« Je crois que j’ai fait une connerie. »

Je ne cessais de regarder l’anneau doré à mon annulaire droit, sans jamais oser dévier mes yeux azures de ce dernier. Comme si, tout d’un coup, il allait disparaître. N’était-ce pas là ce que je souhaitais le plus, au fond ? Me réveiller subitement de ce « cauchemar » ou que Camelia vienne m’annoncer, fière d’elle, qu’elle m’avait bien eu. Que tout ceci n’était qu’une blague organisée de sa part. Hélas, je savais qu’il n’en était rien. Cependant, pourquoi avais-je aussi peur de voir ce bout de métal s’évaporer ? Peut-être parce que, depuis longtemps, j’avais enfin une personne sur laquelle m’appuyer. Bien sûr, il y avait mes frères. Mais ils n’étaient pas en formes. Adam semblait dépérir au fil des jours. Quant à Elias, il avait passablement de problèmes sur la conscience. Toutefois, je ne voulais pas y cacher mon désarroi. Je me sentais si perdu... J’avais besoin de lui parler. Alors, je lui ai écrit un message en lui demandant s’il était possible de le retrouver. Lorsqu’il m’indiqua qu’il était au poste de police, je me dis qu’il devait y effectuer une déposition. Heureusement pour lui, on avait retrouvé Heaven. Elle était vivante, mais je n’en savais guère plus. J’attrapai alors sans plus attendre mes affaires et je partis en direction du poste de police de San Francisco. Les hommes en uniforme se ressemblaient tous, derrière leurs apparences fortes et disciplinées. Elias avait toujours été ainsi, ce qui me fit sourire. Cela marquait une grande différence entre nous deux. Sans plus attendre, je m’approchai alors de la place de travail où se trouvait la réceptionniste, visiblement débordée sous une tonne de dossiers à traiter. Tout ici avait des allures de fourmilière. Nerveusement, je me raclai la gorge pour captiver son attention. « Excusez-moi, je cherche Elias Taylor. Vous ne l’auriez pas vu par hasard ? » Demandai-je alors devant son air étonné. Je crus d’abord que mon frère n’était pas là ou qu’il ne s’était tout simplement pas annoncé. Je me mordis la lèvre, un peu gêné devant son air déconcerté. Néanmoins, la réponse qu’elle me donna failli me décrocher la mâchoire. « Bien sûr. Il est dans son bureau. » me rétorqua-t-elle en indiquant un bureau, au fond du couloir. D’abord, je crû qu’il s’agissait-là d’une blague. Ou alors, j’avais dû ne pas entendre qu’il s’agissait de son ancien bureau. Je m’avançai alors jusqu’à la porte, mais je fus forcé de constater que son nom était bien inscrit dessus, en lettre blanche, comme dans les films policiers. Je pris alors la poignée entre mes doigts, hésitant un moment. J’avais peur de sa réaction. Mais plus encore, d’autres questions se bousculaient dans ma tête. Prenant une inspiration, je frappai à la porte et je finis par pénétrer dans le lieu. Je remarquai alors mon frère, nez dans la paperasse, arcade avec des points de suture. Aussitôt, je ne pus m’empêcher de lui en parler. « Hey, salut frangin. Ca va ? Tu t’es cogné ? » lui demandai-je en pointant l’arcade endommagé du doigt, comme pour lui indiquer de quoi je lui parlais. Pourtant, j’étais nerveux pour une autre raison. Rien que d’y repenser, je ne pus m’empêcher d’inspirer profondément. Je m’assis alors sur la chaise devant le bureau, regardant autours de moi. Quelque chose me disait qu’Elias ne venait pas juste donner un coup de main, mais plutôt qu’il s’était installé à nouveau ici, qu’il avait repris du service. Espérant qu’il décide d’en parler de lui-même, je me dis qu’il fallait que j’évite de lui poser des questions. Essayant de rester calme, je levai alors ma main droite, celle où trônait un anneau doré. Nerveusement, je parlai. « J’ai un léger problème, issu de mon voyage à Las Vegas... » dis-je alors doucement, en agitant les doigts. Un sourire forcé apparut sur mes lèvres. Je craignais sa réaction. Mais surtout, j’avais envie qu’il ait la capacité de m’aider afin de divorcer au plus vite.

