Casey & Aaron & Seth

« It's harder to know just where to go, if only the stars aligned...The sunsets glowed. I dont need a calm in a storm
or something to scream about with empty lungs »

« Sois à l'usine désaffectée de North Beach à 22h. Tu connais les consignes. Attention aux faux pas Seth... »

Quelque part entre le message d'avertissement et de menace, ce sms avait eu le don de me rendre irascible au possible. Je n'avais toujours pas digéré l'engagement que j'avais fait auprès de Aaron Carter, juste pour limiter la casse auprès des autres. Je n'étais même pas sûr que ça suffise. Dans un sens, c'était un peu comme tomber au fond d'un gouffre, et au lieu de se relever, on continue de creuser. Sauf qu'à mon grand damne, je n'avais pas le choix. Certains disent qu'on l'a toujours le choix, mais cette situation m'affirmait seulement que non. Sans le vouloir, j'avais fini par me mettre dans une merde noire. 6 mois, qu'il avait dit l'autre...Dans un coin de mon esprit, je doutais sérieusement de tenir cette durée. Je ne savais pas encore ce qui m'attendait, mais une chose était déjà certaine, ce ne serait rien de plaisant ou à mon goût. Uniquement des actes que je désapprouverais du plus profond de mon être. Pour un peu que mon nouveau patron tente de me pousser à bout, de tester mes limites, on n'en était pas loin. Ce type était clairement tout ce qui existait de plus fou. Sans états d'âme, capable de tuer ou torturer pour arriver à ses fins, n'importe qui avait de quoi le craindre. Moi en premier vu la situation dans laquelle j'étais mis. J'avais bien songé à foutre le camp quelque part, pourvu que ce soit loin de San Francisco mais...A force de me retourner la question de toutes les manières possibles, ce n'était pas la meilleure chose à faire. Premièrement, parce que d'une manière ou d'une autre, je savais que Carter ne me laisserait pas me défiler de la sorte. Deuxièmement, vu les menaces qui planaient au dessus de ma tête, je ne voulais pas perdre Adam de vue. Allez savoir pourquoi je m'accrochais de la sorte...Troisièmement, la fuite en elle-même était un signe de lâcheté que je n'avais jamais cautionné. Fuir, c'est bon pour les robinets.

A mes yeux, la difficulté relevait de rester discret. Je détestais mentir aux gens, et pourtant je n'avais pas le choix. Gérer mon boulot au Yelen, garder de la crédibilité aux yeux de Adam, qui pouvait être le premier à remarquer quelque chose, et par dessus tout, assurer sans broncher les ordres que je recevais. Comme, dans le cas présent, le rendez-vous dans l'usine désaffectée. Je voyais bien où elle se situait, mais pour une raison inconnue, ça ne me disait rien qui vaille. Ce genre d'endroit était propice à toutes sortes de trafics, et choses illégales tels que les combats de rue. On ne savait jamais sur quoi tomber. Étrangement, la police venait très rarement mettre son nez la-bas. Ils avaient beau savoir ce qui s'y tramait, ils devaient estimer que il y avait déjà assez à faire au cœur même de la ville, sans avoir besoin en plus d'aller inspecter les environs. Ce qui ne me dérangeait pas plus que ça en fait. Être pris la main dans le sac était la dernière chose dont j'avais besoin. Pas le droit à l'erreur...Comme Carter l'avait si bien mentionné, attention aux faux pas.

La rage avait beau me donner l'envie de rebeller, et d'envoyer cet enflure se faire voir, je me rendis quand même au rendez-vous, et à l'heure. L'air frais de la nuit avait le mérite de me rafraîchir les idées, et de me calmer un peu. Ce n'était pas comme si on allait me présenter un homme que j'allais devoir buter de sang froid ce soir. J'avais beau me douter que ce genre de situation arriverait un jour ou l'autre, je la craignais quand même. Faire des conneries pour un putain de trafic était une chose. Tuer des gens en était une autre. N'ayons pas peur de le dire, je ne m'en sentais pas capable. Contrairement à Carter, j'avais des limites, que je pensais déjà connaître. Comme ôter la vie à quelqu'un. A y songer, il y avait une seule chose de certaine. Plus rien ne serait jamais pareil après ces 6 mois. Si toutefois, on me laissait tranquille après ça. Encore une chose qui n'était pas gagnée. Je ne faisais pas confiance à Aaron Carter, pas le moins du monde. Ce qui n'aiderait pas pour notre future collaboration..

L'usine me faisait presque froid dans le dos. Le vent soufflait doucement, il faisait nuit. Le lieu était seulement éclairé par un vieux lampadaire, qui peinait à éclairer plus de 3 secondes de suite. Le lien avait l'air désert. Aucun signe de vie de l'extérieur...Mains dans les poches, je m'avançais vers une porte de métal rouillée, donnant un brusque coup de pied dedans pour l'ouvrir, ignorant superbement la pancarte ''do not enter''. Les vitres massacrées, des débris de poutres, de mur, de canettes de bière jonchaient copieusement le sol. La seule exception étant le centre de la pièce, qui avait été dégagé semblerait-il. Qui plus est, il était même éclairé par ces espèces de grosses lampes d'usine, accrochées au plafond. Subitement, je doutais d'être seul ici. Sans un mot, je m'avançais, fixant les alentours. Ça puait l'embrouille.

