Réveil matin. Il est 15 heures, bienvenue dans le merveilleux monde qui est le mien. Nous sommes samedi, je suis sortie hier, et je suis rentrée tôt ce matin, je ne travaille pas ce matin, alors je profite de ce que l'on pourrait appeler une hibernation, étant donné qu'on ne peut plus appelé ça une grasse matinée à cette heure là. Je me réveillais, les cheveux dans le visage et la couette par terre. Je regardais mon réveil, je serais en retard, j'en connais un qui va me tuer. Mas bien souvent, comme le font mes parents lorsqu'il me donne rendez vous, ils arrivent en retard d'environ une demi heure, trois quart d'heure histoire de ne pas avoir à m'attendre trop longtemps. Je plongeais ma tête dans l'oreiller. J'ai pas envie d'y aller. J'ai pas envie de bouger, je suis bien dans mon lit. Et puis il est tôt encore. Je regardais mon portable, essayant de déchiffrer les minuscules chiffes de l'écran. Impossible. Je me levais difficilement, je me traînais, moi et mon short de pyjama vers la salle de bain, histoire de prendre une douche, même si j'estimais que celle ci n'était pas spécialement obligatoire, puisque j'avais une séance de sport avec Casey. Je pense que les gens prenaient un malin plaisir à me voir cracher mes poumons pendant le sport. Et après plusieurs tentatives, je me suis prise au jeu. Dans une heure, je me devais d'être au sport Center pour bouger mon magnifique fessier. Une de mes amies m'avaient demandé pourquoi je faisais ça, je me souviens lui avoir répondu qu'aujourd'hui, j'étais fine, mais que je serais surtout fine et flasque dans quelques années si je ne faisais pas de sports, ce que je refusais catégoriquement.

Mais je voulais me débarrasser de l'horrible odeur de cigarette qui s'était logée dans mes cheveux. J'envoyais un message à Casey, prenez cette activité amicale comme une activité de couple. Oui, car pour le père de mon très cher meilleur ami, je suis la copine, fiancée, tout ce que voulez, service que je lui rends puisque Casey est gay. N'est ce pas mignon ? Ne suis-je pas la meilleure amie du monde hein ? Je haussais les épaules et quittais mon peignoir pour enfiler une tenue de sport. Les chaussures de sports font tout de même partie des choses les plus anti-sex du monde. Mais passons. J'enfilais, leggings, et débardeur un peu large, on s'attache les cheveux et c'est parti. J'enfilais mon sweat, mon sac de sport, mon portable que je fourrais dedans. J'attrapais mes clefs de voiture et me mit en route pour la salle de gym. Un esprit sain dans un corps sain, un esprit sain dans un corps sain. Et vu comment Casey remplit ses smoking et ces vêtements, il prends ce proverbe au pied de la lettre. J'arrivais devant le centre, où Casey m'attendait, j'avançais et lui pinçais les fesses. « Coucou mon petit Casey ! » J'adorais mon statut. Je le trouvais plus que privilégié. « Prêt à bouger tout ces gros muscles qui sont les tiens !? »

Une bouteille d'eau : check ! Deux serviettes de bain : check ! Ma tenue de sport composée d'un marcel vert olive, d'un short noir et d'une paire de baskets à près de 400$ : check ! Je rajoutai mon gel douche et mon iPod touch dans le sac de sport que j'étais en train de préparer, avant de fermer celui-ci, enfin prêt à partir. Il était environ 15h15 et il fallait que je quitte mon magnifique loft situé dans le quartier de Pacific Heights maintenant si je voulais arriver à l'heure au Sport Center de la ville où l'on s'était donné rendez-vous avec Seven, ma meilleure amie. Nous ne faisions pas souvent du sport en salle – je préférais un bon petit footing le long de la baie, ce qui permettait de prendre l'air et de faire faire de l'exercice aux chiens –, mais nous essayions d'y aller au moins une fois tous les mois pour se remettre un peu en forme et rentabiliser notre carte de membre. Nous nous étions donc décidé à y aller ce samedi, ce qui n'était peut-être pas une si bonne idée que ça finalement... Après tout, les vendredis soirs étaient généralement synonymes de fiesta et ce fut donc tout naturellement que je m'étais réveillé ce matin (ou plutôt ce midi) avec une gueule de bois monstre. Il fallait très certainement que je m'interdise de sortir le vendredi soir lorsqu'on avait prévu de faire du sport le samedi, mais c'était plus fort que moi...

