Heaven & Williams

« Rie... »

Outch ! La porte est franchement dure ! Rooh, j'espère seulement que je n'aurais pas de bosses sur le crâne d'ici là. Avoir une bosse sur la tête, c'est pas sexy du tout. C'est limite un tue l'amour. Puis, d'un coup, je me mis à éclater de rire, suivis de près par Heaven. Cette dernier m'aida à me relever, tant bien que mal.

- Tu es déjà bourré ? Me demanda-t-elle en riant. Mais tu n’as bu que 3 ou 4 verres ici. Moi je dois être à… heu attend… 5 verres au Yelen plus tout ce que j’ai pris avant de venir et je tiens encore debout.

- Et bah... En fait, c'est que j'ai un peu... Beaucoup... Bu avant de venir. J'm'emmerdais dans mon coin, alors j'me suis dit, pourquoi pas se bourrer la gueule avec d'autres personnes, dis-je en rigolant aussi.

Je lui tends une cigarette, qu'elle refuse aussitôt, préférant un joint qui traînait dans une de ses poches. Certes, par rapport à ce qu'elle tenait entre ses mains, ce n'était pas très fort, c'était quand même un de mes petits plaisirs - côuteux soient-ils avec le temps. Par contre, elle saisit la bouteille de tequila que je lui tendis, et commença à boire. A l'aide de mon briquet.

Les deux jeunes gens restèrent dehors jusqu'à ce qu'ils soient totalement bourrés, puis la dénommée Heaven fit une demande peu sexy : "Toi, moi, mon appartement et... Hip ! Sexe.". Mais vu l'état de nos deux amis, il vaut mieux continuer le récit à la troisième personne. Oui oui, c'est pour votre bien. J'vous assure.

Mais ? Quel est ce merveilleux monde ? Des lutins font du ski, protégeant leurs parties sensibles avec une pauvre feuille de papaye du Burkina Faso, qu'est-ce qu'ils sont écolos ! Mais est-ce possible ? On ne vous a jamais dit que ce pays extraordinaire où vivent dindon à couille rouge, hamburger à tête d'écran, ou bien encore Père Noël en kilt qui chante une chanson paillarde à un renne complètement bourré était dans profondément endormi dans une zone du cerveau de Williams ? Pour ce qui est du monde d'Heaven, c'était tellement flou qu'il était impossible de décripter ce qu'il se passait là-dedans. Remarque vu l'état dans lequel elle se trouvait...

Le chemin se passa sans encombre, mis à part le fait qu'ils sont tomber sur une espèce de racaille de marde, et que plus le mec s'énerver, plus les deux jeunes amis rigolaient, jusqu'au moment où notre héros l'insulte de con. Si on devait mettre un point rouge sur la tête de tous les personnes que Williams traîtait de cons, le monde serait un vaste champs de coquelicot ! Enfin bref, le duo se mit à courir étrangement. Le tout guidé par Heaven jusqu'à son appartement, comme prévu.

Arrivés là-bas, ils commencèrent à enlever ce qu'ils avaient en première couche, mais ils étaient tellement pas bien, qu'ils s'endormirent l'un sur l'autre en bavant mutuellement. Mais Hallelujah, ils ne l'ont pas fait ! ... Nan mais si, il y a pas quelque chose qui vous choque là ? Williams est gay !

Heaven & Williams

« Souvenirs, souvenirs... »

Lorsque j'ouvris les yeux, je les refermais imédiatemment à cause de la lumière insupportable du jour. Je fus instinctivement pris de panique. Ce n'était pas normal. Que s'était-il passé ? Je ne connaissais pas ce plafond, je ne connaissais pas ces draps. Je mis un moment à remettre les pièces du puzzle en place, cherchant dans ma mémoire cet évènement qui semblait si lointain. La dernière chose dont je me souvenais... Tequila, fumée, Heaven... Heaven ! Je voulus me redresser mais grimaçais en sentant mes muscles protester et refuser de m'obéir. J'avais l'impression d'avoir une chape de plomb sur le corps, mes articulations étaient endolories et mes muscles crispés. J'avisais mon téléphone, posée sur une petite table près du canapé dans lequel je me trouvais. Mon premier réflexe fut de m'en saisir.

- Il y a quelqu'un ? Dis-je, non sans difficultés. Youhou ?

