Au cours de ma vie, je n’avais jamais vraiment gouté aux joies de vivre comme les autres. Bien sur, j’allais au ciné avec des amis et tout le reste aussi mais mes amis étaient comme moi, entrainés pour devenir des agents du Gouvernement. En fait, je ne m’étais jamais liée avec quelqu’un extérieur à l’orphelinat ou du boulot mais ça ne me manquait pas en ce temps-là. Aujourd’hui, tout est différent puisque j’ai tout laissé derrière moi pour tenter de vivre comme tout le monde. Ma vie me plaisait mais je ne me voyais pas devenir mère ou rencontrer quelqu’un dans ce contexte et pourtant, au fond de moi, j’en rêvais comme j’en avais toujours rêvé.
Profitant du fait que j’étais à présent totalement libre de faire ce que je voulais, je passais le plus clair de mon temps à découvrir San Francisco. Je flânais dans les rues pendant des heures, parfois, je me surprenais à réagir comme on m’avait enseigné à le faire, c’est-à-dire à observer les personnes qui m’entouraient et ce constat me démotivait sur le fait d’agir un jour comme une personne normale. En même temps, je savais que jamais je n’accèderais à la normalité, ce n’était pas pour moi mais je devais quand même essayer de faire comme si j’étais normale.
Je marchais depuis un bon moment dans les rues de SF quand je sentis la faim m’envahir. Repérant une sandwicherie, je m’y arrêtais pour passer commande avant de reprendre mon chemin pour trouver un coin tranquille où manger. Je n’avais pas d’idée précise pour ce coin tranquille, je laissais le destin me guider et c’est comme cela que j’avais atterri au Golden Gate Park. Rapidement, j’avais trouvé un endroit où m’installer, à l’ombre d’un arbre avec vue sur le lac. Fermant les yeux, je me demandais sur quoi j’aurais travaillé en ce moment si j’étais restée à la CIA. Est-ce que j’aurais été en mission d’infiltration ? Est-ce que je serais en train de préparer l’élimination d’une menace pour le pays ? Ou alors, je serais peut-être au bureau, derrière mon ordi à surveiller les arrières de mon équipe ou à pirater l’ordinateur d’une menace ? Toutes ces questions en amenaient d’autres comme par exemple, comment allaient les membres de mon ancienne équipe, ceux avec qui j’ai grandi. Je savais qu’il fallait que je leur donne de mes nouvelles mais je n’avais pas le courage de les appeler comme ça. Peut-être que je leur enverrais un mail dans la soirée ou mieux encore, je piraterais leur ordi gentiment pour leur adresser un petit signe de vie.

I grew up blind, just like everyone's child, in the warmth and the milk and deceit, smothered by love and the chemical dust, there was never enough to believe. They chewed me up, they spat me out, of their system and onto their street, and the rest of my life was spent to forget all the greatness that could never be. Absence twisted with fondness is the heart I couldn't forget

Oh beautiful town

L’air frais me chatouillait les orteils, l’automne c’était installé sur San Francisco et pourtant j’aimais m’installer dans l’herbe et lire. Après toutes ses semaines riches en émotions, j’avais bien le droit de prendre une pause, non ? J’avais choisi le Golden Gate Park comme lieu de prédilection. J’avais emporté avec moi, un bon bouquin que j’avais commencé des mois auparavant. J’installais ma petite couverture sur l’herbe, puis posa mon sac à main près de moi. Je savais qu’ici, je ne craignais rien mais je prenais mes précautions tout de même. Voila déjà quelques minutes que j’étais plonger dans mon livre ; je ne comprenais pas pourquoi en cours de littérature, ils s’acharnaient à nous faire lire des livres sans saveur ! Celui-ci je le dévorais tellement il était intéressant.

En y repensant, je venais tout de même de passer un mois plutôt charger. Il y a eu la maladie, puis le décès de ma mère ; ma vie fut totalement bouleverser. Je restais tout de même la petite Eve studieuse et sérieuse ; mais avec deux fois plus de responsabilité. Alors a chaque fois que je le pouvais, je m’enfuyais de chez moi. Sois j’allais retrouver Camden, ou bien je venais ici m’aéré l’esprit. J’aimais cet endroit pour sa tranquillité, mais aussi pour ses enfants joyeux qui couraient dans l’herbe. D’ailleurs il y en avait deux en contre bas qui jouait au ballon ; lorsque mes yeux se décollaient de mon livre ; je les observais. Le plus jeune me rappelait mon petit frère de 5ans, il était partit chez ma tante… le temps que la situation s’arrange et que tout se tasse. Il me manquait horriblement, ce petit être qui était le seul a mettre un peu de gaité dans nos vies.

