Sujet: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Sam 26 Mar - 0:10
Casey & Logan
Une heure passée sur la plage, j’étais resté planté les yeux sur l’horizon. Vous savez, vous cherchez des réponses à ses questions qui vous obsèdent. Des réponses qui ne viendront jamais parce que l’unique personne a les avoir n’est plus là. Je m’étais alors silencieusement adressé à celui, qui – si le paradis existe – pourrait entendre toutes ses questions qui m’empoisonnent la vie. Je ne sais pas comment je vais devoir envisager ma vie maintenant qu’il n’est plus là. Cette souffrance me rapproche d’un gouffre. C’est ça avoir mal et perdre un être cher ? Je réalise à peine que je ne l’entendrais plus pester parce qu’il n’a plus d’eau chaude pour sa douche ou encore parce que j’ai oublié de passer une commande au bar. Il n’y aura plus ses moments de complicité. Ni même qu’il ne me vanterait les dernières prouesses de ma mère lorsqu’il s’agit de rester courtoise au volant de sa voiture. Ça semble si anodin et pourtant, ces détails c’était mon quotidien. Andy me manque et me manquera jusqu’à la fin de ma vie. Sur le papier, il est mon père. Il m’a adopté, élevé, apprit les choses les courantes de la vie, tout comme les plus emmerdantes. Y penser me rappelle que ce pauvre chien qui est bien loin d’avoir le talent du musicien d’où il tire son nom – Hendrix – est encore là à me fixer pourquoi on n’est pas à l’intérieur pour qu’il puisse faire sa sieste ou bouffer une de mes dernières paires de tongs qu’il affectionne particulièrement.
« Me fait pas le coup du regard malheureux. Tu touches encore à mes chaussettes et t’es un homme mort ! » Sauf que c’est un chien, me rappelais-je après coup. Comment mon père avait-il pu avoir ramassé ce chien ? Des fois j’me demandais ce qu’il avait bien pu voir dans les yeux de ce chien qui fait tout pour me rendre un peu plus cinglé tous les jours.
Pourtant après que monsieur HENDRIX-OU-JE-SAIS-RIEN-FAIRE-D’AUTRE-QUE-T’EMMERDER ait cessé son petit manège, j’ai finalement abdiqué pour rentrer à la maison. Enfin, j’avoue que c’était plutôt une villa. Le genre d’habitation que légendaire et ancestrale qu’on peut parfois admirer dans certains films. Et dire que j’en suis propriétaire, j’avais l’impression que c’était le monde à l’envers. J’veux dire okay les gens meurent et les enfants survivent à leurs parents. C’est la logique des choses. Sauf que cette logique arrivait trop prématurément à mon goût. J’avais 22 ans, mon père biologique était mort quand j’avais un an et voilà que celui qui a réellement un rôle de père dans ma vie, puisqu’il m’a adopté, disparait également. C’est loin d’être normal de se retrouver orphelin de père avant même son mariage. Enfin techniquement, c’était encore un point obscur, puisque j’avais été marié et qu’il n’y avait pas assisté. Foutu destin. Foutue vie à la con. C’était pas prévu que ça se passe comme ça. Soupirant, je traine ma carcasse dans toutes les pièces de cette villa.
Fixant ce piano à quelques mètres de moi, je l’entends me dire qu’il n’attend que moi. J’me rappelle qu’il disait que je n’étais pas un vaurien mais l’un de ses jeunes aux multiples talents et que j’avais bien hérité du côté artistique de ma mère, même je refusais de le reconnaitre. Oui, j’aimais la musique, elle me libérait. Mais honnêtement, je n’étais pas prêt à me retrouver assis derrière ce clavier. Non, j’veux tout foutre en l’air. Tous les envoyer au diable et que mon père revienne. J’veux que cette souffrance disparaisse, j’veux redevenir ce Logan optimiste, souriant et qui mordait la vie à pleine dents. Un Logan que j’avais été quatre années auparavant.
Un DVD qui traine sur la table basse avec ce mot de Liam illisible – car il écrit comme un cochon – en lettres capitales rouges. « A RAMENER AUJOURD’HUI SANS FAUTE !! » Parce que mon meilleur était incapable de bouger ses fesses pour aller au club vidéo, mais pour aller draguer une jolie rousse, on peut lui faire confiance. Je l’attrapais et finalement décidait de faire ma bonne action de la journée. Un tour entre les embouteillages à râler contre ses conducteurs qui savent pas se garer correctement et j’me retrouvais près du club vidéo lorsque c’est l’enseigne de la bibliothèque Jack’s London qui attira mon attention. Je savais qui j’y trouverais. Les yeux plissé l’espace d’une brève seconde, j’en viens à fixer ce DVD avec une petite moue sur le visage et finalement, c’est ce sourire narquois qui vient se peindre sur mes traits. Ni une ni deux, je sortis de la voiture et comblait les derniers mètres qui me mènerait à la bibliothèque.
Vous vous rappelez les rats de bibliothèque au lycée ? Et ben, c’était l’endroit précis auquel j’étais réellement allergique. Vous me cherchiez et bah, aucune chance de me trouver dans une bibliothèque… sauf du jour où Casey m’y a trainé malgré moi. Pour sûr, si elle y allait pour étudier, c’était pas mon cas. La distraire était devenu non pas une mission mais un défi constant. Mon défi. Et aujourd’hui, pourquoi je parcourais toutes les allées à la recherche de cette brune aux yeux turquoise ? Parce qu’elle seule serait bien capable de m’attirer dans un lieu disons… culturel ? Oui c’est ça, culturel. Assise parterre, entourée d’un paquet de bon vieux truc avec des pages à milles dollars, elle semblait dans son élément comme si rien ne pouvait la distraire. La voir ainsi m’apportait une certaine satisfaction mais aussi cette sérénité qui m’a fait défaut pendant ses quatre dernières années. Le nez plongé dans un ouvrage, elle ne semble pas avoir senti ma présence alors autant en profité. Je m’appuie contre une étagère et un lent sourire aux lèvres, je me lance après l’avoir étudié sans vergogne. « Excusez moi… à qui je dois m’adresser pour rendre… cet ouvrage ? » fis je le plus sérieusement du monde en lui montrant mon DVD où le post-it de Liam était toujours collé. Son regard remonta au mien et je me serais liquéfié sur place qu’elle ne s’en serait peut-être même pas aperçu.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Sam 26 Mar - 20:15
LOGAN & CASEY
Mon retour à San Francisco avait été bien loin de tout ce que je m'étais imaginé. Concrètement, je n'avais pas attendu quoi que ce soit de particulier de ce retour, si ce n'était de retrouver une vie « normale ». Par « normale », j'entendais une vie loin des médecins et autre personnel médical, dans laquelle j'aurais la liberté d'agir comme je l'entendais. Une vie dans laquelle mon père ne s'immiscerait plus, et dans laquelle j'entendais bien être heureuse un jour. Je savais pertinemment que ça ne se ferait pas comme ça, qu'il me serait difficile de retrouver une certaine stabilité, et que jamais plus, je ne redeviendrai la Casey que j'avais été et ce, même avec la meilleure volonté du monde. Que je le veuille ou non, ma vie avait changé et jamais plus, je ne retrouverai tout ce que j'avais possédé autrefois. Mais malgré tout ce que j'avais perdu, malgré tout ce qui m'avait été arraché, j'avais pourtant des proches, sur lesquels je pouvais encore compter.
L'une des premières de ces personnes était bien entendu Courtney, ma petite soeur. Une soeur qui s'était avérée être d'un énorme soutien et ce, depuis le jour même de mon retour. Sans ses mots, et sans son aide, je le savais, je n'aurais probablement pas eu le courage de reprendre ma vie en mains comme je l'avais fait à ce jour. Et bien que nous ayons été à plusieurs reprises en désaccord, notamment quand je lui avais dit vouloir me trouver un endroit à moi, plutôt que séjourner à l'hôtel, elle m'avait toujours soutenue, allant même jusqu'à me mettre en contact avec le propriétaire du studio que je louais depuis quelques jours à peine. Un studio qui, malgré son exiguité, me changeait largement de la chambre confinée à laquelle j'avais eu droit ces dernières années. Alors oui, malgré nos désaccords, je savais que Courtney serait toujours là pour me soutenir, financièrement, matériellement, et surtout moralement. Et c'était probablement ça le plus important. Elle était un peu comme ma bouée de secours, elle était un de ces piliers sur lesquels reposait à présent ma vie. Sa bonne humeur et son optimisme me donnaient foi en l'avenir et les petits gestes, toutes ces attentions qu'elle pouvait avoir à mon égard, aussi anodins soient-ils, me réchauffaient le coeur.
Ce travail, à la Bibliothèque, c'était grâce à Court', que je l'avais d'ailleurs trouvé. Et j'avais beau ne l'avoir commencé que depuis trois jours, j'avais déjà bel et bien pris mes marques au sein de l'établissement dans lequel je me sentais, comme toujours, comme chez moi. Oui, il était agréable d'avoir un endroit familier dans lequel se réfugier... Et cet endroit, je le chérissait pour deux raisons : en plus de m'apporter une certaine sérénité, l'activité due à mon emploi me permettait de ne pas trop penser. Oui, car s'il y avait bien une chose, dont je n'avais absolument pas besoin ces temps-ci, c'était bien de rester cloitrée chez moi (une chose que Courtney n'aurait pas approuvé, bien que ce fusse pourtant la seule chose que j'avais été capable de faire ces derniers jours, trop effrayée à l'idée que mon père puisse apprendre mon retour en ville et trouver un moyen de me remettre la main dessus) à ressasser encore et encore toutes ces idées qui ne cessaient de traverser mon esprit depuis mon retour en ville. Il va sans dire que, ma préoccupation principale et ce, bien avant mon père, était Logan. Si jamais, il n'avait quitté mon coeur ni mon esprit au cours de ces quatre dernières années, je devais reconnaître que c'était encore pire depuis mon retour à San Francisco. Pire, il était devenu comme une sorte d'obsession, hantant mes pensées jours et nuits. Et pourtant, je n'étais pas retournée le voir, pas depuis ce fameux soir où j'avais osé faire le premier pas dans sa direction, avant de prendre la fuite. Pourquoi ? Peut-être bien parce que mes sentiments pour lui avaient quelque chose d'effrayant. A vrai dire, c'était plutôt toute cette incertitude planant autour des siens, qui rendait une quelconque entrevue avec lui quelque peu intimidante, voire peut-être même carrément effrayante. J'avais peur, oui, peur qu'il me reproche de revenir dans sa vie au moment le moins opportun, peur que celle-ci ne soit trop chamboulée par la mort d'Andy pour qu'il puisse voir ce retour comme quelque chose de positif. Oui j'avais peur, peur de lui faire plus de mal que je ne l'avais déjà fait, peur de croiser son regard et d'y lire une certaine rancoeur qu'il aurait pu garder au cours de ces dernières années à mon égard. Car, bien que notre séparation se soit faite sous la contrainte de mon père, ça, il ne le savait que depuis peu -quoi qu'il ait probablement dû s'en douter-, et rien ne me garantissait qu'il n'avait pas passé ces quatre dernières années à m'avoir haïe pour notre rupture et mon départ précipités. Alors oui, j'étais effrayée à l'idée de me retrouver en face de lui, et de ne pas trouver les mots qui conviennent ; j'étais effrayée à l'idée de le décevoir, mais aussi à celle d'être déçue à mon tour. Car, je le savais, s'il venait à m'annoncer qu'il en avait aimée une autre, ou qu'il en aimait une autre actuellement, mon coeur viendrait à se briser une nouvelle fois et ça, je ne le supporterais pas. Pourtant, je n'étais pas revenue pour me remettre avec lui : je n'étais même pas sûre que quelque chose nous rapproche encore, après toutes ces années écoulées, et après toutes les horreurs que mon père nous avait faites subir. Mais le simple fait de le voir regarder une autre avec amour, le simple fait de le voir dans les bras d'une autre suffirait à me rendre malade, et à briser le si peu d'espoir qui restait encore dans mon coeur et ça, je serai incapable de le supporter.
Le nez plongé dans les bouquins, j'en oubliais donc toutes ces questions, tous ces doutes que j'avais à supporter au quotidien. Pour sûr, je m'investissais réellement dans mon travail ; peut-être même un peu trop. Mon patron m'avait d'ailleurs fait remarquer que, si mon travail, jusqu'à présent, s'était avéré excellent, cela ne me ferait pas de mal, cependant, de souffler parfois un peu, et de prendre des pauses dans la journée, par exemple. Mais comme à mon habitude, je refusais, allant même jusqu'à refuser la pause déjeuner et préférant de loin rester occupée pour n'avoir ni à sortir du bâtiment et risquer de me retrouver nez à nez avec quelqu'un qui rapporterait à mon père mon retour en ville, ni à repenser à ces dernières années et à toutes ces choses que j'avais perdues et que je ne retrouverais probablement jamais. Ce que je préférais par dessus tout ? C'était parcourir rapidement certains ouvrages que certains clients nous ramenaient, juste avant de les remettre à leur place. C'était d'ailleurs ce que j'étais en train de faire lorsqu'une voix m'interpella. Avant même que je n'ai eu le temps de relever la tête, je me figeai sur place. Cette voix, je la connaissais par coeur. Je savais qu'en relevant les yeux, je ferai face à Logan. Ce qui, entre nous, s'avérait plutôt étonnant, compte tenu du fait qu'il détestait les endroits comme celui-ci et que, les seules fois où il y avait mis les pieds avaient été les fois où je l'y avais trainé de force. Relevant les yeux dans sa direction, je m'aperçus que le fameux ouvrage qu'il tenait en mains était un dvd, sur lequel était collé un post-it sur lequel on pouvait – difficilement – lire : « A RAMENER AUJOURD’HUI SANS FAUTE !! ».
J'eus envie de sourire, et je l'aurais probablement fait, si j'en avais été encore capable, en le voyant, adossé contre les étagères, son dvd à la main. Décidément, il n'avait pas changé. Enfin, son humour n'avait pas changé. Levant les yeux au ciel, je reportai mon attention sur le livre que je tenais entre mes mains – c'était beaucoup plus facile que d'affronter le regard de Logan – que je refermai. Puis, tout en le remettant à sa place, je répondis :
« Ca n'est certainement pas à moi, malheureusement. »
Je me retournai de nouveau vers Logan, l'observant un instant en silence, ne sachant trop quoi dire. C'était tellement difficile, de devoir lui faire face après toutes ces années. D'abord parce que, je le savais, nous n'étions plus les mêmes, mais aussi parce que, les circonstances – la mort d'Andy – n'étaient pas idéales et que je savais parfaitement l'état dans lequel devait se trouver Logan actuellement. Il avait beau déballer son humour à deux balles, jouer les hommes forts et insensibles, je savais ce qu'avait représenté Andy pour lui, et je pouvais facilement imaginer ce par quoi il passait. A vrai dire, j'aurais aimé être là pour lui, l'aider à traverser toute cette épreuve... Mais je ne savais pas si j'en avais véritablement le droit. Après tout, ma place était-elle encore à ses côtés ? Je n'en savais strictement rien, et c'était probablement là tout le problème. Sortant de mes pensées un instant, je me ressaisis, avançant vers lui non pas pour le saluer ou quoi que ce soit d'autre, mais surtout pour ranger un autre des ouvrages que je tenais en mains. Je savais pertinemment qu'il était venu pour moi – du moins, je m'en doutais, car jamais il ne mettrait les pieds ici sans une bonne raison. Ce qui me tracassait, en revanche, c'était d'abord la raison pour laquelle il était venue et ensuite, la façon dont il avait pu me retrouver. Après tout, je commençai à peine à travailler et, à moins que Courtney n'ait craché le morceau, je ne voyais qu'une seule explication : il m'espionnait. Cette idée semblait absurde. Je n'imaginais pas Logan en espion. Pour la simple et bonne raison que j'étais persuadée que s'il avait dû être dans les parages, je l'aurais remarqué. Je le remarquai toujours. Quand il s'agissait de lui, allez savoir pourquoi, tous mes sens se développaient. En un sens, j'étais contente de le voir, ou plutôt... contente de voir qu'il ait fait la démarche de venir jusqu'ici. Au moins, j'étais certaine de ne pas le déranger, et ça me soulageait d'un poids énorme car, s'il y avait bien une chose que je ne voulais pas, c'était bien de bouleverser sa vie ou encore de représenter un quelconque fardeau pour lui.
« Qu'est-ce que... qu'est-ce qui t'amène ici ? »
Je le regardai le plus sérieusement du monde, m'attendant cependant à une réponse absurde de sa part : je l'entendais déjà me dire qu'il s'était perdu, ou que sais-je encore. Baissant un instant les yeux, je les relevai après un moment, pour lui demander :
« C'est Court', qui t'a dit où me trouver ? »
Cela ne m'aurait qu'à moitié étonnée d'elle. Je savais qu'elle aurait été prête à le lui dire, bien que je lui ai pourtant promis de garder cela pour elle, ne tenant pas à ce que la nouvelle de mon retour – et de mon nouvel emploi – s'ébruite dans toute la ville et ne revienne aux oreilles de notre cher paternel. Enfin, la connaissant, elle aurait pu lâcher une information capitale comme celle-ci à Logan, parce qu'elle estimait toujours qu'il était de son devoir de faire les choses bien... Et selon elle, parler à Logan aurait été l'une de ces choses bien que je me devais de faire. Encore un point sur lequel nous étions en désaccord. Bien que l'idée de me retrouver seule à seul avec lui ne me déplaise pas, je savais que je ne pourrais pas lui parler, tant de mon père et de ce qu'il nous avait fait subir, que du sien. Dans le premier cas, je n'étais pas encore prête. Lui écrire avait été la chose la plus difficile que j'ai eue à faire, depuis mon départ et la mort de notre enfant, revenir là dessus m'aurait été insupportable. Dans le second cas, les mots m'auraient manqué. Je le savais pour être déjà passée par là quelques années plus tôt, il n'y avait strictement rien que je ne puisse dire à Logan qui aurait pu atténuer la douleur qu'il ressentait par la disparition de son père. Et c'était probablement ce que je détestais le plus : mon impuissance, face à la situation. Car s'il y avait bien une chose que je détestais, c'était bien de savoir qu'il souffrait, et qu'il n'y ait rien que je puisse faire contre cela.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Dim 27 Mar - 15:14
Deux semaines plus tôt, j’étais encore en Irlande pour les funérailles. Si tant est la raison principale de ma présence là bas, j’aurais pu y rester pour un séjour. J’aime ces grands espaces verts reposant. Dans l’ensemble, ils m’ont toujours été bénéfiques. Durant ces quatre dernières années, je m’y étais rendu régulièrement. Non pas par habitude mais parce que je ressentais le besoin de me rapprocher d’une chose pure et saine. Casey n’étant plus là, je m’étais perdu moi-même. J’étais devenu plus sombre, amer, invivable, impulsif, ingérable et il n’y avait qu’au calme où j’arrivais à faire le point. Je n’ai pas vécu comme un moine pour autant mais être séparé de Casey de cette façon m’a vite fait comprendre que je tenais plus à elle qu’aucun mot ne suffirait pour le décrire. Mon père m’avait prévenu. Il m’avait conseillé qu’on devrait prendre un appartement pour nous installer mais on venait juste de se marier, j’imaginais qu’il nous fallait trouver un peu de temps pour nous accorder sur la question. D’autant plus qu’elle rentrait à l’université et que moi, j’allais travailler au bar. Ceci dit, Andy m’a toujours été d’un secours particulier. Il savait comment me recentrer. M’obliger à aller à l’essentiel et à voir le plus important. Et aujourd’hui, plus que jamais j’éprouve ce manque et ce manque d’assurance. J’ai beau tenté de dire que j’m’en sors, la vérité c’est que cette souffrance persiste. Sinon pourquoi Liam passerait au moins une fois par jour à la maison pour s’assurer que j’ai pas fait une connerie. Un ami comme lui, je sais que je n’en trouverais plus. Il est plus qu’un ami, il est comme le frère que j’aurais voulu. Andy, j’évite de trop y penser. Dans cette ville, il est partout à la fois. Au Bubble Lounge, c’est encore pire, j’ai l’impression de l’entendre toutes les cinq minutes. C’est un sentiment paradoxal. Autant j’en ai besoin parce qu’il me manque, qu’autant ça m’énerve parce que la vie vient me jeter la réalité en pleine figure et qu’il n’est plus là. Que je suis forcé de me faire à cette absence qu’aucun de nous n’a voulu. Je me dois de continuer à vivre. Andy n’est plus là, mais Casey est revenu.
J’peux vous dire que lorsque Court’ a débarqué et m’a donné cette lettre, j’suis resté comme un con la bouche ouverte. Est-ce que je ne l’espérais plus ? Bien sûr que non. Je priais silencieusement pour qu’elle aille bien. Pour que personne ne lui ait fait de mal. Sauf que Courtney avait cette lueur inquiétante et le fait qu’elle insiste pour que je lise la lettre avait suffi à me convaincre. L’aurais-je fait dans le cas contraire ? Je ne sais pas. Casey a toujours représenté mon défi, ma faiblesse et ma force simultanément. Elle n’a jamais été simplement une petite amie. Du jour où l’on s’est mis à se fréquenter, c’est mon monde qui a basculé. En enfer ? Uniquement si l’on songe à ses parents, parce qu’être avec elle, ça ressemblait bien plus à une épopée où l’on ne pouvait pas s’ennuyer ensemble. Et dans l’histoire, on n’a jamais eu notre fin heureuse. Cette lettre renferme 4 années de questions, de souffrance et d’horreur. Quatre années où j’ai cru qu’elle n’avait plus voulu de moi. Quatre années où je me suis imaginé le pire. Mais non. Le pire, je l’avais sous les yeux, sur cette feuille de papier où ses traces de larmes sont mêlées à son écriture. Une telle histoire ne s’invente pas. Son père y était mêlé. Evidemment qu’il l’était. Il pourrissait notre relation dès l’instant où il l’a appris. Mais cette fois ci, il était allé trop loin. Savoir qu’à sa façon il a maltraité Casey me fout en rogne mais l’éloigner et nous manipuler comme il l’a fait, c’était inhumain. Quand à ce bébé. Je dois dire que je ne sais pas c’que j’suis sensé en penser. Evidemment, je l’aurais aimé. J’aurais été un père. Un bon j’espère mais à travers ses mots, je suis encore complètement déboussolée. On avait eu un bébé. Avait. Et aujourd’hui, même si je ne sais pas dans quel état émotif se trouve Casey, je sais par avance qu’il ne sera pas simple de remonter la pente. Voilà où j’en étais. A me poser un bon millier de question entre la disparition d’Andy et le retour de Casey. Parmi eux, il n’y avait pas un instant où mes souffrances s’emmêlaient. Casey ne viendrait pas vers moi. Pas après ce qui s’est passé dans la ruelle. Elle m’a fait comprendre qu’elle était là mais elle ne fera pas le premier pas. Pas besoin d’être devin pour comprendre. Courtney m’avait bien fait comprendre qu’elle n’était plus la même et plus fragilisé. Jusque-là, je n’avais guère eu le temps de m’en apercevoir. Hormis cette lettre, je ne savais pas qui était cette Casey au cœur meurtri. Mais dans le fond, elle doit toujours être MA Casey, qui rigolait à mes blagues débiles et que je parvenais à faire sourire si aisément. Les gens changent c’est vrai mais pas radicalement, même si entre temps, quatre années se sont écoulées. Et si je dois être patient avec une seule personne dans ma vie, ça sera elle. Parce qu’elle seule, sait mieux que personne combien la souffrance peut terroriser et détruire quelqu’un.
Au départ, je ne voulais pas sortir. Je voulais juste reposer mon esprit, pensé à autre chose mais mon attention fut attirée par ce DVD laissé par Liam. Le rapporter au vidéo club était ma mission. Du moins, celle que je devrais accomplir. Malgré qu’Hendrix me regarde avec air buté qu’il me ne lâchera pas, je pars quand même décidé à ramener ce foutu DVD. La distance qui me sépare du vidéo club n’est pas bien longue, d’ailleurs elle se trouve à une rue du Bubble Lounge. C’était la porte à coté pour moi, mais il y avait aussi la Bilbliothèque Jack’s London qui elle, se trouvait sur mon chemin. Pourquoi m’y rendre me direz-vous ? Parce que je sais qui j’y trouverais et en plus, le DVD me donnera un prétexte. Ainsi, c’est avec une idée en tête que je parcours chaque allée, à la recherche de celle qui fut ma princesse. A l’époque, j’aimais l’appeler comme ça. Parce que sa famille avait de l’argent contrairement à la mienne. Bien qu’aujourd’hui, je reconnais que tout soit différent. Je ne suis plus le petit Logan aux baskets troués. J’ai de l’argent et je pourrais en profiter pour lui offrir tout ce dont elle rêverait. Sauf que malgré les années, certaines choses sont immuables et elle ne me laisserait pas faire. Parce qu’elle a sa fierté et qu’elle ne voudrait pas me voir jeter l’argent par la fenêtre. Je finis toutefois par la trouvé au fond de cette bibliothèque, entouré de tous ses ouvrages anciens et prestigieux. Elle n’a pas beaucoup changé. Ses cheveux tombent sur ses épaules, ses gestes sont fluides, elle semble si concentré qu’elle ne doit pas avoir senti ma présence. Du moins pas encore. Mon regard glisse sur elle comme une plume, comment pouvait-elle être aussi craquante alors que je n’avais toujours pas croisé son regard. Je me donne quelques secondes supplémentaires et m’appuie contre cette étagère. Un moment comme celui-ci, est tout naturel. Ça aurait pu nous arriver par le passé. Elle dans ses bouquins et moi, ne la quittant pas des yeux. Enfin, le manège n’aurait pas duré plus de quelques minutes à tout casser. Même si l’envie ne m’en manquait pas, je finis par lui demander à qui je devais rendre mon DVD. Une approche débile puisque le vidéo club était une rue plus loin. Mais la tentation de la voir, de passer quelques minutes seul avec elle, l’avait remporté. Et surtout, croiser à nouveau ce regard, j’eu l’impression que ces quatre années venaient de s’évanouir. Il n’y avait plus qu’elle et moi. Elle était à quelques mètres mais je la voyais tenter de se contrôler. Elle évite mon regard et en général, ça m’amuserait mais j’arrive à sentir une certaine crainte au fond d’elle. Elle range quelques livres avant de me demander :
« Qu'est-ce que... qu'est-ce qui t'amène ici ? »
« Lui ! Evidémment ! » Secouais-je le DVD. « Forsythe, tu crois vraiment que j’mettrais les pieds dans un tel endroit pour satisfaire ta fierté personnelle ? » osais-je sans me démonter en m’approchant d’elle, suivit d’un clin d’œil complice.
Elle était au courant pour mon père. De ce fait, j’étais conscient qu’on aurait énormément de choses à discuter ensemble. Par-là, j’veux dire sans élément perturbateur. Car il faut l’admettre, dans nos vie, c’est pas ce qui manque. Mais je tiendrais bon. Elle finira un jour peut-être – lorsqu’elle y sera prête – à me confier ce qu’elle a traversé toute seule, comment elle l’a vécu. Quant à moi, je lui parlerai d’Andy. De ses quatre dernières années. De ce qui s’est produits, de ce qui se trame aujourd’hui autour de son père, du foutu sale caractère de sa sœur même si je dois l’admettre c’est une fille géniale. Mais déjà elle est là, à sous-entendre que c’est sa sœur qui m’a mis sur sa piste.
« C'est Court', qui t'a dit où me trouver ? »
« Oh parce qu’en plus, la pipelette a osé garder ça pour elle ?! » Soupirais-je, en notant mentalement que la prochaine fois, la plus jeune des Forsythe devra me payer un déjeuner. « Tu penses être capable passer inaperçu dans mon radar ultra perfectionné ? Désolé Princesse mais y’avait aucune chance pour que tu reviennes sans que je sois au courant dans les 48 heures. » M’enquis-je en douceur, malgré qu’il m’était encore très difficile de retrouver le sourire. Surtout depuis ses trois dernières semaines. Je faisais des efforts mais c’était pas ça. J’avais besoin d’être occupé, d’être en confiance, de me changer les idées et avec Casey, je n’éprouvais pas le poids du regard, de la pitié. C’était juste Casey, celle-là même qui pourrait rester près de moi sans rien dire à attendre que mon malaise s’évapore. Mon regard posé sur elle, je viens à plisser les yeux et lance machinalement. « T’es payé au bouquin ? Parce qu’à ce rythme dans moins d’une semaine tu seras millionnaire. Don – ton boss – m’a dit que tu prenais pas de pauses. Il est loin d’être aussi persuasif que moi. Je t’offre à déjeuner même… Et si t’ose me dire non, je t’emmène quand même ! » Annonçais-je avec cette malice récurrente dans les yeux. Elle savait pertinemment que je ne m’arrêterais pas à un non. Quitte à ce qu’elle sorte de la bibliothèque comme un sac à patate sur mon épaule.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Dim 27 Mar - 19:46
Se plonger dans le travail, pour fuir la réalité, pour oublier que tout restait encore à être reconstruit, que tout ce qui avait fait ma vie autrefois m'avait été arraché, n'était certes, pas la meilleure des solutions. Ca n'était pas en travaillant que les choses s'arrangeraient, que je réussirai à oublier la solitude atroce qu'avaient représenté ces quatre dernières années, ni même la douleur qui m'avait traversée quand mon père avait osé m'enlever les personnes auxquelles je tenais certainement le plus, dans ma vie. Oui, car il ne m'avait pas simplement retiré Logan, ou notre enfant, il avait fait bien pire en m'isolant et en me laissant penser chaque jour durant cette captivité que, jamais plus, je ne serai en mesure de retrouver ceux que j'aimais. Je crois qu'il n'aurait pas été exagéré de dire qu'il m'avait détruite. J'avais beau eu avoir la force de rentrer, j'avais beau tenter de faire bonne figure – devant Court', notamment -, de vouloir garder la tête hors de l'eau, en réalité, j'étais complètement dévastée par ce qu'il avait fait. Les années avaient beau s'être écoulées, rien n'avait changé. La dépression, ce gouffre immense dans lequel j'avais sombré, ne s'effaceraient jamais de ma mémoire. Il avait brisé quelque chose en moi qui, jamais plus, ne se reconstruirait. Il m'avait brisée, tout simplement, allant presque à me faire passer pour morte, aux yeux de tous, à me rayer de la vie de dizaines de personnes et ce, sans une seule once de regret. Il avait réussi à me rayer de la carte, à faire de mon existence un véritable enfer, et je savais que, jamais, je ne pourrais le lui pardonner. Et à vrai dire, toutes ces épreuves que la vie m'avait fait endurer m'avaient changées. Il aurait été idiot de dire que, jamais plus, je ne pourrais être heureuse et pourtant, c'était bel et bien le sentiment que j'avais : celui que, jamais, je ne serai capable de réellement surmonter tout ça et d'avancer, en laissant le passé de côté. Le fait était que le passé, aussi atroce fut-il, ne quittait jamais mon esprit. Pire encore, il me restait en mémoire, allant jusqu'à me faire parfois passer des nuits blanches, tant l'angoisse que je ressentais à la simple évocation de certains souvenir était intenable. Et pourtant, je nourrissais malgré tout, intérieurement, l'espoir le plus profond de pouvoir redevenir un jour heureuse. J'avais pensé que mon retour à San Francisco m'y aiderait : j'avais pensé que celui-ci serait capable de guérir tous mes maux, et de me faire oublier le passer, pour me concentrer sur l'avenir ; mais je devais reconnaître que mon retour ne changeait rien à la détresse dans laquelle je sombrais chaque jour un peu plus. J'avais pensé que rentrer règlerait mes soucis, que retrouver Courtney et surtout Logan me donnerait la force et surtout l'envie d'avancer. A présent, la motivation qui m'avait auparavant habitée m'avait cependant quittée, laissant place aux doutes, et à la peur. Oui, j'avais peur. J'étais terrorisée, tant à l'idée de me retrouver de nouveau confrontée à mon père qu'à l'idée qu'il se venge de ma fuite, en s'attaquant non pas seulement à moi, mais aussi et surtout à ceux auxquels je tenais le plus, à commencer par Logan...
L'idée que, une nouvelle fois, mon père ne s'immisce dans nos vies pour s'assurer que, jamais, Logan ne soit associé à notre famille de quelque manière que ça soit me rendait malade. C'était en grande partie pour cette raison que je tentais de faire profil bas. S'il y avait bien une chose que je ne souhaitais pas, c'était bien que mon père apprenne mon retour. Car, sans vouloir jouer les paranos, il était clair que, lorsque la nouvelle de celui-ci lui reviendrait aux oreilles, il se mettrait dans une colère noire, et qu'il serait prêt à tout, et même à n'importe quoi, pour s'assurer qu'il avait encore le contrôle de ma vie, et de celle de Courtney. J'étais, à vrai dire, très étonnée que ma soeur n'ait pas encore subi la moindre représailles, et, bien que je n'ai pas encore vraiment abordé le sujet avec cette dernière, je savais qu'un jour, nous devrions parler, plus concrètement, de mon père et de ce que sa vie à elle avait été, au cours de ces quatre années où nous avions été éloignées l'une de l'autre. En un sens, j'étais soulagée. Soulagée de voir que Courtney n'avait pas laissé à mon père cette même emprise qu'il avait eue sur ma vie, soulagée de savoir qu'il n'avait pas voulu – ou pas encore pu – l'atteindre, et qu'elle soit en sécurité. Mais à ce soulagement s'ajoutait la peur, celle que, cette fois, il emploie des mesures plus extrêmes, pour me rayer définitivement de la carte. C'était idiot de penser ça... A une époque, j'avais cru que c'était à Logan qu'il en voulait, que c'était lui, qu'il haïssait, mais après ce qu'il m'avait fait subir, quatre ans plus tôt, je n'en étais plus aussi certaine. Car, s'il avait simplement voulu me séparer de Logan, pourquoi s'était-il arrangé pour me faire disparaître de la vie de ma mère, et de celle de Court' ? Pourquoi ne les avait-t-il jamais laissées entrer en contact avec moi ? Pourquoi avait-il payé cette foutue institution pour m'y laisser enfermée ? En agissant de la sorte, ça n'était pas seulement à Logan qu'il s'était attaqué, c'était à ma famille toute entière. Une famille, c'était ce que Logan et moi avions été prêts à construire, quatre ans plus tôt, c'était ce que mon père nous avait enlevé. C'était probablement ce qui m'avait fait le plus mal : qu'on m'arrache notre enfant. Parce que, le divorce, en soit, n'avait pas été une fin. Un divorce, comme un mariage, n'était rien de plus qu'un bout de papier. Et ces papiers signés n'avaient en rien entaché les sentiments que j'avais à l'égard de Logan. Ce qui m'avait vraiment achevée, oui, ça avait été qu'on m'enlève ce petit être, cette preuve de l'amour que Logan et moi avions eu l'un pour l'autre auquel je m'étais raccrochée, pendant des mois, et pour lequel j'avais eu plein de projets. Oui, je le savais, c'était ça, qui m'avait fait sombrer. Et à ce jour encore, c'était bien ça, qui ne cessait de me torturer, de me rendre la vie impossible, d'emplir mon esprit de questions toutes les plus hypothétiques les unes que les autres. Et si j'avais eu le temps d'élever notre enfant, aurait-il été heureux ? Aurait-il eu la chance de connaître son père ? M'aurait-il aimée, autant que moi, je l'avais aimé ? Qu'avais-je fait de mal, pour qu'on ose me l'enlever ? Aurais-je été une mauvaise mère, si on me l'avait laissé ? Toutes ces questions me rendaient malade. Il m'avait fallu beaucoup de temps, pour les laisser de côté, pour tenter de ne pas trop y penser, et beaucoup de traitements aussi. Avec le temps, ces questions s'en étaient allées, laissant place à l'espoir qu'un jour, peut-être, je pourrais retrouver Logan, et lui révéler cette vérité qu'il aurait dû apprendre des années plus tôt, à savoir que nous avions eu un fils, tous les deux. Finalement, j'étais parvenue à tout lui révéler. En un sens, c'était un peu rendre justice à notre amour, et au fruit de celui-ci, fruit qui s'était – à ce que l'on m'avait dit – éteint moins d'un an après sa naissance.
Mais tout révéler à Logan n'avait pas été facile. Je pouvais même sans aucun doute dire que ça avait été la pire des choses que j'ai eue à faire depuis ce jour de mars 2008, le 13, pour être exacte, jour auquel notre fils était venu au monde et où il m'avait été retiré. Oui, car écrire à Logan ce qui s'était passé avait été une véritable épreuve. Pour ce faire, j'avais du laisser les souvenirs de ces quatre années me revenir, faisant ainsi ressurgir des sentiments atroces que j'aurais préféré ne jamais avoir à ressentir à nouveau de toute ma vie. Je savais pertinemment que cette lettre, dans le fond, ne changerait rien. Ca n'enlèverait en rien la peine qui m'habitait encore, ça ne me soulagerait en rien de cette culpabilité qui me pesait et pourtant, en un sens, l'écrire m'avait fait du bien. Disons que la douleur provoquée par cette écriture avait eu quelque chose de soulageant, car, jamais, je n'avais osé en révéler autant que je l'avais fait dans cette lettre. Me livrer à lui avait eu quelque chose de rassurant, après coup. J'avais comme été soulagée, à l'idée même qu'enfin, le mystère sur ses quatre années ait été levé. J'avais été soulagée de pouvoir me livrer à lui comme j'aurais bien souvent voulu le faire, au cours de ses quatre dernières années. Aurais-je cependant été capable de parler avec lui de tout ça ? Probablement pas. Non, je le savais, je n'aurais pas pu supporter son regard, j'aurais été incapable de trouver les bons mots et ma voix m'aurait certainement trahie. Si j'avais du lui faire ces révélations en personne alors, jamais, non, je n'aurais pu en venir à bout. D'ailleurs, rien qu'en écrivant, j'avais laissé les larmes me gagner alors, je n'osais même pas imaginer ce qui en aurait été s'il avait été en face de moi et que j'aurais dû affronter son regard.
