Aaron & Seth

What's the problem, again ?!

Constatation claire et nette : c'est le bordel. Oh pas dans ma vie, ma vie ça va, elle se porte bien. Mais l'appart', depuis qu'Adam avait emménagé, c'était pas vraiment ça niveau rangement. J'étais pas maniaque, mais j'avais quand même quelques limites avec le bordel ambiant. De toute façon, ça allait bien finir par se résoudre, ça servait à rien d'en faire tout un drame. Je commençais mon service dans l'après-midi, j'avais un peu de temps devant moi étant donné qu'il était encore tôt. La faute à l'une des bestioles sur pattes d'Adam...Les miaulements continus jusqu'à ce qu'on daigne bouger, je commençais presque à me demander si ce ne serait pas mon lot quotidien. Sur 6 chats, fallait que le chieur décide de s'en prendre à moi, j'étais gâté hein ? La prochaine fois qu'il décidera de me déranger de bon matin, il aura du souci à se faire. En espérant vivement que la légende urbaine des chats qui ont 9 vies soit vraie, bien entendu. Enfin peu importe. Le fait est que j'avais toute la matinée devant moi pour m'occuper un minimum.

Tant qu'à faire quelque chose, je m'y étais mis aussi pour ranger un peu ce qui pouvait encore traîner. De mon côté, j'avais plus tendance à tout mettre en vrac dans un coin de placard. Et à force de s'entasser, je ne savais plus tellement ce qu'il y avait dedans. C'était une bonne occasion pour enfin faire un peu de tri, alors je m'y étais mis, passant patiemment au peigne fin toutes ces babioles. J'en eu pour une bonne heure sans que rien ne m'interpelle particulièrement, jusqu'à ce que j'arrive tout au fond de ce bordel ambulant. Juste quelques photos, qui ne me rappelait rien de bien spécial. Elles avaient peut-être du tomber de quelques malheureux bouquins que j'avais enlevé précédemment, parce que je ne me souvenais pas en avoir mis là dedans. Je m'assis par-terre, dos contre le lit, le temps des les observer de plus près. Elles étaient au nombre de 3, et manifestement, elles auraient mieux fait de rester tout au fond de ce placard, car les voir me fit l'effet d'une grande claque. Un peu comme un parcours de vie...Sur la première, c'était mes parents, il y a de ça je suppose 25 ans. C'était...plutôt étrange de voir ça. J'avais jamais connu ma mère, et mon père était loin d'être quelqu'un de sentimental qui collectait les photos , alors très rares avaient été les occasions où j'avais pu voir son visage. Si ça me manquait ? Pas vraiment. Sans me vanter, je m'en étais pas trop mal sorti. Et de ce que je savais, ça valait bien mieux pour elle qu'elle ne soit plus là. Sur la photo, mon père avait toujours cette expression hautaine et méprisante, rien de différent par rapport à l'homme que j'ai connu. Mine de rien, il y avait un sacré contraste. Il semblait bien se foutre d'elle, et pourtant elle avait cet air ébahi, reconnaissant, comme si c'était son dieu. Elle était tombée bien bas. La seconde photo, c'était une photo de moi plus jeune. J'étais encore un gamin, une dizaine d'année tout au plus. Cette photographie me fit rire. Ça me paraissait si loin tout ça...En fait, je ne m'en souvenais plus. Seul le principal me restait en tête, à savoir que dès mon plus jeune âge, j'en avais bavé, ne pouvant me fier qu'à moi-même. Quant à la troisième photo...J'aurai pu la déchirer sur place tellement elle représentait peu à mes yeux. Une photo de mon père et moi, qui finalement ne datait d'il y a pas très longtemps. Ce jour là, je m'en souvenais comme si c'était hier. Il avait failli se faire chopper par les flics pour détention de substances illicites et même d'armes, je m'étais mis en plein milieu. Il n'y avait rien à me reprocher, et les 24h de garde à vue me restaient quand même en travers de la gorge. Penser à l'homme qui était mon père, faisait remonter pas mal de souvenirs en moi, que j'aurai aimé oublier.

Je cherchais encore les raisons qui m'avaient poussé à le défendre continuellement, même à l'aider dans son trafic que je désapprouvais profondément. Heureusement pour moi, je n'avais jamais été tenté par la ''marchandise''...Je me contentais de la vendre, pour rapporter l'argent à mon père. Je crois qu'il n'a jamais attendu quoi que ce soit d'autre de ma part. A tel point que ça ne m'a ni étonné, ni attristé, quand j'ai appris qu'il s'était fait descendre. Ça ne pouvait pas aboutir autrement, au train où allaient ses affaires. Je n'avais même pas cherché à savoir qui est-ce qui s'était occupé de la besogne. A quoi bon, après tout ? Ces types n'étaient destinés qu'aux bas fonds de San Francisco, et je n'y étais pas intimement mêlé. C'était encore LE truc à éviter. J'avais donc pris mes distances, laissant ce genre d'emmerdes à d'autres. Au vu de ma situation aujourd'hui, je pouvais juste affirmer que je m'en étais bien sorti malgré tout. Je n'avais pas voulu ressembler à l'ordure qui me servait de père, c'était réussi. En bonus, jusqu'ici, j'avais été tranquille, personne pour m'emmerder. Je soupirais en déchirant la photo, revenant au moment présent. Je balançais négligemment les morceaux dans ce qui était bon à jeter. J'avais besoin de prendre l'air.

Je me levais, évitant de justesse de trébucher sur le chat noir et blanc d'Adam...Figaro je crois. Aucune idée en fait, j'avais pas particulièrement fait attention. Pour moi, c'était bestiole n°1, bestiole n°2, et ainsi de suite. J'allais jusqu'à la cuisine, le temps de prendre un verre d'eau, et de me poser quelques secondes. Au moins maintenant, j'étais tranquille, sans personne pour me dicter la consigne à suivre. Enfin, tranquille...Les coups secs sur la porte démontraient le contraire. Adam qui avait oublié les clés ? Silencieux, je marchais jusqu'à la porte pour l'ouvrir à la volée...Avant de stopper net. Trois hommes, dont un qui ne me disait vraiment rien qui vaille. Genre, le chef entouré de ses deux sbires. Je fronçais les sourcils. Ça voulait dire quoi ça ? J'en savais rien, mais ça puait les emmerdes à plein nez. Il suffisait que je pense à quelque chose de négatif pour que ça me tombe dessus...Bon allez, c'était sûrement pas grand chose. « ...Oui ? » Pas de bonjour ni rien, la politesse, s'ils étaient bien le genre de type auxquels je pensais, ils pouvaient se la mettre dans le cul.

Comme toujours les affaires d’Aaron allaient bon train, son compte en banque à l’étranger se remplissait à vue d’œil, son patrimoine également, bref tout allait pour le mieux. Mais si aujourd’hui il en était arrivé là, ce n’était pas sans problème. Non quand même vous n’allez pas croire que cet un ange hein ? Le trafic d’arme c’était sa spécialisation, et jamais assez il ne remercierait son père pour ça. Lui qui pourtant l’avait toujours détesté… Les gens sont parfois étranges lorsqu’ils apprennent leur mort, c’était comme ci ils voulaient se faire pardonner de toutes leurs erreurs passées… Bien que pour Aaron l’attitude que son père à eu envers lui durant ses vingt-sept longues années ne changera rien au fait qu’il le hait et que ce sera toujours comme ça, même grâce à cette liste qui la rendu si riche.

