Quelle heure était-il, quand j'ouvris les yeux ? 10h ? 11h ? Aucune idée. Et à vrai dire, vu que je ne bossais pas, et que je n'avais rien d'urgent à faire dans la journée, je n'en avais absolument rien à faire de l'heure qu'il pouvait être. J'avais fini de bosser plutôt tard le soir précédent, mais au moins, j'étais rentré avec un beau mec pour la nuit. C'était quoi son nom déjà ? Jared ? Jasper ? Boarf, un truc dans le genre. Peut-être même, pour ne pas dire probablement, aucun des deux. Ça avait été le peu de discussion vite fait bien fait pour l'emballer, et ensuite pouvoir le sauter le restant de la nuit. Je sais, c'est pas très poétique de le dire comme ça. Mais mine de rien, c'est vrai. Enfin bref. Le fait est qu'il n'était plus là. Me semblait lui avoir dit de dégager, celui-ci n'ayant pas compris que je voulais le voir déguerpir dès son réveil. Après je sais pas trop, je m'étais rendormi, profitant un peu de pouvoir glander.

Je sais, ça a rien de passionnant, une parfaite routine même. Quoique pour le moment, c'était ça ma vie, de la routine. Je m'éclatais, et ce n'était pas rare de prendre mon pied m'enfin, des choses qui sortent parfois du commun, je n'aurai pas dit non. Dans le fond, d'accord, je n'avais pas à me plaindre. Mais si on prenait le boulot...Maintenant que Heaven n'était plus là, elle nous avait laissé un Elias complètement -voire pitoyablement- amoureux, qui visiblement, préférait ne rien dire. Personne n'était dupe. Puis bon, aussi, depuis qu'il nous avait chopé avec Adam dans son bureau, je trouvais aussi préférable de me faire petit. Il aurait plus manqué qu'il le prenne mal, et là ça aurait été le pompon. Penser à ça m'amena à la conclusion que j'avais bien envie de voir Adam...Il ne m'avait toujours pas expliqué pourquoi avoir finalement refusé qu'on continue à s'amuser. Je n'avais pas été vexé, ou en colère, mais ça ne lui ressemblait pas. Il devait y avoir quelque chose derrière tout ça, qu'il ne m'avait pas dit. Je ne préférais pas imaginer des trucs, et pourtant mon ami savait bien que quoiqu'il se passe, il pouvait me le dire, je n'agirais pas à l'encontre de ce qu'il veut. Juste...Pourquoi ? Le patron avait du coup repoussé ces explications à plus tard, c'était malin.

Vu que tout ça ne m'avançait pas, je décidais quand même de me lever pour ne pas faire la larve toute la journée. Machinalement, je pris la direction de la salle de bain, histoire de prendre une bonne douche, qui aurait -j'espère- le don de me réveiller un peu. L'après-midi devait déjà avoir commencé, mais c'était pas un problème. Je me débarrassais de mon caleçon, que j'avais remis avant de sortir de la chambre -chose stupide vu que j'étais seul dans l'appart, mais tant pis-, et entrais dans la douche, prêt à y rester encore un bon moment, avec déjà l'optique que rien ne m'en ferais sortir tant que je l'aurai pas décidé. L'eau qui coulait sur moi me remettait les idées en place, me relaxant au passage. Comme à mon habitude, je pris bien tout mon temps pour me savonner, et tout le toutim. Dans ma tête, je prévoyais déjà le reste de ma journée, comme par exemple manger un bout et aller voir un peu du côté de Castro, m'amuser un peu.

Je terminais soigneusement de me rincer quand j'entendis des coups à la porte. Ah. Une personne décidée à ce que je ne sorte pas ? Je coupais l'eau, tendant l'oreille au cas où cette personne inopportune insiste. Ce qui fut le cas...Qui que soit cette personne, elle aurait au moins droit à la mauvaise humeur que provoque chez moi le fait de ne pas pouvoir me laver tranquille. « Chaaaaton ! Me fait pas attendre » N'y ayant pas dix mille personnes m'appelant ainsi, j'en conclus que c'était Adam qui s'acharnait sur cette pauvre porte. Il était bien gentil, mais j'étais un peu trempé là, pour ne pas dire dégoulinant. Oh, je savais que cette vision lui plairait, mais c'était plus l'idée de foutre de l'eau partout qui me rebutait. « Minute ! » Heureusement pour lui...que c'était lui justement. J'attrapais ma serviette, m'essuyant à la va vite avant de la mettre autour de ma taille, sortant en trombe de la salle de bain. Dégoulinant, les cheveux en bataille, et seulement vêtu d'une serviette donc. Mais vu que monsieur avait décidé qu'il ne voulait pas attendre...Emmerdeur.

Quelques minutes après donc, je lui ouvris donc la porte. Qu'est-ce que j'avais été bien inspiré de ranger un peu le bordel ambiant le jour précédent...J'avais de bien bonnes idées parfois. Je détaillais rapidement Adam du regard. Rien à redire, je le trouvais toujours aussi...à mon goût, pour ainsi dire. Je lui fis un sourire narquois, déjà prêt à vouloir l'embêter. « Et t'aurais fait quoi si j'avais décidé de te faire poireauter dehors... ?  » J'aurais été tout à fait capable de prendre tout mon temps encore une fois, pour attendre d'être présentable avant de daigner lui ouvrir la porte, mais quelque chose me dit qu'il n'aurait pas été patient bien longtemps. Je m’effaçais de la porte pour le laisser entrer, avant de refermer celle-ci. Je me retournais vers lui, l'approchant pour planter un baiser sur ses lèvres, habitude de ma part. « Sinon, bonjour à toi aussi. » C'était aussi chaste que mouillé, ce baiser...Je passais une main dans mes cheveux pour les ramener en arrière, et éviter ainsi que les gouttes continuent de s'échouer sur mon visage. J'étais heureux de le voir, malgré le fait que je ne le manifeste pas clairement. J'avais juste d'autres problèmes là, genre m'habiller un minimum, ou bien même exiger des explications sur ce qui s'était passé la dernière fois. Puis savoir ce qu'avait dit son frère, plus par curiosité qu'autre chose. Non en fait, je m'en foutais. « Tu connais le chemin du canapé. Tu me laisses deux minutes pour aller me sécher et enfiler quelque chose au moins ? » sait-on jamais.

Le faire attendre encore quelques minutes, rien que pour l'embêter, ça aurait été franchement marrant. Mais au lieu de prendre touuut mon temps, il avait fallu que je me bouge un minimum pour que monsieur arrête de s'acharner sur cette pauvre porte, qui ne lui avait rien fait. Au moins, il sembla bien apprécier la vision qui s'offrait à lui. Je m'enquis pendant quelques instants de savoir ce qu'il aurait bien pu faire si j'avais décidé de ne pas entendre qu'on toquait à la porte. Maintenant qu'on y était, je le laissais entrer, ne manquant pas au passage son coup d’œil espiègle. Espèce de vil adorable petit personnage...« Je serais entré, et ça par tout les moyens. Pour ensuite te rejoindre sous la douche » Là il me fournissait encore plein d'autres raisons qui font que j'aurais du le faire patienter dehors. C'était bien intéressant ça, la douche à deux. Je sentis une main frôler mon bas ventre. Il avait l'air autant décidé que moi à m'embêter, à peine arrivé. Je savais qu'il le faisait exprès et ça m'amusait, mais je me prendrais un peu plus au jeu après qu'il m'ait expliqué pour la dernière fois. Je n'en faisais pas une fixation, mais je détestais ne pas comprendre, ne cherchons pas plus loin. « Trop tard » lui répondis-je simplement. Il avait qu'à arriver plus tôt.

Je le laissais entrer, le saluant finalement. Parce qu'à dernières nouvelles, des personnes civilisées se disent bonjour quand elles se voient, d'habitude. On avait tendance à tout faire n'importe comment avec Adam -sauf peut-être nos parties de jambes en l'air-, m'enfin, restons polis. « Salut » Voilà, c'était pas bien compliqué, et moi je préférais ça. Je le laissais se diriger vers le salon, demandant juste quelques minutes pour au moins finir de me sécher, et m'habiller un minimum. J'étais au courant qu'Adam préférait sans aucun doute me voir nu, mais on verrait ça plus tard, et puis pour parler ''sérieusement'', être à poil, ça craint.