Mais, Logan avait beau connaître les faits, je savais que jamais, non, il ne serait capable de s'imaginer ce par quoi j'étais passée, et surtout ce que j'avais pu ressentir au cours de ces dernières années. Et pourtant... Je n'avais pas hésité, justement, dans cette lettre, à lui faire part de mes sentiments, à tout lui révéler, à me mettre à nu et ce, simplement dans l'espoir qu'il puisse comprendre, même un minimum, combien ma vie, sans lui, avait été un enfer. Ce qu'il avait pensé de ma lettre ? Je n'en savais strictement rien. Je ne savais rien de la réaction qu'il avait eue, en la lisant, ni même de ce qu'il avait pensé de toutes ces révélations. Je savais pertinemment, cependant, que celles-ci avaient dû le toucher, d'une manière ou d'une autre. Le connaissant, je l'imaginais bien s'être emporté, détestant encore plus mon père après que la vérité ait été dévoilée sur ses agissements. En ce qui concernait notre enfant, là encore, je ne savais pas ce qu'il en avait pensé. Cet enfant, je le savais, n'était qu'une notion abstraite pour lui, et pour cause, puisqu'il avait toujours ignoré son existence. Je savais que l'évocation de ce souvenir ne lui ferait pas le même effet qu'à moi... Que cela le révolterait probablement plus que ça ne le bouleverserait... Enfin, quoi qu'il en soit, depuis cette lettre, Logan et moi ne nous étions pas reparlés, et c'était probablement mieux comme ça. Car je savais pertinemment qu'en face de lui, je perdrais tous mes moyens : pour preuve, cette fois où j'avais osé aller le voir, je n'avais pu me retenir de me jeter dans mes bras, et il n'en avait fallu de peu, avant que certains mots, que je m'interdisais de prononcer, ne franchissent mes lèvres et ne sèment encore plus la pagaille dans sa vie. Non, nous n'étions pas prêts à cela. Nous n'étions pas prêts à nous voir, encore moins à nous parler. Parce que tout ce que nous avions à nous dire traitait de sujets difficiles et douloureux, et ne nous aiderait en rien, bien au contraire. Et pourtant, ça n'était pas l'envie de le voir, qui me manquait, bien au contraire. Rien ne m'aurait fait plus plaisir à vrai dire. Parce que, quand il était à mes côtés, j'avais l'impression de revenir quatre ans en arrière, à cette époque où rien n'avait plus compté que notre amour, à cette époque où nous avions été heureux. Quand il était là, j'en oubliais les horreurs de ces années passées pour me concentrer sur un passé plus lointain, et plus beau.
Le destin avait décidé de jouer avec moi. Moi qui voulais me concentrer sur autre chose, que sur mon père ou sur Logan, moi qui avais voulu me consacrer entièrement à ce nouveau job que j'avais trouvé il y avait de cela quelques jours à peine plus tôt, je m'étais vite retrouvée distraite par Logan qui n'avait rien trouvé de mieux que de faire l'idiot et de me demander à qui il devait rendre le DVD qu'il avait loué au vidéo club. N'étant pas dupe, j'avais levé les yeux au ciel, avant de lui demander ce qui l'amenait ici. Voulait-il qu'on parle ? Avait-il simplement voulu me voir ? Voulait-il que je m'explique sur mon attitude de l'autre soir ? Je n'en savais strictement rien, et j'entendais bien le savoir, mais c'était sans compter sur l'humour Loganesque (a) de Monsieur. Debout, face à lui, je n'en menais pas large. J'avais l'impression qu'il pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert – en partie à cause de tout ce que je lui avais confié dans ma lettre – et c'était justement ce qui me mettait mal à l'aise car, personnellement, je n'avais strictement aucune idée de ce qu'il ressentait, tant à concernant mon retour que concernant ces révélations que je lui avais faites. Le fait était que Logan était un pro, lorsqu'il s'agissait de cacher ses sentiments. Il était le roi de la dissimulation, se cachait derrière ses blagues débiles qu'il utilisait à la fois pour détendre l'atmosphère et cacher son malaise. Difficile, de ce fait, de deviner ce qui pouvait bien lui passer par la tête, et cet avantage qu'il avait sur moi était justement ce qui me mettait en partie si mal à l'aise. A ma question, il ne répondit bien évidemment pas sérieusement.
« Lui ! Evidémment ! », me répondit-il en secouant le DVD. De nouveau, je levai les yeux au ciel avant de secouer légèrement la tête. « Forsythe, tu crois vraiment que j’mettrais les pieds dans un tel endroit pour satisfaire ta fierté personnelle ? »
J'haussai un sourcil, surprise de l'entendre me parler de la sorte. Ses paroles eurent l'effet d'une gifle. J'eus l'impression de me revoir quelques années en arrière, quand lui et moi étions encore insouciants, que nous passions notre temps à nous provoquer et à taire des sentiments qui s'avéraient pourtant évidents. Fermant un instant les yeux, je revins peu à peu à la réalité, au moment présent, et, haussant les épaules, je répondis :
« Je n'ai pas cette prétention, non... » tout en parlant, je pris un des livres que j'avais dans les bras, le retournant histoire de voir sa cote et de savoir où le ranger, « Mais je sais d'expérience que pour que quelqu'un comme toi mette les pieds dans un endroit comme celui-ci, c'est qu'il doit y avoir une bonne raison... » Je levai les yeux vers lui, ajoutant rapidement en désignant son DVD d'un signe de tête, « autre que le retour d'un DVD comme celui-ci, bien évidemment. »
Mes yeux plongés dans les siens, je me revoyais presque quatre ans plus tôt. Il avait toujours cette même intensité dans le regard, toujours cette façon de me regarder qui me faisait me sentir belle. J'avais toujours aimé ça, chez lui : cette façon dont il me regardait, qui m'avait toujours donné une certaine confiance en moi, et en l'avenir de notre couple. Détournant rapidement le regard, j'avais tenté de faire abstraction de sa présence, pour continuer mon travail. Tout en ce faisant, je m'interrogeai sur la façon dont il avait pu me retrouver. Court avait craché le morceau ? Je n'avais pas hésité avant de le lui demander, et là encore, il ne trouva pas le moyen de me parler sérieusement.
« Oh parce qu’en plus, la pipelette a osé garder ça pour elle ?! »
Il soupira, et je fronçai légèrement les sourcils. Rangeant un nouveau livre, je m'interrogeai sérieusement sur les sources qui avaient pu le renseigner.
« Tu penses être capable passer inaperçu dans mon radar ultra perfectionné ? Désolé Princesse mais y’avait aucune chance pour que tu reviennes sans que je sois au courant dans les 48 heures. »
Princesse. C'était le surnom qu'il m'avait donné, quand nous avions commencé à sortir ensemble, celui-là même pas lequel il m'avait appelée l'autre soir... Et je devais avouer que ça avait quelque chose de déroutant. Mon coeur se mit à battre plus fort dans ma poitrine, comme pour se manifester, comme pour me crier sa joie d'entendre à nouveau ces mots, mais je tentai de me ressaisir. Son humour, sa façon de s'adresser à moi, je le savais, ne servaient qu'à cacher son malaise, et sa peine. Il tentait de faire bonne figure, mais je n'étais pas dupe : je savais pertinemment qu'il devait être tout aussi gêné que moi de se retrouver en face de moi après toutes ces années, et qu'il n'allait pas bien ces temps-ci à cause de la mort de son père. Il avait beau jouer les malins, je savais ce qu'il en retournait, je le connaissais par coeur. Je tournai la tête vers lui, encore légèrement troublée par le simple effet qu'avaient encore ses mots sur moi, et je demandai, la voix légèrement tremblante, au début :
« Non pas que je doute de ton super-radar mais... Sérieusement Logan ? Qui te l'a dit ? »
Mon ton, sur la fin, s'était vu légèrement plus... méfiant. Non pas que je me méfie de lui, non, mais que l'idée que lui arrive à me retrouver m'amenait à légèrement m'inquiéter de ce que mon père, lui, pourrait faire. Je ne voulais pas me montrer désagréable et pourtant, c'était l'impression que j'avais : celle d'être désagréable avec lui. En réalité, j'étais inquiète. Qui sait, peut-être même mon père était-il déjà au courant de mon retour en ville. A l'heure qu'il est, il avait peut-être même soudoyé mon propriétaire pour obtenir les clés de mon studio et s'y introduire... Je secouai la tête. Non, il n'était pas capable de faire ça. Mon propriétaire avait l'air d'un homme honnête, jamais il ne se laisserait acheter par un homme comme mon père... Quoique... Sans que je le veuille vraiment, mes mains commencèrent légèrement à trembler, sous l'angoisse, et j'inspirai alors pour me calmer. Tentant de me reconcentrer sur mon travail tout en gardant un semblant de conversation avec Logan, ce dernier reprit :
« T’es payé au bouquin ? Parce qu’à ce rythme dans moins d’une semaine tu seras millionnaire. Don – ton boss – m’a dit que tu prenais pas de pauses. Il est loin d’être aussi persuasif que moi. »
Sans me retourner vers lui, je m'interrogeai sur ce qu'il avait dit. Avait-il sérieusement été parler à mon boss ? Impossible. Il ne pouvait pas faire ça, si ?
« Je ne sais pas d'où tu tiens ça, mais c'est du n'importe quoi... » mentis-je alors, tout en sachant pourtant que le mensonge n'était pas l'une de mes qualités et qu'il m'était impossible de le duper. « T'as vraiment été le voir ? », demandai-je alors, en me retournant vers lui, les sourcils froncés.
« Je t’offre à déjeuner même… Et si t’ose me dire non, je t’emmène quand même ! », enchaina-t-il, une lueur de malice dans les yeux. Quelque chose me disait, à son regard, qu'il était le plus sérieux du monde et qu'il m'était impossible de refuser sa proposition.
« Voyez-vous cela. J'aimerai bien t'y voir, tiens. Et tu vas faire quoi, si je décline l'invitation ? Me kidnapper ? » Mon ton s'était rapproché de la provocation et pourtant, ça n'en était pas une. Pas totalement, du moins. Loin de moi l'idée de le voir me trainer de force dehors, mais je me demandais sérieusement ce qu'il comptait faire si je venais à décliner sa proposition.
Tenant le dernier bouquin que j'avais dans une main, je posai l'autre sur ma hanche, attendant une réponse de sa part avec un certain amusement, que je contenais, cependant.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Mer 30 Mar - 0:51
L’Irlande c’était bien beau. Mais quand vous arrivez que tout la famille est réunie, vous n’éprouvez qu’une envie, reprendre ce foutu avion et repartir d’où vous venez. C’était con mais autant j’aime l’Irlande, ma famille que vivre là-bas, rien que le temps des funérailles. Ça s’est avéré un cauchemar. Tout le monde me posait un bon million de questions. Personne ne savait trop comment s’y prendre avec ma mère. Et moi, comme à mon habitude, je fonçais dans le tas et elle intervenait pour calmer les esprits. A cette période de l’année, je n’aimais pas l’Irlande. Alors j’étais rentrée. Du moins avant ça, j’avais eu une longue conversation avec ma mère concernant les raisons de mon retour à San Francisco. Elle pensait que c’était trop tôt et moi, je lui rétorquais qu’ici, ça n’était pas chez moi. Que j’avais encore besoin de mon père. De l’entendre. De le voir débouler dans le salon avec Hendrix. Des choses banales et rassurantes. Sauf que c’était un leurre. J’étais bien conscient que ça n’arriverait pas. Sauf que c’était ce don j’avais besoin pour me faire à l’idée qu’il nous avait quittés. Ma mère ne renterait pas. Pas tout de suite. Peut-être un jour, car paradoxalement pour elle c’est l’inverse. La souffrance est trop intense. Et même si je ne vois pas les choses sous le même angle, je peux comprendre qu’elle ait besoin de temps.
Cette maison regorgeait de souvenir. Particulièrement rassurant à mes yeux. C’était l’un des seuls endroits où je pouvais admette me sentir en sécurité. Outre le fait qu’il y ait un système de sécurité dernier cri. Une folie d’Andy pour les soirs de poker où ma mère serait seule à la maison. Toutefois, ça n’est pas ma première maison. Le première, elle est partie. Loin. Si loin que je n’avais jamais cru possible qu’un jour nos chemins se croisent à nouveau. Mais elle était rentrée. 4 ans. 4 ans à attendre désespérément un signe de vie. Aucun détective n’avait pu retrouver sa trace. Comme si elle s’était volatilisée. Mais bien sûr, j’avais finir par me faire à l’idée que tout ça était l’œuvre de son père. C’était bien loin d’être rassurant. Car quiconque prononce le nom de Forsythe et les gens deviennent nerveux. Je voulais oublier cette période. Quatre années à me dire qu’elle va peut-être bien. 4 Années à me dire qu’elle pourrait être au fond d’un lit d’hôpital et peut être même amnésique. N’ayant plus aucun souvenir. Ces cauchemars rongent encore mon existence. Et ce, je connais néanmoins la vérité. Ce qu’elle a enduré. SEULE. C’était bien plus qu’un être humain ne pourrait en supporter. Etait-elle surhumaine ? Dans un sens, ça me ferait plaisir d’y croire. Elle est plus forte que son père. Plus saine, plus pure qu’aucune personne dont j’ai pu faire la connaissance. Pourtant, elle a fichu caractère. Il nous a longtemps été difficile de communiquer sans que ça se termine en disputes. Elle est aussi butée que moi et ne peut pas s’empêcher d’avoir le dernier mot. Mais c’est ce genre de détails qui la démarque des Forsythe. Parce qu’elle sait ce qu’elle veut et qu’elle a un cœur. Un cœur que beaucoup n’ont jamais pu voir car le compte en banque le dissimulait devant. Mais aussi que personne jusque-là, ne méritait de voir la beauté qu’elle dissimulait. Et ce fut moi. Comment ? A quel moment précis la magie s’est opérée entre nous ? Je ne saurais le dire. Ça a dû être entre binôme de chimie et une invitation à se joindre avec les potes sur la plage. Nous ne fréquentions pas les mêmes personnes à part une ou deux. Nous venions de deux mondes totalement différents et pourtant, la rencontrer a eu un véritable effet positif sur moi. Rien n’était prémédité. On n’a pas réellement cherché à se demander si on devait parler de ce qui se passait entre nous. Tout ce faisait naturellement. Tout allait trop bien. On était heureux. On s’est même mariés. Sauf que les happy ends c’est pour les autres. Ceux qui n’ont pas de père milliardaire, qui aime le pouvoir et veut contrôler ses filles à tout prix. Ça c’est Forsythe et si j’avais tenté de mettre Casey en garde, elle n’avait vu que son père. Une sorte de héros ou d’homme qui ne ferait jamais de mal à son enfant. Mais je le savais. Il ferait n’importe quoi pour rompre notre relation. Sauf que je ne l’imaginais pas aller à telles extrêmes. Enfermer sa fille dans une institution et nous ôter la personne la plus innocente du monde qui soit. Notre enfant. J’ai beau lire et relire cette lettre, cette colère me submerge et bien souvent j’ai envie de me rendre dans son bureau et de lui régler son compte une bonne fois pour toute. Sauf que vis-à-vis de Danny, je ne peux pas. Je lui ai promis de témoigner et de me tenir à carreaux. Mais là, c’était vraiment insupportable.
J’avais alors trouvé l’excuse parfaite pour me rendre où elle travaillait. Une excuse bidon, j’devrais plutôt dire. Car le coup du DVD alors qu’elle est employée dans une librairie de livres rares, c’était nul ! Le trajet de la maison à la librairie ne m’avait pris guère de temps. Pensez à Casey, c’était éviter de ressasser ma souffrance, m’éviter de penser à Andy. Pourtant, je pouvais encore l’entendre dans ma tête. « Fonce. T’es le seul en qui elle aura confiance. » Un des phrases qu’il pourrait très bien me dire. Car cette lettre – bien qu’elle soit sous forme de confession - c’est ma preuve de confiance. Qu’elle n’a jamais perdu espoir en nous. Qu’elle me voudrait prêt d’elle peut être. Mais surtout que je comprenne. Bon, j’admets que pour le bébé. C’est très difficile à mes yeux. Je n’ai jamais rien su. Ça complique la tâche et il faut dire que pour le bref moment où j’ai vu Casey, je n’ai guère pu noter de changement physique. Toutefois, on ne peut pas passer le reste de notre vie à nous éviter. Je devrais lui parler d’Andy. Quand ? J’en sais rien. Mais certainement que ça se produira plus vite que ce que je présume. Et entre nous que puis-je espérer ? Je ne veux pas la perdre. C’est tout ce que je sais. Ceci dit, du temps est nécessaire rien que pour faire le point sur notre situation. Une part de moi à confiance. Parce qu’elle a déjà fait un pas et qu’elle m’a écrite cette lettre. Chose que je n’attendais plus vraiment depuis quatre ans. C’était alors l’assurance qu’il existait encore un infime espoir entre nous. Que la fin n’était pas celle qu’elle semblait être. La retrouver parmi les rayons de la bibliothèque me prit néanmoins quelques minutes. Je ne savais pas encore ce que je viendrais lui dire. Toutefois, je dois admettre qu’appuyé contre l’un de ses rayon à la détailler sans une once de gêne, j’éprouvais la sensation de respirer à nouveau. Lorsque mes yeux rencontrèrent ses deux océans turquoises, je me sentis défaillir, mon cœur s’emballer et bredouiller quelque chose à propos du DVD. C’était stupide. Complètement débile même. Elle me connaissait mieux que ça. Elle savait qui se cachait derrière ce faux prétexte. Casey est ma femme. Etait. Est. Enfin j’me comprends. Ce n’est pas parce qu’on divorce et déchire un bout de papier que tout est terminé. Non. Il y avait toujours eu plus entre nous. De l’amour, du défi, de la provocation. Et je savais qu’à un moment où à un autre, elle finirait par répondre à l’un des trois ou aux trois. Parce que les années faisaient évoluer les personnes, mais ça ne les changeait pas fondamentalement.
Je l’observais réagir à mes propos, sans pour autant cesser de classer ces foutus ouvrages. Elle pourrait au moins s’intéresser à moi et laisser ses vieilleries deux minutes. Elles vont pas se volatiliser en un clin d’œil ! Mais je note un léger changement lorsqu’elle ferme les yeux. Suis-je allé trop loin ? Possible. Peut-être a-t-elle besoin du Logan à l’écoute et pas du casse pied pour le moment. Mais c’est loupé, car pour sa peine, elle aura les deux en même temps. « Je n'ai pas cette prétention, non... » « Oh Oh… Tu veux me faire croire que t’as abandonné ce sale caractère de fille butée ? LE REVE !! Tu vas me suivre dans le premier placard à balais alors ? » Haussais-je un sourcil avec un clin d’œil espiègle. On ne valait rien l’un sans l’autre. Mais ensemble, on pouvait s’avéré inventif, passionné et surtout on ne savait pas résister à la tentation. Je devais admettre que pour moi, ça pourrait devenir un sacré problème dans l’heure à venir si elle continuait à reste si… Casey. Toutefois, elle ne tarde pas à me répondre et j’en profite pour lui rétorquer : « Mais je sais d'expérience que pour que quelqu'un comme toi mette les pieds dans un endroit comme celui-ci, c'est qu'il doit y avoir une bonne raison... autre que le retour d'un DVD comme celui-ci, bien évidemment. » « Ok, Ok… c’est ça que tu veux entendre ? »la fixais-je avec ce regard tendre, malicieux et qui n’en loupait jamais une, surtout lorsque l’intéressée s’appelait Casey Forsythe. « J’l’admets. J’voulais savoir c’qui était plus prestigieux ici… Ces fichus ouvrages ou… toi. » Continue-je en m’approchant de quelques pas. « Et il s’avère nettement – sans aucune hésitation j’veux dire – que tous autant qu’ils sont, c’est pas eux qui m’intéressent. » achevais-je en me mordant la lèvre inférieure.
Elle comme moi savait combien ce moment était important à mes yeux. Elle était là. On était là. A San Francisco. A la maison. Réunis. Peut être ensemble un jour. Pour moi, ça n’était pas simplement un amour de lycée. Casey avait représenté non pas la perfection mais ma moitié. Celle-là même que beaucoup de personnes cherchent durant toute leur existence sans la trouver. Et là, elle était là. Sous mes yeux à continuer de trier ces foutus bouquins. Je ne pus m’empêcher d’en prendre et de le feuilleter sous ses yeux.
« Elle sont où les images ?! Pourquoi c’est écrit en tout petit ?! T’arrive à lire ça toi ?! » relevais-je alors mon regard dans le sien avec ce petit sourire triste. Je crois qu’elle seule peut me comprendre. A travers mes paroles stupides, elle sait que je ne suis pas dans mon assiette mais ça n’est pas pour autant que j’vais la laisser de côté. Au contraire, j’ai besoin qu’elle soit là. Qu’elle fasse partie de mon existence et bien que je le vois garder le silence trop longtemps, je me doute que c’est qu’elle doit en avoir besoin. Je prends alors sur moi pour qu’elle sache que je savais qu’elle était ici. Et ce, même si j’ai un peu attendu avant de me rendre ici. Après tout, Don me connaissait, même si je ne mettais jamais les pieds ici. Après l’échec du « Forsythe », Le « Princesse » semblait être bien plus réactif. Elle pouvait fermer son cœur au monde entier mais moi, je saurais toujours que ce surnom serait capable de me la ramener. Parce que j’étais le jeune fauché et qu’elle était la Princesse que tout le monde respectait. Enfin, j’vous parie que si vous lui en parliez, elle raconterait autre chose. Mais trop vite, je la sens sur la défensive et si je n’étais pas Logan, elle m’aurait p’t’être bien foutu un couteau sous la gorge comme dans les films.
« Non pas que je doute de ton super-radar mais... Sérieusement Logan ? Qui te l'a dit ? » « Sérieusement Casey ?! » répétais-je par pur provocation. Oh elle comprendrait bien ma remarque, j’m’en fait pas là-dessus. Elle est intelligente mais ce n’est pas pour autant, que j’la laisserais se faire du mouron pour son père. Enfin, elle s’en ferait pas pour lui mais certainement plus pour Courtney, moi ou les autres. Elle secoue la tête et je la vois se mettre à trembler. Rien de bien rassurant jusque-là. J’hésite à me rapprocher sur le coup. Elle va reprendre ses esprits et tout va rentrer dans l’ordre. « S’il te traquait, tu serais déjà plus là. T’en a entièrement conscience. Alors RELAX !! » Comblais-je cette fois ci la distance qui me séparait d’elle pour poser ma main sur les siennes. « Il prendra pas le risque de débouler ici. Il a pas encore digéré notre dernier tête à tête… » Laissais-je en suspens. En même il l’avait cherché. Okay fallait pas me chatouiller sur mon divorce ou ma relation avec Casey, lorsqu’elle est parti. Mais m’insulter, ça n’allait pas arranger les choses. Il en a subit les conséquences. Et depuis, j’ai plus cherché à avoir de contact avec lui. Et c’était pour le mieux. Le FBI le surveillait bien mieux que moi. Mais ça, Casey l’ignorait encore.
J’avais finalement changé de sujet parce qu’il valait mieux parler de son boulot, du fait qu’elle préférait ne pas mettre les pieds dehors pour ne pas se retrouver face à son père. Sauf que son père pourrait très bien venir dans une bibliothèque non ? ça ferait mauvais genre, j’avoue. Mais quand même. Mes remarques toutes aussi stupides soient-elles, la faisait réagir. Et j’peux vous avouer que c’est franchement bon de retrouver cette part-là, chez celle que vous aimez depuis autant d’années. « Je ne sais pas d'où tu tiens ça, mais c'est du n'importe quoi... T'as vraiment été le voir ? » « N’importe quoi hein ?! T’entends ça Don ?! Quel menteuse de supermarché… j’vais devoir te donner d’autres cours ! » Lui souris-je en coin alors que Don marmonnait quelque chose de l’autre côté d’un rayon. « Il vient déjeuner au Lounge trois fois par semaine. Avoue plutôt, que bosser ici c’était plutôt pour m’avoir à l’œil !! »
J’pouvais m’enfoncer le doigt dans l’œil, si elle n’allait pas répliquer. Elle avait de l’amour propre et ce même s’il y avait toujours cette attirance entre nous. Si je ne me retenais pas, j’l’aurais surement déjà prise dans mes bras. Tout me manque. Son odeur, sa voix, son silence, son contact, ses murmures, son rire, même cette façon qu’elle avait de me pincer lorsque j’avais l’audace de l’embêter. Mais c’était MA Casey et rien d’autre n’a jamais plus compté qu’elle dans ma vie. J’en viens à lui proposer de sortir déjeuner. J’omets de rajouter que je ne la ramènerais surement pas dans les délais mais j’pense pas que Don m’en voudra pour ça. Enfin pas tout de suite. Et j’étais sérieux, j’l’emmènerais déjeuné qu’elle le veuille ou non. J’esquisse ce lent sourire espiègle et irrésistible à ses mots.
« Voyez-vous cela. J'aimerai bien t'y voir, tiens. Et tu vas faire quoi, si je décline l'invitation ? Me kidnapper ? » « J’pourrais en effet… tout comme te torturer. Supporter trois types qui se goinfrent devant toi et qui parlent comme des pipelettes pendant des heures… c’est dur à supporter. Ou sinon, t’acceptes de déjeuner avec moi… Tu pourras même apprécier la présence d’un homme fort pour te protéger ! » Fis je en bombant le torse inutilement et bombant mes biceps à la mode de Popeye. Me rendre ridicule pour elle, ça ne serait jamais une première, ni une dernière. Parmi tout ce qu’il y a à savoir c’est qu’elle a besoin de se détendre. J’suis bien placé pour le savoir. La revoir sourire et l’entendre rire sera un bon début et je n’ai pas peur non plus de la voir me repousser. Parce qu’elle comme moi, sait qu’on ne pourra pas nier l’inévitable plus de quelques semaines. Car même si on est divorcée, elle est toujours dans mon cœur, et ça – même si ça va m’agacer un moment de devoir le dire – je vais devoir faire l’effort de lui dire ces mots qui me font mal depuis quatre années. Que personne de sérieux n’a pu la remplacer dans mon cœur, parce qu’elle est ma seconde moitié.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Jeu 31 Mar - 23:21
Mon retour à San Francisco n'était, certes, peut-être pas une bonne idée. Car s'exposer à mon père comme je le faisais, j'en étais consciente, n'apporterait strictement rien de bon à ceux qui m'entouraient. En revenant, non seulement je prenais le risque de laisser ce dernier m'atteindre, mais aussi celui de le voir s'en prendre à ceux auxquels je tenais le plus, en guise de représailles. Rien ne me garantissait, en effet, qu'il ne décide pas de s'en prendre à Court', ou encore à Logan, pour me faire plier, et me faire regretter l'affront que j'avais osé lui faire en quittant cette institution dans laquelle il m'avait placée quatre ans plus tôt. Et pourtant, cette solution, ce retour, m'avaient semblé les plus évidents. Parce que c'était ici que j'avais toujours vécu, parce que c'était dans cette même ville, que j'avais laissé mon coeur, et que j'avais été persuadée que ça serait mon retour dans celle-ci qui me rendrait ce qui m'avait tant manqué au cours de ces quatre dernières années : l'amour et le soutien de mes proches. Ce à quoi je ne m'étais certainement pas attendue, en revanche, c'était à ce que mon retour se fasse dans de telles conditions. Je m'étais préparée à tout, avant mon retour : à retrouver Logan remarié, à le voir éventuellement à la tête d'une petite famille, mais certainement pas à le retrouver endeuillé comme il l'était. La mort d'Andy, je le savais, avait dû être un choc pour lui. Je savais pertinemment ce qu'il pouvait ressentir, pour l'avoir moi-même ressenti quelques années plus tôt. Je savais également très bien combien ces deux là avaient été proches, plus que ne l'auraient probablement été un père et son fils biologique, et je pouvais par conséquent aisément comprendre combien la vie de Logan pouvait être bouleversée, en ce moment. A ces bouleversements, voilà que j'en rajoutais, en débarquant dans sa vie, sans crier gare, semant encore plus la pagaille dans sa tête, et très certainement aussi dans son coeur. Or, ça n'était pas ce que je voulais. Loin de moi l'idée de lui compliquer la vie, j'aurais aimé la lui faciliter, et la lui apaiser. J'aurais sincèrement aimé que les choses se passent différemment : qu'Andy n'ait pas à mourir, que Logan n'ait jamais à connaître cette douleur atroce qui vous submergeait dès lors que vous perdiez un être aimé, cette impression que vous ressentiez et qui vous laissait penser que jamais plus, votre vie ne serait la même... En revenant, je m'étais préparée à ce que j'avais vraiment pensé être le pire : le voir au bras d'une autre. Je réalisai à présent que le pire, c'était de le voir souffrir. Oui, bien que je l'aimais par dessus tout, bien que l'idée qu'il en aimait une autre me rendait malade, j'aurais encore préféré que ce fusse le cas et qu'il en soit heureux, plutôt qu'il souffre de la perte de son père. A bien y réfléchir, j'aurais voulu le préserver, de tout ce que la vie nous réservait de plus sombre. Ca avait toujours été comme ça entre nous : nous nous étions toujours soucié du bonheur de l'autre, nous protégeant respectivement l'un et l'autre, parce que la simple idée que notre moitié ne souffre nous était intolérable. Voir la souffrance, ou la peine dans ses yeux – y lire n'importe quoi d'autre que de l'amour ou de la joie, à vrai dire - m'avait toujours été insupportable. Parce qu'il était - je pouvais le dire sans aucun doute - la personne qui comptait le plus pour moi, en ce monde.
C'était probablement pour cette raison – pour le protéger - que je n'avais pas vraiment cherché à le revoir. Peut-être aussi parce que je ne m'en sentais pas prête. Des années avaient beau s'être écoulées, je savais en effet que mes sentiments pour lui étaient inchangés, et de ce fait, l'idée même de me retrouver en face de lui, sans pour autant reconnaître en face de moi le Logan que j'avais connu – et aimé – me faisait peur. C'était une idée stupide, j'en étais consciente. Notre dernière rencontre m'avait plus ou moins prouvé une chose : si mes sentiments étaient restés inchangés, les siens semblaient avoir fait de même. Cela ne m'encourageait cependant pas à aller le voir, bien au contraire. Car le voir, ça serait prendre sur moi, taire des sentiments et mêmes des réactions qui me venaient naturellement à son contact. Le voir, sans l'avoir – bien que je ne l'ai jamais possédé – me semblait impossible. Et l'autre jour encore, j'avais bien failli céder. Dans ses bras, j'avais bien cru que les mots que je me retenais de lui dire depuis ces quatre dernières années allaient enfin franchir mes lèvres, que je ne pourrais garder plus longtemps ces sentiments que j'éprouvais encore pour lui. Il était ridicule, de vouloir garder ce silence, cette distance entre nous, car je savais pertinemment que bientôt, cette envie que j'avais, de le voir, de le retrouver, se transformerait en un réel besoin et qu'il me serait alors impossible de lutter plus longtemps contre cette attraction qui m'attirait à lui. Et puis, j'étais parfaitement consciente qu'il pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert et que, si mon regard venait à croiser le sien, il saurait y lire tout l'amour que j'éprouvais encore pour lui. Cette tendresse, cette affection, qui étaient restées, se lisaient encore dans mon regard, s'entendaient encore dans ma voix, lorsque je venais à parler de lui. Oui, mes sentiments pour lui étaient trop forts, pour être ignorés bien longtemps. Et pourtant, les prendre en compte aurait été égoïste. Oui, il aurait été égoïste pour moi de débarquer dans sa vie, de m'imposer et de lui demander de me donner à nouveau tout ce qu'il avait été capable de m'offrir par le passé : un amour inconditionnel, que rien ne pouvait détruire, ou entacher. Je ne voulais pas être égoïste, je ne voulais pas penser rien qu'à moi. Je ne voulais pas le presser, qu'il revienne vers moi parce qu'il s'en sentait obligé ou parce qu'il aurait été persuadé de me le devoir. Je voulais qu'il revienne vers moi parce qu'il le voulait, et qu'il en avait autant besoin que moi. Alors, en attendant qu'il soit prêt à me parler, en attendant qu'il soit prêt à m'accepter dans sa vie, j'avais décidé d'attendre, et de me concentrer sur autre chose. Mon travail, c'était ce qui m'aidait le plus à tout oublier... Logan, mon père... Ils disparaissaient tous les deux de mon esprit pour quelques heures, temps que je passais la plupart du temps le nez dans les bouquins, pour m'évader de cette réalité tout aussi dure à supporter qu'à affronter. C'était une sorte d'exutoire, sans lequel, j'en étais certaine, j'aurais probablement passé toutes mes journées enfermées chez moi à me torturer l'esprit.
Ce dont j'avais été persuadée, jusqu'à présent, c'était que ni mon père, ni Logan, ne viendraient jusqu'ici, jusque dans ce refuge que j'avais su me trouver et dans lequel je me sentais si bien. Je réalisai aujourd'hui que ça avait été trop espérer, et sans compter sur la débrouillardise de mon mari (ou ex-mari, si l'on s'en tenait aux termes officiels). Debout entre deux étagères, j'avais vu Logan débarquer, un DVD à la main, l'air visiblement bien décidé à me taquiner. Son DVD n'était qu'une excuse, une excuse à sa présence ici, à son envie de parler avec moi, j'en étais parfaitement consciente. Aurais-je dû être flattée de celle-ci ? Peut-être. Quoi que l'idée ne me passa pas vraiment à l'esprit. En le voyant, debout devant moi, j'avais presque immédiatement craint le pire : qu'il soit ici pour m'annoncer une mauvaise nouvelle ou pour obtenir de quelconques explications que j'aurais été incapable de lui donner. Loin de vouloir me faciliter la tâche, monsieur avait décidé de jouer encore un peu. Chacune de ses réponses à mes questions s'avéraient tout sauf sérieuses, et il semblait prendre un malin plaisir à me faire tourner en bourrique comme il le faisait. J'étais cependant loin de me laisser perturber par une telle attitude : je savais en effet ce que celle-ci cachait. Quiconque n'aurait pas connu Logan aurait certainement pensé qu'il n'était qu'un crétin, qui ne savait pas parler sérieusement deux secondes. Moi, en revanche, je savais pertinemment que cet humour – à deux balles, était-il nécessaire de le préciser ? - ne servait qu'à cacher son malaise. Et si, quelques années plutôt, j'y aurais certainement ri, aujourd'hui en revanche, les choses étaient différentes. Nous avions changé. Et cette bonne humeur que j'avais auparavant ressentie en sa présence s'était à présent transformée en gêne, et en hésitation. Peut-être que je manquais de confiance, en moi, en l'avenir, effectivement... ou peut-être que j'avais simplement perdu le goût des bonnes choses. Car tout ce qui auparavant m'avait fait du bien, me laissait à ce jour presque indifférente. C'était comme si je vivais dans une sorte d'état second, un état qui m'empêchait presque de rire, de sourire, d'accomplir ces gestes qui semblaient simples aux yeux de quiconque et qui me semblaient pourtant presque irréalisables, tant mon coeur n'y était pas.
« Oh Oh… Tu veux me faire croire que t’as abandonné ce sale caractère de fille butée ? LE REVE !! Tu vas me suivre dans le premier placard à balais alors ? » Il me lança un clin d'oeil qui se voulait espiègle et, haussant un sourcil, je lui répondis du tac-au-tac : « Dis moi... Le placard à balais... C'est ce que tu proposes à toutes les filles le premier jour ou c'est juste un de ces trucs qui me sont réservés ? »,
Ma question, à vrai dire, ne servait qu'à peu de choses, si ce n'est lui prouver que, moi aussi, je pouvais le provoquer. Et voilà. Sans même que je le veuille, je me retrouvais déjà à me laisser entrainer dans ses idioties. A croire que, même avec les années, cet homme aurait toujours le même effet sur ma personne. Me maudissant intérieurement pour me laisser distraire si facilement, je continuai mon travail tout en tentant – vainement – de ne pas trop prêter attention aux idioties qu'il pouvait bien dire. C'était bien entendu mission impossible.
« Ok, Ok… c’est ça que tu veux entendre ? » son regard se fixa au mien, faisant chavirer – une fois de plus – mon coeur, avant d'ajouter, « J’l’admets. J’voulais savoir c’qui était plus prestigieux ici… Ces fichus ouvrages ou… toi. » il s'approcha de quelques pas, sa proximité m'amenant presque malgré moi à rester immobile, appréhendant l'éventualité qu'il ne finisse par s'échapper. « Et il s’avère nettement – sans aucune hésitation j’veux dire – que tous autant qu’ils sont, c’est pas eux qui m’intéressent. » Il ponctua sa phrase d'un léger mordillement de sa lèvre inférieure, ce qui eu le don de me faire craquer complètement. Cet homme me rendrait folle, j'en étais certaine. N'aurais-je pas eu la moindre conscience que, déjà, je me serai probablement jetée à son cou pour l'embrasser passionnément. N'en faisant rien, je détournai simplement le regard, sentant que le rouge avait légèrement dû me monter aux joues. Fixant un instant mes bouquins, je lui répondis, d'un ton peu assuré, cependant :
« Un simple 'j'avais envie de te voir' m'aurait suffit. T'es pas obligé d'en faire autant. » Aurais-je réagi naturellement que j'aurais certainement ponctuée ma phrase d'un sourire amusé. Celui-ci n'apparut cependant pas sur mes lèvres. Je redressai la tête, désignant les étagères qui nous entouraient tout en ajoutant, « Surtout que ces bouquins sont des vraies merveilles et qu'en parler de la sorte s'approche très probablement du crime contre l'humanité. »
A croire que, finalement, les remarques qui se voulaient humoristiques étaient de mise, aujourd'hui. Elles étaient, à vrai dire, les seules à pouvoir encore nous empêcher d'être gêné en présence de l'autre. Elles étaient les seules à pouvoir nous aider à retrouver ce qui nous avait autrefois unis : cet humour, ces petites remarques et provocations que nous avions eu l'habitude de nous faire, et qui nous avaient donné cette complicité si parfaite qu'on en avait été bien plus lié que n'importe quel autre couple marié depuis des dizaines d'années.
Reportant rapidement mon attention sur mes livres, j'en rangeais un, lorsque Logan reprit la parole :
« Elle sont où les images ?! Pourquoi c’est écrit en tout petit ?! T’arrive à lire ça toi ?! »
Je levai les yeux au ciel, au départ, avant de soupirer, légèrement agacée par ces questions qui n'en finissaient pas. Je relevai les yeux vers lui pour croiser son regard et finalement craquer devant celui-ci. Il m'adressa un léger sourire qui se voulait triste, et ce fut bien la première fois, depuis qu'il était entré dans la pièce, que je décelais enfin cette vulnérabilité chez lui. Celle-ci me toucha, plus que je ne l'aurais voulu, plus que ses remarques dont il se servait pour cacher ses réels sentiments. Je lui répondis de la même façon, lui adressant un sourire qui ressemblait plus à une légère grimace qu'à autre chose. M'approchant de lui, je récupérai le livre qu'il avait entre les mains, avant de déclarer, presque dans un murmure :
« Tu peux continuer à faire le pitre autant que tu veux, Logan Matthews, je ne suis pas dupe, et tu le sais pertinemment. »
Mes doigts caressèrent un instant les siens tandis que mon regard se perdit quelques secondes dans le sien, cherchant à lui faire comprendre, par les gestes, plutôt que par les mots, que j'étais là, s'il avait besoin de moi. Des paroles que je finirai très certainement par prononcer, mais qui étaient cependant inutiles. Car il le savait déjà.