Aujourd’hui, aller savoir pourquoi aujourd’hui et pas un autre jour, Aaron se plongea dans sa paperasse, ah ça il en avait des papiers… Revenues en tout genre, contacts du monde entier, différentes propositions de ventes et d’achats, et la feuille recensant ses différents contacts morts, la aussi il y avait beaucoup de noms, ce qui dans ce milieu n’était pas si étrange que ça me direz-vous. Toujours est-il qu’il tomba sur différentes personnes qui aujourd’hui ne lui seraient plus aussi utiles, mais il tomba aussi sur d’autres qui lui devaient beaucoup d’argent, trop sans doute. Oh bien sûr qu’il le récupère ou pas cela ne changerait pas la donne, mais pour Aaron il était important que l’on respecte ses promesses et en voyant apparaitre le nom de Garret il s’aperçut que lui ne l’avait pas respecté…

Pianotant sur son clavier, il fit quelques recherches sur ce Garret, sa famille, son capital à sa mort, mais rien… Il était comme absent de la toile, ce qui était assez étrange pour un personnage comme lui. M’enfin Aaron avait d’autres ressources, il appela alors son informateur, Lara Nazarov-Sokolov, une lieutenant de police plutôt coopérative ces derniers temps. Bref elle non plus n’avait pas trouvé grand-chose sur lui, mise à part qu’il avait un fils et qu’il vivait à San Francisco à Castro Street. Et bien parfait il n’avait plus qu’à s’y rendre et demander son du. Simple d’aspect, difficile à faire cependant. Aaron savait pertinemment que ce genre de situation était difficile à réaliser. En effet les enfants des dits parents morts ne voulaient généralement rien avoir à faire dans ce genre d’histoire, pourtant ils y perdaient souvent bien plus en refusant qu’en donnant l’argent. Réquisitionnant deux hommes de mains, Aaron prit le chemin de Castro Street armé seulement d’un revolver.

Une fois sur place il étudia les lieux, l’immeuble était plutôt simple d’aspect et sur la boite au lettre il remarqua que Garret Seth était collé au nom d’Adam Taylor. Hum cela semblait fort intéressant pour la suite. Un autre Taylor, servit sur un même plateau, que demander de plus ? M’enfin ça ce serait pour une autre fois… Aaron et ses deux hommes en costard noir prirent donc l’ascenseur jusqu’à l’étage et avec une allure déterminée ils se dirigèrent jusqu’à l’appartement. Donnant deux grands coups secs sur la porte, il attendit à peine cinq secondes que celle-ci s’ouvre. Un homme âgé d’environ vingt-cinq ans, allure plutôt musclée, l’air peu serein, lui ouvrit. Un simple « ...Oui ? » sortit de sa bouche. Il savait donc à qui il avait affaire, du moins à quel genre de personne. Ce qui était dans le fond un bon point déjà. Mains dans les poches, sourire aux lèvres, Aaron avant de se présenter prit soin de s’inviter lui-même dans l’appartement. Non pas qu’il voulait se montrer impoli non ! Mais bien parce qu’il savait qu’en restant sur le pas de la porte il aurait du demander à ses hommes de défoncer la porte, et ça il ne le voulait pas.

« Je me présente Aaron Carter, le fils de Nick Carter, et voici Rufus et Alan »

Du pouce il désigna par-dessus son épaule ses deux hommes de mains, qui comme de bons chiens de garde étaient resté près de la porte, encadrant cette dernière. Agissant ainsi ils pouvaient, rien que par leur carrure, empêcher à n’importe qui de sortir d’ici. Aaron se retourna alors vers le jeune homme, qui pour tout avouer avait l’air bien paumé.

« Carter, je suppose que ce nom te dis quelque chose non ?

De par cette question, Aaron s’assurait des renseignements qu’avait Seth en sa possession. Prenant s’il le fallait l’avantage sur lui.

Voir ce type chez moi, même si j'en ignorais la raison, faisait remonter plusieurs sentiments en moi, la colère et la haine dominant le tout. Pourtant, quoique je fasse, j'avais l'impression que je ne pourrai que m'empêtrer un peu plus. C'était toujours comme ça dans ce genre de situation, de toute façon. Il y avait les forts et les faibles, ces derniers ne pouvant pas lutter dans toutes les situations. Je n'avais jamais envisagé de revoir ce genre de personnes un jour, mais maintenant que c'était le cas, il n'y avait plus trente six mille solutions. Le moindre faux pas pouvait coûter cher, très cher. Cette éventualité ne me plaisait pas non plus. Ce type, quel qu'il soit, avait le dessus sur la situation, tant pas l'effet de surprise que par ses hommes de main. Ça ne m'aurait pas étonné plus que ça s'il était armé aussi. Sa façon de sourire, les mains dans les poches, style faussement décontracté, me hérissait les poils. Je n'essayais même pas de lutter quand il s'invita à l'intérieur. Je fermais plutôt la porte derrière. Inutile d'ameuter tous les résidents de l'immeuble avec ce genre d'histoires. Sur le coup, heureusement qu'Adam n'était pas là. Le mêler à tout ça serait la dernière chose dont j'aurai eu envie. Enfin bon, il fallait que j'arrête de m'affoler, si ça se trouve, c'était juste une visite sans importance. Et après, on se demandait pourquoi je haïssais mon père...J'avais jamais été friand de toutes ces embrouilles, bien trop dangereuses à mon goût, autant pour moi que pour les autres.

Les bras croisés contre ma poitrine, le dos appuyé contre le mur, je ne quittais pas ce type des yeux, le regardant d'un air neutre, contradictoire avec tout ce qui se passait dans ma tête au moment même. « Je me présente Aaron Carter, le fils de Nick Carter, et voici Rufus et Alan » Aaron, Nick...Les prénoms en eux-mêmes ne me disaient rien. Carter en revanche...Je n'avais jamais eu la malchance de le croiser jusqu'ici, mais j'en avais souvent entendu parler oui. Je me rappelais des coups de téléphone qu'avait mon père avec lui, souvent c'était pour discuter des prochains échanges de marchandises, ou bien des sommes d'argent que mon père devait rembourser. Il arrivait que ça parle des différents informateurs qu'avaient l'un et l'autre, des lieux d'échange pour les armes...A y réfléchir, j'étais au courant de beaucoup trop de choses pour qu'on me foute naturellement la paix. Mine de rien, j'avais tenu 2 ans sans qu'on vienne m'emmerder, période qui semblait définitivement révolue. Quant aux noms des deux armoires à glace qui le suivait de près, j'en avais proprement rien à faire. Et puis Rufus, ça m'avait toujours fait penser à un nom de chien. Pourtant, je ne pipais mot, sans le lâcher du regard. Je mettais un point d'honneur à ne rien montrer comme émotions, ne voulant pas lui donner ce plaisir. Je me refusais de penser qu'une pareille ordure puisse avoir le dessus sur moi. Et encore, je faisais un effort, car je n'avais jamais eu ma langue dans ma poche. Je haussais les épaules, signifiant clairement que ça m'était bien égal de savoir comment il s'appelait. Pour moi, peu importe son nom, c'était juste un problème supplémentaire.

