Pensif, Lonan se mit à regarder à travers la fenêtre les quelques soldats traverser la base à pieds ou en Jeep, d'autres courir dans le gravier afin de ménager leurs compétences physiques primordiales aux qualités d'un bon soldat. Il se revit alors huit auparavant, au tout début de son engagement, à suer pour atteindre ses ambitions, à souffrir pour devenir ce qu'il voulait tant être. Sans le soutien de ses défunts parents, il n'y serait pas parvenu non plus. Il se retourna vers son bureau où il vit une photo d'eux, souriants, fiers de leur fils le jour de la remise des diplômes. Il eut un léger rire qui traduisait à la fois la nostalgie et la joie, puis décida d'aller se défouler. Le temps était plus que favorable pour s'adonner à un petit peu de sport qui lui permettrait de retrouver progressivement la santé. Ses blessures lui étaient parfois douloureuses bien qu'elles fussent cicatrisées. Lonan faisait donc attention à ses gestes et se refusait encore la musculation. Il opta ainsi pour un footing d'une demie heure en évitant les obstacles du parcours militaire. Sentir la transpiration ruisseler sur son corps lui donnait le sourire, c'était bon de sentir cette sensation perdue. Il avait l'impression d'éliminer la mauvaise fatigue qui pesait sur ses épaules, les mauvais souvenirs qui l'empêchaient de dormir. Le vent qui soufflait contre lui affirmait davantage cette sensation de bien être... Il alla ensuite se relaxer pour mieux garder les bénéfices de cette petite course. Sur un tapis, il s'étirait, s'étendait, s'étalait, touuut douuucement, cooomme ça, voiiilààà... On inspire... On expire... On souffle... Ettt on repaaart... Aaallez... Son rythme cardiaque ralentissait au fur et à mesure que ses exercices rendaient plus lointaine sa chevauchée fantastique sous le soleil de San Francisco.

Après une bonne douche, se fut enfin la liberté. Aujourd'hui, Lonan avait dû porter son uniforme. Il ne devait le mettre que pour des enterrements militaires, des cérémonies ou des réunions, comme cet après-midi. Il aimait se voir dedans mais à la fin de la journée, il commençait à se sentir trop oppressé avec ce parfait pliage et repassage, trop «m'as-tu vu» avec ces décorations même s'il en était plus que fier. Être militaire lui avait apporté organisation, méticulosité, et lorsqu'il s'habillait de manière plus décontractée, il avait davantage de plaisir. (S'habiller moins solennellement, d'accord, en revanche, en ce qui concerne le rangement, pas touche!). C'est pourquoi, il enfila un simple jean beige et un T-shirt gris avec un col en V, laissant alors dépasser sa chaîne argentée qui portait les alliances de ses parents. Il rangea ensuite son vestiaire, son bureau et mit avec soin ses affaires dans son sac avant de se diriger vers l'infirmerie.
Il emprunta le couloir principal, passa devant l'accueil en saluant chaleureusement la secrétaire qui s'y trouvait et ouvrit les portes battantes camouflant le chemin de la cantine, des salles de repos, de soins et des réserves. Une fois arrivé à hauteur de la porte blanche, il eut une idée malicieuse en voyant le panneau :

Infirmière en chef
Sukina McCoy

Elle avait été affectée un ou deux mois avant le retour d'Irak de Lonan. Elle était désormais chargée de surveiller les blessures du Lieutenant afin de s'assurer de leur correcte guérison. Cette habitude leur avait permis de nouer un très bon lien. Ils parlaient beaucoup, riaient mais le militaire avait toutefois du mal à cerner cette jeune femme. Quoiqu'il en soit, leur relation était à la fois adulte et bon enfant. D'ailleurs, il s'introduisit discrètement dans la pièce, tout en veillant à ce que le loquet ne touche pas le cylindre d'aluminium et en marchant à pas de loup. Il regarda dans la première chambre, personne. Dans la deuxième, idem. Le bureau était entrouvert et il aperçut Sukina au niveau de ses armoires. Elle devait certainement chercher le dossier... Lonan poussa la porte du bout des doigts. Il souriait déjà de la bêtise qu'il s'apprêtait à faire. Puis, à moins d'un mètre d'elle, il lui glissa à l'oreille, « on cherche quelque chose mademoiselle? »

Lonan, qui attendait une réponse de la part de son amie, fut étonné de ce qui suivit.
Malgré son manque de connaissances médicales, il avait cru comprendre que Sukina faisait une crise d'angoisse face à lui, du moins, dos à lui! Et cette réaction l'avait plus qu'étonné. Il ne savait que faire, il ne savait que dire, alors il regarda ses jambes fléchir et son instinct la guider vers la chaise. Il avait les yeux grands ouverts, tel un lapin pris en plein phare! Il était debout, à la regarder si benoîtement qu'il s'infligeait à lui-même cet air ridicule qu'il n'avait que très rarement, ou alors on le lui disait que très rarement! Il était pris à la fois de remords et d'une envie de rire. Ce n'était pas drôle mais c'était nerveux. Par décence, il réussit à se contenir.
Ses sourcils plissés traduisaient l'inquiétude et la culpabilité qu'il ressentait. Intérieurement, il se disait qu'il ignorait un certain nombre de choses chez elle, qu'il ne valait peut-être pas les savoir afin de garder une relation aussi forte que la leur. Indéniablement, le fait qu'une part d'eux-mêmes reste cachée, leur permettait d'être si complémentaires et complices puisqu'ainsi, ils ne cherchaient pas à attacher tel comportement, telle parole, à une période de la vie de chacun.

Le regard méchant qu'elle lui lançait le mettait mal à l'aise. Il se disait que si des balles avaient été chargées derrière ses pupilles, le Lieutenant aurait déjà perdu la vie! Vidé de tout son sang. Troué de partout. Plus lourd qu'avant à cause du plomb logé dans son corps. Ah! Un homme à terre un homme à terre! Il se mit alors à revivre le moment où lui même avait été touché en Orient. C'était incroyable de voir les moments revenir comme ça, en flash, comme si son corps était ici mais que son âme était toujours là-bas... Une vive douleur le piqua au niveau de l'abdomen, provoquant ainsi un léger mouvement de bassin accompagné de la tête. Mais cela lui passa après une brève inspiration expiration.
Ses tourments cessaient au fur et à mesure que Sukina s'apaisait. On sentait son professionnalisme et la passion de son métier au travers de son attitude. Lonan la trouvait toujours calme, patient et méticuleuse. Sans sa blouse, elle regardait sans cesse autour d'elle, guettant une susceptible vie à sauver. Avec sa blouse, elle accomplissait ses moindres gestes avec sérénité et assurance. Elle avait réussi à se calmer d'elle-même, tout comme elle était capable de faire face à une urgence en étant seule. Ce qu'elle balança au Lieutenant avec tant de charisme affirma le ''non droit'' à l'erreur qu'elle portait sur elle. Il voulut donc la réconforter et se faire pardonner. Il préféra les gestes aux paroles. Délicatement, il se hissa derrière elle. Il lui fit un massage des épaules, ne sachant pas si elle appréciait ou non. Mais il continua tout de même avant de dire d'une voix forte, « Oui, j'ai bien compris ». Il essaya de deviner sa réaction par le mouvement de tête qu'elle pouvait faire et qu'il tentait de lire en dominant son cuir chevelu... Ce n'était pas vraiment efficace! Il hésita entre rester ici ou lui faire face. À vrai dire, sa beauté naturelle et envoûtante, le déstabilisait un peu... Il en perdait quelquefois son latin ou appréhendait l'impact de chacun de ses mots. La finesse de son visage lui donnait cet air insouciant, les boucles sautillantes de ses cheveux lui conféraient un caractère quelque peu enfantin, son regard parfois pétillant et d'autre fois sévère la rendait plus mature, sa silhouette élancée rappelait celle des danseuses et bouche était redoutable. Chaque expression de celle-ci renfermait une signification propre. Cela la rendait quasi religieuse...

