Encore dans les bras de Morphée, la tête positionné sur le coussin, les cheveux en bataille et le corps à moitié dénudé, j'étais affalé dans mon lit douillet, seul, lorsque mon téléphone portable se mit à vibrer violemment sur la petite commode en verre à côté de moi. La veille, j'étais resté éveillé jusqu'au petit matin, perdu dans des compositions diverses que je tentais de gérer au mieux. Quand l'inspiration est présente, il faut la saisir plutôt que d'espérer la retrouver le lendemain. Car cette vicieuse est capricieuse, naturellement, et elle ne m'accompagnait que rarement ces derniers jours. Toutefois, cela me faisait du bien de m'évader de la réalité. Sauf que, bien évidemment, je n'avais pas envie de regarder le téléphone. Qui pouvait bien me déranger à cette heure-ci ? Grognon et à moitié réveillé, j'attrapai l'objet perturbateur de mon sommeil. Lorsque je vis qu'il s'agissait d'un message d'Elias, cela me fit l'effet d'une baffe. On n'avait pas beaucoup eu l'occasion de discuter, ces derniers jours, malgré le terrible séisme qui avait terrassé une partie de la ville. Aussitôt, je me redressai dans mon lit et je me mis à lire le contenu du SMS.

Code:

Salut !
Viens dés que tu le peux à la maison.
Eli

Je détestais lorsque mon jumeau prenait une intonation pareil et s'exécutait à laisser planer le mystère autours de lui. Je pris le soin de regarder alors l'heure indiquée sur mon téléphone portable. Cela ne me faisait que trois heures de sommeil, tout au plus. Si je voulais garder un minimum d'attention pour la suite des événements, je savais que je devais prendre une bonne douche afin de me réveiller. Bâillant, la bouche grande ouverte, je m'étirai quelque peu. Toutefois, je me sentais tendu. Quelque chose ne tournait pas rond. Et plus je lisais le message de mon frère, plus j'avais une sensation désagréable qui m'envahissait. Cela ne laissait rien présager de bon, tout ça. Aussitôt, je lui répondis.

Code:

Hello !
Je me dépêche. Juste le temps de prendre une douche et j'arrive.
Cam

Sautant presque de mon lit, je me précipitai dans la salle de bain. Etrangement, je sentis mon cœur s'accélérait dès que je repensais au message de mon frère. J'espérais qu'il ne se passait rien de grave pour lui ; Depuis l'annonce de son problème avec cet "Aaron Carter", je ne cessais d'imaginer le pire pour lui et les enfants. Bien que je ne lui en faisais pas part et ne prenais pas forcément régulièrement de ses nouvelles, chacun ayant sa vie, il restait mon jumeau. Et, même si nous étions parfois remplis de tensions, il restait ma moitié. Un lien si indescriptible ne pouvait s'effriter, même pas à cause du temps. Aussi étais-je persuadé que, malgré les épreuves traversées, nous étions toujours aussi proches l'un de l'autre, quelque part dans nos cœurs.

L'eau chaude sur ma peau me fit le plus grand bien. Toutefois, je ne cessais d'imaginer les pires catastrophes dans mon esprit, ce qui provoquait parfois des coups d'électricité dans mon corps. Sortant de la douche, je pris une boîte de médicaments posée sur le rebord de l'évier. Il s'agissait toujours d'antidouleurs et d'antidépresseurs. Naturellement, j'en gardais toujours sur moi aussi. Même si je n'en parlais à personne, j'avais encore du mal de faire mon deuil d'Amber et de l'accident. Cela autant psychologiquement que physiquement. Je demeurais plutôt fragilisé par ce décès si brutal, malgré le fait que je sois heureux avec Eve. Une fois les pilules avalées, je m'empressai d'enfiler un boxer, des chaussettes, un jean et un pull noir. Entre deux, j'appelai un taxi car, bien évidemment, je refusais encore de conduire un véhicule. Je séchai rapidement mes cheveux rebelles avant de filer dans l'entrée de la villa. Je mis mes chaussures et mon manteau, avant de m'éclipser dehors. La voiture jaune était là, prête à m'embarquer ; Ce qu'elle fit.