J'attendais un moment sans réponse, puis je distinguais enfin des bruits de pas dans ce qui semblait être le couloir. Je regardais comme absent la porte du salon où je me trouvais s'ouvrir et je faillis m'étrangler de surprise en découvrant ce qui était manifestement mon hôte. Elle était habillée d'un simple jean slim et d'un tee-shirt simple.

- Salut. Bien dormi ? Tu veux boire quelque chose ? Dit Heaven, souriante.

- Bonjour ! Je ne sais pas si "bien dormir" est le terme exact. J'ai l'impression de mettre fait écraser par un bus, et toi ? Et je veux bien une aspirine, s'il te plaît, répondis-je, dans un seul souffle en souriant. Je peux prendre une douche ?

Je suivis Heaven jusqu'à la salle de bain. Elle n'était pas très grande mais suffisait largement pour une personne seule.
C'était peut-être bizarre, mais je me sentais bien en compagnie de la jeune femme, comme si je l'avais toujours connue. Et je fus tentée plusieurs fois d'en découvrir plus sur elle. Je pensais, depuis hier, que peut-être son identité pourrait faire parti de mon passé oublié. Je pris le temps de me sécher les cheveux dans une serviette en sortant de la douche avant d'enfiler le t-shirt et le jean de la veille. Mes muscles s'étaient détendus, mais j'avais toujours l'impression de ne pas avoir marché depuis un long moment. J'avais quelques question à poser à Heaven et une angoisse grandissante me taraudait.

Je pris encore quelques instants pour me sentir prêt et retournais lentement vers la pièce dans laquelle je me trouvais auparavant. Je distinguais Heaven assise sur le canapé. Je m'installais à côté d'elle.

-Hum... Dis-moi, je ne me souviens plus de rien... Est-ce qu'on a... Enfin... Tu vois ? Demandais-je, nerveusement.

Heaven & Williams

« Crie... »

Les lendemains de cuites sont toujours un peu difficiles pour moi. Depuis que j'avais commencé à consommer, des maux de têtes se faisaient de plus en plus brutaux, et je dois reconnaître que là, j'arrivais à saturation. Un peu comme si toute mon énergie avait été pompée par la drogue et l'alcool. Après m'être défoncé sur le bar, c'est généralement dans les coulisses que je finis par me défoncer entre alcool et diverses substances ramenées en douce. S'en suit forcément un réveil plus ou moins douloureux. Bien entendu, c'est mon crâne qui trinque le premier, frappé par une migraine atroce qui ne passera pas avant une nouvelle nuit de sommeil. Bien entendu, j'étais réveillé depuis quelques minutes et pourtant je restais là, debout devant une fenêtre qui donnait sur la rue. Mais je ne regardais pas dehors, je fermais les yeux. Bordel ce que je peux avoir mal à la tête. J'ai l'impression qu'elle va exploser si j'ai le malheur de faire le moindre mouvement. La seule chose – qui n'est surement pas la meilleure après réflexion – que je trouve à faire c'est d'ouvrir les paupières. Les rayons du soleil viennent aussitôt me bruler les iris, alors je bougonne avant de refermer aussitôt les yeux. J'aime qu'il fasse nuit noire et qu'il n'y ait pas un bruit. Tout le contraire de maintenant en fait. J'entends le bruit des voitures qui s'arrêtent sous la fenêtre toutes les trente secondes. Il faut que je me rende à l'évidence, je ne pourrais pas me remettre tranquillement de ma soirée. C'est un fait, je n'ai absolument aucune motivation à l'heure qu'il est. Flemmardise un point, Williams zéro. Une forte sensation de picotement, de démangeaison se fait sentir sous mes paupières. Je ne préfère même pas imaginer la gueule que j'ai au saut du lit.

« Oh bordel c'est pas vrai ! » M'exclamais-je en observant par le plus grand des hasard une étagère. Des cadres de différentes tailles y étaient posés. Je pris en coupe un cadre quelconque et le rapprochais de mes yeux. C'était une photo de moi... « Qu'est-ce que c'est que ce bordel, Heaven ! Pourquoi tu m'as en photo dans ton appart' ?! HEAVEN ! »

Heaven & Williams

« Souviens-toi... »

La pluie ne tarda pas à tomber. Faisant ruisseler un peu plus les larmes qui coulaient le long du visage de la jeune fille qui se tenait là. Je posais ma main sur la joue de la gamine, pour essayer de lui apporter un peu de chaleur humaine, mais rien n'y faisait. Elle semblait comme désarmais. Je soutins son regard, neutre.