Je reposais mon regard sur mon livre, quand le ballon des deux jeunes garçons traversa ma couverture pour filer directement sur une demoiselle blonde assise plus haut. Je n’étais pas une grande gymnaste, mais j’étais assez rapide pour l’arrêter. Je me levai donc et attrapa la balle avant même qu’elle n’arrive au pied de la jeune femme. Je renvoyai le ballon et ajoutant un petit « faite attention les garçons ». Puis me retourna vers cette jeune femme dont je n’avais jamais vu le visage auparavant. Pourtant je connaissais la plupart des habitants, enfin leur tête ! Je suis né ici, j’y est toujours vécu.

« Vous l’avez échappé belle ! Un peu plus et ce ballon vous arriver droit dessus ! »

Je restais planter là devant. Puis je pris finalement les devants :

« Enchanté, je suis Eve Milton. Vous êtes nouvelle, non ? »

Je lui tendis ma main.

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Depuis que j’avais mis un terme à ma carrière au sein de la CIA, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce que je serais en train de faire en ce moment ou alors, je me questionnais sur moi, mes aspirations. En partant, je n’avais pas prévu de point de chute, pas de plan de secours, pas de reconversion. Je m’étais bêtement lâchée dans la nature sans vraiment savoir quoi faire. Je pouvais feindre une vie normale, je pouvais feindre d’être quelqu’un que je n’étais pas mais à quoi bon si c’était pour se mentir ? Je n’étais pas comme toutes ces personnes défilant devant mes yeux, j’étais à part et en ce moment, je doutais de ma capacité à pouvoir réaliser mon plus grand rêve. J’avais foncé tête baissé sans savoir ce que je ferais.
Je m’imaginais la réaction de mes amis si jamais ils me voyaient aujourd’hui. Ce simple fait me fit rire toute seule. J’étais certes moins réfléchis que mon meilleur ami qui prévoyait tout dans les moindres détails mais quand même, avant je ne fonçais pas comme ça. Quoi qu’il en fut, penser à mes amis me rendait nostalgique des années que j’avais passé avec eux, à l’orphelinat ou à la CIA. On avait peut-être plus de famille mais tous ensemble on en avait reconstruit une. On savait qu’on pouvait compter les uns sur les autres et ce n’était pas mon départ de l’équipe qui allait changer ça.

Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vu qu’un ballon se dirigeait vers moi. Heureusement pour moi, une jeune femme intercepta le ballon avant qu’il ne m’atteigne. Mais même ça je ne l’avais pas remarqué. Ce n’est que lorsqu’elle est venue me parler que j’ai remarqué deux petits garçons qui s’éloignaient légèrement avec leur ballon. A cette vue, je n’ai pus m’empêcher de sourire avant de reporter mon attention sur la jeune femme qui à présent se présentait. Je pris la main qu’elle me tendait pour la lui serrer tout en lui répondant.
- Enchantée Eve, moi c’est Kendall Hudson et oui je suis nouvelle. Ça se voit tant que ça ? lui demandais-je en rigolant légèrement avant de revenir sur l’histoire du ballon. Au fait, merci pour le ballon même si j’ai déjà eu pire, autant éviter de me prendre un ballon envoyé par deux gamins dans la tête sinon j’en connais qui risquerait de se moquer de moi pendant longtemps.
En disant cela, j’imaginais déjà la réaction de mes anciens collègues en apprenant que des gamins innocents ont failli m’assommer avec un ballon. Aucun doute possible, j’aurais entendu parler de cette histoire pendant longtemps et je serais surement la cible de blagues vaseuses mais bon, aucun d’eux n’étaient là pour voir la grande Kendall, celle qui mettais les autres K.O. se faire possiblement mettre K.O. par un simple ballon.

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Oh beautiful town

Je me demandais parfois pourquoi le sort s’acharnait contre moi. Après tout, je n’ai jamais été vraiment heureuse … J’ai même tenté de prendre la fuite et d’essayer d’avoir un peu de bonheur en France… mais la vie m’a rattrapé et j’ai dut faire face à nouveau à ma propre vie. Je n’aime pas me lamenté sur mon sort, loin de là… mais il doit y avoir une mauvaise étoile sur moi. Si certain ont tout ce qu’ils veulent… moi je rêve d’avoir une seule journée de bonheur ! En seulement 5 ans, ma vie totale c’est effondré. Tout d’abord par la mort de mon père, puis le fait que je sois amoureuse de mon meilleur ami alors qu’il est gay, et puis voilà que ma mère tombe malade et décède à son tour. J’en étais arrivé à me demander si on ne m’avait pas jeté un sort ou un truc du genre. Oui j’étais superstitieuse et très croyante vis-à-vis de ces choses là !

