À peine étais-je sortis de l'hôpital, que de nouveau, je m'étais enfermé dans ma tour de marbre, mon manoir, quelque chose qui pouvait attiser l'engouement, mais qui pour moi, n'était rien d'autre qu'un énorme cercueil de marbre. Je ne me souvenais plus réellement la date exacte où j'avais vu le lever du soleil, ni même le matin où j'avais été au bureau. D'ailleurs je croulais sous les appelles et ma boite vocale était saturée. Allongée dans mon salon, une bouteille d'alcool en main et une clope au bec, j'attendais simplement que les effets des antidépresseurs fassent enfin effet. Je me laissais simplement mourir à petit feu et cette situation me convenait, mais apparemment ce n'était pas de l'avis de tout le monde, mon portable vibrait sur ma table basse, au milieu des cadavres de bouteilles de bières, au milieu des déchets. J'avais même congédié tous mes domestiques, histoire d'être réellement dans le noir totale, de pouvoir me foutre en l'air petit à petit. De toute façon, je n'avais plus goût en rien, même regarder la télévision et les horreurs d'une pseudo guerre, ne me suffisait plus du tout.

Je me redressais péniblement, prenant ma tête entre mes mains, tant la douleur se faisait forte, je montais à l'étage -en gardant ma bouteille dans ma main- allant me chercher encore des cachets pour étouffer mon mal de crâne. Posant les cachets sous ma langue je bus une gorgée de ma bouteille de whisky , prêt à aller m'écrouler dans mon lit, une fois encore, lorsque la sonnette de ma porte d'entrée se fit entendre. J'allais l'ignorer, me disant que l'intrus finirait par partir aussi vite qu'il était venu, cependant, la mélodie agaçante de ma sonnette me fit grogner.

« -ça va j'arrive putain.... »

Grognais-je dans ma barbe avant de descendre comme un boeuf, dévalant les marches en prenant soin de ne pas faire tomber ma précieuse bouteille, sans quoi je serais obligé de sortir et c'était bien la dernière chose dont j'avais envie. Sortir j'entends. Je soupirais longuement avant d'ouvrir la porte, me laissant aveugler par les rayons du soleil. J'étais devenu un vampire chouette. Je scrutais l'intrus, qui n'était rien d'autre qu'une intruse, du regard. Sa tenue était...très bling bling, était-elle au courant qu'elle pouvait choquer des âmes mineures ici ou pire donner un infarctus aux pauvres vieux du quartier ? Je ne pensais pas non. Mon regard sombre et fatigué se posais sur elle , sans pour autant dire un mot. Je me complaisais dans un mutisme totale et puis si cette fille était devant chez moi, elle devait avoir une bonne raison. À moins que son tripe soit de sonner à toutes les maisons du quartier...

"- Vous devez être Mr Cooper, est ce qu'il serait possible que l'on se parle, je vois bien que je vous dérange, mais vous pourrez reprendre votre occupation après mon départ je n'en ai pas pour longtemps."

J'haussais un sourcil, comment connaissait-elle mon nom ? Remarque, il y avait ma tronche sur un peu sur tout les immeubles de la ville ou dans les soirées, il suffisait d'être assez instruit et savoir se servir de google pour comprendre que j'étais un homme d'affaire. Il n'empêche qu'avec un look comme le sien et des cheveux aussi remarquant, je n'aurais pas pu oublier sa tête. Était-ce une femme avec qui j'avais couché ? Impossible, je savais exactement avec qui je couchais, alors peut-être était-elle une simple fana légèrement psychopathe. J'en avais connu quelque une, qui voulaient mon argent, j'en avais même épouser une, c'était pour dire. Réfléchir me donnait mal à la tête, je voulais simplement partir me coucher et dormir.