« Je crois que j’ai fait une connerie. »

Apparemment, j’ignorais beaucoup de choses sur la vie de mon frère en ce moment. Il faut dire qu’il avait largement de quoi être préoccupé, entre les funérailles, les jumeaux, le club, l’affaire Carter et la disparition de sa petite-amie, Heaven. D’ailleurs, je me souvenais que je n’avais jamais pris let temps de discuter avec elle. Il faut dire que ma première impression n’avait pas été des meilleures. Je la voyais souvent batifoler avec les clients et je ne voulais pas que mon frère souffre avec une femme instable. Il n’avait pas besoin de cela. Toutefois, il semblait amoureux. C’était son choix et je le respectais. « Salut toi ! Ça va et toi ? Cogné est un grand mot, si je veux être franc, je me suis battu.... On peut dire maintenant que tu es le plus beau des deux car avec la tête que j'ai pour le moment on ne peut pas dire ça... Mais t'en fais pas ça ne durera pas... » Je ne pus m’empêcher de rire à sa remarque. « Je pourrais aller moins bien. Vu ta tête, je me dis que j’ai de la chance ! Mais... tu t’es battu avec qui ? » lui demandai-je, curieux. Puis je lui annonçai la nouvelle, soit mon mariage. J’étais assez préoccupé de sa réaction qui n’allait plus tarder. « Ha ben toi niveau connerie tu ne fais pas les choses à moitié d'après ce que je vois.... C'est qui cette jeune femme que tu as épousé ? » Cette fois-ci, mon sourire se fit un peu nerveux. Il faut dire qu’il connaissait très bien la soeur de Camelia, ce qui ne m’aidait pas vraiment. Haussant un peu les épaules, penaud, je baissai les yeux. « Tu ne devineras jamais... » dis-je en fixant les mains, croisées sur ma jambe, avant de redresser mes yeux dans ceux d’Elias. Ce dernier se dirigea vers la porte, ce qui me laissa le temps de souffler.

« Jena tu pourrais me ramener deux cafés s'il te plaît » Apparemment, il connaissait plus que bien les lieux. Il faut dire qu’il avait travaillé ici. Je lui poserai des questions sur sa vie après, une fois que je lui aurai tout dit et que nous aurions peut-être aperçu une solution, même si je n’étais pas sûr qu’il soit à même de m’aider. Bien que, dans la police, il avait de nombreux contacts avec la loi. Il en saurait sûrement plus que moi. Revenant à sa place, je le fixais avec une mine un peu gênée. « Bon vas-y raconte moi tout ce qu'il s'est passé et on verra après ce qu'il en ait de ton problème » Je me raclai la gorge, posant mes mains sur le bureau. Sans trop de honte, je plongeai mon regard dans celui de mon jumeau. Il m’avait manqué, vraiment. Plus détendu, je pris une profonde inspiration et je décidai de lui fournir une explication précise. « Comme tu le sais, je me suis rendu à Las Vegas pour une conférence. Sur place, c’était très ennuyeux. Alors j’ai discuté avec une femme que je connaissais. On a bu plusieurs verres et on a décidé de partir, histoire de s’amuser un peu plus. On arrêtait pas de bâiller, c’est pour dire... » Je souris nerveusement, en imaginant la suite des événements. « A partir de là, c’est un peu le trou noir. On s’est réveillé le lendemain, sans vêtement, dans une chambre d’hôtel et avec une bague au doigt. Je ne te parle même pas du mal de crâne... Si tu avais vu la tête de Camelia... » Woops. Oui, j’avais parlé de la soeur de Jailyn et je savais qu’Elias ne tarderait pas à effectuer le lien entre elle et sa meilleure amie. Je me mordis la lèvre inférieure, attristé et plein de remords. « Je m’en veux, tu sais. Je n’arrête pas de penser à Amber... » Dis-je en passant ma main sur mon visage, me callant d’avantage sur la chaise où j’étais assis. Décidément, rien n’allait bien dans ma vie. Je faisais tout de travers, et pas qu’un peu. La mort du Colonel ne m’aidait pas à y voir plus clair, de plus. Nerveusement, je regardai mon frère avec un air de chien battu. « Et toi ? Tu t’es pas battu avec un fantôme... Et tu as l’air vachement à l’aise dans ce bureau. Raconte... » Je me disais qu’il avait peut-être des nouvelles de Heaven. Et honnêtement, j’espérais qu’il avait un peu retrouvé de l’espoir car, ces derniers temps, notre famille souffrait beaucoup. Et ma connerie ne faisait que de me baisser encore d’avantage le moral.