Reprenant légèrement mes esprits, je m'étais alors interrogée sur la façon dont il avait bien pu savoir où me trouver. La réponse la plus évidente qui me vint fut bien évidemment que Court' avait craché le morceau – elle seule savait, pour mon emploi. Et lorsque j'émis cette hypothèse, Logan la nia, utilisant bien évidemment encore une de ses excuses bidons pour me répondre. Agacée, de ne pas obtenir les réponses que je voulais – et légèrement sur les nerfs – je lui avais alors demandé de me répondre sérieusement. Il était certain que mon ton pouvait se montrer légèrement... pressant, quoi que presque agressif. Il est clair que si j'avais eu à faire à quelqu'un d'autre que lui, les choses se seraient passées différemment, et je me serais montrée plus... persuasive.
« Sérieusement Casey ?! » Je poussai un soupir. Il ne comprenait pas. Bien sûr qu'il ne comprenait pas ! Logan avait toujours été comme ça : persuadé d'être intouchable, persuadé d'être à l'abri de personnes comme mon père. Il ne savait pas combien j'étais inquiète, à l'idée que lui, ou quelqu'un d'autre, ne voit sa vie brisée à cause de lui. Il ne savait pas non plus combien j'étais terrorisée à l'idée qu'il revienne dans ma vie. Sans que je puisse y faire quoi que ce soit, je sentis mes mains commencer à trembler, « S’il te traquait, tu serais déjà plus là. T’en a entièrement conscience. Alors RELAX !! » Rassurant. "Relax", c'était plus facile à dire qu'à faire. Il s'approcha plus rapidement que je ne l'aurais cru, si bien que je n'eus même pas le moyen de lui échapper. Sa main se posa sur la mienne en un geste qui se voulait doux, et rassurant. Baissant les yeux sur nos mains l'une sur l'autre, j'inspirai profondément, pour me calmer, tandis qu'il continua, pour m'apaiser « Il prendra pas le risque de débouler ici. Il a pas encore digéré notre dernier tête à tête… »
J'aurais aimé le croire... J'aurais sincèrement aimer en être persuadée, moi aussi. Mais connaissant mon père, je savais pertinemment que celui-ci n'avait aucune limite. Et c'était bien ce qui m'effrayait, à vrai dire. Comment pouvait-il être aussi certain de ce que ferait ou non mon père ? Et surtout, à quoi faisait-il allusion lorsqu'il parlait du dernier tête à tête qu'ils avaient eu ensemble ? Baissant la tête et la secouant légèrement en signe de désaccord, je lui répondis :
« Tu comprends pas... C'est pas ce qui m'inquiète... » Non, car si je savais que mon père ne prendrait peut-être effectivement pas le risque de venir me chercher à mon travail, rien ne me garantissait qu'il ne le ferait pas chez moi, ou sur la route pour rentrer. Poussant un léger soupir, je redressai la tête vers Logan, fronçant les sourcils en signe d'incompréhension « Votre dernier tête à tête ? De quoi tu parles ? »
Je devais avouer que ses mots m'avaient intriguée. S'il avait pensé pouvoir échapper à mes questions pour cette fois, c'était raté.
Changeant légèrement de sujet, Logan en vint à me parler de mon travail, dont il connaissait des détails qui me laissaient légèrement... Perplexe. Qui lui avait dit que je ne prenais pas de pause ? Il était devin ou quoi ? Bien décidée à ne pas reconnaître qu'il avait raison, je niais farouchement les faits, avant qu'il ne reconnaisse que c'était Don, mon patron, qui lui avait tout révélé. Il avait en plus de ça été voir mon patron ? Impossible. Il y avait autre chose là dessous, et il m'en apporta bien vite la réponse :
« N’importe quoi hein ?! T’entends ça Don ?! Quel menteuse de supermarché… j’vais devoir te donner d’autres cours ! » Je levai les yeux au ciel. Oui, j'étais une mauvaise menteuse. Mais je l'avais toujours été. Le fait était que la vérité se lisait sur mon visage, et s'entendait au son de ma voix, si bien qu'il m'était impossible de cacher qui que ce soit à quiconque, et encore moins à Logan, puisque ce dernier me connaissait par coeur. « Il vient déjeuner au Lounge trois fois par semaine. Avoue plutôt, que bosser ici c’était plutôt pour m’avoir à l’œil !! », m'expliqua-t-il alors, non sans se sentir obligé de rajouter sa petite blague à la fin.
Je fronçai légèrement les sourcils, sérieusement intriguée – et légèrement surprise - par ce qu'il venait de me révéler. Si j'avais su... Bien décidée à ne pas lui laisser le dernier mot, je rétorquai, concernant sa dernière remarque :
« Dans tes rêves, tiens. Ce n'est pas parce que Monsieur, s'amuse à jouer les petits espions qu'il en va de même pour tout le monde. Tu apprendras, mon cher, que tout le monde n'a pas un esprit aussi tordu que le tien ! »
Et voilà... encore une fois, j'avais fini par le laisser me prendre dans ses filets. A croire que le jeu se répèterait encore et encore, entre nous, et qu'il ne prendrait jamais fin. En réalité, il savait pertinemment sur quel côté jouer, pour me faire réagir. Et je devais avouer qu'il se débrouillait à merveille, si bien que j'en avais presque oublié que quatre années nous avaient séparés, presque persuadée que tout était resté intact, entre nous. Malheureusement, les choses, en réalité, étaient bien plus compliquées.
Logan me proposa alors de sortir déjeuner... Une proposition qu'il m'interdisait presque de refuser. Ce qui, entre nous, m'amusait pas mal. Il semblait persuadé de réussir à me faire sortir d'ici. Décidant de le taquiner, je lui avais alors demandé comment il ferait, si je venais à décliner son invitation, et s'il en finirait par me kidnapper. A mes mots, un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres, tandis qu'il me répondit :
« J’pourrais en effet… tout comme te torturer. Supporter trois types qui se goinfrent devant toi et qui parlent comme des pipelettes pendant des heures… c’est dur à supporter. » « Si tu crois franchement que c'est par la torture qu'on obtient ce qu'on veut d'une femme, c'est qu'il te reste bien des choses à apprendre, chéri. » Mon "chéri", comme ses "Princesse", faisaient partie de ces automatismes qui me revenaient sans que je le veuille. Légèrement gênée, sur le coup, je priais presque intérieurement pour qu'il ne le relève pas. « Ou sinon, t’acceptes de déjeuner avec moi… Tu pourras même apprécier la présence d’un homme fort pour te protéger ! » sur la fin, il bomba le torse, avant de me montrer ses biceps, comme l'aurait probablement fait Popeye. J'eus presque envie de rire en le voyant agir de la sorte.
Feignant de rechercher quelqu'un derrière lui, je le regardais après un instant, jouant la fille qui n'avait pas compris :
« Oh, c'est toi l'homme fort en question ? Excuse moi... J'avais pas compris. » Mon regard se fit plus provocateur, l'espace de quelques secondes, une lueur de malice le traversant brièvement. Appuyant sur ses bras pour le faire cesser de jouer les imbéciles, je répondis :
« Range tes biceps Popeye, tu te fatigues pour rien, car je n'ai absolument pas faim. » J'étais sincère, en disant cela. A vrai dire, je m'étais habituée à ne plus manger le midi, si bien que je n'avais aucun appétit. « Mais... Si tu repasses dans quelques heures et que tu m'invites à diner alors, peut-être qu'éventuellement, la faim me décidera à te suivre... En attendant, tu peux être certain que je ne quitterai pas les lieux maintenant. Je suis devenue indispensable à la vie professionnelle de Don et je m'en voudrais terriblement si je devais le laisser en plan sans le lui avoir préalablement dit »
Don était un peu ma bonne excuse, celui sur lequel je me reposais pour être obligée de rester ici jusqu'à la fin de ma journée. Non pas que la présence de Logan à mes côtés me dérange, bien au contraire ; c'était plutôt l'idée de m'afficher en public avec lui, et les répercussions que cela pourrait avoir, que je redoutais. Raison pour laquelle j'étais bien décidée à rester ici. Qu'à cela ne tienne, s'il tenait tant à ce que nous passions un moment ensemble, il pouvait toujours rester, ça ne me dérangeait pas, et ce, malgré ses idioties. En revanche, j'étais persuadée que l'idée le brancherait moins. Pour la simple et bonne raison que, pour venir jusque là, Logan avait déjà dû prendre sur lui, alors y rester plus que nécessaire l'ennuierait sûrement plus qu'autre chose.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Lun 4 Avr - 15:59
J’ai grandi ici. Littéralement. Partir aurait pu être l’une de ses idées pour m’aider à faire le tri dans ma vie. Me convaincre qu’une autre destinée m’attendait dans une autre ville. Que je pourrais y trouver ce que je cherche depuis longtemps. Quelqu’un qui me comprendra. Une personne capable de lire dans mon cœur tout cette souffrance qui s’accumule depuis ses quatre dernières années et qui m’aiderait à trouver la paix intérieure. Mais trop de choses me retiennent à San Francisco. Mon père pour commencer. C’est dans ses rues qu’il m’a fait comprendre combien je pouvais devenir un être différent. Que m’ouvrir aux autres n’avait rien de mal. Que je pouvais côtoyer qui je désirais. Il m’a inculqué le respect, la grandeur, la générosité, il m’a appris à me battre, pas uniquement avec mes poings. Mais surtout, il a fait de moi celui que je suis aujourd’hui. Quelqu’un de bien meilleur que j’aurais pu être il y a de ça 6 ou 7 ans. Andy est mon père. Père adoptif, c’est vrai. Mais il est le seul qui compte pour moi. L’autre, je n’ai pas de souvenir. Il est mort avant même que je puisse en garder le souvenir. Et d’après ma mère, je n’ai rien perdu d’extraordinaire. Enfin lorsqu’elle disait ça, je savais qu’elle me mentait légèrement. Parce qu’elle avait choisi de garder l’enfant d’un junkie. C’était un choix que bien souvent on remet en question. C’était son premier amour et elle ne pouvait pas tuer l’enfant de l’homme qui l’a aimé. Chose qu’aujourd’hui, j’étais capable de comprendre. Il y a de ça 5 ou 6 ans, je ne pense pas que j’aurais pu admettre l’idée qu’une femme puisse bouleverser et changer un homme. A l’époque, j’étais qu’un ados qui n’en faisait qu’à sa tête. Qui adorait tenir tête à ses parents et pourtant, il avait fallu d’un défi. Il avait fallu qu’elle agisse différemment de toutes les filles du lycée pour qu’elle me fasse découvrir qui j’étais réellement. Je ne suis pas un héros. Je n’ai sauvé la vie de personne. Je ne suis que depuis quelques semaines l’héritier du Lounge, le fils d’Andy Matthews. Celui à qui on aurait donné le bon dieu sans confession. Il était mon père et savoir qu’aujourd’hui, je ne peux plus lui parler. M’énerver contre lui. Croiser son regard pour qu’il sache ce que je peux éprouver. Tous ses détails me mettent hors de moi. Ça n’est pas mon genre pourtant d’être violent. J’ai vu mes parents se disputer, s’aimer, être complices. Le genre d’histoire qu’on ne peut que difficilement croire. Surtout lorsque le couple s’unit et que l’homme qui épouse ma mère, n’est pas mon père. Pourtant, Andy est l’une des plus belles rencontres de mon existence. Rester à San Francisco, ça n’est pas uniquement pour Andy même si, ici j’ai l’impression qu’il m’entoure. Il m’offre les habitudes, une certaine sérénité et ce sentiment de ne pas être seul. Par chance, il n’est pas le seul de ma vie a faire acte de présence. Il y a Liam et Danny. Heureusement pour moi, je pourrais toujours compter sur eux. Aussi proches que pourraient devenir trois frères venant d’horizon totalement opposés. Enfant, ma mère s’était souvent privée pour que je puisse avoir de bons repas. En rencontrant Andy, on arrivait à une vie bien plus décente. Et maintenant qu’il nous a quittés… C’est carrément impensable. Qui aurait imaginé que mon père avait gardé secret l’état de nos finances au cours de ses dernières années. Il y a une raison à ça. Si j’étais passé par toutes les émotions en apprenant cette vérité, aujourd’hui j’en étais à rationaliser. Il ne l’avait pas fait dans le but d’avoir un secret. Mais plutôt pour nous préserver. Parce que l’argent a toujours été un sujet sensible pour ma mère et moi. Nous en avions manqué durant les premières années. Aujourd’hui, nous sommes largement à l’abri du besoin mais je sais que tout l’argent du monde ne suffira plus au bonheur de ma mère. Elle a perdu celui qui manque le plus à son existence. Son mari, mon père. Mes journées, je les passe en général au Lounge pour éviter de trop réfléchir. M’occuper m’est nécessaire. Du moins, ça l’était jusqu’à ce que Courtney débarque et depuis, mon monde est sens dessus dessous. Qui l’eut cru que les Forsythe arriverait encore à me troubler ainsi. Une lettre et cette fois-ci, c’est avec une envie de meurtre que je tournais en rond dans ce qui avait été le bureau de mon père.
Songer à ses évènements, c’est me rappeler que mon père ne voudrait pas que je reste les bras croisé alors qu’une lettre avait suffi à me prouver que je comptais pour quelqu’un. Comme je le disais, je n’ai rien d’un héros mais j’ai aimé, j’aime encore et je l’aimerais certainement jusqu’à mon dernier souffle. Pas un jour ne s’écoule sans que je pense à celle qui répondait au doux surnom de « princesse ». Nous ne pouvions pas être plus différents. Ceci dit, les barrières sociales n’étaient jamais réellement entrées en compte entre nous. C’était un amour primaire, vital qui nous habitait. Ça n’avait pas été simple les premiers temps et pourtant, ça n’avait rendu notre relation que plus forte au point de nous marier… puis divorcer. Cherchez la logique et vous ne trouverez qu’un Forsythe très manipulateur. Ces derniers jours, je tournais comme un lion en cage. Entre notre dernière rencontre, les mots de cette lettre, le propos de mon père qui me pousse quasiment à aller la déloger pour veiller sur elle H24. C’était con. Qu’est-ce que j’étais pour elle désormais ? Qu’est-ce qu’on pouvait espérer après 4 ans de séparation et autant de souffrance ? Bien peu de chose. Malgré ça, j’avais cédé. Un instant de faiblesse ? je ne sais pas exactement si l’on doit l’interpréter de la sorte. Voir Casey a toujours eu sur moi, un effet rassurant. J’ai besoin de la voir bouger, de l’entendre, même si c’est pour m’insulter, j’ai besoin de m’assurer qu’elle là, et vivante. Et dire qu’elle avait porté mon bébé. Encore un point que j’ai du mal à faire rentrer dans mon cerveau. J’ai été papa. Enfin plus maintenant. Je soupirais puis secouais la tête alors que je parcourais les allées de cet antre maudit selon moi. Sérieusement ! Mon père m’avait toujours dit que la bibliothèque de Don méritait qu’on s’y attarde. Et moi, j’lui avais répondu s’il avait des magazines porno, que j’irais. Devant ma réaction mon père aurait dû me punir à l’époque mais il avait simplement rigolé et on était passé à autre chose. Voilà que maintenant, j’étais à quelques mètres d’elle. Ces quatre années lui ont rendu justice quelque part. Elle semble encore plus frêle et fragile, mais en même temps elle dégage cette force et inaccessibilité. Or, je sais ce qui se trame sous ses grands yeux bleus. Combien ce cœur peut faire des miracles sur des personnes comme Liam et moi. Elle est meilleure, et plus généreuse qu’au moins la moitié de cette ville. Elle est l’être le plus adorable que j’ai rencontré dans mon existence. A vrai dire, déjà par le passé, je pouvais passer des heures à l’observer ainsi. Mais je savais que bientôt, elle saurait que je suis dans les parages. Elle avait cet étrange radar lorsque ça me concernait. Elle sentait ma présence et pouvait me remarquer dans la foule en un temps record.
Deux échanges et voilà que tout partait en dérision. Je ne pouvais pas rester sérieux. Pas en ce moment. J’avais besoin d’elle. J’avais besoin de penser à autre chose. Et masquer ma souffrance sous mes blagues débiles et bien, c’était un moyen comme un autre de me dire que ça irait. Il est vrai qu’autour de moi, les femmes ne manquent pas mais toutes ne m’inspirent pas comme Casey. La preuve en est que je n’ai rien jeté après notre divorce. Mon alliance, je la porte toujours sur moi. Mon portefeuille contient toujours une photo de nous deux. Et je ne parle pas de la maison où lorsque je mettais les pieds dans ma chambre, je pouvais presque sentir son empreinte tout près de moi. Casey détenait une emprise diabolique sur moi. Elle pouvait me foutre en rogne comme m’adoucir en l’espace de quelques secondes. Elle avait su m’apprivoiser. Chose étrange lorsqu’on sait qu’aujourd’hui, elle est l’une des seules à qui je me sentirais capable de parler de mon père. Car elle est la seule à avoir compris notre relation. Sa réplique a le don de me faire sourire. Vous savez, ses dernières années, j’ai vécu dans une souffrance abyssale ne sachant pas à qui et à quoi me raccrocher. Mais j’avais Liam, Danny et mes parents. Ils ont été là. Pas toujours pour me dire des choses biens. Ils m’ont secoué et que Casey soit désormais ici me fait un bien réel.
« Dis moi... Le placard à balais... C'est ce que tu proposes à toutes les filles le premier jour ou c'est juste un de ces trucs qui me sont réservés ? »
Cette répartie, c’était ce qui nous avait toujours lié. Sans parler de cette façon que nous avions de nous provoquer à tout bout de champs. C’était comme si chaque chose reprenait sa place.
« C’est trop honteux pour toi ?... C’est plutôt pour me tester et savoir, si justement il y a d’autre filles. » rajoutais-je après réflexion. « Mais t’as pas vu le luxe de ce placard à balai… il en vaut le détour. Une visite guidée ça te tente ? » Elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait. M’envoyer sur les roses. Ne pas apprécier que je sois là. Je m’en moquais. Je voulais juste la voir. M’assurer qu’il ne lui manquait rien. Qu’elle était vivante, en bonne santé. Car demain la donne pourrait être différente. Chose qui était bien loin de me rassurer.
Un autre problème ne tarderait pas à faire son apparition. Casey était Casey. Je ne savais pas être près d’elle, sans la toucher. Notre relation était basée sur la confiance, la compréhension et le contact. Ainsi, sous peu, il m’était évident que je deviendrais ce type qui lui cédera tout. Parce que j’ai peur de vivre à nouveau sans elle. J’ai peur que tous les sentiments qui m’habitent m’abandonnent. Qu’elle m’abandonne. Et pourtant, Casey ne me ferait jamais ça, sciemment. On avait ce que certains couples ne détiendront jamais. De l’estime et une confiance absolue l’un en l’autre. Pourtant, nous avions divorcés. Où était la confiance ? J’avais juste pensé que c’était ce qu’elle avait voulu après tout. Mais c’était avant de comprendre que son père nous avait menés en bateau comme il sait s’y bien le faire. Même si je n’étais pas un féru de littérature et était même allergique à tout ce qui ressemblait à un livre, je devais reconnaitre qu’en comparaison, elle était dans son univers. Elle était cette Casey dont j’étais tombé amoureux. Cette Casey précisément qui aurait pu m’assommer avec l’un de ses bouquins pour que j’apprenne à bien me tenir. D’ailleurs notre conversion se poursuit et je n’arrive pas à la lâcher des yeux. Et puis, elle me posait de ses questions. Mais à quoi elle s’attendait ? Que je la laisse mener une petite vie tranquille alors que le Lounge est à moins d’un bloc d’ici. Elle rêve les yeux ouverts ! Manquerait plus qu’un type ose lui mettre la main dessus et là, c’était pas certain que je me contrôle. Ça réponse me fit d’autant sourire lorsque je la voyais presque embarrassée. Cette Casey-là, était ma préférée. C’était celle qui s’était si souvent blottie dans mes bras le matin pour me dire qu’elle m’aimait. Des mots que personnellement, j’avais eu un mal incroyable à laisser franchir mes lèvres.
« Un simple 'j'avais envie de te voir' m'aurait suffit. T'es pas obligé d'en faire autant. »
« Et j’aurais loupé l’occasion de te voir gênée par un compliment ? » puis-je à peine répliquer qu’elle se lançait déjà qu’insulter ses bouquins, c’était un crime contre l’humanité. « Tu veux qu’ils soient classé comme trésors historiques ? Je signerais la pétition, si tu veux… mais à mes yeux, ça serait toujours des bouquins… auxquels, je suis allergique... » Ponctuais-je, sans cesser de l’observer. Elle me connaissait. Elle savait que j’étais là pour elle. Même si j’utilisais le prétexte débile de ramener un DVD. Parce qu’elle méritait le détour et que sa présence illuminait ma journée. Mais ça, elle le savait déjà. Lorsque je croisais son regard, je réalisais que nous n’avions rien perdu du lien qui nous avait unis par le passé. Nous avions perdu 4 années et un enfant. Mais je ne pouvais pas m’attarder sur ce point. Pas maintenant, pas ici. Ainsi je prenais le premier d’une pile de livre et me mit à le feuilleter sous son nez, commentant comme à mon habitude avec des remarques stupides. Le genre qui l’aurait amusé à une époque. Je donnais l’air d’un idiot mais je ne l’étais pas. J’avais de l’instruction et beaucoup de connaissances mais c’était le genre de détails que je détestais divulguer. Mais Casey me connaissait comme personne. Elle n’était tombée amoureuse d’un idiot mais d’un type qui ferait toujours passer ses intérêts avant les siens. Il ne s’agit que d’un instant. Quelques secondes où nos regard s’accrochent et déjà elle sait. A travers mon sourire triste elle distingue plus qu’elle ne devrait en voir. Son sourire – malgré qu’on ait plutôt dit une grimace – je sais qu’il se veut rassurant. Je sais que ça ira désormais. Ses yeux me le crient. Elle est là. Elle sera là. Je déglutis péniblement à ses mots, détournant les yeux.
« Tu peux continuer à faire le pitre autant que tu veux, Logan Matthews, je ne suis pas dupe, et tu le sais pertinemment. »
Je me pinçais les lèvres avant de relever les yeux vers elle. Qu’étais-je sensé ajouté ? Que voulait-elle m’entendre lui dire ?
« Et toi, tu crois que ça m’a plus de savoir… » Lâchais-je maladroitement avant de me reprendre dans murmure. « Parfois, c’est plus facile de jouer à l’imbécile que d’affronter ces démons. On n’a pas tous la force pour affronter ça seul… » Et pour ma part, la mort d’Andy sera toujours là. Cruelle et injuste. Mes doigts sous les siens, elle émanait toujours cette force étrange qui me fait défaut. J’ai l’air solide en apparence mais on a tous une faille. La mienne, c’est ma famille. C’est elle. Parce que lorsqu’on touche aux miens, je deviens animal et parfois cruel. « Je… Non… Pas ici. » Secouais-je alors la tête alors que je tentais d’attarder mes doigts entre les siens. Ça ne dure que l’espace de quelques secondes mais suffisant pour accélérer les battements de mon cœur et m’apercevoir qu’elle aussi est troublé par la violence et l’intensité de ce contact.
Sauf que c’était croire au miracle si Casey allait se jeter dans mes bras. Les années nous ont changés malgré nous. Pour certaines choses en bien et d’autre un peu moins. Je savais pertinemment que ma réponse allait lui déplaire, c’était la confronter. Reprendre ce qui nous avait unis par le passé. A la voir, on l’imagine naïve, instruite et peut être pas très sociable mais elle est bien plus que ça. La preuve en est, cette répartie sans égal qu’elle est capable de me faire subir. Je ne connais personne de son niveau qui oserait me mettre en danger. Elle ignorait encore ce qu’il avait pu se produire ses dernières années entre son père et moi. Mais je savais de source sure une chose. S’il avait connaissance de son existence dans cette ville, elle n’aurait même pas eu le temps de contacter Courtney. Alors oui, j’étais un peu trop brut mais dans le fond, elle savait pertinemment que j’avais raison sur ce point.
« Tu comprends pas... C'est pas ce qui m'inquiète... » un vague ricanement s’échappe de ses lèvres. « Tu m’prends pour un demeuré ?! » Ce doute je ne l’aimais pas. Oh oui, elle savait pertinemment que je prendrais sa défense. Que je n’hésiterais pas à affronter son père s’il le fallait. Mais elle avait l’air d’imaginer que j’étais incapable de comprendre qu’elle puisse avoir peur de son père après ce qu’il a osé nous faire. Elle me prenait pour une sorte d’imbécile. Mais les mots s’échappe trop vite de mes lèvres, et une grimace se forme sur mon visage. « Votre dernier tête à tête ? De quoi tu parles ? » « Il a fait preuve d’une certaine délicatesse en me menaçant… il a fini aux urgences dans une chambre qu’il a dû obtenir après avoir graissé une patte – comme tu t’en doute - … tandis que j’m’expliquais avec les flics. La prochaine fois, il aura pas autant de chance de finir avec seulement une arcade d’éclatée et un nez cassé. » haussais-je les épaules. Forsythe n’avait eu que ce qu’il méritait sur le coup et même ça n’avait pas été assez selon moi. Mais Andy m’avait retenu d’aller plus loin. La donne était différente à l’heure d’aujourd’hui, maintenant que le FBI enquêtait sur lui.
San Francisco était certes une grande ville mais le nom des Forsythe y était connu. Sans parler du Lounge où la réputation n’est plus à faire. Ceux du quartier y viennent régulièrement pour manger ou passer un bon moment. J’ai grandi dans ces rues, cette atmosphère. Par conséquent je connais pratiquement tout le monde et Don en fait partie. Tout finissait par se savoir et je l’appréciais ce vieux bonhomme, qui, alors que j’étais gamin avait tenté à plus d’une reprise à me faire pénétrer dans sa bibliothèque. Je ne l’avais jamais fais… jusqu’à aujourd’hui. Parce que j’avais désormais la meilleure des raisons pour m’y rendre. Pas pour un bouquin évidemment mais pour la brunette qui avait transformé ma vie. Le fait qu’elle cherche à savoir comment je pouvais être au courant de détails si précis, titillait sa curiosité. Enfin, j’me doutais également que ça comprenait une crainte sous-jacente. Car si je pouvais le savoir, son père également. Mais il ne foutrait pas les pieds ici. Je le savais même si pour Casey en doutait franchement. Ceci dit, je lui confie pourtant que c’est Don lui-même qui m’a tout raconté. Après tout, je n’étais pas une commère. Et dans le fond, si elle ne sortait pas pour déjeuner, je me doutais que ça cachait quelque chose de plus profond. Comme l’idée d’être vue, reconnue ou encore de tomber sur quelqu’un de son passé à qui elle ne parviendra pas vraiment à s’expliquer. Alors oui, ma venue était un peu prémédité mais pas dans le mauvais sens. Espérer qu’un jour les choses redeviennent normales entre nous, c’est une douce utopie. Il s’agirait d’une autre personne que Casey, mes doutes me convaincraient. Sauf que la jeune Forsythe est plus résistante qu’elle ne l’imagine. Peut-être n’est-elle pas prête à affronter son passé mais elle a eu suffisamment de force pour revenir dans la ville de son enfance et m’approcher. Alors peu importe ce qu’elle pense de ma raison ici, tant que je pourrais lui apporter un peu de sérénité ça sera ça de prit. Quant à ses déjeuners enfermés ici, elle sait pertinemment que je ne la laisserais pas faire longtemps.
« Sauf erreur de ma part, t’as toujours été folle de mon esprit tordu, Princesse ! » ironisais-je avec ce sourire espiègle. « Si j’avais voulu t’espionner, j’aurais pris mes jumelles et j’aurais tenté de t’observer sous ta douche ! » en rajoutais-je de plein gré, juste pour l’agacer. « J’ai d’autres motivations que décortiquer ta petite vie seconde par seconde… comme m’assurer que personne n’osera te faire souffrir à nouveau. » Je ne voyais même pas pourquoi je m’expliquais. Elle savait déjà ce genre de chose. Mon côté protecteur. Ce besoin de la savoir en sécurité et qu’elle aille bien. Qu’elle peut aussi me parler, si elle en a besoin. Un jour où l’autre nous serions forcé d’aborder certain sujets aussi déplaisant soit-il. Mais pour le moment, elle n’a pas besoin qu’on rentre dans les détails de cette vie. Pour l’instant, la chose la plus importante, c’est qu’elle soit entourée des siens. De sa famille ? Pas ses parents en tout cas. Mais ses amis, Court’ et moi, sans aucun doute. Nous étions sa famille, ceux sur qui elle pouvait compter en toute circonstance. Toujours et j’avais besoin qu’elle s’en rende compte.
Seulement, je n’abandonnais pas l’idée de la faire sortir de cette endroit poussiéreux de livres. Pas que ça soit si poussiéreux. Rien que de voir tous ses bouquins ça me donne le tournis. Comment elle fait pour rester debout et être si fascinés par des pages et des mots mit au bout les uns des autres. Ainsi, j’avais soumis l’idée du l’enlever et même de ramener Liam et Danny pour la torturer. Bien sûr, sa répartie ne manque pas et j’esquisse ce lent sourire plein de malice, sans la quitter des yeux. Elle savait que je relèverais sa remarque. C’était trop facile. « Tu sais également que j’ai un moyen suprême d’arriver à mes fins avec toi, Princesse. » soufflais-je à son oreille avant de laisser glisser mon souffle à quelques centimètres de son visage. Est-ce que je perdais la boule ? Sans aucun doute. Elle me rendait dingue et l’un comme l’autre, on savait pertinemment que c’était réciproque. Il en allait de nos vies.
Je poursuivis avec le retour de mon humour spécial débile – non je ne l’avais pas trouvé dans les carambars – mais c’était venu si naturellement. Je plissais les yeux, la dévisageant à cette remarque perfide où elle remettait en cause le fait que j’étais un homme fort. Déjà, elle en venait à me faire baisser les bras mais, elle s’attendait à quoi ? Que j’abandonne au premier rejet ? Rabaissant mes bras, je profitais alors de l’occasion pour glisser mes bras autour de sa taille. « Un dîner ? » répliquais-je sans me détacher d’elle. « ça peut se négocier. » penchais-je un instant la tête sur le côté avant de rire doucement. « indispensable à la vie de Don… c’est qu’il en a de la chance. J’devrais p’t’être penser à le supprimer et à prendre sa place… » Ris-je avant de finalement baisser mon regard dans le sien. J’avais beau dire des tas de conneries, il n’y avait que près d’elle que je me sentais mieux. Une mèche glisse sur son visage et je viens la repousser machinalement. Le temps me donne l’impression de se suspendre et que je l’emmène avec moi dans cette bulle de tendresse que nous avions construit ensemble. « Popeye emmènera dîner Olive… » Mon sourire devient plus naturel près d’elle. Il y a encore un tas de problème entre nous mais tant qu’elle sera là, je sais qu’on s’en sortira. On s’en sort toujours ensemble. Je me pince alors les lèvres avant de murmurer : « Ne pars plus jamais, sans me prévenir. Jamais, ok ? » Personne n’avait recueillis mes confidences dû à son départ 4 ans plus tôt. On m’avait vu souffrir mais j’étais resté silencieux ou alors je partais dans une colère noire. Sauf que les mots n’étaient jamais sortis. Je fis alors ce geste, si spontanément, que je ne m’en rendis même pas compte sur le coup, je l’embrassais sur le front. « Je vais t’attendre. » Puis je m’éloignais de quelques pas avec ce sourire plus doux, qui éclairait réellement mon visage. Un sourire que je n’avais que pour elle, et elle le savait pertinemment. Je tirais alors la première chaise que je trouvais et m’installais non loin d’elle. Pas pour la surveiller mais pour satisfaire mon besoin de l’avoir tout près de moi. De mon jean je sortis alors mon portable et commençais à envoyer quelques messages à Liam et Danny qui ne devait pas se trouver à plus de quelques kilomètres d’ici. Relevant une seconde les yeux, je la vis m’observer avec ce regard en coin. C’était bête mais, ça me faisait plaisir. Qu’on soit là, tous les deux. On n’avait pas forcément besoin de parler. Juste de sentir que l’autre était proche. Et moi, ça m’évitait de trop penser à Andy. Ma vie reprendrait surement un sens grâce à elle. Car elle avait toujours su lui donner un sens particulier. Je ne désespérais pas de la voir un jour revenir vers moi et qu’on puisse enfin vivre ce qui aurait dû être 4 ans plus tôt. Mais chaque chose en son temps. Et pour le moment, être en sa présence me suffisait. C’était déjà un bon début pour moi, qui avait dû mal à croire qu’elle puisse être véritablement à mon côté, à cet instant.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Mer 6 Avr - 23:29
Ca aurait été mentir, que de nier que la présence de Logan me faisait encore de l'effet. Quand il était dans les parages, à vrai dire, je perdais tous mes moyens. Perdue entre passé et présent, je ne savais plus vraiment comment agir avec lui. Il y avait, bien entendu, cette force, qui me poussait vers lui, cette attraction qui nous avait toujours attirés l'un à l'autre et que nous n'avions jamais pu contrôler. Si je m'étais laissée guider par celle-ci, il ne faisait aucun doute qu'à l'heure qu'il était, j'aurais probablement déjà été dans ses bras. Si ce besoin, vital, que nous avions, d'être au contact l'un de l'autre - comme nous l'avions auparavant été - subsistait, tout comme nos sentiments, il n'en restait pas moins que quatre ans nous séparaient à présent. Quatre années pendant lesquelles nous avions évolué, chacun de notre côté, délaissant presque malgré nous le Logan et la Casey que nous avions été au contact de l'autre, pour faire place à ceux que nous étions aujourd'hui : deux adultes tentant d'affronter les épreuves de la vie seuls, et tentant tant bien que mal de se reconstruire, chacun de son côté. Mais il fallait être réalistes : ceux que nous étions devenus, ceux que nous étions à présents, ne me suffisaient pas. Bien consciente que je ne pourrais jamais retrouver tout ce que nous avions eu auparavant, j'aspirais néanmoins à retrouver une part de ce qui nous avait tant caractérisés, par le passé : à commencer par son amour pour moi. M'aimait-il encore ? C'était une question qui n'avait cessé de me hanter, lors de mon retour à San Francisco. La réponse à cette question, je pensais l'avoir : je pensais sincèrement que ses sentiments pour moi étaient restés inchangés. Mais si cette idée avait traversé mon esprit, ça n'avait été que parce que mes sentiments, à moi, l'étaient restés. Alors, qu'en était-il de lui ? Pour le savoir, il aurait encore fallu que l'on se voit... Chose qui me semblait encore impossible à ce jour. C'était trop tôt. Pour lui, comme pour moi. Nous avions besoin de temps, tous les deux. Il traversait probablement la période la plus dure qu'il ait eue à affronter de sa vie, et je savais par conséquent qu'il était vulnérable et qu'il se pourrait que, s'il venait à revenir vers moi, ce soit pour de mauvaises raisons. Or, ça n'était pas ce que je voulais. Je voulais que les choses se fassent bien... Je voulais que l'amour, l'attachement, ou quoi qu'il ressente encore pour moi à ce jour, l'emporte sur le reste. Je le voulais dans ma vie, quoi qu'il en coûte...
Alors oui, le voir maintenant aurait été une très mauvaise idée. Parce que ça m'aurait mise dans tous mes états. Parce que je me serais posé tout un tas de questions, mais aussi et surtout parce que j'aurais été incapable de résister à l'attirance que j'éprouvais encore pour lui. Une attirance qui pouvait s'avérer dangereuse, car elle pourrait me pousser, je le savais, à lui en dire trop, sur ce que j'espérais encore de lui, et qui nous conduirait peut-être à la fin définitive de notre histoire. La présence de Logan ici, sur mon lieu de travail, me laissait penser qu'au final, c'était ce qu'il avait cherché à faire : me faire perdre mes moyens, probablement parce qu'ainsi, il aurait la satisfaction personnelle de me voir céder face à lui. Oui, parce que, bien que nous ayons changé, certaines choses, je le savais, étaient restées les mêmes. Et son habitude à vouloir avoir le contrôle de la situation, à vouloir jouer avec moi, elle, semblait ne pas s'être effacée avec le temps, bien au contraire. A vrai dire, sa façon de m'aborder avec son DVD me le prouvait. L'humour, c'était son arme principale, surtout lorsqu'il était gêné, ou triste. Je le connaissais par coeur. Et je savais que s'il utilisait celui-ci aujourd'hui, ça n'était que parce qu'il cherchait à cacher le malaise qu'il pouvait peut-être ressentir lui aussi en me faisant face, mais aussi pour tenter de faire bonne figure, quant à la mort d'Andy. Mais s'il pensait qu'en jouant les idiots, je ne saurais pas voir combien lui aussi, pouvait souffrir, il se trompait lourdement. Car derrière ses sourires qui se voulaient sincères, derrière son ton qui se voulait assuré, je voyais bien que quelque chose n'allait pas. Je pouvais le lire dans ses yeux. Loin de moi l'idée de le prendre en pitié, j'avais naturellement réagi à son contact, répondant – malgré moi – à ses blagues débiles. Cet homme me rendait folle. Littéralement. Je l'écoutais d'une oreille distraite, bien trop occupée à l'observer du coin de l'oeil. Il n'avait pas changé. Il était toujours aussi beau. A vrai dire, j'aurais presque même pu dire qu'il s'était embelli avec les années. Son visage n'était plus celui d'un ado, c'était celui d'un homme. Mon homme. Je me sentis gênée à cette pensée. La chassant bien vite de mon esprit, je l'écoutai, sans vraiment comprendre comment il en arriva à me proposer de le suivre dans le placard à balais. A cela, je n'avais pas répondu sérieusement, lui demandant s'il faisait cette proposition à toutes les femmes qu'il rencontrait où si elle m'était exclusivement réservée. Ma provocation était naturelle. Elle me revenait comme si le temps ne s'était pas écoulé, comme si nous avions toujours été à cette époque où l'amour avait primé sur le reste, et même sur notre capacité à considérer avec sérieux les menaces – ou plutôt la menace – qui nous avaient entourés.