Une fois devant la demeure familiale, je payai le chauffeur et je descendis. Pourtant, je fus incapable de marcher. Il régnait là une atmosphère étrange. Depuis combien de temps n'étais-je pas revenu ici ? Il faut dire que nos relations parentales se limitaient à peu de contactes. La dernière fois, Adam habitait encore dedans. C'était la seule raison de ma venue, d'ailleurs. Généralement, ce lieu ne représentait ni fêtes ni retrouvailles. Juste un silence mortuaire de la part de notre famille. Des années de tortures mentales pour essayer de comprendre. Au final, sans doute n'y avait-il rien qui justifiait un pareil acte. Aussi soupirai-je avant d'oser m'aventurer jusqu'à la porte principale. Elias y vivait momentanément. Depuis le séisme, son appartement avait été dévasté. Pour les jumeaux, c'était plus simple de vivre ici en attendant qu'ils puissent se reloger convenablement. Je frappai aussitôt assez violemment, histoire de ne pas me faire prendre pour un voleur, et j'entrai dans la maison familiale. Depuis le couloir, je préférai prévenir de mon arrivée.

« C'est moi, Eli. »

Dis-je avant d'enlever mon manteau et de le poser sur le porte-vêtements. Toutefois, je remarquai les photographies sur le sol avec les cadres. On aurait dit un ouragan qui avait tout dévasté sur son passage. J'haussai un sourcil, surpris, avant de m'avancer jusqu'au salon pour y retrouver Elias, près de la fenêtre.

« Y'a eu une tornade ici ? »

Demandai-je en scrutant l'horizon, un peu surpris. Je ressentis la peine de mon jumeau. Cela me poignarda le cœur avec une violence jamais connue, ou presque. Comme si toute la peine du monde s'abattait sur ses épaules. J'eusse du mal de déglutir, tant l'atmosphère me paraissait pesante et électrique. Inquiet, je voulus en savoir d'avantage.

« Eli… Qu'est-ce qui se passé ? »

Pas la peine de me mentir, je le saurais bien évidemment. Quand notre moitié détourne la vérité ou ne la dit pas, on le sent tout de suite. Je ne me sentais pas bien, étrangement. C'était une situation vraiment bizarre. J'espérais qu'il puisse m'en révéler d'avantage que lors de son message, bien trop court à mon goût d'ailleurs.

Décidément, le message de mon frère laissait trop de suspens pour moi. Et, malgré tout, je ressentais une sensation étrange me parcourir le corps à la vue du carnage de la maison familiale. Je savais qu’Elias s’avérait impulsif lorsqu’il était en proie à des émotions fortes et intensives. Du coup, savoir qu’il était dans un tel état me fit me sentir mal à l’aise en ce lieu qui, jadis, était notre repère à tous les trois. Le temps heureux de notre enfance me parut subitement bien loin. Nous n’avions pas de parents pour nous aimer tous les jours, toutefois je me dis que nous aurions pu être plus tristes que cela. Après tout, nous avions veillé les uns sur les autres et cela avait créé un lien plus fort entre nous, qui n’étions que des frères. Pourtant, je me sentais moins proche d’eux qu’auparavant. « Salut ! Une tornade au nom d'Elias. Suis moi si tu veux, on va avoir besoin de café, t'as une aussi mauvaise tête que moi, Eve te fatigue à ce que je vois. » J’haussai un sourcil. C’est bien ce que je craignais : c’est lui qui avait massacré les photos de la famille et délaissé les médailles de notre père sur le sol froid de la villa. Toutefois, je me contentai dans un premier temps de hocher la tête affirmativement en ce qui concernait le café. Je devais admettre que cela ne pouvait pas être d’un totale refus puisque je n’avais guère dormi. Néanmoins, il ne s’agissait pas d’Eve. Je souris alors gentiment, arrivé au salon. Il posa sa main sur mon épaule avant de partir pour la cuisine, ce qui me fit étrange. Nos relations étaient tendues, depuis quelques mois maintenant. Et mon jumeau me manquait. Ne me doutant de rien, je pris la parole.

