Something is not right.

« Tu sais Garret, avec mes collègues on a tout notre temps. Alors on va te reposer la question une dernière fois : quel était ton rôle dans l'enlèvement et la séquestration de Heaven Parker ? » Les bras croisés, je fixais un point invisible sur la table. Cette question, j'avais du l'entendre des dizaines, des centaines de fois depuis que j'étais arrivé dans cette salle. L'interrogatoire ne semblait pas cesser une seconde, mais malgré ce qu'ils disaient, je voyais bien que les flics et enquêteurs arrivaient au bout de leur patience. Cela devait faire trois, peut-être quatre heures qu'ils m'interrogeaient, et pas un mot n'avait franchit mes lèvres. J'aurais bien été tenté de leur dire d'aller se faire foutre, mais je réalisais que en plus de ne pas arranger ma situation, ça ne servirait à rien du tout. Peu importe l'issue de l'interrogatoire, les révélations que je pourrais leur faire, je serais sûrement jugé coupable. J'avais connu la garde à vue, j'allais sûrement connaître la taule désormais. Carter m'aura pourri la vie jusqu'au bout... Et encore, dès que j'aurais mis un pied dehors, il m'attendrait certainement au tournant pour me faire basculer à nouveau dans un sombre chemin. De toute façon, je n'y aurais pas réchappé. Dès le moment où je m'étais mis à venir droguer régulièrement Heaven, j'avais su que ça me retomberait dessus. A l'usine, j'avais fuit comme un lâche tout en sachant que si jamais je réussissais à leur filer entre les doigts, j'y gagnerais seulement deux-trois jours de liberté avant qu'ils me remettent la main dessus. Fallait se rendre à l'évidence, je n'avais que ce que je méritais. Au moins tout le monde était sain et sauf... du moins, à ma connaissance. Je n'avais eu aucune nouvelles de personne. Mais Carter n'irait pas s'en prendre à quiconque après ça. Il irait se tapir dans l'ombre en préparant un nouveau sale coup. Je levais un regard vide vers l’enquêteur en haussant les épaules, signe que je me fichais bien de ce qu'il racontait. Il n'apprécia pas vraiment apparemment, car il m’attrapa par le col avec un rictus haineux. « T'en fais pas ordure, on en a fait parler des plus coriaces que toi. Mais si tu n'as rien à nous dire, je serais ravi de t'envoyer croupir derrière les barreaux pour au moins une bonne décennie. » Des menaces, encore et encore. Ça devait être un ami d'Elias pour qu'il s'acharne tant sur mon sort.

Deux minutes plus tard, je me retrouvais seul dans la salle, assis sur cette chaise, face à mes démons. Je n'avais rien dit depuis plusieurs heures, pourtant je ne cherchais pas à me défendre. Moi-même, j'avais du mal à me pardonner ce que j'avais fait. Je ne me sentais pas sur le point de craquer étrangement. Les émotions n'étaient plus là. Je croisais les bras sur la table, enfouissant ma tête dedans. J'étais dans l’œil du cyclone, restait à voir combien de temps. Comment j'avais pu me retrouver là... Je relevais la tête en entendant le bruit de la porte. Un nouveau flic qui pensait pouvoir me tirer les vers du nez ? J'eus l'impression de me prendre une claque retentissante en voyant Elias apparaître dans mon champ de vision. Lui, je ne pourrais pas supporter. Mon regard se reposa sur la table, mais cette fois, par un sentiment de peur. « C'est plus compliqué que ça en a l'air.. » Ma voix était étrangement rauque, certainement à cause du silence qui avait trop longtemps duré.


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Something is not right.

