Vous vous arrêtez une seconde et vous restez en arrière... Plus on tente d’aller de l’avant, plus le fait de ne jamais regarder en arrière est tentant. Le passé fait toujours surface pour nous botter le cul. Parfois on apprend de nouvelles choses sur le passé, qui changent tout ce que nous savons sur le présent.

TOut le monde a un passé

Comme tous les samedis soirs avant chaque représentation mon cœur s’emballait. Monter sur scène entrainait chez moi l’effet d’une secousse. J’avais beau avoir l’habitude rien n’y faisait. Alors bien sur certains chanteurs vous dirons qu’ils ont leurs propres méthodes pour déstresser mais moi j’avais tout essayé sans aucun résultat probant. Et puis une fois sur scène le trac s’envolait, laissant place à l’excitation et au rêve. Depuis ces quatre dernières années j’aimais chanter, j’aimais me sentir libre, et plus encore j’aimais donner de l’espoir aux gens. J’espérais qu’à travers mes chansons on pouvait réussir à s’évader, ne serait-ce que le temps de cinq petites minutes. Et si moi j’y parvenais, nul doute que ceux qui écoutaient mes chansons y arrivaient également.

Le bar où je donnais une représentation était, il fallait croire, plein à craquer. Beaucoup de jeunes apparemment. J’avançais dans l’ombre des projecteurs, me dirigeant vers un petit tabouret où j’allais m’assoir avec ma guitare. Cet endroit était également le bar où je travaillais. Et à default du salaire minimum j’avais le droit chaque week end de donner une petite représentation d’environs quinze minutes. C’était peu mais ça me convenait. Plus que de rapporter de l’argent ça me permettait de pratiquer, et surtout peut être de me faire connaitre un jour. Qui sait…

Le mini concert se déroula comme à son habitude. La foule avait l’air plus ou moins captivée, et j’eu même droit à quelques applaudissements à la fin. Ce n’était pas encore le final de mes rêves mais c’était assez pour me donner le sourire et ce pour le reste du week end. Ce qui ces derniers temps n’était pas de trop. De retour dans les loges, je pris le temps de me débarrasser de ma guitare, de boire un bon litre d’eau et de fermer quelques instants les yeux. Moment de plénitude total. Enfin presque… Car il fallait, comme très souvent dans ces moment- là, que quelqu’un pénètre dans les coulisse pour venir me… Ben me reprocher d’habiter à San Francisco tient donc ! " Je te pensais bien loin de San Francisco." Voilà que maintenant, vivre ici était réservé à une élite. Je ne pus m’empêcher de le regarder avec cet air, surpris. Fronçant les sourcils, je mis bien dix bonnes secondes à le fixer. Une chose était sur ce gars là je ne le connaissais ni d’Eve ni d’Adam, alors que venait-il faire ici ?

« C’est bizarre mais je me disais là même chose de toi »

Répondre du tac au tac n’était sans doute pas la meilleure des solutions mais bon. Continuant à le fixer je me postai face à lui. Il y avait dans ces yeux, quelque chose qui mettait… Familier. J’avais pourtant beau chercher aussi loin que remontait ma mémoire, c’est-à-dire quatre minuscules années, mais rien. Sans doute ressemblait-il à quelqu’un que j’avais de nombreuses fois croisés dans les rues, ou au bar. Un client fidèle peut être. Quoi qu’il en soit, la chair de poule m’envahissait à une vitesse fulgurante. Et pour tout avouer je n’aimais pas ça… Non pas du tout. Il fallait que je sache pourquoi et vite. Souriant de plus belle, je m’approchais de lui à petits pas.

« Désolé c’était idiot. Tu voulais quelque chose ? »

Toujours satisfaire les fans. Si encore ça en était un… Bien entendu je signais quelques fois mon nom sur des photos, mais cela restait assez rare pour le moment, et sans doute cela le resterait-il encore bien longtemps. Toujours est-il qu’il y avait un type inconnu dans ma loge, qu’il avait l’air plutôt chamboulé de me voir, et qui allait me prendre pour une personne des plus associables si jamais je n’y mettais pas du miens. Alors un peu de nerf Billie et on continue de sourire gentiment. Ben tu vois ce n’est pas si dur ! Si j’avais su ce que allait me réserver la suite… J’aurai peut-être réagi autrement.

