay ? »

« C'est un petit garçon. Je pensais l'appeler Gabriel… Tu aimes ? »

Lui demandai-je, tandis qu'un sourire serein habita mon visage et que mes yeux, remplis de joie, s'empressèrent de contempler mon ventre rond de femme enceinte. Dans deux mois, il serait là. Je pourrai enfin le sentir contre moi et humer la délicate odeur de sa peau, voir ses yeux fascinés observer le monde, reconnaître le son de ma voix et être tout simplement une mère. Cela avait aussi son côté effrayant : la peur de ne pas y arriver. De ne pas être à la hauteur des espérances de mon enfant. Mais, comme pour me dire qu'il ne fallait pas y songer, un coup de pied se fit sentir en moi. J'en fus surprise et, alors, mon sourire s'élargit. Mon regard, aussitôt, se porta sur Kieran.

« Il bouge beaucoup. Tu veux toucher ? »

Lui demandai-je en posant ma main sur la sienne. Je ne voulais pas le forcer, mais j'avais envie qu'il partage ce moment merveilleux avec moi ; ce moment où j'allais, bientôt, donner la vie à un petit être innocent. Un être que j'aimerai de tout mon cœur et de toute mon âme, de la plus pure de toutes les façons possibles.

« J'aimerais bien que tu t'y habitues… » La tête de Kieran se redressa brusquement, que venait-elle de dire ? Est-ce que cela impliquer qu'elle le voulait plus dans sa vie ? De façon plus présente, plus intime ? Le regard pénétrant de Kieran détailla le visage de la jeune femme un moment. Il n'était pas sûr d'avoir compris, mais alors vraiment pas sûr. Voilà maintenant il était dans le doute et en même temps, il avait vraiment envie de plus avec la jeune femme, mais il craignait toujours d'avoir une relation sérieuse, il n'en avait pas eu depuis... depuis la mort de Shannon ce qui remontait à 7 ans. Une éternité ! Après une courte hésitation, il décida d'éclaircir les choses ou en tout cas de lui demander d'être plus claire.

" Qu'est-ce que tu veux dire par là ? " Sa voix n'était pas des plus assurées. Il appréhendait à présent la réponse à sa question.

La conversation dériva vers Nathaniel, son frère qui était aussi son principal souci, mais franchement, il préférait éviter le sujet épineux en cette fin d'après-midi. C'était un sujet beaucoup trop sensible et en venant ici, il espérait oublier un peu la situation. « Je suis désolée pour ton frère, Kieran. J'espère qu'il s'en remettra vite. Il faut lui laisser un peu de temps, sans doute. Mais je suis sûre que tout ira mieux prochainement. » Un sourire peu convaincu s'afficha sur son visage. Il espérait de tout son être que son frère irait mieux, mais il en doutait à la vue de ce qu'il avait vu tout à l'heure. Il n'avait pas l'impression qu'il avait envie de se battre, il semblait épuisé et totalement démoralisé. Ce qui démoralisait aussi Kieran. Toutefois, la sollicitude de Jailyn le toucha.

" Merci." Se penchant Kieran posa ses lèvres sur la joue de la jeune femme avant de s'éloigner doucement. Il n'avait pas réfléchi, c'était venu naturellement. Se grattant la gorge pour étouffer la gêne qui naissait en lui, Kieran posa la question qu'il avait en tête depuis un petit moment. La curiosité était présente ! Fille ou Garçon ? « C'est un petit garçon. Je pensais l'appeler Gabriel… Tu aimes ? » Un petit mec ! Gabriel, est-ce qu'il aimait ? La question le laissa pensif un instant. C'était joli oui. Il ne connaissait aucun Gabriel, ce serait le premier et quel premier !

" Oui, ça lui a certainement bien puisque c'est toi qui l'a choisi. Tu l'as choisi pour une raison particulière ?"

Son regard s'attarda sur son ventre arrondi. Ce petit gars serait là dans deux mois alors. C'était loin, mais à la fois proche. Ça allait surement changer beaucoup de choses pour Jailyn. « Il bouge beaucoup. Tu veux toucher ? " Un sourire éclatant apparut sur ses lèvres, il n'attendait que ça pour tout dire. Relevant les yeux vers Jailyn, il la détailla un instant.