« Ce n’est malheureusement pas Eve mais mes compositions qui m’ont mis dans un tel état de décomposition... Vive le manque de sommeil. » Répondis-je avant de m’asseoir sur le canapé, laissant Elias préparer le café comme il se devait. J’entendis alors les enfants pleurer, à l’étage, mais cela ne dura pas longuement. Aussitôt, mon jumeau réapparut. Son visage, son corps, tout me semblait livide désormais. Je ne comprenais pas pourquoi... et cela me glaça le sang. Je le laissai alors déposer le plateau sur la table, tandis que mon regard se perdit dans la contemplation extérieure par la fenêtre. Tout était calme, presque morne. La vie me semblait étrange, en ce moment. Je ne comprenais pas toujours ce qu’elle me réservait.

« Adam doit venir aussi mais je ne sais pas quand » Sa voix me surprit. Son soupire aussi. J’arquai un sourcil avant de regarder mon jumeau qui but une gorgée de café, ce que je fis aussi. Le silence me paraissait pesant, subitement. Qu’est-ce qu’il pouvait nous dissimuler de la sorte sans oser le formuler à voix haute ? Et pourquoi tant de mystères ? Je le vis alors partir dans la cuisine et laisser tomber la tasse de l’évier. Ce bruit me fit sursauter. Je me dirigeai alors vers lui et l’aperçus, tête basse, s’appuyer contre le rebord. « Eli... » Murmurai-je à demi-mot, tandis qu’il reprit la parole aussitôt, me coupant dans mon élan. « Heaven a été déclaré morte même s'ils n'ont pas retrouvé le corps ou la moindre trace d'elle, comme tu vois je suis maudit, ça ne fera que la troisième. Mais ce n'est pas pour ça que je vous ai demandé de venir toi et Adam... » J’ouvris la bouche, mais je ne sus pas réellement quoi répondre. Alors, instinctivement, je m’approchai de lui, le visage triste. Je me sentis si triste pour lui, mais je ne savais pas comment l’exprimer. Pourtant, je pouvais le comprendre mieux que personne. Moi aussi j’avais perdu une personne chère à mon coeur. Amber... Elle me manquait, tous les jours, malgré l’amour que je portais à Eve. Je posai ma main sur son épaule et il se retourna, me fixant.

« C'est le colonel.... Il est mort... Ils ont retrouvé son corps sous des décombres hier » Ma main tomba. Mon visage se décomposa sans doute, sous le poids de l’émotion. Aussitôt, je me dirigeai de quelques pas dans le salon, sans comprendre pour quelle raison. J’avais besoin de m’asseoir, et vite. Comment ça, il était mort ? Ce n’était pas possible... Non. Impossible. Je passai ma main sur ma nuque, la frottant au passage, puis je pris mon visage entre mes mains avant de les laisser tomber à nouveau. Je rejoignis alors Elias dans la cuisine, choqué. Déboussolé. Anéanti. « Je me charge de le dire à Adam dés son arrivé, ça sera plus simple je pense. Il va falloir prévoir l'enterrement et tout ce qu'il va avec par contre je te préviens je n'appellerai pas notre génitrice, au pire je demanderai une fois l'enterrement passé à Blake d'appeler du commissariat, je ne veux pas la voir lors de l'enterrement même si elle était encore sa femme, elle a rien à faire à nos côtés ce jour-là» Je fronçai alors les sourcils. Personnellement, je n’étais pas d’accord avec lui. C’était Elias tout craché. Comment pouvait-il parler de ça alors qu’il venait de me dire que notre père, la chair de notre chair, était mort ? Je croisai les bras, le fusillant du regard. Toutefois, la voix d’Adam me surprit. Je me retournai, les yeux embrumés de larmes. « Elias ? Qu’est-ce qui se passe ? Les petits vont bien ? » Je regardai alors mon jumeau. Il tenait à le lui dire. Et, personnellement, je n’avais pas la force de m’exprimer en ce moment. Que ce soit sur la mort du Colonel ou sur l’enterrement. J’étais trop triste pour cela. Tout se chamboulait dans ma tête...