Plusieurs hommes m'avaient interrogé sans relâche pendant quelques heures, sans obtenir le moindre mot de ma part. Et maintenant que Elias mettait les pieds ici, je me sentais obligé de me justifier. J'avais besoin de lui prouver tout simplement, que je n'étais pas qu'un pourri qui avait abusé de sa confiance. Il était en quelques sortes mon seul moyen de contact avec le monde extérieur. Certes, cela devait être confidentiel. Mais je ne doutais pas un instant que je pourrais obtenir des informations sur ce qu'il s'était passé après mon arrestation. Elias semblait fatigué, mais pas déprimé. J'en arrivais doucement à la conclusion qu'ils avaient réussi à récupérer Heaven. Ce qui me soulagea grandement. Je n'aurais jamais l'occasion de m'excuser face à elle, mais je regrettais mes actes à un point inimaginables. J'avais préféré jouer le faible et exécuter sagement les ordres pour ne pas avoir affaire à des complications nous dirons. Est-ce que c'était la meilleure chose à faire ? J'en savais rien. J'y songeais de toutes les façons possibles sans trouver de réponse claire, nette, précise. Je peinais à affronter le regard lourd d'Elias. Il était en face de moi, j'avais réussi à parler. Mais je le redoutais. Je redoutais son jugement, sa sentence. Est-ce que ce que je dirais changerait la donne ? C'était impossible à dire. Il ne fallait plus croire au Père-Noel. Les choses ne seraient plus jamais comme avant.

« Qu'est-ce qui est compliqué Seth ? Le fait que tu m'as menti, que tu m'as caché la vérité ou le rôle que tu as eu dans toute cette histoire ? » Premier coup de poignard dans le cœur. Il ne m’épargnerait rien, je le sentais. Oui, j'avais menti sur toute la ligne. A l'écouter, on croirait que au final j'étais fier que mon mensonge ait duré si longtemps. Des conneries. Est-ce qu'il pourrait me croire si je lui disais que depuis l'enlèvement d'Heaven, j'avais été incapable de me regarder dans un miroir sans y voir une ordure sans cœur ? Au milieu de mes remords, j'éprouvais une rancœur sans bornes pour Carter. Si jamais je lui retombais dessus un jour, je saurais me venger. Quitte à y laisser ma vie. Je n'avais pas la conscience tranquille depuis plusieurs mois alors au point où ça en était. « J'ai besoin de comprendre Seth pour moi bien sur mais il faut aussi que tu parles pour l'enquête et j'aimerai que tu me parles... Comme tu vois en plus de bosser au club, j'ai repris mon poste ici alors parle-moi... » Je levais un regard incertain sur Elias. A quoi s'attendait-il ? Je ne lui apporterais rien de plus que ce qu'il savait déjà concernant le cœur du problème : Aaron Carter. Je n'étais qu'un pion. Et la seule chose que j'avais à sauver, c'était ma liberté.

Je me mordais la lèvre, cherchant par où commencer. Mes doigts s’emmêlaient entre eux. Ma nervosité allait réellement me causer des problèmes si ça continuait. Je jetais un coup autour de nous. Vitre sans teint, conversation sûrement enregistrée. Je soupirais bruyamment, me ratatinant sur moi-même sous le coup de la honte. « Tu as raison. J'étais au courant pour la séquestration d'Heaven, où elle était. Je n'aurais pas pu te prévenir à l'avance, je ne l'ai appris qu'après. Et puis de toute façon, je n'aurais pas pu te prévenir tout court. J'aurais pas pris ce risque. » Je me tus. Ce que je racontais n'avait aucun sens. Il fallait prendre du début. « Quand Heaven a été enlevée, j'ai été chargé de la droguer parce que... je travaillais pour lui. Cela faisait environ huit mois. Il ne m'avait pas laissé le choix. Mon père avait des dettes envers lui, je devais les lui rembourser. Sinon... c'est la vie de mes proches qui auraient été en jeu. Celle d'Adam pour commencer. Il me demandait une somme exorbitante alors j'ai préféré travailler pour lui plutôt que de jouer avec le feu. Et ça a dégénéré. Les ordres étaient clairs, silence et discrétion en toute situation sinon... » Mon regard se perdait au loin au fur et à mesure où je repensais à ces journées maudites. « Je sais que ça changera plus rien désormais, mais crois moi. Je suis désolé de tout ce qu'il s'est passé. »


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Something is not right.

Elias avait l'air de penser que c'était simple. Que ce qu'il s'était passé était une situation vraiment simple à expliquer, tellement que je n'avais pas d'excuses. Mais en réalité, c'était juste complexe. Combien d'heures avais-je passé à me torturer l'esprit pour trouver une solution qui conviendrait à tout le monde ? Je ne pouvais pas travailler pour Carter tout en étant franc avec mes amis. Amis qui n'en seraient peut-être plus désormais. D'où ce puissant besoin de partir, de dégager loin de San Francisco. Peut-être pour toujours finalement, vu que plus rien ne me retenait. Mais avant il allait falloir que je me sorte des ennuis avec la justice. Car quoiqu'on en dise, j'avais été complice dans une grosse affaire. J'avais honte de moi, mais c'était loin de m'accabler autant que ça le devrait. Je crois que désormais, j'étais plus résigné qu'autre chose.