« -C'était bien essayé... »

Murmurais-je sèchement avant d'essayer de refermer la porte. En vain. La garce ! Elle bloquait la porte avec son pied ! C'était réellement ça ? Une malade mentale qui cachée une arme dans son dos et j'allais finir comme Lenon ? Butter dans ma chambre ? Par une fille aux cheveux rouge en plus, tellement ironique. À moins qu'en réalité, je devenais simplement paranoïaque à cause de mon trop plein de cachets. C'était certainement ça.

"-D'accord, la politesse ne prend pas apparemment, j'aurais du m'en doute!"

C'est qu'en plus elle s'énervait, alors qu'à la base, elle était un peu -beaucoup- chez moi ! Je haussais mes sourcils avant d'ouvrir à nouveau la porte, histoire de ne pas lui casser le pied. Je soupirais longuement avant de croiser mes bras sur mon torse, bouteille toujours en main. La toisant de haut en bas, avant d'ancrer mes pupilles azurs dans les siennes. Elle était plutôt jolie, c'était un fait, mais elle était très jeune et elle semblait avoir un caractère bien trempé. Bizarrement, elle me faisait penser à Ezra, surtout en rapport avec ses cheveux rouges, bien que ceux de ma défunte femme étaient naturelles.

« Bon qu'est-ce que tu me veux....Opra ? »

Lançais-je avec ironie avant de secouer doucement ma tête de droite à gauche. Je n'étais pas d'humeur à parler de la pluie ou du beau temps et cette fille avait l'air de me connaître, alors que moi, je ne me souvenais pas du tout d'elle. Je devais avouer que cela m'intriguait d'une certaine façon.

"- Bon écoute c'est assez simple à comprendre je ne partirais pas d'ici tant que tu m'auras pas accordé 10 minutes! Après ça tu pourras reprendre ta vie de merde si t'en as envie!"

J'esquissais un sourire en coin, je l'aimais bien cette fille, elle avait la même franchise que moi et celle de ma femme. Je me décalais sur le côté pour la laisser entrer, fermant la porte derrière nous avant de passer ma main dans mes cheveux et d'aller jusqu'à mon salon. Me laissant tomber sur mon canapé, je posais ma bouteille sur la table basse avant de tirer une clope de mon paquet, l'allumant avec calme, je tirais une latte avant de poser mon regard sur la métisse.

« -Bon, dix minutes et je te fous à la porte, alors dis-moi comment tu me connais et ce que tu me veux. Si c'est du fric, tu tombes mal là. »

Lâchais-je avec cynisme avant de tirer encore une latte et de reprendre la bouteille que je portais à mes lèvres. Buvant quelques gorgées avant de la faire claquer sur la table. Mes rideaux étaient tous fermés, l'obscurité régnait dans ma demeure et je m'y plaisais comme cela. C'était très bien, je ne comptais pas me reprendre, je n'en avais plus la force, mon morale était à zéro et Ezra me manquait comme un malade.

« -D'ailleurs c'est quoi ton nom ? Parce que bon, t'es bien sympa, mais tu connais le mien et moi pas, alors dis-moi Opra c'est quoi ton petit nom d'oiseau ? »

Toujours avec cynisme et ironie, je m'allongeais dans mon canapé, clope au bec, sans pour autant prêter plus d'attention à l'intruse, peut-être qu'elle finirait par partir d'elle-même. Même si avec son caractère de merde, j'en doutais fortement.