« C’est trop honteux pour toi ? » commença-t-il, avant de reprendre, après un instant de réflexion, « C’est plutôt pour me tester et savoir, si justement il y a d’autre filles. »
Je retins un léger sourire. Levant les yeux vers lui, je lui répondis alors :
« Quelle perspicacité. Décidément, tu m'étonneras toujours. » Je rangeai l'un des livres que je tenais en mains à sa place, avant de reprendre, tout en feignant l'indifférence, « Alors... Il y en a d'autres ? »
Il y en avait eu d'autres. Ca, il n'avait pas besoin de me le dire, je pouvais aisément le deviner. S'imaginer qu'il était resté célibataire et qu'il n'avait pas touché une seule femme depuis notre divorce aurait été vraiment ridicule, pour le coup. Mais ce que je voulais savoir, à vrai dire, c'était s'il y en avait une autre, actuellement. Y avait-il une nouvelle Mrs Matthews ? Pas que je sache. Si ça avait été le cas, Court' me l'aurait probablement dit, et lui ne serait probablement pas venu jusqu'ici, simplement pour me faire la causette. Malgré tout, je m'étais préparé à l'entendre me dire ces mots. Je m'étais préparée à l'entendre me dire qu'il avait trouvé quelqu'un d'autre. Je n'étais cependant pas vraiment prête, je crois, à l'entendre me dire ces mots. Parce qu'ils auraient été synonyme de fin, pour nous et que ça, je n'aurais pas été prête à l'accepter. Pas encore. Pas avant d'avoir parlé avec lui.
« Mais t’as pas vu le luxe de ce placard à balai… il en vaut le détour. Une visite guidée ça te tente ? » Je levai les yeux au ciel. Quand allait-il arrêter avec son fichu placard à balai ?
« Sans façon, ça ira. Mais si ce placard te plait tant, tu peux toujours aller le visiter seul, je ne te retiens pas. », ajoutai-je alors, plus pour le taquiner qu'autre chose.
Sa distraction n'était vraiment pas bonne. Sa présence ici, à vrai dire, était tout à fait inappropriée car, en plus de me mettre sens dessus dessous, il me distrayait tellement que j'aurais presque pu en oublier de travailler.
Reprenant bien vite mon sérieux, je me reconcentrai sur mon travail et surtout, je tentai de savoir pourquoi il était venu, et comment diable il avait bien pu me retrouver ici. Court' ? Je l'imaginais immédiatement responsable de cet aveu, sans me douter une seule seconde qu'il avait pu s'adresser à des sources beaucoup plus sûres qu'elle. Répondant à ma question non sans me faire un compliment, Logan m'embarrassa. Les joues rouges, j'avais détourné le regard, lui faisant alors remarquer qu'une réponse plus simple m'aurait amplement suffit. Je relevai les yeux, voyant un sourire se dessiner sur ses lèvres, l'air visiblement satisfait de l'effet qu'il m'avait fait.
« Et j’aurais loupé l’occasion de te voir gênée par un compliment ? Tu veux qu’ils soient classé comme trésors historiques ? Je signerais la pétition, si tu veux… mais à mes yeux, ça serait toujours des bouquins… auxquels, je suis allergique... »
Mes yeux plongés dans les siens, l'insistance de son regard sur moi m'obligea presque à ne plus le quitter du regard. Je me serai presque cru revenue quatre ans plus tôt, à cette époque où nous avions été capable de tout nous dire, simplement par un regard, comme celui-ci. Un regard qui en disait bien plus long que les mots, un regard qui avait suffit à m'apporter la réponse à la question que je m'étais auparavant posée : ses sentiments pour moi étaient restés inchangés. Ca aurait été mentir que dire que je n'en étais pas flattée. Mais plus que ça, j'en étais heureuse. Finissant finalement par abdiquer face à lui, je baissai de nouveau les yeux sur les ouvrages, répondant plusieurs secondes – si ce n'est une minute après lui:
« Les allergies, ça se soigne... » commençai-je. « J'pourrais peut-être t'aider à t'en guérir, qui sait. »
Tentant tant bien que mal de reporter mon attention sur ces fichus bouquins – oui, ils avaient tendance à perdre en valeur, lorsque Logan se trouvait dans les parages – Logan en profita pour se saisir de l'un d'eux, qu'il commença à feuilleter, non sans poser des questions – toutes les plus agaçantes et stupides les unes que les autres – sur celui-ci. Auparavant, j'en aurais probablement été amusée par son attitude. Aujourd'hui, les choses, cependant, étaient différentes. Pensait-il sincèrement pouvoir me berner ? Plongeant mon regard dans le sien, il ne m'en fallu pas plus pour le voir m'adresser un sourire triste, auquel je répondis par un autre sourire qui ressemblait plus à une grimace, cependant. A croire que ces dernières années, j'en avais même oublié comment sourire. Je savais ce que Logan traversait. Je savais combien il devait souffrir, et je savais également que s'il avait bien besoin d'une chose, c'était bien du soutien de ses proches. Un soutien que j'étais prête à lui apporter, s'il le voulait bien. Parce que la simple idée qu'il puisse souffrir me rendait malade et que j'avais envie de faire diminuer cette peine qui le rendait si misérable et qui devait probablement encore, à ce jour, l'emporter sur tout le reste de ce que la vie avait encore à lui offrir de bon. Je lui avais alors murmuré qu'il pourrait bien faire le pitre autant qu'il le voudrait, mais qu'il ne m'aurait pas si facilement. Car s'il y avait bien une personne à qui il ne pouvait pas mentir, c'était bien moi. Je le connaissais trop pour ça. Il se pinça les lèvres, et releva les yeux dans ma direction
« Et toi, tu crois que ça m’a plus de savoir… » Il s'arrêta alors, sans me laisser le temps de comprendre où il voulait en venir. Se reprenant, il me dit, dans un murmure, « Parfois, c’est plus facile de jouer à l’imbécile que d’affronter ces démons. On n’a pas tous la force pour affronter ça seul… »
J'esquissai un sourire à ses derniers mots. Un sourire léger, mais sincère. Je savais ce qu'il ressentait. Mieux que quiconque. Je le savais, pour l'avoir vécu. Mais contrairement à ce qu'il disait, j'étais persuadée qu'il aurait pu affronter ça seul... Tout comme j'avais affronté ces quatre dernières années seule... Oh, bien sûr, cela ne signifiait pas qu'il s'en sortirait sans le moindre dommage. Je savais pertinemment les traces que de telles épreuves pouvaient laisser en nous, surtout lorsque nous avions à y faire face seul, sans personne pour nous soutenir.
« L'être humain peut supporter bien plus que tu ne le penses, Logan. » Je resserrai mes doigts au siens, avant d'ajouter, « J'dis pas que ça ne se fait pas sans conséquence, au contraire, mais c'est faisable. Même si ça te laisse dans un état... plus que pitoyable. » Les conséquences, pour moi, s'étaient résumées en un seul mot : la dépression. « Mais de toute façon, » ajoutai-je en laissant mon index se promener sur ses doigts, « Tu n'as pas à affronter ça seul. Je suis là maintenant. »
Je ponctuai ma phrase d'un léger baiser que je déposai sur sa main. Un baiser timide, mais qui se voulait pourtant rassurant. Parce que c'était ce dont il avait besoin, presque autant que moi : d'être rassuré, sur ce que l'avenir lui réservait.
« Je… Non… Pas ici. » Il secoua la tête, et je fronçai les sourcils. Qu'avait-il voulu dire ? Je n'osai même pas lui demander. Alors, baissant la tête, et fixant sa main dans la mienne quelques secondes, j'en vins finalement à reprendre mes distances.
Cherchant de nouveau à savoir comment il avait su me trouver ici, Logan trouva encore le moyen de plaisanter. Sauf que, trop inquiète à l'idée que mon père, lui aussi, puisse me retrouver, je n'avais pas la tête à rire. Je lui avais parlé un peu sèchement, je pouvais le reconnaître. Mais penser à mon père, et à ce qu'il pourrait venir à nous faire subir, à tous, pour se venger de mon geste, m'effrayait tellement, que j'en étais incapable de contrôler les tremblements qui parcouraient mes mains. Le voyant, Logan avait tenté de me calmer, de me rassurer, mais c'était peine perdue. Il m'affirmait que je ne craignais rien, ici, comme si c'eut été la seule chose qui m'inquiétait réellement. Je finis par secouer la tête, avant de lui dire qu'il ne comprenait pas.
« Tu m’prends pour un demeuré ?! »
Je relevai les yeux vers lui, le regard presque noir.
« Arrête. Dis pas ça. »
Je savais très bien ce qu'il pensait. Je le connaissais par coeur. Dans sa tête, il devait déjà s'imaginer en super-héros me sauvant des griffes de mon père. Ce qu'il ne comprenait pas, c'était que c'était justement ça qui m'effrayait : de le savoir confronté à mon père. Car, bien que je fasse confiance à Logan, je savais pertinemment que s'il devait y avoir une confrontation entre ces deux là, Logan serait le perdant. Mon père nous l'avait suffisamment prouvé, par le passé : il était prêt à tout, pour avoir le contrôle de la situation. Et ça n'était certainement pas Logan qui allait l'arrêter.
« Il m'a déjà brisée, Logan. Il a pris tout ce que j'avais encore de bon en moi, ou dans ma vie. Si j'ai effectivement peur qu'il revienne... c'est pas tant parce qu'il pourrait de nouveau s'en prendre à moi - parce que je crois sincèrement qu'il ne pourrait pas faire pire que la dernière fois - ... mais parce qu'il pourrait s'en prendre à quelqu'un comme toi pour se venger, et ça, je ne le supporterai pas. », dis-je alors, la voix légèrement tremblante.
Logan avait également fait allusion au fait que, depuis leur dernier tête à tête, il était presque certain qu'il ne reviendrait pas. Intriguée, j'avais cherché à comprendre ce à quoi il faisait allusion.
« Il a fait preuve d’une certaine délicatesse en me menaçant… il a fini aux urgences dans une chambre qu’il a dû obtenir après avoir graissé une patte – comme tu t’en doute - … tandis que j’m’expliquais avec les flics. La prochaine fois, il aura pas autant de chance de finir avec seulement une arcade d’éclatée et un nez cassé. », m'expliqua-t-il, en haussant les épaules, comme s'il ne s'agissait que d'un gamin inoffensif. Peut-être sous le coup de la surprise, je restai un instant silencieuse, incapable de m'imaginer Logan frapper mon père. Après quelques secondes, je secouai la tête, tentant de me focaliser sur les mots qu'il avait prononcés. Mon père l'avait menacé. Cette idée n'était pas pour me plaire, même si avec son récit, Logan tentait de me rassurer, de me montrer qu'il avait le contrôle de la situation. Quand je relevai les yeux vers Logan, c'était la peur, qui m'habitait, et rien d'autre. Pas même un peu de satisfaction à l'idée qu'il avait réussi à blesser mon père. Ce qui m'effrayait, à vrai dire, c'était que ce que je redoutais s'était déjà produit : mon père avait menacé Logan. Quelle serait la prochaine étape ? L'exécution ? Il en aurait été capable.
« T'aurais jamais dû faire ça, Logan... » soufflais-je alors, incapable d'ajouter quoi que ce soit d'autre, pour le moment.
Comme pour apaiser ma crainte, Logan finit par m'avouer que c'était mon patron en personne – Don – qui lui avait dit que je me trouvais ici. Au départ, je ne l'avais pas cru. J'imaginais mal Don aller lui trouver pour lui faire part de mon nouveau travail, et j'imaginais également très mal Logan aller jusqu'à parler à mon patron pour obtenir des informations comme celles qu'il détenait sur moi. Rapidement, cependant, Logan vint à inverser la situation, me faisant passer pour celle qui avait stratégiquement choisi cet endroit pour travailler, simplement parce qu'il se trouvait non loin du Lounge. Le penser, sincèrement, c'était mal me connaître. Mais je savais pertinemment qu'il rigolait, une fois de plus, probablement pour me détendre, et retrouver un peu de cette complicité qui nous avait auparavant unis lorsque nous en venions aux joutes verbales. Je lui avait d'ailleurs répondu, tout en marchant dans son jeu et ce, sans me faire prier, que tout le monde n'avait pas un esprit aussi tordu que le sien et que je n'étais pas comme lui, prête à l'espionner.
« Sauf erreur de ma part, t’as toujours été folle de mon esprit tordu, Princesse ! Si j’avais voulu t’espionner, j’aurais pris mes jumelles et j’aurais tenté de t’observer sous ta douche ! »
Pour simple réponse, il eu le droit à ce que je lui tape l'épaule, agacée de l'entendre me provoquer de la sorte et de toujours trouver quelque chose à redire à mes paroles.
« J’ai d’autres motivations que décortiquer ta petite vie seconde par seconde… comme m’assurer que personne n’osera te faire souffrir à nouveau. »
Je baissai un instant la tête. Cette dernière phrase, en revanche, était sérieuse. Beaucoup plus que le reste, d'ailleurs. Il avait toujours été comme ça avec moi : aimant, et protecteur. Mais d'aussi loin que je me souvienne, moi aussi, j'avais eu la même attitude, à son égard. Nous nous étions toujours protégés mutuellement, parce que notre relation était si forte que la souffrance de l'autre pouvait nous toucher directement. Ses paroles me rassuraient. Parce que je savais ce que ça signifiait : qu'il était là et que, plus jamais, je n'aurais à surmonter le moindre obstacle seule. Redressant la tête, je lui répondis alors :
« Si tu veux vraiment t'en assurer, commence déjà par t'assurer de ta sécurité. Parce que la seule chose qui pourrait encore me faire souffrir aujourd'hui, c'est qu'on s'en prenne à toi, d'une manière ou d'une autre. »
Parce que Don avait craché le morceau quand à mes habitudes professionnelles, Logan s'était mis en tête de m'emmener déjeuner. Autant le dire, c'était mission impossible. S'il voulait me voir sortir d'ici en plein jour, il aurait fallu qu'il me traine jusqu'à l'extérieur, et je doute qu'il en ait été vraiment capable. Qu'à cela ne tienne, monsieur semblait persuadé de pouvoir venir à ses fins en m'infligeant une torture psychologique. Sa solution ? Faire venir Liam et Danny, et manger tous les trois devant moi, sans se priver de bavarder, pour me rendre dingue, et que je craque. Malheureusement pour lui, je ne risquais pas de craquer si facilement. Il esquissa alors un sourire malicieux, déclenché par ma réponse, et très probablement en particulier par mon « chéri »
« Tu sais également que j’ai un moyen suprême d’arriver à mes fins avec toi, Princesse. », ces mots, soufflés dans mon oreille, me donnèrent des frissons le long de mon échine. Sa proximité avec moi en était presque devenue insupportable. Son odeur se fit plus présente, et bientôt, je sentis son souffle plus prêt encore de mon visage. Pendant un instant, je m'arrêtait presque de respirer, sentant mon rythme cardiaque s'accélérer à ce simple rapprochement, et sentant ma respiration se saccader bien que je tente pourtant de la contrôler. L'envie de déposer mes lèvres sur les siennes n'avait jamais été aussi forte, et j'aurais probablement finir par céder, si je n'avais pas légèrement détourné la tête, histoire de reprendre mes esprits.
Logan, lui aussi, semblait en avoir besoin. Lorsque ce fut chose faite, il reprit son invitation, en rajoutant une nouvelle de ses blagues débiles. Loin de céder sous la pression, j'avais de nouveau rejeté sa proposition, non sans au préalable l'avoir légèrement taquiné. Rabaissant ses bras qu'il avait exhibé tel Popeye, pour me montrer qu'il était un homme fort, je sentis ces derniers se glisser autour de ma taille. Je me tendis presque immédiatement à son geste. Bon sang, ce qu'il me faisait vivre là était un supplice. A ce rythme là, j'allais finir par craquer, je le savais. Et c'était d'ailleurs probablement pour ça qu'il agissait de la sorte. Mine de rien, il était malin comme un singe, et savait toujours comment obtenir ce qu'il voulait de moi.
« Un dîner ? » me répondit-il alors « ça peut se négocier. ». Alors que je continuai sur ma lancée, justifiant mon refus par le besoin de Don de m'avoir ici, il pencha sa tête sur le côté, avant de rire. « indispensable à la vie de Don… c’est qu’il en a de la chance. J’devrais p’t’être penser à le supprimer et à prendre sa place… » Il rit de nouveau, avant de poser son regard dans le mien. J'aurais aimé lui répondre, probablement par l'une de ces blagues débiles, mais un geste, qu'il fit, m'en empêcha. Il replaça un en effet une mèche de mes cheveux, me faisant ainsi ce que je m'apprêtais à lui dire. Mon regard de nouveau perdu dans le sien, je ne savais plus où j'avais voulu en venir. A vrai dire, plus rien ne comptait, à présent, en dehors de ses bras autour de ma taille et de son corps contre le mien. Une étreinte douce et tendre, que j'avais attendu pendant quatre ans. Une étreinte qui me semblait comme la plus naturelle au monde, comme si rien ne s'était passé, comme si jamais, nous n'avions été séparés.
« Popeye emmènera dîner Olive… » Je ne pus retenir un sourire. Probablement le plus large de ceux que je lui ai accordés jusque là – même s'ils avaient été rares. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je lui aurai probablement répondu par un simple baiser. Au lieu de ça, je me contentai de lever ma main, laissant mes doigts glisser doucement le long de ses lèvres que je regardais avec une certaine envie. Tandis que j'arrêtai mon geste, je le vis se pincer les lèvres – c'était mauvais signe, c'était qu'il avait quelque chose de délicat à me dire – avant de murmurer
« Ne pars plus jamais, sans me prévenir. Jamais, ok ? »
Mes doigts restés au coin de ses lèvres, j'en vins à remonter ma main, pour caresser doucement sa joue. Le contact de sa peau sous la mienne m'avait manqué. Le sentir de nouveau si près, à portée de main, me semblait inespéré.
« Jamais... » murmurais-je alors simplement, avant de cesser mes caresses et de gratifier sa joue d'un léger baiser.
Lui aussi, m'en accorda un. Sur le front. Ce geste me touchait. Parce qu'il représentait bien plus qu'un simple baiser. C'était la preuve de son affection, de son envie de me protéger. C'en était presque un engagement : celui de rester à mes côtés, et de veiller sur moi.
« Je vais t’attendre. », déclara-t-il alors, avant de s'éloigner, la chaleur de son corps quittant le mien. Il avait beau être tout prêt, je me sentis incroyablement seule, au moment où il s'éloigna. Fronçant légèrement les sourcils, je m'en étais retournée à mon travail. Le bruit d'une chaise que l'on tirait d'une table pour s'y installer me fit bien vite relever la tête, cependant. Il était là, à quelques mètres seulement, assis sur une chaise, son portable à la main. Il envoyait des sms. Il finit par relever les yeux et, prise sur le fait, je détournai le regard, non sans jeter, parfois, quelques coups d'oeil dans sa direction afin de vérifier s'il était toujours là. Quelques minutes s'écoulèrent, seulement, avant que je ne finisse par abandonner l'idée de travailler. C'était trop tard, il m'avait distraite. J'avais l'esprit ailleurs et il m'était impossible de travailler en sachant qu'il n'était pas loin. Parce que forcément, la seule chose que j'avais envie de faire, c'était le rejoindre. Chose que je failli faire, justement, mais je me repris cependant bien vite. Posant ma main libre sur ma hanche, je lui demandai alors :
« Tu vas quand même pas attendre ici jusqu'à ce soir ? »
N'attendant pas vraiment de réponse de sa part, je regardai le bouquin que j'avais en mains, pour le ranger à sa place. Je lui expliquai alors:
« Logan, tu ne peux franchement pas rester ici. J'ai du travail, et tu m'empêche de me concentrer. »
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Ven 8 Avr - 23:54
Se tenir près d’elle et enchainer ses stupidités, j’avais conscience que ça n’était pas ce qui me mettrait en valeur. Du moins, pas le Logan-Patron-du-Lounge. Mais le Logan Matthews qui vient de perdre son père, est un autre type. Plus obscure et renfermé. Un type qui se fait violence pour ne pas se laisser submerger par les émotions que la mort de son père lui fait éprouver. Ce Logan là, peu l’ont réellement vu. Et si l’on y réfléchi tout remonte à quatre ans plus. Dès l’instant où elle a disparu, laissant un homme désemparé, au cœur meurtri et dont la vie n’avait plus réellement de goût. Je me souviens de chaque instant. De chaque réveil. De chaque cauchemar. Aujourd’hui, c’est encore amplifié depuis qu’Andy nous a laissé. J’arrive à comprendre que ma mère refuse de revenir à San Francisco. Le souvenir brutal de mon père pourrait la détruire. Quant à moi, je veux de son souvenir. J’en ai encore besoin. Il me le faut absolument. L’entendre m’engueuler dans ma tête. L’écouter me reprocher qu’il est temps que je fasse vraiment quelque chose pour Casey. Depuis qu’elle était rentrée, je tournais en rond. Il n’y a absolument rien de plus étrange dans ma vie que d’entendre mon père me dire qu’à rester sans rien faire, c’est la prochaine que j’enterrerais. J’avoue que sur le coup, j’aurais même pu croire qu’il était en face de moi et me tenais ce discours. Etait-ce qui m’avait convaincu de me rendre sur son lieu de travail ? Je n’en sais trop rien mais quitte à souffrir, j’ai besoin de savoir. De la voir. De la toucher. M’assurer qu’elle n’est pas en danger. Sauf que Danny se charge déjà de sa sécurité. A vrai dire, c’était surement plus pour me rassurer que j’avais besoin de la voir. Sauf que désormais à quelques pas d’elle, je me réalise que cette crainte invisible renaît au creux de mon estomac, dès que j’entre en sa présence. La peur de mal agir et de la perdre une fois de plus. La peur que tout ceci ne soit qu’une illusion de mon esprit. Ces derniers temps rien n’allait alors évidemment, j’usais de l’unique méthode qui m’aide encore à détendre l’atmosphère. Un humour stupide où, je la force plus ou moins à jouer le jeu. Une autre que Casey serait méfiante sauf qu’elle me connait. C’est également difficile pour moi, parce qu’elle sait ce que ça renferme. Des souffrances que je ne suis pas prêt à évacuer. Alors elle rentre dans mon jeu, comme si sa participation pourrait justement m’aider à me libérer. Est-ce le cas ? Elle m’aide en tout cas, à éviter de trop penser à cette souffrance accumuler. La voir devrait me faire mal, me rappeler notre séparation, puis notre divorce. Mais en fin de compte, elle me rappelle simplement que Casey sera encore là pour moi, si j’émets le besoin de l’avoir à mon coté.
Les mots de sa lettre se répercute dans mon esprit. Encore et encore. Chaque mot me rappelle alors que si elle est désormais en face de moi, c’est parce que nous le désirons. Parce que son père n’a pas à avoir le dernier mot sur notre relation.
Logan,
Il y a bien longtemps que j’aurais dû faire ça. T’écrire. Te dire tout ce que j’ai sur le cœur, m’ouvrir à toi, comme tu me l’avais suggéré par le passé. Tu peux dire que j’ai été stupide. Ces années m’ont fait prendre conscience à quel point tu avais raison sur ma famille. On n’en serait pas là, si je t’avais écouté. Je m’étonne même que tu acceptes de lire mes mots. Surtout après tout le mal que j’ai commis.
Je n’ai pas d’excuses à ce qui s’est passé, il y a quatre ans. Aucune ne justifiera suffisamment les évènements qui se sont produits par la suite. J’en arrive à penser que tu devais surement mériter bien mieux que l’aînée des Forsythe. Mais dans le fond, tu sais ce que je ne t’ai jamais trompé sur mes sentiments. J’ignore encore si tu souhaiteras encore me revoir après avoir pris connaissance de la vérité. Courtney pense que tu comprendras, j’aimerais la croire. Sauf que j’ai ma part de responsabilité dans l’histoire et si tu voulais m’évincer de ta vie, je l’accepterais et tu ne me reverras plus.
[…]
Je secoue la tête pour repousser le souvenir de sa letter. Je n’y suis pas encore prêt. Tout ce qu’elle m’y confie est encore étrange. Ce ne sont que des mots. Je n’arrive pas à réaliser concrètement tout ce que ça peut signifier. Oh, j’ai bien compris que son père nous a arraché notre enfant. Mais à vrai dire, j’ai beaucoup de mal avec cette idée qu’elle ait pu être enceinte. Je n’avais rien su de l’histoire, ni même pu m’imaginer qu’elle porte mon enfant. C’était juste un fait abstrait à mes yeux. Et je sais que l’évoquer serait la plus mauvaise idée à cet instant. Je ne veux pas qu’elle s’imagine que je fuis ou que j’aurais fait machine arrière à l’annonce de cette grossesse. C’était juste trop pour moi, à cet instant. J’avais beau être un mec et savoir gérer plusieurs chose à la fois. Lorsque mes sentiments y sont mêlés, j’ai tendance à me perdre. Voilà, ce que je suis. Perdu. Perdu dans un océan de sensibilité où le moindre mouvement m’est insupportable. C’est pourquoi plaisanter m’apparait comme étant la chose la plus logique et sans conséquences majeures.
« Quelle perspicacité. Décidément, tu m'étonneras toujours. » me répond-t-elle en levant les yeux vers moi, sans pour autant cesser sa classification de bouquins. Je notais toutefois, ce petit sourire sur ses lèvres. Elle était craquante et je pourrais la manger, tellement me semble si adorable à cette seconde. « Alors... Il y en a d'autres ? » Mes lèvres s’incurvent dans ce sourire espiègle. A ce petit jeu, nous étions deux à savoir mener la partie. Quelqu’un d’extérieur nous prendrait sans équivoque pour deux personnes complètement dérangé. Mais être qualifié de dérangé et qui plus est avec Casey, ça ne me gênait absolument pas. « J’en ai quelques-unes dans mon viseur… » laissais-je planer en rivant mon regard au sien. « T’as peur de pas être parmi dans le carré final ? » finis-je avec ce sourire en coin, avant de la déshabiller des yeux. Et s’il y avait une chose qu’elle avait en horreur c’était bien ça. « Crois-moi, t’as vraiment pas de crainte à avoir de ce côté là… » finis-je dans un soupir de frustration. Jamais Casey ne sera une femme fade à mes yeux et même à mon cœur. Elle possédait cette étincelle de velours, une douceur et un pétillant que je n’ai trouvé chez aucune. Parce que toute ne voyait qu’en moi un mec banal. Casey avait lu dans mon cœur. Elle avait trouvé la même réponse que j’avais moi-même eu, en fouillant son cœur sans relâche.
Torturer Casey est un luxe que j’estime être le seul à pouvoir user selon bon me semble. Avec moi, elle savait pertinemment ce qui l’attendait. Telle que je la connaissais, elle ne lâcherait rien. Elle rentrera dans mon jeu parce que c’est naturel et qu’en vérité, elle ne sait pas être autrement en ma présence. Me donner du fil à retordre, c’est ce qu’elle a toujours fait et le fera toujours. Pour mettre à mal mon égo mais aussi pour démontrer ma mauvaise foi. Et moi, je ne pourrais jamais me passer de la voir s’emporter pour trois fois rien et m’apercevoir qu’elle sait pas résister à ce genre de challenge. C’était un véritable ping pong entre nous. Plus les minutes s’écoulaient, plus il devenait évident que ces années difficile n’avait pas changé le lien qu’on partageait. Ça me rassurait, c’était significatif à mes yeux. Ma Casey était toujours là. Il suffisait simplement de gratter la surface, malgré peine, blessures et tiraillement. Elle était là et c’était la chose la plus importante pour moi. Lorsque j’en rajoutais sur le placard à balai, je ne pus me retenir de sourire.
« Sans façon, ça ira. Mais si ce placard te plait tant, tu peux toujours aller le visiter seul, je ne te retiens pas. » me répond-t-elle en levant les yeux au ciel. « A une période, t’aurais pas donné ton reste pour me suivre, j’te signale. Tu sais pas ce que tu perds… » marquais-je une pause avant de me pincer les lèvres, et de lui lancer un regard en coin. « ça te ferait pas de mal pourtant d’y faire un tour. » Allait-elle prendre la mouche ou tenter de me coincer, c’était son genre. Je savais que je la poussais et qu’elle pourrait criser, m’envoyer sur les roses, me frapper. A vrai dire, je m’attendais à toute sorte de vengeance avec elle. C’était Casey. C’était pourquoi je l’aimais. Elle était imprévisible et rendait ma vie bien plus trépidante et intéressante lorsqu’elle était à mon coté. J’avais enfin l’impression d’avoir une raison de vivre.
Je n’étais pas venu dans l’espoir de l’observer travailler. Non. La distraire, l’agacer et l’empêcher de réfléchir au point de devoir abandonner de travailler, voilà la raison principale de ma venue. Elle n’était pas encore prête à l’admettre mais elle y viendrait. Parce que c’est inévitable lorsqu’on est dans la même pièce. Surtout après une séparation aussi longue que la notre. Essayant de savoir comment j’avais pu la retrouver, elle songe immédiatement à Court’. Il est clair que ça aurait pu être le cas. Courtney me l’aurait dit, je le sais. En revanche, je n’ai jamais songé à vouloir la mettre dans cette position. Leur relation est forte et importante. Casey a besoin de sa sœur et inversement. Me mettre entre elle ne serait qu’une mauvaise intervention. Je ne veux pas voir les choses tourner à leur désavantage. Bien au contraire. Il n’y a que dans l’union qu’on arrive à notre but. Mais déjà la conversation prend un autre tournant et elle me vante l’intérêt de ses bouquins que je ne peux pas supporter. Ce qu’elle sait pertinemment. A travers ses échanges, j’ai conscience de ce qui va se passer entre nous. Ces moments précis nous sont rares. Inoubliables. Uniques. Ils m’ont manqué pendant quatre. Quatre années où j’ai espéré, prié silencieusement et parfois parcourut bien des territoires pour la retrouver. Mais j’avais fait chou blanc. Alors oui, maintenant qu’elle était face à moi, mon regard plongé au sien, je ne la laisserais plus s’échapper. Je lui laissais alors savoir, sans un mot, que la place qu’elle avait détenu lui était toujours accessible. Qu’on serait toujours les Casey et Logan qui emmerdent et défient tout le monde. Elle finit néanmoins par baisser les yeux l’espace de quelques secondes qui m’apparaissent interminables.
« Les allergies, ça se soigne... » commença-t-elle. « J'pourrais peut-être t'aider à t'en guérir, qui sait. » « C’est une proposition ? Tu devrais être prudente avec ce genre de chose… y’a toujours un truc louche derrière. » en rajoutais-je, feignant d’être plus pure que l’agneau qui vient de naître.
Faire le crétin avait certain avantages avec elle. Elle était obligé de reporter son attention sur moi. Par conséquent, elle en oubliait ce qu’elle était en train de faire. Un de ses ouvrages entre les mains, c’était presque catastrophique de me laisser faire. Toutefois, j’en venais à lui poser toutes ses questions toutes plus stupides les unes que les autres. Parce que ça faisait tomber les barrières entre nous et que nous en avions besoin avant d’aborder les sujets déplaisants qui arriveraient à un moment où à un autre. D’accord, c’était ma façon de lui cacher que j’allais mal mais elle était là. Et chaque seconde en sa présence, c’était un pas vers la lumière. Vers sa lumière. Alors oui, elle savait. Ce triste sourire sur les lèvres, elle savait vers qui mes pensées se dirigeaient. Où était logée cette souffrance abyssale qui s’emparait de moi au moment où j’étais le plus vulnérable. Elle ne prévenait pas et vous happait sans une once de remords. Elle vous assommait pour vous torturer de la façon la plus cruelle qui soit. Je n’avais pas besoin de dire un seul mot. Elle était là. Elle m’aiderait. Sans que j’ai à le lui demander. Parce qu’en dépit de la lutte acharné que nous étions capable de mener, elle serait toujours mon équilibre et l’épaule sur qui je pourrais me reposer sans une once d’hésitation. Aussi fragile semble-t-elle. Pourtant des mots franchissent mes lèvres. Au début, je veux lui dire que j’ai détesté savoir ce qu’elle a vécu. Que j’me serais jeté dans la gueule du loup pour aller régler son compte à son père, si Danny n’avait pas apparu peu de temps après le départ de Courtney. L’idée me revient encore souvent à l’esprit mais désormais, je dois faire preuve de patience. Forsythe paiera. Je me le répète comme un mantra et Danny me l’a juré mais la justice est-elle suffisante ? Je finis alors par confier à Casey qu’on n’a pas tous la force de faire face à ses démons tout seul et que faire l’imbécile, c’est plus facile. Ça m’aide à oublier. Je croisais son sourire. C’était étrange. Là, ça n’était pas LE sourire irrésistible qui m’aurait fait fondre et me jeter à ses pieds. Non, c’était ce sourire compréhensif et rassurant. C’était comme une douce caresse sur ma joue qui me dirait que tout ira bien maintenant. J’veux y croire. Mais y’a simplement des moments où tous les souvenirs reviennent comme un boomerang. La goutte d’eau qui fait déborder le vase.
« L'être humain peut supporter bien plus que tu ne le penses, Logan. » resserre-t-elle ses doigts aux miens avant d'ajouter, « J'dis pas que ça ne se fait pas sans conséquence, au contraire, mais c'est faisable. Même si ça te laisse dans un état... plus que pitoyable. » ça n’était pas pour me réjouir. Ça voulait dire que les semaines à venir pouvait empirer. « Mais de toute façon, » promène-t-elle un doigt sur les miens avant que je trouve la force de relever les yeux vers elle. « Tu n'as pas à affronter ça seul. Je suis là maintenant. »
Je me pinçais les lèvres. Je n’avais pas envie d’ajouter quelque chose et pourtant une force m’y poussait. Ses lèvres frôlant ma main d’un baiser, c’était plus fort que tout ce que j’aurais pu espérer en venant ici. Elle me faisait la promesse d’être la pour moi. De m’aider à trouver la lumière. D’un futur moins sombre et plus gai. En partie parce qu’elle serait là. Cette idée, je ne pouvais que m’y accrocher. J’eu alors envie de lui parler. D’Andy. De l’accident mais bien vite, je me repris. Ça n’était ni le lieu, ni le moment. Le ferais-je plus tard ? Possible mais rien n’est certain. Je n’ai jamais évoqué avec personne – du moins mes sentiments – quand à notre séparation. Alors parler d’Andy ne me serait pas plus facile. Je crois qu’elle le sait. Elle a vécu l’enfer, qui mieux qu’elle pourrait comprendre le cheminement qui se déroule dans mon esprit.
Contrairement à ce qu’on imaginait, Casey pouvait être aussi que moi. Je veux dire, vraiment têtue au point de ne rien vouloir entendre et s’engueuler. Ça pouvait s’éterniser. Et là preuve en était là, à cet instant précis où elle veut savoir comment j’ai su. Je pourrais lui dire mais la seule qui me vient à l’esprit c’est qu’elle ne serait plus là, si son père était au courant. Oui, c’était de l’évidence pure et simple. Je m’étonne encore même que Courtney n’ait pas encore subit les foudres du patriarche Forsythe. De toute façon, ça n’était pas comme si je laisserais couler l’affaire. A ma réplique, elle m’adresse ce regard noir que je n’ai plus revu depuis des années. L’espace d’une seconde, j’ai cinq ans de moins et on est en train de se prendre la tête pour une connerie.
« Arrête. Dis pas ça. »
Je ne répliquais pas et pourtant, c’était pas l’envie qui m’en manquait. Elle le savait pertinemment. J’étais pas le genre à lui laisser le dernier mot. Des disputes ils nous étaient arrivés d’en avoir et lorsque ça touchait sa famille, c’était – je crois- inévitable. Alors oui, j’étais conscient qu’elle était terrorisé à l’idée même de se retrouver confronter à son père. En me faisant parvenir cette lettre contenant la vérité sur ses quatre dernières années. Elle me donnait sa confiance. Elle me prouvait qu’elle ne doutait pas de moi. Donc oui, la première qui me vient à l’esprit est de la protéger. Même sans ça, je l’aurais fait. Elle doit probablement s’en douter. Je ne vais pas rester les bras croiser alors qu’il tentera une fois de plus de s’immiscer dans sa vie pour la rendre encore plus insupportable. Quel type serait bien capable de laisser celle qu’il aime dans une situation pareille ? ça n’était pas le complexe du super-héros mais juste le devoir de protéger une personne à laquelle on tient.
« Il m'a déjà brisée, Logan. Il a pris tout ce que j'avais encore de bon en moi, ou dans ma vie. Si j'ai effectivement peur qu'il revienne... c'est pas tant parce qu'il pourrait de nouveau s'en prendre à moi - parce que je crois sincèrement qu'il ne pourrait pas faire pire que la dernière fois - ... mais parce qu'il pourrait s'en prendre à quelqu'un comme toi pour se venger, et ça, je ne le supporterai pas. »
Je ne lui cachais pas mon soupir. Mon regard rivé au sien, je serre les mâchoires. Son entêtement m’agace sérieusement. Je peux admettre et comprendre qu’elle s’inquiète à l’idée qu’on s’en prenne à son entourage mais ça n’arrivera pas. Et qu’elle le veuille ou non, je suis déjà impliqué dans sa protection. Du jour où l’on a commencé à se fréquenter. Et ça ne changerait pas. Ni aujourd’hui, ni demain, ni dans cinquante ans. L’agitation de ses mains et cette voix envahie par le trouble à la simple évocation de son père, me fait comprendre que je ferais mieux de m’arrêter là.
« Casey… » soufflais-je alors en reprenant ses mains. « Si l’un de ses sbires devait s’en prendre à moi, à mon entourage, à toi… il sera immédiatement mis derrière les barreaux. J’ai porté plainte contre lui… » soutiens-je son regard une longue seconde avant de lui parler de notre dernière entrevue où il avait fini aux urgences, légèrement amoché par mes soins. Mais il ne fallait pas me chercher. On me savait sanguin et capable de m’emporter pour un rien lorsqu’il s’agissait de Casey. Et son père m’avait donné l’occasion parfaite de me lâcher.
Sa réaction était sans équivoque. Cette terreur au fond de ses prunelles azur, je l’avais déjà vu. Ça ne me plaisait pas. Sauf que cette fois tout était différent. La loi était de mon coté. Et si l’on s’en tenait au plan initial, bientôt son père ne serait qu’un être nuisible au sein d’une prison de haute sécurité. J’avais besoin qu’elle comprenne que même si j’avais envie de lui régler son compte, je saurais me tenir. Avec les perpétuels recommandation quotidiennes de Danny, c’était faisable.