Vous vous arrêtez une seconde et vous restez en arrière... Plus on tente d’aller de l’avant, plus le fait de ne jamais regarder en arrière est tentant. Le passé fait toujours surface pour nous botter le cul. Parfois on apprend de nouvelles choses sur le passé, qui changent tout ce que nous savons sur le présent.

TOut le monde a un passé

Une chose était sur, les choses n'allaient pas, mais alors pas du tout comme je le pensais. D'abord cet homme, que j'avais prit pour un fan mais qui apparemment n'en était pas un. Vu comment ses sourcils se sont haussés quand je lui ai demandé ce qu'il voulait cela ne faisait aucun doute. Ensuite sa façon de me prendre pour quelqu'un d'autre... C'était étrange... D'accord on pouvait se tromper sur la personne, mais là ça allait trop loin. Je veux dire je ne le connaissais pas, lui apparemment si, alors comment cela était possible ? Et puis soudain je me souvenais où est ce que j'avais pu bien apercevoir sa belle gueule. Cela faisait des mois qu'on en parlait dans la presse : "Un jeune à la carrière prometteuse", "Un nouveau parmi les grands". Sa photo faisait la une des gros titres, comment ne pouvais je pas l'avoir remarquer plus tôt ? Pourtant son nom lui mettait parfaitement inconnu... Je n'étais pas du genre à lire les magazines, encore moins à croire à leurs ragots, alors je ne voyais pas l'intérêt de retenir des noms qui de toute façon un jour ou l'autre auront définitivement disparue de la circulation... Si j'avais su que l'un de me tiendrai le discours suivant... : «Si je veux quelque chose ? Tu te fous vraiment de moi là ! Bien sûr que je veux quelque chose ! Je veux savoir pourquoi tu as disparu de la circulation du jour au lendemain sans même me donner une raison. Je veux savoir pourquoi je n’ai pas eu un seul petit coup de téléphone en quatre ans… ou même un fichu message. Rien ! Et là tu oses me demander si je veux quelque chose.» Ah ça...

Perdre la mémoire partiellement ce n'est jamais vraiment facile, mais la perdre entièrement ça l'est encore moins. Comment vous expliquez... La mémoire, elle fait partie intégrante de ce que nous sommes. Elle nous construit, nous définie, nous fait avancer, nous permet d'éviter certaines erreurs... Alors imaginez qu'on vous enlève tout ça d'un coup. Alors vous n'êtes plus qu'une boîte vide à laquelle il faut tout réapprendre... Aujourd'hui j'ai réussi à surmonter cet obstacle. J'essaye de ne pas penser au reste de ma vie... Je ne connais pas mes parents, je ne connais pas mes amis, je ne sais même pas quel métier j'exerçais, ni même quelles études j'ai fait... Alors oui parfois c'est dur, même embarassant la plupart du temps mais ça ne m'atteins pas plus que ça... Quand on n'a pas de souvenir c'est beaucoup plus facile de passer outre vous savez.

Quoi qu'il en soit si vraiment cet homme ne faisais pas erreur sur ma personne, on devait autrefois se connaitre... Là j'étais mal à l'aise, non pas parce que je n'avais aucun souvenir de lui, mais parce qu'apparemment je lui avais fait du mal. Beaucoup même à en croire sa réaction. Je parviens néanmoins à déglutir avec peine la boule qui commençait à se former au fond de ma gorge. Il était tellement proche de moi que j'arrivais à sentir son souffle sur mon visage. Et puis ses yeux... Ils avaient l'air à la fois en colère et triste. Merde mais j'étais qui moi pour lui ? « Je veux des réponses !» Si seulement c'était facile... Puis il se recula enfonçant ses mains dans ses poches. Et moi je restais, là, muette comme une carpe. Je n'avais aucune idée par où commencer... Et si même je lui révélais que j'avais perdu la mémoire, aurait-ce-été la vérité ? Qui sait si je n'avais tout simplement pas décidé de ne plus jamais le voir ? Décidément trop de questions se posaient... Mais si réellement je l'avais fait souffrir, je lui devais biens quelques explications quant à mon état... Délicatement je m'avança vers lui, je le dépassais de quelques pas pour aller m'assoir sur un fauteuil un peu plus en retrait.