« Vraiment ? C'est quoi ça ? Tu te fous de ma gueule ?! » Criais-je de plus belle. Elle entendit ma voix et sursauta. Elle me regarda froidement lorsque je m'approchais d'elle. Je vis son visage, qui en me voyant arrivais, se tourna vivement. Je continuais toujours d'approcher. « Excuse-moi, je ne voulais pas. » Puis je la pris dans mes bras.

Une vision m'arriva en pleine face. Elle était recouverte de sang et de boue. Le froid faisait trembler ses membres alors que je tentais de retrouver mon souffler après une course éffrénée. Tant de choses se bousculaient dans ma tête. Il fallait que je la retrouve. Elle et personne d'autre ! Ce visage... Ces courbes que j'enlaçais si souvent...

« Owh ! Trop bizarre ! Euh... C'est pas contre toi, mais... Est-ce... Est-ce qu'on se serait pas déjà vu ? » Lui demandais-je soudainement. « Je... Hum... Désolé, Heaven. » Je me tournai légèrement, observant la jeune femme. C'était le même personne que dans ma "vision", en plus âgée. Je la regardais de mes yeux océans. « C'est important... Est-ce que... Est-ce qu'on s'est déjà vu ? » Peut-être fallait-il que je lui explique mon changement de comportement, peut-être qu'elle comprendrait mieux.

« J'ai perdu la mémoire à 16 ans, lors d'un accident de voiture, mais je ne m'en rappelle pas. Puis, j'ai vécu chez mes parents. Et je viens de débarquer ici, à San Francisco. Depuis, j'ai des visions de mon passé, jusqu'à maintenant. » Je lui racontais ma vision, puis je m'arrêtais net avec la pensée "Arrêtes Willy, elle doit te prendre pour un fou tout droit sortit de l'asile, vieux ". Je m'excusais encore une fois, puis commençais à partir avant que quelque chose, ou plutôt quelqu'un, ne me retienne.

Heaven & Williams

« Pleure... »

Lorsqu'on essaie de se remémorer le visage, les traits d'un être aimé c'est flou, comme des larmes. Ce sont les larmes de l'imagination. Quand une personne chère nous quitte, on ressent une profonde tristesse, une horrible douleur. On se dit que la vie ne vaut plus le coup d'être vécue, que rien ne pourra nous faire oublier ce mal qui nous ronge un peu plus à chaque seconde. C'est faux mais, on ne le sait qu'après. Certains se refusent à oublier une personne qu'ils ont aimée de tout leur coeur. Pour eux, ce serait comme un affront, comme de l'irrespect pour le défunt. D'autres ne cherchent que ça, que l'oubli. Croyez-vous vraiment qu'oublier quelqu'un est une chose facile ? Non. D'après les scientifiques, il faut deux ans pour se remettre entièrement. L'amour n'est pas une chose logique donc, l'amour n'est pas une chose que les scientifiques peuvent étudier. Les résultats seront différents selon l'individu. Pour moi, oublier un frère, un ami, un amour, c'est impossible. Quelle que soit la façon dont cela c'est fini, l'oubli est une chose impossible. Il y aura toujours une place pour cette personne : dans notre tête et surtout, dans notre coeur.

« Dis Heaven, tu es sûre que je suis beau dans ce jean ? Je le trouve un peu trop serré... Et puis, c'est pour une sortie entre amis, j'suis pas sûr que ce soit... Nécessaire d'être aussi élégant. »
« Tu rigoles ? Tu n'es pas élégant ! »
« Vraiment ? »
« Tu es splendide ! Bon... Allez, file, tu vas être en retard, pour changer, tiens ! »
« Je t'aime ! »
« Je t'aime aussi, passe une bonne soirée, Thomas. Fais attention à toi ! »

Mon cœur fit un raté. A vrai dire, il n'avait cessé d'accélérer la vitesse de ses pulsations au fil de la discussion. Elle était juste derrière moi. Son souffle chaud dans ma nuque et son parfum enivrant me firent frémir. Ce parfum que j'avais tant respiré auparavant... Maintenant, tout était clair dans ma tête. Je m'appellais Thomas Parker et j'avais une soeur. Nous nous regardâmes comme si nous nous voyons la première fois. Je saisis sa main puis l'attirais vers moi. Je l'enlaçais en lui caressant la tête. Tout avait pros un sens désormais...

« Je me souviens... Je... Me souviens... » Répétais-je sans cesse, en laissant couler les larmes le long de mon visage.