« T'aurais jamais dû faire ça, Logan... »
« T’as pas idée comme ça m’a fait du bien… » fis-je avec un sourire de plaisantin. Elle détestait aborder le sujet de son père et que je prenne ça à la légère. Sauf qu’il fallait parfois relâcher la soupape et vivre. Elle et moi, en avions besoin. Plus que jamais ces derniers temps.
Après un moment, j’en viens à lui expliquer que c’était Don – son patron – qui m’avait dit qu’il l’avait embauché. Je le connaissais depuis mon enfance, c’était un client privilégier du Lounge. Alors forcément, on en était arriver à discuter et il m’avait dit qu’elle était sa nouvelle employée. Toutefois, je ne tenais pas à m’éterniser sur le sujet ainsi, ma remarque se porte sur le fait qu’elle a voulu se faire embauché afin de m’avoir à l’œil. Ce demi sourire satisfait aux lèvres, elle allait rentrer dans ma combine en moins de quelques secondes. Parce qu’elle ne supportait de voir mon égo prendre encore plus d’ampleur. Déjà notre ping pong reprenait naturellement et j’en profitais aisément. Ma remarque me valut une tape sur l’épaule, ce qui me fit rire. Elle pouvait se montrer aussi agaçante qu’adorable. Je dois avouer que ce jeu de provocation ne m’a jamais fait autant de bien avec une autre qu’elle. Non, les autres n’ont pas cette répartie. Elles me laissent toutes gagner. Sauf elle. Son regard suffit à me crier qu’elle ne lâchera rien. Je poursuivis alors sur le ton de la plaisanterie un instant avant de lui confier exactement le fond de ma pensée. Chose qu’elle sait déjà mais que je n’avais pas exactement formulé. Remarque qui suffit à lui faire baisser la tête. Envers elle, je n’avais jamais eu de mauvaises intentions. J’ai pas été élevé dans cet atmosphère. Ainsi oui, je la protègerais toujours. Quoiqu’il advienne de notre relation. Parce qu’elle est importante à ma vie, à ma survie. Qu’on soit amis, amants, époux et que sais-je encore, je sais que je ne la laisserais plus fuir mon existence. Ce lien que nous partageons est plus fort. La distance a renforcé ce lien. Un simple regard me le confirme. Je lui laisse alors le temps de se reprendre puis elle relève la tête vers moi :
« Si tu veux vraiment t'en assurer, commence déjà par t'assurer de ta sécurité. Parce que la seule chose qui pourrait encore me faire souffrir aujourd'hui, c'est qu'on s'en prenne à toi, d'une manière ou d'une autre. »
Je ne peux m’empêcher de pencher la tête sur le coté et de faire une petite moue avant de lui prendre la main. Okay, elle ne serait pas convaincu tant qu’elle n’aurait pas de preuve sous la main. Je l’obligeais alors à me suivre près de la fenêtre qui donnait sur la rue où un SUV sombre était garé à quelques mètres avec deux types à l’intérieur, dont l’un était Danny.
« Tu les vois, ces types en costards avec une trace de sauce sur leur cravate ? » tournais-je la tête vers elle. « Ils sont du FBI. Une équipe veille à notre protection… toi, Court’, Liam, ma mère, moi… » pris-je sur moi avant de resserrer ma main dans la sienne. « T’as des tonnes de questions. Je sais qu’on doit aborder certains sujets… délicats, comme celui de ton père. Mais on a le temps pour ça… Tu dois juste savoir qu’on est sous protection et que tout ira bien. Il ne nous arrivera rien. » C’était une promesse sous-entendu. Casey a toujours eu conscience que je prenais toujours sa protection à cœur. A l’époque, j’en avais même essuyé quelques blagues. Mais aujourd’hui, plus personne n’en riait. Pas après les évènements passé. Alors peut être que cette nouvelle d’être sous protection, ne lui plairait pas, mais au moins elle pourrait avoir l’esprit un peu plus tranquille. Et puis, c’est pas comme si j’allais LA laisser tranquille, à vrai dire.
Revenant finalement sur nos pas, un autre sujet est abordé. Déjeuner. Bah oui, j’vais pas la laisser crever de faim. Et moi, j’ai faim d’abord. Enfin, le deuxième point, j’trouverais toujours un moyen de le régler. Ceci dit, elle était dure en affaire et à peine émis-je quelques possibilités que j’essuyais refus sur refus. Elle tenait vraiment à ce que j’emplois des moyens beaucoup moins conventionnels ou quoi ? Mon regard sur elle, je m’approchais sensiblement puis penchait ma tête à son oreille. A mes mots, je vis immédiatement son attitude changer. J’en étais à la fois fier et amusé. Ainsi, elle était toujours aussi sensible à ma présence. Le « chéri » qu’elle avait prononcé ne m’était pas sorti de la tête et je le notais mentalement pour le lui rappeler au moment ultime. J’arriverais à mes fins avec Casey. Parce que si sa tête faisait encore preuve de résistance, son corps me signalait l’inverse. Dans l’expectative, je n’avais pas forcément besoin du contact de nos corps, mais la sentir répondre à ce désir. Réaliser qu’elle en a tout autant besoin que moi. Que ce besoin est réciproque. Alors oui, il m’est nécessaire. J’ai beau jouer au plaisantin, mes blagues stupide ne ferait pas rire grand monde si je me produisais sur scène mais, elle, ça l’amuse un minimum. Et lorsque j’utilise le prétexte de Popeye, j’ai l’occasion unique et parfaite pour l’attirer dans mes bras. Sur le coup, je la sentis se raidir. A une autre époque, elle se serait carrément jeté dans mes bras. Mais à cette seconde, bien des évènements s’étaient déroulés. Ainsi, il nous faudrait un temps d’adaptation avant que certain gestes redeviennent naturels. Ce n’était pas une chose inquiétante à mes yeux. Il n’y a qu’à prêter attention à ces regards et ses gestes à mon égard. Je sais qu’elle m’aime. Elle souffre. Cette situation, lui est insupportable mais elle m’aime. Pour l’instant, rien d’autre ne compte et lorsque mon regard se plonge dans le sien, c’est tout notre univers qui s’en voit bouleversé. Je l’amène dans cette bulle de douceur, tendresse et protection. Une bulle que je lui interdirais bien de quitter. Mes doigts glissent lentement sur sa joue pour remettre en place une mèche rebelle et pour la première fois depuis quatre ans, je suis seul au monde avec elle. Il n’y a que nous deux. Casey et Logan comme lors de ses soirées en tête à tête à observer un coucher de soleil. Tout était simple, tranquille et merveilleux. Une sensation qui n’a pas duré assez longtemps à mon goût et que je veux retrouver. Quel qu’en soit le prix à payer.
Mes mots aussi idiot puissent-ils être – Olive et Popeye – ont au moins l’avantage de la faire sourire. Un sourire comme elle ne m’en avait plus adressé depuis longtemps. Plein de tendresse et d’affection et je sais qu’en un autre lieu, peut être nous serions nous permis de nous laisser aller à une étreinte plus naturelle et différente qu’un baiser sur la joue et le front. Les mots ne sortaient pas mais l’envie et l’amour y était. Elle savait et moi aussi. Ses doigts sur mes lèvres auraient pu remplacer ses lèvres. Je le savais consciemment et même s’il m’arrivait de devoir lui dire des choses importantes, je ne voulais la voir se détacher de moi. J’éprouvais ce besoin d’être lié à elle, que notre contact puisse enfin nous aider à aller dans une direction commune.
« Jamais... » C’était tout ce que je voulais entendre. Mes lèvres sur son front, je ne pus me retenir d’esquisser un sourire. Elle était là. Dans mes bras. Et je ne rêvais pas. Je resserrais un instant ma prise autour de sa taille pour m’assurrer de ne pas être en train de rêver.
« Tu deviens donc plus docile avec les années. C’est bon à savoir. » fis-je alors ne détachant mon visage du sien. Je pourrais rester des heures à la garder dans mes bras, sans m’en lasser. Juste éprouver cette sensation que chaque chose est enfin à sa place. Une plénitude qui m’a fait défaut pendant trop longtemps. Les mots, dans beaucoup de couple sont élémentaire, pour notre part ils ont une certaine place. Sauf qu’à cette seconde, cette étreinte et nos regards en disent suffisamment long. Tout comme elle sait qu’il n’y aura probablement pas d’autres femmes qu’elle dans ma vie.
Je me fais alors violence pour m’éloigner. Elle doit travailler. Très bien. Mais elle devra alors se faire à l’idée de me supporter. La connaissant, je sais très bien qu’elle ne tiendra pas longtemps. Je dus produire un effort surhumain pour me détacher d’elle à cette seconde mais c’était nécessaire. On aurait du temps par la suite. Je tire finalement un chaise avant de m’y installer et d’envoyer quelques sms. Cette situation risquait de la rendre folle. Ma simple présence aurait pour effet de la distraire et ainsi, peut être finira-t-elle par accepter d’aller déjeuné. Oui, je n’avais pas encore repoussé l’idée d’arriver à mes fins. De plus, ça ne m’empêchera pas de l’emmener dîner. Tant qu’à faire, autant profiter des deux. Elle pourrait bien protester autant qu’elle veut, elle sait que je sais me montrer persuasif. Je n’eus pas à attendre très longtemps avant de la voir se planter devant moi, une main sur la hanche. Dieu qu’elle était sexy lorsqu’elle laissait transparaitre son trouble et ses émotions.
« Tu vas quand même pas attendre ici jusqu'à ce soir ? »
Je tourne la tête à droite et à gauche, m’assurant qu’elle s’adresse bien à moi.
« Logan, tu ne peux franchement pas rester ici. J'ai du travail, et tu m'empêche de me concentrer. »
Il n’y a absolument personne autour de nous et d’un air totalement innocent, je lui réponds sans la quitter des yeux.
« Je dérange personne jusque-là. Je fais même pas de bruit ! » Protestais-je pour la forme, alors que mon portable bipais me signalant un message de Liam. « Ooooooooooh je t’empêche de te concentrer… C’est que j’en ai du pouvoir ! Et après ça, j’suis pas un super-héros. Y’en a qui paierais cher pour en avoir un… toi, t’en a un sous la main et tu veux le foutre à la porte. C’est insensée… » secouais-je la tête avant de reprendre, un sourire satisfait aux lèvres. « Non, en fait je reste. La chaise est confortable et la vue… bien plus que satisfaisante ! » Je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir ce sourire débile et malicieux en la regardant à cet instant. Elle voudrait m’assommer que ça n’aurait rien d’étonnant ou simplement me casser la mâchoire pour faire disparaitre ce sourire niais de mon visage. Mais c’était si bon de l’avoir ici, d’être près d’elle que l’idée de m’éloigner me rendait morose. « Et on sait jamais, tu pourrais avoir faim tout à coup ! » finis-je avec ces mots à double sens, qui j’étais sur elle avait bien comprit.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Dim 10 Avr - 9:48
Nos retrouvailles, des instants comme celui-ci, j'en avais rêvé pendant quatre ans. C'était Logan qui m'avait poussé à revenir en ville, lui même qui m'avait poussée à me battre, pour venir le retrouver. J'avais pensé qu'en rentrant, tout se serait arrangé. Oui, j'avais été intimement persuadée que, dès mon retour, chaque chose reprendrait sa place. J'avais pensé que tous les sentiments négatifs que j'avais pu ressentir, toute cette peine, cette peur, cette angoisse, disparaitraient à l'instant même où je poserai le pied sur le sol Américain. Mais depuis mon retour à San Francisco, j'avais réalisé que les choses n'étaient pas aussi simples, et que mon retour m'apporterait certainement moins de choses que ce que j'avais espéré. Depuis celui-ci, un doute constant m'habitait. Celui d'avoir pris la mauvaise décision. Je ne doutais pas de ce qui m'avait poussée à revenir ici, jamais je n'aurais pu douter de mes sentiments pour Logan, mais je doutais, en revanche, de l'issue de toute cette histoire. La vérité, c'était que j'avais peur. J'étais terrorisée à l'idée de devoir faire face à Logan, à l'idée de dire ou de faire quelque chose d'inapproprié qui aurait alors pu le pousser à prendre la fuite, devant moi. J'avais peur qu'il me déteste, pour tout ce qu'il avait bien pu vivre au cours de ces quatre dernières années, j'avais peur qu'il me reproche mon absence, et surtout mon retour. J'avais peur de ne pas être à la hauteur, de ne jamais me réhabituer à ce monde duquel j'avais été coupée pendant des années et qui me semblait à présent étranger. J'avais peur de ne jamais retrouver ma place dans celui-ci, et d'avoir fait tout ça pour rien. Le doute était normal. C'était ce que Court' me répondait toujours lorsqu'elle remarquait mes hésitations. Elle m'avait dit qu'il me faudrait du temps, pour me réhabituer à tout ça, pour retrouver un semblant de vie normale. Elle m'avait conseillé de prendre un job, m'avait même trouvé celui-ci, à la bibliothèque, en espérant que ça pourrait m'aider à y voir plus clair. Si je lui en étais reconnaissante, il n'en restait pas moins que ce travail ne m'avait, jusqu'à présent, pas vraiment aidée à m'intégrer, bien au contraire. Ce travail m'avait justement permis de m'isoler, d'oublier, le temps de quelques heures, combien la vie avait pu être cruelle, combien j'avais pu souffrir, et surtout combien je souffrais encore. Plus que nécessaire pour que je puisse m'en sortir financièrement, sans avoir à demander quoi que ce soit d'autre à Court', il était également devenu indispensable à mon équilibre mental. Parce que, sans ces quelques heures de distraction, sans cette occupation qu'il m'apportait, je le savais, j'aurais fini par devenir folle. Ressassant le passé, j'aurais rapidement fini par ne plus savoir faire la différence entre passé et présent. J'aurais pu passer mes journées entières à pleurer, à ne désirer plus qu'une seule chose : que la mort me libère de cette souffrance qui me torturait chaque jour un peu plus. Jamais, avant, je n'avais été comme ça. A vrai dire, si, j'avais toujours une jeune fille très active et bosseuse, mais jamais, non, l'activité ne m'avait été à ce point nécessaire. Parce qu'auparavant, l'inactivité n'avait pas été synonyme de maladie, ou d'enfermement. Parce qu'avant, j'avais tout eu pour être heureuse : une famille, un mari, un enfant... A présent, je n'avais plus rien, et les réflexions de ma solitude me ramenaient toujours à cette triste conclusion.
Mon père m'avait détruite. Et, à vrai dire, il l'avait tellement bien fait qu'aujourd'hui, je n'étais même pas sûre de pouvoir me reconstruire un jour et ce, malgré toute l'aide que pourrait m'apporter Court', malgré son soutien psychologique, malgré son amour, et toute la confiance qu'elle avait en moi... Cela ne suffirait pas. L'amour de Logan pourrait-il m'y aider ? Parfois, je me disais que oui, que s'il était là, les choses seraient peut-être plus simples et que la vie me semblerait plus belle. Et d'autres fois, en revanche, je me sentais tellement mal que tout l'amour du monde – même le sien – me semblaient insuffisants pour m'en sortir. Dans ces moments là, la seule issue qui me semblait encore possible était la mort. Ces pensées, je le savais, n'étaient dues qu'à une seule chose : la dépression. Une maladie qui m'avait touchée quelques années plus tôt, qui m'avait dévastée, et dont j'avais cru être débarrassée. Je réalisai à présent que seuls les médicaments avec lesquels on m'avait abrutie m'avaient donné cette impression, et que je n'en serai pas totalement libérée tant que je n'aurais pas affronté le passé. Mais affronter le passé, c'était affronter mon père, c'était m'exposer à lui, à ce qu'il pourrait me faire, et à ce qu'il pourrait faire à mes proches. C'était prendre un risque : celui de perdre le peu de choses que j'avais retrouvées. Ce risque, je n'étais pas prête à le prendre. Parce que, même si tout n'allait pas toujours bien, même si vivre m'était parfois insupportable, je finissais toujours par me raccrocher à Court', à Logan, à ces personnes que je chérissais plus que tout au monde et sans lesquelles je n'aurais jamais pu en arriver là. Alors oui, même si c'était lâche, une confrontation avec mon père me semblait impossible. C'était une question de vie ou de mort, et pas seulement me concernant.
Ca, peu de personnes auraient été capables de le comprendre. Logan aurait pu. Il était intelligent – malgré ce qu'il pouvait bien laisser croire – et il avait surtout toujours su que mon père aurait une influence néfaste, sur notre relation. Et d'ailleurs, si j'avais pris ses mises en garde avec un peu plus de sérieux, peut-être que nous n'en serions pas là, aujourd'hui : peut-être que nous serions toujours mariés, que nous élèverions notre fils ensemble, que nous aurions une jolie petite famille... Toutes ces choses, nous étions cependant passés à côté, et par ma faute. Cette culpabilité, je le savais, ne me quitterait pas si facilement. Parce que, que je le veuille ou non, j'avais participé à tout ce que mon père nous avait fait subir. J'avais participé à ma propre douleur, et c'était d'ailleurs probablement ce qui la rendait encore plus insupportable.
Néanmoins, en présence de Logan, celle-ci s'apaisait. Quand il était là, quand il me fixait de ses yeux pleins d'amour comme il le faisait à l'instant, quand j'entendais sa voix s'élever derrière mon dos pour sortir toutes ces âneries, j'avais l'impression d'avoir moins mal. Je me sentais moins seule. Je me sentais mieux. C'était ces moments là, que je chérissais ; des moments qui se voulaient malheureusement toujours trop courts, ou trop rares. Oh, bien entendu, l'avoir à mes côtés n'était pas une totale partie de plaisir : d'abord parce que je devais prendre sur moi et résister à cette envie que j'avais de me jeter dans ses bras, et ensuite parce que croiser son regard, l'affronter, s'avérait beaucoup plus difficile que je ne l'aurais cru. Peut-être, à vrai dire, parce que je lui avais déjà dit tout ce que j'avais sur le coeur, et qu'il savait à présent, mieux que quiconque, tout ce que j'avais bien pu vivre au cours des quatre dernières années. Je ne parlais pas seulement des faits, mais aussi et surtout de comment je les avais vécus, et des conséquences que tout cela avait eu sur celle que j'avais été. Alors oui, une partie de moi était gênée, en sa présence. J'étais mal à l'aise. Parce que quatre années nous séparaient, et que je ne savais plus vraiment comment agir avec lui. Mais rapidement, la réponse m'apparut d'elle même et ce, sans que je n'ai à y réfléchir. L'humour, c'était l'arme secrète de Logan, celle dont il se servait face à l'adversité. Rentrer dans son jeu n'avait pas vraiment été dans mes plans. Mais face à ses remarques, je devais dire que mes réactions se faisaient toutes seules : j'étais incapable de réagir autrement qu'en répondant à ses provocations, en espérant que cela nous aidera, l'un comme l'autre, à nous comprendre, et surtout à nous parler. Même si dans le fond, j'aurais probablement préféré taire certaines choses pour le reste de ma vie. Je savais que concrètement, c'était impossible. Parce que si un jour nous devions nous remettre ensemble, ou même, simplement faire partie de la vie de l'autre, nous devrions aborder certains sujets, même les plus sensibles. Parce que, jamais, nous n'avions eu le moindre secret l'un pour l'autre, et que nous nous étions toujours tout dit. C'était en partie pour cette raison que notre couple avait si bien marché : parce que nous nous étions connus par coeur, parce que nous avions toujours tout su de l'autre, même les choses les plus sombres, et les plus déplaisantes. Cela ne nous avait pas empêché de nous aimer. Si les choses étaient différentes, cette fois, une part de moi espérais qu'un jour, les choses redeviendraient comme ça : qu'il n'y ait plus le moindre secret entre nous, et que plus rien ne nous sépare, pas même le souvenir de ces quatre années ; que ces horreurs que mon père nous avaient faites n'aient pas entaché notre amour pour l'autre.
Quelque chose nous revint bien vite, comme le plus simplement du monde : cette complicité, qui nous avait auparavant unis. Même changés, et malgré ses blagues débiles, nous en arrivions à nous comprendre, et presque à nous accorder. Et à vrai dire, nous nous accordions tellement bien que c'en était trop facile. Ca ne durerait pas. Je nous connaissais suffisamment pour l'affirmer. Mais bien loin de me laisser démonter par les provocations de Logan, j'y répondais même avec un certain aplomb que je n'aurais pas pensé encore posséder. Comme quoi, tout pouvait encore arriver. Les provocations de Logan prenaient de plus en plus d'ampleur à mesure que les secondes s'écoulaient, et il en vint bien vite à me proposer de le suivre dans le placard à balai. Proposition que je refusai sans hésiter, avant de lui demander s'il faisait celle-ci à toutes les femme. Plus qu'une simple provocation, ma question avait un double sens : je voulais savoir s'il avait d'autres femmes, dans sa vie, chose qui, en un sens, ne m'aurait pas vraiment étonnée : Logan était un beau jeune homme, intelligent, plein d'esprit, d'humour, et il avait tout pour rendre une femme heureuse. Je n'aurais pas été étonnée d'apprendre qu'une autre lui ait mis le grappin dessus, même si, bien entendu, cette idée m'aurait fortement déplu -pour ne pas dire autre chose. Et puis, ajoutons à cela que notre séparation remontait à quatre ans maintenant, et qu'il n'aurait pas été étonnant, qu'après tout ce temps, il ait refait sa vie, sans m'attendre – puisque de toute façon, il ne s'était jamais douté des véritables raisons de mon départ si soudain. Puisqu'il en vint à découvrir mon manège, je finis par tout avouer et par lui poser la question directement : y en avait-il d'autres ?A ma question, un sourire qui se voulait espiègle se dessina sur ses lèvres, et il commença :
« J’en ai quelques-unes dans mon viseur… » Il planta son regard au mien, et bien que je ne sache comment interpréter ce début de réponse, je ne sourcillai pas, tandis qu'il continua, « T’as peur de pas être parmi dans le carré final ? »
Il avait ce sourire en coin, ce même sourire qui avait le dont de m'agacer... Enfin, ça, c'était rien, comparé à ce regard qu'il me lança. Il me déshabillait du regard. Je détestais ça. Je me sentis bien rapidement rougir, malgré moi, et fronçant les sourcils, je murmurais un léger :
« Arrête, Logan. »
Mon ton s'était voulu ferme, mais il ne l'était pas le moins du monde. Ma voix s'était avérée tremblante, incertaine, gênée... Il me mettait déjà dans tous mes états. Détournant le regard, il reprit la parole :
« Crois-moi, t’as vraiment pas de crainte à avoir de ce côté là… », il ponctua sa phrase d'un soupir que je ne savais comment interpréter. Et moi, j'étais soulagée. Soulagée de voir que tout ce que j'avais craint n'avait pas eu lieu, de voir que son coeur n'appartenait pas déjà à une autre et que tout était peut-être encore possible, entre nous. Relevant la tête dans sa direction, je l'observais quelques instants, avant de lui demander :
« Tu m'en veux, de pas avoir refait ta vie ? »
Il aurait pu m'en vouloir, me tenir pour responsable. Me détester pour ça, pour être revenue maintenant, alors qu'il avait peut-être été prêt à tourner la page. Ca aurait pu se comprendre... Même si ça aurait été difficile à accepter.
Comme si la conversation devenait trop sérieuse à son goût, Logan trouva bien rapidement le moyen de redétendre l'atmosphère, en en rajoutant sur ce satané placard à balai dans lequel il voulait m'emmener. Je déclinai à nouveau sa proposition, lui suggérant d'aller jeter un coup d'oeil à celui-ci sans moi, si cela lui tenait tant à coeur.
« A une période, t’aurais pas donné ton reste pour me suivre, j’te signale. Tu sais pas ce que tu perds… »
Il avait raison. A une époque, j'aurais certainement fini par le suivre, n'importe où. Parce que nous n'avions jamais été capable de nous résister bien longtemps, même si nos provocations faisaient partie de notre jeu. J'eus envie de sourire, à ses mots, et je répondis sans me faire prier :
« Au contraire, je pense que je sais pertinemment ce que je perds. Il faut croire que la chose n'en vaut pas tant la peine que ça. », ajoutai-je alors, plus pour le provoquer et taquiner légèrement son égo.
Logan se pinça alors les lèvres, avant d'ajouter :
« ça te ferait pas de mal pourtant d’y faire un tour. »
Ce dont il ne se doutait pas, c'était qu'il avait absolument raison. Après ces quatre années, cela ne m'aurait certainement pas fait de mal, bien au contraire. Mais s'il pensait pouvoir m'avoir si facilement, c'était qu'il était bien naïf ! Haussant les épaules, je répondis alors :
« Peut-être, mais j'suis certainement pas celui de nous deux qui en aurait le plus besoin. » Je me tournai vers lui pour lui adresser un regard entendu, m'attendant déjà à l'entendre répliquer je-ne-savais-trop-quoi qui lui assurerait certainement d'avoir le dernier mot.
Un silence s'installant, j'en vins à m'interroger sur les sources qui avaient bien pu l'informer de ma présence ici. Court' ? Car aurait pu, puisqu'après tout, elle était la seule à être au courant, pour cet emploi que j'avais commencé depuis quelques jours à peine. Loin de lui l'idée de me répondre sérieusement, Logan en vint à éluder ma question et à me complimenter, me mettant ainsi légèrement mal à l'aise, mais aussi à critiquer les livres qui nous entouraient, livres que je m'empressais de défendre face à cette tête de mule. Mais monsieur ne voulait rien entendre : il m'affirmait être allergique à ces derniers. Ce qui, entre nous, m'amusait pas mal. Comme pour avoir le dernier mot, je lui avais alors rétorqué qu'il était toujours possible de soigner des allergies et que je pourrais peut-être l'aider à guérir.
« C’est une proposition ? Tu devrais être prudente avec ce genre de chose… y’a toujours un truc louche derrière. » « Bien sûr que c'en est une. Quoi ? Tu ne me fais pas confiance ? Tu ne penses pas que je pourrais m'avérer être une infirmière exemplaire ? Tant pis pour toi alors. Tu sais pas ce que tu rates », ajoutai-je alors en relevant légèrement le menton.
Me concentrant de nouveau sur mon travail, Logan ne trouva pas de meilleur moyen pour recapter mon attention qu'en enchainant plusieurs questions stupides, et ce, dans l'unique but de me voir me tourner vers lui. Je savais ce que son attitude cachait. Et en un sens, le voir faire le pitre ne me rassurait pas, bien au contraire. Parce que je savais ce que cela cachait : une douleur qu'il n'était pas prêt à admettre, et qu'il préférait fuir. Mais la fuite n'était pas une solution. Je le savais. Et si affronter la réalité, et cette douleur, était effectivement difficile, il n'en restait pas moins que j'étais là, et que je serai là, si à l'avenir, il venait à avoir besoin de quelqu'un à qui parler, d'une épaule sur laquelle pleurer. Je n'avais pas besoin de lui dire toutes ces choses. Il les savait. J'en étais certaine. C'est peut-être d'ailleurs pour cette raison là qu'il vint à me confier que faire l'imbécile, c'était un moyen comme un autre pour lui d'oublier cette souffrance, car selon lui tout le monde n'avait pas la force d'affronter ses démons seuls. Une remarque qui me fit légèrement sourire. Nous étions tous capable du meilleur, comme du pire. Si certaines choses nous semblaient impossibles à réaliser, ou affronter, nous en étions cependant capables. Je le savais, parce que j'avais réussi à revenir jusqu'ici, malgré les horreurs de ces quatre années. Alors, il ne faisait aucun doute, selon moi, qu'il finirait par surmonter tout ça. Même si ça prendrait du temps, même s'il aurait très probablement l'impression que rien ne pourrait venir à bout de cette souffrance qu'il ressentait. Parce qu'il était fort, quoi qu'il puisse en penser. Mais aussi et surtout parce que je serai là, qu'il le veuille ou non. Jamais, non, je ne le laisserai s'enfoncer dans sa souffrance, ou dans une quelconque dépression, parce que je ne voulais pas qu'il ait à traverser ça. Je voulais le protéger. Le préserver des mauvaises choses que nous réservaient parfois la vie. Je voulais qu'il soit heureux, tout simplement.
Et c'est ainsi, que, bien que je me sois pourtant promis de ne pas dire des mots qui pourraient peut-être l'effrayer, lui donner l'impression que j'en attendais trop de lui, je finis malgré tout par lui assurer que tout se passerait bien pour lui, car malgré la difficulté de tout ce qu'il aurait à traverser au cours des prochains jours, je serai là. Après tout, n'était-ce pas ce que l'on s'était promis ? D'être toujours là l'un pour l'autre. Pour le meilleur et pour le pire. J'étais prête à l'aider à surmonter le pire. Ces papiers que nous avions signés quatre ans plus tôt n'y changeraient rien. Comme pour joindre le geste à la parole, mes lèvres se posèrent sur sa main, avec douceur. Et c'est à cet instant qu'il s'apprêta à me dire une autre chose, avant de se reprendre, cependant. Ce qu'il avait voulu me dire ? Je n'en avais aucune idée. Et pourtant, je ne le forcerais pas à me parler. Je ne voulais pas qu'il s'en sente obligé, je voulais qu'il le fasse de lui même et ce, sans que j'aie à lui forcer la main. C'est pour cette raison que je détachai ma main de la sienne, avant de m'éloigner de lui. Parce que cette proximité m'était difficile, parce qu'elle me faisait mal. Parce que j'avais mal de devoir résister à toutes ces envies qui me traversaient au moindre contact – physique comme visuel – que nous avions.
Reprenant mes esprits, j'en revins à cette question que je lui avais posée. Je voulais savoir comment il avait fait pour savoir où venir me chercher. Je voulais comprendre. Parce que j'avais peur. Ca, Logan le savait. Pour preuve, au lieu de me répondre directement, de me rassurer, il ne trouva rien d'autre pour cela que m'affirmer que, si mon père avait su pour mon retour, je ne serai déjà plus là. Ses mots ne me rassuraient pas, bien au contraire. Son attitude, cette insouciance avec laquelle il parlait, m'agaçait. J'avais l'impression qu'il ne comprenait pas. Il était certainement la personne qui se méfiait le plus de mon père en cette Terre et malgré tout, il arrivait encore à ne pas le prendre comme une menace sérieuse. C'était du moins comme ça que j'interprétais sa réaction. Il ne comprenait vraiment pas. Lui s'imaginait que je craignais simplement pour moi. La vérité, c'était que l'idée même que mon père s'en prenne à Court' ou à Logan pour se venger m'était encore plus insupportable. Il avait beau m'avoir détruite, s'il en venait à s'en prendre à un de mes proches, je ne m'en remettrai certainement pas. Je le lui avais avoué, en espérant qu'il comprenne, cette fois. Mais, dès lors que j'eus terminé de parler, il poussa un soupir. Je le vis serrer les mâchoires, je savais qu'il était agacé. A cause de moi.
« Casey… » souffla-t-il en prenant mes mains tremblantes entre les siennes. « Si l’un de ses sbires devait s’en prendre à moi, à mon entourage, à toi… il sera immédiatement mis derrière les barreaux. J’ai porté plainte contre lui… »
De mieux en mieux. Il pensait vraiment que ça me rassurait ? Pas le moins du monde ! Comme si mon père pouvait être arrêté ! Je secouai la tête.
« Ca nous avancera à quoi, qu'il soit emprisonné, hein ? Ca vous ramènerait pas, s'il venait effectivement à s'en prendre à vous. » Si Logan avait pensé pouvoir me rassurer avec cet argument, c'était loupé. « Et puis, de quoi est-ce que tu parles ? Pourquoi... pourquoi tu as porté plainte contre lui ? »
Lorsqu'il en vint à faire référence à cette dernière fois où il avait vu mon père et où il l'avait frappé, je compris alors que j'en savais trop peu pour comprendre. C'est ainsi que Logan m'expliqua dans les grandes lignes ce qui s'était passé, sans réaliser une seule seconde ce que ses mots déclenchaient en moi. Apprendre que mon père l'avait menacé, c'était plus que je ne pouvais en supporter.
Mécontente, je fis remarquer à Logan qu'il n'aurait jamais du agir de la sorte, ce à quoi il me répondit : « T’as pas idée comme ça m’a fait du bien… », le tout, avec un large sourire. Chose que je détestais plus que tout. Oui, parce que j'avais toujours détesté que Logan prenne les choses à la légère quand moi, j'essayais d'être sérieuse. Et je détestais encore plus cela parce que j'avais encore plus l'impression qu'il n'avait pas compris. Aurait-ce été le cas qu'il aurait certainement pris mes conseils et mes réprimandes avec plus de sérieux. Agacée, je retirai mes mains des siennes en secouant une nouvelle fois la tête, les yeux baissés en direction du sol. Je serrai les dents, préférant garder pour moi une quelconque remarque que j'aurais pu regretter par la suite. Je le savais, nous ne serions jamais d'accords. Tout simplement parce que nous voyions les choses différemment : lui les prenait toujours avec plus de légèreté que moi. Alors, au lieu de s'opposer une nouvelle fois, d'en venir à se disputer, je préférais me taire. Même si je devais faire un effort surhumain pour garder ce que je pensais pour moi.
Ayant compris que sa réaction n'avait peut-être pas été la meilleure, Logan finit par m'avouer que c'était Don, mon patron, qui lui avait tout dit – il s'avérait que ce dernier était un habitué du Lounge, et qu'il avait révélé à Logan bien plus de choses que je ne l'aurais cru, concernant mon travail ici. Oui, visiblement, Logan était bien informé quant à mes habitudes. Mais, loin de lui l'idée de rester sérieux, il commençait déjà à sous-entendre que ce travail n'était qu'un moyen comme un autre, pour moi, de l'avoir à l'oeil. Une idée qui était certainement la plus ridicule que j'aie entendu jusqu'à aujourd'hui. Ne pas nier ce qu'il avançait, c'était lui donner raison. Et pour rien au monde, je ne le laisserai s'imaginer une telle chose. Notre joute verbale reprenant, nous nous arrêtâmes bien vite lorsque Logan vint à me confier qu'il s'assurerait que plus personne ne me ferait souffrir à nouveau. Ses mots me touchaient. Bien plus que ça encore, je savais ce qu'ils sous-entendaient : qu'il serait toujours là pour moi, pour me soutenir, dans les bons comme dans les mauvais moments. Parce que nous avions toujours été comme ça l'un envers l'autre et qu'il nous semblait naturel de veiller au bonheur de l'autre. Même si j'appréciais son geste, je ne pu m'empêcher de plus ou moins revenir à ce dont nous parlions précédemment, et lui demander d'être prudent. Parce que, tant qu'il irait bien, je n'aurais plus aucune raison de souffrir, et je voulais qu'il le comprenne. Penchant la tête sur le côté, Logan m'adressa un petite moue avant de saisir ma main. Naturellement, mon pouce vint caresser la sienne mais, très vite, il m'entraina avec lui près de la fenêtre sans que je comprenne vraiment pourquoi.
« Tu les vois, ces types en costards avec une trace de sauce sur leur cravate ? » Mon regard se posa effectivement sur un véhicule à l'intérieur duquel se tenaient deux types, dont l'un était... Danny ? Je fronçai les sourcils, pas bien certaine de ce que je venais de voir. « Ils sont du FBI. Une équipe veille à notre protection… toi, Court’, Liam, ma mère, moi… » reprit-il, resserrant sa main sur la mienne au moment même où j'allais me détacher de lui. A croire qu'il connaissait mes réactions par coeur. Détournant le regard de cette maudite fenêtre, je relevai les yeux vers lui, sans bien comprendre. Le FBI ? Pourquoi le FBI nous protègerait ? Ca avait un rapport avec mon père ? Quand bien même, pourquoi le FBI le protégeait, lui, et Liam ? « Danny ? Le FBI ? Pourquoi... Pourquoi le FBI- » commençais-je, avant même de pouvoir terminer, car il reprit bien vite la parole, « T’as des tonnes de questions. Je sais qu’on doit aborder certains sujets… délicats, comme celui de ton père. Mais on a le temps pour ça… Tu dois juste savoir qu’on est sous protection et que tout ira bien. Il ne nous arrivera rien. »
Mon père. Ainsi, il était bien la cause de cette protection. Une protection dont je ne savais pour le moment rien, et qui me laissait perplexe. A bien y réfléchir, il était vrai que j'avais déjà aperçu Danny, de loin, quand j'avais été avec Court'. Mais j'avais pensé que ça n'avait été que le hasard, qu'il ne nous avait pas approchées parce qu'il ne nous avait pas reconnus. La vérité, c'était qu'il nous avait espionnées. Depuis le début. C'était impensable. Je secouai la tête, retirant ma main de celle de Logan.
« Court' le sait ? » demandais-je en retournant dans le rayon dans lequel nous nous étions trouvés précédemment. Mon regard inquisiteur posé sur Logan, je finis par croiser mes bras sur ma poitrine, avant d'ajouter, « Vous comptiez me le dire quand, hein ?! ». Je poussai un soupir. Baissant la tête, et passant une main sur mon visage, je finis par lâcher, « J'en veux pas, de cette protection. J'suis assez grande pour me débrouiller toute seule. »
Et si ça n'avait tenu qu'à moi, j'aurais certainement mis les pieds dehors pour demander à Danny et son pote de quitter les lieux sur le champ. Mais si je ne le faisais pas, c'était simplement parce que Logan m'aurait arrêté avant même que je ne puisse leur parler. Qu'à cela ne tienne, ça ne serait que partie remise. Il n'empêche que je n'en revenais pas. Comment avaient-ils pu garder ça pour eux ? Ils n'avaient pas pensé que je finirai par me douter de quelque chose ? Toutes ces fois où j'avais eu l'impression d'être suivie, toutes ces fois où j'avais cru que mon père avait fini par me retrouver, j'avais en fait été suivie par le FBI ? C'était de la folie. Une chose était certaine, je ne voulais pas de cette protection. Je voulais pouvoir être libre de mes mouvements, sans être surveillée. J'avais été privée de la moindre liberté pendant quatre ans. Il était hors de question que cela recommence.