Lonan laissa de côté ces considérations auxquelles il aimait parfois penser et se décida enfin. Il fit le tour de la chaise, s'agenouilla face à elle. Il garda le dos bien droit afin que sa tête soit à la hauteur de la sienne et que ses yeux puissent lire dans les siens. Il se prononça d'une voix qui se voulait plus rassurante, «pardon... » Il lui saisit une mèche bouclée qu'il remit derrière l'oreille et répondit à son ordre, « je ne referai plus jamais ça, Sukina McCoy. ». Et il lui sourit tout en continuant de la regarder avec douceur.

Lonan ne lâchait pas Sukina du regard. Il voulait lui montrer qu'il s'en voulait, lui prouver qu'il l'écoutait et lui faire comprendre tous les sentiments qu'il y mettait. Des sentiments forts, allant de la compassion à la fascination. Il souffrait pour elle, en même temps qu'elle lui racontait son histoire. Elle avait beau vouloir dissimuler ses émotions en se tournant vers l'extérieur, cela se sentait néanmoins à sa voix et à son attitude qui la trahissait. Lonan le premier en faisait de même dans son propre bureau! Quoi qu'il en soit, la force et le courage dont elle avait usé aussi bien pour surmonter cette épreuve que pour en parler à son ami, le fascinait. Sous cet air innocent et enfantin, se cachait une réelle femme, grande et mature, à l'ardeur redoutable...

Alors qu'elle lui tournait le dos, Lonan n'osait pas s'approcher, de peur de lui causer une nouvelle crise. Il n'osait pas bouger, par crainte de donner l'air distrait. Il resta debout, les bras croisés, tel un chef qui observe avec sévérité ses soldats accomplir les exercices. Il se mit ensuite à examiner son interlocutrice. Elle se tenait de manière droite, elle était élégamment habillée et il la trouvait toujours aussi belle que tout à l'heure. De face comme de dos, elle semblait être parfaite! Afin d'oublier quelque peu cette pensée, il contempla l'arrière de ses joues qui bougeait à chaque parole. En réalité, Lonan aimait voir les personnes avec qui il parlait. S'il ne les voyait pas, comme là, soit il cherchait un moyen de voir une partie d'eux-même ou il se taisait. Ne voulant pas l'interrompre en ce délicat moment, les circonstances changeaient. Malgré la rudesse des confidences de Sukina, le Lieutenant fut notamment soulagé de savoir ce pauvre type sous les barreaux. Pourquoi agir comme ça? Quel intérêt d'infliger ça? Pourquoi la violer et vouloir la tuer ensuite? Faire cela ou accepter la rupture revenait au même, on perdait la personne qui nous était chère (ou pas). Le comportement de ce dit Byron était un excès de rage, de colère, une impuissance refoulée qu'il avait défoulée sur cette si jolie personne. Sur une femme qui ne méritait pas ce courroux, cette violence innommable! Qu'il prenne cher en prison! À ce faire violer lui aussi tiens!!! Par ces criminels, ces assassins, ces meurtriers, ces récidivistes, ces dealer, ces truands, ces violeurs! Qu'il souffre encore plus que Sukina lorsqu'il la violait et après ce drame! Diable!

Lonan comprenait alors la réaction de sa petite asiatique lorsqu'il avait fait irruption dans son dos, sans l'avoir prévenue de sa visite. Par rapport à tous ces événements et toutes ces confidences, désormais, il ne regrettait pas de l'avoir laissée seule pour se calmer, se retrouver, car cette situation était plus que délicate. Maintenant qu'elle avait tout dit et qu'elle ne bougeait pas, c'était à son tour. Mais... que faire? Un sourire s'esquissa légèrement sur son visage. Et il lui arriva enfin jusqu'aux oreilles. Il était fier du spectacle qu'il allait donner et espérait la rassurer même s'il n'était pas sérieux. En fait, il voulait éviter une discussion sur son viol, jugeant cela intime et rude. Ils étaient de bons amis mais il ne comprenait pas cet aveu. La situation ne l'avait pas obligée à tout dire, sa crise aurait pu arriver à n'importe qui! En fuyant cette ''solennité'' il fuyait aussi son impression de Amis ou plus? Danser et chanter pour faire plaisir à Sukina lui faisait alors oublier toutes ces idées et mettait de la bonne humeur! Il s'amusa à avancer et à reculer sa tête telle une poule, puis il commença à chanter tout en accompagnant les paroles de mimes, « Listen, Baby... Ain't no mountain high... Ain't no valley low, Ain't no river wide enough, baby... » Il s'approcha de Sukina en dansant. Il bougeait son bassin avec souplesse, levait les bras pour le rythme et ses pieds glissaient sur le sol comme s'il avait eu des patins. Lorsqu'il lui fit face, le dos appuyé contre la fenêtre, il imita un téléphone avec son pouce et son auriculaire et caressa son doux visage asiatique du bout des doigts, « If you need me, call me No matter where you are, No matter how far, Just call my name ». Il courut dans la pièce avant de sauter les pieds joints sur le bureau et de brasser l'horizon avec la paume de chaque main en continuant, « I'll be there in a hurry! You don't have to worry! Cause baby, ». Il bondit de son perchoir, revint vers elle en claquant des doigts en même temps qu'il continuait de pousser la chansonnette. Il lui saisit ses mains, se mit à danser avec elle. Il termina plus calmement « Ain't no river wide enough To keep me from getting t... ». Il voulut la faire valser mais il sentit sa main glisser de la sienne alors, avec plus de vigueur, il la tira vers lui afin de la redresser. Il passa ensuite son bras dans son dos pour que ce soit lui qui prenne le choc. Et il le prit! À défaut de terminer la chanson à la Moulin Rouge, Lonan avait protégé Sukina en ne la faisant pas tomber et en évitant qu'elle ne se cogne contre le mur. Leurs corps dansants étaient proches, le torse du néo-zélandais se soulevait par l’essoufflement et il put enfin clore la musique « ... to you. ».