J’étais abattu, complètement perdu entre le monde réel et le reste de ma vie. Depuis la mort d’Amber, il faut dire que je n’avais plus aucun goût à rien. Tout me semblait fade, illusoire et navrant. Cette nouvelle n’arrangeait pas sincèrement mon état d’esprit. Selon un spécialiste, j’étais probablement déjà en dépression nerveuse. Toutefois, je refusais clairement de l’admettre ; le dire à voix haute était donc inutile pour ma part. Encore fallait-il que je parvienne à y croire, également. Dans mon esprit, cela résonnait encore. Je me disais que notre père ne pouvait pas être mort. C’était impensable. Improbable. Non, ils allaient le retrouver, n’est-ce pas ? Il allait arriver, franchissant le pas de la porte, et nous sourire que tout allait bien. Plus j’y pensais et plus les larmes me montaient aux yeux, tandis que les voix de mes frères, discutant entre eux, me parurent bien lointaines. Jamais je n’avais dit au Colonel que je lui pardonnais ses longues années d’absence. Pas une fois je m’étais prononcé là-dessus. J’aurais au moins aimé me mettre en colère, lui dire, lui crier dessus, pour enfin accepter de lui offrir la rédemption... Mais c’était trop tard. Il était parti bien trop tôt, comme Amber. Je passai alors ma main tremblante et fébrile sur mon visage. Puis je tentai d’écouter la conversation. Elias et Adam parlaient de notre génitrice.

Comme eux, je ne l’appréciais pas sincèrement. Elle nous avait abandonnés depuis tous petits pour ne jamais revenir, laissant le pauvre Colonel seul face à nous et ses responsabilités de militaire. Décidément, la situation était bien délicate. Reprenant mes esprits, je poussai un léger soupire, tentant de cacher les sanglots étouffés dans ma voix. « Je suis du même avis qu’Adam. Elle a le droit d’être mise au courant, au moins, et de participer à l’enterrement si elle le souhaite. C’est sans doute ce que le Colonel aurait voulu... » Dis-je, tentant de rester calme. Une larme s’échappa de mes yeux, tandis que j’évoquai notre père. Cela me fit un mal de chien dans la poitrine, comme un violent coup de poignard. J’étais appuyé contre le canapé. A mon tour, je croisai les bras et je me mis à fixer le sol dur et froid de la villa où nous avions grandi. Plus tard, il faudrait se charger des affaires de notre père. Et qui viendrait habiter ici, par la suite ? Ce n’était pas encore le moment d’y songer. D’autant que, malgré tout, Elisa avait son mot à dire dans cette situation. « Je peux la prévenir, si vous le souhaitez. » Je savais que mon jumeau était incapable de lui téléphoner sans se mettre en colère. Et puis, il avait assez de problèmes comme cela, notamment entre Aaron et la disparition de Heaven, sans compter ses propres enfants. Quant à Adam, je voulais le protéger de tout ceci. Même si nous étions encore en froid au sujet de ma bisexualité inavouée, il demeurait mon petit frère quoiqu’il advienne de la suite.

Je redressai alors mon regard larmoyant sur mes frères. Comment faisaient-ils pour ne pas craquer, en ce moment ? Je ne demandais que cela, pouvoir faiblir et m’enfoncer aussi profondément que possible dans les méandres de la tristesse. D’ailleurs, je sentais qu’à force de contenir, j’allais craquer. Mais pas de la bonne manière. Je tentai alors de respirer tant bien que mal, gardant mes larmes pour moi. Avions-nous le droit de ne pas pleurer ? « Il est mort... » Répétai-je alors à voix haute, comme pour m’en persuader. Mes ongles s’enfoncèrent alors dans ma peau, tandis que mon regard océan vaguait sur le sol fixement. Puis, je sentis l’eau salée perler sur mes joues avant de s’écraser sur le sol. Voilà, j’avais osé. J’étais en larmes, totalement désespéré par cette nouvelle. Une mort de trop à supporter...