Manifestement, vu le sourire disparu du visage d'Adam, il ne devait pas trop être d'accord. En un rien de temps, je me retrouvais affalé sur le canapé, mon ami devant moi. « Non ! » Si je veux d'abord. Je fis mine d'être surpris de ce refus, mais je ne cherchais pas à me dérober, le laissant à sa guise me coincer sous lui. Un sourire en coin se dessina sur mon visage. Je savais exactement comment retourner la situation en ma faveur, même si je ne comptais pas lui sauter dessus pour le moment. « Tu es très bien comme ça. » J'en doutais pas un instant. Dans cette tenue il pouvait mater confortablement au moins. Et puis contrairement à la dernière fois, on pouvait faire ce qui nous chantait, il n'y avait personne pour nous déranger. « Tu tiens vraiment à ce que je passe l'après-midi comme ça ? » Parce que oui, je comptais bien le garder avec moi toute l'après-midi, maintenant qu'il était là. C'était lui, alors une telle tenue n'avait pas de quoi me déranger, pour autant je ne passais pas mon temps à me balader quasiment à poil chez moi, seul ou pas. Je laissais mon ami continuer sur sa lancée, les bras paresseusement croisés sur le ventre, comme si j'attendais que ça passe. «  A vrai dire tu en à même de trop sur toi » Il était vraiment pas possible. Je me mis à rire, ne pouvant pas m'en empêcher. Il tenait réellement à me voir à poil lui. « T'as qu'à l'enlever, si elle te dérange. » Ça va que j'ai rien du mec pudique..

« Mais si jamais tu as froid, je connais un autre moyen de te sécher » « Ah oui ? » Je le laissais s'installer contre moi, passant mes bras autour de lui pour pas qu'il s'échappe, tant pis si je le mouillais un peu au passage. Après tout, c'est lui qui avait refusé que j'aille me sécher un peu. J'attrapais une nouvelle fois ses lèvres, juste pour profiter un peu de leur goût. On était étroitement enlacés, mais je ne m'en plaignais pas, ça me faisait une excuse pour le garder contre moi. « Je te dérange pas, dis-moi ? » C'était maintenant qu'il s'inquiétait de savoir s'il dérangeait ? Et puis franchement, quelle question. Adam était une des seules personnes qui ne me dérangeait jamais, quelles que soient les circonstances. Il m'avait bien fait sortir en trombes de la douche, à mon grand désespoir, mais si ça m'avait vraiment dérangé, je ne serai pas allé lui ouvrir, c'est sûr. J'aurais pu avoir des choses importantes à faire remarque. Dans ce cas ça aurait sûrement été remis à plus tard. Quoiqu'il en soit, j'étais toujours heureux de le voir, que ce soit ici ou au Yelen. Une nette préférence pour ici, parce que maintenant, je me méfiais à l'idée d'avoir Elias sur les dos dès que mon ami passait la porte du club. « C'est un peu dégoulinant à dire, mais tu me déranges jamais, t'en fait pas. » Sans mauvais jeu de mots avec les gouttelettes qui continuaient de s'échapper de mes cheveux.

« A part que t’aies du sortir de la douche précipitamment bien sûr… » Je roulais des yeux. A la rigueur, y avait juste ce léger détail de rien du tout. J'avais râlé sur le moment, juste pour la forme mais c'est tout. Juste que ça aurait été une autre personne, comme le voisin, là oui ça m'aurait dérangé. « Sinon tu peux aller continuer, je suis sûr que je trouverais de quoi m’occuper entre temps » Il était marrant lui. Il s'incruste et m'embête pour ensuite me dire que je peux retourner vaquer à mes occupations ? Non non non. Maintenant qu'il était là, j'allais en profiter un peu, quelle idée. On allait plutôt parler un peu, vu que j'avais pas eu le temps de les avoir, ces explications. Innocemment, je posais ma tête sur son épaule. « Non, tu restes avec moi. T'as rien à me dire d'ailleurs ? » J'étais certain qu'il comprendrait où je voulais en venir.

Je ne m'étonnais pas de ne pas le voir me prendre au mot. Je le taquinais de la sorte juste par habitude, mais non savions tout à fait nous conduire comme des personnes civilisées, même si nous étions seuls ici. De toute façon, qu'il le veuille ou non, il y aurait bien un moment où je le laisserais quelques minutes pour aller enfiler quelque chose. En faisant bien exprès de tout faire pour l'entendre râler bien sûr, ça allait de soi. Mais c'était pas tout de suite, j'étais pour l'instant trop bien installé, Adam contre moi. Décidément c'était bien le seul mec dont j'arrivais à apprécier continuellement la présence. Une nouveauté pour moi, m'enfin c'était pas plus mal. Et dire qu'il pensait encore que peut-être il dérangeait...Il serait arrivé plus tôt, pendant que l'autre pionçait encore, autant dire que ça aurait été ce mec d'une nuit qui aurait eu deux minutes chrono pour débarrasser le plancher. Au lieu de ça, il était arrivé pendant que je me douchais. Je voyais pas ce qu'il y avait de gênant dedans finalement. J'avais rouspété sur le principe de devoir me précipiter pour lui ouvrir mais point barre. Juste pour m'amuser un peu, j'aurai pu lui faire croire que j'étais ultra occupé remarque. Ça aurait pu être drôle, si je n'avais pas eu autant envie de profiter de sa présence. Résultat, au lieu de continuer à l'enquiquiner, j'avais fini par sortir un truc mielleux, style amour guimauve. Beurk. Définitivement, beurk. Au moins, cela sembla rassurer mon ami qui se lova un peu plus contre moi. « Jamais… Hum, je vois que je dois trouver autre chose pour arriver à te déranger alors » Je secouais la tête avec un grand sourire. Chiche. « Je te mets au défi d'y arriver. » Si ça impliquait de le voir surgir n'importe quand, je disais pas non. Je savais d'avance qu'il aurait beaucoup de mal, moi-même je ne savais pas trop comment est-ce qu'il pourrait réussir. Avec une conquête, ça marcherait pas en tout cas, mais je ne dis rien. Je le laisserai cogiter seul.

Et puis ensuite, ce qu'il s'était passé l'autre jour fut mis sur le tapis...Je n'avais pas pu m'en empêcher, trop désireux d'avoir quelques explications. Quoi que ce soit, j'espérais bien que par la suite, ça ne serait qu'un mauvais souvenir. Vu la mine gênée d'Adam, je commençais même à me dire que j'étais un parfait idiot. Je ne demandais même pas comment il allait que je lui demandais directement pour ça...Comme d'habitude, je faisais tout n'importe comment. « Hum ? Je vois pas de quoi tu parle… » Je roulais des yeux. S'il n'avait pas envie d'en parler c'était son choix, mais têtu comme je l'étais, je ne lâcherais pas l'affaire, alors autant en terminer là avec ça. « Allez Adam...Tu peux me dire. » Je logeais ma tête dans le creux de son épaule. J'avais envie de savoir, il n'y échapperai pas. Après promis, je me tairais. La seule chose qui pouvait me faire peur, était que ce soit ma faute. J'aurais très bien pu faire un faux pas qui l'aurait ''bloqué''...J'avais beau retourner les diverses possibilités dans ma tête, je ne voyais pas ce que je pouvais bien avoir fait. De toute façon quoi que ce soit, il pouvait m'en parler. J'étais d'ailleurs certain qu'il le savait pertinemment.

« Seth… » Je le regardais, attentif à ce qu'il s'apprêtait à dire. Sauf que lui, manifestement, son attention avait l'air portée sur ma main, caressée doucement par ses doigts. « Tu crois que certains sont fait pour rester seul ? » Plaît-il ? Vous pouvez répéter la question ? Nan mais c'était quoi, ces questionnements ? Je le fixais, sans vraiment comprendre où il voulait en venir. Et en même temps, je tentais de trouver quelque chose de constructif pour lui répondre. Je ne m'étais jamais posé la question à vrai dire, comme la plupart du monde je pense. On ne peut pas être vraiment seul, ce n'est pas possible, à moins que certains le veuillent vraiment. L'être humain n'est de toute façon pas fait pour vivre seul. Après, il y a bien les exclus de la société, mais c'est déjà autre chose. « A part ceux qui le veulent vraiment, je ne pense pas. Pourquoi cette question ? » J'aurai bien voulu savoir ce qui trottait dans sa tête. En tout cas, il tournait autour du pot, d'une manière qui pour l'instant ne me plaisait pas des masses. Pour ne pas mentir, ça me préoccupait un peu.