Jusqu'à aujourd'hui, Lonan n'avait jamais été aussi proche de sa petite asiatique. Il ne savait pas si c'était par l'habitude des soins qu'elle lui prodiguait, par ce douloureux aveu pour lequel il avait jouer la carte de l'humour ou par cette danse fusionnelle où leurs corps étaient presque collés. Il avait même senti la poitrine de Sukina se lever en même temps que son torse. Il retrouvait en quelque sorte cette sensation perdue avec la guerre et le peu de femmes rencontrées. Bien que Lonan paraisse autoritaire et fort, il n'empêche que le sentimentalisme le caractérise plus ou moins! Les petits gestes romantiques? Il en raffole! La douceur le berce et il apprécie les moments privilégiés, posés. Il est toujours prêt à tout pour n'importe qui, encore plus pour sa dulcinée.
Page romantique mise à part, le Lieutenant avait senti le plaisir que son amie avait pris en dansant, comme si les vieux démons avaient été chassés par ces pas fous et complices des deux acolytes. Lorsqu'elle s'éloigna, cela provoqua comme un appel d'air en Lonan. Il se sentait à la fois aspiré et rejeté. La remarque de Sukina le fit sourire. Elle n'avait pas tort! Le jeune néo-zélandais est d'une maladresse sans nom, comme sa mère biologique. Mais l'adjectif peut se valoir avec ce qu'il fait ou dans les relations qu'il a avec les autres. Cela a d'ailleurs fini par le complexer et quand il décide de faire ci ou de faire ça, il se met d'abord à la place de la personne en face, s'assurant que rien ne sera mal pris. Parfois il agit trop tôt, d'autres fois trop tard. Cette attitude qui lui donne un côté enfantin, n'est cependant pas valable pour tous. En réalité, quand il est conscient des enjeux, des responsabilités qui pèsent sur ses épaules, sa gaucherie se transforme en une dextérité incroyable! Et sans ça, il ne serait peut-être plus de ce monde aujourd'hui.

Sa blessure était relative et Lonan voulait bien croire la jeune infirmière lorsqu'elle disait qu'un hématome viendrait! Même pas mal! « C'est mental c'est mental c'est mental », se disait-il intérieurement. « Si tu te dis que tu n'as pas mal, alors tu n'auras pas mal. C'est mental et tu n'as pas mal. Non, je n'ai pas mal. ». Il fit néanmoins preuve de franchise avec Sukina, « et c'est vrai que je ne me suis pas raté! ». Puis d'une voix plus douce, se voulant protectrice, il ajouta, « enfin... je préfère que ce soit moi qui prenne le coup plutôt que toi. » . Et il sourit.
Réalisant que ça lui donnait un air niais, il reprit son sérieux quand la jeune femme à la blouse blanche revint vers lui. Il porta une plus grande attention sur ses mains qui faisaient des arcs de cercle l'une contre l'autre afin de chauffer la crème puis elle les appliqua sur son bras. Le bout de ses doigts était un peu froid mais le reste était si chaud que la blessure semblait s'imprégner immédiatement du remède! Il se laissa faire, appréciant la douceur du massage. Aucun doute pour ça, elle était faite pour ce métier. Lonan ne venait pas d'avoir ce déclic mais ce moment ne faisait que renforcer sa conviction. Elle faisait preuve d'une si grande délicatesse dans ses moindres gestes, elle était si élégante et femme dans cette tenue qui, pourtant, donnait un côté laborantin et Louis Pasteur à quiconque la portait. Peut-être était-ce l'amour de son métier et l'attention qu'elle accordait à chacun de ces patients qui permettait d'aller au-delà de cet aspect physique!... Après ce temps rêveur, Lonan répondit, « tes soins sont les seuls qui me redonnent rapidement la santé! J'espère que tu soigneras mon bras un peu mieux que je n'ai voulu soigner ton cœur en te faisant valser... ». Il marqua une courte pause en regardant vers le sol, dubitatif. Puis il la fixa dans les yeux, « oui, j'essaie d'être poète à mes heures perdues... Mais... Il faut croire que je suis assez occupé et que ça m'enlève du temps pour la pratique! ». Il lui sourit de nouveau.

Sukina comme lui avait l'humour facile aujourd'hui. C'était plaisant à voir, surtout après une harassante réunion! Lonan agita son bras qui était quelque peu engourdi et jeta un œil dehors. Le soleil commençait à se coucher, donnant une couleur orangée aux étoiles du drapeau américain hissé dans la cour. L'eau qu'il entendit couler le ramena à l'endroit où il se trouvait. Il s'empara de la petite serviette bleu ciel qui était pliée sur le bureau et se mit à droite de la fée des soins en attendant qu'elle finisse de se laver les mains. Il déplia le tissu et le tendit, tel un ramasseur de balle à Roland Garros. Elle le regarda, et les rayons lumineux qui persistaient depuis l'extérieur éclaircirent ses yeux. Qu'elle était belle... Alors qu'elle tirait la serviette vers elle, Lonan fit le mouvement inverse, la rapprochant ainsi de lui. Il resta figé un court instant puis, ne sachant pas pourquoi il avait fait ça ni allait faire ça, il enroba sa hanche de sa main et il la fit reculer contre le lavabo tout en l'embrassant passionnément.

La maladresse du néo-zélandais s'affirmait avec la réponse que Sukina lui avait faite. Bien sûr que ce n'était pas son cœur qui était meurtri par ce viol, bien sûr! Il avait réfléchi à la façon dont il allait pouvoir lui remonter le moral en la faisant rire et en la réconfortant, mais visiblement, il n'avait pas intégralement réfléchi à ses propos...! Sukina 1 – 0 Lonan. Next Round!

Lorsque la grande main de Lonan enveloppa sa hanche, cela rendit la taille de Sukina encore plus petite. Il avait alors eu l'impression d'être un chocolat qui enrobait un succulent fruit. Et elle n'était pas n'importe quel fruit! Qu'importe la saison, qu'importe le temps, elle était toujours là, dans ce bureau, dans cette beauté innommable. Elle lui avait rendu son baiser, il avait senti de la passion en elle tout comme il avait éprouvé du désir pour elle... L'espace d'un instant, le temps avait cessé de s'écouler. Et quand l'infirmière se décala de lui, il prit cela comme un échec. Ce n'était pas un Dom Juan, un Casanova, mais lorsque Lonan était sûr de vouloir cette personne, il y mettait tout son cœur. Il voulait alors prouver que c'était un gars avec qui les lendemains existent toujours, avec qui on peut se sentir en sécurité, avec qui on peut éprouver une réelle confiance pour avouer certaines choses. Un aveu comme celui de Sukina. Comme celui qu'il avait écouté avec compassion et auquel il avait répondu avec un humour décalé pour ne pas plonger dans le pathos, pour que ces démons restent là où ils étaient et pour qu'il n'y ait qu'elle et lui, aujourd'hui, dans cette pièce. Ici même, là où elle lui avait rendu son baiser! Rendu son baiser! Son baiser! Ce n'était pas anodin et son recul brouilla les esprits du Lieutenant. Alors qu'elle lui tournait le dos, il resta là où il était, à observer sa svelte silhouette. Sa petite asiatique paraissait perdue en même temps que gênée et il aurait tant aimé voir son visage à cet instant précis... Mais il attendit, conscient qu'il l'avait sans nul doute surprise et que, finalement, ne voulait peut-être pas de lui. Il posa une main sur le lavabo, en attendant qu'elle parle enfin. Elle l'avait appelé par son prénom et ça ne présageait rien de bon. Elle n'avait employé le ''Lonan'' qu'une seule fois aujourd'hui: lorsqu'elle avait douloureusement évoqué son passé... Un certain défaitisme le prit au plus profond de lui. Il écouta.