Seth, Casey, Aaron

A[i]aron se trouvait dans l’usine désaffectée depuis un peu plus d’une heure maintenant. Préparant minutieusement tout ce qui lui servirait pour la soirée et sa « rencontre » avec Seth Garret. Le père du petit ayant une dette à rendre à Aaron, il était cependant mort avant de le rembourser. Chose qu’Aaron n’avait pas apprécié il s’était donc reporté sur la descendance de ce dernier. Faute de moyen il n’avait pu malheureusement rembourser la somme de son père. Mais chose inhabituel, plutôt que de trouver un moyen de rendre l’argent demandé par Aaron, Seth s’était proposé de travailler pour lui. Aaron n’avait pas réfléchi à deux fois et tout de suite il y avait vu là une proposition de grande ampleur. En revanche il savait qu’il faudrait y aller en douceur, du moins au début. Seth n’était pas prêt à tirer, encore moins sur un homme de sang froid, Aaron devrait donc lui apprendre les ficelles du métier. Mais derrière cette envie se cachait un désir plus profond encore, transformer le p’tit mentalement… Pourquoi Seth et pas un autre ? Parce qu’il détestait Aaron et surtout parce que Seth avait du potentiel, un énorme potentiel. Oh bien entendu il ne le savait sans doute pas… Mais la façon dont il avait réussi à garder son calme lors de leur dernière rencontre, peu auraient su en faire autant. Il avait les tripes et Aaron aimait ça. Voilà la raison des six mois de travaux forcés…

Il commençait à se faire tard, la nuit dehors était tombée depuis un petit moment maintenant, mais peu importe Aaron ne regardait pas sa montre, il savait que Seth arriverait à l’heure, tout comme il savait qu’il obéirait à chacune de ses demandes. Assis sur une chaise devant à ce qui devait ressembler à un bureau et éclairer d’une petite lampe, Aaron avait le nez plongé dans sa paperasse. Autant dire qu’il en avait pas mal… Il aurait bien demandé de l’aide à Casey pour tout ranger mais il savait pertinemment que ce n’était pas la chose à faire. Moins elle en savait mieux valait leur relation… Même si au fond il ne savait si elle avait déjà mené des quelconques recherches sur lui. Et pour tout dire il s’en fichait. Elle était une tueuse réputée, et il aurait été facile pour elle d’abattre Aaron à n’importe quel moment de la journée, avec protection ou pas. Pourquoi n’avait-il pas renoncé à leur contrat dans ce cas ? Si seulement il en avait une foutue idée… D’ailleurs pour sa rencontre avec Seth, Aaron avait demandé à Casey de venir. C’est elle qui lui enseignerait comment survivre dans ce monde trop brutal pour sa bouille d’ange, car Seth en voulant travailler pour Aaron, ne savait certainement pas du tout où il mettait les pieds. Dans ce monde chaque instant pouvait être le dernier que vous vivez, toujours regarder derrière soi mais aussi devant, car plus on voit plus on va loin. Telle était la loi impitoyable des trafiquants. Toujours s’assurer soi-même de tout…

Au loin Aaron entendit une porte claquer. Bien, cela devait être Seth, Casey n’aurait jamais fait autant de bruit. Ses pas distincts se faisaient timides, en même temps qui ne l’aurait pas été ? Il était rentré dans la gueule du loup, et il le savait. Aaron ne lui ferait pas de cadeau. Tout ce qu’il voulait c’était que Seth soit à ses pieds. Il voulait qu’il le supplie d’arrêter. Mais Aaron n’en ferait rien non… Il voulait le détruire, le détruire mentalement et physiquement pour qu’il devienne siens… Vous avez dit barge ? Se dirigeant vers la porte qui donnait sur l’extérieur, Aaron apparu devant Seth sous la lumière blanche des grosses lampes qui pendaient du plafond. Un sourire presque carnassier se dessinait sur son visage.

« Bonsoir Seth. A l’heure, comme j’aime c’est parfait. »

Se rapprochant un peu plus de lui, il ne lui serra cependant pas la main. Il était son patron certes mais fallait pas pousser trop loin pour le moment. Et Aaron aurait parié cher, que jamais Seth ne le lui aurait serré. Jetant un coup d’œil à sa montre il exposa à Seth le plan qui allait l’attendre cette nuit.

« Bien Casey ne devrait plus tarder. J’espère que tu aimes le combat car ce soir tu vas t’entrainer. Je veux évaluer tes aptitudes physiques mais aussi tes reflexes. Je ne voudrai pas qu’un de mes hommes soit trop lent si jamais il devait se mettre à courir au cours d’une affaire qui tournerait mal, tu comprends ? »

Replongeant ses yeux dans ceux de Seth, il ne lâchait rien de ses réactions. Ce soir serait soft, mais le p’tit ne devrait pas trop s’y faire, car plus les nuits passeront, plus l’exercice deviendra dur… Dans le fond une porte se fit entendre, cela devait très certainement être Casey…