"Viens t'assoirs, je crois que je te dois quelques explications"

Attendant qu'il vienne me rejoindre, je soufflais un bon coup. Ca allait être dur pour lui, mais plus encore pour moi. Personne ici ne savait ce qui m'était arrivé, pour la simple et bonne raison que je ne parle jamais de mon passé, et encore moins de ça. Les gens n'avaient tout simplement pas besoin de savoir...

"Ecoute, la raison pour laquelle j'ai du te paraître étrange c'est que je ne te connais pas. Je ne t'ai jamais vu autre part que dans les magazines... Mais si tu dis me connaitre depuis plus de quatre ans, alors je te crois. Je ne sais pas non plus si par le passé on était proche ou non, toujours est-il que si je t'ai fais souffrir j'en suis vraiment désolé..."

Le regarder à présent m'étais beaucoup plus compliqué. Je ne sais pas si la colère qu'il a pour moi allait un jour s'envoler, mais je ne voulais pas non plus qu'il croit que tout était de sa faute. Après tout celle qui avait perdu la mémoire et qui n'avait pas cherché à la retrouver, c'était bien moi et pas lui... Sans savoir pourquoi j'attrapais une de ses mains, glissant mes doigts entre les siens. Je ne sais pas s'il allait me repousser ou non, mais j'avais besoin de ce contact, car la suite allait être difficile à avouer.

"Voilà, il y a quatre ans je me suis réveillée dans un hôpital de Boston, et il se trouve que je n'avais aucun souvenir de ma vie passé... Le médecin m'a simplement dit que quand je suis arrivée à l'hôpital j'étais dans un sale état, personne ne pensait que j'allais survivre. Je lui ai alors demandé si quelqu'un était venu pour moi, mais apparemment non..."

Cette fois ce fut moi qui baissa le regard. Les émotions m'envahir à une vitesse folle. Avouer les faits était une chose, mais les admettre en était une autre... Enfin quoi qu'il en soit il devait entendre la suite. Alors je pris mon courage à deux mains et lui résuma quasiment tout sans pour autant omettre de détails.

"J'ai attendu quelques temps la bas que quelqu'un se manifeste, mais les mois passaient et personne ne me recherchait... Alors j'ai prit ma valise et je suis partie pour San Francisco. Je n'ai pas eu de problème pour construire ma vie ici. Les gens ne cherche pas vraiment à savoir d'où je viens, ni même qui je suis et moi ça me convient... Je suis heureuse, je n'ai pas de compte à rendre, bref je vie ma vie comme je l'entend."

Cette fois c'était un large sourire qui s'affichait sur mon visage. C'est vrai je n'avais pas de quoi me plaindre, si je n'essayais pas de me souvenir, j'avais une belle vie : un boulot, des amis, des amants, j'étais en bonne santé... Replongeant mes yeux dans les siens, je ne pus que constater son étonnement... Et il y avait de quoi !

Vous vous arrêtez une seconde et vous restez en arrière... Plus on tente d’aller de l’avant, plus le fait de ne jamais regarder en arrière est tentant. Le passé fait toujours surface pour nous botter le cul. Parfois on apprend de nouvelles choses sur le passé, qui changent tout ce que nous savons sur le présent.