" Avec grand plaisir. J'attendais que ça, en fait!"

Doucement, presque maladroitement, il posa sa main sur le ventre de Jailyn se rapprochant d'elle dans le canapé. Il essaya de ressentir le bébé, mais rien. Kieran releva la tête vers la jeune femme, grimaçant avec un sourire en coin.

" Ah ben bien sûr, maintenant il bouge plus ce petit... "

« Qu'est-ce que tu veux dire par là ? »

Naturellement, j’avais éviter de répondre à sa question en me contentant de sourire, amusée, avant d’hausser les épaules. Ainsi, la conversation se tournait sur un sujet bien plus délicat, soit le frère de Kieran, Nathaniel, qui souffrait visiblement beaucoup de son accident à cause du quel, il avait perdu de façon momentanée l’usage de ses jambes et, pour cela, il était révolté. Cela ne manquait pas de faire grogner Kieran, dans le rôle du grand frère. Et je le concevais totalement puisque, sans nul doute, j’aurais réagi de la même manière face à l’opposition de guérir de l’un des membres de ma famille. Et j’étais plutôt bornée, dans mon caractère. Il n’y avait qu’à voir où la vie venait de me mener : être enceinte sans aimer le père et garder le bébé malgré tout. Aussi rassurai-je tant bien que mal Kieran, même si je doutais que cela ait un véritable impacte.

« Merci. »

J’aurais aimé avoir des paroles plus fortes pour qu’il se sente mieux, qu’il puisse être apaisé, mais en vain. Les mots n’étaient décidément pas mon point le plus fort. Aussi détourna-t-il la conversation sur un autre sujet, soit le sexe de mon enfant. Je lui demandai avis sur le prénom de mon fils, celui que j’avais choisi seule. En même temps, je ne voulais pas en changer, peu importe que les gens apprécient ou non mon choix. Je n’étais plus à cela près dans les reproches, de toute façon.

« Oui, ça lui a certainement bien puisque c'est toi qui l'a choisi. Tu l'as choisi pour une raison particulière ? »

« A cause de l’Ange Gabriel, dans la Bible. Je me disais que ça lui porterait sans doute chance dans la vie... C’est un peu étrange, puisque les asiatiques sont normalement polythéistes. Mais comme j’ai été adoptée, j’ai appris à étudier les autres religions...Et j’ai toujours aimé ce prénom original. »

Je m’étais rendue compte uniquement à la fin de mon discours que j’avais beaucoup parlé pour ne rien dire, comme si je voulais justifier mon choix. Nerveusement, un sourire apparut sur mes lèvres, tandis que je replaçai une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Lorsque mon fils bougea, je proposai à Kieran de toucher mon ventre, s’il en avait envie.

« Avec grand plaisir. J'attendais que ça, en fait! »

Un rire sincère sortit de ma bouche, tandis que je laissai Kieran apprivoiser mon ventre rond. Ce n’était pas courant qu’un homme, qui n’était pas le père, puisse vivre ce genre de moment. Mais mon fils n’aura probablement jamais son père biologique à ses côtés, lorsque l’on sait de qui il s’agit. Je vivais donc avec l’idée de l’élever seule ; ou accompagnée par la suite des événements. Je fus songeuse à ce propos, jusqu’à ce que Kieran me coupe dans ma rêverie.

« Ah ben bien sûr, maintenant il bouge plus ce petit... »

« C’est parce qu’il ne te connait pas beaucoup. Il faut lui parler pour qu’il soit rassuré. »

Lui répondis-je en souriant, tandis que mes yeux toisèrent les siens. Ils étaient si beaux, si intenses. Dans ma contemplation, mon coeur s’accéléra. C’était comme si ce que je me tuais à ne pas remarquer me sauter littéralement au regard, sans que je n’y puisse quoique ce soit. Je fus gênée, littéralement, de mon état physiologique. Les hormones ? Pas si sûre. Devais-je oser lui parler de ce que je ressentais depuis un moment ou devais-je me taire ? Et risquer de le laisser filer, si jamais il y avait une infime chance que ce soit réciproque ? Non, ça faisait trop mal. Il fallait que je sache. Nerveusement, je me mordis la lèvre avant d’inspirer. Puis, je lâchai enfin le morceau.