« Je peux très bien comprendre ce que tu as voulu protéger ceux que tu aimais donc mon frère mais je te croyais l'ami d'Heaven... Je te croyais mon ami... Tu aurais pu m'en parler... » Je soupirais bruyamment en croisant les bras. Mais bien sur. Je savais qu'Elias était du genre à agir plutôt qu'à réfléchir, mais là c'était plus le moment de se la jouer super-héros. Il allait falloir que ça lui rentre dans la tête « Si tu penses comme ça, alors je crois que c'est que tu ne peux pas comprendre. Si je t'avais prévenu, qu'est-ce que tu aurais fait ? Tu serais resté les bras croisés à attendre ? Non. Tu aurais tout fait pour la sortir de là. Tu n'en as peut-être pas eu l'impression, mais Carter te surveillait de près. S'il avait deviné que j'avais cafté, je crois qu'il se serait purement et simplement débarrassé d'Heaven jusqu'à trouver un autre moyen de pression. Quant à moi, il me l'aurait fait payer amèrement. Il aurait été capable de me forcer à tuer de mes propres mains un ami. Alors vraiment, je suis désolé, mais tu n'as pas l'air de réaliser à quel point j'ai été impuissant. En ne disant rien, je crois qu'au contraire j'ai fait en sorte d'éviter les blessés. » Je n'avais jamais été le type de la situation. Mais j'avais pas agi comme un total crétin contrairement à ce que Taylor pouvait croire.

« Je peux accepter tes excuses mais ne me demande pas te de pardonner pas pour le moment Seth, je te faisais confiance et même si je te comprends comme déjà dit, il va falloir du temps avant que je te pardonne réellement.... Ne t'en fais pas, tu auras toujours ton job, pour ça je n'ai rien à te reprocher.... » Après ce que j'avais fait ? J'arrivais pas à comprendre comment Elias pouvait garder son calme. Je me détestais à tel point que j'avais juste envie de me taper la tête contre les murs, et lui faisait presque comme si de rien n'était. Je préférais largement l'ignorance finalement. C'était plus facile à supporter. « Je ne te demande pas de m'excuser ou de me pardonner. Juste de me croire quand je te dis que je n'ai jamais voulu tout ça. Quant au job, je suis désolé mais je donne d'or et déjà ma démission. Dès que je sors d'ici, je quitte San Francisco. J'ai pas envie de recroiser Carter au premier coin de rue, tout comme j'ai pas envie de vivre dans des remords constants dès que je passerais du coté de Castro ou de North Beach. Et puis ce sera mieux pour tout le monde. » achevais-je tristement. Parce que oui, c'était triste que ça finisse ainsi.

« Tu peux me donner des détails sur comment tout c'est passé et comment il a fait pression sur toi à cause des dettes de ton père etc... raconte moi le plus possible s'il te plaît... » Par où je devais commencer maintenant que c'était terminé ? Mais si il y avait besoin... Je respirais profondément. « Il a toujours une longueur d'avance. C'est ce qu'il m'a dit le jour où je l'ai rencontré, et c'est ce qu'il m'a prouvé au fil du temps. Il a toujours réussi à savoir où j'étais et avec qui, me demande pas comment. Il connaissait mes points faibles. Au début il me menaçait littéralement de me torturer mais finalement en voyant que ça ne me motivait pas tant que ça, il a choisit mes proches comme cible. Il pouvait me dire les adresses à voix haute, les moments où il pourrait les y trouver. Autant dire qu'il ne m'a pas laissé le choix. »

Je laissais le silence s'installer. En cinq minutes, Elias avait obtenu plus de moi que les flics en cinq heures... « Comment elle va ? »



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Something is not right.