Il resta dubitatif. Elle disait que son cœur allait mieux et qu'elle l'aurait repoussé dans le cas inverse. Alors pourquoi s'être décalée de lui si son cœur allait mieux? Pourquoi fuir alors qu'il suffisait d'en profiter, de se laisser-aller? Ah les femmes! Complexité quand tu nous tiens! Sukina semblait à la fois sincère et amusée lorsqu'elle avait parlé. Cela énerva Lonan qui n'y comprenait décidément rien! Il se sentait comme un incapable, comme rejeté d'une femme pour qui ses sentiments amoureux l'avait de nouveau hanté après tant d'année d'absence... Il lui prit instinctivement la main qu'elle lui tendait. Regrettant ce geste, il s'en défit quelques secondes après. Il regarda l'horloge. 18h30. Il mit les mains dans les poches et se dirigea vers la fenêtre. Il regarda les militaires ôter le drapeau. C'était un rituel qu'il ne loupait jamais, où qu'il soit dans la base. Il resta silencieux un instant et, toujours le dos tourné, il se prononça, « je ne sais pas quoi penser, je ne sais pas qui croire... Je suis désolé de t'avoir rappelé ton lourd passé en te faisant peur en arrivant. Je suis désolé de t'avoir embrassée sans que tu ne t'y attendes. Et il est peut-être temps pour moi de partir. »
Il tourna la tête vers la droite. Ainsi, la moitié de sa vision balayait son interlocutrice et l'autre moitié les soldats. Il rejoignit la porte, regarda Sukina une dernière fois. Il lui dit d'une voix légèrement fébrile mais qui se voulait forte, « je repasserai demain pour mes soins à l'abdomen. Bonne soirée Suki. ». Et il lui sourit timidement.

Le néo-zélandais alla ensuite dans la première chambre pour y récupérer son sac. En réalité, quand il allait à l'infirmerie pour ses visites de contrôle, elle l'auscultait toujours dans cette pièce. C'était plus commode pour elle. Par habitude, il y déposait à chaque fois ses affaires avant d'aller la chercher. Mais ce soir, il en était autrement... Il ne savait plus quoi penser. Il regrettait ce baiser qu'il n'aurait peut-être pas du donner. Il craignait de perdre son amie. Il se perdait dans cet amour qu'il n'avait pas en retour. Il souffrait intérieurement de ce rejet et pourtant, voir Sukina le soulageait alors qu'en être loin l'affectait... Lonan était au niveau du bâti de porte lorsqu'il la vit juste à l'entrée de son bureau. Il voulut parler mais n'y parvint pas. C'est elle qui prit le taureau par les cornes avec détermination.

À chaque fois que Lonan voulait agir de lui-même, Sukina arrivait toujours à inverser les rôles que ça ne le dérange. Il l'avaient fait valser, et elle l'avait soigné. Il l'avait embrassée, et elle s'était reculée. Il était parti, et elle l'avait rattrapé. La façon dont elle s'était approchée de lui l'avait étonné. Il pensait à deux choses, soit elle allait le sermonner tout en étant énervée, soit elle allait s'expliquer tout en étant séduisante. Visiblement, la deuxième idée l'emportait. Ils étaient désormais seuls dans la chambre. Bien que cette situation n'était pas inhabituelle, le jeune homme se sentait comme oppressé. Son rythme cardiaque s'accélérait. Il regardait un peu partout et le claquement de porte l'avait même fait sursauter. Le regard de sa petite asiatique le troublait. Il y lisait à la fois des regrets et de l'envie. À vrai dire, son regard devait être identique envers elle. Lonan n'était pas du genre à regarder les filles mais avec Sukina, ça en devenait naturel. Il aimait la façon dont elle penchait la tête, laissant tomber ses cheveux dans le vide, la façon dont elle se pinçait les lèvres lorsqu'elle s'appliquait dans ses soins, la façon dont ses parfois tremblantes devenaient fermes lors des manipulations. Il aimait ce contrôle d'elle-même, ces gestes involontaires qui l'ensorcelaient. Elle lui plaisait, depuis le début, depuis toujours, depuis la première fois où elle avait touché ses blessures. Il avait alors l'impression qu'en Irak, là où il avait été touché, c'était l'Enfer et ici, à San Francisco, là où il était soigné, c'était le Paradis. Un Paradis dans lequel il avait rencontré cet ange. Une céleste créature qui l'obnubilait, à qui il pensait et rêvait... Absente, il voulait la voir, présente, il ne voyait qu'elle.

En ce moment, il était si épris de sa beauté, de sa détermination, qu'il buvait ses paroles, qu'il la dévisageait tout en se disant « qu'elle est belle. Encore plus maintenant. Encore plus comme ça. Écoute-la Lonan. Écoute cette voix ferme et frêle à fois. Admire ce visage doux même avec cette autorité. ». Et là, elle était mieux que dans ses rêves parce qu'elle était réelle et imprévisible.
Ce deuxième aveu en témoignait.
Lonan ne savait que dire. Elle éprouvait donc des sentiments pour lui et tout ce qu'il avait réussi à faire au lieu d'essayer de le comprendre, était de partir comme un enfant à qui on refuse de payer un tour de manège! Qu'il s'en voulait! Encore une fois, c'était elle qui s'était jetée à l'eau, qui avait rattrapé la maladresse du Lieutenant. Qu'il s'en voulait! Il l'écoutait, émerveillé par cette force passionnelle avec laquelle elle lui disait tout. Elle lui disait qu'elle le désirait, qu'elle ne voulait plus de lui en tant qu'ami mais bien plus. Et non. Il n'avait jamais puis imaginer tout ça. À vrai dire, il ne s'était jamais imaginé pouvoir réellement l'embrasser parce qu'il n'était sûr de rien. Aujourd'hui il l'avait fait dans un élan de folie, mais de belle folie. Une folie qui n'était pas celle d'une maladie mais d'un sentiment. Et ça, c'était le plus important! La folie des sentiments témoignent de la passion que les autres font naître en chacun et c'était exactement ce que Lonan ressentait. Il désirait l'embrasser, lui prendre la main, l'enlacer, la cajoler, lui caresser ses cheveux, la masser... Tout ça, ils l'avaient déjà fait en réalité mais, lui, il voulait le faire d'une manière consciente. Au-delà de l'ami qui réconforte, il voulait le faire en tant que petit-ami qui aime. Et ses pensées étaient si hypnotisées par tous ces faits, qu'il n'en répondit pas à Sukina. Il se contenta de la regarder, comme depuis le début, trouva que son jeu de regard lui donnait un charme unique. Les yeux levés, elle était adulte et sincère; les yeux baissés, elle était enfantine et innocente. Son visage était si atypique qu'il était difficile de lui donner un âge. Elle était comme intemporelle... En revanche, le temps frappa Lonan au visage lorsqu'elle l'embrassa. Ce fut comme une hydrocution. Son sang avait fait plus d'un tour lors de ce précédent rejet et désormais, la chaleur du baiser qu'il recevait prenait le dessus sur ce sentiment défaitiste et abattu qui le hantait quelques minutes avant. Il voulut même rire de la remarque de Sukina mais il se retint. Cela pouvait encore donner lieu à un mal entendu! Il voulut également lui demander un dessin mais ça aurait été provocateur. Il prit une tendre voix pour être davantage pardonné, lui saisit la main et parla enfin, « désolée de ce comportement. Je ne voulais pas te blesser ni te forcer à me dire tout ça si tu ne voulais pas le faire aujourd'hui... ». Il s'arrêta avant de reprendre, « enfin, je m'excuse mais tu vas encore me dire que je n'ai pas à le faire alors... » Il se regarda entrelacer ses doigts dans les siens. Il esquissa un léger sourire. Lorsqu'il releva la tête, il croisa le regard de l'infirmière sans parvenir à s'imaginer ses pensées. Il renchérit alors, « tu sais, je suis un médiocre dessinateur. ». Puis il glissa sa main dans le cou de la jeune femme avant de l'embrasser à son tour. Il y mettait encore plus de passion que tout à l'heure, ne voulant pas qu'elle se retire de nouveau. Il voulut passer son bras autour de son corps mais il le fit, involontairement, entre sa blouse et ses vêtements. Il n'osa pas changer cette position, de peur qu'elle ne le prenne mal.