« Kieran, il faut que je te dise que... Voilà... Depuis quelques temps, j’ai remarqué que ta présence me manquait terriblement. Et, quand je te vois comme maintenant, cela ne fait que confirmer que... Je n’arrête pas de penser à toi. Et je... enfin, tu vois... J’suis pas douée pour ce genre de choses mais... Tu me plais. Vraiment beaucoup... Et j’aimerais savoir si j’ai une chance... ou pas... »

Cette fois-ci, mes yeux avaient fui pour regarder droit devant moi les diverses boissons posées sur la table, tandis que mon coeur continuait de battre la chamade. Les dés étaient jetés, dès à présent. Cela ne dépendait pas que de moi.

Sa question pour éclaircir leur discussion sur s'habituait à tel ou telle chose resta sans réponse au grand désarroi de Kieran. Il se contenta d'acquiescer devant sa réaction. Après tout, il ne pouvait pas la forcer à se confier et étalait ses envies et surtout ses sentiments alors que lui le premier n'était pas doué pour le faire. La conversation terminée sur Nathaniel, elle dévia vers un sujet beaucoup plus léger et heureux. « À cause de l’Ange Gabriel, dans la Bible. Je me disais que ça lui porterait sans doute chance dans la vie... C’est un peu étrange, puisque les asiatiques sont normalement polythéistes. Mais comme j’ai été adoptée, j’ai appris à étudier les autres religions...Et j’ai toujours aimé ce prénom original. » Elle était tellement enthousiaste à l'idée de l'appeler comme ça que ce prénom était fait pour ce petit quoique quiconque en dise. Il allait lui coller à la peau. Quand elle lui proposa de poser sa main sur son ventre pour sentir ce petit bout, il n'hésita pas une seconde, même si c'était peut-être pas très naturel pour lui. Un brin excité à l'idée de sentir cet instant particulier, le sentir bouger rendrait les choses plus réelles, mais à son grand désarroi, rien ne se passa, comme si ce bébé avait senti que c'était un étranger qui toucher le ventre de sa mère. Kieran essaya encore un peu de le sentir, bougeant sa main sur le ventre de Jailyn sans résultat. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Zut ! « C’est parce qu’il ne te connait pas beaucoup. Il faut lui parler pour qu’il soit rassuré. » Lui parler ? Un rire s'échappa de la gorge de Kieran. Il avait vraiment du mal à s'imaginer parler à un ventre. Certes, à l'intérieur il y avait un petit être, mais là de suite, il ne voyait qu'un ventre, alors il aurait vraiment du mal à parler sans avoir l'air complètement stupide.

" J'essaierais... un jour... mais ça sera surement plus naturel le jour où il sera sous mes yeux."

Son visage n'était pas loin de celui de Jailyn, son corps non plus d'ailleurs. Son regard s'était plongé tout naturellement dans celui de la jeune femme. Kieran fronça les sourcils en se rendant compte qu'elle semblait perdue dans son esprit... Elle était tendue tout à coup. Surpris par ce changement, Kieran retira sa main de son ventre et s'éloigna légèrement d'elle. Qu'avait-il fait ? Qu'avait-il dit ? « Kieran, il faut que je te dise que... Voilà... Depuis quelques temps, j’ai remarqué que ta présence me manquait terriblement. Et, quand je te vois comme maintenant, cela ne fait que confirmer que... Je n’arrête pas de penser à toi. Et je... enfin, tu vois... J’suis pas douée pour ce genre de choses mais... Tu me plais. Vraiment beaucoup... Et j’aimerais savoir si j’ai une chance... ou pas... » Wouah, ça il ne s'y attendait pas... Il s'attendait à tout sauf à ça. Une étrange sensation se répandit en lui, une chaleur qu'il connaissait, qu'il avait déjà ressenti y a très longtemps, trop longtemps même... Une sensation qui le terrifiait parce que cela impliquer beaucoup de choses... Une sensation qu'il repoussait sans cesse depuis des années maintenant, mais peut-être était-il temps d'avancer. Et il devait admettre qu'il voulait avancer aujourd'hui et surtout avec Jai. Ce qu'elle venait de décrire, il le ressentait aussi. Alors, il fallait qu'il réagisse ! Là de suite il n'avait envie de faire qu'une chose et il s'autorisa à agir selon son envie, il pouvait maintenant qu'elle venait de dire ça. Kieran posa une de ses mains libres sur le dossier du canapé et l'autre vint se poser sous le menton de Jailyn pour qu'elle tourne la tête vers lui à nouveau. Une fois son regard dans le sien, il afficha un doux sourire et se pencha pour poser ses lèvres sur les siennes. Le baisé fut doux au départ, mais Kieran l'accentua avant de reculer pour reprendre son souffle.