Tiré de la lecture de mon livre par un boulet de canon, ou plutôt un ballon lancé à pleine vitesse par des gosses ; je ne pu m’empêcher de me lever d’un bon. Il aurait bien faillit envoyer valser mon livre, ou encore ma tête tout simplement. Mais évité de justesse, j’eu le reflex de le rattrapé avant qu’il n’arrive sur ma voisine de derrière. Celle-ci semblait tellement perdu dans ces pensées qu’elle ne semblait pas voir ce ballon lui arrivé droit dessus. J’aurais au moins fait ma BA de la journée ! Comme a mon habitude, j’étais très serviable, donc je ne voulais pas partir comme une « superwoman »… désolé je me fais des films toute seule parfois … alors je révélai mon identité a cette parfaite inconnu. Elle me serra la main, et paru surprise quand je lui demandais si elle était nouvelle.

« Oui, vous n’avez pas cet petit air stupide et blasé des purs San-Franciscains ! »

Puis un petit rire m’échappa. Sur ce coup là, je n’étais pas très gentille avec mes voisins, mais après les avoir longuement étudié, je m’aperçu que c’était souvent le cas. Ce petit air qu’ils ont tous, comme si il était émerveillé par leur vie et cette ville mais à la fois lassé de devoir y vivre ! Je devais l’avouer, cette attitude m’a sauté aux yeux, à mon retour de France après un an passé loin d’ici.

« Si vous avez besoin de quelqu’un pour vous faire visiter San Francisco, demandez-moi ! J’adore aider les gens … ça se voit peut être ? »

J’étais une âme un peu trop charitable, ce qui me valait bien des méandres. Mais j’avais été élevé comme ça, toujours tendre la main vers ceux qui en on besoin… tous les dimanches, c’était le même rituel : toutes la famille allait à la messe. Enfin, après le décès de mon père, ma mère ne voulait plus y aller ; mais pour ma part, je continuais d’aller me confesser.

« Et si vous avez le temps, là, tout de suite, je vous emmène dans un bar super ! Et le patron est super sympa ! »

Je me stoppai quelques instants, puis regarda la jeune femme. Je me rendu soudain compte que je l’a dérangeais… enfin peut être… elle voulait surement être seule.

« Désolé je m’emporte. Je peux vous laisser tranquille si vous ne vouliez pas de ma compagnie ? »

Je me sentais vraiment idiote sur le coup, mais c’était tout moi. J’aimais faire de nouvelle rencontre, et en ce moment elles étaient très rare….

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Assise sous un arbre dans ce parc, je laissais libre court à mes pensées. Il n’y avait aucune logique dans leur enchainement mais c’était ce qu’il y avait de génial. Je passais de souvenir heureux, que se soit les rares souvenirs que j’avais avec mes parents ou les plus nombreux que j’avais partagé avec mes amis, à d’autres qui l’étaient moins sans avoir le temps pour la nostalgie. Enfin si, j’éprouvais de la nostalgie mais simplement parce que je me retrouvais seule dans une grande ville inconnue et même si ce choix était délibéré pour ne pas regretter mon ancienne vie, se retrouver du jour au lendemain sans personne avec qui parler était dur. Heureusement, le boulot et la formation que j’avais reçu avait fait de moi une personne assez sociable malgré que cette sociabilité soit entachée d’une certaine méfiance.
Mon petit moment lunaire s’était interrompu quand une jeune femme m’avait dit que j’avais eu de la chance et effectivement, j’en avais eu puisqu’elle avait évité qu’un ballon ne m’atteigne. Je voyais d’ici les réactions de mes amis si jamais le ballon m’avait atteint. Ils se seraient moqués de moi à coup sur mais gentiment. Après nous êtres présentée mutuellement, elle me répondit que je n’avais pas ce petit air stupide et blasé qu’on les San Franciscains pure souche après que je le lui ai demandé si ça se voyait tant que ça que j’étais nouvelle. Soufflant un bon coup, je pris mon air le plus blasé que j’avais en stock pendant qu’elle me disait que si j’avais besoin de quelqu’un pour me faire visiter SF, je pouvais le lui demander.