TOut le monde a un passé

L'inconnu avait l'air d'attendre ses explications comme le messi... Pourtant y'avait rien de bien folichon dans son histoire. Si ce n'est qu'elle avait un passé et qu'elle n'en connaissait pas une miette... Certes elle s'en voulait de le voir souffrir ainsi, mais Billie restait néanmoins campée sur ses positions : ne pas connaitre ce qu'elle avait vécu, ne pas découvrir une fille dont elle ne connaissait rien. La plupart des gens avaient peur de l'avenir, elle s'était son passé qu'elle craignait. Pourquoi ? Si toutes les questions pouvaient avoir une réponse, tout serait tellement plus simple... Il semblait tellement boulversé que Billie avait plus d'une fois hésité à continuer. Mais maintenant qu'elle était lancée... Et puis de toute façon si ces propos étaient vrais, elle lui devait bien ça." Je ne savais pas où tu étais. Si j'avais su que tu devais aller à Boston, crois-moi, je t'aurais recherché là-bas. " Billie fronça les sourcils. Si elle devait aller à Boston... Elle n'était donc pas originaire de là bas ? D'où venait-elle dans ce cas ? Oh elle avait tellement de questions à lui poser que rien ne parvint jusqu'à ses lèvres... La peur lui tenaillait les entrailles comme si une pince lui tordait les boyaux. Mais plus que ça encore, cette phrase lui fit un pincement au cœur. Il y avait alors bien des personnes qui tenait à elle auparavant. Prise sur le fait elle ne pu que baisser le regard. Puis l'homme continua " Je t'ai cherché un moment, mais il n'y avait plus aucune trace de toi. C'était comme si tu avais disparu de la surface de la Terre et puis j'ai cru que c'était ce que tu voulais. Que tu étais partie sans donner de nouvelles volontairement ! ". Billie ouvrit légèrement la bouche, tentant de répliquer, mais à nouveau elle ne su quoi dire. Peut être avait-il raison, peut être qu'elle voulait fuir, et refaire sa vie ailleurs, loin de ses proches ? Si seulement elle n'avait pas perdue cette fichue mémoire, elle aurait pu lui donner les réponses exactes. Si seulement...

Et soudain tout bascula : " Heureux d'entendre que ta vie est parfaite ! ", l'homme se leva d'un bond, fit les cents pas dans la pièce comme un lion dans une cage. S'il était à ce point touché par ses paroles, inutile de nier, Billie devait être importante pour lui par le passé. Oui mais justement, jusqu'à quel point ? Choquée elle se leva à son tour, les mains sur les hanches, le regard posé sur lui et ses innombrables mouvements. Elle allait à son tour répliquée, lui dire qu'il était injuste, mais ce qu'il lui sortit par la suite la cloua sur place. " Mais désolé de te dire que celles et ceux qui tenaient à toi ne le sont pas... si ça t'intéresse." Alors Billie se rapprocha de lui, fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas la réaction de cet inconnu qu'elle ne connaissait pas, ou plus. Cependant tout son être aurait voulu le serrer dans ses bras...

"Comment ? Comment tu peux dire ça... Je ne connais même pas ton nom, et toi tu oses me dire que je n'ai pas le droit d'être heureuse ! Tu oses me dire que pour moi c'est facile chaque jours de vivre comme si rien ne s'était jamais passé ?"

Étrangement elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Jamais encore elle ne s'était confiée ainsi, encore moins à ses amis, alors pourquoi à lui ? Pourquoi le laissait-elle s'approcher de son âme ainsi ? De quel droit s'immisçait-il ainsi en elle ? Alors, pour la première fois elle lui posa une question qui lui brûlait les lèvres, une question dont elle avait terriblement peur de la réponse... S'approchant de nouveau de lui, une larme roula sur sa joue, elle plongea son regard dans le sien. Ils étaient tellement proche qu'elle aurait pu le toucher... Elle aurait pu le rassurer d'un simple geste. Pourtant elle n'osa rien faire.

"J'étais qui pour toi ?"