" Est-ce que cela répond à ta question ?" Maintenant, c'était à lui d'attendre une réaction de Jai. Avait-il bien fait d'agir selon son envie ? Voulait-elle plus que des gestes ? Surement ! Prenant une inspiration, Kieran ouvrit la bouche.

" Au cas où, ça n'aurait pas suffi, je suis dans le même état d'esprit que toi Jai. Je suis bien avec toi, je pourrais passer des journées entières à parler avec toi et à t'envoyer des messages. Je savais juste pas comment aborder les choses avec toi et c'était peut-être pas le bon moment." Ses yeux se posèrent furtivement sur son ventre.

« J'essaierais... un jour... mais ça sera surement plus naturel le jour où il sera sous mes yeux. »

Je comprenais parfaitement la situation de Kieran. Parler à un ventre ne devait pas être la chose la plus évidente à faire lorsqu'il ne s'agissait pas du notre. Il y avait beau y avoir un enfant à l'intérieur, l'expérience demeurait étrange et hors norme pour une personne extérieure au cocon familial ; bien que le cercle s'avérait restreint. Heureusement, j'avais Camelia, Alex et Noé pour s'occuper de moi. Et puis, j'avais aussi des amis tels que Beth, Elias ou même Kieran, malgré le fait que je ne lui ai pas vraiment donné signe de vie pendant plusieurs semaines. C'était bizarre comme sensation. Parce que, même si le silence avait été présent et que les messages ne fusaient pas tous les jours, je me sentais incroyablement proche de lui. Plus même, j'avais envie de partager plus que de l'amitié à son égard. Une réaction que certains qualifieraient d'hormonale, mais j'étais persuadée qu'il n'en était rien. Non, c'était autre chose qui me tiraillait. Une émotion un peu plus forte que de la simple attirance manipulée par mes hormones.

Aussi, malgré tout, décidai-je de lui avouer ce qu'il se tramait pour moi. Et ce ne fut pas facile, étant donné le nombre de fois où mes phrases n'étaient pas complètes. Gênée, je baissai les yeux à la fin de ma récitation sur le vif. Décidément, il fallait que ma langue parle plus vite que mon cerveau. Quelle idiote ! Une des mains de Kieran passa derrière moi, sur le dossier du canapé, tandis que l'autre se posa sous mon menton. Je fus surprise et décidai de tourner la tête, lui faisant face en dépit de ma gêne occasionnée par mon manque de distance. Toutefois, mes craintes s'envolèrent aussitôt que son sourire s'afficha et que son visage s'approcha du mien. Lorsque ses lèvres se posèrent sur les miennes, mon cœur rata un bond gigantesque. Je fermis les yeux pour en apprécier la saveur, tandis que le baiser s'approfondissait. Ce n'est que plusieurs secondes après que nous nous reculâmes afin de reprendre notre respiration respective.

« Est-ce que cela répond à ta question ? »

Un sourire sincère naquit sur mes lèvres, tandis que je sentais mon cœur taper contre ma poitrine à vive allure. Au même instant, Gabriel n'hésita pas à se remuer un peu, comme s'il avait senti qu'il se tramait quelque chose de nouveau pour moi. Mes yeux se baissèrent une fraction de seconde, avant de les redresser dans ceux de Kieran. Je ne réalisais pas encore ce qu'il venait de se passer entre nous. Néanmoins, j'avais envie d'être sûre que je ne rêvais pas ; et le silence actuel ne me permettait pas d'en décider. Fort heureusement pour moi, ce fut Kieran qui reprit la parole en premier, me confirmant ce que je ressentais.