- Vous voulez parler de cet air là ? Parce que si vous préférez, je peux très bien le prendre. Je sais me fondre dans mon environnement, lui répondis-je en gardant mon air blasé avant de lui sourire normalement. Je peux aussi faire la schizophrène parlant avec Dieu ou le président du Mozambique mais là ils sont tous les deux occupés. Sérieusement, je suis née à Miami et je viens de passer quelques années en Virginie. Concernant votre proposition, je veux bien. Depuis que je suis ici, je visite mais bon, je ne connais rien de cette ville et quand je veux rentrer chez moi, je me perds souvent, d’autant plus si je ne regarde pas vraiment où je vais.
Eve était vraiment une personne ouverte aux autres et très enjouée mais en regardant bien, je voyais qu’il n’y avait pas dans son regard la joie de vivre qu’il y avait dans sa voix quand elle me proposa de m’emmener dans un bar super avant de s’excuser de son emportement. Peut-être qu’elle avait des soucis et qu’elle avait besoin d’en parler sans savoir à qui se confier. J’étais prête à être une oreille attentive pour elle même si je ne la connaissais pas et qu’elle non plus. Lui souriant toujours, je décidais d’accepter sa proposition car quelque chose me disait qu’elle avait besoin de se changer les idées elle aussi.

- Avec plaisir, je ne fais que de me promener dans les rues depuis ce matin donc découvrir un bar super, ça serait bien. Je m’interrompis un court instant, cherchant le meilleur moyen de lui faire part de mes observations. Et puis, quelque chose me dit que ça vous ferait du bien de vous changer les idées ou alors d’en parler à une inconnue que vous venez à peine de rencontrer et ne vous en faites pas, cela ne me dérangera pas d’écouter vos soucis. Après tout, je pourrais peut-être vous conseiller.
Je n’attendis pas de réponse de sa part pour me lever et épousseter mon jean qui devait être plein de terre et d’herbe.

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En ce moment, je n’avais pas la tête a rester chez moi. Alors je prenais la fuite dès qu’il m’en était possible ! J’avais quelques amis, oui, ce n’était pas là mon grand soucis. Mais j’avais envie de voir du nouveau, du neuf, des nouvelles têtes. Tout ce qui me rappelait ma mère, ma vie, et l’état de mon cœur en ce moment ! Alors venir au par cet voir ses enfants pleins de vie m’offrait un peu de liberté ! M’aéré l’esprit, c’était tout ce que je demandais. Et la rencontre avec cette jeune femme allait surement m’aider. Elle semblait étrangère à San Francisco et du sang neuf allait me divertir ! Non pas que je veuille en faire « ma distraction » de la journée, loin de là. Mais si je pouvais me rendre utile ne pouvait que me plaire !

Je me mis à rire lorsque cette jeune femme afficha ce fameux air dont les San-Franciscains sont si fière. Elle était plutôt doué, à croire qu’elle était comme moi, elle observait les gens ! Puis elle ajouta qu’elle pouvait me faire pas mal d’imitation si je le désirais. J’aimais sa spontanéité, nous allions surement bien nous entendre. Elle accepta donc mon offre. J’allais lui montré le bar d’Elias, là-bas l’ambiance était plutôt bonne et nous étions toujours bien accueilli ! Et je ne dis pas cela parce qu’il est le grand frère de mon meilleur ami, non je n’oserais pas !

Elle se leva tout en m’expliquant qu’elle pouvait être une oreille attentive à mes problèmes, enfin bien sur si je voulais en parler. Cela se voyait autant sur moi que je n’allais pas bien ? Ou était-elle une très bonne observatrice ? Je ne savais pas vraiment quoi répondre ; après tout je ne voulais pas l’ennuyé avec ma misérable vie. Je ramassai ma petite couverture, la roula en boule et la fourra dans mon panier.

« Le bar n’est qu’a quelques mètres d’ici. On peut donc y aller en marchant. »

Cela ne servait à rien de prendre nos voitures, de plus il n’y aura surement pas de place en face du bar ; la place était souvent complète. Je marchais à ses cotés, puis fini par poser la question qui ma taraudait l’esprit.

« Comment avez-vous su pour mes problèmes ? Cela se voit autant que ça ? Ou alors vous êtes une psychologue, ou une medium ? »

J’étais surement loin de la vérité ; mais pour ma part je n’étais pas très bonne à ce jeu là ! Lorsque nous passâmes devant ma voiture, je fis signe à Kendall de s’arrêter quelques secondes afin de mettre mon panier dans le coffre. Une fois la chose faite, je posai ma seconde question.