Dans ma tête, c'était le bordel. Je m'en voulais, j'avais des envies de meurtre envers Carter. Je me retrouvais définitivement seul, la plupart de mes mais m'ayant tourné le dos en apprenant ce que j'avais fait. Dans le fond, j'avais eu mes raisons d'agir comme je l'avait fait, et tout avait été soigneusement calculer pour qu'il n'y ait pas de blessés, rien. Mais aux yeux de la police, j'avais été complice. Même si tout m'avait forcé à aller dans le mauvais sens, je ne pensais pas vraiment mériter le courroux du monde entier. J'avais déjà assez de mal à me regarder dans le miroir chaque matin, je n'avais pas besoin qu'on en rajouter en me dédaignant du regard. Pourtant, que Elias soit aussi calme, aussi compréhensif, me dérangeait profondément. J'aurais préféré ne pas le voir finalement. Il était le seul à vraiment comprendre, car il avait déjà eu affaire à Carter. Mais il était la première personne que j'aie trahie, à mentir, à jouer double-jeu en le regardant souffrir et se démener pour retrouver Heaven. Je voulais partir loin, m'enfuir et ne plus jamais revenir. Ce serait mieux pour tout le monde, dans le fond. Ne plus jamais revoir les gens que j'avais blessé voir détruit.

« Tu sais que tu n'es pas obligé de fuir... On peut te protéger tu sais... Après je ne t'obligerai pas Seth... Mais sache qu'à ton retour, une place t'attend... » Un rire sans joie, presque acerbe agita mes épaules. Si seulement c'était aussi simple. Si je pouvais rester et reprendre ma vie où elle en était, comme si rien ne s'était passé, je l'aurais fait. Mais c'était tellement plus compliqué que ça. Je ne pouvais pas rester dans cette ville, pas quand j'avais l'impression que ses frontières se refermaient sur moi pour m'étouffer jusqu'au bout. J'étais à bout déjà. « Si Carter a envie de me faire la peau, il n'y a pas de protection qui tienne. Et je pourrais rester, mais à quoi bon ? Pour voir régulièrement des personnes que j'ai trahi malgré moi ? Pour avoir l'impression que chaque regard est planté dans mon dos, à me critiquer et me descendre ? Et puis le Yelen, n'en parlons pas... Comment Heaven réagirait si elle me croisait ? Et Adam ? Et tout le monde en fait ? J'ai déjà assez de mal à me regarder en face dans un miroir, je n'ai pas besoin de rajouter à ça la couche de remords que j'aurais en repensant à ces derniers mois. J'ai fait des choses dont je ne suis pas fier, et tu comprendras que j'ai juste envie d'oublier. »

« Je comprends Seth... Si tu te souviens du moins truc même le plus petit qu'il soit, n'hésite pas à nous le dire... Mais … Crois moi qu'il va me payer tout ce qu'il a fait et pas seulement à Heaven... » Je hochais la tête, sans pour autant oser affronter son regard. Qu'est-ce que je pouvais dire d'autre, qui avancerait vraiment l’enquête et qui permettrait de faire avancer l’enquête ? Pas grand chose. J'avais travaillé pour Carter, oui. Mais j'avais déjà dit le principal, le reste n'avait pas d'importance. Inutile de déballer les autres méfaits que j'avais connu, sachant que la salle était sûrement sur écoute, et que je risquerais juste de prendre plus que ce que je risquais déjà pour la peine. « J'aimerais pouvoir t'aider à descendre cette ordure. Mais tu t'attaques à un gros poisson. Carter est entourés de tueurs et même de tueuses d'élites, qui ne jurent que par le meurtre et toutes sortes de damnation. Il n'est jamais seul. Et crois moi, il ne tiendra pas forcément parole le jour où il aura l'occasion parfaite de t'abattre avec une balle dans la tête. »

« Je ne peux pas dire qu'elle va bien ou qu'elle va mal, il va en falloir du temps surtout pour se sevrer... Mais elle est forte et elle n'a rien perdu de son caractère, à peine j'étais à l'hôpital qu'elle voulait sortir... La suite je te laisse imaginer, une belle prise de tête et j'ai préféré partir, si tu veux je viendrais te dire ça tout à l'heure, je dois aller la voir et je pense qu'ils vont te garder encore aujourd'hui, je vais essayer de voir pour qu'il te relâche vite... » Elle allait bien malgré tout. Enfin, bien... Il allait falloir qu'elle parvienne à passer au dessus de la drogue. Mais si elle gardait son fort caractère, c'est que moralement, elle tiendrait le coup. Une vague de remords m'envahit lorsque je la revoyais en train de se débattre contre la dose que je lui imposais. Elle devait me haïr. « Je suis tellement désolé... Je me doute qu'elle ne veut plus avoir affaire à moi et c'est compréhensible. Mais... Je crois qu'elle est la première à qui je dois m'excuser. J'espère qu'elle s'en sortira vite. » Je marquais une pause. Si elle ne voulait pas me voir, je ne m'imposerai sûrement pas. « En tout cas... merci Elias, pour tout ce que tu fais. Alors que je le mérite peut-être pas... »



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Something is not right.