« Au cas où, ça n'aurait pas suffi, je suis dans le même état d'esprit que toi Jai. Je suis bien avec toi, je pourrais passer des journées entières à parler avec toi et à t'envoyer des messages. Je ne savais juste pas comment aborder les choses avec toi et ce n'était peut-être pas le bon moment. »

Il posa alors furtivement ses yeux sur mon ventre rond. J'en fis de même, tandis que l'une de mes mains vint à le caresser, un sourire mitigé sur les lèvres. J'étais heureuse et triste à la fois. Un sentiment bien étrange. Néanmoins, je ne voulais pas laisser à Kieran croire de mauvaises choses. Aussitôt, mes yeux se redressèrent dans les siens et je lui pris la main, la caressant avec le pouce. Un sourire tendre apparut sur mes lèvres.

« Je comprends. La situation peut sembler délicate. Mais comme tu le sais, le père biologique n'aura pas son rôle à jouer dans la vie de son fils. C'est impossible pour lui. Alors, je me suis préparée à élever cet enfant seule ou accompagnée, mais pas avec le père biologique. Après, je ne te demande pas d'accepter ce rôle si tu n'en as pas envie. Parce que, si tu te mets avec moi… Tu ne devras pas seulement m'accepter moi. Tu devras aussi accepter mon enfant. Et je sais à quel point c'est terrifiant. »

En somme, il était encore temps pour lui de se retirer s'il ne se sentait pas prêt à assumer un rôle de "père de substitution" envers mon fils. Je pouvais le comprendre. En acceptant d'avoir cet enfant, j'avais fait le choix de risquer de sacrifier mes envies personnelles et ma vie de femme auprès d'un homme. Naturellement, j'avais envie que Kieran reste auprès de moi et qu'il ait envie d'avoir ce rôle de guide masculin pour Gabriel. Hélas, je ne pouvais pas le forcer. Malgré la crainte qui se lisait sur mon visage, celle d'avoir espéré pour rien, je gardais un faible sourire en guise d'espoir. Je connaissais la situation de Kieran, la mort de sa fiancée, ses relations instables… Moi, j'avais besoin d'un homme à mes côtés, qui m'aime pour qui je suis et qui accepte le rôle de père, aussi effrayant que cela pouvait être pour lui.

Il l'avait embrassé sans vraiment réfléchir à l'après, mais comment aurait-il put réfléchir alors qu'elle venait de lui dire certes avec un peu de difficulté, mais elle lui avait dit quand même qu'elle voulût une histoire avec lui. Alors, il avait saisi sa chance puisque c'était aussi ce qu'il voulait. Il le voulait oui, mais arriverait-il à gérer une relation avec Jailyn, mais en plus un petit bonhomme qui allait arriver bientôt. C'était la question qu'il se posait à présent. Son regard sur son ventre avait dû le faire comprendre à la jeune femme, puisqu'elle passa une main sur ce dernier. Etait-il prêt à tout ça? À voir entrée un petit bébé, même si ce n'était que dans deux mois ? Arriverait-il à faire face ? Son esprit fonctionnait à toute vitesse. Cherchant à se projeter dans un futur qui semblait à présent très proche... deux mois c'était court mine de rien. La main de Jailyn attrapa la sienne, ce qui eut pour effet de lui faire redresser la tête. « Je comprends. La situation peut sembler délicate. Mais comme tu le sais, le père biologique n'aura pas son rôle à jouer dans la vie de son fils. C'est impossible pour lui. Alors, je me suis préparée à élever cet enfant seule ou accompagnée, mais pas avec le père biologique. Après, je ne te demande pas d'accepter ce rôle si tu n'en as pas envie. Parce que, si tu te mets avec moi… Tu ne devras pas seulement m'accepter moi. Tu devras aussi accepter mon enfant. Et je sais à quel point c'est terrifiant. » Terrifiant ! C'était bien le mot. Il voulait bien le reconnaitre là. Y a encore quelques heures, il était un célibataire endurci sans relation sérieuse depuis des années et là, à présent, il devait prendre la décision de savoir si oui ou non, il s'engageait dans une relation avec Jai, mais aussi avec un enfant. Son regard fixa un long moment Jailyn avant de tomber sur leurs mains jointes avant d'aller jusqu'à son ventre. Etait-il assez responsable pour tout ça? Oh, il l'était responsable dans sa vie de travail, mais l'était-il assez pour devenir un semblant de père ? Et son père biologique, elle disait qu'il ne prendrait pas part à sa vie, mais était-ce réellement le cas ? Il ne voulait pas prendre ce rôle, si on devait le lui prendre plus tard. Il ne voulait pas s'engager pour tomber au plus bas par la suite. Il était terrifié en effet. La peur de reprendre une vie avec quelqu'un et de la perdre à nouveau.
Le silence était pesant, Kieran savait qu'il devait parler, prendre une décision, mais il ne pouvait pas le faire sans avoir bien pris tout en compte. Il aimait vraiment Jailyn. Avait-il envie de prendre le risque et de tentait ça chance ? C'était ça la vraie question... Et la réponse s'imposa à lui. Il guida leurs mains vers son ventre pour les poser jointes dessus avant de redresser la tête pour planter à nouveau son regard dans le sien. Un regard beaucoup plus serein.