« Qu’est ce qui vous a mené jusqu’ici ? De la famille ? Un petit ami ? »

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Doucement je prenais le contrôle de ma vie mais c’était dur. Passer d’une vie trépidante à une vie presque morne parce que je ne savais pas quoi faire n’était pas chose aisée mais j’y arrivais petit à petit. Je n’avais pas encore d’idée de qui j’allais devenir, de qui je voulais être mais au fond, je savais que je ne m’éloignerais pas trop de celle que j’avais été pendant 20 ans. Malgré tout, ne plus avoir à courir partout parce qu’on me l’avait demandé me faisait un bien fou.
Je m’étais posée dans ce parc, que je trouvais très joli, et j’y avais fait la connaissance de Eve, une jeune femme qui m’avait sauvé d’un ballon envoyé par deux gamins jouant un peu plus loin. Rapidement, on s’était mise à discuter et je venais d’accepter sa proposition d’aller boire un verre avec elle. Je me levais avant de m’épousseter rapidement pendant qu’elle m’expliquait que le bar n’était pas très loin. Je lui souriais tout en remerciant que ce bar ne sois pas loin. J’étais sportive et marcher ne me faisait pas peur mais ayant marché énormément dans la matinée et surtout m’étant arrêtée dans ce parc, je n’étais pas sure d’avoir assez de force pour faire encore plusieurs kilomètre même si je savais que je devrais le faire pour rentrer chez moi.

- Tant mieux qu’il ne soit pas trop loin. J’aime marcher mais là, je crois que je le fais beaucoup trop depuis que je suis arrivée mais en même temps, je me vois mal visiter en voiture. Je souriais toujours à la jeune femme avant de la suivre tout en l’écoutant me demander comment j’avais su pour ses problèmes. Je me raclais la gorge avant de lui répondre.
- Désolée de vous décevoir, je ne suis ni psychologue, ni médium. Quoi que j’ai appris un peu la psycho mais je suis juste très observatrice et j’ai remarqué le léger voile de tristesse dans votre regard. En fait, cela va surement vous étonner mais j’ai longtemps arboré le même regard que vous donc, c’est aussi pour cela que j’ai su que quelque chose n’allait pas.
Je souriais à la jeune femme. Il était vrai que jusqu’à ce que je venge la mort de mes parents, de la tristesse pouvait se lire dans mon regard mais seulement quand on y prêtait attention, ce qui n’était pas le cas de la plupart des personnes.

Arrivées près des voitures, Eve me fit signe de m’arrêter pendant qu’elle ouvrait le coffre d’une voiture pour y ranger son panier avant de me poser une autre question sur ce qui m’amenait ici, à San Francisco. La question était épineuse, je n’avais pas vraiment le droit de révéler mon passé mais je pouvais quand même broder autour.
- Disons que mes envies de rencontrer un homme et de fonder une famille avec lui n’étaient à mon sens pas vraiment compatible avec mon métier alors j’ai quitté mon boulot et je suis venue m’installer dans une ville que je ne connais pas pour ne pas être tentée de retrouver mon ancien poste même si je dois avouer que c’est pas tous les jours évident.

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Oh beautiful town

San Francisco restait toujours la même ville, les gens y avaient leurs petites habitudes. Mais en ce moment, je n’avais qu’une envie : casser ce train-train quotidien qui ne me ressemblait plus. Après avoir traversé cette épreuve j’avais l’impression d’être bloquer dans ce corps ; j’avais envie de changer. Cette Eve que j’étais devenue ne me plaisait pas ; je ne voulais pas être comme ça. Alors rencontrer de nouvelle personne pourrait peut être m’aider à devenir celle que je veux être réellement. Et Kendall est peut être cette personne. J’avançais en sa compagnie en direction du bar d’Elias ; puis m’arrêta quelques secondes pour poser mon panier dans le coffre de ma voiture. Je répondus comme même a la demoiselle, si elle avait eu le même regard que moi … c’est surement qu’elle pourrait me comprendre.

« J’ai perdu ma mère il y a deux mois, et mon père il y a environ 3 ans… aujourd’hui je dois faire face a trop de responsabilité ; et je n’y arrive. La seule façon que j’ai trouvé … c’est de fuir. Je ne passe chez moi qu’en coup de vent car je ne peux plus y vivre. »

Je refermai le coffre de ma voiture ; puis me rapprocha de Kendall. Bizarrement cela me faisait du bien de parler avec cette inconnue. Elle ne pouvait pas me juger comme tous mes voisins ou ma famille ; et elle n’aura pas ce regard accusateur comme quoi je ne m’occupe pas de mes sœurs.