« Je crois que j’ai fait une connerie. »

Plus je repensais à cette histoire et plus je me disais qu'il y avait là-dedans un réel problème. Le plus étrange, dans tout cela, c'était que Camélia ne semblait pas sincèrement consciente de ce que cela risquait d'engendrer comme autres problèmes. J'avais besoin de me confier, de parler à une personne suffisamment proche pour être de bons conseils. Elias, mon propre jumeau, me paraissait alors tout indiqué. Bien que plus impulsif que moi de Nature, il était d'une grande loyauté et d'une droiture exceptionnelle. Je lui narrai alors mon récit. « Camélia Silverstone ?... » Je ne fus pas surpris qu'il connaisse la sœur de sa meilleure amie, Jailyn. Nerveusement, j'hochai la tête. Mes mains étaient alors encore moites. La seule pensée des événements précédents me laissait un goût d'amertume dans la bouche. Tout ceci n'était, décidément, pas drôle du tout. Je devais assumer ma part de responsabilité – qui se limitait à une grosse gueule de bois. Toutefois, je ne discernais pas de quelle manière j'allais pouvoir arranger les choses rapidement. Le divorce promettait d'être long, au final. C'était ahurissant. Je poussai un léger soupire, désireux de mettre un terme à cette folie passagère. De plus, l'image d'Amber ne cessait de parcourir mon esprit, de long en large. Elle était omniprésente et cela me faisait particulièrement mal à la poitrine. J'en fis part à Elias, qui tenta de me réconforter. « Tu sais, tu n'as pas à t'en vouloir par rapport à Amber, il faut que tu apprennes à vivre sans elle mais cette fois-ci, tu fais fort... Tu comptes faire quoi ? Tu ressens quelque chose pour cette fille ? » Parler de sentiments pour Camélia, ce n'était pas forcément le terme que j'emploierais. Néanmoins, ce n'est pas cela qui frappa mon attention. Vivre sans Amber me semblait trop difficile. « Je n'arriverai pas à l'oublier, Elias. Tu as fait comment, toi ?» Je parlais bien entendu de la mort de son ancienne compagne, Narcisa, avec qui il avait eu deux enfants. C'est vrai, il s'en était remis. Aujourd'hui, il était avec Heaven. Enfin, elle avait disparu, mais j'étais persuadé qu'il finirait par la retrouver tôt ou tard. Elias ne démordait pas comme cela ; Il était aussi têtu et borné que le Colonel l'était.

Nous fûmes interrompus par l'arrivée de sa secrétaire qui nous apporta les cafés. Elias se redressa de son siège et il s'empara des deux tasses, en déposant une devant moi, au passage. Je lui demandai alors par quel hasard il s'était retrouvé avec un bleu et pourquoi il paraissait être de nouveau dans la police. Tout ceci, bien évidemment, me brûlait les lèvres depuis un moment. Il fallait admettre qu'Elias était particulièrement secret sur sa vie privée; Souvent, c'était pour nous protéger, Adam, moi, ses enfants… Néanmoins, je ne connaissais rien de plus agaçant et de plus perturbant que son silence. A force, cela avait fini par nous éloigner. « Je me suis battu avec Aaron Carter... » Heureusement que je n'avais pas encore pris une gorgée de café, je me serais sans doute étranglé avec. Mes yeux azures questionnèrent ceux de mon frère ; Visiblement, cela me perturbait. Je m'assis alors plus au fond de mon siège, pensif. Il finit par cracher le morceau. « Pour faire cours, j'avais demandé à Blake d'enquêter sur l'enlèvement d'Heaven et un jour il est venu à la maison c'était il y a peu de temps pour me dire ce qu'il avait trouvé mais aussi pour me rendre mon arme et ma plaque me demandant de rejoindre l'enquête et c'est ce que j'ai fait.... Voilà pourquoi je suis ici.... C'est Carter qui avait Heaven, elle était enfermée dans l'usine désinfectée... Elle a été droguée quotidiennement... Seth était avec eux... Pour la bagarre c'était dans un sens voulu simplement parce que c'était une condition si je voulais pouvoir libérer Heaven » Beaucoup d'informations qui, au fur et à mesure, me firent ouvrir la bouche de stupeur et d'étonnement. Cela avait des airs de romans policiers mal fagotés et irréalistes. Pourtant, nous étions bien dans la vie réelle. J'étais alors bouche bée des épreuves qu'Elias avait traversé en solitaire, tel le cow-boy qu'il avait toujours été. « C'est une histoire de fous…! » Finis-je par articuler en le dévisageant, perplexe et soucieux. « Comment va-t-elle ? Et toi ?» Moi qui pensais que mes problèmes étaient importants, me voilà bien dépassé par les événements que venaient de vivre mon jumeau. Quand il disait qu'on ne faisait rien à moitié, dans la famille… Là, j'étais bien obligé de l'admettre. Jouer le super-héro, c'était bon pour les films et les dessins animés. Je n’osais pas imaginer ce qu’il avait ressenti. Mais par-dessus tout, je fus triste d’admettre que mon jumeau, une fois encore, avait préféré se taire pour nous protéger plutôt que de nous mettre dans la confidence. Ce qui me rassurait, c’est que, au moins, il avait l’air d’aller bien. Je pris alors ma tasse et je bus une gorgée, pensif, attendant sa réponse. La vie était parfois bien compliquée ; Notre famille avait un don pour s’attirer des problèmes...