" Je ne vais pas te dire que tout ça met naturel. J'avais pas prévu une telle chose dans ma vie où au pire j'aurais eu 9 mois pour m'y habituer... Mais si être avec toi, signifie être aussi responsable de ce petit bonhomme, je crois que je veux bien essayer. Après tout me reste deux mois pour me faire à l'idée, même si c'est court, c'est déjà ça."

Sa main caressa son ventre doucement, son regard fixé toujours à celui de Jai. Son visage s'approcha à nouveau du sien, pour reposer ses lèvres contre les siennes.

Me mettre en couple n'avait jamais été une priorité dans ma vie. Depuis aussi loin que je m'en souvienne, je faisais partie de ses femmes qui refusaient l'idée de dépendre d'une autre personne. D'autant plus que, au collège et au lycée, j'étais considérée comme une pestiférée. Mon ethnie effrayait particulièrement les incultes. Ainsi, j'étais restée vierge jusqu'à ce que je me prenne en main et m'engage à poursuivre des études universitaires. J'avais toujours été brillante dans mes études. Toutefois, ce n'est qu'à partir de cette période de mon existence que les hommes commencèrent à poser un regard intéressé sur mon être. Naturellement, j'avais voyagé d'échec amoureux en échec amoureux. Dégoûtée par les attitudes de mes amours échus, je m'étais promis de faire attention. Sauf que, malgré tout, j'étais un véritable cœur d'artichaut, hélas pour moi. C'est à cause de cet organe que je suis tombée sous le charme d'un homme qui ne me considérait que comme la gentille amie, comme ce fut le cas pour la Légende d'Ondine la Sirène. Eprise d'un être humain, elle sacrifia sa voix auprès de la Sorcière des Mers pour avoir deux jambes. Des jambes qui lui faisaient atrocement mal ; Chaque pas étant une véritable torture. Toutefois, elle accepta d'apprendre à danser pour son Prince, qu'elle avait jadis sauvé de la noyade en tant que Sirène. Hélas pour elle, il rencontra une Princesse bien jolie et décida de l'épouser. Dévastée, elle se suicida en se jetant dans l'Océan, ne sachant pas nager en tant qu'Humaine, sous les yeux horrifiés de sa famille. Puis, Ondine se sentit flottée et s'envola dans les airs. Retrouvant sa voix pure et cristalline, elle devint l'un des Anges de notre monde et chante actuellement les mélodies divines à travers les nuages.

J'avais toujours aimé cette histoire, bien qu'elle fût un brin tragique. Cela ressemblait, en quelque sorte, à ma vie d'avant. Toutefois, pour la première fois depuis des années, je m'étais sentie suffisamment en confiance avec Kieran pour lui ouvrir mon cœur et oser prétendre vouloir voler le sien. Petit à petit, il avait marqué son territoire dans mon esprit, effaçant les fantômes du passé. Et, aujourd'hui, j'attendais avec patience sa réaction. Parce que, bien évidemment, la situation s'avérait des plus compliquée. J'étais enceinte de sept mois d'un homme capable de meurtres, ou pire encore. Mon fils, Gabriel, serait élevé sans doute sans lui. Mais je ne pouvais pas lui masquer le fait que son père biologique n'était pas l'homme qui partageait mon cœur. Du moins, si ce dernier acceptait le rôle de père de substitution, ou plutôt père de cœur, pour mon enfant. Et cela pouvait s'avérer déconcertant. En guise de réaction, Kieran se saisit de ma main et il la posa, avec la sienne, sur mon ventre rond. Mes yeux cherchèrent alors son regard, afin de mieux déceler la réponse que j'attendais avec crainte.