21 h 45. Je regardai l'heure s'afficher sur le réveil de ma chambre, tandis que je terminais de me préparer. La douche avait été rapide, un peu plus tôt. J'avais enfilé un slim noir avec un débardeur de la même couleur. Afin de ne pas effectuer le moindre bruit suspect, les talons n'étaient pas au goût du jour ; à la place, j'avais opté pour une paire de basket, noire elle aussi. J'attachai ma chevelure avec un élastique, ce qui rendait mon visage encore plus froid que d'ordinaire, tandis que mes yeux glacés se baladaient sur les affaires qui jonchaient le sol. Mes boucles d'oreilles étaient petites, afin de ne pas me les crocher. J'enflai alors mes gants en cuire et j'enfilai ma veste de la même matière, avant de sourire froidement au reflet dans la glace. Ce soir, c'était spécial ; je le sentais bien. J'avais rendez-vous avec Aaron Carter à 22 h 00 à North Beach, dans l'usine désaffectée. Il voulait y amener une future recrue qui lui devait de l'argent afin d'en faire un homme de main. Personnellement, je désapprouvais cette idée tout du temps que le lion n'était pas dompté. Lui apprendre les bases, je voulais bien. Le former, aussi ; mais à condition qu'il soit dévoué à Monsieur Carter, ce qui ne semblait visiblement pas être le cas. Alors, pourquoi un si soudain intérêt pour un jeune homme ? Je l'ignorais encore. Toutefois, je ne tarderais pas à le découvrir.
 
Sans plus attendre, je sortis de chez moi et je montai sur une de mes motos. J'enfilai toutefois un casque, par précaution, avant d'accélérer en trombe et de voir les lumières de la ville défiler à toute vitesse. Cette sensation de liberté me convenait parfaitement. Je détestais être prisonnière des autres. Et puis, cela me permettait de réfléchir tout en profitant de cette sensation exquise. Aaron croyait vraiment que ce garçon avait du potentiel pour le servir. La dernière fois qu'il m'eut dit cela, le poulain s'était retrouvé mort après un mois de travaux dévoués. Je n'osais même pas imaginer avec un homme qui méprisait Aaron Carter. Ce serait difficile et laborieux, s'il ne mettait pas de sa bonne volonté. En même temps, si j'avais été normale et dotée de sentiments, peut-être réagirais-je de la même façon que lui devant Aaron. Cependant, je n'étais pas de cette trempe-là, étant autant malsaine que le Démon qui l'avait emprisonné jusqu'à ce qu'il finisse de payer sa dette.
 
21 h 59. J'étais sur place, mais j'avais laissé ma moto un peu plus loin, à l'abri des regards indiscrets. De plus, je ne souhaitais pas effectuer le moindre vacarme pour me présenter, étant de nature discrète, rapide et efficace. C'est en marchant que je me rendis sur le lieu dit, où je vis entrer un jeune homme dans l'usine. De dos, je ne pus pas vraiment observer son expression faciale. Je lui laissai le temps d'arriver et de rencontrer à nouveau Monsieur Carter. En attendant, je me saisis de mon couteau, dissimulé au niveau de ma hanche, et je me mis à jouer avec en le lançant dans les airs, le faisait tourner sur lui-même avant de le réceptionner. Lassée de cet amusement passager, moi qui préférais les actes brutaux, je le rangeai à nouveau et je me dirigerai dans l'entre du Démon, le visage aussi mort que mes yeux, gardant alors cet air mi-démon mi-femme. Lorsque je poussai la porte discrètement et que je pénétrai dans les lieux, je ne fus pas surprise qu'Aaron soit debout devant l'inconnu que je devrai former. M'avançant telle une féline en pleine partie de chasse, je gardai le regard fixé sur Aaron. Je ne voulais pas que le "nouveau" puisse penser un seul instant qu'il méritait un quelconque intérêt de ma part. Arrivé à leur hauteur, je souris froidement à Aaron. Mais lorsque je détournai la tête, mon cœur rata un bond et mes yeux s'écarquillèrent par surprise.
 
« Seth…? »
 
Persiflai-je entre mes dents, tandis que je le détaillais de haut en bas. Je n'en crus pas mes yeux, tant et si bien que je fus momentanément déstabilisée. Mon regard mort se posa alors sur Aaron, que je questionnai quelque peu en évaluant sa réaction. Etait-il au courant que je connaissais très bien le jeune homme en question ? Pire. Seth était mon cousin, le fils de ma tante. La sœur de ma mère. Ma mère que j'aimais plus que tout au monde et qui ne m'aurait jamais laissée tomber, pour autant que la Mort n'ait pas décidé de l'arracher à mon cœur. Visiblement, il ne devait pas être au courant. Il pensait sincèrement envoyer ma propre chair à la Mort et que, en prime de tout cela, je l'aiderais ? Mon investissement personnel venait d'en prendre un coup ; si je vouais que Seth survive, je devrais prendre soin de lui. Hors ça, je ne voulais pas l'assumer. Mes yeux se posèrent alors sur mon cousin. Ils étaient morts, comme le reste. Pourtant, tout au fond, on y décelait une part de crainte.
 

