Aucun client pour ce soir, Sean n'avait pas la tête à offrir son corps ce soir, son bouillonnait à presqu'en faire éclater ses veines et ses tempes, tout ce qu'il voulait c'était oublier, effacer les paroles de sa mère au téléphone, refouler cette colère qui naissait de plus en plus en lui l'empêchant de vivre, de s'amuser et parfois même de respirer, cette colère qui le torturait, qui le changeait peu à peu, elle avait déjà tellement fait en lui.



Il ne savait pas vraiment où aller, il errait sans but dans le quartier gay quand un son lointain parvint à ses oreilles, de la musique, plus il avançait et plus elle se faisait entendre, clair, nette, l'attirant comme un papillon, son esprit s'échappait.

*Danser, boire, oublier, s'éclater .... j'ai soif !!*

Son corps, sa tête, tout en lui voulait boire et danser, rien en ce monde pourrait à ce moment précis l'éloigner de son envie, c'était devenu son but, son pas s'accéléra, le voici arrivé devant la porte d'une discothèque, tirant une dernière fois sur sa cigarette il lança le mégot plus loin quand il aperçut un jeune homme assis contre le mur de la discothèque, un peu plus loin sur le côté droit, légèrement caché dans l'ombre, la curiosité de Sean s'éveilla, il sentit le besoin de savoir, de voir de qui il s'agissait, il pencha la tête sur le côté tout en reculant de quelques pas essayant de l'apercevoir un peu mieux, un léger sourire joueur se dessina sur ses lèvres et il prit la décision d'aller voir. L'inconnu, le jeu, le danger, l'ombre voici des choses qui le motivait ces derniers temps, la variable inconnu, ne rien savoir, découvrir, après tout ses proches le blessaient, le décevaient, un inconnu ne pourrait surement jamais le toucher ou lui faire autant de mal alors que risquerait-il à jouer avec l'inconnu ?

Avançant de quelques pas presque dans le noir, seul un lampadaire éclairait cette ruelle, il arriva vers lui Décontracté, les mains dans son long blouson en cuir noir, il se posta devant lui attendant un moment une réaction il finit par s'accroupir et pencher la tête en avant, posant son regard dans le sien.

Salut ! Tu veux danser ?

Aujourd'hui l'ensemble de la journée avait été maussade. Pas le temps bien sur. Je parle juste de ce qui m'étais arrivé. En même temps pourquoi avais-je tenter un truc d'aussi téméraire ? Surtout moi ? Un être faible comme moi ne pouvais pas lutter face à ce colosse. et moi pourtant, qu'avais-je fait ? Et ben je lui tînt tête quand il vint me demander mon argent pour avoir osé m'asseoir sur son trottoir.

Mais revenons à comment cela était arrivé. A l'aube je partais du sud de San Francisco et me rendais dans le centre. Voilà quelques jours que je n'avais pas arpenté le centre ville. Et inutile de cacher que c'était ici que je me faisait le plus de recette. Donc me voilà arrivé à ma destination finale. Un trottoir bondé de restaurants et de centres de courtage. Un lieu où il y a une telle effervescence que les gens se bousculent, échappent des choses, donnent de l'argent.

Cela faisait environ quatre heure que j'étais à ma place que me voilà déjà en possession de dix dollars. Pas mal alors qu'il n'est que onze heure et que les gens ne sont même pas encore à la pose déjeuner. Car en effet, c'est à ce moment là que les gens donnent le plus. Avoir de la monnaie dans leurs poches sa les gênes. Alors ils s'en débarrassent pour mon plus grand plaisir.

Mais voilà qu'à onze heure trente, un homme m'accoste. A la vue de ses vêtements il vit aussi dans la rue. Il me demande de partir d'ici que c'est sa place et que je lui doit quinze dollars pour l'avoir squatter. C'est là que j'ai commencé à faire n'importe quoi. Je lui ai répondu que la rue ne portait pas son nom et que du coup tous le monde avait le droit de s'y arrêter et d'y faire ce qu'il voulait.

Que n'avais-je pas dit. Il me releva par le col sans difficultés et commença à me rouer de coups. Des gens vinrent à mon secours le retenant alors que moi je fuyais. Je m'arrêtais de courir en larmes au bout de dix minutes. J'avais mal partout. Mon arcade saignait et mon torse était douloureux. Je m'asseyais donc dans la rue que je venais de trouver et me roulais en boule.