Mon silence n'avait en rien l'air de le déranger. J'avais même l'impression que ça l'amusait. « Carter, je suppose que ce nom te dis quelque chose non ? » Ca ne me disait rien qui vaille en tout cas, et il allait falloir que je sorte de mon mutisme...J'étais face à deux options : acquiescer ou nier. La dernière étant à manier avec précaution. Je ne pensais pas que Carter soit dupe à ce point, et me foutre de lui serait une mauvaise idée, si je tenais à me sortir de cette situation sans soucis notable. Cette sensation d'être testé ne me plaisait pas du tout. J'étais au courant de beaucoup de choses, beaucoup trop de choses même. Je commençais à craindre que ça me porte préjudice. On arrivait au genre de moment, où je me sentais comme une bête acculée au fond d'une cage. Malheureusement, quoique j'aie pu faire par le passé, ça en serait arrivé au même point. Dis quelque chose Seth... Je levais les yeux au ciel, optant pour une troisième option : le détournement de sujet. « Abrégez le monologue. » J'avais pas envie d'y passer toute la journée, et franchement, les présentations me semblaient complètement inutile. Je me plaçais en face de lui, soutenant son regard. « Qu'est-ce que vous me voulez ? » Les deux chiens de garde s'étaient décidé à bouger en me voyant avancer, sans réellement m'en empêcher. Qu'est-ce qu'ils voulaient que je fasse de toute façon. Ils étaient trois, sans doute armés jusqu'aux dents, j'étais seul à mains nues. Cherchez l'erreur. Mais la question était posée, sans que j'ai à répondre à la sienne. Je me doutais que de toute façon, sa présence ici avait un rapport avec les affaires qu'il entretenait avec mon père avant sa mort. Je ne comprenais pas pourquoi il avait autant tardé, dans un sens.

Une autre chose qui m'effrayait, bien que je le taise, c'était le fait qu'il puisse passer par Helena pour ce genre de choses. Mettre la main sur elle aurait été compliqué remarque. Si elle décidait de disparaître de la circulation, elle le faisait sans soucis. De plus, notre père ne l'avait jamais reconnue, alors ça m'aurait étonné qu'elle puisse figurer dans un quelconque registre. Qu'il y ait des informateurs ou non, j'espérais qu'elle serait mise hors de cause elle aussi.

Voilà les présentations étaient faite, bien entendu qu’il s’en fichait de ses hommes de mains, mais si Aaron les avait présenté c’était une fois de plus pour montrer qui il était, quel rang il exerçait, et qui des deux hommes avaient l’avantage ici. Tout était moyen de pression. Quand il se retourna pour dévisager le fils de celui qui lui devait de l’argent, Aaron vit qu’il n’avait pas l’air si détendu que ça. Y’avait qu’à voir la façon dont il croisait les bras adossé au mur. M’enfin il ne s’attendait pas à autre chose non plus. Encore moins qu’il l’accueil à bras ouvert. Toujours est-il que Seth mit un moment avant de répliquer quoi que se soit. Mieux, il le coupa net : « Abrégez le monologue. » Bon point il le vouvoyait. Si Seth savait qui était Aaron, il n’en montra pour le moment rien, ce qui commençait à chatouiller son égo. En effet Aaron n’aimait pas qu’on ne sache pas qui il était. Pourquoi ? Tout simplement parce que cela faisait des années qu’il essayait d’entretenir sa « popularité », si on pouvait appeler les choses ainsi… Seth enchaina : « Qu'est-ce que vous me voulez ? » Tout en avançant vers Aaron, réaction qui fit que les deux hommes armés s’avancèrent vers leur patron pour le protéger, d’un rapide mouvement de tête, Aaron les re-congédia à leur place devant la porte. On en venait donc directement au sujet. Ce qui fit apparaitre un sale sourire sur le visage d’Aaron. Il aimait qu’on aille droit au but, sans détournement, rien juste l’essentiel.

Même si il crevait d’envie de lui répondre, il préféra marcher un peu dans la pièce, examiner les choses qui s’y trouvaient. Beaucoup d’objets trainaient ici et là, objets qu’apparemment un des deux essayaient de masquer en empilant tout ensemble. Des chats aussi… Ah ça il y en avait. Qui peut mettre autant de chats dans un appart ? Bref, continuant son inspection comme si il y était invité, oui parce que cela ne devait pas plaire à Seth. Imaginez un sale type qui arrive chez vous à l’improviste et qui commence à fouiller un peu partout… M’enfin Aaron s’en fichait royalement. Puis il tomba sur les photos. Après un rapide coup d’œil il se retourna vers Seth


« Et bien comme tu le sais ton père est mort depuis deux ans, jusque là je ne t’apprends rien, cependant il se trouve que je lui ai, comment dire… ? Prêté ? Oui voilà prêté, quelques marchandises, mais son affaire ayant mal tournée il ne m’a jamais rendu l’argent. »

En insistant bien sur le mot argent, Aaron venait ici de poser les bases. Bien entendu il n’était pas venu jusqu’ici juste pour lui annoncer ça. Mais ce qu’il désirait là, c’était que Seth s’imprègne bien de ce qui allait suivre en se posant milles questions, et surtout sur l’ampleur qu’allait prendre les choses. Parce que ce qu’Aaron désirait c’était de récupérer son argent, mieux encore de gagner quelqu’un qui pourrait remplacer le père de Seth. Que rêver de mieux alors que son propre fils ?

Se postant face à lui mais à une distance assez lointaine pour ne pas qu’il lui décoche un coup de poing, les mains toujours dans les poches, le sale sourire disparue pour laisser place à un visage neutre voir mauvais, Aaron planta son regard dans celui de Seth

« Et je déteste qu’on ne me rende pas mon argent… »

Une fois de plus il ne dit toujours pas ce qu’il désirait, non il voulait que la peur entraine chez Seth un faux mouvement, mouvement qui pourrait lui servir par la suite. Tout était tellement coordonné dans son cerveau. Certains diront qu’Aaron aurait pu être un champion aux échecs, pourtant jamais il n’avait aimé ça. Non lui ce qu’il aimait c’était de jouer pour de vrai, et c’est qu’il était en train de faire et avec brio en plus de ça…

Si ce type était là, une chose était certaine, c'est que ce n'était pas pour une visite de courtoisie, surtout s'il se baladait avec deux toutous prêts à me sauter au cou. Des mecs là pour faire le sale boulot en bref. Mais étrangement, ce n'était pas eux qui me mettaient le plus mal à l'aise. C'était surtout Carter...Sa nonchalance ne me disait rien qui vaille. Je n'osais même pas le quitter des yeux, comme si ça pouvait risquer d'être une erreur fatal. Dans les bas-fonds de San Francisco, il suffisait parfois d'une seconde d’inattention pour être irrémédiablement foutu. Pour l'instant, j'avais consciencieusement évité chacune de ses questions. Ça m'aurait étonné qu'il sache beaucoup de choses sur moi, et sur ce dont j'étais au courant des affaires de mon père, ce qui n'était pas plus mal. Je n'avais ni dit, ni insinué que j'avais de quelconques informations sur qui il était, et ce qu'il faisait. Vu qu'il ne laissait rien paraître, j'avais quelques difficultés à dire si mon détournement de sujet avait bien fonctionné ou non. Le sourire qui était présent sur son visage ne me disait d'ailleurs rien qui vaille. Comme si il savait d'avance ce qu'il allait faire, ce qu'il dirait, pour me faire réagir et se donner une possibilité d'avoir le dessus. Les années que j'avais vécu à être un foutu pion dans ce jeu m'avaient offert quelques réflexes de survie dès qu'on me cherchait des ennuis. Des réflexes autres que foutre un poing dans la tronche au premier emmerdeur venu bien sûr. Surtout que dans le cas présent, je risquais fortement d'être perdant si je tentais quoi que ce soit. J'en restais donc au stade de l'insolence.