Casey & Aaron & Seth

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L'endroit avait quelque chose de sinistre et de malsain qui ne me plaisait pas vraiment. En d'autres termes, peu importe la tâche qui me serait demandée ce soir, c'était sans aucun doutes le lieu parfait. L'usine avait beau avoir l'air d'
être déserte, et dénuée de toute vie humaine -mis à part les quelques rats qui se cachaient dans les recoins sombres-, je savais que je me trompais. Après tout, dans ce genre de boulot, la discrétion était une qualité essentielle. Ne pas se faire repérer signifiait être à l'abri et avoir un avantage de surprise sur l'adversaire. Pour l'instant, vu le boucan que j'avais fait en arrivant, c'était une notion à revoir. Penser ainsi me surprenait presque. Bon dieu...Qu'est-ce que ça serait quand Carter en aurait terminé ? Je préférais ne pas l'envisager. Il avait fallu que ça tombe sur moi, maintenant je n'avais plus tellement de choix. La porte franchie signifiait me jeter de mon plein gré dans la gueule du loup. Quelque chose de fort stupide donc. Mais maintenant, faire demi-tour, ce n'était plus possible. Il n'y avait jamais eu de problème sans solutions, mais cette fois-ci, la solution -et presque unique solution- imposait quelques sacrifices. Car dans tous les cas, je savais que je terminerai bien par payer le prix des dettes de mon père. En argent, ou par la mort. Sauf que ce serait la mort des autres avant la mienne qui serait de préférence lente et douloureuse. Je voyais bien le sadisme de Carter en arriver jusque là.

Il ne fallu pas longtemps avant que ce taré se dirige vers moi, un air visiblement ravi aux lèvres. « Bonsoir Seth. A l’heure, comme j’aime c’est parfait. » Je ne répondis rien, me contentant de le fixer. Le silence était mon seul salut pour le moment. L'insolence était une partie de ma personnalité que je ne maîtrisais pas. Autant à notre rencontre, je n'avais pas hésité à le mettre à la porte, autant maintenant que j'avais quelque chose à y perdre, je préférais réfléchir à tous mes actes avant de les commettre. Je ne laisserai pas ce type le bonheur de me voir faire des faux pas aussi futiles. Il s'était rapproché. Trop rapproché. Mes pieds, par une volonté de fer semblaient campés au sol, mais l'envie de reculer ne me manquait pas. J'avais redouté, l'espace d'un instant, qu'il tende la main. Avant de songer qu'un homme comme ça ne se soumettrait sûrement pas à serrer la main de ses ''employés''. Tant mieux, car je ne lui aurai pas serrée. Quelle idée. Je le détestais encore trop pour ça. Ça ne sembla pas le perturber plus que ça, et il ne paraissait pas remarquer combien j'étais sur le point de faire quelque chose de regrettable. J'aurai pu remarque... Nous étions peut-être seuls, il était à quelques dizaines de centimètres de moi, ça n'aurait pas été compliqué. Dommage que ma raison me somme de rester attentif.

« Bien Casey ne devrait plus tarder. {...} d’une affaire qui tournerait mal, tu comprends ? » Mouais, on ne serait pas seuls bien longtemps à l'entendre. Je me demandais quelques secondes à quoi pouvait ressembler ce Casey. Avant de remarquer que je m'en foutais éperdument. J'aurai le temps de le découvrir. Et à écouter Carter, je n'allais pas m'ennuyer ce soir. Une part de mon être se sentait soulagée de ne pas avoir à commencer par des choses trop compliquées, tant physiquement que moralement. Quoique physiquement, ce ne serait peut-être pas de tout repos pour cette soirée. Un homme trop lent...Dans tous les cas, je serai sûrement trop occupé à essayer de sauver ma peau pour être lent. Il ne manquerait plus que ça, me faire avoir dans une affaire qui virerait au vinaigre. Ce n'était pas parce qu'une telle poisse m'était tombée dessus que j'avais renoncé à vouloir vivre, alors de préférence, vivant et en liberté, c'était pas trop mal. Encore une fois, je ne répondis rien, hochant la tête simplement pour montrer que j'avais compris ce qu'il attendait de moi. Je ne comptais pas réellement parler ce soir, de peur de faire une réflexion qui pourrait être mal prise. Autant économiser ma salive. Comme à son habitude, son regard était rivé dans le mien, comme s'il essayait de percer à jour toutes mes intentions. C'était réellement flippant, et pour tout dire, je peinais réellement à supporter son regard.

Un bruit dans le fond interrompit cet échange pour le moins dangereux. Ça devait être le fameux Casey. Je ne cherchais pas tout de suite à le dévisager, et visiblement, ce fut réciproque. Mais un détail clochait, quand je m'aperçus que c'était une femme. « Seth…? » Cette voix, cette silhouette, cette tête...Merde. C'était une blague ? Pour la première fois depuis que j'étais arrivé, je perdais complètement mon sang-froid, fronçant les sourcils, décroisant les bras, m'autorisant même un pas vers elle. Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais je n'aurai jamais pensé à retrouver ma cousine ici. Elle aussi avait l'air bien surprise de me voir... Il y avait quelque chose que je ne saisissais pas. Mais alors, vraiment pas. La façon qu'elle avait d'agir envers Carter me laissait supposer une chose qui ne me plaisait pas. Casey, travailler pour Aaron ? Pitié que non... « C'est quoi ce merdier là ? »