« Je crois que j’ai fait une connerie. »

Oublier Amber me paraissait impossible. Je ne cessais de revoir son visage, sentir son parfum alors que cela n'était plus possible et toutes ces choses qui ne me lâchaient pas, malgré le poids écrasant des mois. J'avais besoin de comprendre comment mon jumeau y parvenait, lui, depuis la mort de Narcisa. « Tu sais on n'oublie jamais on passe juste à autre chose parce qu'on se dit que c'est ce que l'autre personne aurait voulu... Tu ne peux pas toujours regarder en arrière même si parfois c'est difficile... Dis-toi juste qu'elle aimerait que tu sois heureux même si là c'est fait d'une manière assez original on dire... » Je n'étais pas convaincu de ce qu'avançait Elias. Peut-être était-ce sa manière de se justifier. Dans mon cas, je me sentais suffisamment coupable et malheureux. Ce mariage n'était pas un mariage d'Amour mais juste une simple comédie. Alors comment Amber aurait-elle pu approuver une telle situation ? Cela ne m'aidait pas à aller mieux. D'autant que, depuis peu de temps, j'avais des pensées régulières pour une autre jeune femme… Entre Amber, ce mariage et cette autre fille, je crois que ma tête était tout bonnement en grand chantier.

Puis, mon frère me raconta sa mésaventure avec Carter, cet enfoiré. Ils s'étaient battus l'un contre l'autre, visiblement. Cela ne me plaisait pas. Et ce qu'il s'était passé avec Heaven aussi. Et puis, Seth dans cette histoire… Cela me déconcertait totalement. Je ne pus alors qu'appuyer mon étonnement et demander des nouvelles de la compagne de mon frère ainsi que lui. « Elle va bien du moins aussi bien qu'elle peut mais elle a gardé son fichu caractère car à peine à l'hôpital qu'on se prenait la tête mais bon c'est pas le plus important du moins je crois » Je ne pus qu'effectuer un léger roulement des yeux. Il fallait admettre que Heaven avait un fichu caractère quand elle voulait et n'était pas compréhensible pour quatre sous. C'est presque nerveusement qu'un sourire se dessina sur mes lèvres, à la vue de la situation. « Moi je vais bien… » Je ne pus que le réprimander un peu, comme auparavant. « Si ce n'est que tu as un beau bleu bien visible. »


« Alors dis-moi, que ressens-tu pour Camélia ? Vous avez des sentiments ou pas du tout et c'est simplement parce que vous aviez bu et voilà ? » Le changement de sujet. Je crois que, dans la famille Taylor, nous étions doués pour détourner la conversation à notre avantage, surtout lorsque cela ne nous plaisait pas. Mon frère préférait me parler de mon cas de divorce plutôt que de parler de ce qu'il avait vécu. En même temps, je préférais le laisser respirer parce que cela avait dû être un peu traumatisant comme situation. D'ailleurs, cela ne m'étonnait pas qu'il tienne à nouveau à avoir la possibilité de tenir une arme entre ses dix doigts. En dehors de cela, sa question était pertinente. Qu'est-ce que je ressentais pour Camelia ? Je l'ignorais un peu. Une attirance physique, tout au plus ? Oui parce que nous étions radicalement opposés, même si elle s'avérait être attachante. Je soupirai un peu, blasé. « On a surtout trop bu. Et je crois qu'elle me plaisait bien, physiquement. C'est tout. Je n'ai pas de sentiment pour elle. » En vérité, j'en avais pour une autre. Mais je ne pouvais pas lui en parler, c'était trop tôt encore. Et je risquais de souffrir, comme d'habitude. « Tu sais si tu as besoin de quoi que ce soit je suis là mais c'est à toi de savoir si tu as envie de rester marier avec elle ou non... malheureusement pour ça il n'y a que toi qui puisse prendre la décision » Je souris, amusé et attristé à la fois. Cela faisait du bien de savoir mon frère à mes côtés, dans un moment délicat de ma vie. Depuis la mort de Papa, j'avais l'impression que tout partait en vrille. « Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'elle pourrait être enceinte. Mais pour ça, je serai bientôt fixé. Et je respecterai son choix… » Concédai-je finalement, essayant de rester le plus tranquille possible, ce qui me ressemblait au final. J'étais moins impulsif de nature qu'Elias. D'ailleurs, en l'observant, je me dis que son cocard avait dû bien lui faire mal. Reprenant mon sérieux, il fallait que j'en sache plus. « Et maintenant, tu vas faire quoi avec cet enfoiré d'Aaron ? Et avec Seth ? » Oui parce qu'il était avec Carter, après tout. Je ne comprenais pas vraiment ce qui l'avait poussé à entrer dans une telle mascarade ; mais il devait avoir des raisons valables. Sinon, c'était un monstre, lui aussi. J'avais encore du mal de réaliser que la pauvre Heaven avait été droguée tous les jours. Elle devait être dans un sale état, désormais… La vie de mon frère était aussi chamboulée que la mienne. Sauf que moi, j'étais seul responsable de ma connerie.