Vous vous arrêtez une seconde et vous restez en arrière... Plus on tente d’aller de l’avant, plus le fait de ne jamais regarder en arrière est tentant. Le passé fait toujours surface pour nous botter le cul. Parfois on apprend de nouvelles choses sur le passé, qui changent tout ce que nous savons sur le présent.

TOut le monde a un passé

Tout allait tellement vite, plus que de raison le coeur de Billie battait à vive allure. Comme elle l'avait si bien dit, elle ne le connaissait pas, elle ne savait rien de lui, et ainsi il ne devait rien représenter pour elle. Pourtant ses propres émotions arrivèrent à se mélanger. En son fort intérieur, quelque chose remuait, l'agrippait, la tenait en haleine. Ce que son corps lui dictait donc à l'instant ? Le toucher, passer ses minuscules doigts sur ce corps qui autrefois fut siens. Ressentir des émotions qui depuis son accident n'avait pas encore été exploités. Cependant Billie resta en retrait. Bloquant toutes réactions à la suite des évènements qui auraient pu se passer. Pourquoi ? Pour de simples paroles que l'homme lui adressa et qui lui donnèrent, une fois de plus, l'impression d'une véritable claque dans la figure. « C’est bien ça le problème, tu ne me connais pas ! » Cette fois elle ne put retenir les maigres larmes qui se mirent à couler le longs de ses joues. Pour la première fois Billie craqua réellement face à cette situation qui la dépassait totalement. Le silence était donc de mise.

Puis l'homme continuait à faire les cents pas dans cette minuscule pièce où il commençait sérieusement à faire chaud. Il passa une des ses mains sur son visage, signe distinct que lui aussi était dépassé par la situation qui se passait sous ses yeux. Alors il se mit face à elle, sans toutefois river son regard sur le sien, puis il tenta de répondre à sa question : « C’est pas qui tu étais pour moi, c’est qui tu es ! Pour toi c’est comme si ça n’avait jamais existé, mais pour moi, c’est mon histoire et c’est bien réel et présent. ». Il alla ainsi s'assoir, de nouveau, pour terminer sur une phrase dont Billie ne s'attendait pas du tout à la tournure : « Tu es surement là seule personne que j’ai vraiment aimé… et je te parle pas d’amitié là. Non, tu n’es pas surement… tu es... Le fait que l’on ce soit séparé avant ta disparition ne change rien à ça. ». Les larmes avaient cessés de couler pour être remplacé par un froncement de sourcils. La bouche à demi ouverte, Billie resta très certainement bien quelques minutes ainsi debout, à se repasser en boucles ses derniers mots. " la seule personne que j’ai vraiment aimé"... " vraiment aimé". La chair de poule l'envahie si vite qu'elle fut prise de tremblements. Quelqu'un l'avait donc aimé... Personne qu'elle avait très certainement aimé en retour... Alors son corps décida d'agir à la place de son esprit. Ses jambes se mirent à avancer d'elles mêmes, venant s'accroupir prêt de l'homme complètement perdu face à une Billie aussi paumée que possible. Une de ses mains se place sur ses doigts. Ils étaient si chauds... De l'autre, les doigts de Billie glissèrent lentement sur la joue de l'homme afin de le pousser à la regarder droit d'en les yeux. Dans cette immensité, elle apercevait tout un tas d'émotions. Colère, tristesse, angoisse, amour... Et dire que tout ceci n'était en réalité qu'un seul et même sentiment... D'une voix rauque, Billie lui demanda alors quelque chose qu'elle savait impossible à réaliser, ni même à croire...

"Apprends moi. Apprends moi à t'aimer comme tu m'aimes. Toute seule je n'y arriverai pas..."

Pourquoi agir ainsi face à cet homme dont elle n'avait aucun souvenir ? Pourquoi lui demander telle chose, elle qui n'a jamais eu besoin de personne pour s'en sortir ? Peut être parce que tout simplement, aujourd'hui elle se sentait terriblement seule... Au plus profond de son âme, quelque chose la poussait à aller vers lui. Comme s'il avait signé cette même âme au fer rouge. Dorénavant deux sentiments se mélangeaient et se faisaient face... Prendre la fuite, continuer sa petite vie bien faite et bien remplie, ou bien se décider à avancer, essayer d'entrer dans ce passé qui n'est encore qu'invisible pour elle. Si facile à dire mais tellement dur à réaliser...