Bientôt, la nuit commença à tomber et de la musique émana des murs auxquels j'étais adossé. De plus en plus de gens commençaient à arriver et quand les portes s'ouvraient on pouvait entendre la musique sortir à pleine puissance. C'est environ à la même heure qu'un jeune garçon typé asiatique que je décidais d'ignorer vint se poster devant moi. Après quelques secondes, il s'accroupit et posa son regard dans le mien. Je détournais alors les yeux enfouissant ma tête dans mes genoux.

De ce qu'il me dit il voulait danser. Mais pas moi. Alors je fit non de la tête espérant qu'il me laisse tranquille.

C'était un jeune garçon quasiment roulé en boule contre ce mur, son visage recouvert de saleté, de poussière et surtout de marques de coup.

*Qu'est-ce qui t'es arrivé ?*

Sean avait pour nature de se moquer de ce qui pouvait bien arrivé ... enfin c'était sa nouvelle façon de voir les choses depuis quelques années, pour lui tout le monde était faux, menteur, tricheur et se fichait bien de ce qui pouvait arriver aux autres tant que ça ne les concernaient pas et il avait décidé d'en faire autant. Mais lorsqu'il vit ce jeune homme mort de trouille, fébrile et blessé, il aurait du lui apporter son aide et non le provoquer ... mais il était ainsi et c'était sa façon de communiquer, Sean était devenu tellement cynique et froid.

Il sortit la main de sa poche, toujours accroupit il avança sa main vers le jeune garçon qui lui tournait la tête, il posa son index sur le côté droit de son menton et fit pivoter sa tête vers lui, avançant encore un peu plus le sien, le dévisageant avec insistant, il sourit.

Eh bien !!!! Pas besoin de te demander si tu as passé une bonne journée ... j'espère au moins que celui ou ce que tu as rencontré est dans le même sale état !!



Les musiques à l'intérieur de la discothèque continuaient de s'enchaîner et Sean y porta soudain une attention particulière, relevant la tête, il partageait les goûts du DJ.

*Faudra que je pense à échanger quelques mots avec lui*

un sourire taquin apparaissait sur son visage, comment pouvait-il se moquer de ce jeune homme vu son état ? comment pouvait-il penser à la musique ou à draguer le DJ ? Eh bien c'était Sean, rien ne l'intéressait plus vraiment. De nouveau il porta son regard sur le jeune blessé

Tu sais si tu t'inquiète de ton maquillage raté ... il y a tellement de monde et il fait tellement nuit dans cette boite que personne ne remarquera rien.

Pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi était-il si salop ? Au lieu de se préoccuper de son état, de l'aider ou bien alors de le laisser tranquille .... pourquoi éprouvait-il l'envie et le plaisir de l'ennuyer ?

Son humour plus que moyen me déplaisait vraiment. Je ne prenais même pas soin de lui répondre me roulant un peu plus en boule et décidant de l'ignorer. Plus il me parlais plus je le haïssait. Et pourtant pour moi qui recherche des amis je peux vous dire que je recherche vraiment n'importe quoi. Mais lui non je ne pouvais pas. Il se moquais de moi sans aucune gène. Mais après tout je m'en foutais royalement. Mes parents m'avaient fait pire et ce n'est pas parce que j'étais à la rue que j'accepterais n'importe quoi.

Mais la non merci. Quand il ajouta :

"Tu sais si tu t'inquiète de ton maquillage raté ... il y a tellement de monde et il fait tellement nuit dans cette boite que personne ne remarquera rien."

J'en avais plus que marre. Je me levais rapidement. Mais une douleur fulgurante me força à me rasseoir dans un gémissement de douleur alors que ma main venait se poser sur ma cage thoracique. Avais-je des côtes cassées ? Je ne savais pas. Ne pouvant pas partir je décidais d'employer un autre moyen quitte à ce qu'il me frappe. Je le regardais les larmes aux yeux et déclarais :

"Dégage t'as rien à foutre ici. Je veux pas aller danser et encore moi avec toi. T'es con j'y peux rien. Alors vire de là"

Sa ne me ressemblais pas et je baissais immédiatement les yeux. Bien sur, je ne pensais pas un mot de ce que je disais. Quoi que avec ce genre de mec je le pensais un peu quand même. En tout cas, maintenant soit il m'aidait, soit il allait danser je m'en foutais mais au moins qu'il me fiche la paix pouvait être pas mal. En attendant, je me roulais de nouveau en boule. Au moins comme sa je n'avais pas mal.