Seth, Casey, Aaron

Aaron pouvait s’attendre à bien des choses… Tellement que généralement les surprises ne lui faisaient plus grand effet. Et pourtant celle qui s’annonçait allait le clouer sur place. Incapable de faire quoi que ce soit pour cacher sa stupeur quand il découvrit qu’en réalité Seth connaissait Casey.« C'est quoi ce merdier là ? » En effet c’est quoi cette merde ? Lui qui avait cru bon de ne pas remonter trop loin dans les connaissances de Seth, parce qu’il faut l’avouer un homme comme lui ne peut que très rarement cacher des choses importantes, auraient du y réfléchir à deux fois. Le pire dans tout ça c’est que ça le mettait hors de lui… Grinçant faiblement des dents, il cru bon de sortir une cigarette et d’en tirer une bonne bouffée. Bon fallait simplement rester calme et réfléchir pour en trouver un atout. Casey le connaissait, apparemment ils ne se détestaient pas, quoi que, enfin si tel est le cas, elle ne le laisserait pas se faire mal. En même temps il faut s’attendre à tout avec Casey non ?

Pendant qu’Aaron essayait de réfléchir, tant bien que mal, il vit que le jeune homme se permit de faire quelques pas en direction de sa connaissance. Prenait-il de l’assurance ? Certainement… Voir une figure familière dans ce milieu était le plus souvent réconfortant, tellement parfois qu’on oublie vite que nos amis peuvent devenir nos pires ennemis… Maintenant il fallait choisir : agir ou laisser faire et voir comment les choses allaient évoluer ? En même temps c’était lui le patron donc… Si Casey lui était fidèle elle n’hésiterait à choisir. Mais s’il faisait partit de sa famille ? Non fallait pas abuser non plus hein ? C’est à ce moment précis qu’Aaron se rendit compte qu’en réalité il ne la connaissait pour ainsi dire pas… Mais merde ils passaient le plus clair de leur temps ensemble à batifoler, à parler mais tout ça n’était-il que du vent ? Fallait croire… Y était-il pour quelque chose ? Certainement.

Et cette révélation ne fit que le mettre encore plus en rogne. Pour masquer tout ça il vint se poster entre Casey et Seth, tournant le dos à la tigresse. Elle, il s’en occuperait plus tard pour le moment tout ce qui l’importait c’était ce satané gosse. S’il s’écoutait il n’aurait pas hésité à sortir son arme et tirer. Hop envolé les soucis et la famille Garret. Mais en agissant ainsi il aurait gagné trop rapidement et ça il n’aimait pas. Une victoire ça se méritait. Les poings serrés dans ses poches, Aaron tentait tant bien que mal de cacher sa colère. Pas maintenant.

« Bon je vois que les présentations sont inutiles. Dans ce cas nous pouvons passer directement à la phase pratique. Je crois que tu n’auras pas besoin d’un entrainement. »

Tout en parlant Aaron se mit à faire les cents pas dans l’usine. Bizarrement l’ambiance qui régnait ici ressemblait cruellement à ce qui se passait dans sa tête… Ce qu’il voulait ? Faire mal. Taper fort un bon coup. Mais il désirait par-dessus tout connaitre le lien qui les unissait. Et surtout jusqu’où Casey serait prête à aller pour le protéger. Si pour elle il n’est qu’une vulgaire fourmi ou bien quelqu’un qu’elle apprécie grandement. Puis soudain lui vint une idée. Certes il savait qu’en la révélant il pourrait certainement perdre Seth. Mais peu importe s’il n’était pas à la hauteur d’un tel acte il ne le serait pour rien d’autre…

« Voilà le programme de la soirée. Ta mission consiste à voler des documents. Une sorte de contrat pour être plus précis. »

Il savait pertinemment qu’en continuant, Casey allait savoir où il voudrait en venir et s’il pensait bien elle n’allait certainement pas approuver. Ces contrats, Aaron voulait mettre la main dessus depuis quelques mois déjà. Ils appartiennent à un de ses plus grands rivaux dans le monde du trafic, et chaque semaine il y avait envoyé Casey, sans qu’elle ne puisse mettre la main dessus. Alors vous allez me dire comment un gamin comme Seth allait pouvoir y parvenir ? Ca…

« Ils se trouvent dans le Richmond District, chez un certain Monsieur Miller. Enfermé dans un coffre fort de sa chambre. Casey t’emmènera là bas. Qu’elle t’aide ou non je m’en contre fiche. Mais je te préviens, il me les faut absolument ce soir, sans quoi tu pourras dire adieu à un de tes membres. »

Aaron ne voulait pas regarder en face Casey. Pourquoi ? Parce qu’il savait qu’elle avait certainement vu juste dans son petit jeu. Et ça, ça allait la mettre en colère. Mais si elle n’approuvait pas ses demandes elle n’avait qu’à partir. Point. Pour le moment il était assez sur les nerfs pour penser à ce qu’il pouvait bien y perdre…. Oui mais attention Carter à trop jouer parfois on peut perdre bien plus qu’une simple partie…

« *C'est quoi ce merdier là ?* »
 