Mon sac de sport sur l'épaule et mes clés de voiture toutes baveuses dans une main – Shadow s'était amusé à les cacher –, je descendis donc les marches de l'immeuble pour ensuite monter dans ma Aston Martin dont je tairai le prix tellement il est indécent. Il ne me fallut pas longtemps pour arriver devant le Sport Center et je me mis à râler en m'apercevant que Seven n'était pas encore arriver. J'étais du genre très impatient et, si je m'autorisais à arriver en retard quelque fois (pour ne pas dire souvent), je détestais attendre les autres, même si la personne en question possédait le statut de « meilleure amie ». Lunettes de soleil sur le nez – plus pour cacher les ravages de la gueule de bois que pour me protéger des rayons du soleil quasiment absent aujourd'hui –, j'attendis le plus patiemment que je pouvais que Seven veuille bien pointer le bout de son nez. Jusqu'à ce que je sente des mains baladeuses me pincer les fesses, ce qui me fit légèrement sursauter.

– Coucou mon petit Casey ! Prêt à bouger tous ces gros muscles qui sont les tiens !?

– Oui, grognai-je de mauvaise humeur. Et si tu recommences à me pincer les fesses, je te balance un haltère en pleine face et tu ne t'en relèveras pas.

Bon, c'était peut-être un peu dur, mais je n'avais jamais dit que j'étais un mec gentil ! Et puis, ce n'était pas Seven qui allait se vexer. Elle me connaissait beaucoup trop pour prendre la mouche à chaque phrase un peu brusque que je lui lançais. C'était d'ailleurs l'une des rares personnes à savoir y faire avec mes humeurs.

Le sport en salle pour une personne comme moi, équivaut bien souvent à se donner bonne conscience et ne pas jeter l'argent de l'abonnement annuel. Et bien sur, je reprends un forfait annuel tous les ans parce que chaque année, je me dis que j'irais au moins une à deux fois par semaine. Ce qui se transforme très rapidement à une ou deux fois par mois, ce qui fait cher la séance de sport croyez le. Enfin, vous savez avec l'argent mensuel que veut bien me donner papa et maman Belle, je suis à l'abri de la faillite. J'avais les clefs de ma voiture en main, nouvelle acquisition depuis l'acquisition du dit permis. Je regardais Casey qui comme à son habitude ne pouvait pas s'empêcher de m'envoyer le poids de sa mauvaise humeur du à mon retard, allons, allons, je lui fis un grand sourire. Comme si je prenais pas un malin plaisir à lui palper l'arrière train. J'en profite, puisque je ne fais absolument aucun effet à monsieur Casey. Il portait son sac de sport, habillé d'un débardeur et d'un large short. N'empêche, je suis convaincue que ceux qui disent avoir rencontré la femme ou l'homme de leur vie dans une salle de sport doivent avoir de sacré problèmes, parce que c'est tout, selon moi, sauf l'endroit de drague. Certes, beaucoup s'y adonne mais ça ne veut pas dire que c'est cautionné. Mater à votre guise, mais par pitié, prenez une douche. Il me menaça de me lancer une haltère . Je lui montrais mes muscles tels une athlète de bodybuilding. « Regarde moi ces muscles, je n'ai peur de rien, pas même des haltères ! »

Je regardais l'entrée, les filles de l’accueil n'aiment pas vraiment ces gosses de riches qui peuvent se payer n'importe quoi, histoire d'avoir bonne question et de ne jamais profiter des choses qu'ils ont. Je crois que je comprends un peu ce point de vue, mais je m'en fiche. Après tout, elles sont bien payées pour sourire et répondre aux questions. J'attrapais Casey par le bras . « Allez boude pas, on va aller suer sur des tapis qui roulent, le pied ! » J'emboîtais le bas, entraînant Casey avec moi, je poussais la porte en attrapant la poignée en métal. Décidément, cet endroit n'est pas fait pour moi, mais le sport c'est bon pour la santé. C'est bon pour la santé. Je lâchais le bras de Casey pour aller donner mon code, me donnant droit à l'accès illimité de tout ce qu'il y avait dans la salle de sport. Je me rattachais les cheveux, les cheveux tomber dans le creux de mes omoplates. Je regardais autour de moi, et me dirigeais vers les vestiaires pour y déposer mes affaires dans un casier avec cadenas, oui j'ai des trucs précieux là dedans j'ai pas l'intention d'enrichir quelqu'un aujourd'hui autre que la salle de sport. Je comptais bien faire ma séance de sport avec Casey le grincheux. J'attendais alors. J'avais acheté ce truc qui permettait de garder l'Iphone avec un braclet autour du bras afin de ne pas avoir à s'en occuper pendant la séance de sport. J'avais une serviette qui allait permettre d'éponger la sueur, et oui comme toute personne normalement constituée de sue. ieurk. Bouteille d'eau en main j'avais les armes pour me battre avec ces machines faîtes pour faire souffrir. Banzai !