Les flics m'avaient interrogé pendant des heures sans rien obtenir de moi, sans que je ne ressente rien qu'un profond néant au creux de ma poitrine. Mais au bout de dix minutes de discussion avec Elias, je me sentais déjà lessivé. Je voulais juste que cela s’arrête, qu'on me foute la paix. J'étais soulagé que la vérité soit sortie, mais la culpabilité m'étouffait tellement que je ne me supportais plus moi-même Comment j'avais fait pour tenir jusqu'à aujourd'hui ? Comment j'arriverai à vivre en sachant que j'avais failli avoir la mort d'une amie sur la conscience, en la droguant régulièrement ? J'avais perdu tout ce que j'avais, des amis, la liberté, la fierté, l'estime que j'avais envers moi-même Je me dégoûtais tellement. Le pire étant qu'une petite voix dans ma tête me soufflait inlassablement « c'est bien de t'en apercevoir Seth, mais c'est trop tard. Ils ne te pardonneront jamais, et si ça se trouve, quand tu sortiras de là, Carter t'attendra de pied ferme pour te faire payer ta langue trop pendue... ». Les menaces ne me faisaient plus peur au point où j'en étais. Qu'est-ce que j'avais de plus à perdre ? J'avais déjà tout joué. Ça me donnait envie de chialer comme un gamin. J'avais déconné, et même si toutes les raisons du monde étaient avec moi, je n’arrêtais pas de me poser des ''et si'' qui laissaient penser que peut-être j'aurais pu aider tout le monde. Carter avait voulu me transformer, et dans un sens, il avait réussi. Moralement, j'étais brisé.

« Il suffit de peu tu dis ? J'aime bien ce discours. Mais tu penses que des choses pareilles s'effacent ? Non. A mon avis, personne ne peut oublier ce que j'ai fait. Le pourquoi n'a aucune importance. Il y a juste les faits. J'ai voulu bien faire, mais il fallait faire un sacrifice quelque part. C'était Heaven ou Adam, et crois moi, je n'aurais pas été coopératif, Carter ne se serait pas contenté de maintenant Adam dans un état comateux. » Ma gorge se noua en imaginant les pires scénarios qui soient. L'histoire aurait pu très mal tourner. Je soupirais, mon regard fuyant à nouveau pour affronter la table. Au moins, elle ne me jugeait pas, elle. Incapable de penser. J'aurais tellement voulu être incapable de penser moi aussi. « Je ne dis pas que ce qu'il s'est passé avec Heaven n'a aucune importance, loin de là... Mais comparé aux menaces qu'il avait fait... ça aurait pu être tellement pire. » Et je m'excusais. Encore et encore. Je tentais de justifier mes actes, je me défendais comme je le pouvais dans l'espoir de ne pas être vu que comme une saloperie qui avait collaboré avec un connard de première. Que mes -anciens- amis perdent le respect ou l'amitié qu'ils avaient pour moi, je pouvais l'accepter. Mais qu'on me considère comme l'égal d'Aaron Carter, là, je ne risquais pas de le supporter.

Le cas d'Heaven m'inquiétait plus que je ne le laissais paraître. A cause de moi, elle était retombée dans ses anciens démons. Comment je pouvais me pardonner ça ? Ça n'aurait jamais du arriver. Entendre Elias me dire que le pardon serait difficile me laissait honteux. Je ne pouvais pas soutenir son regard plus de quelques secondes. Une chansons disait « I will forgive but I won't forget, and I hope you know you've lost my respect ». Jamais ces paroles ne m'avaient semblé aussi évidentes. Est-ce que le chanteur s'était retrouvé dans une situation semblable, à contempler une trahison qui n'aurait jamais eu lieu d’être ? « Vous n'entendrez plus parler de moi après ça. Ça vous évitera de chercher à décider comment agir avec moi. » Je me levais, adressais un dernier regard à Elias, et sortais de la salle d'interrogatoire, le moral plus bas que jamais.



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