Tout chez ce type me poussait à me méfier de lui, que ce soit par son allure, ses airs, ou sa façon d'être. Il ne semblait pas décidé à répondre à ma question pour l'instant, se baladant dans l'appartement comme si c'était tout à fait normal. J'avais beau tenter de rester totalement impassible, je commençais à avoir beaucoup de mal. Il avait eu raison de prendre quelques bons toutous bien dressés, parce sinon il n'y a aucun doute qu'il aurait eu quelques petits soucis. J'aimais pas sauter au cou des gens de cette manière, mais s'il continuait à passer au peigne fin l'appart', et à fouiller de la sorte, je n'allais pas rester de marbre bien longtemps. Lorsque son regard se posa sur les photos, ce fut sans doute le truc de trop. Je fis un pas en avant sous les yeux menaçants des armoires à glace. « C'est bon, vous avez fini ? Faut pas vous gêner surtout. » maugréais-je d'un air mauvais. Carter était bien plus doué que moi pour ça.

Quand il eut l'air d'avoir fini son petit tour, il se décida enfin à revenir vers moi. « Et bien comme tu le sais ton père est mort depuis deux ans, jusque là je ne t’apprends rien, cependant il se trouve que je lui ai, comment dire… ? Prêté ? Oui voilà prêté, quelques marchandises, mais son affaire ayant mal tournée il ne m’a jamais rendu l’argent. » Et allez, comme je m'en doutais, des histoires avec mon père...Qu'est-ce que je pouvais en avoir à foutre, que leurs petits échanges de marchandises et d'argents aient été compromis par sa mort ? Je ne voyais pas réellement pourquoi il venait m'en parler cependant. Cette histoire me plaisait de moins en moins. Je n'avais jamais géré ces échanges, échappant dès que je le pouvais à ce trafic merdique. Il ne fallait pas croire qu'une seule fois dans ma vie, j'avais envisagé prendre une telle relève. Aujourd'hui, toutes les affaires dans lesquelles il avait traîné étaient loin, très loin de ma vie. Je n'étais plus au courant de rien sur ce qui se tramait autour de ce genre de choses, si c'était ce que Carter voulait savoir. Surtout deux ans après...Définitivement,ce type m’insupportai. « Oui c'est triste, je sais. Et sinon ? Ça m'étonnerait que vous veniez pour quelques condoléances. » lui répondis-je, sarcastique. Il tournait autour du pot, et ça m'exaspérait profondément. Heureusement qu'Adam n'était pas là, sinon, je voyais mal comment j'aurai pu lui expliquer ce genre de situation...

Mais cette fois-ci, ce Aaron Carter ne semblait plus du tout disposé à rire. Il avait pris un air menaçant qui aurait fait froid dans le dos à plus d'un. Tout ceci confirmant l'hypothèse que depuis toujours, mon père n'avait réussi qu'à m'apporter des emmerdes, celle-ci par exemple plus grosse que la plupart d'entre elles. Et pourtant, je ne pouvais rien faire de plus qu'attendre de savoir exactement à quoi cela mènerait...Toutefois on essaierait de faire cela dans le calme, parce que je ne tenais pas tout à fait à avoir affaire à ses hommes de mains. Posté où il était, de toute façon je n'aurais pas le temps de l'atteindre avant de me prendre une balle. Et encore, c'était si j'avais de la chance. « Et je déteste qu’on ne me rende pas mon argent… » A proprement dire, ce type commençait à sérieusement me faire flipper. Il voulait me descendre aussi, pour faire payer les dettes de mon père, c'est ça ? Surtout, ne pas avoir peur. Ne pas montrer de faiblesses. Et pourtant, les sueurs froides qui me prenaient m'inciter au contraire. Au fil du temps j'avais compris que ça marchait ainsi, si on se montrait faible, on était la potentielle victime. Ne pas reculer. Ne pas baisser le regard. Je prenais une grande inspiration, me forçant à ne pas bouger, à ne pas regarder ailleurs. Je dus faire recours à une maîtrise de moi immense, pour ne pas ciller ou quoi que ce soit. Ne pas reculer...C'aurait été mentir, dire que au moment présent, j'étais calme, du style sans peur et sans reproche. D'apparence, je devais sûrement avoir l'air du mec qui n'en a pas grand chose à faire. Le contraire était décidément tout autre...

Et pourtant, contrairement à ce que j'attendais avec la peur au ventre, rien ne venait. Les secondes s'écoulèrent avec une lenteur horrible. Je ne comptais pas faire quelque chose. Dire quelque chose, à la rigueur...Bizarrement, ma gorge me semblait bien sèche, soudainement. « Qu'est-ce que vous comptez faire alors ? Dépêchez-vous, j'ai pas tout mon temps... » Je me sentais menacé, et pourtant, je me montrais insolent...Peut-être une notion de plus rien à perdre, qui sait.

Décidément ce petit avait de son père bien plus qu’il ne le pensait. De part son caractère déjà. Y’a qu’à voir comment Seth était insolent envers Aaron, et comment la première fois son père avait été lui-même insolent avec Aaron… Cependant ce dernier n’aimait pas ça. Mais alors pas du tout. Pour le moment il n’avait à aucun moment insulté Seth, certes il s’est invité lui-même dans son appart, il avait également jeté un rapide coup d’œil, mais jamais il n’avait manqué de politesse envers lui. Il ne se permettrait pas, du moins pas tout de suite… « C'est bon, vous avez fini ? Faut pas vous gêner surtout. » Aaron ne releva pas cette phrase. Peu importe ce qu’il dise, Seth ne pourrai l’empêcher de faire quoi que ce soit. Alors. De plus s’il voulait se montrer plus mauvais qu’Aaron s’était raté. Il en avait connu des sales types, et Seth lui et bien il était très bas sur l’échelle des mauvais garçons qu’il ne fallait pas fréquenter.

« Oui c'est triste, je sais. Et sinon ? Ça m'étonnerait que vous veniez pour quelques condoléances. » Le voir ainsi sur le qui vive rassura Aaron. Certes il préférait se taire sur la relation qu’il entretenait avec son père, mais Seth se montrait prudent. Ca Aaron le voyait clairement. Pourtant il continuait de ne rien dire. Faire perdurer un silence lourd dans la pièce permettrait ainsi de faire monter la pression. Et lorsqu’il exprima clairement ce qu’il pensait sur le fait qu’il n’aimait pas qu’on ne lui rende pas son argent, le silence resta intact. D’ailleurs Aaron vit clairement Seth, car il ne le quittait plus des yeux, déglutir afin de rafraichir sa gorge sèche. Puis le jeune homme réussi à placer une phrase : « Qu'est-ce que vous comptez faire alors ? Dépêchez-vous, j'ai pas tout mon temps... ». Un sourire malsain réapparu sur le visage d’Aaron qui se détendit.

« Moi non plus Seth je n’ai pas tout mon temps, que se soit bien clair »

Pour la première fois depuis qu’il était rentré dans l’appartement, Aaron sorti enfin les mains de ses poches. Venant passer la droite dans la poche de sa veste, il en sortit une cigarette, de la gauche il prit son briquet de sa poche. Bien entendu fumer chez les gens sans leur consentement était une fois de plus quelque chose de mal, mais Aaron tentait encore de déstabiliser Seth. Y parviendra-t-il ? Ca… Tirant une latte sur sa cigarette, il expira la fumée qui s’évapora à travers la pièce avant d’enchainer.