– Regarde-moi ces muscles, je n'ai peur de rien, pas même des haltères ! me répondit-elle en me mettant sous le nez l'un de ses bras frêle auquel elle tenta de faire apparaître les muscles de son triceps, sans réellement y parvenir.

Sa réaction m'amusa beaucoup et je ne pus empêcher un sourire de venir effleurer mes lèvres. Il faut dire qu'imaginer Seven rattrapant un haltère lancé vers elle à pleine vitesse d'une seule main était assez hilarant. Non pas que la jeune femme était tellement fragile qu'elle n'avait aucune force dans les bras, mais il fallait tout de même bien reconnaître qu'elle avait encore besoin d'entraînement. De toute façon, elle n'avait nullement besoin d'avoir des muscles saillants comme de plus en plus de femmes qui côtoyaient régulièrement les salles de sport. C'était d'ailleurs quelque chose à laquelle je n'avais jamais adhéré. J'étais peut-être homosexuel, mais voir des femmes aussi musclée, voire même plus, que certains hommes me rebutait au plus haut point – alors, je ne préférais même pas imaginer ce qu'en pensaient les hétéros... Ma petite Seven était parfaite comme elle était, il était donc hors de question qu'elle devienne un monstre de foire ambulant (oui, parce que, pour moi, ce genre de femme ne pouvait qu'être placé dans la catégorie « étrangeté de la société », tout comme les femmes à barbe à l'époque).

– Allez boude pas, on va aller suer sur des tapis qui roulent, le pied ! m'encouragea-t-elle, tout en m'entraînant à l'intérieur du bâtiment.

Après avoir tous les deux donné notre carte de membre aux filles qui s'occupaient de l'accueil, nous nous dirigeâmes séparément vers nos vestiaires respectifs. Une fois la porte de celui-ci refermée, je me changeai sous les regards peu discrets de certains hommes, qui faisaient forcément partis du même bord que moi. Il fallait dire que le centre sportif était situé en plein coeur du quartier gay, ce n'était donc pas étonnant de croiser autant d'homosexuels dans les nombreuses salles de la bâtisse. Mais je n'allais pas m'en plaindre, bien au contraire, car cela me donnait un nombre incroyablement élevé d'occasions de mater de beaux corps musclés en sueur, le rêve pour tout mâle normalement constitué.

Je sortis du vestiaire après avoir fermé à clé le casier dans lequel j'avais soigneusement placé mes affaires d'une certaine valeur, puis, je me dirigeai vers la salle de sport pour rejoindre Seven, ma bouteille d'eau dans une main, mon iPod dans l'autre et l'une des serviettes que j'avais apporté négligemment jetée que l'une des mes épaules.

– Alors, tu sais par quoi tu vas commencer ? lui demandai-je, curieux. Je pense aller d'abord faire un tour au tapis de course, qu'est-ce que t'en dis ?

Le centre de sport dans lequel nous étions inscrit se trouvait au cœur du quartier gay de San Francisco. Tout le monde se jaugeait, les femmes regardaient bien souvent les femmes, les hommes de même, moi je regardais les deux, sans différences de sexe, moins de limites plus de fun. J'avais les cheveux attachés, dégageant mon visage, je regardais les filles les garçons, j'avais plus de chances avec certaines filles, même si je n'étais pas adepte de la femmes avec plus de muscles qu'un mec, moulé dans des cyclistes en lycra de couleurs, l'uniforme antisexe par excellence, j'étais outrée à chaque fois de les voir soulever des artères qui faisait mon poids voire le double. Je regardais mes bras bien minces à côtés de leur poteaux, même mes cuisses semblaient bien frêle à côté de leur bras. J'attendais Casey en bidouillant mon Ipod, ou j'avais plus de deux semaines de musique. Oui, 160 giga, c'est beaucoup, beaucoup de musiques. J'attendais, pendant que des filles couraient sur les tapis avec une cadence régulière, me regardant de long en large et en travers, quelle idée avaient elles derrière la tête, je ne me posais pas la question bien longtemps et passait à autre chose en quelques secondes, en voyant arriver Monsieur Peterson, portant avec désinvolture sa serviette sur son épaule, en mode je m'en fous de tout.