Lonan se sentait bien ici. Enfermé dans une pièce avec une femme qu'il avait appris à connaître depuis leur première rencontre. Ce jour là, il était venu pour les soins que son ami Tomas, qui voulait en réalité qu'on l'appelle Docteur Hughie alors qu'il n'était qu'un infirmier, devait lui apporter. L'arrivée du Lieutenant s'était faite sur un ton humoristique et autoritaire, en appelant Hughie tel un soldat. Et une jeune femme, quelque peu surprise s'était montrée. C'était elle. Sukina. Elle avait alors expliqué que l'ancienne personne à ce poste avait été destituée de ses fonctions pour cause de mauvais comportement. Intérieurement, Lonan s'était dit que son successeur allait devoir faire preuve d'une irréprochable attitude. L'armée déteste les mauvaises actions, notamment sur la base même. Alors, les autorités porterait un œil tout particulier sur le suivant, du moins, la suivante. Bien que ce soit une femme et qu'on lui attribue la sagesse, il n'empêche que les généralités contemporaines restent quelque peu machistes et lui attribue également la naïveté. Ainsi, elle serait surveillée, contrôlée sur son lieu de travail mais d'une manière implicite. Le moindre faux pas lui coûterait cher. Et cette pensée hanta l'esprit de cet homme épris alors qu'ils s'embrassaient toujours. Il se disait que s'embrasser ici était une grave erreur, encore plus s'ils allaient plus loin. Mais il ne voulait pas. Enfin, ce n'était pas qu'il ne voulait pas, c'était juste qu'il ne voulait pas la presser ni se presser. Il voulait prendre son temps pour mieux la connaître ou pour ne pas passer pour un gars qui voulait juste la ''pécho'' comme disent les jeunes d'aujourd'hui sans que Lonan ne comprenne réellement la raison de ce changement de langage. Si on pouvait encore appeler ça langage! Quoi qu'il en soit, il ne voulait rien de plus ici, dans cette base, dans cette infirmerie, dans cette chambre. Rien. Sinon, ça compromettait le métier qu'elle portait plus que tout dans son cœur et pour lequel elle était réellement née, ça mettait en péril l'ordre hiérarchique dans lequel le Lieutenant se trouvait, pouvant même aller jusqu'à sa réaffectation sur le terrain, chose qu'il ne voulait plus. Il profita alors de ce moment, fait de sincérité et de pudeur.

Les mains de Sukina qui encadraient son visage étaient encore plus froides que tout à l'heure, mais il finissait pas apprécier cette sensation. Ce tête à tête donnait l'impression d'un jeu de ping-pong. Elle se confiait, il la réconfortait; il s'en allait, elle lui courait après; elle l'embrassait, il le lui rendait; il l'embrassait, elle le lui rendait. Ex æquo! Et le néo-zélandais, non pongiste, aimait de plus en plus cette partie, pleine de fraîcheur sentimentale et de respect mutuel.
La réplique amusée de sa petite asiatique le confirmait. En retour, il posa son front sur le sien, lui sourit et l'embrassa sur le bout de son nez. Lonan était un médiocre dessinateur. Une année, il avait fait un dessin à ses parents pour leur demander un chat. Ils lui avaient acheté un chien...! Le jeune homme dessinait mieux l'amour que les animaux visiblement! La femme en face de lui, aussi belle que nature, passait de nouveau aux aveux et explications. Indéniablement, Lonan prenait de plus en plus d'importance pour Sukina, pour qu'elle éclaircisse sans cesse les choses, sans doute par crainte de le perdre ou/et parce qu'il comptait plus que n'importe qui. Intérieurement, il se disait qu'elle devait être une femme complexe... Mais intérieurement, il était convaincu d'aimer cette complexité parce qu'il était convaincu d'aimer ce petit bout de femme. Il aurait pu le dire en vers ou bien en prose, mais il n'était pas bon écrivain non plus. Tout ce qu'il aimait était en réalité extérieur à lui. La nature, l'art, la mer, le sport, Sukina. Ahhh Suki... Elle était juste en face de lui et pourtant, il ne pensait qu'à elle. Il resta silencieux à son aveu. Le plus important était qu'elle dise ce qu'elle avait à dire, qu'elle ôte ce poids en elle et qu'elle sente sa présence même si aucun mot ne sortait de sa bouche. Parfois, il valait mieux de petites attentions qui apportaient un grand réconfort plutôt que de grandes phrases qui restent creuses! C'est ce qu'il mit en pratique. Il reçut un nouveau baiser de sa part et elle posa sa tête contre son torse. Il fut si surpris qu'il ne savait que faire. Il l'embrassa au niveau de la tempe avant de coller sa joue contre ses cheveux à l'odeur de vanille. Il caressa délicatement son dos et arrêta lorsqu'il entendit son ultime phrase. Il se recula de quelques centimètres et posa une main sur son visage tout en disant avec douceur, « oui, c'est vrai. Et je pourrais même recommencer... ». Il embrassa sa tendre bouche, puis sa joue, son cou, son épaule après l'avoir dégagée de sa blouse et de ses habits avant de revenir à ses lèvres. Il fut interrompu par une voix autoritaire venant de l'entrée, « Mademoiselle McCoy? Êtes-vous présente? ». C'était le Captain Jasper Malawey. Il fallait que Lonan pense à Hughie pour que se pointe son supérieur! Concours de circonstances ou liseur d'avenir, indéniablement, il devait jouer au loto ce soir! Il regarda son amie et lui chuchota, « c'est Malawey, il doit faire un contrôle ou quelque chose de ce genre. T'inquiètes pas, c'est normal qu'on soit enfermé ici, tu me soignes non? ». Il lui fit un clin d’œil, ôta son T-shirt et fit un tour sur lui-même, puis un deuxième afin de faire de lui faire de nouveau face, « j'oubliais... ».Il se pencha à son oreille et lui murmura en posant une main sur sa hanche, « t'es sexy en blouse. ». Il lui mordilla l'oreille et alla s'asseoir sur le lit en attendant qu'elle finisse sa prestation. Il paraissait à l'aise alors qu'en réalité, il ressentait comme une pointe d'appréhension. « Il n'y a pas de raison... ». Se disait-il. « Le stéthoscope est dans sa poche, j'ai mes pansements sur l'abdomen, elle va réussir j'en suis sûr. Elle reviendra après et voilà. Réglé. Elle va y arriver! »