Le ton surpris de Seth ne me déconcerta pas véritablement. Tout comme moi, il devait ignorer pas mal de choses. Lorsqu'il fit un pas dans ma direction, je posai le pied en arrière, prête à m'éloigner de lui si je me sentais menacée. Pourquoi était-il là, bon sang ? J'avais beau éprouver une profonde estime pour ce qu'il représentait, c'est-à-dire ma propre chair, je ne comprenais pas la raison de sa venue ici. Certes, je connaissais le sujet. Le père de Seth, mon oncle, devait des sous à Carter. A la place de l'argent, Aaron décida de prendre la vie de Seth pour mieux l'étouffer, le broyer comme un morceau de papier dans une déchiqueteuse. Et moi, je devais être le chevalier de l'Apocalypse. La personnalité qui aiderait Aaron dans son noir dessein en formant le jeune homme à devenir un tueur ; Un délinquant professionnel. Une personne sombre, comme moi. Etais-je prête à sacrifier l'âme de mon propre cousin pour assouvir les pulsions de folie d'Aaron Carter ? Mon corps et ma tête restèrent figés dans le temps ; Comme une statue. J'observais la scène qui se déroulait sous mes yeux. Du coin de l'œil, j'aperçus la silhouette d'Aaron bouger. Aussitôt, mon visage se tourna vers lui, mes yeux morts le suivirent et je remarquai qu'il s'interposa entre le fils de ma tante et moi.
 
« Bon je vois que les présentations sont inutiles. Dans ce cas nous pouvons passer directement à la phase pratique. Je crois que tu n’auras pas besoin d’un entrainement. »
 
Je fronçai les sourcils en analysant la scène. Aaron se mit à bouger excessivement dans les locaux, sans doute à la recherche d'une nouvelle idée afin d'évaluer les compétences de son nouvel aspirant. Je reportai alors mon attention sur le pauvre Seth qui ne devait pas mesurer à quel point je serai une pièce maîtresse dans ce jeu morbide en quête du pouvoir et de la domination. Ma langue passa sur mes lèvres, tandis que mon regard mort le détaillait lentement ; Je prenais le soin de le toiser, d'essayer d'analyser ses réactions. Etrangement, lorsqu'il gardant son sang-froid, il me ressemblerait presque. Sauf que moi, j'étais morte. Littéralement. La voix d'Aaron me fit sortir de ma contemplation, et mon visage se tourna alors vers lui.
 
« Voilà le programme de la soirée. Ta mission consiste à voler des documents. Une sorte de contrat pour être plus précis. »
 
Aucune émotion ne traversa mon corps, tandis que j'essayais de comprendre jusqu'où Carter voulait aller, et dans quel but. Il savait alors que la mission pouvait être mise en péril par le lien qui m'unissait à Seth, mais dont il ignorait tout. Il n'était pas stupide au point de l'envoyer directement à la morgue ? Quoique. Avec Aaron, plus rien ne me surprenait. Sans faire le moindre commentaire, ni bouger d'un cil, je le laissai continuer le superbe monologue dans lequel il venait de se lancer.
 
« Ils se trouvent dans le Richmond District, chez un certain Monsieur Miller. Enfermé dans un coffre fort de sa chambre. Casey t’emmènera là bas. Qu’elle t’aide ou non je m’en contre fiche. Mais je te préviens, il me les faut absolument ce soir, sans quoi tu pourras dire adieu à un de tes membres. »
 
Il espérait véritablement faire trembler quelqu'un avec une telle menace ? Un sourire carnassier se dessina sur mes lèvres. De toute façon, il me donnerait l'ordre de la torture, si une telle envie lui prenait. Carter ne se salissait que rarement les mains. Et pour le peu, il avait réussi à rater sa cible (Elias). Je me demandais si c'était fait exprès ou s'il avait véritablement foiré son tire. Moi, je ne ratais rien. Je m'avançai alors vers Seth, lui faisant face. Mon regard cherchait à transpercer le sien. Puis, je me retournai vers Aaron. D'un ton glacé, je répliquai.
 
« C'est bon, on peut y aller ? »
 
Demandai-je plus par arrogance qu'autre chose. Mon sourire mort, mes yeux sans âme, mon cœur de pierre… Pouvait-il véritablement croire que j'étais capable du pire pour lui ? N'avait-il aucun doute sur ma loyauté, alors qu'il s'agissait de mon propre cousin ? Il devait être fou. Aveugle. Ou s'imaginer je ne sais quoi à mon sujet. D'un autre côté, Seth pouvait-il vraiment croire que je l'aiderais, rien qu'en observant mes traits froids et ma distance, ou même mon cynisme ? Aucun des deux ne devait être rassuré. J'étais de la pire espèce possible, un véritable Démon de Satan qui ne défendait que ses propres intérêts. Si Carter voulait jouer, j'étais prête à relever n'importe quel défi stupide. Il pensait m'avoir par les sentiments ? Mais quels sentiments, dites-moi ?
 