« T’as pas en idée de quitter San Francisco non plus hein ? » Pourquoi est-ce que je quitterai San Francisco ? Y avait aucune raisons. Et puis le ''non plus''...Qui est-ce qui s'était barré ? Je le regardais en fronçant les sourcils. Je voyais peut-être où il voulait en venir, sans réellement voir le rapport avec ma question précédente. Et puis à ce que je sache, il n'était pas seul. Quoique pour le coup, je ne préférais pas m'avancer sur la question. Je lui pris la main, passant mes doigts entre les siens. « J'ai aucune raisons de quitter San Francisco, non. » Qu'est-ce que je ferai ailleurs ? Le seul endroit où j'avais vécu en dehors de SF, c'était Boston...Et autant dire que c'était pas comparable. Puis bon j'avais une vie ici, je me voyais bien mal jouer l'aventurier pour partir voir ailleurs. Quant à l'éventualité de suivre quelqu'un, ça avait aussi peu de chances d'arriver. Je me décalais sur le canapé, prenant soin à faire glisser mon ami à côté de moi. C'était plus pratique ainsi pour parler. Je trouvais ça adorable dans un sens, qu'il s'inquiète de savoir si je ne comptais pas le laisser, mais il y avait d'autres choses derrière. Et j'étais intimement persuadé qu'en parler lui ferait du bien. Je caressais doucement sa joue. « Et quoiqu'il arrive, je suis là moi. T'es pas seul. Si tu veux pas en parler, je te force pas... » Il pouvait en faire qu'à sa tête ou non, c'était comme il le souhaitait.

Plus ça allait, moins je comprenais ce qu'il se passait. Je n'avais plus le cœur à plaisanter pour l'instant, n'aimant tout simplement pas le voir mal. J'avais répondu à ses questions, et maintenant je tentais plutôt de le rassurer. C'était con dans un sens, à vouloir absolument savoir le pourquoi du comment, voilà que je le poussais à parler de ce qui pouvait bien le tracasser à ce point. Je me méfiais un peu de ce qui en sortirait. C'était égoïste de ma part au final, car je doutais qu'il soit là pour me parler de ses problèmes...ça devait être surtout pour se changer les idées, et je ne lui offrais même pas ce luxe. J'aurai bien changé de sujet, mais je n'osais plus au final. Je considérais Adam comme un ami,et c'était le but des amis, de se réconforter quand ça allait pas. De plus, je ne voulais pas lui donner la mauvaise impression que je me fichais de ce qu'il pouvait raconter. Concernant ses inquiétudes, il n'y avait pas trop de soucis à se faire pour moi, je ne comptais pas quitter San Francisco de si tôt. « J’espère bien » Je voulais bien admettre que je n'avais pas énormément d'attaches ici, mais pas au point de pouvoir disparaître de la ville comme ça, quand l'envie me le prendrait. Je n'avais pas ce côté aventurier, avide d'aller voir si l'herbe était plus verte ailleurs.

Je m'installais un peu plus confortablement, et surtout de façon à pouvoir observer Adam à mon aise. Il y avait des moments comme cela, où je me trouvais bien inutile. J'avais jamais été très doué pour rassurer les gens, et tout ce qui allait avec. Un vrai boulet quand il fallait trouver les bons mots. Alors en général, je me taisais. Sauf que là, si je ne parlais pas, personne n'allait le faire à ma place, alors je tentais juste de ne pas faire de faux pas. Un peu comme un terrain miné, avec des sujets plus sensibles, où le moindre dérapage pourrait tout faire sauter. Je posais ma main contre sa joue, faisant finalement un effort, lui disant ce qu'il savait sans doute déjà ; que j'étais là pour lui, s'il avait besoin. Mais il n'était pas obligé de tout me dire. « T’as bien intérêt, car si tu veux partir, je t’enchainerais ici et je m’en fou si tu râlerai » Ah quand même. Malgré moi, je laissais échapper un rire amusé à l'image. La dernière fois il songeait à m'attacher au bureau, et maintenant, il projettait de m'enchaîner si l'envie me prenait de partir, avec ça je risquais pas d'aller bien loin. Puis je réalisais que ça n'avait rien de drôle. Je me calmais tout aussi vite, n'ayant pas du tout envie de le vexer. En fait, c'était bien la dernière chose que j'aurais voulu vue la circonstance. « Si tu tiens tellement à m'attacher ici, il faudra trouver un autre prétexte, vu que je ne compte pas m'en aller. » Et voilà que je me remettais à le taquiner...je pouvais pas m'en empêcher, rien à faire. Et si jamais un événement inopportun me tombait dessus, m'obligeant à m'en aller -ce que je n'espérais pas le moins du monde-, sur la liste de ce qui me manquerait, Adam figurerait en tête de la liste, c'était évident.

« Pour ce qui c’est passé au bureau… c’est en rien ta faute, hein » Ah oui, le bureau, donc ma question de base...Finalement, peut-être que je n'avais pas envie de savoir. Ou alors, juste de savoir que c'était tellement futile que ça ne valait même pas la peine d'y songer, car ça n'arriverait plus. Mais si ce n'était pas ma faute, ça allait. « C’est juste que… » Il ne semblait pas vraiment trouver comment en parler. Je m'apprêtais à lui dire de laisser tomber, mais il continua sur sa lancée. « J’étais en couple. En relation libre, c’était son idée, je sais qu’il l’a proposé pour moi. Je pensais que les choses seraient très bien ainsi, mais quand j’étais avec toi, même si j’en avais envie… j’en avais pas envie. Je sais pas trop comment l’expliquer. Je voulais pas lui faire ça. » ...HEIN ? Minute...ça me faisait beaucoup à gober d'un coup là...Adam, couple, relation libre, envie, pas envie...Houla. Adam, en couple...Je dus faire preuve d'une énorme volonté pour ne pas rire, même pas sourire à cette annonce. Adam en couple...Ohmondieu. On aura tout vu. ''Il'' devait réellement aimer Adam pour pouvoir accepter une relation libre avec lui. Dans un sens, c'était touchant, si bien que j'étais un enfoiré à avoir envie de rire sur ça. Ce-n'était-pas-drôle. Mais du coup, je comprenais mieux la réaction de mon ami dans le bureau. Il avait pas l'habitude d'être en couple, c'était certain. Je ne l'avais jamais réellement été non plus, mais je comprenais quand même. Tant qu'à être en relation libre, ce n'est pas la peine de se mettre en couple, sachant pertinemment qu'il n'y aurait aucune notion de fidélité, et tout ce bazar. Mais pour un homme, ça m'étonnait qu'Adam y prête autant attention. Je réalisais qu'en fait, je ne savais pas autant de choses sur lui que ce que je pensais...Finalement, j'étais encore plus perdu qu'avant les explications ; Dans ma tête tout était en train de s'embrouiller. Je réalisais que ça faisait quelques dizaines de secondes que je fixais Adam, de telle sorte qu'il aurait facilement de quoi se payer ma tête pour un moment. « Ah... » Réponse constructive. Bravo. « C’était mon meilleur ami » Là je comprenais déjà mieux...Le meilleur ami qui est prêt à tout pour avoir ce qu'il veut, même s'il doit faire des sacrifices. Mais...Où était le problème dans tout ça ? Je saisissais toujours pas. « Il a dû repartir pour le Canada, avant-hier… Ils sont tous partis » Oh...

Je ne savais pas trop qui est-ce qu'il voulait désigner par ''tous''. Mais je me doutais bien que ça ne devait pas être très simple à vivre, quand plusieurs personnes importantes pour lui décidaient de s'en aller, une à une. De là à penser qu'il était fait pour être seul, il ne fallait pas exagérer...Conscient que pour le moment, l'attention du jeune homme était portée sur un point inexistant sur sa jambe, je me levais et m'accroupis à ce niveau pour pouvoir capter son regard, ignorant au passage la serviette qui commençait à se faire la malle. De toute façon je m'en fichais pour le moment. « Peut-être qu'ils ont du partir, mais c'est la vie...ça ne veut pas dire pour autant que tu es condamné à être seul. Et puis, c'est pas comme si ils avaient vraiment voulu te quitter. Tu es quelqu'un de trop indispensable pour ça. » Je marquais une pause, me rendant compte que je pouvais tout aussi bien ne rien arranger du tout à babiller de la sorte. « Puis tu sais pas de quoi demain est fait. Vous finirez bien par vous revoir un jour ou l'autre. Alors arrête de trop t'en faire, mh ? » Je restais encore quelques secondes ainsi, à lui sourire, avant de me relever, rajustant un peu la serviette. Bon, sérieusement, j'allais m'éclipser deux minutes pour vite trouver un changement de sujet avant de m'enfoncer encore plus. « Hum...Je reviens de suite. » Sourire d'excuse, et je disparaissais en direction de ma chambre. Arrivée dedans, j'enfilais un caleçon propre, ainsi que le premier jean qui me tomba sous la main. « Avec tout ça, je t'ai pas demandé...Qu'est-ce qui t'amène au fait ? » demandais-je en retournant dans le salon, vétu d'une manière un peu plus décente.