« Vous avez perdu quelqu’un de proche vous-aussi ? »

La question était délicate, mais après tout, si je pouvais me confier à elle, elle le pouvait tout aussi bien le faire avec moi. J’avais toujours été de bonne écoute.

Nous marchions en direction du bar, et une fois arrivé à l’entrée, je poussais la porte. Il n’y avait pas grand monde, mais c’était normal à cette heure-ci. Je salua le barman, puis nous nous installâmes a une table. Pius je repris notre conversation.

« Oui parfois les choses ne sont pas compatibles … J’aimerais tant avoir quelqu’un sur qui compter en ce moment… une épaule sur laquelle pleurer…et surtout ne pas être seule dans mon lit. »

J’esquissai un faible sourire. Il me manquait une présence masculine, et je n’arrivais pas à trouver la bonne personne. J’avais toujours eu tendance à choisir des personnes qui était soit inaccessible, soit incompatible.

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Rencontrer Eve m’avait fait du bien. Je ne savais pas pourquoi mais quelque part au fond de moi, je me disais que j’aurais pus lui ressembler si ma vie n’avait pas été celle-ci. C’était une jeune femme forte mais qui cachait une part de fragilité en elle. Fragilité qu’elle ne voulait pas dévoiler tout comme moi en fait. Peu de monde savait que je souffrais encore d’être orpheline, je le cachais sous mon acharnement au travail, ma bonne humeur apparente et mon écoute des autres.
Justement, j’avais incité Eve à me parler de ses problèmes et je l’écoutais me dire qu’elle venait de perdre sa mère et que son père était également mort il y a 3 ans. Je comprenais parfaitement ce qu’elle pouvait ressentir même si les circonstances n’étaient pas les mêmes, la perte d’un parent est toujours dur, peu importe l’âge que l’on a à ce moment-là.

- Mon histoire est à la fois similaire et différente de la votre. J’ai vu mes parents mourir sous mes yeux quand j’avais 6 ans. On vivait à Miami, dans un quartier pauvre et il y a eu un règlement de compte entre 2 gangs rivaux. Mes parents se sont pris des balles perdus. On était au mauvais endroit, au mauvais moment mais maintenant ça va mieux, j’ai fait mon deuil mais ça m’a pris du temps. Je souriais légèrement à la jeune femme, l’image que j’avais gardé de mes parents en tête, avant de reprendre la parole. J’ai eu de la chance dans mon malheur, l’orphelinat où l’on m’a envoyé était convivial et j’y ai fait de belle rencontre mais les éducateurs ne remplacent pas de vrais parents. Vous savez, 20 ans après, le manque est toujours là, au fond de moi. Peu de monde sait ce que je ressens au sujet de leur mort, j’ai appris à cacher mes émotions mais il y a une chose que je sais c’est qu’on ne peut pas se mentir à soi-même et que si on y arrive, c’est qu’on est plus humain. Et en ce qui vous concerne, je sais que vous arriverez à faire face à vos responsabilités, parce que c’est ce qu’on attend de nous après une telle épreuve. Pour le moment, fuir est plus facile, vous fait du bien mais tôt au tard, vous prendrez vos responsabilités et vous les assumerez, non pas parce que c’est ce que les autres veulent, mais parce que vous vous sentirez prête.
Mon regard c’était perdu dans le lointain, au temps de mon arrivée à l’orphelinat. Ce que je venais de dire à Eve était semblable à ce que m’avait dit un éducateur tandis que je ne voulais pas faire ce qu’on me demandait comme aller au cours d’arts martiaux. Tout le monde avait attendu que je sois prête à m’ouvrir à cette nouvelle vie parce qu’ils savaient que ça devait venir de moi, qu’on ne pouvait rien m’imposer.

