« Ryan & Elias » “Live as if you were to die tomorrow. Learn as if you were to live forever.”

Le truc c'est que j'avais horreur des planques, pour la bonne et simple raison qu'ils fallaient restés assis bien sagement sur son cul pendant de longues heures, et bien souvent pour rien. Mais pas comme ci, j'avais vraiment le choix quand il s'agissait de conclure une enquête en cours. L'excitation, l'adrénaline de pouvoir coincer un petit truand n'était pas sans le long processus de l'enquête et de l'accumulation des preuves. Un coup de bol pour moi, j'avais Eli avec moi sur cette enquête, et on partageait le même sens du devoir quand il s'agissait de notre boulot. On était tous les deux têtes brûlés, et on partageait aussi le même sens des valeurs concernant ces types sans scrupules. Nous étions donc dans la voiture depuis une longue heure, à observer les allées et venues d'un entrepôt dont un indic nous avait refilé l'adresse. Et pour le moment, il ne se passait pas grand chose, sauf que je m'ennuyais à mourir, et que la vieille caisse qui nous abritait commençait à ressembler à une décharge, entre les différents mégots débordant du cendrier et les emballages de la malbouffe que j'avais insisté pour prendre. Hors de question que je meurs de faim !

Mais revenons à nos moutons et la situation actuelle, mon compagnon de boulot semblait d'humeur maussade, pas qu'il soit particulièrement bavard, à l'opposé de moi, mais il décrochait à peine deux mots, malgré mes nombreuses tentatives pour discuter. J'avais abandonné dix minutes plus tôt de faire la conversation, mais le silence, le calme, ce n'était pas franchement mon trip. J'avais toujours suspecté une tendance à l'hyperactivité chez moi, mais je vivais avec depuis tellement longtemps que je n'avais jamais pris soin de voir plus loin. Je jetais un coup d'oeil au jeune flic, que je considérais comme un petit frère, il avait la même tranche d'âge que le mien pour être honnête, et je tentais de lui donner, ce que je n'étais pas en mesure d'offrir à Chris, c'est à dire des conseils foireux mais une oreille attentive. J'allumais donc une énième cigarette, avant de me décider à retenter à parler, en espérant que j'ai plus qu'un petit hochement de tête, je savais que quand je l'ouvrais il était pas évident dans placer une mais les monologues, aussi intéressants soient les miens ne duraient qu'un moment.

" Tu penses qu'on a vraiment une piste ? Ou c'est encore une perte de temps, je te jures, je leur donne encore une heure, et après je file. J'ai promis à Tony de lever le pied sur les horaires de dingues, et je vois pas pourquoi je m'en priverais surtout quand je me fais chier de cette manière. Je veux dire choisir entre rester assis dans un fauteuil défoncé d'une voiture à l'odeur douteuse en compagnie de toi, ou m'envoyer en l'air avec mon homme, y a genre totalement pas photos. Sans offense bien sur, tu vois mon point de vue quoi ? C'est quand même la merde, ce boulot, une paye misérable, des horaires à dormir dehors, et tout ça pour quoi ? Avoir une chance sur dix de coincer le salaud, pour qu'il soit libérer la seconde après avoir mis un pied en prison, par des avocats à la morale douteuse. " J'avais conscience que je vivais avec un des dits avocats en question, mais cela avait toujours le terrain sensible de notre relation, nos professions respectives. Et puis, j'y pouvais rien, mais rester assis comme un con me rendait plutôt grognon, ou alors c'était l'humeur de mon partenaire que se révèlait contagieuse " Bon, j'ai besoin d'une distraction, dis moi ce qui fait que tu nous tires une gueule pareille, gamin ? "