L'appréhension de Malawey ne l'avait pas quitté bien qu'il fasse confiance à Sukina. Mais son supérieur était d'une stupidité sans nom...! Buté dans ses idées, vulgairement autoritaire, antipathique, et surtout, surtout, misogyne. Lonan se demandait bien comment il avait trouvé à se marier! En réalité, il n'avait vu sa femme que dans le bureau du Captain, lors de leur mariage où il était en tenue et posaient devant le drapeau américain. Le néo-zélandais trouvait ça ridicule. S'il devait se marier, un jour, peut-être, ou peut-être pas, il refuserait de porter l'uniforme car c'est en tant qu'homme et non en tant que Lieutenant qu'il se marie. Il refuserait également la photo patriotique car au-delà de se dire oui dans un pays, on se dit oui dans la vie. Là était le plus important. Au fond, les Etats-Unis ne servent qu'à former les personnes de demain alors que la vie forge les êtres humains de toujours. Cependant, le jeune Kaino ne voulait pas porter des jugements trop hâtifs. Malewey était un c** au premier abord, peut-être qu'il fallait la peine d'être connu mais Lonan ne voulait pas se donner la peine! Il éprouvait pour lui une terrible aversion depuis qu'il lui avait sorti d'un ton aussi monotone que son teint « un All Black aux USA, un orphelin dans l'armée. On aura tout vu! ». Le concerné avait alors voulu lui en mettre une dans sa tronche creusée et vieillie par le crétinisme ou lui répondre quelque chose comme « si on a un peureux devenu militaire et un arriéré en guise de Capitaine, alors tout le reste est possible! ». Mais son éducation ainsi que le respect hiérarchique auquel il croyait l'en avait empêché. Parfois il valait mieux se taire et ne pas chercher les problèmes qui pouvaient être évités.

Il entendait Sukina se jouer de lui. Elle était subtilement arrogante et Jasper ne comprenait rien. Lonan en riait, seul dans la chambre, à frisonner sans savoir pourquoi. L'exagération de l'infirmière fut la cerise sur le gâteau, du moins, le pus sur le mensonge, et il en apprit un peu plus sur le supérieur. Visiblement, il n'aimait pas l'aspect médical avec tout ce que ça comprend. Ce sur quoi la jeune femme avait bien insisté, en noircissant (sans jeu de mots) l'état des blessures du soldat.
Malgré le dégoût que le supérieur semblait éprouver, la crainte continuait d'habiter le blessé. Il avait peur qu'il accepte tout de même par entrer dans la pièce puis à s'imaginer des tas de choses, qui étaient vraies cela dit, simplement parce qu'il ne portait pas dans son cœur les deux jeunes amants. Il avait peur d'avoir un visage qui trahisse sa pensée, ses émotions, ses sentiments. Il avait peur que Sukina perde son travail à cause de lui, que son grade redevienne celui de Sous-lieutenant et qu'il retourne dans cet infernal quotidien fait de plus de balles, de torrents de cris et sombres jours. Il ne voulait pas revivre ça. Pas encore. Pas tout de suite. C'était trop tôt. Il sentait son cœur s'accélérer comme une boule de flipper qui se cogne dans tous les éléments du jeu, à en faire bouger la machine. Il commençait à en avoir des suées, à être envahi d'une sensation de chaud et froid comme si c'était l'été et qu'il rentrait dans un magasin climatisé. Peut-être avait-il trop forcé pendant son sport... Peut-être avait-il peur de la suite avec sa petite asiatique... Peut-être allait-il réellement retourner au combat, sur le terrain... Il n'eut aucun doute sur l'incongruité de la deuxième proposition. En revanche, il hésita longuement entre les deux autres. Néanmoins, intérieurement, il savait qu'il en faisait des montagnes parce que Sukina réussirait à faire partir Malewey et par la même occasion, tout le stress qu'il générait chez l'officier. Mais son état avait pris le dessus sur les idées qu'ils essayaient de se mettre en tête afin de se calmer et quand elle revint dans la chambre, c'était pire. Il avait l'impression que sa tête tournait, comme un manège. Ses mains étaient devenues moites, comme s'il allait se transformer. Elle lui avoua sa perte de teint, et il voulait bien la croire! Seulement, il s'était toujours demandé si un noir pouvait être pâle... Il se mit à réfléchir et il finit par en conclure : si tous les hommes peuvent bronzer et pâlir, si tous les noirs sont des hommes, alors tous les noirs peuvent bronzer et pâlir! Il voulut rire, mais sa faiblesse l'en empêcha. Il s'appuya sur le lit et se frotta les yeux avec son pouce et son index. Il attendit un bref instant, les paupières lourdes, luttant contre le sommeil et cette retombée de craintes. Il dut relever la tête, pressé par les questions de Sukina qui s'affolait de le voir ainsi. Il le comprenait. Il vit qu'elle n'était qu'à quelques mètres et il la rapprocha donc de lui en la tirant par l'avant-bras. Il la rassura, « pardon, je m'imaginais beaucoup de choses à cause du maigrelet... ». Il l'embrassa dans le cou avant d'avouer, je croyais tomber. Mon sang s'est comme retourné! Je ne me suis jamais senti aussi mal aussi vite. Mais... ». Il continua de l'embrasser tout en enlevant le premier bouton de sa blouse, le deuxième, ... ça va mieux maintenant.... Le troisième. « ...il faut croire qu'on se soigne mutuellement... ». Le quatrième. Il s'arrêta, se mordilla la lèvre et regarda Sukina dans les yeux afin de savoir ce qu'elle désirait...

Le jeune néo-zélandais avait pris plaisir à déboutonner sa blouse même s'il était toujours poursuivi par les démons de sa crise. Ses baisers lui permettaient d'éloigner ces troubles de son esprit. C'était comme frapper dans un sac de boxe, mais là, il s'agissait de douceur... Lorsqu'elle posa ses mains sur ses épaules, l'éternelle froide sensation de ses doigts parcourra son échine et il vit son torse frissonner. Il ne savait pas quoi répondre à sa question. En réalité, une seule le préoccupait en ce moment-même, au-delà de toute demande, de toute réponse, c'était elle. Il se sentait comme envoûté... Elle était cette boîte de chocolat que tout le monde mange en se disant ''encore deux et puis j'arrête'' et puis tout le paquet y passe, soumis à l'avide gourmandise de la personne qui le détenait. Et Lonan voulait embrasser Sukina encore et encore, aller plus loin si elle le désirait, ne rien faire si tel était son choix.