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Voir ainsi le jeune homme, triste, tiraillé par les sentiments qu'il avait pour elle, ne fit qu'empirer cette angoisse que Billie tentait tant bien que mal de garder le plus loin possible. Pourtant, plus les minutes passaient, plus elle la sentait venir. Cette angoisse qu'elle avait déjà ressentie au moment de son réveil, lorsque le médecin lui affirma que personne n'était venu pour elle... Cette angoisse même qui lui avait pourrie la vie durant tout le temps qu'elle était resté à Boston... Seule, sans personne pour lui redonner confiance et lui dire qui elle était vraiment. Quatre ans ont passés, et voilà que, lui, jeune footballeur du showbiz, lui affirmait qu'il fut un temps où tout deux se sont aimés. Qu'il était même possible qu'il avait encore des sentiments pour elle. Et elle, pauvre brebis égarée, ne savait même pas comment il s'appelait... Et le pire dans tout ça, c'est que Billie avait bien tenté de s'excuser à maintes reprises, mais plus elle tentait de le persuader qu'elle n'y était pour rien, plus il avait l'air triste et furax.

Et puis il fit un geste, celui de poser ses lèvres sur les siennes. Plus surprise qu'autre chose, Billie n'osait bouger. Une seconde passa, puis deux... Fermant les yeux, elle sentie une profonde chaleur monté en elle. Ses lèvres... Elles étaient douces, sucrées, piquantes. Et bizarrement, là dans son coeur, cela lui fit comme un choc. Choc qui se transforma en frisson. Alors très vite, du moins dans le laps de temps que ce baiser lui fut accordé, elle agrippa une de ses joues avec sa main afin de prolonger ce qui bientôt lui serait enlevé. A nouveau... Lorsque le jeune homme se décala légèrement de son visage, Billie n'avait alors plus qu'une envie, qu'il recommence encore, et encore... Parce que ce sentiment, aussi étrange que cela paraisse, elle ne l'avait encore jamais ressentie en quatre ans. Et elle su désormais que tout ce qu'il avait pu lui raconter n'avait été que la vérité... " Je ne peux pas t'apprendre ça, ça ne s’apprend pas, ça se ressent."

Bien entendu qu'il ne pouvait lui apprendre ce qu'elle lui demandait. Pourtant elle aurait tellement aimé... Parce que cet homme, plus elle le regardait, plus elle avait l'impression qu'il était, ou avait été, important pour elle. Plongeant à nouveau ses yeux dans les siens, elle prit en possession une de ses mains et la posa délicatement contre sa poitrine à l'endroit de son coeur.

"Crois moi si ce baiser ne m'avait pas fait naître autant d'émotions, il ne battrait pas si vite."

C'était là toutes les preuves qu'elle pouvait lui apporter... Se pinçant les lèvres, elle écouta attentivement ce qu'il avait à lui dire. " Je peux seulement te parler de nous... te parler de ta vie. Partagez avec toi mes souvenirs, je ne peux rien faire d'autres." Et alors ça la blessa. Sans vraiment savoir pourquoi... Peut être le fait qu'il ne veuille faire plus ? Alors pour être sur de choisir le bon chemin elle lui posa la question fatidique.

"Et une fois que tu auras finis de me raconter qui je suis, tu repartira ... N'est ce pas ? "

Son regard se perdit alors dans le vide. Loin de tout, elle n'avait alors plus du tout envie d'être là, prêt de lui. Elle le voyait bien qu'elle le faisait souffrir. Est ce qu'elle pouvait l'en blâmer ? Non. Après tout, c'était elle qui avait eu ce fichu accident, elle qui n'avait pas chercher tant que ça à trouver qui avait été pour elle les gens importants. Elle n'avait rien fait du tout d'ailleurs... Avait-elle envie de rattraper le passé ? Peut être... Mais une chose était sur, seule elle ne s'en sortirai pas...

