Mr Smith le psychologue : Mr Easton, pouvez vous nous résumé ce qu’est pour vous le sens de la vie ?

Luke : Notre vie est faite de choix, tout au long nous sommes obligés de prendre des décisions. Parfois elles sont bonnes, excellentes même, et puis parfois … C’est l’envers du décor, tout ce que vous aviez alors espéré tombent inlassablement vers ce néant qui vous entoure. Il n’en ressort généralement jamais rien de bon. Moi, j’ai souvent été trop dupe, voir trop égoïste pour m’en rendre vraiment compte. Aujourd’hui c’est différent, j’ai perdu tout ce qui comptait vraiment dans ma vie ; ma femme, mon boulot, mes amis, peut être même ma famille, alors forcément ça fait réfléchir. Mais est ce qu’il est possible un jour de rattraper ce retard ? Ne serait ce que la moitié des choses que j’ai pu louper ? J’en doute…

Mr Smith : Vous dîtes cela comme si votre destin était scellé, mais rassurez moi votre enfance fut différente ?

Luke : Ma naissance ? Elle se passa, je suppose, comme la plupart de toutes les naissances, à la différence prêt que ma famille, allez plutôt comprendre par là ma mère, en fait toujours trop. Sans doute pour prouver à la terre entière que sa petite vie bien rangée vaut toutes les autres vies, bonnes ou mauvaises. Enfin il n’empêche qu’elle fit de ce jour pluvieux, sans doute l’un des meilleurs de l’année. En réalité, et aujourd’hui je m’en rends compte, il s’agissait là bien plus d’une compétition qu’autre chose, entre mères de bonnes familles, comprenez. Tant qu’on pouvait montrer qu’on avait de l’argent tout était bon…
Enfin passons. Pour ce qui est de mon enfance, elle fut heureuse. Du moins je n’en ai pas un mauvais souvenir. J’ai grandit à New York. Et j’ai tout de suite remarqué que dans cette ville pour réussir, il fallait être différent. Qu’il fallait avoir ce petit truc en plus vous voyez. A une époque, il n’y a pas de doute la dessus, j’étais au dessus. Ma mère passait ses journées à me répéter qu’il ne fallait pas que je me mélange avec le bas peuple, que je valais mieux que tous ceux là. Je l’ai cru. Et regardez ce que je suis devenu aujourd’hui… [Rire].

Mr Smith : Et votre père dans tout ça ?

Luke : Oh mon père ! Il était plutôt doué dans son rôle. Il s’occupait de moi quand il avait un moment, il me cédait tout derrière le dos de ma mère. Mise à part son absence ce fut un bon père. Puis faut pas oublier que c’est lui qui m’a initié à son métier, que c’est grâce à lui que je suis devenu riche, voir célèbre…

Mr Smith : Ah tiens revenons-en à votre parcours, vous étiez brillant ?

Luke : Je l’étais en effet…. Faut dire aussi que j’avais tout pour réussir. Une facilité à apprendre, à aller vers les gens aussi, et puis j’avais mon père. Sans lui je n’aurai pas eu ma place au sein de la société, de SA société. En fait sans lui je ne serais rien du tout. Peut être que je me serai démerdé, oui, mais jamais je n’aurai eu ce que j’ai pu avoir… Autrefois…

Mr Smith : Et qu’aviez vous ?

Luke : Tout… Une femme merveilleuse, un boulot fantastique, des amis sur qui je pouvais compter…

Mr Smith : Racontez-moi

Luke : J’ai rencontré Tess à NewCastle, dans un petit Starbuck. Elle était divine. Et puis vous l’auriez vu sourire. Enfin bref j’ai prit mon courage à deux mains et je l’ai invité à prendre un verre. Ca c’est fait petit à petit. Elle et moi. Je pense qu’on s’aimait. Oui certainement sinon on ne se serait pas marié deux ans plus tard. Et… En réalité j’ai fait le con. J’ai vraiment tout gâché. A l’époque je buvais, énormément. J’étais même violent. Puis quand vous débutez dans le métier et que vous voyez toutes ses femmes autours de vous, croyez-le ou non il faut être sacrément doué pour leur résister… Il n’en est pas moins que j’ai été trop loin… Vous dire si c’est parce que je ne l’aimais plus ou pas, je ne sais même pas moi-même. Toujours est-il que ce soir là Tess m’a vu en compagnie de la secrétaire… Au lit… Et qu’après cela elle a demandé le divorce.

Mr Smith : Est-ce tout ?

Luke : Non. J’étais violent. Beaucoup trop. J’ai même réussi à la menacer. Ca m’a foutu un coup ce soir là. Je… Je n’aurai pas du. Vous savez sans doute ce que c’est de tenir à une personne de toutes vos forces et que vous craigniez tellement qu’elle disparaisse que vous mettez tout en œuvre pour tester ses limites ? Et bien faut croire que Tess était une femme forte, beaucoup trop pour un homme comme moi. Aujourd’hui je ne pense pas la revoir. Elle a du me fuir. Partir loin avec comme objectif majeur ne jamais recroiser ma route. Et qui pourrait l’en blâmer ? Surement pas moi docteur.

Mr Smith : Et votre travail dans tout ça ?

Luke : Pour ça il n’y avait pas vraiment de soucis. Après le départ de Tess je me suis investi corps et âme dans mon travail. J’ai même réussi à ouvrir ma propre société. Vendre des actions rapporte parfois plus que d’en acheter vous savez ? Enfin bref j’ai gravis l’échelle sociale à une vitesse incroyable. Tellement d’ailleurs que je ne me suis pas fait que des amis. Et c’est là que tout à basculé. Ms amis se sont éloignés de moi, je devenais soi disant trop « narcissique » [rire] Maintenant que je prends du recul, ils n’avaient pas vraiment tort. Et puis mes ennemis ont commencés à frapper. Fort. Mentalement et physiquement parlant. C’est là que j’ai compris que je ne pourrai pas assurer la suite. Ma famille à commencé à me tourner le dos lorsque je leur faisais par de mes craintes de revendre la société. Vous comprenez un fils qui régresse dans le rang social ce n’est pas normal… J’ai alors ouvert les yeux et je me suis fait à l’idée qu’en perdant Tess j’avais tout perdu. Pathétique n’est ce pas ?

Mr Smith : Qu’allez vous faire maintenant ?

Luke : C’est dingue ça vous ne répondez jamais aux questions ? Maintenant ? Je pense que je vais vendre la société et donner l’argent reçu à une association. Je vais également continuer mon traitement de désintox. Peut être vais-je changer de ville aussi. Je pense que San Francisco peut être un bon moyen de replis. Et puis je vais repartir de zéro, et essayer d’avoir foi en l’avenir. C’est le meilleur à faire…

Mr Smith : Et bien dans ce cas Luke, je vous souhaite bonne chance. Et sachez que toute personne peut-être sauvé si tant soi peut qu’elle le désire. Et je pense que vous le désirez, sinon vous ne seriez pas venu me voir. Bon courage pour la suite. Moi j’ai foi en vous.

Luke : Comme quoi vous êtes bien payé pour raconter n’importe quoi !