« Vois tu, comme je te le disais, ton père est mort en ne me rendant jamais mon argent, aujourd’hui si je suis là c’est que justement je compte récupérer cet argent. Etant son fils légitime, et l’unique à ce que j’ai pu voir, j’attends de toi que tu honneurs la promesse de ton père. Et peu importe les liens que tu avais avec lui, je m’en fiche royalement »

Tirant une deuxième latte sur sa cigarette, il plongea une nouvelle fois le regard dans celui de Seth. Essayant de percer à jour ses intentions, Aaron savait pertinemment que Seth allait se braquer une nouvelle fois. Ils le faisaient tous… Mais il n’avait pas joué sa dernière carte. Et bien entendu celles qui lui restaient s’annonçaient bien pire…

Les secondes qui passaient me donnaient l'impression d'être testé, à chaque fait et geste. A croire que les agissements, mais surtout le silence de Carter étaient fait pour. Je tentais de rester calme, de ne pas réagir, comme si ça m'importait peu. Mais au fond, j'avais surtout peur de comprendre où il voulait en venir. Je n'arrivais pas à saisir, si bien que je ne cherchais même plus à jouer l'ignorant sur tout ça. Je me montrais insolent, mettant un point d'honneur à ne pas ciller devant lui, et je n'étais même pas sûr que ce soit assez. Je ne me faisais pas d'illusions, il avait eu le dessus sur des types bien pires que moi. Je ne devais pas être une complication pour lui, quoique je fasse. Et pourtant il était venu avec ses sbires...Comme si j'avais prévu sa visite, et donc que je l'aurai attendu derrière la porte pour lui tendre une embuscade...C'était lui qui était censé savoir certaines choses sur moi, pas le contraire. D'ailleurs j'aurai été curieux de savoir le peu de chose dont il était au courant sur ma personne. Pour l'instant il y avait plus préoccupant néanmoins. Sa façon d'être, menaçante et sûre d'elle, avait eu de quoi me déstabiliser. J'avais tout de suite envisagé la solution la plus radicale. J'espérais vivement me tromper, mais l'autre continuait de se taire, me fixant, faisant monter la tension dans la pièce. L'atmosphère pouvait presque être semblable à une tempête sur le point d'éclater. Je voulais directement passer au vif du sujet, en finir avec ces histoires, et manifestement, je l'avais signalé de façon bien mal assurée, ce qui avait agrandi le sourire malsain de Carter. « Moi non plus Seth je n’ai pas tout mon temps, que se soit bien clair » Hum. C'était une menace peut-être ? Depuis qu'il était arrivé, il m'avait juste tutoyé, mais qu'il prononce mon nom de la sorte comme il le ferait avec une connaissance dont il se fout éperdument, fis grimper encore ma mauvaise humeur d'un cran. « Qu'est-ce que vous foutez là alors ? » lui demandais-je d'une voix railleuse. Je jouais avec le feu et je sentais que j'étais sur le point de me brûler, mais après tout, la suite allait sûrement me faire déchanter. Alors au point où ça en était...

Je cherchais encore où il voulait en venir. Parce qu'au final, il n'avait comme réussite de me mettre d'une humeur de merde, ce qui n'arrangerait rien si nous devions parler par la suite comme des personnes civilisées. J'avais encore mes bras croisés sur mon torse, me maîtrisant afin d'éviter de mettre un poing dans la figure de ce guignol. Si le coup partait, il y avait peu de chance que je m'en sorte aussi sans problèmes, d'où les réactions physiques étonnamment calmes. Ça ne m'empêcha pas cette fois ci d'avoir un léger mouvement de recul en le voyant sortir ses mains des poches, pour au final constater que c'était dans le but de prendre une clope et un briquet, rien de bien meurtrier. Encore une fois, fallait pas se gêner surtout. Je ne relevais pas une seconde fois, lui jetant juste un regard noir. Il disait ne pas avoir tout son temps lui non plus, mais il se faisait franchement désirer pour le moment. Il fallut attendre que la fumée de la cigarette se soit un peu dissoute autour de nous pour qu'il se décide enfin à causer un peu. « Vois tu, comme je te le disais, ton père est mort en ne me rendant jamais mon argent, aujourd’hui si je suis là c’est que justement je compte récupérer cet argent. Etant son fils légitime, et l’unique à ce que j’ai pu voir, j’attends de toi que tu honneurs la promesse de ton père. Et peu importe les liens que tu avais avec lui, je m’en fiche royalement » Ben voilà, c'était pas bien compliqué. Ça confirmait aussi ma thèse qu'il s'était renseigné comme il avait pu avant de se ramener. Dans les gosses que mon père avait daigné reconnaître, j'étais malheureusement le seul, oui. Dans le reste...Seule l'existence d'Helena m'était connue. Discrète comme elle l'était, ça m'aurait étonné qu'elle se fasse pincer aussi facilement par ces types. Et ne tenant pas spécialement à ce que Carter tombe sur elle, j'allais devoir monopoliser l'attention. Il pouvait toujours courir pour son fric. Deux raisons à cela. D'une, je n'avais pas cet argent, deux, hors de question que je paye pour les conneries de mon père. Le mégalomane stupide que j'avais en face de moi pouvait toujours courir. Je m'avançais d'un pas, me mettant à lui sourire avec une insolence non dissimulée. « J'en suis désolé mais...Comment vous expliquer clairement...Ah oui. Vous pouvez aller vous faire foutre, vous et votre argent. » Je le contournais, passant près des deux chiens de garde dont l'un que je bousculais légèrement. Je m'avançais dans l'entrée, posant ma main sur la poignée de la porte tout en regardant Aaron. « La porte est ici, vous pouvez dégager maintenant. C'est assez clair comme ça ? » Du vite fait bien fait, je n'allais pas m'embêter longtemps avec ces énergumènes.

Au vue de comment réagissait Seth, il ne faisait aucun doute qu’il bouillait intérieurement mais qu’il tentait du mieux qu’il le pouvait de se contrôler. Aaron aimait ce genre de type, si il ne paraissait pas aussi intègre peut être qu’il lui aurait proposé de faire partie de sa maison. Enfin s’il ne lui devait pas non plus de l’argent… Or là on parlait d’une somme assez importante, futile pour Aaron mais colossale pour Seth, y’avait qu’à voir son appartement dans l’état dans lequel il était… Mis à part des objets que les jeunes adoraient, il n’y avait pas une once d’objets de valeurs ici. Enfin tant pis, Aaron aimait qu’on tienne ses promesses et Seth, du moins son père, allait devoir tenir la sienne. Il voulait cet argent quoi qu’il en coute au petit. Si jamais la douceur ne marchait pas, il irait bien plus loin… Aaron l’avait déjà fait, avait déjà torturé et tuer pour de l’argent il n’hésiterait pas à recommencer. D’ailleurs son regard noir en disait long, et il tentait le plus possible de le lui faire comprendre, et ce par tous les gestes qu’il pouvait. « J'en suis désolé mais...Comment vous expliquer clairement...Ah oui. Vous pouvez aller vous faire foutre, vous et votre argent. » Décidemment ça en était trop. Cette fois son sourire avait totalement disparue, mais avant qu’il ne riposte, Seth dépassa les hommes de main et alla vers la porte d’entrée : « La porte est ici, vous pouvez dégager maintenant. C'est assez clair comme ça ? » Il voulait donc qu’il s’en aille. Cette fois Aaron était touché dans son estime. On ne l’avait quasiment jamais foutu à la porte. Tirant une dernière latte sur sa cigarette il jeta celle-ci vers la fenêtre ouverte et remit ses mains dans ses poches. Puis ne lâchant pas une seule fois Seth du regard, le plus mauvais qu’il pouvait se donner et sachez que celui-ci pouvait faire froid dans le dos à plus d’une personne, il se dirigea vers la porte. Ses hommes prirent soin de rester derrière, laissant Seth entre Aaron et eux.

