C'est qu'on peut vite se rendre fou, à jouer à qui tiendra le coup [Ft. Innocence de Saint-Louis]

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Après une séance photo plutôt différente de celles auxquelles il s'adonnait habituellement, Dylan s'avançait aussi vers une soirée différente de celles auxquelles il participait en général. Les clients du contrat qu'il avait signé l'avait invité à venir célébrer le lancement de leur nouvelle publicité en sortant dans un club assez populaire qu'était le Scorpion's.

Détendu, Dylan passait une belle soirée en parlant un peu à tout le monde, à siroter son whisky et faire des blagues que peu auraient osé prononcer. Prenant congé du groupe, il s'éloigna des gens pour aller se chercher à boire. S'avançant vers le bar, une jeune femme ayant de toute évidence un peu trop forcé sur l'alcool le bouscule, vacillante sur ses chaussures aux talons vertigineux.

Elle fait quelques pas, puis menaçe de tomber juste avant que Dylan ne la rattrape par un bras et une hanche. Son regard s'arrête sur cette paire de jambes maigres et son sourire se fige alors qu'il regarde ces cheveux de blé de trop près. Il fait un pas en arrière alors qu'elle se redresse, mais c'est trop tard, il a déjà reconnu ce parfum. Son cœur se crispe; c'est elle.

Et tout remonte en même temps. L'amertume, la rancune, les regrets qu'ils ne veulent pas avoir et qui se transforment en haine. Les souvenirs, ceux que Dylan avait entassés bien loin pour ne pas avoir à faire face à cet échec chaque jour de sa vie.

Il ne sait pas quoi dire, son souffle égaré quelque part, sans doute pas loin de ses mots qui lui échappent. Il la dévisage, son regard détaillant son maquillage défait, ses fringues de parisienne friquée. Son regard vide. Il la reconnait, mais non, ce n'est pas elle.

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Dylan n'avait pas envie de replonger dans ce qu'il y avait autrefois eu entre eux, mais il succomba bien tôt à la vague de souvenirs et d'émotions le submergeant, et bien qu'il avait baissé les yeux quelques secondes plus tôt, il se remit à dévisager la jeune femme qu'Innocence état devenue. Ses prunelles scrutant chacun des détails sous-entendant qu'Innocence était en état de détresse dans lequel elle semblait s'être enfoncée elle-même, il secoua négativement la tête. Ce ne pouvait pas être réel.

«C'est impossible...» la blonde avait-elle laissé tombé dans un souffle comme si elle avait suivi le cours de ses pensées. Son accent parisien le ramena violemment en arrière. Il se remémora leurs après-midi passés chez les parents d'Innocence, alors qu'ils étaient absents ou trop occupés pour même se rendre compte de la présence de Dylan. Elle lui faisait la lecture de roman d'Alexandre Jardin, affirmant haut et forme que cela finirait bien par l'habituer à la prononciation du vocabulaire francophone, et que ça l'aiderait à parler français. Il n'en croyait pas un mot, et ne comprenait rien à ce qu'elle lui racontait, mais il préférait la regarder en silence, savourant sa beauté et un de ses rares élans d’enthousiasme plutôt que de ne ruiner le moment. Malheureusement ces moments de simplicité n'avaient pas duré.

Le bruit d'éclat d'un verre que quelqu'un venait de briser ramena Dylan sur terre.

«Effectivement... Je ne sais pas comment tu fais pour tenir debout comme ça. On dirait un cadavre.» lâcha-t-il découragé. Il passa une main sur son visage, abattu. Il ne savait pas trop à quelle sorte de réponse il aurait droit une fois qu'il eut prononcé ces mot... Elle les nierait peut-être par fierté... ou n'y répondrait peut-être tout simplement pas.

Ils étaient si loin de ce qu'ils avaient déjà eu.

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« C'est le cadavre que t'as laissé du jour au lendemain, je te signale. » lui lança-t-elle froidement. Son ton glacial était perceptible jusqu'à la façon dont les muscles de son corps s'étaient tendus.

Alors, comme ça, elle s'en prenait à lui... Elle était la victime de la situation, il l'avait laissé, c'était de sa faute. C'est vrai, il était un beau salaud de l'avoir plantée là... mais il n'était même plus sûr qu'elle l'ait aimé. Elle aimait l'idée de ce qu'elle voulait qu'il lui apporte... du moins, c'était comme ça que Dylan voyait les choses. Il avait préféré s'éclipser plutôt que de ne faire plus de mal là où il croyait apporter plus de tort que de bien. Il n'était pas ce qu'elle voulait vraiment, et ça il en était persuadé. Assez persuadé pour qu'elle ne réussisse pas à le faire changer d'idée le jour où il avait décidé de lui tourner le dos.