Nous étions tous les deux des enfants qui avaient toujours tout eu. Les plus beaux vêtements, les plus beaux anniversaires, les plus belles voitures, nous étions de ces gens dont les soucis d'argent n'existaient pas. J'assumais ce statut de fille pourrie gâtée, j'étais la dernière de ma famille alors celle qui aviat toujours eu plus que les autres. Ma voiture était une jolie Porshe, je vivais seule dans les quartiers riches de la ville, j'avais un abonnement à la gym qui ne me servait qu'une à deux fois par mois, et je dépensais des salaires en peu de temps, en temps records pourrais-je même dire. Je n'avais pas honte de le dire et de le revendiquer, je n'allais pas m'en excuser. Mon discours peut paraître hautain et méprisant, mais je ne voudrais jamais paraître pour hypocrite. Il me demanda par quoi je voulais commencer, déclara qu'il allait commencer par les tapis de course, je hochais la tête en accord avec son premier choix, la musculation n'étant véritablement pas ma tasse de thé, je n'aimais pas la grimace qui allait avec le soulèvement des poids et le rouge qui montait aux joues pendant qu'elles se gonflaient d'oxygène, oui, définitivement oui, allons courir. « Je vais te suivre sur les tapis de course, du moins je vais essayer. C'est pas dis que j'y arrive. » Je me dirigeais alors vers les tapis de courses.

Arrivée devant l'écran, j'appuyais sur un peu tous les boutons pour que l'écran s'allume, technique peu professionnelle, mais qui fonctionne à tous les coups, j'allais commencer par quelque chose de relativement lent et aviser par la suite. Je ne cours pas de marathon, je ne fais pas de sprint, disons que je suis plus proche du trottinage que la vraie course à proprement parlé, ce qui évidemment n'est pas véritablement glorieux, mais qu'importe, j'allais faire du sport que cela plaise ou non. Je réglais la cadence, le temps et tout ce qui était obligatoire au bon déroulement de la torture physique, plus communément appelé sport. Tous ces réglages pour au final avoir un tapis qui roule. Franchement, l'Homme aime se compliquer la vie. « Et c'est paaarti ! » J'entamais la course avec enthousiasme. Une fumeuse qui fait du sport, on aura vraiment tout vu.« T'as fait quoi hier soir toi ? »

– Je vais te suivre sur les tapis de course, m'approuva-t-elle sans toutefois y mettre trop d'enthousiasme. Du moins, je vais essayer. C'est pas dis que j'y arrive.

Nous nous dirigeâmes donc vers le coin de la salle où une vingtaine de tapis de course, au moins, étaient disposés en ligne de manière parfaite. Beaucoup d’entre eux étaient déjà occupés, mais nous réussîmes tout de même à en trouver deux côte à côte. Après tout, nous étions là pour faire du sport ensemble, il serait donc un peu idiot de courir chacun de notre côté.

Après avoir posé ma bouteille d'eau par terre et posé ma serviette sur l'une des rambardes de la machine, je montai sur le tapis situé à gauche de celui de Seven. Je faillis éclater de rire en voyant ma pauvre amie totalement dépassée par les nombreux boutons que contenait l'écran de l'appareil, et je l'observai, un sourire en coin, en train d'appuyer sur à peu près tout et n'importe quoi. Étonnamment, le tapis de course se mit en marche, et après un « Et c'est paaarti ! » enthousiaste, Seven commença à trottiner joyeusement, un sourire éclatant sur les lèvres (je ne savais pas qu'elle aimait autant courir !).

Plus habitué à ce genre de technologie, je réglai la vitesse, le temps de course et d'autres choses encore sans aucune difficulté, sachant exactement quel bouton correspondait à quel programme. Et alors que le tapis commençait à rouler, je démarrai à petites foulées ma course, prenant peu à peu le rythme imposé par la machine.

– T'as fait quoi hier soir, toi ? me demanda tout à coup Seven pour engager la conversation.

Ce que j'avais fait hier soir ? C'était une très bonne question. Non pas que je ne me rappelais d'absolument rien, mais les souvenirs de la soirée étaient plutôt flous. La seule chose que je pouvais dire avec certitude était que j'avais bu... Beaucoup. Par contre, je n'avais rien dû faire de très sexuel car je m'étais réveillé seul dans mon lit ce matin. A moins que le mec que j'avais baisé hier soir se soit cassé au beau milieu de la nuit... Non ! J'avais beau boire beaucoup, je me souvenais toujours de mes conquêtes d'une nuit. Enfin, rectification ! Je me souvenais toujours du corps de mes conquêtes d'une nuit ! Ce qui m'avait parfois posé des problèmes...

– A ton avis ? Il suffit de voir ma tête pour savoir ce que j'ai fait hier soir, répondis-je avec un petit sourire, tout en lui montrant mon visage sur lequel on pouvait voir les ravages de l'alcool – cela ne m'empêchait pas de rester canon. Ce serait plutôt à moi de te poser la question, dis-je, un sourcil levé, curieux de la réponse.