Il y avait tellement longtemps que Sean n'avait plus de véritable ami, qu'il ne se souciait de presque .. non de plus personne, mais le voir rouler en boule le mettait mal à l'aise, il n'était pas bien. Était-ce de la pitié ou bien s'inquiétait-il pour lui ? Cela le touchait-il de le voir ainsi ? Il ne pouvait pas vraiment répondre à ces questions, cependant cela ne l'empêchait pas de continuer sur son humour froid, déplacé et même blessant.

Le jeune garçon n'appréciait pas non plus, il ne répondait pas mais Sean le sentait. Ignorer une personne était la chose que l'on comprenait le mieux et qui souvent blessait le plus et ce jeune garçon en position de hérisson l'ignorait complètement ce qui ennuyait légèrement Sean mais sans plus. Il se mit à sourir, soudain sans s'y attendre le jeune homme fit un bond pour se lever mais se retrouva de nouveau au sol en poussant un cri de douleur, le jeune asiatique écarquilla les yeux de surprise tout d'abord puis ensuite de gêne.

*Qu'est-ce qui lui prend ?!*

Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu es ....

Pour une fois qu'il se souciait de quelqu'un et bien ce dernier l'envoyait balader, ce jeune garçon même s'il paraissait peureux et faible ne manquait pas moins de courage car jeter Sean ainsi n'était pas une chose à faire mais alors le traiter de con relevait de la folie.

*Il veut mourir ou quoi ?*

Sean avait froncer les yeux, le regardant toujours, il ne s'énerva pas pourtant ... non bien au contraire maintenant il se posait des questions à son sujet, il avait de nouveau baissé les yeux, Sean se remit à sourire, il savait que la peine, la douleur, l'inquiétude pouvait donner du courage et de la force mais que celle-ci ne durait pas longtemps, c'est ce qui venait d'arriver à ce garçon, car de nouveau il baissait les yeux et se repositionnait façon bête apeurée.

Lève toi !!!

Sean s'approcha d'un pas, toujours accroupit il prenait son bras pour l'aider à se lever, que faisait-il ? lui aider quelqu'un ! c'était un jour à noter dans son calendrier .... L'ancien Sean existerait-il encore en lui ? Ou bien le Sean d'aujourd'hui avait lui aussi ça en lui ? Ou bien alors préparait-il quelque chose ... comptait-il l'amener en boite malgré qu'il ne voulait pas et qu'il avait mal ?

L'autre garçon sembla s’inquiéter que je m'accroupisse de nouveau si vite. Une douleur fulgurante, telle une pointe chauffée à blanc avait transpercé ma cage thoracique en un instant. Si bien que quand je me roula de nouveau en boule au sol, je mettais mes mains non pas autour de mes genoux mais serais ma poitrine. Je respirais par petits accoue comme si je voulais accoucher. Maintenant même ma respiration m'était douloureuse.

C'est alors que je le sentis approcher. Sa main prit mon bras et il me dit de me lever. J'hésitais un bon moment. Je sentais bien que c'était le mec qui allait me traîner de force dans la boîte. Hors je ne voulait pas. Je dégageais donc mon bras une première fois. J’espérais qu'il n'allait pas le reprendre. Mais le garçon s'accroupit et lui reprit le bras en m'intimant de me relever de nouveau.

Peut-être qu'il n'était pas aussi con que je le pensais. Je décidais donc de lui obéir et tentais de me lever. La douleur refit surface sans prévenir. L'autre passa mon bras autour de son épaule alors que mon autre main venait se crisper sur ma poitrine. Je gardais le regard au sol. Je ne voulais pas qu'il me voit pleurer.

En effet, avec les mecs comme lui c'est la porte ouverte aux railleries. Et je ne voulais pas me laisser faire. Alors je me serais rebattue s'il le fallait. Mais là dans mon état il n'avait qu'à me mettre une pichenette pour que j'abandonne. Alors il valait peut-être mieux que je ravale ma fierté. Enfin du moins le peu que j'en ai.

Je le sentis alors commencer à marcher et je le suivis sans ronchonner et sans regarder où il me menait. Tous ce que j'espérais c'est qu'il ne m'amène pas de force dans cette boîte de nuit.