Une chose était sûre, c'est que voir Adam dans cet état me déplaisait profondément. Ce n'était pas vraiment ce dont on parlait tout le temps, dès qu'on se voyait, mais j'en arrivais à réaliser qu'il y avait pas mal de choses que j'ignorais sur lui. Pourtant, il ne fallait pas croire qu'il n'avait aucune importance à mes yeux, loin de là. Je devais juste être pas assez curieux sur lui...J'en savais trop rien. Du coup, à essayer de le réconforter, j'avais l'impression de m'y prendre comme un pied, étant à côté de la plaque, ne sachant pas du tout de quoi je pouvais bien parler. C'était vraiment du terrain inconnu. Et à voir l'air peu convaincu de mon ami, c'était le cas. Merde.« Mouais, peut être » J'aurai pas pu faire grand chose d'autre, c'était juste mon point de vue. S'il c'était pas celui d'Adam, ça irait pas très loin. Malgré tout il fit quand même un effort pour sourire à son tour, c'était déjà ça de gagné, non ?Enfin bref, on allait arrêter de plomber à la fois l'ambiance et le moral, je cherchais donc un échappatoire pour pouvoir changer de sujet...Puis en fait, je m'échappais tout court, juste dans le but d'enfiler quelque chose. Être à moitié nu, ça allait un moment, mais en fin de compte après ça devenait presque ridicule. Hors de question que j'aie l'air ridicule voyons...Au moins, il y en a un qui se sera délecté de la vue. Remarque, s'il était arrivé plus tôt, qu'il avait donc mis sa menace à exécution, à savoir entrer quand même que je le veuille ou non, là il y aurait vraiment eu à voir.

Une fois que je me qualifiais d'un peu plus présentable, ma nudité quasi flagrante en moins donc, je retournais dans le salon, pour le voir toujours avachi sur le canapé, me donnant une envie soudaine d'aller me blottir contre lui, en tout bien tout honneur évidemment. Je lui demandais juste pour quelle raison est-ce qu'il venait me rendre visite. La réponse à ma question sortit du tac au tac d'ailleurs. « Je dois avoir une raison pour venir ? » Vu comme ça, ma question prenait une allure assez stupide. Je pouvais jamais me contenter, comme tous les boulets, de lui sauter dessus en lui scandant que j'étais heureux de le voir...En fait j'aurai pu, sans soucis, vu que c'était le cas. Comme d'habitude. « Non, pas du tout, t'es toujours le bienvenu. Mais comme t'as souvent une idée derrière la tête en venant... » Je le gratifiais d'un sourire taquin. C'était vrai pour la plupart du temps quand même. Je me doutais qu'aujourd'hui, s'il avait quoique ce soit en tête, ce serait quelque chose de sage, mais ça ne m'empêchait pas de le taquiner sur ça, bien au contraire. Fallait pas changer les bonnes habitudes !

Le sourire malicieux qui s'étirait sur le visage d'Adam me plaisait déjà un peu plus. On en arrivait au genre de moment où je me demandais ce qu'il allait pouvoir sortir ou faire comme bêtise, qui m'amuserait. Comme d'habitude. Sur ce point, il était prévisible...sans vraiment l'être. Encore une chose que je n'arrivais pas à concrètement expliquer. « Tient je t’ai apporté ça. Si jamais la présence d’un mec te manque dans ton lit, je suis sûr qu’il fera l’affaire » J'eus pas vraiment le temps de comprendre, d'analyser la phrase, d'en rire, d'y répondre, que je dus avoir recours à un truc du genre action / réaction pour attraper le sachet qu'il me lança. Sachet auquel je n'avais pas vraiment fait gaffe jusqu'ici...Je le rattrapais tant bien que mal, jetant un regard curieux à Adam. Qu'est-ce qu'il voulait dire par là ? « Qu'est-ce que c'est.. ? » Comme les trois quart des gens, je me sentais obligé de poser cette question avant de regarder ce qu'on m'offrait. Chose stupide, vu que à peine ça demandé, je regardais ce qui se trouvait à l'intérieur du sac en plastique. Je tirais de là ledit objet...Pour être pris d'une crise de fou rire. C'était lui tout craché, ce genre de cadeaux...Cela dura quelques secondes avant que je parvienne à me calmer et à penser normalement. Fallait que j'arrête ce charmant lapin avec un engin un peu plus gros que la moyenne pour les bestioles de son genre, ou sinon j'allais continuer de rire...Mais en même temps, c'était bien drôle... « T'as pas peur de te faire de la concurrence là ? » lui demandais-je, encore hilare. Je l'avais dis plus tôt, il était irremplaçable, dans tous les sens du terme. Mais là c'était lui qui me poussait à l'embêter avec ça. Je brandis la peluche, prenant un air soudainement intéressé. « Puis en fait ça tombe bien, j'avais personne pour ce soir... » Voilà c'était décidé, ce lapin rose dormirait dans le lit à côté de moi ce soir. N'importe quoi...C'était ça de se prendre au jeu, on finissait par sortir n'importe quoi. Me radoucissant, je baissais ce cadeau qui de toute façon ne le remplacerai pas de sitôt. Je m'approchais de lui, grimpant sur le canapé à mon tour pour m'asseoir contre lui. « Merci Adam »

« Si tu le dis… mais ça me vexe » Comme si il était capable de se vexer à cause de moi. Puis de toute façon, il pouvait bien feinté un air outré, c'était vrai ce que j'avais dis, il venait rarement sans but bien précis, ce qui ne me déplaisait pas vraiment. Puis il n'allait pas bouder quand même, ce serait me donner des raisons de le faire se dérider, et autant dire que je ne me serai pas fait prier. A voir sa tête, j'étais sûr qu'il s'il avait eu quelque chose sous la main à me lancer dessus, il l'aurait fait sans hésitation en plus. A la place, il opta pour le sachet qu'il me balança dessus, et que je réquisitionnais de justesse, évitant ainsi de me le prendre dans la tronche. Parce qu'après sinon, mon ami aurait eu de quoi se payer ma tête pour longtemps...KO par un head-shot, par un sachet contenant une peluche, ce que je découvris après en la sortant de là. Les attributs de celle-ci me poussèrent à partir dans un fou rire incontrôlable. Sacré Adam...Ne pouvant pas me contenter de seulement le remercier, je le taquinais plutôt sur le fait qu'il avait maintenant une sérieuse concurrence. Ce que je ne pensais pas, bien entendu...Déjà que en temps normal, la plupart des mecs que je pouvais avoir dans mon lit ne lui arrivaient pas à la cheville, alors une peluche, avec un engin aussi développé soit-il, n'était sûrement pas de taille. « Tu plaisante, comme si ce lapin pourrait me concurrencer. » Là comme je m'y attendais, le jeune homme s'offusqua d'une telle comparaison...Avec un grand sourire, je fis mine de comparer les deux, mon regard se baladant de l'un à l'autre. C'était franchement taquin de ma part, mais bon sang, ce que j'aimais l'embêter...« T'en sais rien... » Je raconte vraiment n'importe quoi. Je ne fis néanmoins pas d'autres commentaires. Si on s'en était pris à ma virilité, j'aurai sans doute eu la même réaction. Nous n'étions pas des mecs pour rien..Je préférais plutôt continuer sur ma lancée, mettant en avant que à moins que ça change d'ici là, j'étais seul pour la nuit, alors ça ferait un parfait compagnon. En voyant l'air très -trop- amusé d'Adam, je sus qu'il était réellement temps de changer de sujet avant qu'il lâche une connerie pas possible. J'aurai bien continué juste pour entendre ça, mais quelque chose me disait que c'était une bien mauvaise idée.

Je retournais plutôt me blottir contre lui, le remerciant en toute simplicité après l'avoir charrié, souriant en sentant ses lèvres se déposer sur les miennes le temps d'un instant. « De rien » J'avais reposé la peluche à côté, sur la table basse, préférant largement l'avoir lui comme doudou si je puis dire. Je le laissais me serrer contre lui, goûtant une nouvelle fois ses lèvres avec appétit. « Tu veux qu’on reste ici où qu’on sorte un peu ? » Vu que j'étais en sa compagnie, l'un ou l'autre, ça ne me semblait pas très différent. Avant qu'il débarque de toute façon, je n'avais absolument rien prévu, prenant plutôt mon temps pour faire ce que j'avais à faire, donc rien. Il ne faisait pas mauvais dehors, pour autant je n'avais pas une folle envie de me mêler à la population san franciscaine. C'était comme il voulait. Si de son côté il pensait pareil, on risquait pas d'aller bien loin. « Peu importe, j'ai rien de prévu ; C'est comme tu préfères. » S'il n'avait pas été là, j'aurai sûrement passé la journée dans le canapé à zapper devant la télé, le programme par excellence du type qui a la flemme de faire autre chose en fait.