« Comme tu veux, mais si un soir tu retrouves Adam, ton colocataire je crois, dans un sale état, ce sera de ta faute Seth, uniquement de la tienne car tu n’aura pas tenue la promesse de ton père. »

Ce qu’il était capable d’infliger à une personne innocente ? Tout… Si cette personne, en l’occurrence Adam, pouvait servir d’intermédiaire entre son argent et lui il était prêt à tout. Et puis amocher Adam Taylor serait un double effet : non seulement cela toucherait Seth, mais également Elias. Que demander de plus ? Et surtout pourquoi n’y avait-il pas pensé avant ? Et puis trouver Adam ne serait pas bien compliqué, il savait où il habitait maintenant. Il aurait juste à claquer des doigts pour que celui-ci apparaisse dans son bureau alors… Il allait commencer à partir, quand lentement il s’arrêta et se retourna une dernière fois vers Seth

« J’ai toujours une longueur d’avance Seth, toujours… »

Cette fois il tenta de faire apparaitre son sourire le plus mauvais. Puis d’un mouvement de tête il fit rappliquer ses hommes à côté de lui. Désormais dans le couloir Aaron commença à partir, mais lentement, car si Seth tenait un tant soit peu à Adam, il le rappellerait pour connaitre les conditions de la promesse de son père… Sauf s’il avait trop peur et qu’il pensait qu’Aaron ne mettrai pas à exécution sa menace. Là dessus il se trompait sur toute la ligne…

Cette situation ne me plaisait pas, mais alors, pas du tout. Et je le faisais sentir. Le fait que je dise à ce sombre crétin d'aller se faire foutre réussit enfin à atteindre l'estime de ce type, qui d'ailleurs ne sembla pas trop apprécier mes dires, vu la façon dont son sourire disparut, comme de la glace au soleil. Je savais que c'était une belle connerie de ma part de lui parler ainsi, et pourtant, le contraire m'était trop insupportable. Je ne voyais pas pourquoi je manifesterais le moindre signe de respect pour une personne qui ne viendrait que me chercher des ennuis. Tout ce qui concernait mon père faisait partie intégrante de mon passé, alors il pouvait rêver pour qu'un jour, je me remette dans ce genre de magouilles. L'hypocrisie de ce mec m'exaspérait. Je ne voulais même pas savoir la somme que mon père lui devait, mais je me doutais que ça ne devait rien représenter pour lui. Avec ce qu'il avait déjà, un peu plus un peu moins, où était le problème ? Oh que non, je ne risquais pas de le suivre. Les embrouilles à long terme, définitivement, c'était pas pour moi. S'il pensait que j'allais me laisser faire, il pouvait rêver. Il n'était pas question que je me soumette à ces conneries. Je l'accompagnais plutôt à la porte, lui signifiant clairement de dégager. Je ne voulais pas de ces types chez moi. Ce fut sûrement ce qui acheva le peu de sang-froid dont faisait preuve Carter, au vu du regard tellement noir qu'il en était transcendant, qui ne me quitta pas une seconde. Comme il ne l'avait pas fait depuis qu'il était arrivé en fait. Je n'en faisais rien, mais il fallait admettre que ça avait la réussite de me presser à le faire dégager.

Est-ce que je m'attendais à ce que ce soit aussi simple ? Hum...Je l'espérais, tout au plus. Je ne pensais pas que cette provocation suffise à faire dégager un type pareil, qui n'aurait sans doute aucun scrupules à tuer pour l'avoir, son foutu argent. J'avais l'air sûr de moi, mais je n'en menais pas large. Ça me semblait bien trop simple pour l'instant. Je croisais les bras, le regardant se poser en face de moi, un air plus que menaçant sur le visage. « Comme tu veux, mais si un soir tu retrouves Adam, ton colocataire je crois, dans un sale état, ce sera de ta faute Seth, uniquement de la tienne car tu n’aura pas tenue la promesse de ton père. » Je serrais les poings, sentant clairement la rage m'envahir. Il avait bien eu raison de venir avec ses gorilles, parce qu'il aurait fini dans un triste état. Il ne toucherait pas à Adam. C'était hors de question. Il pouvait me prendre comme cible, je n'en avais rien à foutre, mais hors de question qu'il se tourne vers mon ami pour lui faire payer, je refusais clair et net. La mâchoire contractée au possible, les poings serrés, je le fixais, prêt à lui décocher mon poing dans sa gueule. Connard. Salaud. Enflure. Un tas de noms d'oiseaux me vinrent à l'esprit subitement. Mais...pas lui. Pas Adam. Il ne méritait pas ça. J'étais mis dos au mur, et Carter le savait pertinemment. Prenant une voix d'autrement menaçante, je plissais les yeux, me maîtrisant pour ne pas lui faire ravaler sa putain de fierté. « Vous ne toucherez pas à Adam. » je séparais bien chacune des syllabes pour que le message soit clair. J'admettais au passage qu'il comptait pour moi, donnant un nouvel avantage à mon adversaire, mais là c'était la menace de trop. Et par ailleurs je savais que s'il arrivait quoi que ce soit au jeune homme, je ne me le pardonnerai jamais.

Et maintenant, qu'est-ce que je faisais ? Je semblais pas trop avoir le choix. Et le jeu devenait trop dangereux pour que je m'y mêle seul. Je ne savais plus trop quoi faire, si ce n'est accepter cet horrible chantage, et aviser en fonction. J'étais pris au piège, et y avait rien de plus détestable. Je l'avais provoqué, et je commençais à doucement en payer le prix. Ce n'était jamais qu'un début si je refusais toujours toute coopération. Les trois hommes prirent cependant la direction de la sortie, comme je le leur avait demandé un peu plus tôt. Chaque seconde qui passait semblait être un supplice. Je ne voulais pas me casser le cul à essayer de rembourser les dettes de mon enfoiré de père, mais imaginer ne rien faire, mis à part refermer la porte derrière eux, me faisait imaginer un Adam particulièrement amoché. Non...Comme pour bien enfoncer le couteau dans la plaie, Carter se retourna, avec un air impérieux qui avait intérêt à disparaître. « J’ai toujours une longueur d’avance Seth, toujours… » S'il ne tenait pas à devoir se refaire une dentition, il avait intérêt à arrêter. J'aurai pu croire qu'il bluffait, mais quelque chose me disait qu'il était tout ce qu'il y a de plus sérieux. Et ça, ça me faisait peur. En le regardant s'éloigner, je savais qu'il me restait à peine quelques secondes pour revenir sur ma décision. Je le haïssais ce type, bordel. Je m'accoudais contre l'encadrement de la porte, les poings toujours serrés à tel point que mes jointures étaient blanchies à faire mal. « Combien est-ce que mon père vous devait ? » D'or et déjà je m'attendais à rester bien mitigé en entendant la réponse.