Elle exprima sa pensée sur la crise d'angoisse et cette pudeur témoignait toutefois du fait qu'elle en était intérieurement convaincue. Comment ne pas l'être quand on venait d'en faire une?! Et sentir son front sur le sien l'avait rassuré. Elle s'était ainsi reculée de ses intentions tout en restant près de lui physiquement. Elle ne le repoussait pas entièrement et c'était ce qu'il craignait le plus. Il fut néanmoins pris de court par sa question et un unique « Heu... » était sorti de sa bouche. Ce n'était pas nécessairement la meilleure des réponses à donner à une femme craignant que l'on abuse de nouveau de son cœur mais en réalité, l'infirmière savait très bien deviner certains sentiments dont l'incompréhension faisait partie. Elle avait aussi ce côté un peu psychologue en elle... À écouter attentivement les autres, les comprendre en silence et passer par la discussion pour aller plus loin, pour chercher et trouver les sentiments refoulés, les vérités, les passions. C'était déstabilisant de savoir qu'une personne avait cette faculté... Lonan, lui, par l'expérience du terrain et les nombreuses médiations opérées sur place, savait également jouer de ce silence et d'un geste qui trahirait la pensée de l'autre. Cependant, il avait beaucoup plus de mal avec Sukina puisqu'elle donnait l'impression de toujours se contrôler, de peur d'être cernée, de voir certains secrets depuis longtemps enfouis revenir à la surface... Il l'aimait, il la désirait et pourtant, elle restait énigmatique pour lui. C'était peut-être ça au fond, ce mystère animait comme une flamme en lui et l'attirait sans cesse vers elle.... Ses questions le rendirent mal à l'aise. Il craignait de passer pour un Casanova s'amusant à marquer tous les prénoms de ses proies une fois qu'il s'était emparé d'elle. Elle lui avait demandé de la franchise et elle en aurait parce que mentir ne servirait à rien, d'autant plus que ce n'était pas dans sa nature. « Je préfère négliger ce moment d'égarement plutôt que de te négliger alors que je sais que tu sauras répondre à mes soins... ». Il décida alors de faire le chemin inverse, comme pour se faire pardonner. Il regarda le dernier bouton ôté et releva la tête en s'attardant de brèves secondes sur sa poitrine mise en valeur par son vêtement légèrement moulant. Il ne savait pas si c'était l'amour qui magnifiait cette femme ou si c'était cette femme qui était tout simplement magnifique mais... Elle était d'une parfaite harmonie, comme directement créée par la nature. Une fois yeux dans les yeux, il ajouta tout en remettant son quatrième bouton, « Je ne sais pas si c'est la ''crise'' qui me fait ça mais je suis sûr que tu n'es pas innocente dans l'histoire... » Puis le troisième. « … pour répondre avec franchise, oui. J'ai envie de toi depuis notre premier baiser, encore plus après notre second et davantage maintenant... ». Et le deuxième bouton. « Tu as été plus que claire avec moi alors je pense l'avoir été avec toi là. ». Lonan était sincère. Il venait de lui confirmer quelque chose de délicat, très difficile à dire avec tendresse malgré toute l'honnêteté qu'il y mettait. Il lui prit une main et caressa le dessus de celle-ci avec son pouce avant de poursuivre, « Suki, tu es libre de te faire toutes les idées que tu souhaites parce qu'il faut que ça vienne de toi, de ce que tu veux et de personne d'autre... Je veux que tu saches que même si je faisais preuve d'une passion plus forte il y a cinq minutes qu'il y en a trente, que même si des imprévus se sont mêlés à nos moments ensemble, tout ce qu'il s'est passé entre toi et moi est bien réel. Je suis réel, je suis réellement en train de te parler sincèrement en te tenant la main, en revanche... Mes sentiments pour toi sont si forts qu'ils en sont presque irréels. ». Il l'embrassa sur le front.
Parfois, Lonan était poétique. Certaines personnes en étaient touchées, et d'autres en riaient. Tout dépendait des caractères. Ce véridique instant fut pour lui une double déchirure. Il donnait le plus profond de lui-même à une personne qui semblait à la fois éprise et méfiante de lui, et il faisait un effort quasi surhumain pour ne pas montrer l'impact que les mots de Sukina avaient eu. Pendant qu'elle réfléchissait, il se leva et ramassa son haut toujours au sol. Elle fit volte-face, le regarda d'une manière qu'il n'avait jamais vu en elle auparavant... L'espace d'un instant, il voulut lui dire sur le ton de l'humour qu'il avait oublié de remettre le premier bouton de sa blouse, mais ça aurait sans nul doute été de très mauvais goût. Il se contenta d'écarter les bras tout en tenant fermement son T-shirt dans une main et de lui lancer d'une voix interrogative, « Oui?... ».

Pour une fois, Sukina était restée silencieuse à une question. Mais ce n'était pas le même silence que d'ordinaire. C'était un silence séduisant et séducteur. Elle avait regardé Lonan comme jamais et celui-ci eut l'impression de se revoir plus jeune au Louvre, à contempler la Vénus de Milo, si ce n'est que sa petite asiatique le contemplait lui, le laissant croire l'espace d'un instant qu'il était telle une statue de marbre. Son corps était certes sculpté mais ce n'était pas le fruit d'un créateur mais plus le fruit de la nature. Peut-être que c'était un Dieu en fait... Penser à cela l'avait amusé. Néanmoins, le spectacle que lui offrait Sukina le ramena très vite à la réalité, ô et quelle réalité!

La façon dont elle avait fait glisser sa langue sur ses lèvres rosées lui rappela sa façon de l'embrasser passionnément et avec une sensualité envoûtante... Lorsqu'il vit qu'elle avançait tout en défaisant les boutons qu'il avait lui aussi enlevés ET remis, il arqua un sourcil. Il ignorait si c'était de la pure séduction afin de se faire pardonner, ou si c'était sa manière de s'offrir à lui non pas pour être pardonnée mais pour être aimée... Il ne chercha pas de réponse, pas encore. Il était à la fois étonné de son attitude et soumis à ses moindres gestes. Il laissa tomber son T-shirt, aidé par l'infirmière qui entremêla ses doigts dans les siens. Le sourire qu'elle lui accorda n'était pas le même que tous les précédents. Celui-ci voulait dire plusieurs choses, certaines que n'importe qui peut deviner et d'autres que seul Lonan pouvait discerner. Les excuses de Sukina rendirent son charme attendrissant. Le regard qu'elle lui lança avant de l'entraîner vers le lit fit d'elle une enchanteresse.