Je n’avais pas fait attention qu’on était déjà arrivée. L’ambiance du bar était sympa, j’aimais bien. Il ressemblait un peu au bar que j’avais l’habitude de fréquenter avec mes amis quand j’étais encore à la CIA.
- Dans mon cas, ça aurait pus être compatible mais je prenais le risque de faire de mes hypothétiques enfants des orphelins et même si j’ai adoré mon passage à l’orphelinat, ce n’est pas ce que je voudrais pour mes enfants. Grandir en réclamant vengeance n’est pas ce qu’il y a de mieux croyez-moi. Je me mis à rire en avouant à la jeune femme que durant mon enfance, mon adolescence et mon début de vie d’adulte, la vengeance occupait mon quotidien. Je n’allais pas lui révélé que j’avais obtenu ce que je voulais mais quand même. Et vous n’avez personne qui écouterait vos pleurs ? Pour ce qui est de la solitude dans votre lit, je ne peux rien faire, je n’ai même pas de conseil à vous donner puisque j’ai laissé derrière moi la seule personne que j’aime mais je suis sure qu’une jolie fille comme vous trouverez quelqu’un à aimer et qui vous aimera tout autant. Sinon, si vraiment vous avez besoin, je veux bien vous prêter mon épaule pour pleurer. Je sais qu’on ne se connait pas vraiment mais comme je suis passée par là…

Je laissais ma phrase en suspens pour ne pas me répéter et puis, Eve était intelligente, elle savait ce que je voulais dire.

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Oh beautiful town

Eve ne s’attendait pas à faire une tel rencontre, et surtout avoir à faire avec une jeune femme aussi compréhensive que Kendall. Il lui manquait des personnes comme elle dans sa vie. Eve avait perdu beaucoup de ses amis ici lorsqu’elle est partie en France. Ils ont tous retissé des liens avec d’autres personnes, l’oubliant au passage. Eve était peut être fautive dans cette histoire, elle n’avait pas donné beaucoup de nouvelle… mais avec le décalage horaire ce n’était jamais facile ! Une fois qu’elle avait posé le pied sur le sol américain, elle s’est aperçut que personne ne l’attendait sauf Adam, son meilleur ami. Vous perdez la personne la plus chère a vos yeux, et vous n’avez personne pour vous soutenir dans ses moments là. Alors de pouvoir enfin parler avec quelqu’un, qui plus est, une personne qui vous comprenne, cela faisait du bien à Eve.

Elles arrivèrent au bar d’Elias, et entrèrent. Elles prirent place à une table, et continuèrent leur discussion. Eve n’en revenait pas qu’elles aient autant de point commun. Enfin, leur histoire était différente, mais elles avaient le même manque…

« J’ai trois sœurs et un petit frère dont je suis censé m’occuper. Mais je n’arrive déjà pas à m’occuper de moi-même alors comment puis-je le faire avec mes frères et sœurs. J’ai placé les deux derniers chez une tante. Je ne voulais pas qu’ils aillent dans un orphelinat… comme vous. Je me suis dis que peut être je pourrais m’en occuper quand j’aurais traversé … ce désert. »

Eve ne disait pas méchamment. Elle pensait juste que l’orphelinat n’était pas fait pour eux, ils avaient une famille. Elle ne connaissait pas vraiment le système ; mais elle ne voulait pas qu’ils soient baladés de famille en famille comme on le voit souvent dans les films.

« Vous n’avez jamais été adoptés ? »

Eve ne voyait pas comment on pouvait grandir dans ce genre d’endroit. Sans « intimité » sans pouvoir réellement devenir la personne que l’on souhaite être… sans avoir vraiment d’avenir. En l’écoutant attentivement Eve comprit que Kendall devait effectivement faire un métier dangereux si sa vie était en jeu. Fonder une famille dans ce genre de condition peut être délicat. Eve n’y pensait pas pour le moment, elle avait bien d’autre chose à penser que de fonder une famille, alors que la sienne est partie en éclat il y a quelques mois.

Puis Kendall revint sur son désert sentimental. Eve était perdue dans ses sentiments ; et ne savait pas vraiment si une relation amoureuse était bonne pour elle en ce moment. Qui voudrait d’une jeune femme triste et en deuil.

« Non, personne pour me prendre dans ses bras lorsque j’ai un coup de blues… et il faut dire que ma vie amoureuse est un totale échec depuis plusieurs années ! A croire que tomber amoureuse de son meilleur ami … gay qui plus est, n’est pas la meilleure solution ! »

Elle esquissait un sourire puis un petit rire. La situation était complètement idiote et dite à haute voix, elle le devenait encore plus. Cela faisait du bien a Eve de parler.