Jusqu’où Aaron pouvait-il passer sa colère sur Adam pour avoir ne serait-ce qu’une partie de l’argent que lui devait Seth ? Loin… Très loin même. Pour lui il était comme une pièce d’échec, et cette pièce il était en train de la jouer. Il voulait gagner la partie, comme toujours, comme il a toujours su le faire. La faute à qui si son connard de père à toujours voulu le meilleur de lui ? Et là il n’avait fait qu’amener Seth devant le fait accompli : il payait ou bien il encaissait. Mais à quel point pourrait-il encaisser ? Là était la question.
« Vous ne toucherez pas à Adam. » A cette simple phrase à laquelle Seth avait prit bien soin de décomposer chaque syllabes, Aaron ne put s’empêcher de rire de plus belle… Allons qu’est-ce qu’un gamin comme lui ferait ? Le frapper ? Qu’il essaye… Il avait une arme et n’hésiterait pas à tirer juste histoire de le blesser. Etait-il fou ? Sans nul doute mais il aimait ça, il aimait le fait que les gens se plient à sa volonté, il aimait au plus haut point les voir souffrir comme lui a souffert, mais par-dessus tout il aimait être respecté. Et ce mioche ne le respectait pas le moins du monde. Ca patience avait des limites cependant…

« Ou sinon quoi ? »

Aaron n’avait peur que de très peu de choses dans la vie, la pire était morte il y a quelques années de ça. Peut être que son reflet un jour arrivera assez à le terrifier pour qu’il se rende enfin compte de quoi il était capable, quoi que non il était bien trop narcissique pour ça, il aimait trop sa petite personne… Et puis qu’avait-il à craindre ? Il était protégé 24h/24, son manoir également, son argent aussi. Certes il payait des sommes astronomiques pour ça, mais ne valait-il pas mieux perdre quelques pièces plutôt que de tout perdre ? Enfin quoi qu’il en soit sa ruse avait marché car au moment où ils s’apprêtaient à partir il ne du pas attendre bien longtemps avant que le minus ne le retienne : « Combien est-ce que mon père vous devait ? » Ce fut alors un sourire victorieux qui s’afficha sur son visage. Il le tenait, quoi que Seth en dise il avait remporté une victoire, peut être pas la bataille mais ce ne serait tarder… Aaron se retourna précipitamment vers Seth, se rapprochant une nouvelle fois vers le plus lentement qu’il pouvait

« 30 000 dollars, 45 000 avec les intérêts, tu vois une somme futile, mais comme je vois que tu ne peux te payer un meilleur appartement que celui-ci, et encore si on peut qualifier ça d’appartement, je te donne un délai d’un mois, ni plus ni moins… »

Comment Seth pourrait se procurer tout cet argent ? Aaron s’en fichait royalement, qu’il se démerde, si il veut il pouvait vendre tout ses biens, son corps même, ou pourquoi pas finir les restes de son père… Peu importe du moment qu’il lui donnait ses 45 000 dollars en temps et en heures. D’ailleurs il n’allait pas omettre de le mettre en garde si jamais il ne payait pas.

« Je reviens dans un mois ici Seth, si jamais tu n’as pas cet argent j’augmente les intérêts avec en prime un petit cadeau »

Méchant vous avez dit ? Quoi qu’on en dise la discussion était close pour Aaron. Il s’apprêtait donc à rentrer chez lui avec la nette impression d’avoir une fois de plus réussi…

Les types comme Carter n'avaient ni limites, ni humanité. C'était sans doute ce qui les rendait si redoutables. Je doutais que ces menaces puissent marcher dans le sens inverse. Je voyais trop mal un homme pareil s'attacher pour qui que ce soit. Dans le cas présent, que je le veuille ou non, j'étais pris au piège. Je ne pouvais pas faire grand chose d'autre que me soumettre à son chantage dégueulasse pour l'instant. Comme quoi, c'est toujours à cause des autres qu'on devient vulnérable. J'aurai pu mettre Aaron à la porte dès maintenant, ç'aurait été la solution la plus raisonnable pour le moment d'ailleurs. Mais s'il arrivait quoique ce soit à Adam, je serai sûrement incapable de me le pardonner. Je payais les fautes de mon père, hors de question que je refourgue aussi ces dettes à mon ami. Mon regard ne semblait pas capable de se détacher de ce type, comme si ça pouvait être une faute critique. Pourtant, il m'inspirait que de la haine. Mes poings, toujours serrés malgré moi, me démangeaient tellement j'avais envie de faire ravaler la fierté à l'homme qui se tenait devant moi. Le moindre mouvement trop brusque de ma part, je risquais bien de me retrouver dans un piteux état. Et je refusais de faire profil bas. Tout ça était bien trop contradictoire à mon goût pour que je puisse décider quoi faire. J'avais tout de même lentement déclaré, afin de bien me faire comprendre, qu'il ne toucherait pas à Adam. Comme je m'y attendais, ça le fit rire, et ce rire me fit pincer les lèvres dans une expression peu amène. « Ou sinon quoi ? » Je dus faire un énorme effort pour recourir à un sang-froid apparent. Sinon ? Bonne question. Mais j'étais certain que si une telle chose arrivait, je ne resterai pas là les bras croisés ; Carter aurait du souci à se faire, il pouvait en être sûr. Faussement impassible, je le regardais plutôt débarrasser le plancher.

Obéir, ou voir les autres en subir les conséquences. Je haïssais déjà le choix que je faisais de rappeler un pareil type, n'ayant qu'une envie, le voir dégager de ma vue, mais je lui demandais tout de même la somme à rembourser, sans savoir d'avance comment je pourrai m'y prendre. J'allais obéir oui, mais pas respecter. Il y avait une nuance assez perceptible entre les deux termes, qui se verrait rapidement dans mon comportement vis à vis de lui. Carter semblait déjà prendre ça pour une victoire, ce qui m'agaça au plus haut point. « 30 000 dollars, 45 000 avec les intérêts, tu vois une somme futile, mais comme je vois que tu ne peux te payer un meilleur appartement que celui-ci, et encore si on peut qualifier ça d’appartement, je te donne un délai d’un mois, ni plus ni moins… » Pour la première fois depuis le début de cette visite inopportune, je détournais le regard, me prenant de contemplation pour un point invisible sur le mur opposé. 45 000 avec ses putain d'intérêts... Il était sûr que je ne disposais pas d'une somme pareille. Je ne réagissais même pas à sa critique sur l'appartement, sachant que c'était tout à fait puéril. Pour lui qui devait vivre dans un manoir ou je ne sais quoi, un appartement, aussi moderne soit-il, devait lui paraître bien minable. De toute façon je me foutais bien de savoir le potentiel de ce lieu en ce moment. Songer à la somme qu'il venait d'annoncer m'amena à plusieurs solutions pour rembourser tout ça. En un mois...Le délai me semblait trop court pour que j'arrive à avoir tout l'argent au bout de celui-ci. Je pouvais toujours essayer, sans me voiler la face, gagner autant d'argent en un mois ne pouvait pas être possible légalement, vu ma condition. Retourner dans un domaine ne touchant que le bas-fond de San Francisco me répugnait. Sinon je pouvais toujours...Non. Tout ce qui touchait à la prostitution ne m'emballait pas royalement. « Je reviens dans un mois ici Seth, si jamais tu n’as pas cet argent j’augmente les intérêts avec en prime un petit cadeau » Il me confirmait juste que quoi que je fasse, je n'aurai pas la paix tant que tout ne sera pas remboursé. J'aurai juré avoir grimacé légèrement à l'évocation d'un petit cadeau. Quelle gentillesse, vraiment...