« Je ne vais pas te dire que tout ça met naturel. J'avais pas prévu une telle chose dans ma vie où au pire j'aurais eu 9 mois pour m'y habituer... Mais si être avec toi, signifie être aussi responsable de ce petit bonhomme, je crois que je veux bien essayer. Après tout me reste deux mois pour me faire à l'idée, même si c'est court, c'est déjà ça. »

Je sentis alors sa main caresser mon ventre rond, avant de venir m'embrasse. Naturellement, j'appuyai d'avantage le baiser. Mon cœur dans ma poitrine s'accéléra à une folle allure, tandis ma langue réclamait la sienne dans une danse enflammée. Pour la première fois depuis longtemps, je me sentis en paix avec moi-même. Mais le baiser du prendre fin, sans quoi je risquais la suffocation. La respiration haletante, les yeux dans les siens, je souris de toutes mes dents blanches avant d'émettre un rire un peu gêné. J'étais persuadée que nous accomplirions de grandes choses tous les deux ; Mais le temps au temps.

« J'ai l'impression de rêver… »

Murmurai-je doucement entre mes lèvres, tandis que ma main vint caresser son visage. Mon sourire ne disparaissait pas. Je me sentais bien ; Sereine. Je pouvais envisager un avenir moins houleux. En effet, être mère célibataire exigeait pas mal de sacrifices personnels. Et, bien que je fusse prête à faire ce qu'il fallait pour mon enfant, me savoir épaulé par un homme dans ma vie me réconfortait grandement. C'est donc paisiblement que je déposai un baiser plus chaste, du bout des lèvres, sur la bouche de Kieran. Une sensation de bienêtre m'envahit alors, tandis que ma main redescendit sur la sienne pour mêler nos doigts ensemble.

Cette décision était l'une des plus importantes de sa vie, un tournant non négligeable, comme quand il avait pris la décision de quitter son pays pour venir vivre ici, à San Francisco. Cela avait été un changement de vie impulsif, mais un choix qu'il ne regrettait pas. Il l'avait eu dur, il avait eu des doutes, des échecs, mais à imaginer ce que sa vie aurait pu être s'il était resté en Nouvelle-Zélande, il ne regrettait pas. Alors, aujourd'hui était encore une date à marquer d'une pierre blanche. Il ignorait ce qui l'attendait, comment ça allait se passer, où ils en seraient dans deux mois, dans un an, mais il était prêt à sauter dans le vide, dans l'inconnu. Et quel inconnu ! C'était flippant et excitant à la fois. Il faudrait aussi qu'il gère le fait de ne pas être le vrai père de cette enfant et le fait que son vrai père pourrait malgré ce que lui avait dit Jai, vouloir prendre sa place auprès du bébé. Comment allait réagir sa famille aussi ? C'était plein d'inconnus. Mais sa décision fut presque naturelle. Il voulait être avec elle. Essayer de voir où cela allait les mener. Le baisé échangé fut intense et enivrante. À voir le sourire qu'elle lui destiner, il était sûr d'avoir fait le bon choix. « J'ai l'impression de rêver… » Kieran rit à ce murmure.

" Ce n'est pas le cas !" Sa tête se pencha sur le côté, s'appuyant sur sa main qui se trouvait contre son visage. Kieran profita du moment, sans rien dire, juste un échange de baisé furtif et de caresse. C'était des moments privilégiés qu'il n'avait plus partagés depuis longtemps. Au bout d'un moment, il se redressa dans le canapé et lâcha Jai. Trop d'émotion tout à coup !

" Bon, on le boit ce verre, tout ça m'a assoiffée."

Il se pencha toujours souriant comme rarement et se servit un verre de coca avant de se pencher vers Jai attendant de savoir ce qu'elle voulait.

" Tu es en arrêt jusqu'à l'accouchement ?"

Ce soir, il ne pourrait pas rester très longtemps et même s'il aurait préféré le contraire. Pouvoir parler, pouvoir avoir une discussion approfondie sur eux. Malheureusement, il était de poste très tôt demain, mais il espérait pouvoir revenir la voir dans la semaine et surtout très tôt, le plus tôt possible. Enfin, si elle le désirait aussi.