« Et dit moi, c’est pas trop bizarre avec mon frère au boulot ? » Je m'appuyais sur mon coude pour pouvoir observer Adam. La question en elle-même m'amusait, mais il fallait avouer que les jours qui avaient suivi l'incident dans le bureau, je m'étais fait petit...Même si ça semblait faire rire Elias plus qu'autre chose, au final c'était moi qui était gêné dans l'histoire. On en avait un peu parlé, mais en tout cas, c'est vrai que ça aurait pu être pire. Il n'avait pas semblé le prendre trop mal heureusement. Dans le cas contraire, l'ambiance au Yelen aurait été assez tendue. Entre ça, puis Heaven qui est on ne sait où, … Eh bien en fait, je ne préférais même pas y penser. Je comprenais mieux ce qui l'avait poussé à finalement nous arrêter avant qu'on passe aux choses sérieuses, et définitivement, ça avait été une bonne idée, si on exempte le fait que sur le moment, ça m'avait légèrement froissé. Rien de bien grave. « Non ça va...On n'est pas vraiment revenu sur le sujet. Je pense qu'il a d'autres choses à faire que s'occuper de ça. Et toi alors ? Tu t'es pas trop fait grondé après que je sois parti du bureau ? » Et voilà que c'était reparti, je recommençais à le taquiner...Vu comme ça, ça me semblait impossible de changer les bonnes habitudes. Mais bon, je voyais tellement Elias dans le rôle du parfait grand frère qui fait la morale au cadet que...

Spoiler:

Même si je le taisais, voir Adam se chercher mille et une qualités par rapport à ce lapin, aussi mignon soit-il, m'amusait beaucoup. S'il devait y avoir quelqu'un capable de lui faire de l'ombre, ça ne serait sûrement pas cette peluche, loin de là. Mais je n'allais pas lui dire quand même, de peur qu'il en prenne la grosse tête. Le taquiner faisait presque partis de mes passe-temps favoris dès que je le voyais de toute façon, alors je ne risquais pas de changer ça. Quoique au moment présent, maintenant que j'étais installé bien au chaud dans ses bras, ça pouvait se négocier...Oh et puis de toute façon, je ne lui laissait pas le droit de râler, quoique je dise. Il n'oserait pas de toute façon, j'étais persuadé qu'il appréciait aussi trop mes boutades pour ne serait-ce envisager de bouder. Qu'il essaye pour voir...Comme à chaque dois que l'un de nous se mettait en tête de faire la tête, ça durait peu de temps. Ou plutôt, assez de temps pour qu'on essaye de se faire pardonner. Alors une fois de plus, une fois de moins, ça ne changerait pas grand chose. Pour le moment, la question était quand même plus de savoir le programme de la journée, auquel je n'avais absolument pas réfléchi pour l'instant, bien que sur le moment, j'étais trop bien installé pour avoir envie de bouger. Je laissais plutôt le choix à Adam. « On reste alors » « Ça me va bien. » lui répondis-je avec un grand sourire, tout en prenant soin de blottir ma tête contre son cou, profitant de sa chaleur, inspirant longuement son odeur, délaissant sans aucun regrets le lapin pour le moment. Pouvoir passer toute une journée installé de la sorte, je ne disais pas non.

Sa question sur la situation au club en ce moment, depuis qu'on s'était fait surprendre en fait, eut la réussite de me faire taire quelques secondes, histoire que je réfléchisse à une réponse correcte. Dans tous les cas, et ça on ne pouvait pas le nier, ça aurait pu être bien pire. Elias avait eu l'air de relativement bien le prendre, mais sur le moment, vu la tête qu'il avait tiré, ça avait du bien le surprendre. Pourtant ça n'avait pas trop eu l'air de le gêner...Oui en fait, j'avais été le seul à me sentir bien con dans cette situation. Si bien qu'après m'être rhabillé à la va vite, la seul chose intelligente -ou pas, que j'avais trouvé à faire, ça avait été décamper loin, et de préférence le plus vite possible, réflexe de survie oblige. Malgré tout, au sein du club, ça n'avait pas changé pour autant son attitude à mon égard. Au début, j'avais tendance à éviter de le croiser de trop, mais au final, c'était passé, plus de quoi en faire tout un drame. Je retournais plutôt la question à Adam, voulant savoir si son frère ne lui avait pas trop remonté les bretelles. Son grand sourire me laissait penser que non. « Non pas du tout. Ça l’a quand même plutôt amusé » je levais les yeux au ciel. En attendant, c'était moi qui avait été retrouvé à poil, dans une situation plutôt inconfortable...Dans un sens, j'étais certain que nous aurions été plus loin, Elias l'aurait un peu moins bien pris. Rien que d'imaginer la scène...Ahem. Voilà quoi. « Y avait rien de drôle... » me mis je à marmonner. Non mais c'est vrai...Pourtant ça n'arrêta pas mon ami, qui continua, imperturbable. « Mais il m’a dit que tu es un bon élément. J’étais sûr qu’il allait t’apprécier » Un bon élément? Vraiment? C'était bon à savoir. Cette remarque me fit quand même sourire. Je me rappelais de la nuit où il m'avait proposé de bosser pour son frère. Vu le contexte dans lequel la proposition avait été lancée, à la base je ne pense pas que l'intention première de mon ami soit que je devienne un bon élément aux yeux de son frère... « En même temps, qui ne m'apprécie pas? » je lui offrais un grand sourire innocent. Comme à chaque fois que je disais une connerie en fait. Il n'en était pas moins que j'étais tout de même très reconnaissant à Adam pour ce qu'il avait fait pour moi.

Callé de la sorte, je n'avais plus envie de bouger, peu importe la raison qui aurait pu me pousser à le faire. J'en arrivais même à légèrement fermer les yeux en le sentant passer sa main dans mes cheveux, geste en soit anodin mais qui avait le don de me détendre. « Tu veux vivre avec moi ? » euh ? C'était quoi cette question ? Je relevais vivement la tête, le devisageant quelques instants. Il avait l'air tout ce qu'il y a de plus sérieux en plus. La chose qui m'avait surpris étant ce ton officiel, le genre que certains pigeons utilisaient pour se demander en mariage. Hum....j'avais du louper un épisode. Il se mit alors à rire. Il m'avait bien eu ce bougre. Et en plus il se payait ma tête? Me mêlant à son hilarité, je lui flanquais un coup de coude dans les côtes au passage. « T'es con! » je lui souris, encore bien amusé. Con mais tellement adorable. Contrairement à lui, je ne fis même pas l'effort d'avoir une once de sérieux. « Sérieusement, je pense que c’est le bon moment pour moi de faire quelques changements. Ça fait plus d’un mois que je cherche ici et là un appart, mais ne voulant pas rester tout seul non plus… ça te dit qu’on se prenne un appart tout les deux ? » En premier lieu, j'eus un grand sourire. Ainsi donc sa demande était sérieuse. Alors dans ce cas, oui oui oui et oui, bien sûr que ça me disait bien! Ça ne voulait pas dire grand chose dans un sens, mais pouvoir passer encore un peu plus du temps au quotidien avec lui, je ne disais pas non. Après tout, on s'entendait -tres- bien, alors s'il ne voulait pas être seul, j'étais partant pour lui tenir compagnie. Ça promettait... « Je suis partant...à condition que tu te tiennes un peu tranquille quand même. » Je le laissais l'interpréter comme il le voulait. Je me redressais un peu, passant ma main contre sa nuque pour l'attirer vers moi et l'embrasser doucement. Une envie soudaine nous dirons. « Ou sinon, tu peux tout simplement t'installer ici...y a une deuxième chambre si tu veux. » Chambre que j'avais plus ou moins emmenagé en bureau, mais pour le peu dont je m'en servais...Après, c'était comme il voulait. « Tu avais déjà prévu quand est-ce que tu déménagerais? »

C'était certain que je préférais la bonne humeur qu'Adam manifestait au moment présent, que l'abattement un peu plus tôt. Mais là, quelque chose me disait qu'il se fichait de moi...J'aurai aimé l'y voir, tiens! Fallait pas me faire ce genre de blagues. À moi en plus...Il avait pas honte? J'aurai pu feindre l'indignation, mais sur le coup, j'étais bien trop amusé pour ça. Je me contentais donc juste de lui flanquer un coup de coude dans les côtes, histoire de lui faire ravaler son rire qui frôlait la moquerie, le traitant de con au passage. Rien de bien sérieux donc, surtout que le jeune homme était loin d'en être un. Juste un peu taquin, dirons nous. En tout cas ça ne sembla pas le calmer. « Juste avec toi » Quel privilège. Il n'empêche, je devais être le seul capable de me faire avoir de la sorte avec lui et ses blagues à la con. Il fallait que je me méfie, à force j'allais faire attention, et le jour où il déciderait d'être sérieux, eh bien j'aurai l'air bien son. Plus que maintenant, je veux dire. M'enfin, j'aurai ma vengeance un jour ou l'autre, il pouvait en être certain. Je restais tout de même attentif à ce que me racontait Adam, qui une fois calmé, finit finalement par expliquer le fond de sa pensée. Qui au final, me plaisait bien. L'idée d'habiter ensemble, l'air de ''veux tu m'épouser'' en moins, c'était pour ainsi dire très intéressant. Une énième fous, je l'aurai bien fait marcher un peu, mais je doutais qu'il soit assez dupe pour me croire. Jusqu'ici je n'avais jamais vraiment songé à avoir de colocataire, mais maintenant qu'on me posait la question, je n'y voyais pas d'inconvénient, surtout avec lui. Ça m'assurait au moins que je ne passerai pas mon temps à trouver des reproches à faire envers la personne avec qui je vivrai continuellement. Et d'un autre côté, j'étais pressé de voir ce que ça pourrait donner, nous deux dans le même lieu de vie... Quelque chose de bien amusant à la longue sans doutes.

