Toute la journée, j'avais attendu ce moment. Le temps passer au bureau m'avait semblé interminable, les minutes ne semblaient pas s'écouler sur l'horloge numérique placée sur l'un de mes murs. Elle était élégante et me permettait de lire l'heure sans devoir commencer à voir où se trouvaient la petite et la grande aiguille. Fainéantise pour certains, j'aimais dire que c'était un gain de temps. Quelques secondes, à chaque fois, pour lire l'heure et à la fin de la journée, j'avais économisé quelques minutes pour travailler un peu plus. Bien que bourreau de travail, j'avais longtemps espéré voir la fin de ma journée arriver. Quelle ne fut pas mon bonheur lorsque ça arriva et j'ai donc terminé le reste de ma journée chez moi, à m'occuper de quelques corvées ménagères. Malgré mon argent, j'ai toujours aimé me débrouiller seul. Pas besoin de bonne à tout faire ni de cuisinier personnel, j'aime prendre ce temps qui me permet de décompresser. Et aujourd'hui, la soirée va beaucoup m'aider à le faire : je vais le voir, je vais jouer avec lui comme j'aime tant le faire et, qui sait, peut-être que nous terminerons la soirée seuls, dans un endroit tranquille et à l'abri des regards ? Bien que mon but final soit celui-là, je m'y attarde car j'aime ce jeu de séduction qu'il y a entre nous. Et il y a plongé les pieds joint ! Après tout, il semble aimer ce qu'il se passe entre nous, c'est ce qu'il montre en tout cas.

Mon arrivée au Yelen Lounge n'a été remarquée. Je suis peut-être connu dans mon milieu, ça ne m'empêche pas de rester un inconnu pour beaucoup. Parfois, il m'arrive de passer sur les petits écrans lorsque je prends mon rôle d’homme d’affaire businessman. Je l’ai fait deux fois lors du lancement de deux grosses opérations marketing de notre société. Mais ce n’est pas trop pour moi. Etre traqué par tous ses journalistes qui vous posent des milliers de questions sur vous, ça me dérange beaucoup ! Je fais donc très attention à ce que je fais, et à comment je le fais. Cela ne m'empêche pas d'être l'un des plus grands homme d’affaire de la côte ouest , utilisant mon argent pour que la société soit toujours dans les journaux. Il me faut simplement faire attention à comment je le fais, et à ce que jamais personne ne soit au courant, mise à part ceux présent dans mes combines.

L'arrivée de Camden près de moi m'a fait sourire. Je lui ai ensuite murmuré quelques mots à l'oreille. Sa réaction m'a fait sourire intérieurement tandis que physiquement, mon visage affichait un très léger sourire qui ne gâchait rien à cette aire que je tentais de garder neutre. Lui souriait. Son sourire blanc écarlate était tellement beau que rien que ça vu me mis de bonne humeur. Il était resté droit face à moi, comme encré dans son rôle de barman. Soudain il s’approcha un peu de moi. Mon sourire de dessina un peu plus et je fis aussi un petit geste en m’avançant de quelques centimètres. Conversation privée. « Je ne suis pas sûr que le Yelen Lounge offre ce que tu désires, Dougie. » Je ne pus m’empêcher de lâcher un petit rire. C’est ce qui me plaisait chez lui. Sa grande répartie. « Et bien c’est bien dommage. Mais ne t’inquiètes pas mon beau je vais malheureusement m’en remettre. Il faut que je sois fort » lui dis-je en proie à l’ironie entre deux rires. Mes yeux se plongèrent dans les siens quand il me fixa en se remettant bien face à moi. Je maintenais mon regard. Une chose que mon père m’a apprise. Toujours maintenir le regard, ne jamais baissé le regard en premier. Il se replongea dans son rôle de barman. Il ne manquerait plus qu’il se mettre à essuyer le bar avec un torchon et j’y croirais à fond. « Alors… Qu’est-ce que je te sers ce soir ? » Je souriais. Il avait cet air, si sûr de lui. Comme s’il se disait « Qu’est-ce que tu vas encore picoler ? » Alors je me décidais à le surprendre. Arguant mon plus beau sourire, le sourire vendeur que j’utilise la plupart du temps face à mes clients, je le regardais et lui commandais finalement ma boisson. « Ce soir ça sera léger. Un coca avec deux glaçons. Je suis venu en voiture ce soir. J’aime peut-être boire et faire la fête mais on ne rigole pas avec la sécurité. La mienne et celle des autres » Prend ça dans la tronche monsieur je crois tout savoir. « Et puis si tu as le droit à une petite pause tu pourrais boire avec moi… enfin boire est un grand mot. Mais j’aimerais bien faire un peu connaissance avec toi. Enfin si ça te tente. »