Reprenant là où il s'était arrêté, Logan m'invita à déjeuner. Invitation que je déclinais et ce, malgré ses menaces de torture. Je n'avais pas faim. Loin de moi l'idée de le repousser, j'en vins cependant à lui suggérer que je n'aurais pas pu refuser un diner. A mes mots, il passa ses bras autour de ma taille, attirant mon corps contre le sien. Son geste avait auparavant été naturel. A présent, il l'était tout autant mais ma réaction à celui-ci était différente. Parce que ce contact me rendait folle, parce que cette proximité dont nous avions tant besoin, était également une véritable torture. Mes yeux plongés dans les siens, j'aurais presque pu me croire revenue quatre ans auparavant. Je l'aimais tellement. Cette étreinte me le confirmait. Dans ses bras, j'en avais presque oublié le reste du monde. Parce que rien ne comptait plus que cet instant, cette douceur, cette tendresse, et cet amour, qui nous entouraient. Logan m'annonça qu'il m'emmènerait diner le soir même – en nous qualifiant de Popeye et Olive. Une remarque qui eut au moins le mérite de me faire sourire. En guise de réponse, je déposai un baiser sur sa joue, mes doigts se promenant quant à eux sur ses lèvres que j'aurais de loin préféré embrasser, si j'avais osé faire le premier pas. J'éprouvais cependant encore trop de réserve pour oser aller si loin. Et c'est ainsi que, dans cette douce étreinte, Logan vint à me demander de lui promettre de ne plus jamais le quitter sans le prévenir. Comme si j'aurais été capable de faire la même erreur, une seconde fois. Sans me faire prier, je le lui promis. Ses lèvres sur mon front, je sentis ses lèvres s'étirer en un sourire. Ce qu'il ne savait pas, cependant, c'était que par cette promesse, je ne m'engageais pas seulement à ne plus le quitter sans le mettre au courant d'abord, mais aussi et surtout à ne plus le quitter du tout. Parce qu'être éloignée de lui une seconde fois me semblait insupportable. Je sentis ses bras se resserrer autour de ma taille, mon corps se collant un peu plus au sien, mes mains descendant lentement autour de sa nuque, lorsqu'il me répondit :
« Tu deviens donc plus docile avec les années. C’est bon à savoir. » « Oh que non », répondis-je dans un léger sourire. « Si tu penses sincèrement pouvoir réussir plus facilement à faire ce que tu veux de moi, c'est que tu te mets le doigt dans l'oeil ! »
Quelques secondes encore, je restai dans ses bras, avant qu'il ne s'éloigne de moi soudainement. Trop rapidement à mon goût. S'installant à quelques mètres à peine de moi, il commença à envoyer des sms tandis que je tentai – tant bien que mal – de reprendre mon travail ou je l'avais laissé. Mais c'était peine perdu : avec Logan à quelques mètres, avec ces regards qu'il me lançait, il m'était impossible de me concentrer et rapidement j'en vins à lui expliquer qu'il ne pouvait pas rester ici, car il m'empêchait de me concentrer. L'air innocent, il planta son regard dans le mien, avant de me répondre :
« Je dérange personne jusque-là. Je fais même pas de bruit ! Ooooooooooh je t’empêche de te concentrer… C’est que j’en ai du pouvoir ! Et après ça, j’suis pas un super-héros. Y’en a qui paierais cher pour en avoir un… toi, t’en a un sous la main et tu veux le foutre à la porte. C’est insensée… » il secoua alors la tête et, un sourire satisfait aux lèvres, il ajouta, « Non, en fait je reste. La chaise est confortable et la vue… bien plus que satisfaisante ! » Je serrai les mâchoires. Agacée, je pris le seul livre que j'avais encore dans la main, et le lui écrasai sur le sommet de la tête. Ca lui apprendrait à me regarder avec ce sourire niais aux lèvres. « Et on sait jamais, tu pourrais avoir faim tout à coup ! » Cette fois, je levai les yeux au ciel.
Soupirant, je lui tournai le dos, l'air agacé, avant de quitter le rayon pour aller dans un autre. Au moins, là, je n'aurais plus à supporter son regard. Mais c'était sans compter sur son entêtement. Alors que j'avais de nouveaux livres en main, et que je m'apprêtai à les ranger, je me retournai pour tomber nez à nez avec lui. Il avait encore un sourire aux lèvres, et celui-ci s'élargit lorsqu'il me vit sursauter et que j'en fis tomber mes bouquins.
« Bon sang Logan... » Je me baissai pour ramasser mes livres. Quiconque aurait pu nous observer se serait certainement marré. Effectivement, la situation avait quelque chose de drôle. Sauf peut-être pour moi, car sa présence me mettait dans tous mes états. « Je croyais que la chaise était confortable...? » dis-je alors, en faisant allusion au fait qu'il l'ait quittée pour me suivre jusque là. Alors que je me relevais, mes livres dans les bras, j'ajoutai : « T'avais pas un DVD à aller rendre ? »
Oui, j'essayais de le faire partir. Non pas parce que je ne voulais pas de lui à mes côtés, bien au contraire, mais surtout parce que l'éloigner serait la meilleure des solutions pour que je n'ai plus à m'humilier devant lui. Au sourire qu'il arborait, je devinai bien qu'il devait prendre un malin plaisir à me voir encore réagir comme ça à son contact, et c'était bien ce qui m'agaçait le plus. Pour la peine, je lui aurai bien jeté un autre livre à la figure, si seulement celui-ci aurait pu lui retirer ce petit air satisfait du visage.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Dim 17 Avr - 1:56
Avais-je un jour songé à nos retrouvailles dans de telles circonstances ? Surement pas. Aurais-je été si maladroit ? Usant à tout prix de cet humour de gamin qui ne ferait certainement rire personne à part moi ? Non. Ça n’était pas moi. Enfin si, c’était moi : Logan. C’était juste ma façon maladroite de lui rappeler que j’étais toujours le même d’une certaine façon. Qu’elle pouvait compter sur moi, malgré ces années noire qu’elle venait de vivre. De mon côté, je ne pouvais pas lui dire que j’avais vécu cette situation avec le sourire. Elle ne devait pas savoir grand-chose hormis ce que Court’ avait pu lui confier. D’ailleurs en avaient-elles parlé ? Ça n’avait pas réellement d’importance à vrai dire. Elle était importante. En quatre ans, j’avais vécu. J’avais fait des choses peu reluisantes. Je m’étais perdu dans des soirées avec d’autres femmes alors que je cherchais la mienne. Mon attitude avait été des plus stupides. Mais c’était humain, c’était ce que me répétait Liam en boucle. Que j’avais besoin de vivre parce qu’elle me manquait à en crever. Un jour tout avait dégénéré au bar lorsqu’un client avait osé prononcer son prénom dans une conversation. Un lourd silence c’était installé lorsque cet habitué avait senti mon regard sur lui. Je m’étais retenu de lui casser la figure, uniquement parce que mon père avait élevé la voix en prononçant mon prénom sur ce ton d’avertissement que je n’avais pas du entendre plus de 10 fois dans toute ma vie. Il m’avait toujours dit que je devais apprendre à me contrôler et éviter les débordements. Ce jour-là, j’étais prêt à exploser. Casey n’a jamais représenté une simple femme dans ma vie. Elle était toute ma vie. Apprendre à gérer le Lounge était l’idée d’Andy pour me garder occupé et m’éviter de cogiter. A la base l’idée était bonne. Jusqu’à ce qu’il n’arrive plus à m’en déloger. Parce que c’était mon substitut à l’absence de Casey. Je ne savais pas quoi faire de ma peau en dehors de ça. Elle me manquait tellement que dès que je me retrouvais seul, j’étais à deux doigts de craquer. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Avec qui ?! Pourquoi, je n’arrivais pas à la joindre ? Quelqu’un filtrait-il mes appels ? C’était pour ça que j’en étais venu à me pointer chez les Forsythe et que moins de 48 heures plus tard, son père débarquait au Lounge en m’insultant et me menaçant. Parce que je n’avais pas peur de l’affronter. Pourquoi je devrais avoir peur de lui ? Il n’est que mon beau père. Je ne lui dois absolument rien. Sauf qu’à cette seconde je compris qu’il avait un rôle essentiel dans le silence et l’absence de Casey. Elle était, je ne sais où, avec je ne sais qui. Loin de moi. Loin de ceux qui l’aiment. Ça n’était pas ma signature sur un formulaire qui ôterait l’amour que j’éprouve pour elle. Mon temps libre, je le mettais à contribution pour la chercher, la retrouver. Elle était forcément quelque part. Elle était vivante, je le savais. C’était un étrange sentiment, difficilement descriptible. Lorsqu’on vous arrache celle que vous aimez, vous sombrez dans une sorte de gouffre. Il n’y a pas de filet. Pas de fond. Vous tombez profondément mais je savais qu’elle était vivante. Sans ça, une autre émotion m’aurait submergé. Une émotion plus destructrice ou j’en serais certainement venu à me faire du mal. Elle était vivante et je le sentais. Jamais elle ne m’aurait abandonné de son plein gré. Elle m’aimait. Elle me l’avait assez répété pour que j’en comprenne le sens caché. L’amour n’était pas présent dans sa famille mais moi, elle m’aimait. Moi, Logan Matthews, le type le plus quelconque, maladroit et possédant un humour des plus douteux. Ce type-là qui était justement en train de la faire tourner en bourrique dans une conversation qui n’avait ni queue ni tête.
Quand je posais mes yeux sur elle, tout s’évanouissait. C’était juste elle et moi. Rien d’autre. L’environnement où l’on se trouvait n’avait plus d’importance. C’était les deux parts d’une même entité qui se scindait en une seule et même personne. Un phénomène à la fois étrange, paisible et terriblement bon. C’était comme naviguer sur un nuage dans un monde, où il n’y aurait que nous deux. Une sensation que je n’ai plus éprouvée depuis 4 ans. Un sentiment qui me noue l’estomac, les mots se coincent dans ma gorge et mon cœur s’emballe à ce simple regard. Je ne suis plus le patron du Lounge, juste Logan. Un mari qui avait tout perdu le jour où mon regard n’a plus croisé le sien. A cette seconde, je réalise que tout pourrait être comme avant. Qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour qu’on retrouve ou recrée ce qui nous est dû. Cependant, quatre années ce sont écoulées et c’est beaucoup. Ça prendra du temps et de l’énergie mais lorsqu’elle est là ; à ma portée, cette voix me pousse à croire que rien n’est impossible. Parce que sa présence peut tout changer pour moi. Elle peut me réapprendre à vivre et je peux lui réapprendre à sourire. Mais déjà on est dans cette étrange conversation où malgré ses questions sous-entendues, elle cherche à savoir s’il y a quelqu’un dans ma vie. Bien sûr qu’il y a quelqu’un. Il y a toujours eu quelqu’un. Ma mère. Puis elle. Les deux seules femmes de ma vie qui ont marqué mon existence par cet amour inébranlable. Un amour auquel, je peux me fier sans aucune hésitation. Je la titillais volontairement, cherchant une réaction précise chez elle. Choses qui pouvaient s’avérer problématique entre nous, c’était qu’on se connaissait un peu trop bien. On était capable de prévoir la réaction de l’autre et mon sourire en coin, suivit de ce regard qui la déshabillait sans la moindre vergogne, je savais qu’elle pourrait se rapprocher et me frapper juste pour que j’arrête ce jeu stupide.
« Arrête, Logan. » me murmure-t-elle, rougissante et fronçant les sourcils. Je pourrais arrêter mais ça reviendrait à sacrifier mon égo. Elle était inconsciente de la beauté qu’elle renfermait. Enfin, c’était ma femme. Certes ex-femme sur le papier. Sauf que ça reste ma femme. Il n’était pas question que quelqu’un vienne me la chaparder sous le nez. Oh non ! Quitte à me battre avec mes poings s’il le fallait, je ne laisserais certainement pas un inconnu me voler ma femme.
« Et pourquoi, je le ferais ? » enchainais-je avec ce petit sourire espiègle. « T’es inconsciente de cette beauté que tu dégages lorsque t’es embarrassée… Tu deviens l’étoile la plus scintillante lors d’une nuit étoilée… » Mon regard rivée au sien, j’étais persuadée qu’elle comprenait. J’étais à peine plus sérieux, lui faisant part de la façon dont elle m’apparaissait. Sa beauté n’était pas que physique. Pour moi, Casey avait toujours été bien plus qu’une jolie fille. C’était ma Princesse. Elle venait d’un rang social différent et ce surnom c’était pour marquer nos différences mais surtout mon affection pour elle. Une affection, un amour qui j’espère, elle en avait encore conscience. Parce que rien ne pourrait éradiquer mes sentiments pour elle. Pas lorsqu’un lien tel que le nôtre est aussi fusionnel.
« Tu m'en veux, de pas avoir refait ta vie ? » Ces mots jaillissant, je marquais un instant de recul. La fixant puis fronçant les sourcils. C’était une période pénible dont j’évitais particulièrement d’évoquer avec quiconque. Je me pinçais alors les lèvres. Qu’est-ce qui valait mieux la vérité, l’humour ou détourner le sujet ? Notre situation n’était-elle déjà pas assez compliquée ? Je pris alors une lente inspiration, faisant quelques pas sur le côté m’approchant des livres qu’elle rangeait.
« Tu connais déjà la réponse à cette question. » commençais-je en levant les yeux dans les siens. « J’te cache pas que j’suis passé par diverses émotions comme la colère, l’angoisse. Ma présence est la preuve irréfutable que je ne te tiens responsable de rien… comment je pourrais, Casey ?! » Elle m’avait confié ce par quoi elle était passée. Seule, elle avait tout traversé seule. Cette force incroyable, Casey la possédait. Je n’avais idée d’où elle pouvait la tirer. Enfin si, elle me l’avait écrit. Mais ça m’était encore difficile à concevoir que je puisse être sa force bienfaisante. Sa source d’énergie. Du moins, c’était difficile à intégrer et accepter. Surtout pour le type banal que je suis.
Changer de sujet devenait pressant. J’étais pas prêt à évoquer ces années. Et de son coté, je crois que c’était pareil. On avait besoin de se réhabituer à l’autre. Retrouver notre complicité avant de s’engager sur cette pente dangereuse qu’est notre passé et nos familles. Ainsi mon humour prit le relais une fois de plus. Sa réponse me fit sourire.
« Au contraire, je pense que je sais pertinemment ce que je perds. Il faut croire que la chose n'en vaut pas tant la peine que ça. » Elle pouvait dire ce qu’elle voulait, mais l’un comme l’autre nous ne valions pas mieux l’un que l’autre sur le sujet. Durant ces années, pour me sentir moins seul il m’était arrivé à plusieurs reprises d’aller sur la plage pour observer un coucher de soleil, me remémorant alors tous ses moments où on avait pu le faire ensemble. Installés dans le sable, glissée contre moi, la serrant amoureusement et profitant sereinement de ce moment paisible. Ça rendait ma situation moins douloureuse, même si le retour à la réalité qui s’en suivant était dévastateur. Pendant quelques instant, j’avais été seul avec ma femme. Même si ça pouvait sembler stupide, ça me faisait du bien au moral. Alors cette remarque me fit secouer la tête puis hausser un sourcil.
« C’était pour ménager mon égo, que tu t’en es jamais plainte alors ! merci chérie ! » continuais je de la provoquer. Elle était intelligente et savait que même si j’arrivais encore à me contenir, je ne pourrais pas me tenir aussi distant éternellement.
La distance physique diminuait au fil des minutes et quand à l’émotionnelle, je crois pas qu’elle ait réellement eu de place entre nous. La preuve en était à cette seconde. Cette conversation nous menait lentement vers une sorte d’aveux sous-entendus. Même si elle ne me disait pas qu’elle m’aimait, je le savais et inversement. Quoique moi, je devrais faire l’effort de lui dire. Pas parce qu’elle l’ignore mais parce qu’elle doit avoir besoin de l’entendre. De celui qui n’a jamais espérer s’unir à une autre femme qu’elle. Nos automatismes revenaient comme si de rien était. C’était si rassurant. Si bon. Dieu que j’aimais ça. En avait-elle conscience qu’elle était tout juste en train de soigner une blessure que j’avais désespéremment cru irréparable.
« Peut-être, mais j'suis certainement pas celui de nous deux qui en aurait le plus besoin. » Elle me faisait rire doucement. J’avais franchement un doute. Parce que 4 ans d’abstinence, ça m’étonnerait franchement que comparativement, ça ne soit pas elle la plus frustrée.
« Tu veux vraiment prendre le risque de vérifier ça ? Je pensais juste à toi, tu sais. T’aider à te détendre mais si tu préfères te planquer avec tes bouquins plutôt que d’un bon moment avec quelqu’un qui sait réellement faire naître des sensations et sentiments unique. C’est ton choix… » penchais-je la tête, sans la quitter des yeux. Je n’allais pas la forcer à combler la distance entre nous. Je comprenais qu’elle luttait contre cette envie mais qu’une crainte pouvait la retenir. Qu’avec ces quatre années, elle cherchait d’une certaine façon à me protéger. Que cette distance était la seule chose qui l’aiderait à y parvenir. De mon côté, je savais que cette lutte ne s’éterniserait pas et qu’avant la fin de la journée, je la serrerais à nouveau dans mes bras. Que chaque chose rentrerait dans l’ordre au fur et à mesure. Pas à pas. On finirait alors par trouver un équilibre, c’est là que le temps nous y aidera. C’était ce qu’Andy m’avait appris. Avoir foi en l’être humain. Il était mon modèle, mon mentor. S’il y a une personne à qui je voulais ressembler, c’était bien lui. Mon père.
Quand je disais qu’on ne valait pas mieux que l’autre, c’était déroutant. Cette façon qu’on avait de se provoquer, de s’opposer, uniquement pour agacer l’autre et le dérouter. Parce qu’il ne s’agissait pas de nos sentiments l’un envers l’autre mais de ce besoin de s’assurer que nous pouvions encore gérer cette complicité. Le genre de détails qui ne sauteraient aux yeux de personnes. Tout le monde ne verrait que notre opposition alors c’était le moyen de nous dire que rien avait changé. Que l’essentiel était toujours à sa place. Les situations peuvent évoluer mais certaines choses restent immuables. Sa réponse m’aidait à me retrouver. J’étais moins sur mes gardes, plus détendu. Parce qu’elle était là, mais surtout parce qu’elle n’éprouvait aucune crainte vis-à-vis de moi. Car elle savait que jamais je n’oserais faire un geste, élever la voix ou l’obliger à faire quelque chose tant qu’elle n’en serait pas convaincue.
« Bien sûr que c'en est une. Quoi ? Tu ne me fais pas confiance ? Tu ne penses pas que je pourrais m'avérer être une infirmière exemplaire ? Tant pis pour toi alors. Tu sais pas ce que tu rates » Cette affirmation, ces questions, c’était Casey. Elle ne me foutrait pas la paix. Ça n’était pas son genre. Avant même qu’on se fréquente, elle avait cette prédisposition à me faire tourner en bourrique. Ce qui marchait inévitablement. Au fond d’elle, elle sait ce que je répondrais à ces questions mais je n’y répondrais pas. Pas maintenant en tout cas. Je lui adressais alors ce sourire unique.
« Tu m’as manqué. » soufflais-je en plongeant mes yeux au fond des siens. « comme jamais personne ne m’a jamais manquée. » Ce qu’elle savait pertinemment. Mais le dire à haute voix, c’était autre chose. Et même si je détestais me montrer vulnérable et que ma voix tremblait de la profondeur de mon émotion, je savais qu’elle lirait en moi. Chose qu’elle a toujours fait. Elle m’a toujours comprit. Ou du moins comprit au-delà de ce que certaines filles voyaient chez moi. Elle a toujours vu l’homme bon pour elle. Pas celui qui gardait un œil rivée sur la fortune qu’elle représentait. Parce que je la faisais passer avant le reste. Son bonheur faisait le mien. Son sourire me faisait sourire. Quand elle était triste, je l’étais aussi. Il n’y avait pas de juste milieu. Dans ces moments-là, mon humour caractéristique pouvait être bénéfique. Je l’aidais à sortir de sa bulle de tristesse pour être à nouveau accompagné du type complètement débile et ingérable que je pouvais être. Et d’une certaine façon, elle en avait besoin aujourd’hui.
Mon père. Je n’avais pas besoin de m’étaler sur le sujet. Pas besoin de lui en parler. Elle savait. Mieux que personne, Casey a conscience de la force de cette souffrance dévastatrice. Elle me connait tout autant que ma mère. Et si vis-à-vis de la mort d’Andy, je n’ai fait aucune blague stupide devant ma famille. Ici, c’était inévitable. C’était un besoin. Je ne veux pas que les gens ait pitié de moi. Je ne veux pas qu’il sache comment je le vis. Suis-je un expert en dissimulation ? Je ne crois pas. Liam sait, Danny aussi et à travers les mots de Casey, ses gestes, son affection qu’elle me destine j’ai la preuve formelle qu’elle sera là pour m’épauler. Si je ne me permettrais pas de craquer devant Danny et Liam, je sais que face à elle, je le pourrais. Parce que ça restera entre nous et qu’elle a vécu ça. Différemment mais elle l’a vécu. Qui sera alors le mieux placée pour me soutenir dans cette épreuve ? Ses lèvres frôlent ma main et c’est le premier geste physique qu’elle s’autorise à mon égard. Ce qui me touche plus qu’elle ne l’imagine. Je ne m’arrêterais pas à ce geste. C’était un bon début. Mais je ne la laisserais pas s’éloigner, quand bien même chaque geste complique notre attirance. Parler d’Andy, je ne peux pas. Du moins pas ici. Pas dans cet environnement. Un jour, je le ferais. Je lui dirais. Ça ne serait surement pas beau à voir et Casey sera peut être l’unique personne à recevoir ses confessions. Parce qu’elle aimait Andy aussi. Parce qu’ils avaient une relation particulière tous les deux. Une relation dont je n’aurais pu rêvé. Qui aurait imaginé que mon père accepte si facilement Casey et me donne tant de conseil pour que ça marche entre nous. Il était le premier à nous soutenir dans cette relation.
Quand vient le moment des questions, je détournais plus ou moins la conversation. Elle voulait savoir comment j’avais su et je lui répondais que si je le savais, son père le savait également. Que s’il avait voulu nous empêcher de nous voir, elle ne serait déjà plus là. Okay, c’était pas malin de ma part mais je tenais juste à ce qu’elle intègre que c’était un signe. Une chance pour nous. Je voulais qu’elle oublie cette fatalité. Qu’elle oublie son père. Sauf que Casey était butée et qu’une question en enchainait une autre. Je lui devais au moins la vérité sur son père, ses agissements, ses dernières années durant lesquels j’avais pris certains risques à l’affronter sans la moindre crainte. Parce qu’en faisant du mal à Casey, c’était moi qu’il atteignait en première ligne. Nous séparer a toujours été son principal but. Bien qu’il y soit parvenu, je ne le laisserais pas recommencer. C’est pourquoi j’avais pris certaine précautions. Et il y avait l’enquête. Chose que je m’étais promis de lui dire. Je ne voulais pas qu’elle l’apprenne de quelqu’un d’autre. C’était à moi de gérer ça. On le ferait ensemble.
« Ca nous avancera à quoi, qu'il soit emprisonné, hein ? Ca vous ramènerait pas, s'il venait effectivement à s'en prendre à vous. » Je ne voulais pas qu’elle pense au pire. Sauf qu’après 4 ans de solitude, certaines marques invisible à l’œil nu apparaissait. « Et puis, de quoi est-ce que tu parles ? Pourquoi... pourquoi tu as porté plainte contre lui ? »
Elle s’emportait. Preuve qu’elle n’était pas prête à parler de son père, de ses agissements. Je voulais juste éclaircir la situation. Qu’elle sache, tout simplement. Que je ne lui cacherais rien. J’étais là, bien vivant. On était ensemble et c’était tout ce qui comptait à cet instant. J’en viens alors à lui parler de la visite de son père, de ses insultes et que finalement on en était venu aux mains tandis que son père finissait aux urgences. Je savais qu’elle n’aimerait pas. Que perdre le contrôle était la pire qui pouvait m’arriver mais je ne le laisserait jamais menacer ceux que j’aime. Alors oui, j’avais porté plainte. Le pire pour son père ayant été qu’il avait fait ça au Lounge devant témoin. Forcément, il n’aurait pas la loi avec lui. Ce qui depuis le maintenait à une certaine distance. Toutefois, je n’étais pas idiot au point de croire qu’il resterait en retrait très longtemps. Il était ce genre de personnage qui avait toujours un plan de secours. « J’devais faire quoi ? le laisser menacer ma famille ?! » secouais-je la tête. Casey était sa fille mais ça n’empêchait pas qu’elle valait cent mille fois mieux que son paternel. A croire que les deux filles Forsythe ne ressemblait pas à leur père. A vrai dire, c’était à se demander comment elle pouvait être aussi honnêtes, généreuse et pleine de bonté lorsqu’on apprenait leurs origines familial. C’était vraiment déroutant. « C’est pas en vendant des bonbons que ta famille a fait fortune. Les actes illégaux s’accumulent. A mes yeux, il est comme un mafieux. Il a des connexions partout et personne n’ose s’opposer à lui mais, je vais pas me rabaisser devant lui. Pas pour lui donner une leçon mais pour… on est des êtres humains. Personne ne devrait avoir à contrôler qui que ce soit… »
Je lui avais ensuite fait part de combien me défouler sur lui, m’avait réellement fait du bien. J’aurais surement du m’en abstenir mais c’était vrai, lui casser la figure l’avait remis en place. Mais surtout, ça endommageait son image d’homme parfait à qui tout réussit. Même si aujourd’hui la situation risquait de basculer à tout moment. J’allais devoir arriver à expliquer plus en détails la situation à Casey. Le FBI. La protection de Danny et de son équipe. L’enquête. Ça n’avait rien d’une partie de plaisir et même si Court’ m’avait prévenue que Casey risquait de piquer une crise, je l’avais pratiquement supplié de ne pas laisser filtrer un seul mot sur le sujet. C’était à moi de lui dire. A personne d’autre. Sa réaction ne se fit pas attendre. J’avais la preuve évidente qu’elle essayait de se contrôler. Elle mettait une barrière entre nous. Parce qu’elle devait imaginer que je ne comprenais pas. Que je voulais certainement jouer au héros ou que je souhaitais me distinguer en faisant tomber son père de son trône. Tout ce que je voulais c’était la protéger. M’assurer simplement que cet homme ne pourrait plus contrôler ses filles et qu’il n’aurait plus l’opportunité de leur faire du mal. Ça me mettait en première ligne, j’en avais conscience. Sauf que je n’étais pas seul. J’étais qu’un jeune crétin aux yeux de Forsythe mais un crétin qui avait de la suite dans les idées et la loi avec lui. J’y croyais et je tentais de me focaliser sur les consignes de Danny. De nos rapports réguliers afin d’éviter les débordements.
Toutefois avant de revenir sur le sujet de son père, je lui révélais la vérité. Don, je le connaissais depuis que j’étais môme alors oui, il m’arrivait d’entretenir un tas de conversations avec lui et ce, même si je détestais ces livres. C’est comme ça, que j’avais su qu’elle était ici. Elle ne pouvait pas me reprocher de venir la voir. Sauf que ma tentative d’humour ne lui plaisait pas. C’était juste pour laisser retomber la pression qui s’était installé. Déjà je savais qu’une certaine inquiétude était revenue lorsque j’avais évoqué son père. On avait besoin de se comprendre. C’était plus que ça. Ma main dans la sienne, je voulais qu’elle réalise que peu importe ce qui arriverait, je me tiendrais toujours à côté d’elle. Que jamais, je ne la lâcherais. Casey était mon challenge et ma destinée. Sans elle, je n’étais rien qu’un pauvre type. Elle faisait de moi quelqu’un de meilleur et de plus fort. J’aime croire l’idée que c’est réciproque. Car sinon, serait-elle ici aujourd’hui ? Ma main dans la sienne, cette caresse me rassure et mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je déglutis difficilement alors que je prends cette décision qui va changer nos vies à jamais. La vérité. La menant vers la fenêtre qui donne sur la rue, je lui montre le véhicule sombre à vitres teintées où avec la lumière du jour on devine deux ombres. De l’une d’elle se découpe la silhouette de Danny qu’elle reconnait et ses questions s’enchainent alors que, tant bien que mal j’essaie de lui faire comprendre qu’ils ne sont là que pour notre protection. Sauf qu’elle réagissait impulsivement, comme trahi. Alors que je voulais qu’elle comprenne que c’était par sécurité et parce que le dossier de son père était chargé. Que c’était nécessaire. De toute façon, ça n’était pas comme si elle pourrait s’en débarrasser. S’éloignant de moi et lâchant ma main, les questions fusent.
« Court' le sait ? » Je détourne les yeux. C’était mon idée que la plus jeune des deux, garde ses lèvres scellés le temps que je l’annonce à Casey. C’était elle et moi que ça regardait. Même si Court’ était sa sœur, son père ne s’en était jamais prise à elle. Evidemment la plus jeune avait protesté mais j’avais tenu bon. Vous comptiez me le dire quand, hein ?! » Elle le prenait mal et j’allais devoir faire preuve de plus de patience. Le temps qu’elle se calme et réalise que ça n’était pas pour nuire à sa liberté mais pour prévenir d’un quelconque problème à venir, si son père tentait d’entrer en contact avec elles. « J'en veux pas, de cette protection. J'suis assez grande pour me débrouiller toute seule. » Etonnant ? Pas exactement. Je le savais depuis le début qu’elle allait prendre la mouche. Face à elle, ma patience et mon calme pourrait l’agacer. M’énerver ne servirait strictement à rien. Je continuais alors avec un calme qui me ressemblait que trop peu.
« Pour commencer, j’ai demandé à ta sœur de la boucler là-dessus. Parce que c’était à moi de te l’annoncer. T’aurais préféré l’apprendre par un inconnu ou le découvrir par toi-même ? » Fis je finalement avant de la provoquer. « Et tu feras quoi lorsqu’il se pointera devant toi ou qu’il tentera une nouvelle fois de t’envoyer à Pétaouchnok hein ?! » Je la fixais, un brin agacé qu’elle le prenne ainsi. « Je sais et je comprends mieux que tu te l’imagines… » tentais-je avec plus de douceur. « Danny ne m’a pas laissé beaucoup de marge. C’était la protection des témoins ou une équipe de protection qui se relaie. Le système de protection des témoins ça voulait dire changer de nom, déménager… Au fond de moi, je savais que tu reviendrais. Je pouvais pas me résoudre à l’idée que tu imagines que j’ai pu t’abandonner… c’est pas moi. Je peux pas te laisser derrière moi. JE NE PEUX PAS ! » appuyais je sur ses derniers mots.
C’était aussi étrange parce que je comprenais que l’idée de se savoir surveillé pouvait la rendre folle de rage. Surtout après ce qu’elle avait vécu en Europe. Mais c’était différent. On était libre de nos mouvements. Cette protection n’était là que pour s’assurer que personne n’entravait notre sécurité. Ainsi, ils surveillaient Forsythe de près et jusque-là, il n’y avait pas eu de dérapages.
Alors qu’elle reprenait sa tâche de ranger ses livres, je songeais plutôt à l’inviter à déjeuner. Elle restait enfermée ici pour ne voir personne. Comme si, elle aurait pu croire que cette idée ait pu m’échapper la moindre seconde. Il n’y a pas trente-six raisons pour qu’elle reste confinée dans cette bibliothèque, malgré ses prestigieux ouvrages. Casey et moi, nous jouyions avec le feu depuis l’instant précis où j’ai posé mes yeux sur celle en pénétrant dans cette bibliothèque. Ce moment provenait de l’évidence. Certes, je l’avais provoqué en finesse mais je savais qu’elle en viendrait à répondre à mes gestes. Parce que rien n’avait changé quand à l’intensité des sentiments qu’on éprouvait vis-à-vis de l’autre. Je voulais qu’elle sache, qu’elle resssente, qu’elle vive. Je serais là. Toujours pour elle. Plus que pour n’importe qui dans ma vie. Elle est ma priorité. Les gestes deviennent plus naturel et ses lèvres sur ma joue me frustre légèrement. C’était un tout autre baiser que j’aurais préféré mais on se rattrapera. J’avais confiance. En elle. En nous. Ses doigts sur ma nuque me font frissonner et je l’oblige à me promettre de ne plus jamais partir sans m’avertir. J’avais trop angoissé, trop paniqué lorsque son père avait orchestré son départ. Ça ne pouvait se reproduire. Cette fois ci, je ne la lâcherais pas d’une semelle. Enfin pas au sens littéraire. Et puis, je ne voulais pas qu’elle se sente seule. Elle l’avait été durant trop longtemps, il était temps qu’elle reprenne contact avec la réalité qu’elle renoue avec ceux qui l’aime, avec ceux qui représente sa famille.
« Oh que non », me répond-t-elle avec un léger sourire. « Si tu penses sincèrement pouvoir réussir plus facilement à faire ce que tu veux de moi, c'est que tu te mets le doigt dans l'oeil ! »
« DIEU MERCI !! On t’a pas lobotomisé ! » ironisais-je avec un clin d’œil. « Qui ne tente rien, n’a rien ! Je veux pas te changer… Pas pour moi. Je ne suis pas l’un de tes anciens soupirants qui disait Amen à tout et n’importe quoi. Je veux juste ma bonne vieille tête de mule qui aime tant me faire tourner en bourrique ! »
Sous-entendu, je voulais ma femme. J’en viendrais à lui dire. A un autre moment. Dans d’autres circonstances. Peut-être pas ici. M’éloignant alors je tirais finalement une chaise pour m’y installer. Si elle pensait sincèrement que j’allais partir de cet endroit, c’était elle qui se foutait le doigt dans l’œil. Elle devrait supporter ma présence et ce qu’elle le veuille ou non. Mais déjà je savais qu’elle ne pourrait pas tenir plus de quelques minutes. Ma présence a toujours eu pour effet de la distraire et de l’empêcher de se concentrer. Surtout lorsqu’on a commencé à se fréquenter. Alors après quatre années de séparations, on pouvait aisément dire que ce sentiment devait être décuplé. Ce qui d’ailleurs elle ne tarda pas à me faire part. Une bouffée de satisfaction s’empara de moi. Décidément certaines choses n’étaient pas prêtes de changer. Et c’était vraiment, vraiment, vraiment bon ! Sous mes mots, j’eu droit à sentir le poids d’un de ses bouquin si prestigieux sur mon crane. J’entendis presque une cloche résonne dans ma tête mais déjà je repartais à l’attaque pour mon invitation à déjeuner avant de rire en la voyant lever les yeux au ciel. « Tu pourrais au moins avoir pitié pour mon estomac ! » rajoutais je tandis qu’elle s’éloignait dans un autre rayon.
Sur ma chaise, bien que confortable, la vue était tout de suite bien moins intéressante. Avoir une pile de livre comme vue, y’avait mieux quand même. Et puis, bon sang, j’étais pas ici pour les bouquins mais pour elle. Elle pouvait pas les lâcher un moment pour rester un moment avec moi ? Ainsi, je finis par me lever et la suivre dans un rayon, sans faire de bruit mais visiblement elle était nerveuse. Le simple fait qu’elle sursaute à ma présence en était la preuve à mes yeux. Ce qui ne pouvait m’empêcher de sourire. Débile ? J’en avais trop rien mais toujours était-il que j’aimais trop ce petit être vulnérable pour la quitter des yeux plus de deux minutes consécutives.
« Bon sang Logan... » se baisse-t-elle pour rammasser ses livres alors que j’en fais de même pour l’y aider. « C’est bien mon nom. Au moins, j’suis sûr que t’es pas prête de m’oublier… car tu vois… » désignais-je les deux trois types présent dans le rayon et qui étaient déjà en train de la reluquer des pieds à la tête. Ce qui avait pertinemment le don de me foutre les nerfs en pelote. « Y’en a qui ont des yeux pour remarquer ce qui est le plus inestimable ici ! » rajoutais-je sachant pertinemment qu’elle dirait que c’était ridicule ou quelque chose de ce style. « Je croyais que la chaise était confortable...? » évidemment, elle change de sujet. Je ris doucement, cet air malicieux venant se peindre sur mon visage. « Elle l’est… mais la vue l’était moins tout à coups. Tant qu’à faire autant joindre l’utile à l’agréable. Et pas question que j’te perde des yeux. L’un de ses gugus pourrait avoir l’idée de se la jouer un peu débilos, juste histoire de te draguer ! Alors que ça, c’est mon rôle ! On pique pas la vedette à Logan Matthews ! » déclarais-je le plus sérieusement du monde. Je savais bien qu’elle aurait quelque chose à rétorquer. Elle a toujours quelque chose à rétorquer. C’est ce qui la rend plus intéressante que toutes ses autres filles qui disent oui quand elles n’ont pas d’opinion. Casey en a sur tout. D’ailleurs elle revient à la charge : « T'avais pas un DVD à aller rendre ? »
« Un DVD ?! Quel DVD ?! » La fixais-je sans comprendre avant de me souvenir. « Ah oui… et ben en fait… » Je récupérais le fameux DVD posé sur l’étagère avant de l’ouvrir et d’esquisser un lent sourire espiègle. J’ouvris ainsi le boitier qui était vide. « Dommage hein ! J’crois que Liam a oublié de mettre le DVD dedans ! Et là, tu vas te dire que j’l’ai volontairement fait exprès ! » ris-je en glissant ma main sous son coude pour l’aider à se relever quand machinalement, je lui pris les livres des mains et qu’elle se mettait à les classer. Je jetais un œil derrière elle pour regarder les types qui ne cessait de la déshabiller. « Alors à ton avis, lequel va se jeter sur toi pour t’inviter ? Oh tiens j’suis sûr que y’en a au moins un qui va bégayer en essayant… Ah non, ils auront pas le cran. T’es trop sexy pour sortir avec eux… on va déjeuner, s’il te plait Princesse ? » On était là tous les deux et elle s’évertuait à ranger ses livres tandis qu’on pourrait être assis sur une terrasse ou dans un bon restaurant ou même à la maison pour savourer un moment juste tous les deux. Où elle n’aurait pas à subir d’autres regards. « Je mettrais pas les pieds dehors tant que tu seras ici. Tu l’as bien compris, hein ? » penchais je la tête sur le côté avec un lent sourire. « Tu pourrais au moins faire un effort pour ton MARI ! » appuyais volontairement d’une voix un peu plus forte pour que ces deux types m’entendent clairement. Tout en gardant mon sérieux alors que l’envie de rire me parcourait, je plongeais ainsi mon regard dans le sien, une lueur satisfaite dans les yeux. J’étais sûr que mon petit effet marcherait à la perfection.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Ven 22 Avr - 13:44
Qui aurait pu croire que la présence de Logan à mes côtés me ferait cet effet ? Qui aurait pu croire qu'à son contact, certains automatismes me reviendraient si facilement ? Me serais-je imaginé que la vie, dès lors qu'il serait dans les parages, me semblerait plus douce ? C'était bel et bien ce qui était en train de se passer. Sa présence à mes côtés, en plus de me distraire, m'apaisait. Etait-ce dû à son humour à deux balles ou à sa simple présence ? A vrai dire, je n'en savais rien. Peut-être que ça venait des deux. Toujours était-il que je me surprenais moi même à répondre à ses remarques et provocations diverses et ce, non sans un certain aplomb que j'avais pourtant pensé ne plus posséder. A ses côtés, à son contact, j'avais l'impression que chaque chose reprenait sa place, et que ma vie reprenait tout son sens. C'était comme si ces quatre années n'avaient jamais existé, comme si jamais, nous n'avions été séparés, et comme si nous étions encore ces ados insouciants à qui la vie souriait. Je savais pourtant que ça n'était pas le cas, que nous n'étions plus à présent le Logan et la Casey que nous avions été et que plus jamais, les choses ne seraient comme avant. Parce que nous avions changé et que, que nous le voulions ou non, notre séparation nous avait tous les deux marqués et anéantis. Malgré tout cela, une part de moi se plaisait à croire que, peut-être, tout ce que nous avions vécu pendant ces quatre années où nous avions été séparés l'un de l'autre n'avait aucune importance, que seuls nos sentiments pour l'autre comptaient encore à ce jour et que, un jour peut-être, nous pourrions de nouveau avancer ensemble, main dans la main, vers l'avenir. Pourrions nous cependant oublier ces quatre années, les laisser de côté ? Non. C'était impossible. Je le savais. Parce qu'il n'y avait pas un seul jour où je ne pensais pas à ce fils que nous avions eu, à cette vie que nous aurions pu avoir. Je le savais, notre séparation, l'enlèvement puis la mort de notre bébé avaient brisé quelque chose en moi, une chose qui ne pourrait jamais être réparée et ce, même avec tout l'amour du monde, et celui inconditionnel que Logan pourrait m'apporter. Oui, j'en étais certaine, je ne pourrais rien oublier. Mais avec du temps, et le soutien de Logan alors, peut-être que je pourrais apprendre à me concentrer sur l'avenir, plutôt que sur le passé. Peut-être que je pourrais apprendre à vivre avec cette douleur, qui, si elle m'avait semblée insupportable jusqu'à présent, semblait cependant s'apaiser dès lors que Logan était à mes côtés.