J'acceptais assez vite, sans trop réfléchir tellement ça me semblait flagrant que je ne pouvais qu'accepter. Je posais néanmoins une condition, à savoir qu'il se tienne sage. Bon, c'était surtout pour plaisanter, mais déjà qu'un peu plus tôt il avait délicatement affirmé qu'il serait venu me rejoindre dans la douche que je le veuille ou non, je ne tenais pas réellement à devoir surveiller mes arrières. Hum...même si après réflexion, ça marchait dans les deux sens. Et manifestement, mon ami ne semblait pas d'accord. « Ah bon ? Depuis le temps je pensais que tu savais déjà que j’étais tout ce qu’il y avait de plus angélique » Pardon? J'eus un sourire narquois. Angélique hein? Fallait peut-être pas abuser non plus. J'aurai plus dit que ce jeune homme était un horrible petit diablotin, tellement adorable qu'on en arrivait à chaque fois à craquer pour ses beaux yeux...Enfin voila, quelque chose du genre. Adam, en bref. Heureusement qu'il était parfait comme ça celui-là... « Quelle mauvaise foi. » Je ne lui laissais pas la possibilité de râler, que je lui attrapais doucement la nuque pour poser mes lèvres contre les siennes, l'embrassant doucement. Quand je le relâchais, ce fut pour lui proposer de directement emménager ici. Après tout, il y avait la place, alors ça pouvait éviter d'y passer trop de temps, surtout dans les recherches et le bordel administratif. S'il ne voulait pas, il n'y avait pas de soucis. Le but étant tout de même que ce soit pratique et confortable pour nous deux. « Si tu préfère rester ici, ça me gêne pas » Ce point était donc réglé. Je ne voulais pas non plus la jouer flemmard, mais même si ça n'y paraissait pas, les journées de boulot au Yelen se révélaient assez fatiguantes comme ça, alors je n'avais pas en plus l'envie d'avoir le nez dans les cartons. Pour autant s'il avait besoin d'un peu d'aide, Adam pouvait compter sur moi. « On fait ça alors. » décidais-je en souriant. Mais derrière tout ça, en plus des cartons, il avait peut-être autre chose à faire avant de déménager? Il venait quand il voulait, m'enfin je voulais bien avoir une petite idée de quand est-ce qu'il débarquerait avec ses affaires et tout. « Pas vraiment, mais le plus vite possible, ce serait bien. » Mh? Je n'aurai pas trop à attendre il semblerait. Et au final, je remarquais que j'avais eu raison un peu plus tôt, il avait bien eu quelque chose en tête pour venir. Encore une chose qui ne me déplaisait pas.

Je le regardais se redresser, me poussant un peu pour pas le gêner. Il y avait autre chose?
« Mais tu sais, en voulant déménager, je ne pensais pas le faire tout seul » Je haussais un sourcil, ne percutant pas tout sur le moment. Où est-ce qu'il voulait en venir là? J'étais pas sûr de bien comprendre. Et ça devait se voir d'ailleurs. « Comment ça? » « Je veux garder mes chats avec moi donc… si tu veux pas avoir des félins qui traînent ici, vaut mieux laisser tomber » Ah oui, ses bestioles poilues...Je les avais déjà vues une fois, les deux premières impressions étant ''quelle idée d'avoir autant de chats'' et ''faut pas être allergique''. Ce qui n'était pas mon cas heureusement. M'enfin, je comprenais qu'Adam veuille les garder avec lui. Juste que ça calmait déjà un peu, vu comme ça. Et apparement, mon silence sembla faire douter mon ami. « Tu veux toujours ? » Comme si ces bestioles pouvaient avoir raison de ma volonté. Je fis néanmoins mine de réfléchir. Il en avait combien déjà...5 ? 6 ? Beaucoup à mon goût m'enfin, ça n'allait pas non plus me rebuter plus que ça, tant qu'aucune ne venait me souler de trop. Je souriais finalement à mon ami. « Ce sera même pas la peine de me demander de toucher aux litieres, je te préviens. Ce qui se soldait en une réponse positive à sa question.

« Bouge pas » Sans plus d'explications, je me levais du canapé, me dirigeant à nouveau vers la seconde chambre, aménagée en bureau. En réalité, je venais surtout de penser à un truc. Peu importe le temps que ça prendrait, il se pouvait bien que je ne sois pas toujours là quand Adam voulait venir, alors à la longue, surtout si ici c'était aussi chez lui, ça n'allait pas le faire. Je fouillais dans le tiroir du bureau, refermant la main sur ce que je cherchais, avant de revenir dans le salon. « Attrape! » lui dis-je tout en lui lançant un trousseau de clés.

Vu la tête d'Adam qui semblait se décomposer au fur et à mesure de mon silence, après l'annonce de toutes ces bestioles sur pattes, j'en conclus que j'étais quelque peu en train de l'inquiéter. On pouvait tout simplement dire que c'était une gentille vengeance pour le coup foireux qu'il m'avait fait tout à l'heure avec sa demande. Rien de bien méchant donc. M'enfin, sur le moment, même si ça m'avait demandé réflexion, je ne voyais pas pour quelle raison je refuserai ses chats...Il y avait bien la condition de la litière, qui ne me ragoûtait pas vraiment, et puis après je ne voulais pas m'avancer, mais c'était sûr que si les chats se mettaient à faire leurs griffes un peu partout dans l'appartement, là aussi ça n'allait pas trop le faire. On verrait bien au moment présent de toute façon. Heureusement pour lui que je n'avais rien contre les félins n'empêche. Parce que ça faisait quand même beaucoup d'animaux...On risquait pas de se sentir seul au moins. Pour un peu qu'on trouve des matous partout dans l'appart', ce qui me semblait d'or et déjà fort probable...Fallait juste que je songe à faire attention de pas marcher dessus, si un d'eux avait la bonne idée de me traînait dans les pieds. Sur ce point rien à faire, j'ai toujours eu une préférence pour les chiens. Enfin, ça se discutait pas tout ça, parce que j'étais certain que si nous nous mettions à vanter les diverses qualités des félins et des canins, on n'en avait pas terminé. « Ok, c’est tout à fait normal que ce soit moi qui m’en charge » Ce petit détail, c'était réglé alors. Il avait raison sur ce coup, hors de question que je m'en occupe. Rien que d'imaginer mettre mes mains dedans, ahem.. Sans façons, vraiment.