« Merci… je me sens un peu mieux… parler à quelqu’un peut vous soulagez… un peu. »

Elle regarda Kendall, puis finit par ajouter :

« Vous pouvez compter sur moi aussi. Et encore merci. »

♥wordsinwrittenout words for who♥

Parler avec Eve m’était très aisée. Je me retrouvais en elle. En fait, je me disais que j’aurais pus être comme elle si ma vie avait été différente mais peut-être aussi que j’aurais été totalement différente. J’aurais pus finir dans un gang si mes parents n’étaient pas mort. Tant de possibilité de ce que j’aurais pus être. La réalité, était plutôt pas mal en fait. J’avais réussi ma vie et j’étais devenue une femme bien. Quoi qu’on en dise, ma réputation était peut-être entachée de meurtre qu’on ne m’a pas demandé de faire officiellement mais je m’en fichais, à part Aidan, personne n’était au courant de mon petit secret.
Eve et moi étions assises dans ce bar qu’elle affectionnait tant, à continuer de nous parler de nos vies respectives comme si c’était l’évidence. Comme des amies qui ne se sont pas vu depuis des années et qui se retrouvent par hasard et se racontent les derniers potins. C’était agréable de pouvoir dire certaines choses à quelqu’un qui ne me connaissait pas. Je pouvais parler du manque que je ressentais au sujet de mes parents à mes amis mais eux aussi étaient orphelins et eux aussi ressentaient ce manque. En ce qui concernait Eve, elle était orpheline depuis peu alors je savais qu’elle serait contente de savoir qu’elle n’était pas la seule dans son cas et de pouvoir parler sans avoir peur d’être jugée.

- Je comprends. L’orphelinat à ses bons cotés, c’est vrai mais quand on a encore de la famille vivante, il est préférable que les enfants vivent avec. Moi, j’étais fille unique et mes grands parents étaient trop âgés ou trop mort pour s’occuper de moi alors, l’orphelinat à été la seule solution mais je ne m’en plains pas. J’avais une bonne quinzaine de frère et une sœur là-bas, ainsi que 3 ou 4 mères et autant de pères. Je me mis à rire en pensant à eux tous et surtout en parlant des éducateurs comme étant des parents. Certains n’auraient pas été ravi de savoir ça mais bon, c’était ainsi que je les voyais. Et pour vous répondre, je n’ai jamais été adoptée. L’orphelinat où j’ai été envoyée ne proposait pas de nous adopter parce que pour nous, l’adoption n’était pas la meilleure solution. Pour beaucoup nous avions un passif beaucoup trop lourd pour intégrer une autre famille et puis bon, là om j’étais, j’avais le droit à des activités extra scolaire du tonnerre qu’aucun parent, à moins d’être très riche, n’auraient pus se permettre de me faire continuer. Enfin bon, moi j’ai plutôt bien vécu mon séjour là-bas, j’ai eu énormément de chance d’y être mais je sais que c’est un orphelinat unique.
Cette question sur l’adoption, on nous la posait fréquemment et à force, on savait quoi dire. Je savais qu’on ne pouvait pas dire que l’orphelinat où l’ont était placé ne nous proposait pas à l’adoption dans la mesure où l’on nous destinait à devenir des agents du Gouvernement. Dans le meilleur des cas, les gens nous prendraient pour des fous, dans le pire, ils prendraient peur.

- C’est sur qu’un meilleur ami gay n’est pas la solution de facilité sa vie amoureuse mais même sans qu’il soit gay, ce n’est pas évident mais je suis sure que vous trouverez quelqu’un à aimer et qui vous aimera aussi. Je sais que ce n’est pas évident mais vous verrez, vous trouverez et ce jour là, vous penserez à moi en vous disant que j’avais raison. Je souriais à la jeune femme. Elle n’était encore qu’une gamine et pourtant, elle devait réagir en adulte seulement, elle n’était pas prête pour cela. Alors si je pouvais l’aider en lui parlant, je le ferais. Il fallait bien que mes compétences me servent même dans une vie ordinaire. Bon, manier des armes et savoir me battre me seraient surement moins utile mais le reste le pouvait. Tant mieux si vous vous sentez mieux, c’est ce qu’il faut. Même s’il est plus facile de dire au monde qu’on va bien alors que non, parfois, il faut savoir dire qu’on ne va pas bien et accepter d’en parler. Je sais, ce n’est pas évident, mais savoir dire ce qu’on a sur le cœur permet de se sentir bien plus légère après. Ca ne résout pas les problèmes mais ça aide à y voir plus clair. Je prends note de votre proposition mais si je devais vous parler de mes problèmes, vous perdriez la tête, croyez-moi. Et puis, mon psy autoproclamé le prendrait mal si j'arrêtais de me confier à lui, tout comme il a dû mal le prendre que je parte sans lui dire au revoir.