« Je crois que j’ai fait une connerie. »

Je regardai mon frère jumeau, un peu embarrassé lorsqu'il manqua de s'étouffer avec son café lors de mon annonce sur une possible grossesse de Camelia. Il fallait dire qu'il connaissait surtout Jailyn et que plusieurs avaient parié sur une relation amoureuse entre eux, à l'époque. Puis il avait rencontré Heaven et elle était tombée enceinte d'un homme avant de rencontrer son petit-ami actuel, fin de l'histoire. Alors imaginer une histoire entre Camelia et moi, cela relevait de la fiction. Mais en plus nous marier et être parents, ça c'était une autre histoire. D'autant que pour l'un et l'autre, cela n'avait pas été pleinement étudié. Fichu alcool, d'ailleurs ! Enfin, bref. J'avais oublié de préciser à mon frère que, en plus du mariage, nous avions également passé une nuit… agitée… qui risquait d'avoir des conséquences, en prime. Je me frottai alors nerveusement la nuque avant de regarder la table de son bureau, honteux. « Waou.... Tu m'en bouche un coin là car là si c'est le cas... Tu les enfiles les conneries... » Je ne sus que faire à part rouler des yeux, avoir un sourire nerveux et hausser les épaules. Que pouvais-je répondre à cela, en sachant qu'il avait parfaitement raison et que j'étais un abruti ? Rien ne me venait à l'esprit, en tous cas.

Je préférai alors dévier le sujet à mon tour. La conversation tourna rapidement sur les intentions d'Elias vis-à-vis de Carter et de Seth. « Je ne sais pas pour Aaron mais ça serait bien de le coincer et de l'enfermer à jamais ou.... ou de le tuer.... concernant Seth, je ne vais rien faire, il souffre déjà assez de la situation et puis il a décidé de quitter la ville… » Je ne fus pas réellement surpris que mon frère songe à enfermer ou même tuer Aaron Carter. Après tout, il avait fait en sorte qu'Elias perde tout, ou presque. Par contre, je fus un peu plus surpris de la décision de Seth quant à son déménagement de la ville. Ainsi donc, je risquais de ne pas le croiser d'avantage dans les ruelles de San Francisco. Cela me fit de la peine finalement. Il devait avoir une raison valable d'agir comme il l'avait fait. « Je comprends que tu veuilles flinguer Carter, mais reste prudent quand même. » Je ne savais que trop bien que l'impulsivité de mon frère pouvait lui jouer des mauvais tours, comme un coma. Bon, j'y avais aussi été… Mais pas pour les mêmes raisons. Le sort s'acharnait bien souvent contre nous, malheureusement. Je pris alors une dernière gorgée de mon café. La tasse était désormais vide. Je pris alors le temps d'observer l'heure indiquée sur ma montre. Je redressai alors mes yeux dans ceux de mon jumeau. « Je vais devoir te laisser. C'est l'heure de la promenade de ma chienne. » Je faisais référence à Asty, le Husky qu'il m'avait offert avec Adam pour mes vingt-sept ans. Elle était adorable mais elle demandait pas mal de temps – ce que je pouvais lui fournir. Et puis, cela me faisait du bien au niveau de ma hanche. Néanmoins, je continuais à prendre mes pilules contre la douleur et le reste. Sauf que, sans que personne ne le sache encore, j'étais devenu dépendant de cette saloperie. Je souris alors à mon frère en me redressant. « Merci pour le café. Et à bientôt j'espère ! De toute façon, on s'écrit. » Finis-je par lui dire en m'approchant de lui. Je lui fis une bise sur la joue, comme lorsque nous étions enfants, et je pris la décision de m'en aller loin de lui en refermant la porte. Il fallait avancer, désormais. Mais l'avenir nous réservait encore bien des malheurs et des surprises…