J'avais fini par m'extirper des bras d'Adam, ayant une idée derrière la tête, et l'abandonnant ainsi avec la peluche qu'il m'avait offert un peu plus tôt. Si c'était d'accord pour qu'il vienne habiter ici, sûrement qu'il la verrait bien plus souvent. Entre les deux, je préférais quand même avoir le jeune homme dans mon lit. Enfin bref. J'allais chercher le double des clés, qui se trouvait dans un tiroir du bureau, depuis que j'avais emménagé en fait. Alors pour résumer, un moment. C'était loin d'être l'endroit où ces clés seraient les plus utiles, mais jusqu'à aujourd'hui, c'est presque que j'en oubliais leur existence. Heureusement pour moi qu'il ne m'était jamais arrivé d'oublier mes clés ou quoi que ce soit, parce que sinon...Eh bien j'aurai été embêté, voilà. Alors si mon ami devenait aussi mon colocataire, ça me semblait normal qu'il ait lui aussi un trousseau, la logique des choses en fait. Je revenais assez vite dans le salon, subitement assez pressé de regagner ses bras pour m'y blottir. Avant ça, je lui lançais ce que je tenais. Je répondis à son sourire, tout en me rapprochant de lui. C'est sûr qu'il n'avait pas du s'attendre à ça. « Tu me donne déjà des clefs ? » ''Déjà'' ? Il insinuait que ça allait vite ? Ben...Oui. Peut-être bien. Mais qu'est-ce que ça pouvait bien changer après tout. Que ça se fasse maintenant, dans deux semaine, ou même dans un mois, c'était une bonne chose qu'il puisse venir quand bon lui semble. J'aurai juste à faire gaffe à mon derrière quand je serai sous la douche. « Elles sont mieux entre tes mains que oubliées dans un tiroir. Puis bon, au moins t'as libre accès à l'appart', ce sera plus pratique. » conclus-je en me rasseyant sur le canapé, sans pour autant me lover contre lui, me contentant de l'observer. Je me demandais quand même ce que ça donnerait, nous deux sous le même toit. Je m'inquiétais pas, mais j'étais juste curieux de savoir ce que ça donnerait au quotidien. En fait j'avais jamais envisagé de vivre avec quelqu'un pour deux raisons bien distinctes : 1) j'avais besoin de calme, ayant souvent envie de me reposer, mon travail au Yelen n'étant pas non plus de tout repos. C'était pas possible avec tout le monde ça. 2) envie de garder une certaine liberté. Si c'était pour être avec une personne qui me prendrait la tête dès que je voulais ramener un mec par exemple, ou que je décidais de rentrer tard -ce qui arriverait forcément vu mon boulot-, c'était vraiment pas la peine. Là c'était Adam alors...je pensais pas que tout ça puisse poser problème. Du moins je l'espérais. Enfin...on verrait bien.

« ça veut dire que je vais déjà pouvoir m’installer ? » Je levais les yeux au ciel. Quelle question. Bon, il avait raison, il fallait que je fasse un peu de tri dans la pièce avant ; ce qui serait fait peut-être demain. Ou peut-être pas, vu que demain, je bossai. M'enfin ça changeait rien. Un peu plus tôt, je lui avais dit qu'il était toujours le bienvenu, je voyais pas pourquoi ça aurait changé entre temps. « Évidemment. Tu peux prendre ton temps, y a rien qui presse. » J'étais peut-être un peu pressé quand même, mais je n'allais pas le dire ou le montrer, après j'allais donner l'impression de ne pas savoir me tenir...Quoique sur le point de vue charnel, ça aussi, ça serait une autre paire de manche...Au moins, on n'aurait plus besoin du bureau d'Elias, bien que je doute oser y retourner pour de telles activités. Tss, ça avait été marrant pour les deux, mais moi je m'étais senti bien con sur le moment. Hum...Rien que de songer à ce qui pourrait nous attendre, ça disqualifiait d'office le lapin rose, qui traînait d'ailleurs sur la table. Rien que le regarder me faisait sourire en fait. Je l'attrapais, caressant distraitement une de ses oreille avant de la brandir devant les yeux d'Adam, amusé. « Faudrait pas que tu te sentes complexé vis à vis de ce lapin quand même...Je vais avoir peur que tu attentes à sa vie après. » roh ce que j'étais méchant...En fait pas méchant du tout, juste un peu taquin. Et pourtant ça me fit rire. Fallait vraiment que j'arrête. Très sérieusement, j'étais sûr que cette peluche allait trôner quelque part, bien visible dans ma chambre. Peut-être pas sur mon oreiller -surtout si celui-ci était occupé-, mais il serait en évidence, il n'y avait aucun doute là dessus. Déjà qu'Adam m'avait pris au sérieux quand j'avais parlé de concurrence entre eux deux, et moi je remettais ça sur le tapis. Mh, quelque chose me disait que la distance qui nous séparait, aussi minime soit-elle, était une stricte mesure de sécurité subitement. « Oui j'arrête de raconter des conneries...tu veux boire un truc au fait ? » Il m'en faisait oublier les bonnes manières.

La tournure que prenait cette après-midi me surprenait, à bien y penser, mais je ne m'en plaignais pas. Connaissant Adam, s'il m'avait proposé une telle chose, c'était que la question avait été mûrement réfléchie avant ça. J'insistais quand même sur le fait qu'il pouvait prendre tout son temps. On n'était pas à quelques jours prêts de toute façon. L'expression ''vite fait bien fait'' ne marchait pas toujours alors je préférais que mon ami évite de faire n'importe quoi à cause de la précipitation. Le but premier était quand même que tout se passe bien, non ? J'étais d'or et déjà quasiment certain que tout se passerait comme sur des roulettes mais bon, sait-on jamais. Le seul souci à peu près perceptible que je voyais pour l'instant, c'était la troupe de félins qui s'apprêtait à débarquer. Comme je l'avais précisé, tant que j'avais pas à m'occuper des litières, ou à m'en occuper tout court d'ailleurs, ça ne me poserait pas trop de problèmes. Bon c'est sûr que si il y avait tous les jours droit à un concert de miaulement, à la longue ça pourrait m'énerver un tantinet. Quoiqu'il en soit c'était officiel, j'avais déjà remis les clefs à Adam, l'affaire était bouclée. Ça faisait un peu le type pressé, mais à voir le sourire de mon ami, ça n'avait pas l'air de lui déplaire.

« En plus faudrait voir ce que je peux ramener, je veux pas changer brusquement ta déco. » La...déco ? Vraiment ? Je souris, franchement amusé. C'était vraiment LE détail qui ne m'avait même pas effleuré l'esprit tellement ça me semblait sans intérêt. Tant que l'appart restait présentable, je ne voyais vraiment rien à y redire. J'avais fait un effort pour chez moi bien sûr, mais je n'y avais jamais accordé une attention particulière. Les seules personnes pouvant se plaindre d'une décoration intérieure à mon avis, c'était bien les femmes. « T'as pas à t'en faire pour ça...Tant que je me retrouve pas avec un salon rose, tu peux y aller. » L'exemple me semblait bien foireux d'ailleurs, mais c'était juste pour qu'il saisisse que sauf en cas de force majeure, ben...Il avait pas à s'en faire pour ça. N'empêche, un salon rose, c'était l'horreur ça. Rien que d'imaginer rentrer et découvrir un tel spectacle, ça avait de quoi me faire grimacer. Heureusement, je doutais grandement qu'Adam puisse avoir des idées aussi tordues. Enfin bon, on n'allait pas penser au pire, de toute façon maintenant c'était décidé : il était ici chez lui. Et à moins d'un gros pépin, je ne risquais pas de revenir sur ma décision. Mine de rien, ça allait être intéréssant, comme colocation...

J'attrapais à nouveau la peluche, qui était délaissée sur la table. Pourquoi faire ? Oh, juste pour embêter un peu Adam. Rien de bien méchant...Après tout, c'est lui qui l'avait cherché. « C’est toi qui serait tellement désespéré pour te rabattre sur ce lapin » Je clignais des yeux, surpris. Comme d'habitude, dès que je voulais le taquiner, ça se retournait sur moi. Ça m'amenait à des, images un peu bizarres en fait, de me rabattre sur ça...Je laissais mon ami balancer le lapin plus loin. Mouais, il valait mieux s'en désintéresser. Il n'empêche...Il voulait jouer à ça ? Très bien. Je le regardais avec un grand sourire narquois. « C'est gentil de t'inquiéter pour moi, mais je suis très loin d'être déséspéré de ce côté là...T'en auras vite la preuve, vu que tu viens vivre ici. » Bon, c'était à moitié vrai. La preuve, j'avais encore viré un mec du lit ce matin...Mais à l'avenir, je ferai quand même gaffe à ne pas déranger Adam avec mes conquêtes. Un point positif de cet appart d'ailleurs, aucun problèmes de murs fins. Mais bon, on allait pas débattre sur ça, ni même trop y penser, car c'était la meilleure façon de s'embrouiller et de tout faire dans le désordre. Le lapin étant mis hors d'état de nuire, j'arrêtais de raconter n'importe quoi, lui proposant plutôt quelque chose à boire. Si je continuais à le charrier avec cette peluche, j'allais avoir un Adam vexé, et ça non merci. Manifestement, il décida de prendre sa revanche en profitant de ce changement de sujet...« Tu veux me faire boire pour que j’oublie que tu doive te contenter d’une peluche maintenant ? » Quand il le voulait, le jeune homme était vraiment pire que moi...Cette peluche n'était là qu'à titre de décoration, pas pour autre chose. C'était déjà rare que je sois obligé de me débrouiller seul, car en général je trouvais toujours un mec pour me contenter, alors franchement, il n'y avait aucune chance que cette peluche soit utile de ce côté là. « Oh pitié... » Je levais les yeux au ciel, comme si j'étais face à un enfant qui raconte des bobards. Ce qui dut plaire à mon ami, qui semblait bien décidé à continuer sur sa lancée. « Je suis certain que ça va faire de bons ragots. » Adam ? Jouer la mégère ? Le monde à l'envers. J'eus une moue dubitative en voyant attraper son téléphone. Il avait pas intérêt. Je savais pas trop s'il bluffait ou non, mais je me méfiais quand même...Qu'il ose, et alors là, ma vengeance serait terrible. Avec un peu d'imagination, j'étais sûr de trouver plein de choses à faire pour lui faire payer cette effronterie. « T'es qu'un odieux petit personnage Adam. » Non en fait, un adorable mec, mais ça, il n'avait pas à le savoir, ça risquait de gâcher le peu de crédibilité que j'avais encore. Et il continua, le fourbe. « ça va faire le tour du quartier en moins de deux » J'imaginais déjà ce que ça pourrait donner, et franchement, je préférais éviter. Croyez-le ou non, au sein de Castro, j'avais quand même une dignité à tenir. Hors de question que ce lapin rose se mette en travers de ça...Sinon je le donnerai en pature aux chats d'Adam. Oui voilà, c'était une bonne idée ça. J'attrapais le bras de mon ami qui tenait son portable, avant de demander d'une voix mielleuse et ironique. « Tu tiens pas à ta vie j'ai l'impression » Ironique dis-je, parce qu'il n'y avait aucun risque que j'attente à sa vie...