Ses paroles stupides me divertissaient. Bien que je tente de lui cacher, j'écoutais tout ce qu'il disait avec une très grande attention. Aussi, c'est ainsi que, lorsque je fis mention d'autres femmes, je ne pus m'empêcher de lui poser cette question qui m'avait si souvent traversé l'esprit ces derniers jours et à laquelle sa réponse aurait pu – je le savais – anéantir le si peu d'espoir qu'il restait encore en moi de récupérer, un jour, tout ce que j'avais perdu par le passé. Logan n'était cependant pas décidé à m'apaiser. Bien décidé à me faire languir, il en vint à me titiller en faisant cette fois lui même mention d'autres femmes ce qui, bien que je tentai de le cacher – me rendait folle de jalousie. Contrôlant celle-ci, j'avais affronté son regard, un regard qui ne se gênait pas pour me déshabiller et qui était empli de désir. Rougissant bien rapidement, embarrassée par son geste qui, néanmoins, m'agaçait – et qui m'avait toujours agacée, à vrai dire – j'en étais bien rapidement venue à lui demander d'arrêter, sur un ton qui avait cependant été beaucoup moins ferme que ce que j'aurais voulu.
« Et pourquoi, je le ferais ? » me demanda-t-il pour me provoquer, avec ce sourire espiègle aux lèvres. Je secouai légèrement la tête, avant de détourner le regard, incapable de soutenir le sien plus longtemps. « T’es inconsciente de cette beauté que tu dégages lorsque t’es embarrassée… Tu deviens l’étoile la plus scintillante lors d’une nuit étoilée… », ajouta-t-il alors, ses mots m'obligeant presque malgré moi à relever les yeux dans sa direction.
L'espace de quelques secondes, je le regardai, sans rien dire. Je savais qu'il pensait ce qu'il disait. Parce que, pour quelque raison stupide, Logan m'avait toujours trouvée... exceptionnelle. C'était du moins comme ça que je m'étais toujours sentie, à ses côtés. Parce qu'il avait eu cette façon de me regarder, de me parler, de me toucher, comme si j'eus été la plus belle, la plus douce et la plus fragile des femmes en ce monde. Il m'avait traitée en reine, me mettant bien souvent sur un piédestal que je ne méritais cependant pas. Jamais je n'avais réellement compris, ni même accepté cette façon qu'il avait eu de me considérer. Alors, bien souvent, je lui avais répété qu'il en faisait trop, tentant, tant bien que mal, de lui faire comprendre que le plus chanceux d'entre nous, dans notre couple, ça avait été moi. Parce que Logan était un homme exceptionnel, quoi qu'il en dise, et qu'il était certain qu'il aurait mérité une fille bien meilleure que moi. Ou du moins, une fille à la famille meilleure que la mienne, une fille dont la famille ne lui aurait jamais causé le moindre tord, ni même posé le moindre obstacle. Malheureusement, il avait fallu qu'il s'entiche d'une fille comme moi, une fille qui avait été son opposé le plus complet et qui lui avait tenu tête. A croire qu'il avait aimé la complication, et surtout le caractère impossible de notre relation.
« Dis pas n'importe quoi. » répondis-je alors, encore persuadée qu'il en faisait trop. Comme toujours, à vrai dire. « Tu sais que je n'aime pas quand tu exagères de la sorte. », ajoutai-je alors, en espérant qu'il arrêterait peut-être ainsi de tout faire pour m'embarrasser. C'était malheureusement trop espérer, connaissant Logan. Que ça soit maintenant ou plus tard dans notre conversation, je savais qu'il reviendrait à la charge, simplement pour avoir la satisfaction de voir le rouge me monter aux joues.
Quand il m'avait alors avoué n'avoir personne dans sa vie, il poussa un soupir que je ne savais pas comment interpréter. C'était ainsi que, malgré moi, j'en vins à lui demander s'il m'en voulait, pour ne pas avoir refait sa vie. Je ne lui posais pas cette question pour le mettre mal à l'aise, bien au contraire. Je voulais juste... la vérité. Une vérité qui m'aurait certainement été difficile à entendre, si sa réponse avait été positive, mais à laquelle j'aurais dû et pu faire face. A ma question cependant, je sentis comme un léger malaise s'installer, bien que ça n'en soit pas totalement un. Il me fixa un instant, les sourcils froncés, sans vraiment savoir quoi me dire. Je le vis se pincer les lèvres, et après un instant de réflexion, il se lança, s'approchant des livres que je rangeais.
« Tu connais déjà la réponse à cette question. », commença-t-il lorsque, relevant les yeux dans ma direction, son regard croisa le mien une nouvelle fois. « J’te cache pas que j’suis passé par diverses émotions comme la colère, l’angoisse. Ma présence est la preuve irréfutable que je ne te tiens responsable de rien… comment je pourrais, Casey ?! »
Je détournai mon regard, avant d'hausser les épaules. J'étais en partie responsable de notre séparation, de cette longue absence qui nous avait tant coûté, à tous les deux. Il aurait été naturel qu'il m'en veuille, ne serait-ce qu'un peu. Ca aurait pu se comprendre. En un sens, ça m'aurait peut-être aidé. Parce que moi même, j'avais ce poids sur les épaules, cette culpabilité qui ne cessait de m'habiter et ce, bien que je sache pourtant que je n'étais pas la seule responsable de ses malheurs. Mais je le savais, Logan n'accepterait jamais que je lui dise de tels mots. Parce qu'à ses yeux, il n'existait qu'un seul coupable, à tout ce qui nous était arrivé : mon père. Il avait peut-être raison. Une chose était certaine, ce dernier avait occupé une grande part de responsabilité dans notre séparation. Cependant, il n'était peut-être pas la seule personne à blâmer.
« J'suis désolée, » fut tout ce que je trouvai à répondre, dans un premier temps. Je ne m'excusais pas seulement d'avoir posé cette question qui l'avait visiblement bouleversé, d'une manière ou d'une autre, mais je m'excusais aussi et surtout pour toutes ces choses qu'il avait dû affronter sans moi, pour toute cette peine que mon départ avait dû lui causer. « Je... » continuai-je alors, avant de m'arrêter soudainement, et de secouer la tête. « Non. Oublie ça. »
Ca n'était pas le moment, ni l'endroit. Pourrait-il comprendre ma culpabilité ? Probablement pas. Et connaissant Logan, il ne ferait probablement pas le moindre effort pour accepter celle-ci, en partie à cause de ce piédestal sur lequel il me plaçait si souvent. L'idée que j'aie, moi aussi, des défauts, que j'aie moi aussi pu lui faire du mal – même involontairement – il n'était pas encore prêt à l'accepter. Je gardais donc mes explications pour plus tard en espérant, secrètement, que l'occasion se présenterait et que j'aurais alors la force de lui dire en face tout ce que j'avais encore sur le coeur et que j'étais pourtant incapable d'avouer.
Décidant de changer de sujet en voyant que celui-ci commençait à devenir trop sérieux, Logan m'avait alors proposé de faire un tour avec lui dans le placard à balais. Tentant de garder mon sérieux devant sa proposition, j'avais refusé celle-ci, ce qui le vexa bien évidemment. A mon refus, il ne trouva rien de mieux à me sortir que le bon vieux coup du « Tu sais pas ce que tu perds, ma petite » auquel j'avais répondu, le plus sérieusement du monde, qu'au contraire, je savais pertinemment ce que je perdais et que, finalement, la chose ne valait peut-être pas le détour. Mon objectif n'était pas de remettre en cause sa virilité, loin de là... Mais simplement de le taquiner un peu. Ce qui, bien évidemment, fonctionnait à merveille et ce, pour mon plus grand plaisir. Secouant la tête, il haussa un sourcil, avant de me s'exclamer :
« C’était pour ménager mon égo, que tu t’en es jamais plainte alors ! merci chérie ! » un léger sourire se dessina sur mes lèvres puis, marchant dans son jeu, je répondis, « A vrai dire, c'était surtout parce que je craignais qu'en me plaignant, tu finisses par te décourager. Tu te consacrais à la tâche avec tellement d'ardeur et de passion qu'il m'aurait été difficile de t'avouer la vérité si brutalement. Tu aurais pu ne jamais t'en remettre. Plus qu'une question d'égo, c'était pour préserver ta santé mentale. »
J'avais bien du mal à garder mon sérieux, à parler comme si j'étais convaincue de ce que je disais. Parce qu'en vérité, Logan m'avait toujours comblée. Il avait été le meilleur mari, amant, ami, qu'une femme aurait voulu avoir. Mais le reconnaître, c'était lui laisser savoir toute cette importance qu'il avait eue dans mon coeur, et dans ma vie, une importance dont il était conscient mais que j'étais encore à ce jour incapable de reconnaître, face à lui. C'était encore trop tôt. Je ne voulais pas que d'anciens sentiments refassent surface et que ce soient eux qui nous poussent dans les bras l'un de l'autre. Nous n'y étions pas encore prêts, et nous ne le serions pas de si tôt. Peut-être que, si mon retour s'était fait dans d'autres circonstances, peut-être que si Andy avait toujours été en vie, alors, les choses se seraient passées différemment. Mais je savais cependant que la mort de ce dernier rendait Logan vulnérable et que ça n'était par conséquent pas le moment d'en aller à de telles confessions. Et puis, l'humour avec lequel il m'avait abordé était bien la preuve qu'en un sens, lui aussi, n'était pas prêt à tout ça. Nous avions tous les deux besoin de temps, chacun pour des raisons différentes, mais c'était néanmoins comme ça et nous ne pouvions pas nous précipiter dans les sujets trop épineux ou douloureux, au risque de voir l'un de nous se fermer à l'autre. Alors, en attendant, nous utiliserions l'humour, tous ces non-dits, ces regards lourds de sens pour nous faire mutuellement savoir combien nos sentiments étaient restés inchangés. Ce qui pouvait, d'apparence, faire de nous des personnes incorrigibles et je réalisais à présent que je ne valais probablement pas mieux que lui. Peut-être que c'était pour cette raison que nous étions faits pour être ensemble, et que la vie nous avait de nouveau réunis?
Comme pour me convaincre une dernière fois, Logan avait fini par me dire que ce petit tour dans le placard à balais m'aurait été plus que nécessaire – ce qui n'était pas totalement faux compte tenu de ces quatre années d'abstinence. Quand bien même il avait raison, jamais je ne l'admettrai. Il était hors de question pour moi de passer pour une fille en manque, bien que ce soit exactement ce que j'étais. Gardant un minimum de fierté, j'admis ainsi qu'il avait peut-être raison, avant d'ajouter que, malgré tout, je n'étais pas celle de nous deux qui en avait le plus besoin. A mes mots, il rit légèrement, avant de me répondre :
« Tu veux vraiment prendre le risque de vérifier ça ? Je pensais juste à toi, tu sais. T’aider à te détendre mais si tu préfères te planquer avec tes bouquins plutôt que d’un bon moment avec quelqu’un qui sait réellement faire naître des sensations et sentiments unique. C’est ton choix… »
Son regard dans le mien, je sentis mon coeur s'accélérer comme jamais à ses mots, et je me sentis de nouveau rougir. Bon sang, il fallait qu'il arrête de faire ça, où j'allais finir par exploser. Inspirant profondément pour chasser de mon esprit tous les scénarios improbables dans lesquels je me voyais déjà lui sauter au cou pour lui demander de m'aider à combler mes désirs, je secouai la tête, avant de répondre :
« Le problème, vois-tu, c'est pas tant l'activité que tu me proposes de faire, c'est surtout le lieu dans lequel tu veux le faire. Avoue qu'on a déjà vu mieux qu'un placard à balais, et que l'exiguïté de celui-ci nous contraindrait à peu de choses. »
Il ne faisait cependant nul doute que, si nous avions été quatre années plus tôt, je l'aurais probablement suivi dans son fichu placard et ce, sans me faire prier, que sa proposition soit sérieuse ou non. Parce qu'à l'époque, il avait su me faire perdre tous mes moyens. Des moyens que je tentai encore de conserver aujourd'hui.
« Alors, en attendant que tu me trouves un endroit plus convenable... » ajoutai-je alors « Je crois que je vais continuer à me planquer avec mes bouquins. »
Voilà qui me semblait plutôt pas mal, pour clore le sujet. Hors de question que j'en rajoute la dessus parce que, entre nous, parler avec lui de notre éventuelle vie sexuelle me mettait dans tous mes états et ce, même si j'essayais de le cacher.
Je ne m'étais cependant pas arrêtée là en provocations. De toute façon, la parole, c'était le seul moyen de défense que je pouvais avoir contre Logan et ses jolis mots auxquels j'aurais pu craquer, dans un moment de faiblesse. Si je n'avais pas été aussi effrayée à l'idée de mal faire les choses, je crois à vrai dire que j'aurais probablement pu craquer et ce, depuis belle lurette. Mais paradoxalement, cette provocation faisait partie de ces choses qui nous avaient unis auparavant. Parce qu'il était clair que nous étions aussi têtus, l'un comme l'autre, et qu'il nous avait toujours fallu avoir le dernier mot. Cette fois n'échappait pas à la règle. C'était ainsi que, dans une ultime provocation, j'avais attendu une de ses ripostes, n'importe laquelle. Ce à quoi je ne m'étais pas préparée, cependant, c'était à ce qu'il laisse le jeu de côté, pour se montrer le plus sérieux du monde quand, après m'avoir adressé ce sourire son sourire, « à la Logan », il planta son regard dans le mien, comme si à travers celui-ci il pouvait lire en moi et il me souffla :
« Tu m’as manqué. Comme jamais personne ne m’a jamais manquée. »
Sa voix tremblait, et mon coeur, lui, se serra. Je me tendis malgré moi, sous la douleur que provoquaient ses mots, des mots qui étaient inutiles, et qu'il avait pourtant prononcés, comme si c'était d'une importance capitale pour lui que je les entende. Je savais qu'il pensait ce qu'il disait, qu'il ne me disait pas simplement ces mots parce qu'il était vulnérable, ou encore sous le choc de la mort de son père. Je savais qu'il disait ça parce qu'il avait besoin que je sache que ces quatre années loin de moi n'avaient pas non plus été de tout repos pour lui. Parce que l'un sans l'autre, nous n'étions plus rien, rien que deux morceaux d'une seule âme errant à la recherche de sa moitié.
« Je sais. » répondis-je alors simplement, d'une voix qui se voulait encore tremblante par l'émotion. Je baissai un instant les yeux, incapable d'affronter son regard plus longtemps, et j'ajoutai alors, « Tu m'as manqué aussi. »
La vérité, c'était qu'il m'avait manqué à en crever, que sans lui, ma vie n'avait plus eu aucun sens. La vérité, c'était que sans lui, je n'étais plus rien, ni personne. Tout autant de choses qu'il savait, parce que je les lui avais plus ou moins fait comprendre dans ma lettre, à travers mes mots. Je savais qu'il en était conscient. Parce que, quelque part, nous avions toujours eu cette relation particulière à travers laquelle l'un comme l'autre, nous savions mieux que quiconque ce que l'autre ressentait. Parce que nous étions en phase et que nous l'avions toujours été, même si à un moment, nous nous étions égarés, lui, aveuglé par le peu d'estime qu'il avait de sa propre personne et moi, aveuglée par les mensonges de mon père.
Cet instant de vérité m'amena à lui parler, à lui confier, malgré moi que, s'il avait besoin de mon soutien, dans le deuil qu'il se devait de faire de son père, je serai là. Parce qu'il était évident que je ne le laisserai pas traverser cette épreuve seul, tout comme il me serait insupportable de le voir souffrir. Je savais ce qu'il ressentait, je savais que je ne pouvais pas retirer cette peine qui devait le traverser et pourtant, j'avais l'espoir que ma présence à ses côtés apaise un peu celle-ci.
Il n'avait suffit que de mots pour qu'un rapprochement physique – même infime – s'opère entre nous, et il ne fallu que la mention de mon père pour que la distance que j'avais tenté d'instaurer se réinstalle. Parce qu'aborder un sujet aussi délicat que celui-ci me mettait sur mes gardes, parce que je n'appréciais pas la désinvolture avec laquelle Logan se permettait de faire référence à ce dernier, sans se soucier une seule seconde de l'inquiétude qu'il pouvait réveiller en moi. J'étais agacée par ce genre d'attitude, par cette insouciance dont il faisait preuve et qui me donnait l'impression d'être incomprise. Pire encore, j'étais angoissée à l'idée que mon père puisse un jour s'en prendre de nouveau à nous, et nous atteindre, de quelque manière que ce soit. Pour me rassurer, Logan m'avait alors répondu que, si cela venait à se produire, il finirait emprisonné. Ce qui, entre nous, ne me rassurait pas vraiment. Qu'en avais-je à faire, de la prison ? Quand bien même celle-ci viendrait à bout de cet homme auquel je ne voulais plus avoir à faire, elle ne nous rendrait jamais ce qu'il avait bien pu nous prendre, ni même ce qu'il pourrait nous reprendre, s'il venait à s'en prendre de nouveau à nous. Ce que j'avais compris, avec le temps, c'était que l'opposition, quelle qu'elle soit, face à mon père, ne servait strictement à rien. C'était pour cette raison que, lorsque Logan me confia alors avoir porté plainte contre ce dernier, parce qu'il était venu le menacer, j'avais été en colère. Oui, j'étais en colère après Logan, parce qu'il prenait des risques inconsidérés et que je savais pertinemment que mon père ne se laisserait pas faire et qu'il finirait par faire regretter son geste à mon mari. Enfin, mon ex-mari. J'avais peur, peur qu'il s'en prenne à lui, qu'il finisse par se débarrasser de lui, définitivement. Logan avait beau m'affirmer que, depuis cette confrontation, mon père se tenait à distance de lui, je ne pouvais m'empêcher de penser que cela n'était peut-être pas aussi bon signe qu'il le laissait présager. Mais allez faire comprendre ça à une tête de mule comme lui ! C'était mission impossible.
« J’devais faire quoi ? le laisser menacer ma famille ?! » Je fronçai les sourcils. Mon regard planté dans le sien, j'eus envie de lui répondre qu'il aurait dû laisser faire les choses, qu'il n'aurait jamais dû s'interposer, mais je me rendis alors compte qu'il avait raison et que rester sans réagir n'aurait peut-être pas été la meilleure des solutions, même si la sienne n'avait pas été parfaite non plus. Je baissai le regard sur le livre que je tenais entre les mains « C’est pas en vendant des bonbons que ta famille a fait fortune. Les actes illégaux s’accumulent. A mes yeux, il est comme un mafieux. Il a des connexions partout et personne n’ose s’opposer à lui mais, je vais pas me rabaisser devant lui. Pas pour lui donner une leçon mais pour… on est des êtres humains. Personne ne devrait avoir à contrôler qui que ce soit… »
Relevant la tête dans sa direction, je le regardai un instant, silencieuse, fronçant les sourcils. Il avait raison : mon père avait fait fortune en profitant de certaines personnes, en en éliminant probablement aussi beaucoup d'autres – bien que je n'en ai pas la preuve formelle, je crois que si l'on me l'avait dit, cela ne m'aurait pas vraiment surprise, puisque j'avais moi même vu la cruauté avec laquelle il était même capable de traiter sa propre fille. Il avait raison quand il disait que personne - pas même mon père – ne devrait avoir à contrôler qui que ce soit et pourtant, c'était bien ce que mon père avait fait : il avait nous avait contrôlés, nous avait détruits. Sans que je puisse les retenir, je sentis les larmes me monter aux yeux. Larmes que je contenais cependant. Reculant d'un pas pour ranger le livre que je tenais entre les mains, je répondis alors :
« Tu peux pas refaire le monde, Logan. T'es pas superman. Y'a des injustices partout dans ce monde. Que ça te mette hors de toi, je peux le comprendre... » et à vrai dire, je le comprenais mieux que quiconque. Parce que, si je restais calme, face à lui, il n'en allait pas vraiment de même, d'ordinaire. « Mais c'est pas une raison pour prendre des risques inconsidérés. »
Par mes mots, je ne voulais pas le décourager, le contrarier, ou que sais-je encore. Je voulais simplement lui faire comprendre que, bien qu'il ait raison, concernant mon père, cela ne justifiait pas son attitude, ni même les risques qu'il prenait. Ce qu'il ne comprenait pas, c'était l'importance que pouvait bien avoir sa vie, ne serait-ce qu'à mes yeux... Et que si l'on venait à me demander de faire un choix entre la vie de Logan et la justice, je choisirais sans hésitation sa vie.
Voyant que parler de mon père ne servait à rien si ce n'était nous opposer, Logan m'avait alors révélé la vérité quant à l'identité de cette personne qui l'avait informé de ma présence ici. Celle-ci n'était autre que Don, mon boss, qui s'avérait également être un grand habitué du Bubble Lounge, si bien qu'il avait fini par cracher le morceau à Logan qui s'était bien évidemment empressé de venir me voir. Ce qui, entre nous, n'était pas pour me déplaire, tant qu'il se tenait à carreau. Ma main dans la sienne, Logan avait alors tenté de me rassurer, de me faire comprendre que, quoi que l'avenir nous réserve, il serait toujours là, à mes côtés. Une idée à laquelle je ne pourrais croire que s'il se montrait plus prudent. A mes mots, il m'entraina à l'écart, près de la fenêtre à travers laquelle il me fit remarquer la présence de deux hommes dans une voiture aux vitres teintées, dont l'un d'entre eux était... Danny ! C'est alors qu'il m'avoua tout, concernant le FBI et la protection qui avait été mise en place pour, entre autres, Court', Liam, Logan, et moi. Cette révélation me fit l'effet d'une bombe. Folle de rage, je lui lâchai la main avant de m'éloigner. Comment lui et Court' avaient pu me cacher ça ? Comment avaient-ils pu me faire ça ? J'étais en colère. Et encore, le mot était faible. S'il y avait bien des personnes en qui j'avais eu confiance, c'était bien eux. Ces révélations me faisaient l'effet d'une trahison, bien trop difficile à supporter. Me rejoignant dans le rayon dans lequel je me trouvais, Logan restait calme, serein, comme s'il ne s'agissait que d'un affaire de rien du tout. Ce qui m'agaçait encore plus. Les yeux rivés sur lui, j'avais les larmes aux yeux. Des larmes de rage. Les bras croisés sur ma poitrine, j'attendais une réponse. Une réponse qui ne vint qu'après quelques instants et dans un calme que je ne reconnaissais pas à Logan.
« Pour commencer, j’ai demandé à ta sœur de la boucler là-dessus. Parce que c’était à moi de te l’annoncer. T’aurais préféré l’apprendre par un inconnu ou le découvrir par toi-même ? » « J'ai pas dit ça ! J'aurais cependant préféré que vous m'en fassiez part plus tôt. Vous attendiez quoi pour me le dire, bon sang ?! »
Qu'avait-il attendu ? Le « bon moment » ? il n'y en avait pas. Il n'y en aurait jamais. Parce que, jamais, je n'aurais été assez calme, sereine ou préparée pour accepter la nouvelle sans broncher et ça, il avait bien dû s'en douter.
Déclarant alors fermement que je ne voulais pas de cette protection, il ne trouva rien de mieux à faire que de me provoquer :
« Et tu feras quoi lorsqu’il se pointera devant toi ou qu’il tentera une nouvelle fois de t’envoyer à Pétaouchnok hein ?! » « J'croyais que j'avais aucun soucis à me faire ?! » N'était-ce pas ce qu'il avait sous entendu, plus tôt, lorsque nous avions parlé de mon père ? Ne m'avait-il pas fait comprendre que je m'inquiétais pour rien ? Comment osait-il me provoquer de la sorte alors qu'il avait pertinemment conscience de l'état dans lequel toute cette histoire me mettait ?
« Je sais et je comprends mieux que tu te l’imagines… » commença-t-il alors que je pointai un doigt accusateur sur lui, avant de m'exclamer : « Non ! Tu ne sais rien du tout ! Et tu ne fais pas non plus d'efforts pour comprendre ! Parce que tu es trop borné pour m'écouter deux secondes et envisager, l'espace de quelques instants, que mes peurs soient fondées ou mes décisions réfléchies ! »
Je pensais ce que je disais. Logan n'en faisait qu'à sa tête, sans tenir compte de mon opinion... et à vrai dire, j'étais un peu pareil. Deux têtes de mule ensemble, ça pouvait vite mener à une discussion de sourds. Alors que je rebaissais le doigt que j'avais pointé sur lui, je passai une main sur mon visage, comme pour me calmer. C'est à cet instant que Logan en profita pour tenter de m'expliquer, non sans une certaine douceur :
« Danny ne m’a pas laissé beaucoup de marge. C’était la protection des témoins ou une équipe de protection qui se relaie. Le système de protection des témoins ça voulait dire changer de nom, déménager… Au fond de moi, je savais que tu reviendrais. Je pouvais pas me résoudre à l’idée que tu imagines que j’ai pu t’abandonner… c’est pas moi. Je peux pas te laisser derrière moi. JE NE PEUX PAS ! » « Et moi je ne peux pas supporter l'idée que Danny et ses potes passent leur temps à me surveiller. »
J'étais sérieuse. Il le savait pertinemment. Le fait était que je voulais retrouver un semblant de vie normale et que ça n'était pas avec des types en costard passant leur temps à me traquer que je parviendrai à le faire. Cette protection, je saurais m'en passer. Et à vrai dire, elle me semblait bien inutile car je savais pertinemment que, FBI ou pas, si mon père voudrait réellement s'en prendre à nous, il n'hésiterait pas à envoyer quelqu'un pour s'en charger, quelqu'un qui passerait très probablement à travers les mailles du filet. A côté de ça, il y avait ces mots qu'il avait prononcés, qui me touchaient plus qu'il ne pouvait le croire. Sa décision, de rester, pour moi, parce qu'il avait eu l'espoir qu'un jour, je ne lui revienne, m'en révélait bien plus sur l'attitude qu'il avait eue ces quatre dernières années que ce qu'il avait bien voulu me confier. C'étaient d'ailleurs ces mots, qui m'avaient calmée, mais cela ne m'empêchait cependant pas de cogiter. Quelque chose m'intriguait. C'était ce à quoi avait fait référence Logan, à savoir, la protection des témoins. Depuis quand le FBI mettait à disposition une protection des témoins si facilement ? Je le savais, pour que tels dispositifs aient été mis en place, il avait fallu que quelque chose de grave se passe, une chose à laquelle Logan était visiblement lié de près, ce qui me déplaisait fortement. J'aurais aimé savoir de quoi il en retournait, mais j'étais honnêtement incapable de savoir si j'étais prête à encaisser ce qu'il aurait à me révéler. C'était pour cette raison que je préférais ne rien demander, et plutôt me concentrer sur mon travail pour me changer les idées et éviter d'avoir à fondre en larmes sous la pression.
C'était à cet instant que Logan m'avait invitée à déjeuner. Une invitation que j'avais d'abord déclinée, mais face à son insistance, j'avais été obligée de revoir ma position et c'était ainsi que je lui avais proposé plutôt de diner ensemble. A ma proposition, il m'avait attirée dans ses bras, le plus naturellement du monde. Un geste qui me mettait à la fois mal à l'aise et qui m'apaisait en même temps. Parce qu'il n'y avait que dans ses bras que je me sentais réellement à ma place. Et pour cette raison, c'était certain, je ne pourrais jamais le quitter. Et d'ailleurs, je lui en fis la promesse, ce qui, selon lui, n'était que la preuve d'une certaine docilité acquise avec les années. Pensait-il réellement pouvoir faire de moi ce qu'il voulait ? Si tel était le cas, il serait bien vite déçu !
« DIEU MERCI !! On t’a pas lobotomisé ! », lâcha-t-il avec un clin d'oeil. « Qui ne tente rien, n’a rien ! Je veux pas te changer… Pas pour moi. Je ne suis pas l’un de tes anciens soupirants qui disait Amen à tout et n’importe quoi. Je veux juste ma bonne vieille tête de mule qui aime tant me faire tourner en bourrique ! »
C'était ce qui m'avait toujours plus chez lui : le fait qu'il m'accepte, telle que j'étais et ce, malgré mes défauts et mes qualités, malgré nos oppositions et nos prises de têtes. Il m'avait aimée pour ce que j'étais, et non pour ce qu'il avait voulu que je sois. Il était le seul à s'être intéressé à moi pour ma personnalité plutôt que mon argent, le seul à m'avoir jamais encouragée à faire ce qui me plaisait et ce, dans l'unique but de me voir épanouie.
M'embrassant sur le front, Logan s'était alors éloigné. Il s'était installé sur une chaise, un peu plus loin, et avait commencé à envoyer des sms - non sans relever parfois le regard dans ma direction. Ce qui, entre nous, me perturbait pas mal. Dans un premier temps, j'avais tenté de faire abstraction de sa présence ici, mais je le savais, ça m'était impossible. Sa présence à mes côtés me distrayait trop. Il me perturbait tant que, agacée, j'avais fini par le rejoindre pour tenter de le convaincre de partir – en vain. Il continuait se provocations si bien que j'avais fini par lui écraser un livre sur le sommet du crâne. Je pensais que ça pourrait retirer ce petit sourire satisfait qu'il avait aux lèvres, mais c'était malheureusement peine perdue. Il était visiblement bien trop content de l'effet qu'il me faisait encore. Cela ne le calma pas le moins du monde, et il revint même à la charge en réitérant son invitation à déjeuner, invitation à laquelle je préférai ne pas répondre. Je me contentai seulement de lever les yeux au ciel, ce qui le fit rire.
« Tu pourrais au moins avoir pitié pour mon estomac ! » insista-t-il à nouveau tandis que je regagnai déjà un autre rayon de la bibliothèque en ignorant sa remarque. Après tout, ça n'était pas comme si je l'obligeais à rester ici et à m'attendre pour manger.
M'attaquant au rangement de nouveaux livres, je n'avais pas vu Logan venir si bien que, lorsque je me retournai et que je tombai nez à nez avec lui, j'en lâchais les bouquins que je tenais entre les mains. Agacée, je me baissai pour ramasser ces derniers, et Logan en fit de même.
« C’est bien mon nom. Au moins, j’suis sûr que t’es pas prête de m’oublier… car tu vois… Y’en a qui ont des yeux pour remarquer ce qui est le plus inestimable ici ! »
Il désigna d'un signe de tête deux jeunes hommes qui se trouvaient dans le rayon et qui nous regardaient. Détournant le regard de ces derniers, je reportai mon regard sur Logan et levai les yeux au ciel.
« N'importe quoi. Ils ne me regardent que parce que j'ai fait tombé ces livres. Et ça, c'est à cause de toi.», lui fis-je remarquer.
C'était du Logan tout craché. Sous prétexte que j'étais, selon lui « attirante », tous les hommes qui posaient leur regard sur moi étaient forcément du même avis que lui. Ce qui, en réalité, n'était pas toujours le cas. Je changeai rapidement de sujet, lui rappelant ce qu'il avait dit de sa chaise – à savoir qu'elle était confortable – et sous entendant ainsi qu'il n'aurait pas dû la quitter. Il se mit à rire et rapidement, un sourire malicieux se dessina sur son visage.
« Elle l’est… mais la vue l’était moins tout à coups. » Je levai une nouvelle fois les yeux au ciel. « Tant qu’à faire autant joindre l’utile à l’agréable. Et pas question que j’te perde des yeux. L’un de ses gugus pourrait avoir l’idée de se la jouer un peu débilos, juste histoire de te draguer ! Alors que ça, c’est mon rôle ! On pique pas la vedette à Logan Matthews ! »
Alors, là, c'était vraiment du n'importe quoi ! Comme si l'un de ces hommes allait vraiment venir me draguer. Mon pauvre Logan devenait décidément de plus en plus parano.
« C'est ridicule. » commençai-je, avant d'ajouter, « Tu sais quoi ? J'pense sérieusement que ces hommes ont trop d'amour propre pour oser se tourner en ridicule. Aucun risque pour que l'un d'eux ne sa la joue ''un peu débilos'' pour me draguer. Et puis, quand bien même essaieraient-ils, je crois que je ne les remarquerai même pas. » Parce que toute mon attention se porterait sur Logan. Et ça, il le savait pertinemment. « J'ai bien trop à faire avec mes livres pour ça », ajoutai-je, persuadée que ça n'était pas ce qu'il voulait entendre, et qu'il me maudirait pour avoir prononcé de telles paroles. Décidée à – peut-être – occuper Logan en attendant ce soir, je lui rappelai qu'il avait un DVD à rendre.
« Un DVD ?! Quel DVD ?! Ah oui… et ben en fait… » Il récupéra le DVD sur l'étagère d'à côté, l'ouvrit, et m'adressa un sourire espiègle lorsqu'il me montra que le boitier était vide. Je le fixai un instant, incrédule. Décidément, il ne changerait jamais ! « Dommage hein ! J’crois que Liam a oublié de mettre le DVD dedans ! Et là, tu vas te dire que j’l’ai volontairement fait exprès ! » « T'es vraiment pas croyable,» soufflai-je avant de vouloir me relever. Il rit, glissa sa main sous mon coude, et m'aida à me relever. Il saisit les livres que je tenais encore entre mes mains, et je commençai à ranger les livres en pensant que, peut-être, cette fois Logan me laisserait vraiment travailler, mais ce fut peine perdue. Il reprit bien rapidement la parole :
« Alors à ton avis, lequel va se jeter sur toi pour t’inviter ? » « Aucun des deux Logan, ils ne sont pas intéressés. » « Oh tiens j’suis sûr que y’en a au moins un qui va bégayer en essayant… Ah non, ils auront pas le cran. T’es trop sexy pour sortir avec eux… » Je me tournai vers lui, haussant un sourcil perplexe. Trop sexy ? Mais bien sûr. Je secouai la tête, avant de reporter mon attention sur les livres que je rangeais quand il enchaina bien rapidement, « on va déjeuner, s’il te plait Princesse ? »
J'ignorai sa question, préférant ne pas avoir à le mettre face à un nouveau refus.