Allez savoir la raison qui faisait que je l'avais laissé entrer chez moi. Peut-être parce que au fond de moi-même, je n'avais pas réellement envie d'être seul, au fond de moi-même j'étais lâche, si je me droguais aux antidépresseurs c'était parce que j'étais trop lâche pour prendre ma voiture et me cracher contre un mur. Les mots que Logan m'avaient dit à l'hôpital dansaient dans le creux de ma tête. Je savais qu'elle avait raison d'une certaine façon, je savais que j'avais de la chance d'être en vie que contrairement à beaucoup, j'étais venu au monde avec une cuillère en or dans la bouche, un avenir tout tracé, j'avais eu une femme qui m'avait aimée plus que tout et que j'avais aussi aimé plus que tout. J'étais riche, j'avais une belle gueule et je n'avais aucun problème sexuelle. La seule ombre au tableau, c'était ma femme, sa mort et son odeur qui me hantaient chaque jour un peu plus. Il était facile de dire qu'il fallait avancer, cependant, avancer pour quoi ? Je n'avais rien à quoi m'accrocher si ce n'était une entreprise qui pouvait se passer de moi. Mon père était sur son lit de mort, prêt à rendre l'âme à tout heure du jour ou de la nuit, quant à ma mère...n'en parlons pas. Alors, ouais, au fond de mon cœur peut-être que je devenais une épave dans le simple but que quelqu'un puisse voir au-delà du Cooper et plus du Dante, ce pauvre type qui avait aimé à s'en détruire les tripes.


" -L'argent n'est pas vraiment un soucis pour moi... ni pour toi d'ailleurs! On sait tous les deux que l'import/export chez les Cooper ça rapporte. Tu devrais meme pouvoir te payer une femme de ménage!"

Je la regardais qui se levait, contrairement à moi qui était affalé dans mon canapé, toisant mon habitacle, ou plutôt ce qu'il en restait devrais-je dire. Bien que habituellement, j'aurais lancée une petite réplique drôle, en prenant la fin de sa phrase, je n'étais pas en état de le faire à cet instant et je me contentais de hausser simplement mes épaules avant de tirer longuement sur ma cigarette. Observant la donzelle qui semblait intriguée par les photos qui se trouvaient dans mon salon.


" -Enfin pour te répondre je ne te connais pas vraiment, mais on a beaucoup plus en commun que tu ne le penses... "

Je haussais un sourcil, curieux avant de me caler un peu plus dans mon canapé, clope au bec et bras tendus sur le dossier en la toisant du regard. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Pour moi, ce n'était rien d'autre qu'une étrangère qui venait de débarquer comme une furie dans ma maison et qui me privait de mon moment de dépression intense, je voulais simplement qu'on me laisse me finir la gueule comme une épave. Histoire de faire un second stage à l'hôpital et de finir en psychiatrie où je jouerais aux jeux de sociétés avec des petits mongoles ou des tueurs en séries frustrés. Avec un peu de chance, ma mère me foutrait sous tutelle et me pomperait tout mon fric, ensuite j'irais la tuer et je finirais le reste de ma vie en prison, dans une cellule où je me briserais la nuque avec mon drap. Bref, rien de bien joyeux, quoi que...ça dépendait. Je n'arrivais pas à me visualiser, pourtant j'essayais chaque jour, en vain.

« -Mais encore ? »

" -Elle est très jolie..."

Je déglutissais difficilement lorsque mes yeux se posèrent sur la photo de ma femme, souriante, sauvage, pure, magnifique, gracieuse. Mon cœur se serra et je devins soudainement pâle, attrapant la bouteille en détournant le regard, presque ne grognant, tant la douleur me déchirer l'âme en mille morceaux. Je bus quelques gorgées avant de finir ma clope et de m'en rallumer une autre avec cette dernière. Jetant le mégot dans le cendrier sans dire un mot, je toisais mon interlocutrice. Certes elle avait été quelque peu distrayante, mais toucher au sujet : Ezra, revenait à ne pas m'avoir en copain. Et je lui fis comprendre dans un assaut de regards sombres et sauvages.