A moins que...J'allais sans doute faire une chose qui ne plairait à personne. Mais qui assurerait la sécurité des autres, si tout se passait bien. Je pris une grande inspiration, prêt à retenir Carter encore une fois. Étrangement, quand je tentais de parler, les mots restèrent bloquer dans ma gorge. Allez Seth...Avant que ce soit trop tard. « J'ai autre chose à vous proposer. » Maintenant que j'avais lancé la proposition, c'était trop tard pour reculer. Jusqu'où j'étais prêt à aller ? Alors ça... « Vous laissez mes proches tranquilles, et en retour...Je travaille pour vous. » J'étais parfaitement sérieux. Je ne doutais pas que l'offre l'intéresserait au moins un minimum. Il avait travaillé avec mon père et voilà que je prenais la relève, contrairement à tout ce que j'avais un jour voulu. En plus gratuitement. Tant qu'à être dans un merdier pas possible, autant en arriver là. La seule chose que j'aurai juste à craindre, ça serait les tâches qu'on pourrait me demander.

Sans le vouloir, j'avais laissé la victoire à Carter, j'avais rendu les armes. Lutter de trop me semblait bien trop dangereux, surtout pour les autres. Alors il ne me restait plus qu'à espérer ne pas trop mal m'en sortir...Au point où en était l'histoire, je n'avais plus rien à gagner. Je pouvais juste essayer de sauver les meubles, et ça ne s’annonçait pas simple. Le comique dans l'histoire restait que cet homme, aussi dangereux soit-il, ne m'effrayait pas tellement. Ce qui me faisait hérisser les poils, c'était surtout de penser aux conséquences de mes agissements. Je m'avançais sur une sorte de terrain miné, truffé de bombes et de pièges qui manquaient de m'exploser à la tête à tout instant. Il y aurait bien un moment où je finirai par me planter, et alors là bonjour les dégâts. J'étais dos au mur, alors toutes les idées étaient bonnes pour éviter le pire, même celle qui germait dans ma tête, presque synonyme de facilité. Si l'on exceptait les horreurs que ça promettait évidemment...Fallait pas penser que travailler pour un type pareil serait des vacances. L'imaginer représentait même une torture à mes yeux. Mais c'était soit ça, soit je me démmerdais seul et alors je n'en avais pas fini. Et Adam subirait les conséquences. Alors non, franchement cette option ne me plaisait pas. Je préférais encore prendre sur moi. Si cela n'avait tenu qu'à moi, il aurait bien pu me tuer dans la minute, ça m'aurait été bien égal. Malheureusement, il avait compris les ficelles de la chose, et donc ça ne marchait pas comme ça.

Comme je m'y attendais, l'annonce de ma proposition lui plu bien plus que de raison. Pas la grande explosion de joie, vu qu'il semblait très bien la contenir, mais il était séduit. Il pouvait bien...Je ne réagissais même pas quand il voulut me montrer à une nouvelle reprise à quel point il était imposant vis à vis de moi. Son lourd regard ne démordait pas non plus, captant le moindre détail de mes réactions. « Tel père, tel fils n’est ce pas Seth ? Si j’avais su un jour que la descendance prendrait le relais… Enfin bref cet arrangement me convient parfaitement. Il y a juste une petite condition que je voudrais rajouter… Rien de bien méchant… » Je n'aimais pas sa réflexion, et même si je tentais de ne pas le montrer, ma mâchoire crispée et mes poings serrés le montraient bien. Je n'acceptais pas qu'on me compare à mon père. Je me détestais déjà de tomber aussi bas, je n'avais pas envie que cette ordure de Carter en rajoute une couche. De plus, j'étais déjà certain de ne pas apprécier la condition qu'il était en train de me proposer. Ça sonnait faux. Déjà qu'il allait avoir l'honneur de me pourrir la vie et de me contrôler comme une marionnette sans que j'aie mon mot à dire, qu'est-ce que ça allait être maintenant ? Il ne fallait peut-être pas trop pousser. Je le fixais, silencieux, docile. J'aurai aimé donner mon grain de sel, mais inutile de commencer dès maintenant à m'attirer ses foudres ; ça n'en serait pas positif. Lui semblait tout à fait à l'aise, pas gêné le moins du monde par cette situation.

«Mais avant toute chose un mois de travail ne suffira pas pour rembourser la somme, je te veux pour 6 mois minimum. Ensuite personne ne doit savoir que tu travailles pour moi, auquel cas je ferai supprimer cette personne. Ne crois surtout pas que j’en saurai rien, car tu seras surveillé 24h/24 voilà ma condition. » Je manquais de m'étouffer sur place en entendant la durée du contrat. Six mois...Il était vraiment fou ! Comment je durerai six mois à faire des sales trucs ? C'était impossible...Surtout en cachant ça. Je ne tenais pas à ce qu'il y ait des morts dans l'histoire, par ma faute qui plus est. Il fallait d'or et déjà que je commence à réfléchir à la façon dont j'allais pouvoir coïncider mes deux ''emplois''...Déjà que le Yelen me prenait pas mal de temps, parfois tant en journée qu'une partie de la nuit, si en plus je devais assurer des sales besognes, les six mois à venir s'annonceraient durs...Le plus compliqué étant que pour la sécurité des autres, il faudrait bien que je mente aux gens. Rien qu'à Adam, le fait que je sois plus souvent à l'extérieur qu'à l'appart' avait peu de risque de passer inaperçu. Je le sentais mal, très mal. Mais maintenant, c'était ça ou rien. « Je crois que vous avez pas trop à vous en faire sur ce dernier point. Aucune chance que je me vante de travailler pour vous. » Je grimaçais sur ce dernier mot, comme s'il m'inspirait un profond dégoût. Ah mais, voyons voir ? C'est le cas.

« Que tout sois bien clair, je ne voudrai pas que quelques fuites se fassent. Il est donc impératif que je sache toujours où tu te trouves, à qui tu parles, et ce que tu dis. Ensuite avec qui tu couches, ce que tu fais de tes soirées, ou autres je m’en fiche royalement. Est-ce assez clair ? » Et respirer, j'avais le droit ? Si on récapitulait, durant les six mois à venir, je serai traqué en permanence. J'étais pas certain que ça me plaise, ça aussi. Enfin, si ça pouvait leur assurer que je ne ferai pas fausse route...C'était quand même relativement lourd, comme conditions. Seul bémol, encore une fois, j'avais pas mon mot à dire. Le risque que je prenais, c'est qu'à force, Carter connaisse toutes mes fréquentations. Ça pouvait lui être utile, des fois que menacer Adam ne suffise plus...Dans quel merdier je m'embarquais moi ? Un autre détail qui me faisait tiquer, rien ne m'assurait que je puisse lui faire confiance. Qu'est-ce qui me disait pas que ce n'était que quelques belles paroles pour m'avoir à son service, sans rien en retour ?... De toute façon, c'était trop tard. « Je pense pas avoir le choix de toute façon. Mais le message est passé. » Nb : apprendre à me montrer un peu poli avec un type pareil. Pas une mince affaire néanmoins. Son regard restait fixé sur moi, ce qui me faisait presque sourire. Qu'est-ce qu'il s'attendait à voir ? Une belle frousse ? Parce que c'était bien raté. Pour l'instant, j'étais plus résigné qu'autre chose.

Le jeu était fait. Et je n'étais pas certain d'en avoir la victoire.

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