Casey & Aaron & Seth

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or something to scream about with empty lungs »

Je n'avais pas la conscience tranquille. Quelque chose dans cette scène me dérangeait profondément, me faisant perdre pied avec toutes les idées que l'on pourrait qualifier de sensées. Je me doutais qu'en venant ici, ce ne serait pas pour une balade de santé. Je n'étais pas assez idiot pour croire que travailler pour Carter voulait dire dormir sur ses lauriers. J'allais en baver, c'était évident. Mentalement, je tentais d'assimiler les choses depuis sa visite chez moi, ainsi que ses menaces. Je me faisais doucement à l'idée qu'il n'y avait pas d'échappatoire pour moi. Il me tenait, de toutes les manières qui soient. Il en connaissait assez pour être certain d'avoir ce qu'il voulait de moi. J'étais résigné, à défaut de pouvoir faire autre chose. Tout en sachant que je n'étais pas au bout de mes peines ; l'apparition de Casey en était la preuve. La voir ici aurait du me rassurer, me conforter dans l'idée que je ne serais pas totalement seul. Mais il suffisait de la regarder pour se rendre compte que j'entrais dans un univers où je ne pouvais compter que sur moi. Ces dernières années, nous avions perdu contact avec Casey. Depuis la mort de sa mère en fait. Aujourd'hui, la brunette n'avait plus rien de la cousine que j'avais connu, avec qui je passais du temps quand nous étions gamins. Sa personne souriante, fragile, adorable, avait laissé place à une statue de glace, froide et malsaine. Son sourire n'avait rien de rassurant. Il suffisait de noter le fait qu'elle travaillait pour Carter... Elle avait viré dans le coté sombre de la vie. Je ne connaissais pas vraiment le mafieux qui me servait de patron. Sauf que ce genre de types, j'en avais souvent croisé. La confiance est une notion extrêmement rare. Elle n'est jamais accordée à tort. Alors, s'il l'avait offerte à Casey, d'une certaine manière ce n'était pas pour ses beaux yeux. Il fallait bien l'admettre ; la jeune femme devait être dangereuse pour être arrivée là.

Nous nous dévisagions mutuellement. Et ça ne semblait pas plaire à Carter, qui s'interposa, rompant ce contact visuel. Il fallait que je me concentre. Une erreur d'inattention, un détail que je n'aurais pas écouté, ça pouvait m’être critique. Je reportais mon regard sur mon nouveau patron, qui semblait.. énervé ? Décontenancé ? Par rapport au fait que je connaissais déjà ma mentor. Si je pouvais l'appeler ainsi. Car aujourd'hui, elle n'était plus que ça. « Bon je vois que les présentations sont inutiles. Dans ce cas nous pouvons passer directement à la phase pratique. Je crois que tu n’auras pas besoin d’un entraînement. » C'était exactement ce qu'il me fallait pour que toutes traces de sentiments disparaissent de mon visage. Un air neutre s'installa. Derrière pourtant, ce n'était que panique et appréhension. Il voulait absolument que j'échoue à croire. Ça paraissait même évident. Oh, je me doutais bien qu'il n'avait pas de réel intérêt pour ma part. Mais le fait qu'il me cherche des ''missions'' au gré de ses humeurs, il y avait de quoi prendre peur. M'envoyer dans l'arène alors que j'avais toutes les chances d'échouer et peut-être d'y rester.. Mon regard dévia une nouvelle fois sur Casey, qui semblait attendre un ordre, ou quelque chose. Est-ce que je pouvais compter sur son aide ? Je pensais la connaître, mais l'image qu'elle montrait d'elle m'encourageait grandement à surveiller mes arrières, car personne ne le ferait à ma place.

« Voilà le programme de la soirée. Ta mission consiste à voler des documents. Une sorte de contrat pour être plus précis. Ils se trouvent dans le Richmond District, chez un certain Monsieur Miller. Enfermé dans un coffre fort de sa chambre. Casey t’emmènera là bas. Qu’elle t’aide ou non je m’en contre fiche. Mais je te préviens, il me les faut absolument ce soir, sans quoi tu pourras dire adieu à un de tes membres. » Il voulait me faire peur ? Me faire paniquer ? Eh bien, bingo, c'était réussi. Je ne laissais rien paraître encore une fois. Je ne lui offrirais pas le plaisir de voir ma mine se décomposer. Qu'est-ce qu'il espérait ? Que j'étais une sorte de super-héros, capable de tout et n'importe quoi ? Qu'on soit clair, cela se passait uniquement dans les séries américaines où les missions d'infiltration -que ce soit des agents secrets ou des boulets de première-, se passaient bien, sans encombres. Richmond District, rien que d'entrer dans la propriété sans alerter personne relèverait de l'exploit. Entrer dans la chambre serait un exploit. Surtout que vu l'heure, on pouvait presque affirmer qu'il serait dedans. Quant au coffre-fort.. J'allais être chargé de trouver les combines aussi ? Ce n'était plus dans mes compétences. Ça les dépassaient de loin. Je ne pourrais pas lui rapporter ces documents. Je pouvais essayer, mais c'était voué à l'échec. Et le pire, c'est qu'il le savait pertinemment. En bref, j'étais foutu. La seule question qui me venait à l'esprit maintenant, c'était comment j'allais pouvoir justifier un échec cuisant. La discussion ne marcherait sûrement pas. Carter s'était juré de me pourrir la vie jusqu'au bout apparemment, parce qu'il excellait dans la tache. Chaque solution, chaque issue que je pouvais trouver à cet enfer était condamnée au bout.