Alors qu'elle était assisse sur le matelas, le Lieutenant la ''pardonnait'' déjà entièrement. D'une part, elle n'avait pas péché parce que Lonan était bien peu catholique et que la rémission ne le concernait pas vraiment. Surtout qu'un Dieu noir, ça ne s'était jamais vu à sa connaissance. En revanche, l’Église catholique qui punit et soumet les noirs, ça, oui! Cette page historico-politique résonna dans son cœur. Intérieurement, il se prononça alors, « pour tous mes frères esclaves » Mais ce n'était pas l'heure de remettre les controverses de Valladolid sur le tapis! Il enchaîna donc avec la deuxième raison qui ferait de Sukina une éternelle innocente : il l'aimait et il excuserait tout ce qu'elle voudrai voir ''pardonné''. Il l'écoutait alors parler avec franchise tout en l'admirant. Sous sa blouse, elle portait en réalité une jupe beige qui dépassait à peine de son vêtement professionnel lorsque celui-ci était boutonné. Un polo ou t-shirt noir, sans doute en élasthanne. Ce qui permettait de mouler ce buste harmonieux et de mettre en valeur sa poitrine non exhibée. Au-delà de sa beauté physique, Lonan percevait également la beauté des mots qu'elle se plaisait à lui dire avec sincérité. Ses phrases étaient musicales, en groupe de trois, alliant les causes à effets. Cette façon de parler rendait sa pudeur réfléchie. Le néo-zélandais ne s'était pas exprimé de la même façon mais au plus profond de lui, il comprenait qu'elle avait les mêmes sentiments, les mêmes passions, les mêmes désirs qui l'habitaient lorsqu'elle était en sa présence. Il avait la certitude qu'après s'être longtemps cherchés voire ignorés de ce côté là de la barrière, ils s'étaient enfin trouvés. Quand elle prit sa main et qu'elle la posa sur son cœur, la phrase qu'elle employa et qu'il entendait souvent dans les films et qu'il trouvait puérile, prit néanmoins une toute autre ampleur ici. Parce qu'elle lui était destinée. Parce qu'elle venait d'ELLE. Parce qu'il l'aimait. Parce qu'il la désirait. Parce qu'ils n'étaient pas dans un film américain manichéen voulant montrer que lorsque tout est noir tout devient blanc et vice-versa avec un tout assaisonné de répliques plus ou moins... Non, oublions.
Lonan ne disait plus un mot, préférant lui faire comprendre tous ses sentiments par des gestes plutôt que par des phrases bateaux et niaises comme il aurait été capable d'en sortir. Il se contenta alors de sentir ce cœur battre (il valait mieux cela dit) et un frisson le parcourra, dessinant des points sur son torse. Ne voulant pas être trop brutal ni trop buté, il fit alors preuve de douceur et de réserve. Oubliant même la bisexualité qu'il venait d'apprendre et qui ne le rebutait pas. Elle avait aimé des femmes mais elle l'aimait, lui, en ce moment même, rien d'autre. Alors, il saisit son visage de sa main droite, se rapprocha d'elle jusqu'à être collé au lit, décala sa main gauche de son cœur vers le matelas sur lequel il s'appuya de moitié car l'autre moitié touchait en réalité le flanc extérieur de la cuisse de Sukina, et il l'embrassa. D'un baiser moins avide que tout à l'heure. Il se recula de sa bouche en mordillant sa lèvre inférieure et rit dans un soupir. Il colla son front contre le sien, le fit basculer vers la gauche afin de l'embrasser sur le côté du visage, sur le cou... Des deux mains, il fit glisser sa blouse à mi-bras. Il put alors continuer ces embrassades sur le dessus de l'épaule, à l'avant de celle-ci, au niveau de la trachée, avant de remonter vers le menton et de terminer avec davantage de fougue sur ses lèvres qu'il aimait tant. Cet ultime geste la fit quelque peu basculer avant qu'elle ne revienne à lui, encore plus proche. Subtilement, il passa une main sous son haut sombre qui faisait ressortir la couleur de sa peau, et la renversa légèrement sans l'allonger, tout en continuant cette étreindre aussi passionnée que passionnelle.

Lonan recevait les baisers de Sukina avec une certaine ardeur qu'il percevait dans son souffle, dans sa sensualité, et une tendresse qu'il ressentait à travers sa bouche parfois tremblante, ses doigts qui parcouraient le corps du Lieutenant. Il avait l'impression d'être une œuvre artistique, soumise à un public ébahi par les traits de la sculpture, par la couleur de la peinture... Mais il ne fallait pas trop en rajouter non plus et garder la plus modeste des lucidités. Lonan n'était pas du genre à s'exposer dans un musée. Cette carrure s'était dessinée au fur et à mesure de ses années de service et d'entraînements acharnés. Il n'était pas le Schwarzenegger de dix neuf ans déjà Mister Europe et dont le cou lui rentrait dans les épaules! Il est vrai que les muscles de Lonan étaient peut-être ''trop'' mais il prenait plaisir au sport, à s'entretenir, il ne pouvait tout simplement pas contrôler l'évolution de sa morphologie. Ca lui rappelait d'ailleurs Elen qui pouvait manger tout ce qu'elle voulait sans nécessairement grossir alors que pour Derek, ça semblait être l'inverse... Ah, ce poids, ces muscles, ce corps, ces morphologies, CETTE NATURE!

Cependant, ces considérations qui étaient censées, restaient quelque peu inutiles en ce moment si privilégié et unique. Lonan regarda du bas des yeux les mains de Sukina et fut saisi lorsqu'elle porta ses lèvres à son torse. Il leva la tête en signe de joie, la joie d'avoir enfin embrassé celle dont il rêvait, la joie de l'étreindre et de recevoir cette passion en retour. Robuste et militaire qu'il était, il devenait doucereux et homme. Oui, homme. Beaucoup pouvaient reprocher au jeune néo-zélandais d'être distant, froid, carré à la fois dans sa façon d'être et de faire. Mais ce ''beaucoup'' est, pour lui, l'incarnation même de la stigmatisation sexuelle. La femme plus ou moins faite pour rester à la maison et s'occuper des tâches ménagères, l'homme plutôt fait pour travailler et porter toute l'autorité. Ce qui s'oppose totalement à sa pensée. Un homme oui, ça pleure, ça tient un fer à repasser, ça s'émeut, ça cuisine, ça aime, ça vit. Ça vit pour tout, pour lui pour elle pour eux. Et dans cette chambre d'infirmerie, il vivait pour Sukina, pour ce qu'ils étaient en train de faire et persuader que ce n'était pas une erreur. Persuadée qu'elle était la meilleure chose qui pouvait lui arriver même si ça ne faisait qu'une petite heure qu'il lui avait montré ses sentiments. Lonan ne croit pas au coup de foudre mais plus à l'amour spontané. Le coup de foudre c'est trop abstrait, trop divin, trop mythique. L'amour spontané c'est... Unique. Et rien que le fait que les mots lui manquent prouve qu'il n'a pas besoin de le définir pour en être persuadé, car il y croit. Là est le plus important.

Croiser le regard de Sukina avant qu'elle ne dessine les contours de son visage le convainquit. Ils s'embrassèrent avec autant de fougue que depuis le début. Il profita de sa main toujours posée sur une de ses hanches pour amener la deuxième à la même hauteur. Il se saisit de son haut et le tira. Il découvrit ainsi son ventre, plat et au teint asiatique. À hauteur de la tête, ce fut plus difficile et ses cheveux toujours bien coiffés s’emmêlèrent au frottement du tissu. Le vêtement tomba au sol comme une feuille tomberait d'un arbre et l'amoureux passa une main dans son dos afin de l'envelopper pour mieux la rapprocher de lui durant cette étreindre. Il sentit le coton de son soutien-gorge coller à la peau de ses pectoraux. Alors, toujours avec habileté et délicatesse, il descendit sa main plus en bas et de l'autre, il baissa la fermeture de sa jupe. Tout en l'embrassant, il se mit à sourire. C'était un sourire sensuel qui traduisait sa sincérité. Il colla son front contre le sien tout en s'amusant à faire remonter ses doigts de sa cuisse à ses cheveux. Il porta ses lèvres à sa poitrine comme elle avait porté les siennes il y a quelques minutes, avant de reporter son attention sur sa bouche dont il raffolait toujours autant. Il aurait aimé lui demander si ça allait ou quelque chose dans ce genre mais il avait peur de parler inutilement. Lorsqu'elle s'empara de sa ceinture qui retenait son jean, il comprit qu'il n'avait pas besoin de poser sa question et qu'il fallait laisser faire les choses. Il se laissa donc faire. Puis il se pencha davantage au-dessus de Sukina sans arrêter ses sulfureuses embrassades. Le balancement de son bassin rappelait celui d'une balançoire. Sa tendresse ne lui évoquait rien excepté cet instant, fondé de sentiments et de désirs.