Vous vous arrêtez une seconde et vous restez en arrière... Plus on tente d’aller de l’avant, plus le fait de ne jamais regarder en arrière est tentant. Le passé fait toujours surface pour nous botter le cul. Parfois on apprend de nouvelles choses sur le passé, qui changent tout ce que nous savons sur le présent.

TOut le monde a un passé

Ce qui était le plus douloureux à l'heure actuelle, c'était très certainement la réaction du jeune homme. Le voir ainsi, prêt à tout, pour une jeune femme dont il se disait autrefois amoureux, mettait Billie plutôt mal à l'aise. Hormis ce fait elle ne savait trop comment réagir. Elle était là, à essayer de le sonder au plus profond de son âme, sans parvenir à en toucher ne serait ce qu'un petit bout. Pourtant elle n'était pas sans rien avoir ressentie lors du baiser. Alors quoi ? Pour la première fois de sa vie, depuis quatre ans, elle ressentie ce lourd poids, là, au fond de sa poitrine. La gorge nouée elle ne pouvait niée ce petit quelque chose qui apparaissait lorsque leur deux corps entraient en contact. Hélas Billie ne parvenait à mettre la main dessus. " Ce n’est pas une bonne idée ça." En effet cela ne l'était pas... A voir les réactions de son corps, mais aussi celles de Billie, ce n'était sans doute pas comme ça qu'ils y arriveraient. Alors prenant sur elle, ses doigts se détachèrent lentement des siens et tout en ramenant ses jambes debout elle écouta attentivement l'homme : " Où veux-tu que j'aille ? Ma vie est à San Francisco, je n’ai pas l'intention de partir d'ici... et si tu veux de moi dans ta nouvelle vie, je reprendrais racine dedans. À toi de décider." Cette déclaration lui arracha un sourire. Il était donc prêt à subir quelconque de ces choix, le bon comme le mauvais, juste pour qu'elle, pauvre idiote, soit heureuse... Alors à ce moment précis elle se sentait tiraillé entre deux chemins... C'était maintenant ou jamais. Avancer, oublié tout, rester elle même, ou bien savoir enfin qui elle était vraiment, réapprendre les choses simples de la vie, de son passé, par le biais de cet unique homme. Les secondaires s'écoulèrent, interminables, avant que Billie n'affiche un large sourire à l'attention du jeune sportif.

"Très bien, alors si tu me connais si bien, tu dois savoir que mon parfum de glace favorite est la vanille, et qu'à chaque décisions importantes que je prend, j'en mange des tonnes !? Et je suis quasiment persuadée que tu connais le meilleur glacier du coin ? Je me trompe ?"

Elle espérait que ça, ce n'est pas changé au moins...Lui adressant son plus beau clin d'œil, elle venait de par ces mots accepter son offre. A savoir ses souvenirs... Bien qu'elle tentait de cacher tant bien que mal ses peurs, elle savait qu'elle n'était pas bonne du tout à ce petit jeu... Alors pour détourner son attention Billie se dirigea vers ses affaires, et s'apprêta à sortir d'ici. L'endroit trop restreint ne l'aidait pas à réfléchir, et l'air ambiante commençait à devenir un peu trop bouillante pour elle. Et très certainement pour lui aussi. Se dirigeant vers la sortie, la jeune femme se retourna vivement vers lui avec une légère grimace.

"Vraiment désolé de te demander ça mais, ton nom c'est quoi ? Tu m'excuseras mais je ne suis pas du genre à lire ces tas d'immondices qu'on raconte sur la vie privée des gens alors..."

De par les précédentes réaction de l'inconnu, elle savait qu'elle jouait sur un terrain glissant. En effet cette question ne lui ferait que rappeler qu'il n'était rien pour elle... Et ça elle aurait aimer ne jamais avoir à le revivre...