« C'est bon, on peut y aller ? » La situation ne semblait pas la perturber, Casey. Elle ne paraissait même pas surprise. A croire qu'elle avait l'habitude. J'aurais tellement voulu céder à cette pulsion, envoyer Aaron boulet comme je l'avais fait à notre ''rencontre''. J'aurais aimé lui dire vraiment ce que je pensais de lui. Dommage, je n'avais que le droit de la fermer et d'obéir. « Autant ne pas perdre de temps. » marmonnais-je. A vrai dire, qu'on y aille maintenant ou dans deux heures, je m'en fichais. Là, j'avais juste un besoin de prendre l'air, de souffler un peu. De faire sortir Carter de mon champ de vision avant de craquer. Les mains dans les poches, je me dirigeais vers la porte où j'étais entré, retrouvant l'air frais de la nuit. Une brise s'était levée. Elle soufflait, me claquant le visage, me remettant les idées au clair. Je pensais avoir choisi la voie de la facilité en bossant pour ce type, il était temps d'assumer. Je tournais la tête vers Casey, que je n'avais même pas entendue arriver. Dans la nuit, elle semblait fantomatique. « Pour le coup, je ne sais même pas si je suis ravi de te revoir. » Dans d'autres circonstances, dans d'autres périodes, si elle avait été quelqu'un d'autre que cette ombre d’elle-même, les choses auraient peut-être été différentes. « Il tient réellement à me voir échouer. J'arrive pas à croire qu'il soit aussi dérangé que ça. » Un ricanement sortit de mes lèvres. Dérangé était un faible terme pour le définir. Je restais là, les mains dans les poches, à regarder la nuit autour de nous. A quoi bon, si tout est perdu d'avance...

Seth, Casey, Aaron

Et voilà. Aaron venait à l'instant de lancer la mission qui les attendaient tout deux cette nuit. Sans vraiment pouvoir en être sur il savait qu'ils parviendraient à s'en tirer et qu'il n'aurait pas à sectionner ce fameux bras. Il y a des choses comme ça, que quoi que vous fassiez vous en savez la fin. Ce qu'il voulait vraiment concernant Seth ? Au fond il ne le savait pas lui même. Peut être qu'Aaron s'ennuyait et peut être qu'il avait jeté son dévolu sur lui ça n'allait pas plus loin que ça. Toujours est-il qu'il voyait en lui un potentiel. Il savait que s'il parvenait à le faire changer d'avis, à le faire devenir quelqu'un d'autre et par la même occasion à le rallier à sa cause, Seth pourrait être quelqu'un de très puissant. Et ces gens là, mieux valait les avoir de son côté plutôt qu'en face... Ouai mais entre désirer et avoir il y avait un grand pas. Pas qu'il doutait parvenir à franchir... Il ressemblait trop à son père pour en tirer quelque chose... Et c'était bien dommage.

Aaron resta en retrait lorsque Casey et Seth prirent la peine de le dépasser et de se diriger vers la sortie. Un sourire, mauvais, apparue alors sur son visage. Qui pouvait dire de quoi l'avenir était fait ? Aujourd'hui il n'était que simple trafiquant d'arme, qui sait si demain il n'aurait pas la ville à ses pieds ? Son destin n'était pas encore tout tracé il le savait... Il lui restait encore beaucoup de choix à faire. Et s'il voulait arriver à son objectif, il se devait de faire les bons, coute que coute, même si pour ça il devrait faire couler le sang, car lorsqu'on rêve de pouvoir, cela devenait inévitable....

Voilà bien cinq minutes qu'ils avaient disparus dans le noir de la nuit. Seul l'air frais continuais à s'engouffrer dans l'immensité de l'usine. Usine qui ressemblait cruellement au coeur d'Aaron à y repenser de plus prêt... Comme lui, elle fut il y a longtemps animée, vivante, et maintenant elle n'est plus que l'ombre d'elle même... Glaciale, noire, silencieuse... Fermant les yeux il tenta alors d'apercevoir ce qui pouvait rester de son humanité, mais il avait beau chercher, il ne restait quasiment plus rien... Il savait qu'il ne lui restait qu'un pas vers ce que les gens appelaient couramment une âme morte... Et si cette dernière n'était pas encore totalement présente, c'était pour deux bonnes raisons. Casey, et son fils. Casey le rendait libre, vivant, avec elle même si les choses étaient plutôt mortuaires, fallait l'avouer, elle avait ce petit truc qui faisait d'Aaron un homme. Son fils pour la simple et bonne raison qu'une fois dans sa vie il avait eu pour la première fois l'impression de faire quelque chose d'autre que tuer. Il avait donné la vie... Si tout deux parvenaient à disparaitre, pas sur qu'il ne reste grand chose à Aaron mis à part son enveloppe corporel...

Soufflant un bon coup, il fit alors quelques pas vers la sortie. Se retournant une dernière fois, il aperçut au fond de l'Usine une cage avec des barreaux en fer. N'avait-il pas finit son premier coup de maitre qu'il entreprit déjà de préparer le deuxième... La lumière s'éteignit alors d'un coup, refermant les lieux dans la pénombre de la nuit.


FIN