Je me laissais retomber mollement sur le canapé, le laissant faire à sa guise. Avec une tête de mule pareil, rien à faire. « Je veux bien un coca, sinon » C'est ça, fais l'innoncent aussi...Heureusement que c'était lui hein. « C'est déjà plus raisonnable. » Je le gratifiais d'un sourire, histoire de prouver qu'après tout, j'étais pas trop vexé. Même s'il y avait atteinte à ma dignité là. Je me levais, ignorant royalement le lapin à terre, sans pour autant marcher dessus. Je me dirigeais vers la cuisine pour prendre deux canettes de coca dans le frigo, ainsi que deux verres, que je rapportais dans le salon sur la table. Bon, le téléphone semblait rangé au chaud dans sa poche...Danger écarté pour le moment. « Donc tu t'amuses à alimenter les ragots ? Je te voyais pas en commère pourtant. » Na.

Bon sang...Quand il le voulait, Adam pouvait vraiment se comporter comme le pire des emmerdeurs. J'avais beau savoir que ce n'était absolument rien de méchant, mes nerfs commençaient à s'en voir titillés un petit peu. C'était idiot, étant donné que je doutais sérieusement qu'il puisse me faire un tel coup, mais c'était malgré moi. Et vu qu'il continuait, ne se gênant pas pour en rajouter une couche à chaque fois, je supposais que c'était la réaction qu'il attendait de ma part. Je me sentais incapable de m'énerver pour une chose pareille, mais il n'était pas exclue que je me renfrogne. Par sa faute. Et alors, si ça arrivait, il pouvait toujours causer, j'étais têtu. Je fixais son portable en plissant des yeux, inventant déjà mille et une façons de m'en débarrasser pour le moment,afin d'éviter un quelconque dérapage. Qui sait, avec la chance que j'avais, il allait vraiment écrire le sms et l'envoyer sans faire exprès. Et alors là, bonjour pour rattraper ça. Parce que bon, sans être le seul Seth dans le coin de Castro, j'avais pas tellement envie qu'on fasse le lien sur ce tas de bêtises. Quel crétin quand même, Adam...Parce qu'en plus, la situation l'amusait bien. C'était bien la peine de râler. Qu'il s'étonne pas si un jour je lui retournais la chose. Je savais pas encore ce que je pourrai bien faire, mais ça ne saurait tarder. Il avait qu'à bien se tenir.

Me sentant soudainement impuissant, je le regardais faire sans me gêner pour lever les yeux au ciel, le maudissant de tous les noms. « ça va faire le tour du quartier en moins de deux. Il faut bien prévenir les gars, de pas tomber dans ton piège, et pas se laisser berner par ta publicité mensongère. » Et en plus, il avait l'air sérieux, ne démordant pas le moins du monde de son truc. Pff...Non mais vraiment. Il en avait encore pour longtemps ? Saleté de lapin rose. Dire que pour assaisonner le tout, mon ami me blâmait pour ça alors qu'à la base, c'était quand même lui qui avait émis l'idée. En plus il osait dire qu'il n'avait rien d'un odieux personnage, quelle mauvaise foi. Vraiment. Légèrement agacé, je soupirais, regardant partout, sauf en direction d'Adam. « C'est bon Adam, les blagues les plus courtes sont les meilleures. » Oui, j'insinuais que le niveau volait très bas. J'espérai aussi le faire taire, mais ça c'était encore trop demander. Alors à la place, je l'écoutais continuer de partir dans son délire, vu qu'après tout, il n'y avait rien d'autre que je puisse faire. Ça n'aurait pas été lui, j'aurai déjà réagi d'une façon un peu plus violente et radicale. Enfin, il le savait ça. Sans doute pour ça qu'il en profitait. « Faut pas qu’ils perdent leur temps avec toi » Pardon ?! Là je me sentais touché dans mon estime. Jusqu'ici ça allait, mais insinuer que j'étais un mauvais amant, même pour une nuit, c'était bien pousser le bouchon un peu loin. Il savait très bien qu'il avait tort. J'étais loin d'être nul au lit, très loin même. Et ça, sans me surestimer. Je me redressais, le fixant avec un sourire narquois. « Bon allez, c'est quoi le problème Adam ? Tu sens que je te fais de la concurrence avec les mecs de Castro, alors tu cherches à tout prix à me discréditer ? Tu sais, c'est pas ta faute si je suis meilleur que toi.. » Je me tus, assez fier de moi pour le moment. C'était à moi de raconter des bêtises, parce qu'à vrai dire, je ne m'étais jamais posé de question sur mes performances sexuelles. Il fallait vraiment douter de sa virilité pour oser y songer. Or, ce n'était pas mon cas. Oui, j'avais tout à fait confiance en moi. Et là, c'était tout à fait justifié.

Le jeu allait tout de même trop loin. Joignant l'acte à la parole, j'attrapais le bras d'Adam pour l'interrompre dans ce fichu sms. Qu'il semblait à tout prix vouloir continuer. Il tenait vraiment pas à sa vie lui. « J’y tiens énormément » Visiblement si ? Mouais, ça laissait à désirer encore. Quoiqu'il en soit, j'abandonnais la partie, las de lutter contre cette tête de mule, qui avait récupéré son bras pour continuer. Après lui avoir proposé quelque chose à boire, je me levais, me dirigeant vers la cuisine pour aller chercher de quoi nous rafraîchir. J'espérais juste que dans ce temps là, mon ami en aurait assez marre de ne plus avoir de public pour protester, alors qu'il rangerait son portable. En revenant dans le salon, verres et canettes à la main, je pu constater que oui. C'était pas trop tôt. Je me ré installais sur le canapé, faisant un commentaire sur les talents de commère du jeune homme. Réellement, on pouvait croire à une véritable vocation, vu l’ardeur qu'il y avait mis. « J’en suis pas, je me fais juste le devoir de prévenir ces pauvres ignorants » Il continuait, encore et encore. Je le fixais quelques instants, profondément exaspéré, cherchant quelque chose à rétorquer. J'allais pas m'abaisser à ça, si ? « Pff. » Commentaire très constructif, il faut bien le dire. A mon tour, je me servais un peu de soda dans le verre, regardant quelques instant les bulles pétiller en remontant à la surface, avant de sentir un bras passer autour de ma taille, et des lèvres se coller contre mon cou. C'est ça, qu'il se fasse pardonner...Peut-être que je me montrais vexé, mais malgré tout c'était un côté de sa personnalité que j'appréciais. Ce genre de truc qui le rendait unique en son genre. Heureusement d'ailleurs, parce qu'un deuxième exemplaire, ça serait déjà un peu plus problématique. « Boude pas, même si t’as des déviances sexuelles, je t’apprécie beaucoup quand même. » Mhh, qui a dit que je boudais au fait ? Il allait pas recommencer, si ? Je levais les yeux au ciel, encore une fois. « Tu fais encore un commentaire comme ça, je t'assure que t'es pas prêt de m'avoir à nouveau dans ton lit. Si tu penses que c'est une perte de temps... » Il oserait quand même pas me mettre au défi ? Dans ce cas, je n'aurai plus qu'à y mettre une volonté de fer. Et à m'occuper avec d'autres mecs.