- C'est toi-même qui te laisse tomber, tu te fais mal toute seule Innocence , il lui dit d'un ton calme. Il ne se doutait pas qu'il allait subir sa colère et q'elle allait réussir à l'atteindre, et le frustrer lui aussi. Ce n'est pas moi c'est toi, et je veux te faire mal comme tu m'as fait mal. C'était surement le souhait inconscient d'Innocence. Malheureusement pour elle, elle ne s'y prenait pas exactement de la bonne façon pour le blesser, du moins pour le moment.

- Vas-y, défoule-toi si tu veux...

Il était demeuré amer face à cet échec... L'unique petite parcelle de son être capable d'espoir et de romance, aurait voulu que ça marche... Mais il n'y était pas arrivé... Et cette partie de lui était morte en même temps que leur relation. Il avait fermé cette porte il y avait longtemps, et Innocence l'assénait de coups de poings, comme si elle ne croyait pas qu'elle puisse être véritablement fermée. Verrouillée, propriété abandonnée. Et bien qu'il comprenne qu'elle était en colère et blessée que cette porte lui ait été claquée au nez, il n'avait nulle envie de lui montrer ce qui se cachait derrière cette façade. Elle avait trop attendu de lui... trop pour ses capacités restreintes à aimer. Il s'était cru capable d'aimer plus fort que n'importe qui... mais peut-être s'était-il simplement caché la tête dans le sable. Il n'avait pas un assez grand cœur pour être capable de laisser qui il était derrière lui. Elle voulait qu'il la sauve, mais il s'en serait perdu lui-même.

Maintenant qu'elle était lancée, il savait qu'elle lui reprocherait sans doute de lui avoir fait du mal, peut-être même de lui en faire encore. C'était une conversation sans issue.

-Le problème avec toi, c'est qu'on ne peut te dire que ce que tu veux entendre... Tout le reste te fait mal.

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« Suis-je censée m'excuser d'avoir eu mal ? Parce que oui, ça a été le cas. Excusez-moi monsieur Miller, vous avez réussi à me faire tomber. Je vous félicite. » Dylan avait cru qu'il n'aurait aucune difficulté à garder son calme devant la blonde, et pourtant, son sarcasme et son ton cassant commençait à lui chatouiller les nerfs. C'était comme si elle avait cherché à empirer la situation pour le faire payer de ce qu'il lui avait fait... On aurait dit qu'elle voulait lui remettre la monnaie de sa pièce en lui faisant la pire scène de sa vie. Regarde comme j'ai mal, ça ne te fait pas mal toi?

Il riposta, devenu légèrement impatient, sans pour autant avoir monté la voix.

-Et tu crois peut-être que ça a été facile pour moi?

Il passa une main dans ses cheveux le temps de ravaler son énervement. Elle était là, à lui balancer sa myriades d'insultes, de reproches. À vouloir lui faire mal comme il lui avait fait mal. Sans même se demander si leur rupture avait pu le blesser lui aussi. Mais non, elle ne s'était certainement pas arrêtée à se demander ce que lui ressentait. Il était bien là le problème; elle était trop absorbée par le fait d'être la victime pour pouvoir comprendre qu'il y avait bel et bien des raisons à cette rupture. Et même après tout le temps qu'elle avait eu pour y réfléchir, pour retourner dans sa tête les moindre détails de leur histoire, elle n'avait pas trouvé. Car elle n'avait pas regarder au bon endroit.

-Tu voulais quoi, que je force les choses? Je ne suis pas celui que tu veux, et tu le sais...

Ils auraient pu retourner la situation dans tous les sens et sous toutes les coutures, il était persuadé qu'ils n'y verraient rien de différent... Alors pourquoi continuait-elle à lui en vouloir? Pourquoi ne pouvait-elle pas tourner cette putain de page? Déchirer le livre au complet si ça lui chantait, mais oublier le chapitre dont il faisait partie.

Un des membres du groupe avec qui il était venue fêté arriva à ce moment là, rigolant. Il était de tout évidence un peu bourré et ne sembla pas remarqué qu'il interrompait une conversation sérieuse. «Alooors Dydy! Ça vient ces shooters???» Lança-t-il à Dylan comme s'il ne comprenait pas que ce dernier ait pu être occupé à autre chose qu'à jouer leur serveur. «J'suis occupé là, tu peux y aller s'il te plait?» demanda-t-il à l'homme qui venait de lui passer un bras autour des épaules comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde depuis toujours. Dylan tira un billet de 20$ de son porte-feuille et le tendit à l'autre espérant que cela suffirait à le faire disparaître de son champ de vision.

-Désolé..., il avait dit doucement de sa voix grave en replantant son regard dans celui d'Innocence.

Ça, il le lui avait déjà dit... Et pourtant, ce n'était jamais assez. Que pouvait-il faire de plus? Il n'en avait pas la moindre idée, et n'avait pas envie de s'enfoncer à nouveau dans de pareils casse-têtes.

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Tout a été parfait avec toi.. Merci.

» Rencontre d'une soirée...ou peut-être pas [PV John Bearing].
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