Les derniers moments passés avec notre père, le Colonel, n’avaient pas été des plus heureux. Il faut dire que je ne m’étais jamais véritablement exprimé sur la situation. J’avais toujours préféré le silence qui s’était installé entre nous plutôt que des mots douloureux à son égard et que, probablement, j’aurais regrettés. J’avais toujours été comme cela sur ce que je ressentais, de manière générale. Parfois, le fait d’être peu impulsif pouvait s’avérer une bonne chose. Toutefois, ne rien dire n’arrangeait pas les événements. Jamais je ne lui avais pardonné, d’une certaine manière. Je ne pourrai plus lui dire à haute voix que je ne lui en voulais pas, que je comprenais ses choix et que j’avais accepté le fait de ne pas avoir une enfance aussi heureuse que les autres. Bien sûr, je ne regrettais pas d’avoir élevé Adam aux côtés d’Elias. C’était juste difficile. D’autant que, aujourd’hui, je nous sentais tous nous éloigner. Finalement, ce décès nous rapprocherait peut-être un peu... Même si j’aurais préféré que notre père soit encore vivant. Les larmes coulaient le long de mes joues et ma poitrine tambourinait violemment ; C’était violent de se dire que jamais nous ne connaîtrions vraiment le Colonel. « Comme tu dis Cam.... Je l'imagine encore rentrer à la maison et nous dire qu'il est là... Malheureusement c'est impossible, il ne nous verra pas faire notre vie et il ne verra jamais ses petits enfants grandir... » Cette réalité s’avérait difficile à avaler ; Aussitôt, je levai mes yeux sur mes deux frères. Ainsi, la dernière image qu’il avait eu de nous, c’était lors de notre précédente discussion. Tout cela me semblait impossible. Il allait revenir, n’est-ce pas ? Sinon, comment allions-nous gérer la suite de nos vies respectives sans notre père qui veillait, malgré tout, sur nous même de loin ? Ma poitrine se déchira en réalisant que non. Tout était terminé. Son coeur avait cessé de battre. Et je ne pouvais rien changer à cela ; comme pour Amber. Une fois encore, je perdais une personne aimée. « J’en ai marre. Pourquoi ça s’arrête pas ? » C’est vrai que les problèmes s’enchaînaient souvent, ces temps-ci. J’appuyai alors mon regard sur Adam, compréhensif et aussi révolté que lui. Plus nous allions de l’avant et moins l’avenir semblait certain. Quelque chose me disait que nous continuerions à avoir des problèmes.

« Vous savez si Papa avait des volontés pour.... pour... enfin vous savez pour quoi ? » Je les observai alors, à tour de rôle, cherchant à savoir si l’un d’entre nous était au courant. Il fallait croire que non et j’hochai alors la tête négativement pour leur répondre. Il faudrait attendre le testament, sans doute. Pour autant qu’il y en ait un. Mes yeux vagabondèrent alors à travers la villa, chargée de souvenirs bons et mauvais. L’enterrement allait être pénible à organiser ; Toutefois, les funérailles militaires seraient de rigueur. Une fois encore, je supposais qu’il faudrait s’adresser à une personne extérieure à nous. « Il faudrait contacter son lieu de travail, je pense. Je ne sais pas comment ils organisent ça pour un Colonel... » finis-je par dire, comme si j’étais détaché. Hélas, ce n’était pas le cas. Les larmes finirent par rouler à nouveau le long de mes joues, laissant les perles salées se déverser sur le sol. Dire ces mots m’avait coûté un énorme effort. J’étais l’aîné mais, pourtant, je me sentais impuissant et à des kilomètres du lieu où je me trouvais, ce qui ne facilitait pas les choses. Je regardai alors mes frères, essayant de jauger leur réaction.