« Nulle amie ne vaut une sœur. »

Il y a des jours comme celui-ci, qu'on pourrait qualifier en tout bien tout honneur, de journée de merde. Des journées, où sitôt le pied à terre, on se dit tout de suite "j'aurais du rester au lit". Sauf que voilà, on peut jamais prévoir. C'est ainsi que ce matin, à peine éveillé, je savais que ce n'était pas mon jour. Ma tête me lancinait, style gueule de bois, j'avais la bouche pâteuse. Il m'avait fallu un long moment avant de me remémorer la veille, avec ses éventuels excès. Doucement, les détails s'étaient alignés dans mon esprit. La soirée de la veille, au Liquid Club. Les quelques flirt, quoique rien de bien intéressant. Ouais, c'était ça. J'avais sans doute traîné trop près du bar. J'écoutais consciencieusement les bruits de l'appart'. A mon grand damn, le silence régnait en maître. Pas de bruit humain, juste le claquement incessant et meurtrier des gouttes contre la fenêtre. Temps de merde...Je soupirais. Je n'avais rien de prévu aujourd'hui, mais j'avais tout sauf envie de rester vautré sur le canapé à attendre que ça passe. 13H15, de toute façon la journée était bien avancée. Les chiffres rouges du réveil me donnaient la migraine. On les aurait dit résolus à ne pas bouger, juste pour m'énerver. En tout cas, ils y arrivaient bien. Je me redressais sur le lit, résolu à me lever. Mon mal de tête ne semblait pas le voir de cet œil là, ce qui me fit pousser un grognement. Bordel, je ne tenais pas l'alcool moi...En fait, je ne préférais même pas imaginer la soirée d'hier. Dans un ultime effort, je me levais enfin, essayant d'ignorer le décor qui tournoyait. Je me traînais en direction de la salle de bain. Alice ne devait pas être là, elle devait être de sortie. C'était rare qu'elle se taise, seule ou non. Cette simple raison justifiait mon hypothèse. Je fermais la porte derrière moi, enlevais mon boxer, et entrais dans la douche. L'eau chaude me réveillait de ma torpeur, malgré le mal de crâne qui subsistait. Je ne sais pas combien de temps je restais sous la douche. Une minute, dix minutes, une heure ? Je regardais les gouttes glisser sur ma peau, et la buée s'élever. Je coupais l'eau, avec l'horrible impression de retomber dans la réalité. Pour moi, ce n'était que le début de la journée...J'attrapais ma serviette, me séchant un minimum, avant de sortir de la douche. Je m'appuyais sur le bord du lavabo, fixant le miroir. J'avais tout l'air du mec qui n'a pas dormi depuis trois jours. Pas franchement flatteur. Sans m'y attarder davantage, je terminais ma toilette. La journée s'annonçait pourrie, je n'avais pas envie de rester seul, j'étais naze, je savais donc quoi faire. Ca serait un peu à l'improviste, mais tant pis.

45 minutes, quelques injures, un mal de tête persistant et horripilant plus tard, j'étais dehors à tenter de me souvenir pourquoi j'avais pris une douche. La pluie ne semblait pas vouloir m'épargner ; au point que j'avais l'impression de la voir redoubler de violence. J'allais arriver trempé. Super. J'espérais au moins que Logan était chez elle. J'aurais l'air con sinon. La trajet avait beau être court, je le maudissais déjà du plus profond de mon être. Au bout de quelques minutes d'hésitation, je me lançais dans ce raz de marée, quittant mon abri sec. Les mains dans les poches, la tête baissée, je devais faire piètre impression. La capuche de mon sweat ne suffisait pas à me protéger de l'intempérie, si bien que j'accélérais le pas, avec la hâte de me mettre au sec. Je regardais le sol, les éclaboussures quand je marchais dans une flaque. Gamin, c'était mon jeu favori, quand il pleuvait. Sauter dans les flaques, et arroser tout le monde. Ce souvenir m'arracha un sourire. L'enfance, ça a toujours un côté de marrant. Personnellement, je ne la regrettais pas trop. L'indépendance, ça a ses avantages. Autour de moi, les batiments défilaient au fur et à mesure de mes pas. Jusqu'à ce que la maison de Logan, étrangement familière à mes yeux, entre dans mon champ de vision. Ca devait faire quoi, trois jours qu'on ne s'était pas vu ? Et elle me manquait déjà. A force de prendre la place de grande sœur, de mère, de meilleure amie, je ne pouvais plus me passer d'elle. D'un point de vue extérieur, je ne savais pas dire lequel de nous deux était le plus collant. Toutefois, j'arrivais enfin à destination, trempé de la tête au pied. Je m'appuyais contre le porche, et toquais, espérant vivement qu'elle soit là. « Logan ? »