« Je mettrais pas les pieds dehors tant que tu seras ici. Tu l’as bien compris, hein ? » Je poussai un léger soupir. Je tournai la tête dans sa direction pour le voir, la tête penchée sur le côté, avec un sourire aux lèvres. « T'es une vraie tête de mule ! » Ca, il le savait déjà. A vrai dire, je ne lui faisais remarquer que pour qu'il comprenne que son insistance ne mènerait à rien. « Tu pourrais au moins faire un effort pour ton MARI ! »
Je savais que sa phrase avait un double sens ou du moins, un double objectif. Le premier étant de faire fuir les deux types un peu plus loin, le second étant de me faire plus ou moins comprendre que ce divorce n'avait pas d'importance pour lui non plus et qu'à ses yeux, nous étions toujours mariés. Car quoi qu'en disent ces fichus papiers, Logan et moi nous aimions toujours et il ne faisait aucun doute qu'à mes yeux, il était toujours mon mari. Je croisai son regard une nouvelle fois, voyant la lueur de satisfaction traverser le sien. Il était incorrigible. Et bon sang, j'aimais tellement ça ! Si ça n'avait tenu qu'à moi, je crois que je lui aurais probablement déjà sauté au cou pour le faire taire une bonne fois pour toute. Au lieu de ça, je détournai le regard, pour m'apercevoir que les deux hommes repartaient. Me retournant de nouveau vers Logan, je posai une main sur ma hanche, et déclarai :
« Si tu voulais marquer ton territoire... Tu peux être fier de toi, car tu as réussi. Et si tu pensais pouvoir m'amadouer, et bien... C'est gagné. J'accepte ton invitation à déjeuner. » Voyant le sourire victorieux se dessiner sur ses lèvres, je pointai mon doigt sur lui, avant d'ajouter, « Ne te réjouis pas si vite. On fait ça à mes conditions. En l'occurrence je serai celle qui choisi le lieu de notre déjeuner, et ce que l'on mangera. » Je rebaissai mon doigt, avant d'ajouter, « Oh, et une heure. Pas plus. C'est tout ce que Don m'accorde en pause déjeuner. »
Sur ce, je posai le livre que je tenais entre mes mains sur l'étagère à côté de moi avant de quitter le rayon. Me retournant vers Logan, je m'impatientai :
« Allez, il ne te reste plus que 59 minutes ! », dis-je, pour le taquiner. Tendant ma main dans sa direction, j'attendis qu'il ne la saisisse avant de me diriger vers Don et de lui annoncer que je prenais ma pause déjeuner. Entrainant Logan à ma suite, nous quittâmes la Bibliothèque pour nous remonter la rue et nous rendre dans un endroit que Logan connaissait bien, et pour cause ! Remarquerait-il que je prenais la direction du Bubble Lounge ? Sans aucun doute. Pourquoi aller là bas ? Parce que c'était un endroit que nous chérissions tous les deux, un endroit dans lequel nous avions eu l'habitude d'aller ensemble. Et bien que je sache qu'y retourner ne devait pas être bien évident pour Logan, car ça lui rappellerait forcément Andy, je me disais parallèlement que cet endroit, c'était un peu comme un refuge. Un endroit malgré tout intime et personnel dans lequel nous nous sentirions certainement mieux que dans un quelconque restaurant. Un endroit dans lequel nous pourrions être nous même, et laisser tomber les barrières qui restaient encore entre nous et qui nous empêchaient encore, à ce jour, de bien nous comprendre.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY Lun 25 Avr - 23:05
A parier sur la romance Forsythe-Matthews, tout le monde avait joué sur notre rupture à la fin du lycée. Or c’est à cette période même que nous nous étions mariés. Personne n’aurait misé sur notre histoire au départ. L’un comme l’autre possédant deux forts caractères en totale opposition. Il était juste impossible que seule une certaine haine ressorte de notre relation. Ne disait-on pas qu’il n’y avait qu’un pas de l’amour à la haine ? Visiblement notre relation est incomparable car je n’ai jamais éprouvé de haine vis-à-vis de Casey. Nous sommes différents, c’est on ne peut plus évident. Elle a le don de m’agacer et de me mettre hors de moi. Néanmoins, je suis incapable de resté fâché contre elle. Est-ce l’aplomb de ce regard lorsqu’elle pose ses yeux sur moi, qui me rends si vulnérable ? Il serait mentir que de dire que nous avons fait les choses correctement tous les deux. Mais jamais je ne me suis plaint du fait qu’on était différent. Parce qu’être à son coté, avec elle, me donnait de l’importance. Pas tant au niveau social. Certes, je sortais avec la fille Forsythe, dont le nom rimait avec fortune. Toutefois, je me sentais utile et surtout aimé. Elle me comprenait. C’était vraiment un sentiment bizarre, très difficile à décrire. Il me suffisait de croiser son regard pour ne plus me sentir seul ou encore pour ne plus être ce petit garçon maladroit qui cherchait sa place dans une ville familière et pourtant inconnue. Casey était à la fois ce qui pouvait m’arriver de meilleur et mon pire ennemi. Elle ne lâchait jamais rien. Je ne connaissais personne d’autre – à part moi – qui soit aussi têtue. Ce qui nous avait desservis à plus d’une reprise et pourtant, ça n’avait jamais entaché nos sentiments. On finissait toujours par revenir l’un vers l’autre. Comme aujourd’hui. J’aurais pu – du – me tenir à l’écart. Pour lui laisser le temps de retrouver ses repères, de savoir où elle en était, ce à quoi elle aspirait, ce qu’elle envisageait de faire. Au final, je n’avais pas pu me retenir. Sa présence m’était bénéfique. Elle faisait doucement renaître celui que je devais être. Pas uniquement en tant qu’homme. En qualité de fils et de mari. Pour le mari, c’était un point à voir plus tard. Toujours était-il que sa présence m’aidait à me recentrer. Les automatismes étaient là et si un temps, je m’étais moi-même surpris à m’apercevoir qu’ils étaient intacts. Notre ping-pong verbal n’avait pas pris une ride et c’était un réel bienfait à mes yeux. C’était une source d’espoir. Que rien n’était perdu malgré ses années. Peut-être alors y aura-t-il toujours de l’espoir pour notre couple.
Cette lettre, qu’elle m’avait faite parvenir, j’en connaissais pratiquement chaque mot par cœur. Y penser me retournait et j’avais peur. Peur de m’apercevoir que celle que j’aime, avait disparu, laissant place à une femme vidée, écorchée de tous sentiments, déprimée et qui n’attend plus rien de la vie. Pour être honnête, je crevais de trouille à l’idée que Casey soit morte. Si son corps et son cœur battait encore, qu’en était-il de son âme qui avait été mise à mal durant ces quatre dernières années. Tant d’évènements avaient dû la déchirer et la broyer comme aucun être humain. Je ne savais même pas ce que je pouvais espérer. Un avenir commun ? Etre un jour à nouveau en couple ? Je sais que je l’aime. Qu’aucune femme ne me fait éprouver autant de sentiments contradictoires, qu’elle en est capable. Mais est-ce suffisant pour construire une relation ? Lui arracher notre enfant avait dû être la plus atroce de toute les épreuves qu’elle avait dû avoir à traverser, et seule de surcroit. Alors ma présence n’allait-elle pas raviver cette souffrance ? N’étais-je pas la personne qui dans le fond devrait s’éloigner d’elle le plus possible, afin qu’elle puisse un jour tenter de se reconstruire ? Bien que cette idée me traverse l’esprit, je n’ai pas la force de l’ignorer, de couper les ponts, de l’abandonner en somme. Un autre l’aurait peut être fait. Ça n’est pas le syndrome du super héros mais celui d’un homme qui aime sa femme plus que sa vie. Je n’attends pas que quelqu’un puisse un jour comprendre tout ce que ça englobe. Tout ce dont j’ai la certitude, c’est que je ne peux pas aimer et ne pourrait jamais plus aimer comme j’aime Casey. Mon humour fait mouche et mes provocations la mettent sur les charbons ardents. C’est bien MA Casey qui répond et pourtant, elle est différente. Un détail infime qui ne se verrait pas à l’œil nu. C’est quelque chose dans son attitude. Un calme apparent, une solitude qui ne lui ressemble pas et cette façon qu’elle a de m’écouter jusqu’au bout, alors qu’auparavant, elle m’aurait interrompu avant même que j’ai terminé ma phrase. Aux yeux de personnes qui la connaissent, certains n’auraient rien vu sans doute. A mes yeux, c’est si évident. Pas en mal, c’est une Casey transformée, plus vulnérable qui me fait face. Une Casey devenue une femme durant ces quatre années. Ce petit jeu peut durer une éternité. La voir rougir, détourner les yeux, ces détails qui m’ont manqué durant toutes ses années, j’en étais enfin témoin. Ça pouvait sembler stupide et j’exagérais surement mais c’était bon de s’apercevoir que devant celle que vous aimez, certaines choses sont toujours intactes. Et à cet instant, j’avais juste besoin de m’assurer qu’elle était toujours là, même si tout serait différent à l’avenir. Soutenant mon regard quelques secondes, je déglutis difficilement, elle savait pertinemment que je pensais chacun de ses mots, même si ça pouvait sembler exagérer.
« Dis pas n'importe quoi. » Je me contentais de détourner les yeux. N’avait-elle pas comprit combien j’avais été sérieux lors de notre mariage. « Tu sais que je n'aime pas quand tu exagères de la sorte. » La plupart du temps, j’usais de l’humour pour détendre l’atmosphère ou pour camoufler mes sentiments. Qui mieux qu’elle avait la capacité de lire en moi ? « 4 ans Casey. » déglutis-je avant de plonger mon regard dans le sien. « Je peux exagérer sur beaucoup de sujet… mais pas celui-là. » Avais-je besoin de lui préciser combien elle me manquait au quotidien ? Combien son absence m’avait plongé dans une certaine obscurité ? Que je n’étais plus le même Logan. Qu’un être plus sombre, violent et à fleur de peau avait pris le relais. Elle ignorait tout et dans un sens, je ne sais pas si c’était pour le mieux. Parce que ce genre de chose finirait par se savoir. Elle pourrait très bien en entendre parler un jour au Lounge. Mes frasques, les risques que j’avais pris, les recherches que j’avais entrepris pour la retrouver. Sans mes parents, je ne serais peut-être pas là. Toujours à la chercher à l’autre bout du globe. A sa question, j’aurais impulsivement répondu non. Cette question en amènerait d’autres. Certaines auxquelles, je n’étais peut-être pas prêt de répondre. J’étais alors resté sincère et honnête, bien que je fasse l’impasse sur les sentiments que j’avais éprouvés vis-à-vis de notre divorce. De mes colères soudaines, de mes coups de sangs, de mes crises d’angoisses ou de ces journées où Liam me surveillait du coin de l’œil pour s’assurer que je n’irais pas faire une connerie vis-à-vis de Forsythe. Car après réflexion, sans nouvelle de Casey au bout de quelques jours, de quoi pouvait-il s’agir ? Sans nouvelles, pas de textos, pas de coup de fils, rien. C’était comme si elle avait disparu de la planète en un claquement de doigts. Qui avait l’autorité ou le pouvoir d’agir ainsi ? Je ne voyais qu’une personne dans nos vies, qui en avait le pouvoir. Il m’avait alors été difficile de contrôler toute cette hargne et cette haine que j’éprouvais vis-à-vis de son père. C’était pour ainsi dire la raison pour laquelle, mon père, ma mère et Liam me gardaient à l’œil et surtout occupé. Eviter les débordements était devenu nécessaire parce que je réagissais émotionnellement. Que la simple évocation du prénom de Casey avait pour effet de me faire voir rouge. Ça n’était pas une période à laquelle j’appréciais penser mais un jour où l’autre, elle en viendrait à l’apprendre. Ce jour-là, peut être prendra-t-elle peur de l’homme que je suis devenu.
« J'suis désolée » me répond-t-elle, ce qui me décontenance sur le coup. Pourquoi s’excusait-elle au juste ? Eprouvait-elle de la culpabilité vis-à-vis de notre séparation ? Pourquoi ? Elle avait signé les papiers du divorce, c’est vrai. Mais cela ôtait-il les sentiments qu’on éprouvait l’un pour l’autre. Je ne comprenais pas. Elle s’excusait pour quoi ? Qui ? Son père ? « Je... Non. Oublie ça. » Fronçant les sourcils, c’était encore plus confus pour moi. La question jaillit alors de mes lèvres avant que je puisse l’empêcher. « Pour quoi ? Désolée de quoi ? » reformulais-je après une seconde de réflexion. Etait-ce trop tôt pour qu’on aborde ça ?
Je n’estimais pas mon humour comme mon arme secrète. Pourtant, elle faisait ses preuves au fil du temps et même si ma proposition pouvait sembler indécente au premier abord, je savais que Casey saurait y faire face avec cette aplomb et répartie qui est innée chez elle. Mieux que personne, elle sait que c’est ma façon de détendre l’atmosphère et un moyen de nous aider à communiquer plus légèrement. Ainsi, on évite tout silence trop lourd et des malaises incessants. Malgré tous les évènements survenus depuis ces dernières semaines, j’ai enfin le bonheur d’entrevoir une lueur dans l’obscurité qui m’entoure. Par sa présence et parce qu’elle ne prend pas de gants avec moi. Elle est là, et rentre dans mon jeu comme si ça faisait à peine 24 heures que l’on c’était vu pour la dernière fois. J’aurais pu trouver plus romantique qu’un placard à balai. En vérité, j’étais plus romantique que ça. Sa réponse avait au moins le don de me faire rire.
« A vrai dire, c'était surtout parce que je craignais qu'en me plaignant, tu finisses par te décourager. Tu te consacrais à la tâche avec tellement d'ardeur et de passion qu'il m'aurait été difficile de t'avouer la vérité si brutalement. Tu aurais pu ne jamais t'en remettre. Plus qu'une question d'égo, c'était pour préserver ta santé mentale. » Je ne la connaitrais pas si bien, je pourrais y croire. Sauf que voir Casey inventer un tel mensonge, a vraiment quelque chose d’hilarant à mes yeux. Mon regard rivé au sien, mon sourire s’élargit encore. « Ainsi, je te dois une fière chandelle… pour avoir préservé ma santé mentale ? J’ignorais que tu y tenais tant… me voilà prévenu… pour la prochaine fois. » En rajoutais-je accompagnant cette remarque d’un clin d’œil. Quelle prochaine fois ? Y en aurait-il une ? En théorie, on devrait prendre le temps. S’éviter même un temps, histoire de savoir ce qu’on voulait mais en pratique, je sais déjà ce que je veux. Et ce, même si notre relation ne pourra être que différente, même si l’on se remet ensemble.
Cette scène amusante avait au moins le mérite de nous détendre quelque peu et oublier le reste de nos vies, trop compliquées. On arrivait déjà à parler et quand bien même cette discussion est futile, légère et inutile, je sais que ça lui fait du bien. Je prends un plaisir certain à la voir rougir. Un détail et pourtant si satisfaisant, comme si tout restait inchangés.
« Le problème, vois-tu, c'est pas tant l'activité que tu me proposes de faire, c'est surtout le lieu dans lequel tu veux le faire. Avoue qu'on a déjà vu mieux qu'un placard à balais, et que l'exiguïté de celui-ci nous contraindrait à peu de choses. » Je lève les yeux au ciel avec ce sourire mystérieux sur le visage. « Tu sais même pas de quel placard à balai je parle !... Tu crois que j’te parle de celui d’ici ? J’avais d’autres plans. Mais si tu veux qu’on jette un œil, à celui de la bibliothèque j’suis prêt à te suivre ! » Ironisais-je un instant avant de reprendre plus sérieusement lorsqu’elle parle du « on a déjà vu mieux qu’un placard à balai. » La pensée qui traverse mon esprit me ramène quatre ans en arrière. « Tijuana. » résumais-je sans la quitter des yeux. Un mot. Un lieu. Certainement notre plus belle nuit. Celle qui a fait basculer nos vies à jamais mais, une nuit qui ne pourra rivaliser avec aucune à mes yeux.
Elle avait beau me montrer de l’opposition, je savais que c’était pour notre bien mais aussi parce que l’un comme l’autre n’étions pas prêt à en arriver là, de sitôt. Nous avions besoin de trouver nos marques ensemble, ou pas.
« Alors, en attendant que tu me trouves un endroit plus convenable... Je crois que je vais continuer à me planquer avec mes bouquins. » Elle n’y prendrait pas le même plaisir, ça c’était certain. Et j’hésitais à lui faire remarquer d’ailleurs. Je me mordis la lèvre inférieure. « Si c’est que l’endroit, j’peux te le trouver tout de suite. Un ascenceur ? Des escaliers ? Mon bureau – qui n’était autre que la cuisine du Lounge à vrai dire – ou quelque chose de plus romantique ? Tu m’connais, j’peux être assez ingénieux lorsque j’suis décidé ! » Lui laisser le dernier mot ? Quelle bonne blague. Je n’en avais pas envie et puis juste imaginer sa tête, légèrement offusqué, agacée ou irrité, ça m’amusait comme ça ne m’était plus arrivé depuis un peu trop longtemps.
Il y avait bien des sujets où je pouvais déconner sans cesse. Casey restait l’unique sur lequel, je n’avais pas prononcé un mot au cours des quatre dernières années. Personne n’avait idée de combien son retour me faisait revivre. Lire sa lettre m’avait éprouvé et c’était peu dire. Les évènements qu’elle avait traversé, la solitude, l’enlèvement puis la mort de notre bébé. En comparaison ma souffrance me semblait bien infime face à ça. Pourtant son retour, c’était me redonner le goût de vivre, réapprendre à respirer, être à nouveau Logan Matthews. Sourire à nouveau. Avec ce sourire qui n’avait jamais refait surface au cours de ses dernières années. Ainsi, si le jeu avait commencé avec humour, il n’en était plus de même à cette seconde. Mon regard planté au sien, ce sourire – issu – de mon cœur m’était soudain naturel et mes mots se coincèrent un instant dans ma gorge, avant de sortir plus tremblant d’émotion que jamais. A travers mon regard, je savais qu’elle savait. C’était dans ses instant que j’avais conscience que les autres mots ne nous étaient pas nécessaire. Parce qu’on était Casey et Logan mais je tenais à ce qu’elle sache. Qu’elle n’oublie pas. Que personne ne pourrait un jour lui voler sa place dans mon cœur. Parce qu’il n’y aura jamais assez de place pour une autre qu’elle.
« Je sais. » hochais-je la tête en me pinçant les lèvres. « Tu m'as manqué aussi. » Je peinais à relever les yeux vers elle. J’avais horreur de me montrer vulnérable. Je n’étais qu’un être humain et comme chacun j’avais un cœur et des sentiments. A certain moment de nos vies, il était temps d’arrêter de se cacher derrière des masques mais je ne voulais plus souffrir. Quand bien même, je sais qu’elle ne me ferait jamais subir ça volontairement. J’aurais aimé pouvoir la serrer dans mes bras, l’embrasser et laisser glisser tout cet amalgame de sentiments qui coulent dans mes veines. Peine, passion, tristesse, joies, peurs, angoisses, terreur, le tout dans un mélange détonnant. Mais il était trop tôt. Si nous étions une image, je crois que nous serions le miroir de l’autre. Bizarre, lorsqu’on nous observe. Nous sommes tant différents et pourtant lorsque l’on se met à nu, ce qui en ressort c’est l’importance de l’autre et son bonheur. Pour moi, rien ne sera jamais plus important que sa vie et son bonheur.
Parler d’Andy avec elle, j’y songerais. Un jour, je le ferais. Parce qu’elle le connait. Connaissait, corrigeais-je dans mon esprit. Personne n’était plus apte à comprendre cette douleur qu’elle. J’oubliais bien souvent qu’on lui avait arraché notre enfant. Après tout, je n’en avais rien su. C’était certainement la raison pour laquelle, il m’était difficile encore à intégrer qu’à mon tour, j’avais été papa. Andy en aurait été fou de joie, j’en suis persuadé. Ma mère aussi mais, je doute pouvoir le lui dire un jour. Parce que c’était le genre d’évènements qui unissait ou séparait un couple. Et à vrai dire, même si cet enfant était une notion abstraite pour moi, je n’étais pas prêt à l’évoquer ou même à en parler à quiconque hormis Casey. Ça ne concernait que nous. C’était notre vie. Sa proposition de vouloir m’aider, je sais qu’elle est naturelle et vitale pour elle. Elle ne le fait pas pour qu’on ait quelque chose à partager mais tout comme moi, parce qu’elle ne supporte pas l’idée de ma souffrance. Même si je la camoufle en règle générale. Elle veut que je retrouve mon équilibre et d’avance, je sais qu’elle serait capable de faire une croix sur notre histoire, du moment que ça m’aide à aller mieux.
Quelques mots, un rapprochement, des regards, un contact, nous le réclamions silencieusement. Etait-ce trop tôt ? Bien trop vite en tout cas, ce moment s’éclipsa pour laisser place à un sujet bien difficile et pourtant nécessaire. Je pouvais attendre pour lui confier mes sentiments mais je ne pouvais pas reculer l’inévitable. Parler de son père ne me fait pas plaisir mais je n’ai pas le choix. Dehors, il y a cette voiture qui veille à sa protection et Danny m’a prévenu que je devais la prévenir au plus tôt. Forsythe-Matthews, c’était une guerre sans merci. Autant avec Casey, j’ai conscience qu’un jour on pourrait tout reconstruire. Autant avec son père, je me dois d’être vigilent à chaque minute qui passe. La simple évocation de son père la met en colère. Non pas des faits de son père mais de celui des risques que je prends. Elle ne sait rien de ces dernières années. Elle ne sait pas qu’un jour Liam et moi, nous sommes battus dans la rue parce que monsieur refusais de me laisser monter dans l’ascenseur qui menait aux bureaux de Forsythe. Et je ne lui dirais pas. Du moins pas maintenant. Elle me connait et sait que je peux me montrer impulsif et capable de prendre des risques pour ceux que j’aime. Un peu imprévisible sur les bords, c’est aussi pourquoi Danny passe me voir tous les jours et me répète la même chose vis-à-vis de Forsythe. Pour ne pas que je commette d’imprudence, si on veut vraiment parvenir à l’évincer de nos vies, une bonne fois pour toute. A ma réplique, un brin glaciale et énervée, elle soutient mon regard un instant avant de finalement baisser les yeux. J’y allais peut être un peu trop fort. Je voulais juste qu’elle ouvre les yeux, même si elle avait fait plus que ça ces dernières années puisqu’elle avait été la victime de son père. Je me pince les lèvres en voyant cette émotion naître au creux de ces deux prunelles océan. Elle, mieux que quiconque, savait de quoi il était capable. Il n’avait pas détruit sa fille. Il l’avait réduite à néant, comme si elle n’avait jamais existé.
« Tu peux pas refaire le monde, Logan. T'es pas superman. Y'a des injustices partout dans ce monde. Que ça te mette hors de toi, je peux le comprendre... » Je baissais les yeux. Ça, je le savais bien mais ça n’était pas une raison pour laisser son père commander cette ville. Son père n’est qu’un nom dans cette ville. Un humain. Un homme qui se doit de respecter tout autre être humain sur cette foutu planète. C’est tout ce que je voulais. Sauf qu’en plus, il avait les FBI au cul, mais ça c’est uniquement parce qu’à être trop gourmand, on finit toujours par le payer un jour ou l’autre. J’y suis mêlé, c’est vrai mais ça ne fait pas de moi un inconscient pour autant. « Mais c'est pas une raison pour prendre des risques inconsidérés. »
« Je cherche pas à jouer les super héros avec un déguisement vintage ! » répliquais-je impulsivement avant de me reprendre. « Je veux qu’on puisse fréquenter cette ville sans qu’il vienne me pointer une arme sur la nuque ou que l’un de ses sbires cherche à nuire à mon entourage. » Sa dernière remarque m’obligea alors à affronter son regard. « C’était avant… maintenant, j’me tiens à carreaux et j’ai une raison supplémentaire pour ça… Toi. » achevais-je, avec l’espoir qu’elle assimile bien que je ne franchirais pas la ligne. Que je tenterais et que je me battrais contre moi-même afin de ne pas perdre la personne la plus importante de ma vie. Elle.
Je tentais de prendre les choses dans l’ordre et si un temps, j’évitais ses questions, je songeais qu’il serait peut-être plus simple pour l’un comme pour l’autre que que ces réponses, pourrait nous aider à éclaircir certains points de nos vies. Qu’attendre serait une terrible erreur. Surtout si Casey réalise seule que Courtney et moi, lui avons caché certains détails. Alors je prends mon courage à deux mains pour tenter de lui expliquer calmement. Peut-être trop visiblement, vu la colère qu’elle laisse exploser. Je grimace à ses mots et fronce les sourcils lorsqu’elle me demande ce qu’on attendait pour lui dire.
« J'ai pas dit ça ! J'aurais cependant préféré que vous m'en fassiez part plus tôt. Vous attendiez quoi pour me le dire, bon sang ?! »
« Et j’fais quoi là ? J’enfile des perles peut être ! » M’agaçais-je alors qu’elle semblait s’imaginer qu’on ait pu la trahir ou lui cacher quoi que ce soit. « J’vais pas te sortir le cliché de t’annoncer ça ‘au bon moment’ ! » rajoutais-je en soupirant bruyamment. « La dernière fois qu’on s’est vu, t’es partie comme une voleuse, j’te signale. ça m’était difficile de te le dire à ce moment-là ! »
Il n’y aurait jamais eu de bon moment pour lui dire. Admettez aussi qu’annoncer ça à Casey, c’était pas une partie de plaisir. J’aurais pu laisser Danny ou Courtney le faire mais j’y avais tenu. Finalement, c’est peut être parce que c’était moi qui le faisait, qu’elle m’engueulait de la sorte. En fait, je savais que quoi que je dise, elle n’approuverait pas. Elle ne voudrait jamais de cette mesure de protection et j’en devinais sans mal la raison. Ceci dit, ça pourrait être pire. Elle pourrait avoir un garde du corps H24 sur le dos, ce qui j’étais certain la foutrait dans une rogne incroyable. Sauf que pour le moment, elle ne décolérait pas, même lorsque je lui dis que son père pourrait très bien se pointer pour l’enlever et la renvoyer à l’autre bout de la planète.
« J'croyais que j'avais aucun soucis à me faire ?! » J’hausse un sourcil, soutenant alors son regard. « C’est justement pour éviter ça que Danny surveille les environs. » Parce qu’ils ne nous « surveillait » pas au sens propre du terme. Ils s’assuraient simplement que personne de trop louche nous approche. Ce qui de mon point de vue était différent. Je savais qu’elle crevait de trouille. L’idée même que son père m’approche ou même qu’elle-même, se retrouve en face de lui, ça la terrorrisait. Bien qu’elle m’avait expliquer dans les grandes lignes ce qui s’était produit durant ces dernières années, je pouvais sentir son angoisse remonter à la surface. Son malaise est si évident que je me retiens de combler l’espace entre nous pour la réconforter. Elle m’enverrait au diable à tous les coups. Je comprenais mais elle n’était pas encore prête à m’entendre le lui dire. Je la laissais alors faire. Sa colère devait sortir et c’est pas comme si je lui en voudrait. Ça finirait par passer.
« Non ! Tu ne sais rien du tout ! Et tu ne fais pas non plus d'efforts pour comprendre ! Parce que tu es trop borné pour m'écouter deux secondes et envisager, l'espace de quelques instants, que mes peurs soient fondées ou mes décisions réfléchies ! » pointe-t-elle un doigt accusateur vers moi, tandis que je reste silencieux. Ça ne servirait à rien de répliquer. Ça serait même attiser encore plus cette colère qui bouillonnait en elle. Je pris alors sur moi tandis qu’elle en vient à se calmer après un moment, se passant une main tremblante sur le visage. Je dus rassembler beaucoup d’énergie pour ne pas craquer et combler la distance entre nous. J’avais besoin qu’elle sache que j’étais là et que je l’écoutais, que je comprenais sa réaction mais que, au contraire ça n’avait rien de rassurant. Je lui parlais alors de Danny et de sa proposition. Je n’entrais pas dans tous les détails et la connaissant, elle ne tarderait pas à me demander des explications. Toutefois, je devinais qu’elle ne voudrait pas s’étendre sur le sujet plus que de mesure. Son père avait toujours foutu le bordel dans nos vies et je ne tenais pas à ce que ça se poursuive. Cependant, je me devais d’être honnête avec elle. Dans l’optique où elle me posera des questions alors je lui révèlerais la vérité quand aux agissements et mon implications dans l’enquête menée envers son père.
« Et moi je ne peux pas supporter l'idée que Danny et ses potes passent leur temps à me surveiller. » J’esquisse un lent sourire avant de me rapprocher d’elle. Ce qu’elle désirait, je le voulais tout autant. L’aura-t-on un jour ? Je ne sais pas. Cependant dès que cette histoire sera close, je pensais filer avec elle à l’autre bout du monde. Pour qu’on soit seul. Pour qu’on essaie de construire quelque chose ensemble. Pour mettre le passé derrière nous et qu’on se concentre sur cet avenir. Sera-t-on ensemble ? Telle est la question. « Ils s’assurent uniquement que personne de louche, ou l’un des sbires de ton père, s’approchent de nous. C’est tout. Ils sont pas là pour surveiller chacun de tes faits et gestes… ça c’est plutôt mon rôle. » finis-je avec un petit sourire. « Mais si tu tiens à une garde rapprochée, j’me dévoue corps et âmes, Princesse ! » C’était peut-être malvenu mais il fallait qu’elle se détende et qu’elle cesse de voir cette protection comme une surveillance. C’était simplement une mesure de sécurité, rien de plus.
A bien choisir, il était temps qu’on sorte de cet endroit. La convaincre de déjeuner n’était pas une mince affaire mais j’étais pas du genre à accepter un non facilement. Et avec Casey, tous les moyens étaient permis. Je prendrais le temps mais elle finira par me dire oui. Parce qu’elle avait envie de passer du temps avec moi, même si elle refusait de le reconnaitre. Surtout que ça ne pourrait pas nous faire de mal. Rusant et usant de mon humour à deux balles, j’avais bien vite trouver un moyen de l’attirer dans mes bras. Ça avait été plus fort que moi et si, j’avais ressenti combien elle s’était contracté au premier contact, je savais que d’ici elle se détendrait. Je n’étais pas une menace. C’est vrai, j’avais agis impulsivement et l’avait surprise mais elle savait que jamais, je ne lui ferais du mal consciemment. Mon regard rivé au sien, un émotion en fait naitre une autre et j’en viens à lui faire promettre de ne jamais partir sans me prévenir dorénavant. Sa réponse me rassure et me laisse entendre autre chose. L’étrange sensation que ça n’est pas tant la ville qu’elle ne quittera plus, mais moi. Devant sa réponse, j’en viens à lui tenir des propos avec cette pointe d’humour qui me caractérise. Les gens ont bien trop souvent tendance à vouloir faire changer son partenaire dans une relation. Vis-à-vis de Casey, ça n’a jamais été mon cas. Certes, on pouvait se prendre la tête pour des conneries, tout comme des sujets important mais, jamais je n’ai songé à autre chose que son bonheur et épanouissement. Changer une personne c’était stupide. On évoluait tous à notre rythme, sur certains points et je ne doutais pas que Casey et moi étions même déjà passé par là. La seule différence, c’est que nous en étions inconscient et que notre besoin d’être proches et ensemble, nous est vital.
Notre intermède ne dure pas plus de quelques secondes et je finis par me laisser tomber sur une chaise alors qu’elle refusait de sortir déjeuner. Sauf que j’avais pas encore dit mon dernier mot. Je l’observais du coin de l’œil, avec un petit sourire, tout en envoyant des sms à Liam. Elle ne tiendrait pas plus de 30 minutes, je le savais. C’était Casey et je savais me montrer plutôt convainquait. Ce qu’elle n’était pas sans ignorer. Entre petites remarques et coup de bouquin sur la tête, je la vois s’éloigner dans un autre rayon. Comme si, un rayon allait m’arrêter. Sans blague, elle croyait vraiment pouvoir se débarrasser si aisément de moi ? Entre nous finalement, j’ai l’impression que tout rentre dans l’ordre. Entre sourire, blagues, remarques et rires, elle ne tardera pas à se détendre d’ici peu. Et surtout, elle se retrouvera. Malgré mon énième invitation à déjeuner, elle n’en fait rien. Sauf que ma présence la surprend lorsque je la rejoins sans bruit dans son rayon et sa pile de bouquin par terre, j’en viens à lui prêter main forte. Mon humour Loganesque refait surface et j’aperçois alors ces types qui la reluquent, ce qui m’agace. Difficile de nier que je suis jaloux même si je tente de le cacher
« N'importe quoi. Ils ne me regardent que parce que j'ai fait tomber ces livres. Et ça, c'est à cause de toi.» Ce petit sourire narquois revint sur mon visage à son accusation. « T’es pas un mec, tu peux pas savoir. De toute façon, j’ai raison. Cherche pas. » Rien de tel pour l’agacer et la voir bondir. C’était encore un de ses détails qui la rendait unique à mes yeux. Elle pouvait s’emporter pour trois fois rien. Mais surtout, elle était inconsciente du pouvoir et de la beauté qu’elle dégageait. Honnêtement, ça pouvait même en devenir frustrant, lorsqu’on réalisait combien l’autre en était aveugle.
Elle me rappelle alors que j’avais trouvé la chaise confortable mais bien vite, je change de sujet pour revenir à ces deux types qui ne cesse de la détailler. La voir réagir au quart de tour m’amuse et je pourrais presque dire que ça me rend heureux.
« Tu sais quoi ? J'pense sérieusement que ces hommes ont trop d'amour propre pour oser se tourner en ridicule. Aucun risque pour que l'un d'eux ne se la joue ''un peu débilos'' pour me draguer. Et puis, quand bien même essaieraient-ils, je crois que je ne les remarquerai même pas. » Mais bien sûr ! Elle pourrait toujours essayer de me convaincre. Sauf que j’étais un mec ! « J'ai bien trop à faire avec mes livres pour ça » Comment ne pas rire, devant autant de conviction. Ce sourire extatique sur le visage, je renchéris : « Bien sur les livres… C’est eux qui te tiendront chaud au lit durant tes longues nuits d’hiver... » fis je avec un regard lourd de sous entendus.
Déjà elle repart à l’attaque pour que je parte de la bibliothèque. Elle y croit dur comme fer que j’vais la laisser tranquille. Me rappelant que je devais rendre un DVD, faux prétexte pour venir trainer ici, je lui démontrais que c’était un peu difficile vu que le DVD n’était pas dans le boitier. Sa réaction ne se fit pas attendre ce qui me fit rire. Je ne perdais rien de ma ruse, c’est vrai. Et puis mon but n’a jamais été de me rendre à la vidéothèque. Ma main glisse sous son coude pour l’aider à se relever et machinalement, je lui prends ses bouquins des bras alors qu’elle poursuit sa tâche pour les ranger. Néanmoins, je ne m’arrête pas là et j’enchaine sur ces types qui sont toujours présent dans l’allée. J’enchaine alors en lui présentant diverses hypothèses, ce qui entre nous, pouvait être une situation amusante mais surtout, ça risquait bien vite de l’agacer. Sa réaction me divertissait. A vrai dire, tout chez elle, me divertissait. Je rebondis une nouvelle fois, en lui présentant ma requête pour aller déjeuner. Tout aussi buté que moi, je m’attendais à un non catégorique ou qu’elle me dise d’y aller ou encore que j’me fasse livrer quelque chose. Mais j’enchainais plutôt rapidement en lui faisant remarquer que je ne sortirais pas de cette bibliothèque sans elle. Un sourire aux lèvres, je l’entends soupirer pour me faire une fois de plus, cette remarque que nous sommes habitués à nous renvoyer.
« T'es une vraie tête de mule ! » Je me penchais alors vers elle, à quelques centimètres de ces lèvres. « Oui, mais j’suis la seule et l’unique qui soit capable de te faire céder, Princesse ! » Achevais-je avec satisfaction avant ma dernière remarque qui eut au moins le bénéfice de faire disparaitre les deux types du rayon.
En théorie, on ne se devait plus rien. On était divorcés mais bien loin d’être et d’agir comme tout couple de divorcés. A dire vrai, je crois qu’on rentre dans aucune norme tous les deux. Les papiers signés ont mis fin à un contrat pas à nos sentiments. Aujourd’hui plus que jamais, je suis marié à Casey. Mon cœur est lié au sien, et elle a bien du comprendre à travers mes mots que le divorce n’était qu’une décision juridique. Rien de plus. Croisant son regard, le mien luisait encore de cette satisfaction d’avoir fait fuir ces types en osant affirmer mon « droit de propriété » sur Casey. Même si, en ces termes-là, j’suis certain que j’aurais eu droit à un nouveau coup de bouquin. Ainsi jouer la carte du Mari m’avait semblé plus judicieux.
« Si tu voulais marquer ton territoire... Tu peux être fier de toi, car tu as réussi. Et si tu pensais pouvoir m'amadouer, et bien... C'est gagné. J'accepte ton invitation à déjeuner. » Mon sourire ne cessait de s’étirer sur mon visage, au point que je risquais bien d’avoir une crampe un de ses jours. Déjà elle pointe son index accusateur dans ma direction « Ne te réjouis pas si vite. On fait ça à mes conditions. En l'occurrence je serai celle qui choisit le lieu de notre déjeuner, et ce que l'on mangera. » Je me pince les lèvres alors qu’elle baisse son doigt « Oh, et une heure. Pas plus. C'est tout ce que Don m'accorde en pause déjeuner. »
« Bien M’dame Matthews ! » en rajoutais-je une couche, cet air victorieux sur le visage. « 1 heure. » murmurais-je, fouillant alors dans ma tête pour pouvoir grappiller encore plus de temps. 1 heure ça ne serait pas suffisant pour moi.
« Allez, il ne te reste plus que 59 minutes ! » me tend-t-elle sa main, que j’attrape sans une seconde d’hésitation. Alors qu’elle prévient finalement Don qu’elle va déjeuner et qu’elle sera de retour dans une heure, je reste légèrement en retrait derrière elle avant de montrer à son patron mes deux doigts, lui signalant silencieusement que je la ramènerais dans deux heures. Oh elle râlerait, c’était certain mais au moins elle passerait peut être un déjeuner agréable où elle n’aurait pas à penser. On serait ensemble et c’était tout ce qui comptait. On ne tarde pas à sortir dans la rue et mes doigts s’enlaçant aux siens, on avance mécaniquement en direction du Lounge. Si l’espace d’un instant, j’aurais espéré un endroit plus romantique, je sais aussi que c’est un lieu où elle s’est toujours senti à l’aise. Un peu comme si elle était chez elle. En fait, c’est un peu chez elle, puisqu’elle est ma femme. Pas un mot ne traversent nos lèvres le temps du trajet et déjà je pousse la porte du restaurant avant de lui laisser le passage libre. Ma main ne quitte pas la sienne et alors qu’une des serveuses vient pour m’accoster, je réplique sans attendre. « Je suis pas là. Demande à James. » James que j’avais rapidement nommé comme mon second. Enfin, il savait comment marchait la maison et avait toujours toutes sortes d’idées et solutions à chaque problèmes. Ce qui, il fallait l’admettre me facilitait la tâche. Je pris alors la direction des opérations et resserrant mes doigts à ceux de Casey. « Coté fenêtre ou coin privé ? » Elle avait le choix. Après tout, on pouvait aussi déjeuné en cuisine ou encore sur le toit, ou même dans le bureau d’Andy, même si j’évitais d’y mettre les pieds depuis que la nouvelle du fait que je sois l’unique propriétaire du Lounge m’était tombée dessus. « Non en fait, vu que tu décides du repas, je décide du lieu ! » décrétais je alors en attrapant une carte des plat et appelait James pour le prévenir que j’étais « en haut pour déjeuner ». Il comprit et m’avertis qu’il enverrait quelqu’un pour le service. Après tout, j’étais le boss, je faisais bien ce que je voulais et avec qui je voulais. Sans lâcher Casey, je pris alors l’escalier privé avant de nous mener dans un endroit on ne peut plus au calme, sur le toit du Lounge. Un toit pas comme les autres. Parce que c’était un endroit que j’affectionnais depuis longtemps mais surtout parce qu’au fil des années, Andy et moi l’avions aménagé. Un coin convivial pour déjeuner tranquillement, un autre avec des transats pour se relaxer et observer les étoiles la nuit. Ce toit, c’était vraiment un peu chez moi. On avait mis des semaines à tout mettre en place. Les abris et l’agencement pour rendre ce bout de béton plus naturel. A l’origine, Andy avait même songé à y installer des bacs floraux pour le rendre encore plus convivial et chaleureux. Et à cet instant avec elle à mon côté, je compris d’où lui était venu cette idée. Parce qu’il espérait secrètement qu’un jour j’y amènerais celle que j’aime. Casey, évidemment. Je coulais alors un regard vers elle tandis qu’elle observait le petit coin de paradis que nous avions créé avec Andy. « Bienvenue à la maison, chérie. » murmurais-je en déposant un rapide baiser sur sa joue.
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Sujet: Re: « I’m just lost… can you help, m’dame? » ♥ CASEY