''Bon je ne veux pas te donner la satisfaction de me foutre dehors donc je vais te dire pourquoi je suis ici..... Je m'appelle Lovely Cooper, je suis la fille de Kaylan Grant Cooper, enfin il est mon géniteur, mais pas un père, il n'a jamais était présent alors quand ma mère est morte je devais faire face à la vie toute seule , sans personne pour m'aider ou me conseillé! Tu vas me dire qu'est-ce-que ça peut te foutre et tu aurais raison je n'ai jamais fait partie de ta vie et je ne demande pas à ce que ça change, mais je te mentirais si je disais que je ne le souhaite pas, je crois que j'ai juste besoin de me dire que je ne suis pas seule, quand j'ai su que j'avais un frère j'ai retrouvé l'espoir d'avoir une famille, puis j'ai découvert que tu existais, que j'avais un cousin, puis reste pas la sans rien dire je passe pour une desespérée!"

J'ouvris la bouche, laissant ma clope tomber sur mon jogging et mes yeux s'ouvrit d'une façon, cartoon, pendant que je la fixais, la clope commença à me brûler. Alors je le repris entre mes mains sans pour autant lâcher du regard la jeune femme. Pour un choque s'en était un. En même pas trois secondes je venais de me découvrir une cousine et par la même occasion une peut-être héritière des entreprises Cooper, sans parler du fait qu'elle avait Kyle en demi-frère. La rousse, attrapa la bouteille de bourbon avant d'en boire et de venir s'asseoir à côté de moi. Machinalement, dans un instinct de protection comme je le faisais avec Kyle, je posais ma main sur la bouteille avant de la lui prendre d'une façon sauvage et violente. Posant ensuite ma clope dans le cendrier avant de plonger mon regard dans le sien. Essayant d'assimiler tout ce qu'elle m'avait dit il y avait de cela quelques secondes. Chose assez complexe, étant donnée que j'étais -presque- défoncé.

« -Je t'aurais bien traité de menteuse, mais je crois que tu te fais un film sur notre famille ma grande. Faut être suicidaire pour être Cooper ou prétendre l'être, donc dans l'optique où t'es la fille de cette enflure, je ne sais pas ce que tu attends de nous, parce que si tu crois que notre famille c'est genre la petite maison dans la prairie tu te trompes. Chez nous c'est amour gloire et beauté, avec une touche de film pornographique...bref t'attends pas à une famille toute rose et parfaite. Pour te faire le topo, ton père est un enculé qui baise tout ce qui a des nichons, ça a bouffée sa femme qui a finis par se pendre et ton frère est tombée sur le corps de sa mère. Au passage ton père qui est le frère de mon père saute ma mère de temps en temps....les histoires du cul ça pu, mais tu vois, je crois que t'étais bien mieux toute seule cois-moi... »

Je me levais de mon canapé, les mains dans mes poches avant de prendre le cadre où se trouvait une photo de Kyle, je la posais sur la table basse avant d'aller chercher un coca que je déposais aussi sur la table basse, puis je regagnais ma place, à côté de la jeune fille. Posant une main sur son épaule avant de lui sourire, d'un sourire qui portait plus sur la grimace qu'autre chose.

« -Bienvenu chez nous, et sois sympa, temps que tes sous mon toit tu restes au coca. Je te déconseilles d'aller voir Kyle pour le moment, je dis ça je dis rien, mais j'ai entendu dire que sa meuf était dans le coma, donc je crois pas que te pointer devant lui comme une petite fleure toute fraîche lui ferait plaisir. D'autant que t'es un peu beaucoup la bâtarde de son père, je crois pas qu'il va te faire un grand sourire et te dire merci. Bref en gros, t'aurais mieux fait de rester dans ton coin paumé et vivre ta vie, sauf si tu veux de l'argent, là tu vas être servit ma grande....chez les Cooper, on a que ça de bien, le fric. Enfin je te dis pas ça pour être méchant, seulement je passe jamais par quatre chemins tu vois, après prend le comme tu veux, je suis pas la bible... »

Ironisais-je avant de me servir un grand verre de bourbon, puis de remettre une clope entre mes lèvres avant de tirer longuement dessus. Posant mon regard sur la photo de Kyle, d'ailleurs, ça faisait combien de temps que je ne l'avais pas vu ce mollusque ?