Zac marchait en direction de son meilleur ami Jake, celui-là même qu'il aimait en secret depuis trois ans. Trois ans de fou-rires, d'engueulades, de réconciliations, de faux-espoirs, trois ans que Zac mentait à l'homme concernant ses sentiments amoureux. Oui, le policier était fou de son ami. Oui, il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir plus avec lui, mais il avait fait le sacrifice ultime, à savoir le laisser tranquille, sans rien lui dire de ce qu'il ressentait réellement. Alors ouais, ils déconnaient sur la sexualité de Zac, Jake se foutant royalement de savoir qu'il était gay. Mais l'autre ne s'en fichait pas lui. Chaque fois que Jake déconnait en prétextant coucher avec Zac, cela lui enfonçait une lame dans le cœur, une lame qui lui faisait de plus en plus mal. Il souffrait, mais toujours en silence, son sourire se gardant bien de révéler la nature exacte de ses émotions. Mais il y avait eu ce jour, où son meilleur ami s'était tut. Il ne répondait plus au téléphone, il ne passait plus le voir, bref, il l'évitait purement et simplement. Inlassablement, Zachary essayait de le joindre, mais c'était à chaque fois la même rengaine : « vous êtes bien sur le répondeur de... ». Et tout ça pour quoi ? Quelques jours auparavant, au bar, Jake avait demandé ce que Zac dirait s'il voulait coucher avec lui pour le conforter au niveau de sa sexualité. Ce à quoi le policier avait répondu par un énorme éclat de rire, non dénué d'un profond sentiment de malaise. Bien sur qu'il le voulait. Il le voulait depuis trois putains d'années. Comment son meilleur ami avait fait pour ne pas le voir ? Mais comme d'habitude, ce n'était qu'une pure déconnade, et Zac ne sourcillait même plus devant des demandes de ce genre. Mais à croire que cela avait blessé Jake, qui ne voulait présentement plus lui parler.

Mais qu'était-ce tout cela face au drame qui s'était déclaré en ce jour de terreur ? San Francisco était plongée dans la tourmente, un ouragan ayant frappé ses côtes avec violence. Tout n'était que désolation, les gens pleuraient, il y avait des tas de morts, la violence montait crescendo, l'enfer sur terre. Bien évidemment, Zachary faisait partit des policiers déployés dans la ville, afin d'assurer la sécurité des habitants, et de porter assistance aux victimes si besoin il y avait. Et il s'était rendu près de Jake, qui l'avait appelé, le premier appel depuis la dernière fois où ils s'étaient vus. Zac avait essayé de masquer le tremblement d'émotion qui s'était emparé de sa voix, du sanglot qu'il avait failli lâcher quand son meilleur ami lui avait demandé de venir. Bien entendu, l'homme lui avait affreusement manqué. Zac n'était rien sans Jake, ce qui n'était pas si difficile à comprendre. Alors fidèlement, répondant à l'appel de son pote, il avait tout laissé derrière lui, les corps gisant sur le sol, les civières qui passaient en trombes à côté de lui. Zachary avait couru, en essayant de rester le plus neutre possible avant de voir Jake. L'heure n'était absolument pas celle des lamentations. Les gens comptaient sur l'aide des forces de l'ordre, des pompiers et de tout ces gens là, pas d'un homme amoureux de son meilleur ami. Non, pour ce soir, Zac devait être le plus professionnel possible, dispersant son aide à tout un chacun. Mais bien sur, Jake était sa priorité.

Quand il fut arrivé sur place, il avait du empêcher Jake de se prendre une volée de verre sur la tête, ne se souciant que trop peu de sa sécurité pour aller sauver un groupe de jeunes. Il était comme ça. Prêt à courir au secours de tout le monde, mettant se propre vie en danger. Il s'en était sortit avec une plaie sur le corps, mais rien de bien méchant, malgré l'inquiétude de Zac, qui, lui aussi, avait pansé ses plaies quelques heures auparavant. Il avait du faire face à un groupe de mecs totalement cons qui profitaient de la panique pour voler et faire le plus de conneries possibles. Une taillade longeait sa joue, produite par l'envoi d'une canette de bière sur sa petite personne. Pour autant, il n'en avait rien à foutre. Et puis de loin, quelques temps après, il avait regardé impuissant la détresse de Jake, qui semblait présentement en plein désarroi. Il se devait de l'aider, et d'être là pour lui, qu'importe ce qu'il s'était passé auparavant. Il se dirigea donc jusqu'à l'ambulance où était adossé son meilleur ami, qui le prit de suite par la manche, sans préambule aucun. «  Zack ! Zack ! Tu dois m'aider ! Je veux juste vérifier. » Zachary haussa les sourcils, plongeant ses yeux d'azur dans ceux de son ami. « Pour commencer, essaie de te calmer, ok ? Et puis va falloir m'expliquer certaines choses si tu veux que je t'aide. » Le policier posa une main rassurante sur la joue de Jake. « Vérifier quoi ? Tu sais, si quelqu'un est mort, il ne risque pas de se relever. Dans le cas contraire, tout le monde ici est apte à porter assistance à une personne qui en aurait besoin. Alors s'il te plait, respire, et raconte moi. » Zac soupira, conscient qu'il en demandait peut-être trop. « Raconte moi tout. »