L’eau coulait sur mon corps. Enfin, je soufflais. Il n’était plus simple désormais d’avoir un moment à moi, sans être contrôlée, surveillée. Ma vie n’était plus.. que celle d’une marionnette tirée par des fils incassables. Une emprise qu’il m’était impossible de briser ou bien même de calmer. Et
il le savait. Avec le temps, mes forces diminuaient. Petit à petit, je devenais un jouet. Un simple jouet qu’on maltraitait par pure envie de destruction. Et peu à peu,
il y parvenait. Plus rien. Je n’étais plus un être humain. J’étais
sa propriété.
Son plaisir. Mes mouvements étaient
ses ordres. Bien entendu, le suicide avait plusieurs fois été envisagé. Mais il me restait ce petit quelque chose, cette satanée fierté, qui m’empêchait de
le laisser gagner. S’
il possédait ma vie, je tenais tout de même à
lui rappeler que rien n’était acquis. J’allais parfois contre
ses ordres. Il m’arrivait de
le mettre en colère, par provocation. Si je ne pouvais me libérer, redevenir totalement libre et comme j’avais envie d’être, il me restait ce brin de caractère qui
lui en faisait parfois baver. J’aimais
le défier. C’était devenu.. une sorte de lueur d’espoir qui s’éteignait à chaque fois que je le voyais gagner. Une lueur d’espoir qui revenait cependant, quand une nouvelle raison de soupirer
lui venait. C’était un peu comme.. un puits sans fond.
Il n’arriverait jamais entièrement à m’avoir tout comme je ne serais jamais libre. L’important maintenant était de ne pas sombrer davantage et de ne pas
lui faire ce plaisir.
Mike, cet homme que je détestais le plus au monde.
Tandis que je me détendais enfin en profitant de l’impact qu’avait eu l’eau chaude sur mon corps, je fus surprise par Mike. Je m’y attendais certes, mais sa présence me surprit malgré tout au plus haut point. Il arrivait toujours au bon moment.. Ma serviette désormais à terre, je ne rougissais pas. Il m’avait déjà vue nue, après tout. Malheureusement, sa présence ici ne pressentait rien de bon, et pour cause, j’avais encore fait quelque chose pour lui déplaire dans la journée. Alors qu’il regardait sans se priver mon corps, monsieur me demanda des explications. Bien entendu, pour quoi d’autre serait-il venu me voir ? Je haussai tout d’abord les épaules après avoir reculé un peu. Il était effrayant.. oui. Mais trop le lui montrer ne ferait que me mettre davantage en danger. Alors je tentai désespérément de paraître indifférente ce qui n’était pas chose aisée. Je baissai un instant le regard, plus par intimidation qu’autre chose avant d’enfin me décider à me baisser pour ramasser ma serviette et la nouer de nouveau autour de ma taille, les lèvres toujours closes. Il fallait que je trouve quelque chose à lui dire. Ou à faire. Que je me sorte de ce mauvais pas dans lequel je m’étais mise toute seule.
Je me mordis la lèvre un instant avant d’oser finalement le regarder. Son regard était toujours très dur. Il n’y avait que rarement de la tendresse, et jamais ô grand jamais de compassion. Conclusion : je n’étais pas prête de succomber au syndrome de Stockholm. M’éprendre de lui ? Aucun risque. Il était.. mauvais. Tout son être était mauvais. Et ça n’était en rien plaisant.
« Eh bien.. » Toujours aucune tactique. Je ne savais pas quoi lui dire, d’autant plus que je sortais de ma douche et que j’étais à moitié nue. Je lui proposai alors une alternative pour gagner un peu de temps.
« Je vais t’expliquer. Mais avant.. j’aimerais pouvoir m’habiller, sil-te-plaît. » Mais je me vis obligée de rectifier mes paroles.
« Ce n’est pas un ordre, mh, bien sûr.. c’est seulement.. pour que je sois plus à l’aise, si tu le veux bien. » Il m’était déjà arrivée de lui ordonner quelque chose sans vraiment le vouloir. D’avoir une formulation qui laissait parfois à désirer, et qu’il prenait mal. Maintenant, je faisais attention.
« Enfin.. sauf si tu préfères que je reste ainsi, mais ça me dérange un peu. » Les minutes qui défilaient me servaient à me trouver une excuse. Je réfléchissais toujours à ce que je pourrais lui sortir d’à peu près pardonnable. Dans tous les cas, j’étais certaine que cela ne lui irait pas. Qu’il m’en voudrait. Je le sentais. Mes yeux cessèrent de regarder dans tous les sens, me concentrant sur mes pieds qui devinrent subitement plus qu’intéressant. En réalité, j’étais bien incapable de me confronter à son regard sans m’y être préparée un minimum avant. Tant pis, j’étais toujours en serviette, et je n’avais plus le temps de réfléchir.
« Quand.. j’ai vu qu’il se passait quelque chose, il m’a semblé qu’elle n’allait pas très bien. Physiquement. Je savais qu’ils ne m’écouteraient pas si je leur faisais remarquer.. et je sais aussi qu’une fille qui n’est pas en forme ne te rapportera pas beaucoup d’argent.. n’est-ce pas ? » C’était totalement nul. Je voulais le provoquer, c’était tout. Mais le châtiment qu’il me réservait m’effrayait quelque peu, je préfèrerais m’en passer.